Guadeloupe, La politique «colonialiste» française dénoncée
19022009Tout le monde pensait qu’avec la fin de la guerre d’Algérie et le recouvrement de son indépendance la politique colonialiste de la France venait de connaître son dernier acte. Une politique dont tout le monde connaît, par l’histoire, tous les méfaits. Les évènements en Guadeloupe et la tournure que prend le conflit social prouvent tout le contraire. La France coloniale existe toujours dans les Antilles et plus largement dans les territoires et département d’Outremer. Cela fait un mois, depuis le 20 janvier les travailleurs de cette île antillaise sont en grève générale. Le leader du mouvement le LKP qui vient du créole Liyannaj kont pwofitasyon signifiant en français « Ensemble Contre la Surexploitation » exige de la part du Gouvernement français de la métropole une augmentation des salaires face à la cherté de la vie. Le LKP exige surtout la fin de la non-égalité dans la répartition des richesses. Car que ce soit en Guadeloupe ou en Martinique qui lui a emboîté le pas le 5 février, ce sont les békés dits les enfants des colons blancs qui tiennent l’économie des deux îles. Les grandes entreprises présentes, les plans de canne à sucre, les champs de bananes et les hôtels, appartiennent à eux et non aux antillais. Ils détiennent par ailleurs plus de 80% de l’économie. Une lutte pour une égalité qui tend à se propager dans les autres DOM-TOM comme en Guyanne française et sur l’Ile de la Réunion. En réponse à cette vague de protestation, le Gouvernement français de la métropole n’a trouvé comme solution que la nomination d’un médiateur de la République après les deux visites du ministre délégué à l’Outre-Mer,Yves Jégo, dont la première des visites s’est avérée un tollé. Il a quitté la Guadeloupe dans la précipitation, annulant une réunion avec le LKP en déclarant : « Je verrai ça après mon retour en France ». Des termes qui montrent bien la conception que se fait ce ministre sur ces territoires français. En un mois de conflit, le président de la République Française, Nicolas Sarkozy pourtant étant généralement, le premier à s’agiter devant les caméras en se proclamant l’homme de résolution des conflits, mais devant ce cas il est resté muet comme une carpe. Toutefois, face à ce silence et l’inertie de la métropole le conflit s’enlise et les jeunes perdent patience et leur sang froid. Conséquence. La charge des CRS et des policiers est lancée. Elle provoque la mort d’un syndicaliste d’une cinquantaine d’années prénommé Jacques Bino. Il a été atteint mortellement d’une balle tirée par un CRS, alors qu’il revenait d’un meeting dans un quartier de Pointe à Pitre. Le leader du LKP, Elie Domota a lancé un appel au calme en déclarant : « Ne mettez pas votre vie en danger, ne mettez pas la vie des autres en danger. Ne répondez pas à la provocation », demandant dans le même temps au préfet de retirer ses gendarmes . De son côté, la députée du parti socialiste de la Guadeloupe Jeanny Marc a accusé Nicolas Sarkozy de faire la différence dans sa politique entre la métropole et les DOM TOM : Vous vous rendez compte: en Bourgogne ou dans l’Oise, il y aurait une crise de cet ordre, je crois que le Gouvernement n’aurait pas traité la population de la même manière qu’en Guadeloupe ». Même son de cloche pour la sénatrice UMP de la Gaudeloupe qui prône pour un changement de politique vis-à-vis de son île : « Il faut changer fondamentalement le fonctionnement de l’Outre-Mer. On ne peut pas continuer à gérer l’Outre-Mer comme si nous étions dans les colonies: c’est fini, c’est fini cette mentalité paternaliste ». Le ton est donc donné pour Sarkozy qui reçoit aujourd’hui les élus des départements d’Outre- Mer. En tout cas du point de vue du mouvement syndical, ils soulèvent toujours les mêmes revendications et persisteront dans leur lutte jusqu’à qu’ils obtiennent gain de cause. (Le Courrier d’Algérie)
* «Pointe-à-Pitre est paralysée, vide, morte…»
La violence est montée d’un cran dans la nuit de mardi à mercredi après la mort d’un homme d’une cinquantaine d’années à un barrage routier…Alors que la situation s’enlise en Guadeloupe et que la violence s’accentue au fil des heures, l’envoyé spécial du Figaro sur l’île décrit aujourd’hui de véritables scènes de guérilla . La grève générale en Guadeloupe pour le pouvoir d’achat et contre la vie chère, initiée il y a un mois, a dégénéré depuis lundi en émeutes. Un homme d’une cinquantaine d’années a été tué par balles dans la nuit de mardi à mercredi. Voitures incendiées, magasins pillés, rues désertes, routes barrées, barricades enflammées. (18.02.09.)
* Le ton monte aux Antilles
Des milliers de manifestants ont défilé en Guadeloupe. Le porte-parole du LKP, initiateur de la grève général, accuse les autorités d’appeler à la répression. Le ton monte aux Antilles après près de quatre semaines de grève générale contre «la vie chère», alors que les négociations sont dans l’impasse et que le gouvernement a promis de faire respecter «l’Etat de droit».
En Guadeloupe, où a été lancé il y a près d’un mois le mouvement de grève générale, des milliers de manifestants – 9.000 selon la police, 50.000 selon les organisateurs – ont défilé samedi soir (heure locale), dénonçant le choix de la «répression» et l’emprise de la minorité blanche sur l’économie locale. Une manifestation organisée symboliquement dans une petite commune ou quatre planteurs de canne à sucre ont été tué, il y a 57 ans, jour pour jour, lors de la répression d’une manifestation où ils demandaient une augmentation de leurs revenus.
Elie Domota,le porte-parole du LKP, collectif initiateur de la grève générale, a accusé les autorités françaises d’appeler à la «répression». Une crainte qui fait suite à lé déclaration samedi du secrétaire d’Etat à l’Outre-mer Yves Jégo. Celui-ci a a assuré que le gouvernement serait «très rigoureux pour faire respecter l’état de droit». La Guadeloupe, où s’est déclenché le mouvement de grève contre la vie chère, est paralysée depuis le 20 janvier. Le mouvement a ensuite gagné la Martinique, une autre île des Antilles françaises et a commencé de se propager à la Réunion (Océan indien). Le bras de fer se durcit, malgré l’appel samedi d’élus locaux socialistes à un assouplissement. Les négociations menées en Guadeloupe par Yves Jégo ont été rompues cette semaine, après le refus de Paris d’assurer par des exonérations de charges une hausse des bas salaires de 200 euros, que réclament les grévistes ainsi que la baisse de prix des biens de première nécessité. Le gouvernement a renvoyé cette question à des négociations entre partenaires sociaux. La députée (Parti radical de gauche) de la Guyane, Christiane Taubira, qui participait à la manifestation, a dénoncé un système de «castes».
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* Taubira dénonce l’«apartheid»
La députée de Guyane était l’invitée de l’émission «Parlons Net !» sur France Info, le premier club de la presse Internet dont Le Figaro.fr est partenaire. Elle fustige le «mépris» de l’Etat à l’encontre de l’Outre-mer. (20.02.09.)
Christiane Taubira persiste et signe. Selon elle, l’Outre-mer – et en premier lieu la Guadeloupe – reste plus que jamais victime d’un «apartheid» social. Elle assume ses propos, même si elle reconnaît que ce terme est connoté. Crise d’identité de l’Outre-mer, surcoût de la vie, traitement du conflit social par l’Etat… Invitée de «Parlons Net» vendredi (20.02.09.) sur France Info, la députée apparentée PS, membre du Parti radical de gauche, a répondu sans langue de bois aux questions de Rue 89.com, Marianne2.fr et du Figaro.fr, partenaires cette semaine de l’émission. Yves Jégo, le secrétaire d’Etat en charge de l’Outre-mer ? «Il a fini par desserrer les dents au bout de 11 jours», grince-t-elle, fustigeant son départ précipité et «son reniement» sur certaines promesses. Michèle Alliot-Marie, la ministre de l’Intérieur ? Christiane Taubira n’accepte pas son «mépris» pour l’Outre-mer. Même si elle reconnaît que Nicolas sarkozy s’est montrée à l’écoute lors de la réception des élus ultramarins jeudi à l’Elysée, elle attend maintenant des solutions concrètes lors des négociations sur le terrain, avec le LKP et le patronat local.
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* La Guadeloupe rend hommage au syndicaliste tué…(22.02.09.) – La journée de dimanche était marquée en Guadeloupe par les obsèques du syndicaliste Jacques Bino, tué par balle dans la nuit de mardi à mercredi. Une cérémonie religieuse a eu lieu à 15h locales (20h en métropole) dans un gymnase à Petit-Canal, à une trentaine de kilomètres de Pointe-à-Pitre. Trois à quatre mille personnes étaient rassemblées. L’enquête sur sa mort est toujours en cours. Une personne a été interpellée samedi puis relâchée, selon le procureur de Pointe-à-Pitre, Jean-Michel Prêtre. Samedi déjà, des centaines de Guadeloupéens anonymes et des personnalités politiques – dont Olivier Besancenot et José Bové – ont défilé devant le cercueil. Arrivée samedi, Ségolène Royal a rencontré dimanche matin le leader du LKP, Elie Domota. Elle a demandé au premier ministre, François Fillon, d’assister lui-même aux négociations et au patronat de mettre sur la table dès lundi 200 euros d’augmentation des salaires comme le réclame le LKP. «Souvenons-nous de la Révolution française !», a-t-elle mis en garde, estimant que, dans «aucune autre région» française, les choses se seraient «passées» de la sorte. Venue à titre personnel, Royal a assisté aux obsèques de Jacques Bino. Sa présence a été dénoncée par l’UMP qui l’a accusée de «récupération politicienne». (…)
«L’heure est toujours à la mobilisation»
Elie Domota (à droite) et Ségolène Royal (au second rang à gauche), lors des obsèques de Jacques Bino.
Elie Domota a pris la parole lors des obsèques, pour estimer que «l’heure est toujours à la mobilisation». «Il nous faut continuer pour avoir de meilleures conditions de vie et de meilleurs salaires» a t-il dit. «Face à la mobilisation, qu’avons-nous obtenu en Guadeloupe?» a demandé le leader syndical avant de répondre «pas grand chose», sous un tonnerre d’applaudissements. Il a donné rendez-vous à la foule lundi matin à 8h locales, avant la reprise des négociations prévue à 11h00. «On est encore loin d’un accord», avait-il prévenu dans le Journal du Dimanche, estimant que Nicolas Sarkozy «entend mais ne répond pas parce qu’il a peur que la contestation sociale ne gagne la France». Toutefois, à la question «la grève peut-elle s’achever cette semaine ?», il s’était montré assez ouvert en lançant: «on va essayer, on va voir».
Laurence Parisot, la patronne du Medef s’est montrée plus réservée en estimant dimanche à Europe 1 que les dernières nouvelles montraient que «nous ne sommes pas si près d’un accord que ça». Déplorant le «blocage» du patronat, Benoît Hamon (PS) a déclaré à Radio J qu’il fallait «répondre aux revendications des Guadeloupéens» et «décoloniser économiquement la Guadeloupe». Affaibli politiquement par la crise, le secrétaire d’Etat à l’Outre-mer, Yves Jégo, qui se voit désormais en «ambassadeur de la Guadeloupe», a déclaré au JDD que sa démission n’était «pas à l’ordre du jour». (source..le Figaro)
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