imiter les riches ! ça vous intéresse ?

Invitation de Donald Trump à une conférence sur la voie de la richesse. Gratuite. À Laval.(Montréal)

 

 * Si on observe davantage qu’on n’écoute, on y apprend beaucoup de choses sur la manière de s’enrichir avec l’argent des autres. Sans surprise, Donald Trump n’est pas là, sinon par l’artifice d’une introduction projetée à l’écran. Avec la conviction et la voix tonitruante d’un commentateur sportif, le roi de l’immobilier nous invite à le suivre sur le chemin de la fortune. 

Pour l’occasion, ce chemin s’est ouvert dans une salle de l’hôtel Radisson, à Laval, le 9 février dernier. Une centaine de personnes, des gens ordinaires de tous âges – 25 à 70 ans, au jugé -, consacrent leur lundi après-midi à l’espoir d’une richesse prochaine. Une Américaine d’une soixantaine d’années, qui avait vu une publicité à la télé, a même fait le trajet depuis Plattsburgh. D’autres, abonnés à une revue financière, ont reçu une «invitation spéciale» du grand homme, avec deux billets VIP gratuits. «J’ai fait des milliards et je veux maintenant partager les secrets de ma réussite avec vous», nous confie-t-il – personnellement – sur chaque billet bordé d’or. C’est le «représentant personnel» du magnat, en chair et en os, qui prend les choses en main. Tout sourire, il se déplace de long en large et martèle ses phrases-chocs avec l’intensité d’un prédicateur. Il emprunte les mêmes techniques oratoires, d’ailleurs. Il interpelle ses auditeurs, demande aux fidèles de répéter des répons: «Dites à votre voisin: je veux cesser de travailler si fort!» L’auditoire s’y plie avec bonhomie et bonne humeur. La réussite dépend de quatre facteurs, énumère-t-il: un objectif précis couché sur papier; une échéance; une conséquence; et l’absence d’autres portes de sortie. Pour approfondir la question, une formation complète de trois jours coûte 3999$. Si on s’inscrit le jour même, ces «frais de scolarité» seront réduits à 2195$. Une dernière tranche de 1000$ sera remboursée à notre première transaction immobilière – l’équivalent d’un coupon-rabais postal. Non, cette modeste contribution n’est pas au bénéfice du Trump Institute, pour lequel ce n’est là que menue monnaie. «C’est votre conséquence», indique l’orateur, pour signifier que c’est notre incitation à aller jusqu’au bout.

Richesse par osmose

Pour devenir riche, il faut fréquenter les riches, imiter les riches, apprendre des riches. Ça ne s’enseigne ni à l’école, ni à l’université. «Comment un professeur qui n’a jamais fait fortune peut-il vous apprendre à faire fortune?» demande le vibrant orateur. Évidemment, son histoire personnelle vient appuyer sa démonstration : en dernière année du secondaire, il a été élu l’élève le moins susceptible de connaître un quelconque succès. Devinez qui a ensuite fait l’envie de tous en se montrant aux côtés de Donald Trump? «Tout ce que nous touchons devient de l’or – et vous aussi! L’important, ce n’est pas ce que vous connaissez, mais qui vous connaissez. Et nous connaissons tout le monde.» Plus concrètement, le secret du succès en immobilier consiste à amener un investisseur à avancer son propre argent, à engager ses propres actifs, à utiliser son propre crédit, et ensuite à partager les bénéfices avec vous. «C’est ce que nous voulons vous apprendre. Aucun risque, larges bénéfices.» Nous serons guidés par la main sur cette édifiante voie: «Trump prend soin de sa famille», dit-il – peut-être une allusion à son coûteux et acrimonieux divorce avec Ivana…

L’immobilier-minute

Après la fine psychologie de la richesse, voici enfin le cours accéléré en immobilier. «Aimeriez-vous gagner 3 millions de dollars, immédiatement, ici, dans votre propre arrière-cour?» L’animateur, qui se présente comme un des plus grands experts au pays et l’un des mieux rémunérés, va nous en révéler la manière. Simple. Avec de deux à quatre heures de travail par semaine et une transaction par mois, un profit de 3000$ chaque fois nous laisse 30 000$ à la fin de l’année. Il donne à un train d’enfer le boniment qu’il faudra réciter à un agent immobilier de notre quartier pour le convaincre de nous refiler toute l’information dont nous aurons besoin. Il enchaîne avec le texte de la carte que nous distribuerons à chaque porte du quartier. Au coeur de l’argumentaire: «Je peux payer comptant, conclure rapidement.» «Ce n’est pas parce que vous l’avez écrit que vous le ferez, précise l’animateur. C’est écrit «je peux», pas «je vais»! Est-ce que le vendeur sera payé comptant à la fin? Bien sûr! Mais ce n’est pas pertinent. Tout ce que nous voulons, c’est être le premier à lui parler!» Après avoir chauffé la salle pendant deux heures, il offre de donner son numéro de téléphone cellulaire personnel – celui qu’ont ses enfants! – aux premiers inscrits. «Si vous êtes sérieux, levez-vous!» Une demi-douzaine de Lazare se dressent. Il serre la main à chacun, leur souhaite la bienvenue dans la famille Trump et les invite à se rendre aux tables alignées à l’arrière de la salle. Quatre ou cinq commis y attendent les inscriptions… et les paiements.

Oh! dernière leçon! Cette semaine, le milliardaire a annoncé qu’il avait quitté le conseil d’administration de Trump Entertainment Resort. Son explication: il était en désaccord avec les créanciers, qui souhaitaient placer la société sous la protection de la loi sur les faillites. (La Presse)  

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**  Trump Entertainment Resorts au bord de la faillite …

Trump Entertainment Resorts, groupe de casinos du magnat américain de l’immobilier Donald Trump, devrait se placer sous la protection de la loi des faillites mardi, a indiqué le Wall Street Journal (WSJ). Le conseil d’administration du groupe du New Jersey a accepté lundi de déposer une demande pour bénéficier du chapitre 11 de la loi américaine des faillites, qui permet à une entreprise de se restructurer à l’abri de ses créanciers, a précisé le quotidien économique.Rendue nécessaire par les menaces de faillite non désirée et une dette de 1,7 milliard de dollars US, «une telle demande marquerait la troisième apparition du groupe devant un juge des faillites», a rappelé le WSJ. En revanche, la demande que devrait déposer le conseil d’administration ne reprendra pas les projets de restructuration élaborés par le fondateur et principal actionnaire du groupe Donald Trump (qui possède 28% de ses parts). En désaccord avec les détenteurs d’obligations du groupe, M. Trump avait démissionné vendredi de sa fonction de président du conseil d’administration, a souligné le journal. Trump Entertainment Resorts possède plusieurs complexes de jeu à Atlantic City, une ville du New Jersey où se pressent les New-Yorkais. Le secteur a vu ses revenus s’effondrer avec la crise économique, l’ensemble des établissements d’Atlantic City connaissant en décembre une chute de 18,7% de leur chiffre d’affaires, la pire de leur histoire, a indiqué le WSJ.(AFP)