L’Inde se mobilise pour empêcher la vente des lunettes de Gandhi
3032009Le Mahatma Gandhi en 1931
Jamais Gandhi n’aurait imaginé un tel destin. Celui qui dénonçait le matérialisme et le mercantilisme voit, plus d’un demi-siècle après sa mort, ses rares possessions mises aux enchères à New York, les 4 et 5 mars. Ses fameuses lunettes rondes, ses sandales, sa montre à gousset, ainsi qu’une assiette et un bol en argent seront proposés à partir de 20 000 dollars par la maison d’enchères Antiquorum.
À moins que le gouvernement indien et les héritiers du Mahatma, furieux, n’aient le dernier mot. L’idée que les objets personnels de cet ascète, qui disait que «moins on possède, moins on désire, mieux on se porte», fasse l’objet d’une vente provoque beaucoup d’émoi en Inde. L’arrière-petit-fils de Gandhi, Tushar, ainsi que le ministère de la Culture estiment que les biens personnels auraient dû être offerts à leur pays pour être exposés dans un musée. Le gouvernement a créé une commission spéciale pour tenter de récupérer ces précieux objets du «père de la nation», soit en bloquant la vente, soit en négociant un prix acceptable, soit en faisant la meilleure offre aux enchères. La dernière option serait la seule envisageable à ce stade. La porte-parole d’Antiquorum Auctionneers, Michelle Halpern, assure au Figaro que la vente aura bien lieu et qu’elle n’a pas été contactée par New Delhi.
Ce n’est pas la première fois que l’Inde doit se battre pour récupérer ce qui est considéré comme l’héritage national. En 2007, le gouvernement s’était résigné à acheter pour une somme tenue secrète les dernières lettres du père de l’indépendance du pays, mises aux enchères par Christie’s à Londres.
D’après Michelle Halpern, les lunettes à monture métallique seront très convoitées. Gandhi les avait offertes à un colonel indien en déclarant qu’elles lui avaient donné la «vision d’une Inde libre». Mais c’est sa montre Zénith qui devrait susciter le plus d’engouement. Les dernières paroles du leader spirituel, connu pour son extrême ponctualité, ont été adressées à sa petite-nièce Abha, dans les bras de laquelle il est mort assassiné, en 1948 : «Je déteste être en retard à la prière, serait-ce d’une minute.»(Le Figaro)
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* Dernière minute…(05.03.09.) Les objets adjugés à un Indien,,
Le milliardaire indien qui a remporté la vente à rebondissements jeudi à New York a assuré que la collection retournerait en Inde. A la grande satisfaction des héritiers du Mahatma. Au terme de plusieurs jours de protestation de la part de New Delhi, le lot, composé des célèbres lunettes rondes, d’une montre de gousset, de sandales en cuir à lanières, d’un bol et d’un plat, a été adjugé à un milliardaire indien, Vijay Mallya, patron du troisième groupe mondial de spiritueux United Breweries, pour 1,8 million de dollars, jeudi à New York. Cette vente historique a pourtant failli ne pas se conclure : alors qu’elle avait déjà commencé avec une mise à prix de 20.000 dollars, le propriétaire des objets, James Otis, a annoncé à l’extérieur du bâtiment qu’il les retirait, avant de se raviser. Dans la salle de vente du marchand Antiquorum Auctioneers, Tony Bedi l’intermédiaire de l’homme d’affaires indien, a été accueilli par des applaudissements quand il a assuré que la collection retournerait en Inde. Après avoir suggéré que la vente pourrait ne pas être valable parce que son client en avait demandé l’annulation, l’avocat du vendeur a déclaré que ce dernier allait donner son feu vert, convaincu que le milliardaire indien allait restituer ces objets à l’Inde.
Pour Tushar Gandhi, l’arrière-petit-fils du Mahatma et président d’une fondation éponyme à Bombay, l’intervention du milliardaire a été «miraculeuse et inattendue». «Le bon endroit pour ces objets doit être le musée national Gandhi à Delhi. (…) Une fois là bas, personne ne pourra plus faire de profit», a affirmé le descendant, qui martelait depuis plusieurs jours que cette vente constituait une «grave insulte» à la mémoire du père de l’indépendance indienne. New Delhi, pour qui ces objets font partie du patrimoine indien, avait également protesté avec véhémence et s’activait pour rapatrier ces objets emblématiques. La ministre indienne de la Culture, Ambika Soni, avait même annoncé que son pays envisageait de faire une offre.Mohandas Karamchand Gandhi, artisan du mouvement de désobéissance civile assassiné en 1948 par un extrémiste hindou, avait donné la plupart de ces objets à sa petite-nièce et assistante, Abha.
James Otis, qui collectionne des milliers d’objets liés à la mémoire de Gandhi, affirme d’ailleurs avoir acquis les objets de ce lot, il y a 5 à 10 ans, auprès de la famille du Mahatma, lors de ventes aux enchères ou de ventes privées aux Etats-Unis et dans le monde entier. Militant pacifiste et documentariste de Los Angeles, il a fait savoir qu’il utiliserait le produit de la vente pour promouvoir l’éducation au pacifisme et à la non-violence, principalement dans les pays en développement.(Le Figaro)
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