pourquoi les abeilles disparaissent-elles ?
6032009L’Agence française de sécurité sanitaire des aliments a identifié une quarantaine de causes de mortalité d’abeilles, dont un acarien qui fait des ravages.
Les insecticides Gaucho et Régent, de Bayer et BASF, ne sont pas l’unique cause des mortalités d’abeilles constatées depuis le début des années 1990 en France, contrairement à ce qu’affirment une partie des apiculteurs. La preuve : depuis l’interdiction de ces insecticides systémiques, appliqués sur les graines de tournesol et de maïs, les ruches ne se portent pas mieux. De nombreuses études montrent pourtant que la santé des abeilles ne cesse de se dégrader partout dans le monde. Les États-Unis, par exemple, sont touchés par une nouvelle maladie d’origine inconnue : le syndrome d’effondrement des colonies d’abeilles ou CCD. Un rapport de l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa), rendu public la semaine dernière, a passé en revue une grande partie de ces études sans toutefois être exhaustif. Les experts consultés par l’agence dénombrent en tout une quarantaine de causes à l’origine des mortalités et des affaiblissements de colonies d’abeilles.
«Aucun cas d’intoxication impliquant des résidus de produits dans le pollen ou le nectar d’espèces végétales issues de semences traitées n’a été recensé dans la littérature ou par les réseaux», souligne le rapport. L’Afssa recommande notamment la création d’un réseau d’épidémiosurveillance fonctionnant en continu. «Du fait qu’il n’y a aucun enregistrement, on est dans l’incantation médiatique», s’insurge Philippe Vannier, directeur de la santé animale à l’Afssa. L’agence demande la création d’un institut technique apicole ainsi que la remise en vigueur de la déclaration obligatoire annuelle du nombre de ruches dans un but strictement sanitaire et la mise en œuvre de mesures coercitives en cas de non-respect de la réglementation. Ces mesures ont déjà été préconisées en octobre dernier par le député UMP Martial Saddier dans son rapport «Pour une filière apicole durable».
Un fléau majeur : le varroa
L’impact des insecticides sur les abeilles n’est pas occulté, mais il se limite à des cas d’intoxications aiguës dus à des traitements effectués en période de floraison ou à des défauts de fabrication de semences enrobées. Mais, selon l’Afssa, l’effet chronique des pesticides invoqué par les apiculteurs n’a pas été mis en évidence. Une chose est sûre : le fléau majeur de l’apiculture reste le varroa. Originaire d’Indonésie, ce minuscule acarien, arrivé en France à la fin des années 1980, fait des dégâts considérables. La mondialisation du commerce des reines d’abeille a contribué à le diffuser dans le monde entier. Le rapport de l’Afssa souligne le trop petit nombre de traitements efficaces contre ce parasite, tout en dénonçant les mauvaises pratiques qui peuvent conduire des apiculteurs à utiliser des produits dangereux pour les abeilles elles-mêmes. D’autres prédateurs ou parasites (champignons, bactéries, virus) dont certains interagissent avec le varroa s’en prennent aussi aux ruches. La diminution de la biodiversité liée à l’agriculture intensive est également citée comme l’une des causes vraisemblables des mortalités d’abeilles. En plus d’être en contact direct avec un environnement dégradé, l’abeille est aussi une espèce domestique extrêmement fragile du fait de la complexité du fonctionnement de l’ensemble de la ruche. L’abeille est un insecte social et pas une vache à miel.(Le Figaro)
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