Les femmes en France victimes de discrimination
10032009* Les entreprises préfèrent les hommes
Par rapport au reste du monde, les femmes se font rares dans la direction des entreprises françaises, selon une étude du cabinet Grant Thornton
Une Française sur trois estime avoir été victime de discrimination au travail, selon la Halde. Quant aux inégalités de salaire, le monde de l’entreprise est encore loin de respecter la loi.
L’égalité salariale au travail ? C’est encore un concept dans le monde l’entreprise. Alors que les femmes sont plus diplômées que leurs collègues masculins – 46% des femmes ont au moins le baccalauréat contre 41% des hommes – les femmes sont toujours victimes d’inégalités en matière d’accès au travail, de rémunération ou de déroulement de carrière, selon la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (Halde). Les hommes gagnent ainsi 27% de plus que les femmes, selon une étude du ministère du travail publiée en 2008. Pourtant, la loi du 23 mars 2006 relative à l’égalité salariale prévoit qu’en 2010 les écarts de salaire entre les hommes et les femmes soient supprimés. A défaut, les entreprises seraient financièrement pénalisées. Un échéancier qui semble difficile à tenir. Le 4 mars dernier, le gouvernement décidait «qu’une concertation avec les partenaires sociaux sur les voies et moyens d’appliquer les règles actuelles et de les adapter, ainsi que sur les sanctions susceptibles d’être envisagées, sera engagée dès cette année.» Un ton «prudent» que regrettent Françoise Milewski et Hélène Périvier, économistes à l’OFCE. Pour elles : «L’idée d’une sanction financière doit désormais en effrayer plus d’un car l’heure est à aider les entreprises, et non à les pénaliser.»
* 34% des femmes victimes de discrimination
Si le sexe joue sur les salaires, il est aussi un motif de discrimination au quotidien, révèle un sondage de la Halde. Ainsi, «une femme active sur trois (34%) a le sentiment d’avoir été victime de discrimination sur son lieu de travail parce qu’elle est une femme.» Pour 20% d’entre elles, le fait d’être une femme a constitué un obstacle pour l’obtention d’une augmentation ou d’un poste à responsabilité. 10% des femmes interrogées jugent également être victimes de discrimination pour l’accès au formation et 14% se sentent pénalisées dans le travail au quotidien.
Autre motif de discrimination entre les hommes et les femmes, la maternité, qui est perçue par 46% des Françaises comme un inconvénient dans l’évolution de sa carrière. Ainsi, 16% des femmes estiment que leur grossesse a été un handicap dans l’obtention d’un poste à responsabilités ou pour une augmentation salariale (13%).
* Temps partiel, sous-emploi, chômage
Si les femmes sont globalement plus nombreuses que les hommes (33,2 millions, contre 31,1 millions), ces proportions ne se retrouvent pas dans le monde de l’entreprise. Globalement, les femmes subissent plus le chômage que les hommes (8,5% contre 7,4% parmi les 15 ans et plus), détaille l’Insee dans une étude parue vendredi. Cependant, cet écart se creuse, au début des années 90, le taux de chômage féminin était supérieur de quatre points à celui des hommes. Les femmes subissent également les emplois à temps partiel. En 2007, 82% des temps partiels étaient occupés par des femmes.
* La France en retard ?
Les postes à responsabilité sont aussi globalement réservés aux hommes. Un retard typiquement français, selon le cabinet d’audit Grant Thornton. Sa dernière étude, publiée vendredi, montre que 52% des PME françaises n’ont aucune femme faisant partie de leur direction contre 34% dans le monde entier. «A l’heure où il semble que de multiples initiatives soient menées en France pour faciliter l’accession des femmes à des postes de top management, force est de constater qu’il reste de nombreux efforts à faire mais que les mentalités évolueront avec le temps», explique Jean-Jacques Pichon, de Grant Thornton. A titre d’exemple, 94% des entreprises philippines comptent au moins 1 femme au sein de son équipe de direction. D’ailleurs, sur les dix pays dont les entreprises comptent le plus de femmes à un poste à responsabilités, sept sont asiatiques. Mais là-bas, comme «partout ailleurs, et notamment en France, à même niveau de responsabilités, les salaires des femmes cadres asiatiques restent malheureusement inférieurs aux cadres masculins», poursuit Jean-Jacques Pichon. Les inégalités professionnelles resteront cette année encore au centre des débats pour la Journée des femmes.(Le Figaro)
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