La crise profite aux riches
24 04 2009
Trop de blogueurs ou de commentateurs se laissent emporter par leurs émotions. La crise serait la fin d’un système. Elle serait enfin le moment où les entreprises et les dirigeants vont devoir payer. Et en plus, ce serait simplement parce qu’ils seraient responsables de ce système, parce que leurs décisions eronnées et malhonnêtes les ont conduits à la catastrophe.
(…) cette analyse tient du désir jouissif de voir les autres à terre, mais elle n’a que peu de rapport avec la réalité de la crise.
Certes, on peut se réjouir de voir le système capitaliste enfin mis à mal par ses propres excès. On peut se dire qu’on a eu raison.
Mais l’analyse des faits oblige à relativiser cette position. Ceux qui souffrent de la crise ne sont ni les dirigeants, ni les entreprises, ce sont les salariés et les gens en situation de faiblesse. La crise redescend peut-être le niveau des catégories dominantes, mais elle enfonce encore plus bas ceux qui en dépendent. Loin de resserrer l’écart entre le faible et le fort, elle ne fait que l’accentuer.
On a bien vu quelques entreprises punies d’avoir été cupides, injustes et inefficaces. On a bien vu quelques dirigeants montrés du doigt pour s’être octroyés des conditions de sortie déconnectés du réel de leurs employés.
Mais même punie, une entreprise continue de fonctionner.
Et même montré du doigt, un dirigeant continue d’être riche et puissant.
Leurs salariés, en revanche, restent en difficulté. Sans être punis, ni montrés du doigt, leurs conditions de vie se dégradent chaque jour un peu plus.
Et le rapport de force se creuse en leur défaveur.
J’en veux pour preuve le discours hallucinant révélé par Guy Birenbaum : l’assaut du patron d’une usine Toyota contre ses employés… menaces aux grévistes, dénonciation des meneurs, attaques personnelles, promesses aux jaunes, etc. Au terme de la crise le rapport de force est plus que jamais en faveur de l’employeur.(betaPolitique)
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