Hubble a révolutionné l’astronomie
25042009Frappé à ses débuts de «myopie», le télescope spatial Hubble a collecté depuis son lancement en 1990 pas moins de 800 000 images inédites du cosmos.
POUR UN HOMME, c’est l’âge de la majorité, pour Hubble, c’est incontestablement celui de la consécration. En dix-huit ans, le célébrissime télescope spatial américano-européen, en service depuis le 24 avril 1990, a révolutionné notre connaissance du ciel. Qu’il s’agisse de dater précisément l’âge de l’Univers (13,7 milliards d’années), de percer les mystères de la structure et de l’évolution des étoiles, depuis leur naissance, jusqu’à leur mort, de montrer l’omniprésence des fameux trous noirs, de cartographier la « matière sombre » ou encore de mesurer l’expansion de l’Univers, il y a un « avant » et un « après »-Hubble. Comme souvent dans les grandes sagas, les débuts ont été chaotiques. La catastrophe de la navette Challenger, en 1986, retarde le lancement de plusieurs années. Puis, une fois placé en orbite, à 600 kilomètres d’altitude, les scientifiques découvrent avec consternation que leur bel instrument, qui a coûté la bagatelle de 2 milliards de dollars, est… myope. La faute à un léger défaut du miroir principal qu’une équipe d’astronautes, embarqués à bord de la navette Endeavour, viendra corriger sur place trois ans plus tard. Depuis, grâce à trois missions d’entretien supplémentaires réalisées par la Nasa, Hubble a quasiment réussi un parcours sans faute. Au total, pas moins de 800 000 images inédites du ciel ont été collectées dont certaines, d’une beauté exceptionnelle, ont fait le tour du monde. Pourtant, comme le fait remarquer l’astronome Julianne Dalcanton, de l’université de Washington (États-Unis), dans un article paru jeudi dans la revue Nature, « beaucoup de gens seraient surpris d’apprendre que Hubble est d’une taille modeste, quand on le compare aux télescopes les plus modernes ». L’engin, qui fait une révolution autour de la Terre toutes les cent minutes, ne mesure en effet que 13,2 mètres de long et ne pèse que 11 tonnes. Surtout le diamètre de son miroir principal (2,40 m) est quatre fois plus petit que celui des quatre télescopes du VLT, situés dans le désert d’Atacama, dans le nord du Chili. En outre, certains de ses instruments reposent sur des technologies datant d’au moins une décennie. Malgré cela, Hubble a ramené des images du cosmos d’une précision dix fois supérieure à celle obtenue avec les meilleurs télescopes terrestres. Pour la première fois, les astronomes ont pu distinguer des objets célestes séparés par moins d’un dixième de seconde d’arc. « C’est comme si un observateur terrestre pouvait percevoir, à un kilomètre de distance, un angle d’un demi-millimètre d’ouverture », souligne Julianne Dalcanton.
Découvertes majeures….
On l’aura compris : ce formidable effet de loupe provient avant tout du positionnement exceptionnel de Hubble. Du haut de ses 600 kilomètres d’altitude, le télescope spatial s’affranchit totalement des effets perturbateurs de l’atmosphère terrestre et bénéficie, en outre, de l’extrême noirceur du ciel. Ce qui lui permet de distinguer des objets très faiblement brillants, invisibles depuis le sol où la nuit, même la plus noire, est toujours « éclairée » par la réémission de la lumière absorbée durant la journée dans la haute atmosphère. Grâce à sa vue ultraperçante, Hubble a permis de faire des découvertes majeures. En 2007, des chercheurs de l’université du Texas (États-Unis) sont parvenus à mesurer avec une précision inégalée la distance à la Terre d’une dizaine de Céphéides de notre Voie lactée. Ces étoiles supergéantes, 4 à 15 fois plus massives et de 100 à 30 000 fois plus lumineuses que notre Soleil, sont de véritables points de repère cosmiques. Du coup, il est possible de connaître la distance exacte, mais aussi la vitesse, qui nous sépare de n’importe quelle galaxie où une Céphéide a été repérée. Sur le plan théorique, ces données ont permis de calculer avec une précision de l’ordre de 10 % (contre un facteur deux auparavant) la constante de Hubble qui nous renseigne sur le taux actuel d’expansion de l’Univers. Du fait de son excellente résolution, le télescope spatial a également révélé l’omniprésence de disques de gaz et de poussières qui étaient auparavant masqués par la brillance des étoiles environnantes. Une découverte qui confirme la thèse selon laquelle notre système solaire n’est pas unique et qu’une infinité d’autres mondes semblables au nôtre existent dans notre Voie lactée. Pour prolonger cette extraordinaire moisson de données, la Nasa a décidé d’envoyer, le 12 mai prochain, une ultime mission de maintenance vers Hubble. Les sept astronautes procéderont notamment au changement d’instruments scientifiques et de pièces actuellement en panne. De quoi largement tenir jusqu’en 2013, date à laquelle le successeur de Hubble, le James Webb Space Telescope, lancé par la fusée européenne Ariane, viendra prendre la relève..(le Figaro)..
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