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«La journée de la jupe»-film français

16052009

**Pour La journée de la jupe, l’actrice a pris à bras-le-corps son rôle de professeur dont la vie professionnelle va soudain déraper
L’époque est admirable. Les collégiens trimbalent un revolver dans leur sac. Telles sont les mœurs d’aujourd’hui. À bout de nerfs, l’enseignante s’empare de l’arme et prend sa classe en otage. Cette femme n’en peut plus. S’il faut tenir ses élèves en joue pour qu’ils acceptent de jouer Molière, maintenant ! On la comprend.
Les gamins n’écoutent rien, la traitent de tous les noms. Jusqu’à présent, les insultes, elle les a avalées d’un estomac égal. C’est fini. Le film, gonflé, met les pieds dans le plat. On reproche toujours au cinéma français de ne pas parler de la société. La Journée de la jupe y va, fonce, dérange. Le principal de l’établissement ne veut pas de problèmes. Les collègues font le gros dos. Pas de vagues, hein, surtout.Il faut rendre hommage à ­Isabelle Adjani : elle porte le film sur ses épaules. On en connaît même certains qui ne détesteraient pas être séquestrés par elle. Fébrile, désemparée, imprévisible, elle rappelle Al Pacino dans Un après-midi de chien. Le compliment n’est pas mince. Veste blanche, grands yeux perdus, un classique à la main, elle tente de retrouver sa dignité. Elle raisonne, s’emporte, s’effondre, pique des crises, se décourage. France, est-ce cela, vraiment cela, que ton école est devenue ? On s’aperçoit que la fiction, quand elle a cette urgence, ce culot, est plus forte qu’un documentaire.

Comment disait Adjani, déjà, dans L’École des femmes ? «Le petit chat est mort.» Il n’y a pas que lui : il y a aussi l’espoir, la culture, le respect. De bien grands mots pour un petit film ? Pas si sûr. (Le Figaro) 

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Les premières minutes de La Journée de la jupe, laissent perplexes : va-t-on être confronté à une énième fiction sur la difficulté à enseigner dans les banlieues, façon documentaire ? Une prof de français (Isabelle Adjani, habillée sans recherche, quasiment sans maquillage) entre dans la salle de théâtre au sous-sol de son collège, bousculée et insultée par sa classe. À l’intérieur, elle tente en vain de canaliser ses élèves, adolescents rebelles et désabusés, pour commencer à travailler sur le thème du jour, Molière. On comprend que cette situation, elle la vit tous les jours. Et cette journée-là aurait pu être comme toutes les autres, épuisante, violente, vaine. Mais, brusquement, tout va basculer et s’accélérer, écartant ce film des rails attendus et ne laissant plus aucun répit aux télé­spectateurs. L’enseignante, Sonia Bergerac, surprend deux élèves en train de se disputer un sac ; malgré leurs menaces, elle s’en saisit, une arme tombe. En un geste réflexe, Sonia la ramasse. Les deux garçons tentent de la récupérer. Dans la confusion, un coup part ; un collégien, le rouleur de mécaniques de la classe, Mouss, est gravement blessé à la jambe. Au lieu de jeter le revolver, Sonia «pète les plombs», ordonne à sa classe de «s’allonger par terre comme à la télé» et prend ses élèves en otages. C’est elle à présent qui a les cartes en main, et nargue ceux qui, quelques minutes auparavant, la traitaient par le mépris.Dès lors, un huis clos d’une implacable intensité va se mettre en place. Le principal du collège (Jackie Berroyer) est mis au courant ; les forces spéciales de police emmenées par deux hommes aux conceptions radicalement opposées, Labouret (Denis Podalydès) plaidant pour la négociation et Bechet (Yann Collette) prônant l’intervention en force, débarquent, ainsi que la ministre de l’Intérieur (Nathalie Besançon) ; les parents s’inquiètent ; les médias encerclent le collège. Les langues des collègues de Sonia se délient. Elle serait «un peu butée au plan pédagogique», «dépressive», «islamophobe» et elle porte une jupe, ce qu’on lui avait pourtant fortement déconseillé (certes, l’enseignante en porte une, mais au genou et avec des bottes… rien de provocant). Dans la classe, Sonia Bergerac tente d’inculquer aux élèves les valeurs de l’école, d’expliquer aux garçons que les filles ne sont pas toutes des «salopes» et qu’ils peuvent cohabiter ensemble.

 Des moments intenses et dramatiques ; mais on rit également grâce aux dialogues percutants qui sonnent toujours justes. «Par goût et déformation professionnelle, j’ai toujours suivi l’évolution du langage, et celui de ces jeunes des banlieues ne m’était pas inconnu», explique l’auteur du film, Jean-Paul Lilienfeld. «Quand les ados ont lu les dialogues, ils s’y sont totalement retrouvés.» Le réalisateur reconnaît qu’au départ son film avait été conçu pour le cinéma, mais que personne n’a voulu le suivre sur ce terrain dérangeant. Jusqu’à ce qu’Arte et Mascaret Films acceptent de le produire.   

   Isabelle Adjani, en enseignante à bout de nerfs, porte le film sur ses épaules. (Rezo Films)

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Pour son retour au cinéma, Isabelle Adjani incarne une professeur de français dans un lycée de banlieue. A bout de nerfs, victime en permanence de violences verbales et physiques, elle craque et prend un jour en otages ses élèves en les menaçant d’une arme. Un rôle-choc pour un film-choc qui bouscule la vision angélique du septième art sur l’enseignement. Réalisé par Jean-Paul Lilienfeld, La journée de la jupe a emballé la critique internationale au dernier festival de Berlin et vient de battre un record d’audience lors de sa diffusion télé en Belgique sur RTBF, coproducteur du film avec Arte. En France, le film sort en salles le 25 mars.

En exclusivité, Isabelle Adjani évoque samedi dans les colonnes du Figaro Magazine les raisons pour lesquelles elle a acccepté de jouer dans ce film-polémique et revient sur son tournage.

Extraits :

«J’ai trouvé le scénario de ce ramdam socialo-politico-policier dérangeant, politiquement incorrect, donc attirant. Mais quand j’en parlais autour de moi, on se montrait embarrassé et on m’incitait plus ou moins à renoncer. Parce que le film abordait un véritable tabou.»

«Cette femme fragilisée, en pleine crise de nerfs, qui essaie de revaloriser sa vocation et le devenir de ces enfants en s’y prenant comme une braqueuse déjantée, me rappelait certaines personnes que j’ai pu croisées. Ainsi la mère de mon compagnon. Ancienne professeur, elle a vécu des scènes de violence comparables à celles du film, à ce détail que l’arme brandie à son encontre était un couteau et non un pistolet…»

«Enfant, je vivais dans une HLM entourée de terrains vagues, dans une proximité où pouvaient affleurer violence et délinquance. Je ne rêvais que d’une chose : me donner les moyens de quitter «l’arrière-cour de la capitale».

«Lorsqu’on a demandé un jour à certains enfants qui jouent dans le film comment ils réagiraient si leur professeur se faisait agresser, ils ont répondu qu’ils laisseraient faire ! Cela en dit long sur le niveau de ressentiment qu’ils éprouvent vis-à-vis de l’école.»

«Beaucoup d’élèves de lycées de banlieue sont orphelins d’une autorité dont le principe même a été battu en brèche. Quand ce sont les élèves qui demandent à leur professeur du respect, c’est le monde à l’envers, non ? Mais c’est notre faute s’ils en sont là. Nous constituons une société très narcissique et on se sert de nos enfants pour nous valoriser, nous, au lieu de les protéger, eux.»

«Il me semble que j’aurais très bien pu être enseignante. Savoir si je m’en serais bien sortie, si je n’aurais pas moi aussi pété les plombs, c’est une autre question…» 

 







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