la jeune Angela Merkel du temps de la RDA
22052009
Angela Merkel en 1971 (au centre).
*Angela Merkel (3e en partant de la droite), à Prague en 1982, entourée de deux professeurs de physique, la matière qu’elle étudiait à l’université.
Angela Merkel s’est découvert un nouveau sujet de campagne, en cette année électorale et anniversaire de la chute du Mur. La chancelière, d’habitude si discrète et jalouse du secret sur sa vie privée, s’est laissée aller à plusieurs reprises ces derniers temps en dévoilant un peu de son passé est-allemand. «Il faut vivre la liberté», expliquait-elle à Brême, il y a une semaine, devant un public de 10 000 fidèles à l’occasion des 32e Journées évangéliques allemandes. «Il faut rendre hommage aux Allemands de l’Est : 1 % d’entre eux ont travaillé pour la Stasi, les 99 % restants ont cherché à vivre avec de bonnes valeurs.»
Collaborer. Mardi, elle allait encore plus loin devant les caméras de la chaîne publique ARD en racontant comment la Stasi a cherché à l’enrôler, au cours d’un entretien d’embauche pour un poste d’assistante de physique, sa matière à l’université technique d’Ilmenau. A l’issue de l’entretien, elle aurait été conduite dans une autre pièce et on lui aurait demandé si elle était prête à collaborer avec la redoutée police politique du régime communiste. «A la maison, avec mes parents, nous avions déjà préparé une stratégie au cas où cette situation se présenterait. Je n’avais qu’à dire que je ne savais pas garder ma langue, que je parlais de tout avec mes amis», a expliqué la chancelière. Comme le silence était «une condition de base» du travail avec la Stasi, la jeune Angela Merkel a été laissée tranquille. Mais elle n’a pas obtenu non plus le poste convoité.
Il y a plusieurs semaines, la chancelière avait été le premier chef d’un gouvernement allemand à visiter la sinistre prison de la Stasi dans le quartier de Hohenschönhausen, à Berlin. Evoquant le débat récurrent sur le fait de savoir si tout était mauvais en RDA, elle concédait alors que «non, c’est vrai, les règles du code de la route n’étaient pas mauvaises !»«Angela Merkel n’était pas non plus une opposante au régime», rappelle avec une certaine irritation l’historien Hubertus Knabe, qui dirige le mémorial de Hohenschönhausen. «Elle a fait partie des Jeunesses communistes, elle a même été gradée, et cela lui a permis d’accéder à l’université.» Les jeunes classés comme «opposants» au régime n’avaient même pas le droit de passer leur bac.
Aujourd’hui, Merkel ne se dérobe pas lorsqu’elle est attaquée sur le même sujet par Oskar Lafontaine, un des leaders de Die Linke, et admet avoir dû «faire des compromis» avec le régime. «J’ai vécu la vie d’une scientifique», qui a opté pour la physique «car il y est difficile d’y déformer la vérité». Et si elle n’a pas saisi la chance d’une visite à l’Ouest en 1986 pour fuir la RDA, c’est par amour pour ses parents et ses amis.
«Humaine». Jusqu’à présent, elle avait soigneusement évité d’aborder son passé «par tactique», selon son entourage, bien consciente du fait que son identité est-allemande était pour bien des barons de la CDU une couleuvre difficile à avaler. A quatre mois des législatives et six du vingtième anniversaire de la chute du Mur, lever le voile la rend plus «humaine» aux yeux des Allemands de l’Ouest, et rappelle à ceux de l’Est qu’elle est toujours l’une des leurs.(Libération – 22.05.09.)
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**La chancelière, qui a grandi dans l’ex-RDA, a dévoilé comment les services secrets avaient cherché à en faire une espionne lorsqu’elle était étudiante.
Angela Merkel vient de lever, pour la première fois, un coin de voile sur sa jeunesse à l’époque de l’ex-RDA. Première femme à avoir été élue au poste de chancelier, mais aussi première chef de gouvernement issue de l’ancienne Allemagne de l’Est, Merkel a ainsi révélé que la Stasi, la police secrète du régime communiste, avait tenté de la recruter lorsqu’elle a sollicité un poste universitaire : elle a précisé avoir décliné l’offre d’emblée. Interrogée dans le cadre d’une émission sur la chaîne publique ARD, Angela Merkel a raconté avoir été approchée après un entretien d’embauche pour un travail d’assistante de physique – sa spécialité – à l’université technique d’Ilmenau. Au terme de son entretien, on la conduit dans une pièce où elle est censée se faire rembourser ses frais de déplacement, mais un officier de la Stasi l’y attend et lui propose de «collaborer». Fille d’un pasteur protestant, la chancelière raconte avoir préparé une stratégie avec sa famille pour faire face à cette éventualité. «J’ai immédiatement répondu que ce n’était pas pour moi», se souvient Merkel. Elle ajoute qu’elle est incapable de tenir sa langue et qu’elle raconte toujours tout à ses amis. Sachant que le silence est une «condition de base», pour collaborer à la Stasi, elle était ainsi écartée d’emblée. Mais elle n’obtint pas non plus le poste d’assistante à Ilmenau. Jusqu’en 1978, Merkel a étudié la physique à Leipzig, qui deviendra en 1989 l’un des fiefs de la contestation. Avant d’obtenir son doctorat à l’Académie des sciences de Berlin-Est en 1986. «J’ai choisi de devenir chercheuse dans un domaine où je n’aurais pas à faire trop de compromis, explique-t-elle. J’ai opté pour la physique parce que dans ce domaine la vérité n’est pas si simple à déformer.»
**Au sauna quand le Mur tombe
En cette année de commémorations, le jugement porté sur l’ex-RDA s’est naturellement imposé comme l’un des thèmes de la campagne électorale pour les législatives du 27 septembre. Six semaines plus tard, l’Allemagne réunifiée fêtera les 20 ans de la chute du mur de Berlin. Le régime de RDA était-il une dictature, un État de non-droit, ou peut-on dire légitimement qu’il comportait aussi certains aspects positifs ? …..
Merkel raconte aussi comment ses proches et elles vivaient sous le règne de la toute-puissante et omniprésente Stasi. Âgée de 7 ans lorsque le Mur est construit, elle se souvient des «larmes et de la peur» dans la paroisse de son père. Elle raconte avoir été «surveillée» par des camarades à la cantine universitaire. Et lorsqu’elle se rendait dans une brasserie avec des amis, elle avait pris l’habitude de tapoter la lampe en disant : «S’il y a un micro ici, branchez-le maintenant.» «Le tout, c’était de ne pas les laisser vous rendre fous !» Lorsque le Mur tombe, le 9 novembre, elle est au sauna avec une amie, «comme tous les jeudis». Mais très vite, elle ira boire une bière à l’Ouest. Et deviendra ensuite la porte-parole du Mouvement pour la démocratie. (source Le Figaro-22.05.09.)
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