• Accueil
  • > Archives pour le Mercredi 27 mai 2009

Les « cellules-crises » de Silicon Valley

27052009

* au coeur des stratégies dans l’empire de l’économie numériqueLes  

Pour surmonter les turbulences économiques qui affolent la planète, des entrepreneurs font travailler leurs “cellules-crise”, lançant des initiatives plus équitables, plus humaines. Cette course aux bonnes idées a conduit la secrétaire d’État (France) à la Prospective et au Développement de l’économie numérique dans la Silicon Valley. Nous l’avons accompagnée sur ce terrain fertile.

Tout commence avec une adresse Internet et un slogan publicitaire, glanés dans les pages du prestigieux New York Times, distribué avec le petit déj’ au bar d’un hôtel de San Francisco : « www.nytimes.com/opinion. Where the conversation begins (« où la conversation débute »). Retenez bien ce slogan. Il est au cœur des stratégies qui se peaufinent aux États-Unis, et plus particulièrement dans la Silicon Valley, empire de l’économie numérique. Un territoire en V, 100 kilomètres carrés à peine, qui abritait autrefois la culture des abricots et des oranges ; et héberge des entreprises aussi prestigieuses que Intel, Microsoft, Apple, Google, Facebook, LinkedIn…
Une langue de terre très prisée, puisqu’elle absorbe pas moins de 30 % du capital-risque investi aux États-Unis, capital déposé par des financiers dans la corbeille de jeunes entrepreneurs audacieux, dont la bonne idée semble promise à un succès commercial aussi rapide que fastueux.

Après le meilleur des puces et des logiciels, la Silicon Valley rassemble aujourd’hui la crème des réseaux sociaux du Web. Ceux qui, en trois clics, vous mettent en lien avec tous vos « amis » du monde. Ceux qui bruissent de l’opinion publique. Et bâtissent, à vitesse éclair, le modèle économique de la… « conversation », précisément. Comprenez par là un marché où producteurs et utilisateurs échangent en direct sur la Toile, assorti d’un réseau où politiques et citoyens discutent sans filtre. C’est aussi simplement que Barack Obama, dès juillet 2008, franchissait la barre du million de supporters sur Facebook. Une « conversation » qu’aucun politique doté d’ambition ne saurait désormais ignorer…

Rien d’étonnant dès lors à ce que Nathalie Kosciusko-Morizet ait choisi d’explorer ce territoire pour quelques jours, en avril dernier. Elle a réussi à imposer un volet numérique dans le plan de relance du gouvernement. Déploiement du très haut débit, supports numériques à l’école, soutien aux projets vidéo innovants…

**Savoir prendre des risques

Les nouvelles technologies comme vecteurs de la croissance, la secrétaire d’État à la Prospective et au Développement de l’économie numérique veut y croire. « Je me sens dans l’urgence de valoriser un potentiel, assure-t-elle dans le minibus qui la mène de Stanford University au siège de Google, à Mountain View. Nous avons en France une bonne infrastructure, un écosystème de qualité avec de vrais capitaux-risqueurs, des grandes écoles mobilisées, de la créativité, des sites solidaires qui se multiplient, des auto-entrepreneurs qui montent leur activité sur le Web, des incubateurs qui encouragent les jeunes et leurs idées : ce serait une pitié de passer à côté ! »

Alors, pour affiner sa stratégie, en trois jours et un programme serré, NKM a radiographié de haut en bas le modèle californien, et son « effet chaudron », comme elle l’appelle : un maillage extrêmement efficace, entre universités de prestige, incubateurs locaux (sortes de mini-laboratoires où de jeunes génies sont épaulés financièrement et logistiquement), capitaux-risqueurs et gouvernement fédéral. Dans la Silicon Valley, il semblerait qu’on ne laisse jamais seule une bonne idée… Partout, l’élégante Parisienne fut accueillie à bras ouverts.

À chacune de ses étapes, des sourires accrochés aux visages, des yeux pétillants. Systématiquement. C’est charmant. C’est troublant. C’est un peu agaçant. C’est… californien ! Californien encore, cet enthousiasme unanime pour la jeunesse et ses capacités d’invention. Mais il faut ici rappeler que… Steve Jobs a 21 ans quand il fonde Apple avec son compère Steve Wozniak ; Sergey Brin, 25 ans, lorsqu’il lance Google avec Larry Page ; Mark Zuckerberg pas même 20 ans à la création de Facebook… En Silicon Valley, c’est généralement avant 30 ans qu’on crée son entreprise.

Californien toujours, cet aveu assumé de l’échec quand il se présente. Pierre Lamond, célèbre capital-risqueur français, installé aux États-Unis depuis trente ans, résumera devant NKM à sa manière : « Ici, on essaye. Si on rate, on essaye à nouveau. » Et encore : « Si vous voulez monter une compagnie, oubliez tout. Mari, femme, enfants, amis. Planchez comme un fou pendant six mois, loin de tout cocon. Prenez des risques ! ».

**On vit réseaux, on pense réseaux…

Alors oui, l’écosystème de la Valley est redoutablement efficace. Ici, on vit réseaux, on pense réseaux, on échange les réseaux… dont certains, à l’image de Facebook, sont d’abord nés à l’université. Transformer le sel d’une bonne idée en or du produit à succès, beaucoup ne sont habités que par cela. Mais les nouvelles fortunes se bâtissent sans signes extérieurs de richesse. Le campus de Google, immense, met en avant ses pelouses avec vélos gratuits, son terrain de volley et sa piscine, son self-service bio (et gratuit pour les employés).

Facebook reçoit la femme politique venue de France sans chichis à la cafét’, sorte de coin cuisine où chacun peut se faire un café, et Mozilla dans un hangar où de vieux poufs ramollis rappellent les chambres d’ados. Les boss sont en polo, jean et sandales Birkenstock. You’re much more formal than we are (« Vous êtes bien plus formels que nous », s’entend dire la ministre, chez Mozilla…

Décontraction apparente, écran de fumée ? Les ingénieurs de Google ont beau répéter, entre deux jus d’orange, qu’ils veulent « aider le monde », « rendre l’information universelle », ou parler même de « mission » (c’est glaçant !) ; au sein de l’écosystème pourtant, les relations entre partenaires peuvent se révéler conflictuelles. « Dans le système financier numérique tel qu’il se développe tous azimuts, décrypte NKM, les ressources viennent d’abord de la publicité. » Et le contexte est plutôt turbulent…

Parmi les scénarios du futur abordés ici, le Français Georges Nahon, observateur très averti au sein d’ Orange Labs, évoque « un temps présent qui domine : Nous allons, dit-il, vers une amplification de la connaissance et de la personnalisation en temps réel. » Ce qui signifie que dans la fameuse « conversation » sur la Toile, la masse d’infos sera de plus en plus dense, orientée aussi par des publicitaires qui anticiperont nos désirs, car ils nous connaîtront parfaitement grâce aux profils que nous nous plaisons à mettre en réseau.

« Une partie du business ici consiste à vendre et à acheter de l’intimité », résume, lucide, NKM. Oui, des données personnelles sont utilisées auprès des annonceurs. Il faut le dire, ne pas être naïf face à cela. Choisir ce que l’on protège de soi. Ou pas. » L’or de la conversation numérique n’en finit pas de scintiller. Avant éblouissement ?

**NKM : la vie en numérique

Les nouvelles technologies sont-elles encore perçues comme anxiogènes ?

Les Français y adhèrent bien, beaucoup de start-up se montent. En revanche, dans le monde politique, je constate une distance vis-à-vis du technologique et du scientifique. C’est embêtant. Non pas qu’une méconnaissance des phénomènes en la matière soit un problème pour gouverner, mais le fait d’entretenir une distance trop grande en vient à vous donner une fausse représentation des choses, pousse à réagir souvent avec excès, sur le mode : la technologie, c’est « tout bon » ou « tout
mauvais »! Or, pas plus que la science, elle ne comporte de valeur morale. La seule question, c’est : qu’est-ce qu’on en fait ?

Où voyez-vous des développements possibles du numérique ?

Dans le champ de l’éducation, j’y crois beaucoup. Ça peut être un très bon support de cours, je l’ai constaté dans le département de la Manche, où, depuis Saint-Lô, une professeur d’allemand faisait ses cours en simultané dans différentes écoles grâce au numérique, avec possibilité pour les élèves de dialoguer avec elle, comme d’une classe à l’autre. C’était bluffant. Je pense aussi à la possibilité de cours du soir ou d’éducation à distance, en accompagnement de situations où l’on ne peut pas se déplacer, parce qu’on est hospitalisé, par exemple.

Et hors l’école ?

Il faut rendre les réseaux d’énergie intelligents. Dans ma ville de Longjumeau, j’ai mené une expérience de compteurs intelligents, pour observer la consommation en électricité de la mairie et de particuliers volontaires. Une connaissance fine des pics de conso – l’ascenseur pour le premier ! – et une adaptation des comportements ont permis à la mairie une économie de 15 %.(Le Figaro) 

 







évasion |
Généalogies |
vivreavec1handicap |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | ANTI CORRIDA
| dartagnan
| Actualité de la Politique d...