Obama en visite dans le monde arabe
3062009
Un commerçant du Caire a présenté lundi une plaque souvenir qualifiant Barack Obama de «nouveau Toutankhamon du monde».
Le président américain amorce depuis mercredi soir en Arabie saoudite une tournée qui sera marquée par un grand discours, jeudi au Caire, en direction des musulmans.
C’est une «conversation» peu ordinaire qui va s’engager cette semaine entre l’homme le plus puissant de la planète et plus d’un milliard de musulmans. Depuis l’époque de sa campagne électorale, Barack Hussein Obama, chrétien, métis, mais fils d’un musulman du Kenya, a lentement mûri le projet de s’adresser aux peuples d’islam pour regagner leur cœur et entreprendre de tisser une nouvelle relation entre eux et l’Amérique, après des années de frustrations et d’incompréhension.
L’heure est venue. Jeudi, entre les murs accablés de chaleur de l’université du Caire, qui le reçoit avec la participation de l’université islamique al-Azhar, puissance co-invitante, le président Obama prononcera un discours très attendu à l’attention des opinions publiques musulmanes, avant de gagner l’Europe pour des visites du souvenir hautement symboliques au camp de Buchenwald en Allemagne, puis au cimetière de Colleville en Normandie. Il veut effacer le grand malentendu de l’époque de l’administration précédente qui en était venue à confondre trop souvent islam et terrorisme islamiste. Il a toujours pensé que le choc des civilisations n’est pas inéluctable. Il l’a déjà dit lors de son discours d’investiture, puis dans une interview à la chaîne al-Arabya et dans son adresse devant le Parlement turc en avril. Il va le répéter haut et fort pour tenter d’apaiser cette haine de l’Occident qui agite le Moyen-Orient, notamment sa jeunesse, cible privilégiée de son appel au dialogue. «Obama veut convaincre la rue musulmane que l’Amérique a changé, il estime que le terrorisme islamique est une question cruciale pour la sécurité nationale, qui va bien au-delà de la question du conflit israélo-palestinien», décrypte un diplomate français.
Tensions avec Israël
Malgré l’intense ballet diplomatique qui a précédé le voyage, nul ne s’attend à des annonces politiques majeures sur l’épineuse question du conflit israélo-palestinien. Mais le président, persuadé que le dossier est crucial pour l’avenir, devrait insister sur la nécessité urgente de mettre fin à la colonisation israélienne dans les Territoires occupés et exprimer son soutien à la création d’un État palestinien vivant en paix au côté d’Israël. Les dernières semaines ont vu la relation américano-israélienne se tendre au fur et à mesure qu’Obama accentuait sa pression sur le gouvernement de Benyamin Nétanyahou, qui ne semble pas pressé de céder. «Les Américains ne vont pas aller jusqu’au clash et à des sanctions comme l’avait fait Bush père. Obama va devoir suivre une voie étroite pour donner des gages aux opinions arabes sans s’aliéner son allié stratégique israélien. Il estime que le moment de lui tordre le bras n’est pas encore venu», suggère le diplomate français.
Barack Obama a choisi de se rendre à Riyad avant de rejoindre Le Caire pour son discours. Dans un cas comme dans l’autre, ce n’est pas un hasard. L’Arabie saoudite et l’Égypte sont des piliers de l’équilibre régional, tous deux étant très impliqués dans les initiatives de paix israélo-palestiniennes. Le président américain entend bien leur demander de s’engager plus avant pour relancer aussi la négociation israélo-arabe et initier une forme de dégel politique. Riyad pourrait par exemple être invité à accorder des visas à des ressortissants israéliens ou à ouvrir un dialogue commercial avec Israël.
L’Iran, où se déroule une élection présidentielle le 12 juin, et avec lequel Obama tente toujours d’ouvrir une nouvelle forme de dialogue, devrait être aussi, en filigrane, l’un des grands thèmes du discours du Caire. Ce week-end, l’éditorialiste du Washington Post semblait déceler «dans l’air» des grandes villes iraniennes un vent de changement propice que le discours présidentiel américain pourrait gonfler encore. C’est la première fois que trois des quatre candidats à la présidentielle sont favorables à un renouveau des relations avec l’Amérique. Nombre d’observateurs restent toutefois circonspects, jugeant qu’une percée sur le front iranien comme israélo-palestinien reste tributaire de facteurs régionaux, dont Obama aura bien du mal à changer la donne, en tout cas à court terme. «C’est le moment de la phase de jardinage de la diplomatie, celle qui consiste à semer des graines et à enlever les mauvaises herbes, plutôt que celle des plans ambitieux qui suscitent trop d’attentes», avertissait par exemple dimanche Jim Hoagland dans le Post. L’opération séduction de la rue arabe en fait partie.(Le Figaro-03.06.09.)
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* » Les Etats-Unis, un des plus grands pays musulmans !
Pour Barack Obama, qui doit prononcer jeudi au Caire un important discours de réconciliation avec le monde musulman, «les Etats-Unis et le monde occidental doivent apprendre à mieux connaître l’islam. D’ailleurs, si l’on compte le nombre d’Américains musulmans, on voit que les Etats-Unis sont l’un des plus grands pays musulmans de la planète», a-t-il rappelé dans une interview à Canal +, la première accordée à un média français. Avant d’ajouter : «Ce que j’essaye de faire, c’est de créer un meilleur dialogue pour que le monde musulman puisse mieux comprendre comment les Etats-Unis, mais plus généralement le monde occidental, conçoivent certains problèmes difficiles, tels que le terrorisme ou la démocratie».Son rapport à l’islam. «Quelle que soit leur confession, ce sont ceux qui construisent et non pas ceux qui détruisent qui laissent derrière eux un héritage durable», estime le président américain. «Je pense qu’il y a un véritable conflit actuellement entre ceux qui soutiennent que l’islam est irréconciliable avec la vie moderne et ceux qui pensent qu’au contraire l’islam a toujours su évoluer en même temps que le progrès».
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Une femme voilée à la Maison Blanche –
*Dalia Mogahed, conseillère de Barack Obama.
Une femme en hidjab à la Maison-Blanche ? Impossible ? C’est pourtant une réalité depuis quelques mois. Dalia Mogahed, une jeune Egyptienne d’origine, a été nommée conseillère des affaires religieuses dans l’Administration du président Barack Obama.Le nouveau locataire du bureau ovale, lui-même grande surprise de l’année 2008, a en effet signé le 5 février dernier un décret exécutif instituant le « Bureau des partenariats religieux » à la Maison-Blanche où siège la jeune Dalia Mogahed. De fait, elle est la première musulmane américaine d’origine arabe à entrer tous les matins à la Maison-Blanche avec son voile islamique pour conseiller le président des Etats-Unis. C’est sans doute un grand tabou qui vient d’être cassé pour une Amérique puritaine voire allergique à tous ce qui touche l’Islam et les musulmans. C’est aussi une belle leçon de tolérance et de la reconnaissance du mérite que vient de donner Obama à la France, notamment où le port du voile a été interdit, y compris dans les écoles.
Dalia Mogahed, qui se dit être « fier d’être la première musulmane à entrer à la Maison-Blanche », est désormais membre à part entière du conseil consultatif des religions Faith Based-Comité, composé de 25 autres personnalités issues de confessions différentes. Cette jeune femme a forcé le respect par son talent qu’elle étale dans les publications du célèbre institut Gallup dont elle est chef de division des études islamiques. Son livre : Who speaks for Islam (Qui parle au nom de l’Islam ?) dont de larges extraits ont été publiés par la très sérieuse revue de l’université de Harvard Harvard International Review, semblent avoir convaincu le président américain de son talent et de son ouverture d’esprit. « Ma tâche consiste à aider le président des Etats-Unis à mieux connaître les musulmans loin du prisme déformant de la violence », commente Dalia Mogahed.
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