colloque international sur les noubates maghrébines
22 06 2009
Tipaza fait la grande nouba
* Le 1er colloque international sur les noubates maghrébines ( musique andalouse) s’est déroulée, au niveau du complexe touristique la Corne d’or de Tipaza, du 16 au 19 juin 2009,en présence d’une très forte assistance composée essentiellement des familles venues de Koléa et de Cherchell. L’orchestre maghrébin de musique andalouse composé pour la circonstance a épaté le public. La salle de conférences s’est avérée trop exiguë pour accueillir toutes les familles. Certaines ont dû se contenter d’écouter les airs musicaux et les mélodies de l’extérieur. L’orchestre composé de musiciens et musiciennes, de différents âges, vêtues d’habits traditionnels algériens, marocains et tunisiens. Cette richesse vestimentaire a donné encore plus de couleur aux noubates interprétées magistralement par ces artistes concentrés sur les regards et les gestes de Rachid Guerbas, qui ne s’est pas empêché, à l’issue de la soirée, d’embrasser le président de l’association El Kaïssaria de Cherchell, organisatrice de cette manifestation purement musicale. Cette rencontre, entre les artistes maghrébins et arabes en Algérie, s’est articulée sur un programme axé sur les conférences, les débats et les répétitions. Chaque participant a pu enrichir ses connaissances en matière de musique savante maghrébine. A titre de rappel, on a vu la participation des ensembles régionaux d’Alger, de Constantine, d’Alger et de Tlemcen, ainsi que les troupes maghrébines de Tunisie, et du Maroc.
A la veille de la soirée de clôture de ce colloque international, M. Taoussar, directeur général de l’ONDA (office national des droits d’auteur et droits voisins) est intervenu pour s’étaler sur tous les aspects juridiques et législatifs relatifs aux droits d’auteur et aux droits voisins d’un côté, mais d’un autre, il a répondu à toutes les nombreuses questions inhérentes à la situation des artistes algériens et des créateurs d’œuvres. L’ONDA est un organisme qui aide à la création et à la sauvegarde des patrimoines dans le domaine des œuvres bédouines, amazighes, châabies et arabo-andalouses. L’orateur a précisé que les droits voisins sont gérés et protégés. « J’appelle tous les artistes à adhérer à l’ONDA, déclare-t-il ; déjà, 650 artistes ont bénéficié des droits. » Cet organisme est sur le point d’éditer 8 noubates sur les 12, en l’occurrence h’sin (33 textes), raml Maya (40 textes), laghrib (28 textes), eddil (40 textes), endjebba (40 textes), ezidane (40 textes), errasd. En répondant aux questions de Rachid Guerbas et des artistes, le premier responsable de l’ONDA a reconnu qu’il lui reste du travail à réaliser au niveau des écoles de Tlemcen et de Constantine en matière d’enregistrement et de transcription des noubates interprétées par ces deux éminentes écoles algériennes, après celle d’Alger.
Le chercheur et musicologue algérien, Rachid Guerbas, invite les artistes algériens à s’intéresser à l’actualité et à consulter les lois du pays dans lequel ils vivent. « Chaque artiste concerné par ces lois se doit de les transmettre aux autres artistes », dit-il. En revanche, il conteste la composition de la commission des œuvres musicales de l’ONDA, sans remettre en cause ses compétences. L’équilibre dans le traitement des écoles de musique andalouse en Algérie est impératif. Le musicien demeure l’un des piliers les plus importants qui retransmet le patrimoine, mais qui ne doit pas être oublié, selon le chercheur et musicologue. Bien entendu, des questions ont été posées sur les moyens mis en œuvre par l’ONDA en matière de contrôle, sachant que des enregistrements sortent à l’étranger et sont exploités au détriment de l’intérêt de l’artiste. Syrine Benmoussa, chercheur et musicienne tunisienne qui n’ en est pas à son premier séjour en Algérie, estime que le mélange entre la nouba zidane, dénomination algérienne, asbaïne dénomination tunisienne et hidjaz kabir dénomination marocaine, constitue une véritable richesse musicale, car il y a beaucoup de similitudes entre les mots employés sur le plan de l’interprétation et la prononciation.
« Dans les pays du Maghreb, nous partageons la même base musicale, mais il existe un problème de dénomination par rapport à un même répertoire, indique Syrine Benmoussa, mais cette diversité crée la richesse. » Notre interlocutrice pratique le répertoire en tant que musicienne tout en étant chercheuse musicologue, car ces deux aspects se complètent, selon elle, et lui ont permis d’aboutir à des réponses concrètes au niveau des rythmes, des mots, des modes et des styles. « D’ailleurs, je travaille actuellement sur une étude analytique et comparative entre les modes musicaux maghrébins à la même échelle scolaire », conclut-elle. L’épanouissement de l’univers musical est, lui aussi, menacé par la « pollution », selon les artistes. Des attestations, accompagnées de remerciements, ont été remises aux représentants de la ministre de la Culture, au wali de Tipaza lors de cette ultime soirée. Applaudissements et youyous fusaient en pleine nuit, visages souriants des organisateurs et musiciens, dans une ambiance conviviale et familiale, autant d’éléments qui illustrent le succès de ce premier Colloque international sur les noubates.(El Watan-20.06.09.)
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