Des centaines de notes du bac attribuées à tort
17072009
Des éléments brillants peuvent toujours rendre une mauvaise copie lors d’une épreuve écrite, mais une contre-performance généralisée semble suspecte.
- Une «erreur matérielle» de saisie des notes s’est produite pour les copies du bac de français d’un centre d’examen francilien où avaient planché environ 800 élèves (En France). Les notes vont être rectifiées.
Des premiers de la classe gratifiés de 4 ou de 5 sur 20, des cancres dotés de notes exceptionnelles… Le bac français a mis les classements scolaires sens dessus dessous dans plusieurs lycées parisiens. Parmi les établissements où le problème a été repéré figurent des noms prestigieux tels que Henri IV, Louis-le-Grand, Claude-Monet et Stanislas. Depuis vendredi après-midi dernier, date où les notes de l’examen ont été dévoilées sur Internet, c’est l’émoi parmi les lycéens et leurs parents. « Entre dix et douze élèves d’une de nos classes de 1 re ont appelé leur professeur pour faire part de leur étonnement devant la médiocrité de leurs résultats, raconte Daniel Chapellier, directeur du lycée Stanislas. « Un lauréat du concours général se serait même retrouvé avec un 4 sur 20 », s’étonne une source proche du ministère de l’Éducation nationale.
Évidemment, des éléments brillants peuvent toujours rendre une mauvaise copie lors d’une épreuve écrite. Mais une contre-performance généralisée semble suspecte. « Des élèves d’un niveau très moyen ont également été surpris par un résultat bien au-dessus de leurs notes habituelles », indique Daniel Chapellier. Plus étonnant encore, deux lycéens de Stanislas ayant passé le bac français et émargé la feuille de présence indiquent être marqués comme absents sur la Toile et en conséquence privés de notation. Une bizarrerie qui a confirmé les soupçons du directeur de leur établissement.
Le Siec (service interacadémique des examens et concours) confirme avoir été alerté par des lycées parisiens de ces aberrations. Et reconnaît une «erreur matérielle» de saisie des notes pour les copies du bac de français d’un centre d’examen francilien où ont planché environ 800 élèves, a détaillé jeudi soir le directeur de la Maison des examens d’Ile-de-France, Stéphane Kesler. Les investigations ont montré que «les notes rentrées par une personne – pas une machine – ont été attribuées aux mauvais candidats, sans doute en raison d’un décalage dans la saisie», explique le responsable, qui annonce que «toutes les notes seront resaisies».
Confusion dans la numérotation des copies
Un autre indice confirme que la saisie des notes est en cause. Cette année, le rectorat d’Ile-de-France inaugurait un nouveau système destiné à améliorer l’anonymat des copies. Alors que la copie et l’élève n’avaient qu’un seul numéro auparavant, chacun est à présent numéroté. Ce système de double numérotation est peut-être responsable de confusions. « Le problème sera traité, promet le directeur du Siec. Toute personne a le droit à la note qui est la sienne ». Même les bonnets d’ânes qui doivent exulter de leur résultat inespéré car si les notes sont rétablies, elles ne le seront pas uniquement pour les bonnes copies. De quoi susciter des déceptions voire de nouvelles protestations. Les autres explications des anomalies de notes, également avancées, comme celle d’un correcteur particulièrement sévère, semblaient moins plausibles. Enfin, l’idée émise par quelques professionnels que certains lycées réputés pour leur excellence auraient pu être « saqués » par des enseignants faisant du « militantisme anti-élite », ne paraissait pas vraiment crédible. « Le correcteur ne peut en aucun cas savoir d’où vient la copie », assure Stéphane Kesler. (Le Figaro-17.07.09.)
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*Processus de notation des copies
Les notes consultées sur Internet ne sont pas considérées comme «officielles».
• Des notes «provisoires». Les candidats au bac de français ont pu consulter leurs notes sur la Toile dès vendredi après-midi dernier. Mais le résultat considéré comme officiel est celui imprimé et envoyé par courrier aux lycéens. Si des erreurs sont avérées dans les notes attribuées à certains lycéens parisiens, elles pourront peut-être être corrigées avant l’envoi de cette lettre. Enfin, il faut savoir que le résultat du bac français n’est véritablement validé qu’après le passage du baccalauréat en terminale. En effet, à cette occasion, une note en Français peut encore être réévaluée à la hausse par le jury afin de permettre à un candidat de passer in extremis. Le jury de délibération du bac français n’existe plus depuis plusieurs années.• La saisie des données. Selon les académies, il existe différentes façons de procéder. Les correcteurs eux-mêmes rentrent parfois la note d’une copie et son numéro de matricule dans le système informatique. Cette tâche peut aussi être effectuée par le personnel administratif du lycée où le centre d’examen est installé. Ce qui semble avoir été la manière de procéder pour les lycées parisiens concernés par le problème de notation. Les notes ont peut-être pu être tout simplement décalées d’une ligne par rapport au numéro du candidat et créer ainsi une grande confusion.
• La philosophie de la notation. Les correcteurs du bac se retrouvent dans une réunion d’harmonisation. Cette rencontre sert à donner un encadrement au processus de notation, à partager les bonnes pratiques, à donner des exemples de réponses sur le sujet de l’examen. Elle a lieu avant la notation des copies. Il n’est pas insolite de voir des notes contestées. Le médiateur de l’Éducation nationale évoquait dans son dernier rapport des «réclamations assez nombreuses».
• Le chemin d’une copie. Les copies, anonymes, sont ramassées par salle. Chaque salle correspond en général à un jury. Les copies sont comptées, et classées dans un procès-verbal avant d’être portées dans un centre de correction. Elles y sont brassées puis distribuées aux correcteurs. Ces derniers les rapportent corrigées au centre d’examens. Elles sont alors «désanonymées» et les résultats sont rentrés dans un logiciel par le personnel administratif du centre..
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**En 30 ans, la valeur du bac s’est effondrée….
Après un taux de réussite record de 86 % en 2009, les critiques pleuvent sur un diplôme «bradé». Amorcée en 1985, la démocratisation du bac montre ses limites.
Le bac a-t-il encore un sens alors que 86 % des candidats l’ont réussi cette année, un record ? On le dit bradé, pourtant, il reste aussi indéboulonnable que la tour Eiffel, affirment les ministres qui se succèdent. Car évoquer la fin du bac, c’est briser un symbole, celui de l’égalitarisme républicain, celui du diplôme unique qui donne accès à l’enseignement supérieur quel que soit le lycée d’où l’on vient. C’est abandonner l’objectif fixé en 1985 par Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de Mitterrand, de porter 80 % d’une classe d’âge au niveau du bac.
Mais de quel bac parle-t-on ? Car il en existe soixante-six aujourd’hui ! Au final, seuls 34 % d’une classe d’âge se voient délivrer un baccalauréat dit général – littéraire (L), économique (ES), ou scientifique (S) – le plus prestigieux dans l’opinion. C’est aussi le seul comparable au diplôme originel. Pour parvenir à 66,4 % de réussite dans une classe d’âge, il faut ajouter les filières technologique et professionnelle, inventées en 1968 et 1985 pour démocratiser le diplôme. Le record de cette année (86 % de réussite contre 83 % l’an dernier) est précisément lié à l’augmentation du succès au bac «pro». Pour la première fois, ses candidats ont eu droit à une épreuve de rattrapage, une réforme de l’ancien ministre de l’Éducation Xavier Darcos.
Le bac général, lui, est-il vraiment plus facile qu’avant ? Oui, répondent les enseignants. Les copies sont truffées de fautes d’orthographe, racontent-ils. «Sur un paquet de cent vingt copies, une dizaine sont rédigées en langage texto», s’exaspère un professeur de philosophie. Des études comparatives l’ont démontré : dès le primaire, le niveau est en forte baisse, comme le montrent les résultats à une même dictée à vingt ans d’intervalle. Lors des réunions d’harmonisation des notes, pour stabiliser les taux de réussite, les correcteurs peuvent être amenés à relever leurs appréciations. Un pourcentage important des copies voit leurs notes augmentées. D’ailleurs, dans certaines disciplines, le barème est au-dessus de 20, avec au final des notes surévaluées.
Même le niveau du bac S, le plus prestigieux, est remis en cause. Pour le recteur de l’académie de Versailles, «il est devenu l’un des bacs les plus faciles à obtenir». Selon un professeur en classe prépa scientifique, «depuis les années 1980, une grande part des réformes a eu pour but de rendre les sciences d’assimilation plus faciles. Ceci s’est payé par une baisse du niveau». Les responsables d’écoles d’ingénieurs s’inquiètent d’un bac qui serait devenu «moins scientifique» car depuis dix ans, le nombre d’heures de maths a été revu à la baisse.
L’an dernier un rapport sénatorial s’inscrivait en faux contre les Cassandre : «Non, le bac n’est pas dévalué puisqu’un tiers d’une génération ne le présente pas ou le rate.» Et ceux qui n’obtiennent pas le diplôme ne peuvent plus prétendre à un emploi d’enseignant ou de cadre, comme il y a trente ans. Enfin, la France reste en dessous des pays développés de l’OCDE : l’objectif fixé en 1985 par Jean-Pierre Chevènement de porter 80 % d’une classe d’âge au niveau du bac est loin d’être atteint.
**Question taboue
Si supprimer le bac s’avère trop périlleux politiquement, certaines matières ne pourraient-elles pas être passées au contrôle continu, comme l’avait proposé en son temps François Fillon ? Il avait été désavoué par la rue… Reste à voir si la future réforme Chatel-Descoings du lycée abordera ce sujet sensible car, pour un élève de terminale, une discipline qu’il ne passe pas au bac perd une grande partie de sa valeur.
Un rapport de la Banque mondiale explique la mauvaise position des universités françaises dans les classements internationaux par l’absence de sélection à l’entrée. Cette question reste taboue mais la sélection existe de façon larvée puisque seuls 64 % des inscrits obtiennent une licence, souvent après avoir redoublé. Un échec en partie lié à l’afflux des bacheliers professionnels et technologiques qui s’inscrivent à la fac, même s’ils n’y sont pas préparés. Aujourd’hui, 40 % des 25-34 ans ont un diplôme de l’enseignement supérieur, contre 20 % il y a vingt ans. Aux États-Unis c’était déjà 40 % il y a vingt ans. «La France a rattrapé son retard mais doit s’atteler aux problèmes que les autres pays ont résolus, comme l’efficacité des formations universitaires et leurs débouchés», affirme Éric Charbonnier, expert auprès de l’OCDE. L’orientation apparaît bien comme la clef de la prochaine réforme du lycée.(Le Figaro)
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* 2009, meilleur cru de l’histoire du bac en France…
Même si elle progresse de manière beaucoup plus modérée et moins spectaculaire, la réussite au baccalauréat général est aussi en hausse. Le taux de réussite y atteint 88,8% contre 88% en 2008.
C’est historique : 86% des candidats ont obtenu le diplôme en juin dernier. Un taux de réussite qui s’explique surtout par le succès des bacheliers professionnels.
Le cru 2009 du baccalauréat restera dans les annales comme l’année la plus brillante de l’histoire de l’examen, créé il y a 201 ans par Napoléon. 86% des 622.322 candidats ont obtenu le diplôme soit 66.4% d’une classe d’âge, a annoncé lundi l’Education Nationale. Des chiffres records. En 2008 comme en 2007 «seuls» 83,7% avaient été reçus. En outre, compte tenu des différences démographiques d’une année à l’autre, le meilleur taux d’accès d’une génération avait été jusqu’à présent de 64,3%, en 2006. Cette progression de plus de 2% est d’autant plus remarquable que, depuis 1995, la proportion de lycéens d’une même génération arrivant à décrocher le baccalauréat en France stagnait entre 61,3 et 64,3%.
Polémique sur la réussite des bacheliers pro
Ces chiffres records peuvent être quasi-entièrement mis au compte du succès des bacheliers professionnels. Leur taux de réussite bondit de dix points en un an, de 77,2% à 87,1%. Par exemple, la réussite a été de 86,8% dans les bacs du secteur «production», de 89,2% en «production agricole» et de 86,8% dans les services. Il est vrai que, pour la première fois cette année, les candidats au bac pro avaient droit à une épreuve de rattrapage.
Cette réforme portée par l’ex-ministre de l’Education nationale Xavier Darcos visait à mettre le bac pro «à égalité» avec les baccalauréats général et technologique mais a été très décriée par les syndicats des professeurs. «Cette épreuve est une mascarade qui a pour seul objectif d’ajuster les chiffres de réussite que veut le ministère», a dénoncé la CGT Educ’action qui rappelle que cet oral ne porte que sur une «discussion sur le stage en entreprise». Reste que le rattrapage n’explique la réussite du bac pro que pour moitié puisque, à l’issue des écrits du premier tour, le taux de réussite au bac pro était déjà de 80,7%, en hausse de presque cinq points par rapport aux 75,9% de 2008.
Même si elle progresse de manière beaucoup plus modérée et moins spectaculaire, la réussite au baccalauréat général est aussi en hausse. Le taux de réussite y atteint 88,8% contre 88% en 2008. Série par série, 87,1% des candidats ont été reçus en L (série littéraire), 88,5% en ES (sciences économiques et sociales) et 89,6% en S (scientifique).
En revanche, le succès au baccalauréat technologique a baissé d’un point en un an : 79,7% de diplômés contre 80,7% en 2008. Les taux de réussite ont été respectivement de 78,7% en STI (sciences et technologies industrielles), 86,7% en STL (sciences et technologies de laboratoire), 74% en ST2S (sciences et technologies de la santé et du social) et 81,2% en STG (sciences et technologies de la gestion). (Le Figaro)
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*mention très bien pour quatre sœurs
Originaires de Fleurbaix (Pas-de-Calais), les sœurs Brunquet ont choisi des carrières scientifiques.
Une incroyable fratrie ch’ti. À quelques années d’intervalle, elles ont toutes décroché leur diplôme avec plus de 18 de moyenne.
Ça se passe à Fleurbaix, non loin de Bergues, starisé dans le film Bienvenue chez les Ch’tis, et d’Armentières, ville natale de Dany Boon. Si les Fleurbaisiens aiment les frites au vinaigre, ils font aussi des enfants intelligents. À l’exemple d’Éric et Maguy Brunquet, parents de quatre filles qui cumulent des succès scolaires hors du commun. Dans la famille Brunquet, choisissez d’abord Pauline et Sophie, 17 ans, les benjamines. Le mardi 7 juillet, jour des résultats du bac, la donne était belle pour les sœurs jumelles. Elles passèrent le seuil de la maison de briques rouges avec une mine d’été, un papier bleu à la main et une mention TB dorée sur tranche : 18,06 de moyenne pour la première et 18,86 pour la seconde. Depuis quelques années, Maguy et Éric Brunquet additionnent les bonnes surprises comme on engrange des sequins. En 2003, Juliette l’aînée, tête de classe depuis la maternelle, décrochait le bac avec un peu plus de 18. Trois ans plus tard, Charlotte, la seconde, plafonnait avec un 19,78 qui lui valut les honneurs du journal La Voix du Nord. Cette année, Pauline et Sophie bouclent une boucle en or massif. Hommage aux parents qui élevèrent quatre filles au caractère bien trempé au fil de quelques souvenirs.
**Classe prépa et Centrale
Juliette qui excella dans le rôle de coordinatrice, voire de maîtresse d’école, eut dans la petite enfance le goût des bains de minuit à l’heure où ses géniteurs exténués ne rêvaient que de se coucher. Après qu’Éric, ingénieur dans une petite entreprise à Lille Lesquin, ait durant douze heures usé sa matière grise dans la mise au point de centrales à béton et que Maguy ait planifié, tel un chef sioux, repas, devoirs, lessives et ménage, rôle ingrat passé trop souvent sous silence. Charlotte fut une inconditionnelle de l’insomnie. Quand Juliette était enfin endormie, elle ponctuait son ballet nocturne de quelques cris, histoire de tenir tout le monde au garde à vous.
Quant à Pauline et Sophie, les jumelles, elles jouèrent la carte du «front commun», imparable bouclier contre mots et punitions distribués, il est vrai, avec parcimonie. Couche-tard par plaisir et scientifiques par nature, elles aimèrent l’étude qu’elles mettaient à distance quand venait l’heure des cours de danse, de comédie musicale, de dessin, de théâtre, de gymnastique et d’équitation. Généreusement distribués par le village gaulois.
Aujourd’hui, Juliette travaille à Houston chez Air Liquide où elle fit son stage de fin de cycle après deux ans passés à Ginette (lycée de classes préparatoires aux grandes écoles à Versailles) et trois à Centrale Lille. Charlotte a presque suivi le même chemin : Ginette et Centrale Paris. Elle vient de terminer sa première année d’études d’ingénieur en empochant un prix. Choisi parmi 90 autres, son projet réalisé avec la collaboration de Total a rallié tous les suffrages. Le sujet était austère. Difficile d’imaginer il y a encore quelques années un beau brin de fille de vingt ans plancher sur «la manière dont protéger du gel les plates-formes pétrolières de l’Arctique» ! Cela vaudra à Charlotte un voyage à Sao Paulo en novembre où elle présentera son programme lors d’un séminaire consacré à l’ingénieur du XXIe siècle. En attendant l’Australie et le Queensland.
En choisissant une école préparatoire à Lille, Sophie reste dans le sillage de ses aînées. Quant à Pauline, elle va égrener le long chapelet des années de médecine. Toutes les quatre gardent un bon souvenir de Michel d’Halluin, directeur de Sainte-Marie à Beaucamps-Ligny, école réputée dans la région où elles suivirent leurs études secondaires.
Passionné par ses élèves et par les mathématiques, il a annoncé cette année des résultats plus que satisfaisants : 98,6 % de réussite au bac. Certains disent que le diplôme est aujourd’hui distribué dans une pochette-surprise ? Ce ne fut pas le cas de ces quatre jeunes filles nées dans une famille classique du nord de la France. Sans bling-bling, ni trompettes. Et si vous trouvez mieux ailleurs… Les paris sont lancés.
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