Maroc,sa Majesté et notre pain quotidien
2082009écrit par Ali Lmrabet
Le journaliste marocain Ali Lmrabet a été condamné en 2005 à dix ans d’interdiction d’exercice de la profession de journaliste par un tribunal de Rabat. C’est dans la presse étrangèrequ’il « juge » les dix ans de règne de « son » roi.(article publié dans le journal le monde du 28.o7.09.)
Quand le père, Hassan II [décédé le 23 juillet 1999], pouvait dans de mémorables discours gratter dans le sens du poil son « cher peuple », le faire rire ou le menacer, puis, sans aucune hésitation, détruire au canon des quartiers entiers et passer à la mitrailleuse depuis son royal hélicoptère les émeutiers d’une énième révolte populaire, le fils, Mohammed VI [intronisé le 29 juillet 1999], s’il n’excelle pas dans le massacre et ne paraît pas trop apprécier les proclamations au toujours soumis « cher peuple », partage néanmoins avec le fantôme de son défunt géniteur le sentiment que, sans la dynastie alaouite, sans ce régime en fait, nous sommes condamnés au déluge. Voilà peut-être, au-delà des bilans sur les dix années de règne de Mohamed VI qui commencent à nous assommer, notre dilemme de Marocains du XXIe siècle. Peut-on vivre au Maroc d’aujourd’hui en faisant omission de cette réalité qui veut que tout doit tourner autour du roi ? Peut-on se défaire de ce sentiment diffus qui veut que nous devons être, de par la loi, les fils respectueux d’un père bienveillant qui a réponse à tout, est présent partout, dans le politique, le religieux, l’économique, les affaires, le social et même dans l’action caritative et spectaculaire ? N’a-t-on pas vu dernièrement le roi ordonner le rapatriement par avion militaire des restes (comme s’il s’agissait de ceux d’un maréchal d’Empire mort en exil) d’un nouveau-né décédé dans un hôpital madrilène à cause d’une erreur médicale ? Au-delà du douloureux drame qui a frappé la famille du bébé, a-t-on seulement conscience du ridicule de ce geste dont le but est seulement d’émouvoir bassement le peuple et d’exalter les sentiments patriotiques ?C’est cela notre dilemme, notre détresse. Nous sommes une nation qui se prosterne par peur, se soumet au baise-main par tradition, et baisse instinctivement la voix quand elle dit du mal du régime. Même dans l’intimité de ce qu’il y a de plus sacré pour un homme, sa maison. L’expression « les murs ont des oreilles » nous sied encore à merveille. C’est ainsi. Nous avons un cerveau normalement constitué, nous ne sommes pas plus arriérés ni plus avancés que d’autres, mais nous sommes incapables de faire la nécessaire distinction entre nos intérêts légitimes et ceux de nos gouvernants. Ce fait est tellement installé dans notre subconscient que c’est devenu un affront permanent à notre intelligence.Les Marocains croient avoir besoin d’un homme providentiel qui prend des décisions providentielles, alors qu’ils devraient exiger des institutions qui n’ont rien à voir avec la Providence et beaucoup avec un Etat de droit où chacun, même le roi, doit jouer un rôle clairement défini par une Constitution démocratique. Comment, enfin, peut-on croire qu’un seul homme qui, pour gouverner, fait appel à ses ancêtres, à la religion, aux traditions ou à l’Histoire, est la meilleure réponse à nos attentes ? La logique ne veut-elle pas que nous ayons plutôt besoin d’hommes démocratiquement élus qui gouvernent en utilisant leurs connaissances et expériences, et qui ont conscience que leur pouvoir peut être court ou pérenne selon le verdict des urnes ?Et il est paradoxal de constater que ceux qui font leur cette analyse, en particulier les Français, les voisins espagnols et les lointains Américains (avant et avec Obama), ceux-là mêmes qui tiennent bec et ongles à leurs institutions et à leurs chères libertés, veulent nous garder en cage et nous pressent, indirectement bien entendu, de rester sages et d’accepter d’être gentiment conduits par le prince. Constamment et indéfiniment, puisque, croient-ils, ce type de régime autoritaire, théocratique, peu démocratique, etc., est le meilleur remède à nos maux. Nous ne serions pas prêts pour la démocratie, se lamentent ces hypocrites. Mais enfin, de quoi ont-ils peur ? Que nous commencions à penser par nous-mêmes ? A nous émanciper ? Que nous trouvions des solutions à nos besoins, matériels et autres ? Que veulent-ils, enfin, ces lointains Occidentaux ? On a du mal à croire qu’ils veulent que notre région continue à être la grande fabrique d’extrémistes – qui se nourrissent, justement, des dictatures, des injustices faites aux gens et du manque de liberté criant qui sont notre pain quotidien. (Le Courrier International)
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*Mohammed VI, un roi en or massif
Au pouvoir depuis dix ans, le souverain marocain serait, selon le magazine financier Forbes, l’un des hommes les plus riches du monde. Et sa fortune aurait doublé au cours des dernières années.Alors que la crise économique mondiale a eu des répercussions généralement négatives sur les fortunes des monarques du monde entier, Mohammed VI s’en tire plutôt bien : il a vu ses revenus presque doubler, contrairement aux autres. Il est à la tête d’un joli pactole s’élevant à 2,5 milliards de dollars [1,8 milliard d’euros] et il caracole à la septième place des rois les plus aisés du monde sur une liste comprenant quinze souverains. C’est ce que révèle le dernier palmarès du magazine américain Forbes. La publication spécialisée dans l’évaluation des fortunes des grandes célébrités de ce monde, notamment les monarques, place le roi du Maroc à la tête du classement relatif à l’accroissement des richesses pour l’année 2008. Sa fortune dépasse ainsi la fortune de l’émir du Qatar et elle est six fois supérieure à celle de l’émir du Koweït. Il laisse à la traîne les fortunes du prince de Monaco, Albert II, de la reine d’Angleterre, Elisabeth II, et de la reine Beatrix des Pays-Bas. La même source attribue cette augmentation à la hausse importante des prix du phosphate sur les marchés mondiaux de matières premières. “Ce qui est complètement faux, puisque l’Office chérifien des phosphates (OCP) est une entreprise publique et que le roi n’y possède pas de participations”, nuance un retraité de l’OCP. “Il est vrai que, dans le temps, une partie des bénéfices des phosphates était réservée à la monarchie, notamment durant le début du règne de Hassan II, en application d’un décret qui existait depuis le protectorat. Mais, depuis, ce décret a été abrogé”, poursuit-il.Une telle augmentation de la fortune royale paraît peut-être tirée par les cheveux, mais les faits sont pourtant là : être aussi fortuné dans un pays où plus de 5 millions d’habitants vivent avec 10 dirhams par jour [0,88 euro], où le salaire minimum légal est de 55 dirhams par jour [5 euros], est plutôt troublant. Rappelons que le Maroc est toujours à la 126e place dans le classement du rapport mondial sur le développement humain du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) et que le taux de pauvreté au Maroc est passé à 18,1 %. La dette extérieure publique du Maroc a enregistré une augmentation de 10 % par rapport à 2007, pour atteindre la somme de 11,9 milliards d’euros. Cela représente 20 % du PIB et 39 % des recettes courantes de la balance des paiements. Cette situation critique rend le train de vie fastueux du roi plus que choquant. Celui-ci perçoit une liste civile de 40 000 dollars mensuels non soumis à l’impôt. Dans son article, Forbes souligne également que l’entretien et la maintenance des douze palais royaux, répartis sur tout le territoire marocain, nécessitent une dépense évaluée à 1 million de dollars par jour. Car le palais est un gros employeur, avec pas moins de 1 100 postes budgétaires pour une masse salariale annuelle d’environ 70 millions de dollars. Le budget dédié au parc automobile est de 7 millions de dollars, auxquels s’ajoutent quelque 2 millions de dollars de dépenses vestimentaires. “Mohammed VI a amassé, depuis qu’il a succédé à son père Hassan II, en 1999, une importante fortune qui fait de lui l’un des monarques les plus riches de la planète”, confie une source ayant requis l’anonymat.La fortune de Mohammed VI a été multipliée par cinq
“Jamais Hassan II ni la famille royale ne sont apparus dans les classements des fortunes mondiales, établis notamment par le magazine américain Forbes”, ajoute cet observateur. Alors qu’elle était estimée à 500 millions de dollars au début des années 2000, la fortune de Mohammed VI a en effet été multipliée par cinq, à en croire le magazine américain. Et encore, ce n’est que la partie visible de l’iceberg. La fortune royale a toujours été enveloppée d’un halo de mystère. Rares sont les personnes qui ont osé faire des estimations de cette fortune. Dans les années 1990, Abdelmoumen Diouri, un opposant au régime, avait tenté de faire l’inventaire des biens de Hassan II. L’estimation, fortement contestée par le palais, établissait la fortune royale à quelque 10 milliards de francs en dépôt dans différentes banques européennes et américaines. Elle comprend, au Maroc, une vingtaine de palais, plusieurs milliers d’hectares de terres agricoles qui ont été pour la plupart confisquées aux colons à la suite de la “marocanisation” instaurée par Hassan II, le groupe Omnium nord-africain (ONA : mines, agro-industrie, communications, assurances, distribution), la Sevam (emballage, embouteillage), Primarios (mobilier), la Compagnie chérifienne des textiles (CCT : textiles, films de serre agricole)… Plusieurs immeubles à Paris et à New York, de nombreuses propriétés en France et aux Etats-Unis. Au début de son règne, l’entourage du monarque avait peaufiné pour lui une image de “roi des pauvres”, qui a vite cédé la place à celle d’un roi amasseur de fortune. Aujourd’hui, il est plus que jamais présent dans le paysage économique du pays. Détenteur de la plus imposante fortune du pays, le roi est à la fois premier entrepreneur, premier banquier, premier exploitant agricole, etc. “Monarque exécutif”, comme il insiste pour le rappeler dans certains de ses discours, il bénéficie de pouvoirs constitutionnels lui conférant le statut hégémonique de juge et partie. Cette situation suscite de plus en plus de commentaires appuyés de la part d’investisseurs nationaux et étrangers. On se souvient du coup d’éclat de Miloud Chaâbi, patron d’Ynna Holding, qui a appelé à ce que le monarque “sorte des affaires”. La prévalence de la monarchie dans le secteur économique n’a jamais été aussi forte. Elle s’est accentuée depuis la mort de Hassan II. L’argument qui veut que le chef de l’Etat soit aussi aux commandes de l’économie pour mener la locomotive d’un royaume à la croissance présente plusieurs limites. La manière déséquilibrée dont sont menées ses affaires et la prédation de ses holdings depuis son accession au trône battent en brèche cette argumentation. La fortune royale a toujours été un grand tabou. L’estimation de Forbes est bien en deçà de la réalité. Et pour cause : du peu que l’on connaît à travers la cotation en Bourse (holdings ONA, SNI et autres), on atteint allègrement 1,5 milliard de dollars. Qu’en est-il du patrimoine foncier hérité de Hassan II, des nombreuses propriétés en France, aux Etats-Unis et en Amérique latine ? “C’est plutôt grâce à ce patrimoine foncier que la fortune du roi a été presque multipliée par deux en l’espace d’une année”, déclare un observateur. La flambée de l’immobilier qu’ont connue le Maroc et le reste du monde en 2006 et 2007 a fortement contribué à remplir les caisses de la monarchie. La montée en puissance du roi dans les affaires ces dernières années n’est que le prélude à des visées plus gargantuesques.( Le Courrier International -09.07.09.)
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*Casablanca, le règne du faste et de la misère
La ville de Casablanca est déchirée par ses contradictions. D’un côté, des quartiers populaires où se côtoient débauche, vols, crimes et autres fléaux, de l’autre, des quartiers riches qui poussent comme des champignons, à l’ombre d’une monarchie autoritaire.
Dans cette ville, les autorités ont confié presque tous les services à des entreprises étrangères. « On fait appel à des étrangers pour gérer les affaires de la collectivité, comme si nous étions incapables de le faire nous-mêmes », regrette un cadre marocain. Le service de propreté de la ville est dirigé depuis 2004 par trois entreprises espagnoles. Si les Espagnols occupent des postes clés dans ces entreprises, les Marocains assurent, quant à eux, la tâche d’éboueurs. Par ailleurs, tout comme à Alger, c’est une société française – la Lyonnaise des eaux – qui gère l’eau et l’électricité de la ville de Casablanca. « C’est vraiment malheureux de voir notre pays confier la gestion de son eau, donc de sa vie, à un pays qui nous a colonisés ! » nous confie un journaliste marocain. « A Casablanca, même les autobus sont gérés par une société française », poursuit-il.
Casablanca n’arrive pas à cacher la misère de sa population. La pauvreté atteint des proportions alarmantes. A chaque coin de rue, nous rencontrons des enfants, des jeunes filles, des femmes âgées, des pères de famille qui tendent la main pour demander quelques pièces.
A la tombée de la nuit, la ville se métamorphose. En dehors de quelques bars ouverts jusqu’à une heure tardive, on ne rencontre dans les rues que des SDF et autres marginaux. Les artères sont envahies par des prostitués, hommes et femmes. Une simple virée à la Corniche, une zone connue pour son animation et ses restaurants prisés, vous renseigne sur l’ampleur de la prostitution.
Autre visage de la ville : Anfa. C’est aujourd’hui le quartier le plus cher de Casablanca. Y louer un appartement coûte pas moins de 15 000 DH par mois [1 330 euros]. C’est d’ailleurs ce boulevard qu’a choisi Saadi Kadhafi, l’un des fils du dirigeant libyen, pour y construire deux immeubles : un hôtel et un centre commercial.
Le lieu le plus fréquenté par la jeunesse de Casa est Maarif. Ce quartier commerçant est apprécié pour ses tours jumelles baptisées Twin Center et ses grands magasins européens. Il est essentiellement peuplé de classes moyennes. Ici, pas d’école publique. « Les gens envoient leurs enfants dans des écoles privées. Elles sont de plus en plus nombreuses et les autorités ont finalement détruit les établissements publics puisque plus personne ne s’y inscrivait », nous explique Mohamed, un architecte de Maarif. Pour acquérir un bien immobilier ici, il faut un budget exorbitant. « Pour permettre l’achat des terrains, l’Etat a décidé d’accorder des crédits sans intérêt, remboursables sur vingt-cinq ans », souligne notre interlocuteur.
Les grosses légumes, les riches, les hommes d’affaires résident quant à eux sur le boulevard Panoramique. « Alors que des Marocains crèvent de faim, les gens du régime ont amassé des sommes colossales et érigé de luxueuses villas. Ce quartier est habité par des notables qui font la pluie et le beau temps. Ce sont eux qui détiennent le monopole des affaires et du business aujourd’hui chez nous », déclare un journaliste.
Nous avons quitté ces quartiers huppés pour nous rendre à Derb Sultan, où habitent des milliers de familles pauvres et marginalisées. En dépit des promesses faites par les autorités d’améliorer les conditions de vie des habitants, la situation n’a pas évolué. Elles ne semblent pas retenir les leçons de l’Histoire. En effet, c’est dans cette zone que se sont déroulées les émeutes urbaines de 1981. Les habitants s’étaient alors révoltés suite à l’appel du parti d’opposition, l’USFP [Union socialiste des forces populaires]. Les autorités avaient réprimé la manifestation dans le sang. Aujourd’hui, l’USFP participe à la gestion des affaires publiques, mais rien n’a changé à Derb Sultan.
Repères
- Casablanca englobe environ 70 % de l’activité économique du Maroc, réalisant 50 % du PIB. Avec ses 3 millions d’habitants, elle est aujourd’hui, après Alger, la ville la plus peuplée du Maghreb.
- La région du Grand Casablanca compte près de 480 bidonvilles, soit un tiers des abris de fortune du pays. En 2004, le roi Mohamed VI a annoncé un programme « villes sans bidonville », financé à hauteur de 700 millions d’euros, destiné à améliorer la situation d’ici à 2012.
- Les avantages de la fiscalité marocaine poussent de nombreuses entreprises européennes à s’implanter dans le royaume. A titre d‘exemple, le quartier de Sidi Maarouf, à Casablanca, s’est transformé au cours des dernières années en un important centre d’affaires. Plusieurs entreprises étrangères y ont installé leur siège (Nokia, DHL, Meditel…). La société Dell y a créé plus de 4 000 emplois.(Le Courrier International)
___________Le magazine TelQuel et sa version arabophone Nichane ont été interdits.Ainsi que le journal français Le Monde.
Le magazine TelQuel et sa version arabophone Nichane ont été interdits samedi, suite à la publication d’un sondage sur la popularité des réformes entreprises par le monarque.
Le quotidien Le Monde et un hebdomadaire indépendant ont été interdits pour avoir voulu évaluer la popularité de Mohammed VI. Le roi y était pourtant plébiscité.
A l’occasion du dixième anniversaire de l’arrivée au pouvoir de Mohammed VI, TelQuel, le premier magazine marocain, s’est associé au Monde pour réaliser un grand sondage sur la popularité du roi. Cet exercice banal en Occident s’est révélé beaucoup plus périlleux au Maroc. Jamais auparavant un sondage sur la popularité d’un chef d’Etat n’avait été mené dans un pays du monde arabe, souligne le quotidien français.
Avant même la parution du magazine et de sa version arabophone, Nichane, dans les kiosques, le ministre marocain de l’Intérieur, Chakib Benmoussa, a fait saisir samedi le numéro contenant le sondage et l’a fait détruire. Lundi soir, c’était au tour du Monde de se voir saisi dès son arrivée à l’aéroport de Casablanca et privé de vente dans les kiosques. «La monarchie ne peut être mise en équation, même par la voie d’un sondage», a justifié le ministre de la Communication, Khalid Naciri.
La France a critiqué mardi cette décision de Rabat. «Nous sommes particulièrement attachés à la liberté d’expression, protégée par le Pacte international des Nations unies relatif aux droits civils et politiques qu’a ratifié le Maroc, et à son corollaire, la liberté de la presse», a assuré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Romain Nadal. Cette réaction française à une décision politique marocaine fait figure d’exception dans les relations entre les deux pays. Ces derniers entretiennent des liens privilégiés et Paris soutient généralement les décisions de Rabat.
Un bilan positif pour Mohammed VI
La plainte, déposée par Ahmed Benchesmi, le directeur des magasines TelQuel et Nichane, pour faire annuler la saisie des journaux a été rejetée mardi par le tribunal administratif de Casablanca. A la sortie de l’audience, la défense du groupe de presse a qualifié cette décision d’illégale. «Le ministère de l’Intérieur a le droit de saisir toute publication dont les articles porteraient atteinte à l’ordre public mais dans le cas de TelQuel et de Nichane il s’agit d’un sondage favorable au roi», a assuré l’avocat des hebdomadaires, Youssef Chahbi. «Il n’existe aucune loi au Maroc qui interdise les sondages d’opinions », s’était déjà insurgé lundi, Ahmed Benchesmi. «Les responsables ont interdit nos 100.000 exemplaires (des deux titres) en s’appuyant sur des articles de la constitution et du code de la presse qui qualifient de sacrée la personnalité du roi», a-t-il dénoncé.
Le résultat du sondage censuré était pourtant favorable à l’action accomplie par le roi. D’après cette étude, conduite par la filiale marocaine du CSA à la fin du mois de juin, 91% des Marocains jugent positif le bilan des dix premières années de règne et près d’un habitant sur deux estime le régime démocratique. La majorité des Marocains se réjouit des progrès faits dans le domaine de l’éducation, de la médecine ou de l’aménagement du territoire. Même «l’autoritarisme» du régime semble les satisfaire. «Bien sûr que notre monarchie est autoritaire, et tant mieux !» ont-ils déclaré aux enquêteurs, rapporte Le Monde. Mieux vaut que le pouvoir soit entre les mains du roi qu’entre celles des élus corrompus qui ne pensent qu’à leurs intérêts.»
Seuls points négatifs dans ce bilan : le problème de la pauvreté, qui, selon les personnes interrogées, ne s’est pas amélioré, ou encore le nouveau code de la famille édité en 2004. Cette loi, qui prévoit l’égalité entre hommes et femmes, est loin de faire l’unanimité. Près d’un Marocain sur deux estime que le roi est allé trop loin dans sa volonté de «libérer» les femmes. L’interdiction de la polygamie et la possibilité pour une femme de demander le divorce ne sont donc pas perçus comme une réussite.(Le Figaro-04.08.09.)
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