Les universités françaises mal notées par la Banque mondiale
11092009
L’organisme attribue notamment ces mauvais résultats à l’absence de sélection des étudiants et au faible niveau de la dépense publique pour l’enseignement supérieur.
La banque mondiale vient d’étudier les systèmes universitaires à travers le monde. Parmi eux, la France affiche une médiocre performance dans les classements internationaux. Selon l’institution internationale, le niveau de dépense constitue l’un des principaux déterminants des performances d’un pays.
Ainsi, les universités américaines se classent parmi les meilleures du monde mais, aux États-Unis, les dépenses totales pour l’enseignement supérieur représentent 3,3 % du produit intérieur brut contre seulement 1,3 % dans les 25 pays de l’Union européenne.
Cependant, le Royaume-Uni et la Suisse ont des universités relativement bien financées et atteignent des scores élevés alors que la France, l’Allemagne et le sud de l’Europe occupent des rangs inférieurs. En France et en Allemagne, les dépenses publiques par étudiant sont en dessous de la moyenne des pays de l’OCDE et correspondent à la moitié du niveau de celles des universités américaines.
Autre facteur pour faire la course en tête : le niveau des étudiants. En 2008, les meilleures universités française (Paris-VI) et allemande (Munich) n’étaient placées qu’aux 42e et 55e rangs, pour une raison évidente selon la Banque mondiale : «Il n’y a presque pas de sélection des étudiants qui entrent dans l’enseignement supérieur.»
«Dispersion des ressources humaines et financières»
Pour créer des universités de rang mondial, il faut leur assurer des «éléments d’autonomie», affirme encore le rapport. La présence à la tête des établissements de dirigeants possédant «un grand charisme et une forte vision stratégique» compte beaucoup. L’«absence absolue de compétition» entre les universités rend «difficile la mise en place de centres d’excellence», ajoute la Banque mondiale.
Dans le cas de la France, deux autres caractéristiques compliquent la situation. La division entre grandes écoles et universités est l’une des principales raisons pour lesquelles les universités françaises «ne sont pas compétitives à l’échelle internationale».
La plupart des étudiants en doctorat ne sont pas les meilleurs «parce que les grandes écoles qui sont des établissements d’élite pour la formation de hauts cadres font très peu de recherche».
Enfin, la séparation entre les instituts de recherches affiliés au CNRS et ceux des universités entraîne une «dispersion des ressources humaines et financières». Or, la force des universités de rang mondial réside dans le fait que la recherche est le plus souvent intégrée à tous les niveaux.
Malgré les importantes réformes de ces dernières années (dont la loi Pécresse sur l’autonomie des universités) la France aurait donc encore des efforts à fournir pour se hisser dans la cour des grands. (Le Figaro-15.07.09.)
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**En trente ans, la valeur du bac s’est effondrée
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Après un taux de réussite record de 86 % en 2009, les critiques pleuvent sur un diplôme «bradé». Amorcée en 1985, la démocratisation du bac montre ses limites.
Le bac a-t-il encore un sens alors que 86 % des candidats l’ont réussi cette année, un record ? On le dit bradé, pourtant, il reste aussi indéboulonnable que la tour Eiffel, affirment les ministres qui se succèdent. Car évoquer la fin du bac, c’est briser un symbole, celui de l’égalitarisme républicain, celui du diplôme unique qui donne accès à l’enseignement supérieur quel que soit le lycée d’où l’on vient. C’est abandonner l’objectif fixé en 1985 par Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de Mitterrand, de porter 80 % d’une classe d’âge au niveau du bac.
Mais de quel bac parle-t-on ? Car il en existe soixante-six aujourd’hui ! Au final, seuls 34 % d’une classe d’âge se voient délivrer un baccalauréat dit général – littéraire (L), économique (ES), ou scientifique (S) – le plus prestigieux dans l’opinion. C’est aussi le seul comparable au diplôme originel. Pour parvenir à 66,4 % de réussite dans une classe d’âge, il faut ajouter les filières technologique et professionnelle, inventées en 1968 et 1985 pour démocratiser le diplôme. Le record de cette année (86 % de réussite contre 83 % l’an dernier) est précisément lié à l’augmentation du succès au bac «pro». Pour la première fois, ses candidats ont eu droit à une épreuve de rattrapage, une réforme de l’ancien ministre de l’Éducation Xavier Darcos.
Le bac général, lui, est-il vraiment plus facile qu’avant ? Oui, répondent les enseignants. Les copies sont truffées de fautes d’orthographe, racontent-ils. «Sur un paquet de cent vingt copies, une dizaine sont rédigées en langage texto», s’exaspère un professeur de philosophie. Des études comparatives l’ont démontré : dès le primaire, le niveau est en forte baisse, comme le montrent les résultats à une même dictée à vingt ans d’intervalle. Lors des réunions d’harmonisation des notes, pour stabiliser les taux de réussite, les correcteurs peuvent être amenés à relever leurs appréciations. Un pourcentage important des copies voit leurs notes augmentées. D’ailleurs, dans certaines disciplines, le barème est au-dessus de 20, avec au final des notes surévaluées.
Même le niveau du bac S, le plus prestigieux, est remis en cause. Pour le recteur de l’académie de Versailles, «il est devenu l’un des bacs les plus faciles à obtenir». Selon un professeur en classe prépa scientifique, «depuis les années 1980, une grande part des réformes a eu pour but de rendre les sciences d’assimilation plus faciles. Ceci s’est payé par une baisse du niveau». Les responsables d’écoles d’ingénieurs s’inquiètent d’un bac qui serait devenu «moins scientifique» car depuis dix ans, le nombre d’heures de maths a été revu à la baisse.
L’an dernier un rapport sénatorial s’inscrivait en faux contre les Cassandre : «Non, le bac n’est pas dévalué puisqu’un tiers d’une génération ne le présente pas ou le rate.» Et ceux qui n’obtiennent pas le diplôme ne peuvent plus prétendre à un emploi d’enseignant ou de cadre, comme il y a trente ans. Enfin, la France reste en dessous des pays développés de l’OCDE : l’objectif fixé en 1985 par Jean-Pierre Chevènement de porter 80 % d’une classe d’âge au niveau du bac est loin d’être atteint.
Question taboue
Si supprimer le bac s’avère trop périlleux politiquement, certaines matières ne pourraient-elles pas être passées au contrôle continu, comme l’avait proposé en son temps François Fillon ? Il avait été désavoué par la rue… Reste à voir si la future réforme Chatel-Descoings du lycée abordera ce sujet sensible car, pour un élève de terminale, une discipline qu’il ne passe pas au bac perd une grande partie de sa valeur.
Un rapport de la Banque mondiale explique la mauvaise position des universités françaises dans les classements internationaux par l’absence de sélection à l’entrée. Cette question reste taboue mais la sélection existe de façon larvée puisque seuls 64 % des inscrits obtiennent une licence, souvent après avoir redoublé. Un échec en partie lié à l’afflux des bacheliers professionnels et technologiques qui s’inscrivent à la fac, même s’ils n’y sont pas préparés. Aujourd’hui, 40 % des 25-34 ans ont un diplôme de l’enseignement supérieur, contre 20 % il y a vingt ans. Aux États-Unis c’était déjà 40 % il y a vingt ans. «La France a rattrapé son retard mais doit s’atteler aux problèmes que les autres pays ont résolus, comme l’efficacité des formations universitaires et leurs débouchés», affirme Éric Charbonnier, expert auprès de l’OCDE. L’orientation apparaît bien comme la clef de la. (Le Figaro-15.07.09.)
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**Le baccalauréat, chef-d’oeuvre en péril
Cette année, 86 % des candidats ont obtenu leur baccalauréat (en France). On devrait se réjouir de ce succès qui bat tous les records de réussite. Sans injurier les lauréats, c’est pourtant une mauvaise nouvelle. Ce pourcentage montre que ce diplôme ne vaut plus grand-chose. Et, dans quelques mois, bien des bacheliers le constateront. Quand les moins doués, les moins travailleurs ou les plus mal orientés d’entre eux échoueront à l’issue de leur première année d’université. C’est le cas de 50 % des étudiants.
Nul ne peut être contre la démocratisation de l’accès aux études supérieures. Le bac, institution bicentenaire, a longtemps été le symbole de l’égalité, de la méritocratie à la française. Il était le même pour tous. Ceux qui l’avaient étaient, en principe, promis à un bel avenir professionnel.
Aujourd’hui, le bac est une arnaque. Même la mention « très bien » semble bradée tellement elle est accordée à tour de bras. La faute en revient principalement aux responsables politiques. Certains, ces trente dernières années, n’ont pas su ou voulu réformer notre système de formation. D’autres ont fait preuve d’une grande démagogie. Comme cette idée défendue à la charnière des années 1990 par des ministres socialistes de porter 80 % d’une génération au niveau du baccalauréat. Et après ?
Cette politique du quota décrété traduit un dangereux nivellement par le bas. Elle entretient l’illusion de connaissances solidement acquises alors que les copies d’examen sont truffées de fautes d’orthographe et de raisonnements incohérents.
La question de la suppression du bac dans sa forme actuelle doit être posée une fois pour toutes. Sujet sensible s’il en est : dans la conscience collective, sans ce pseudo-sésame, on n’est rien, comme jadis on n’était pas un homme si on n’avait pas effectué son service militaire.
La solution est peut-être de ne plus en faire le premier grade universitaire ; à ce titre, il donne droit aux études supérieures. Mais, comme ailleurs en Europe, un certificat de fin de scolarité qui serait délivré au terme d’un contrôle continu. Rappelons que les élèves retenus en classes préparatoires aux grandes écoles sont sélectionnés en fonction de la seule qualité de leur livret. Bien avant le passage du bac.
Un examen devrait, en revanche, être organisé à l’entrée à l’université. Il favoriserait la motivation des jeunes et limiterait sans doute les orientations décidées de façon approximative. Pareille réforme permettrait aussi de redorer le prestige de nos facultés face aux grandes écoles et de reporter l’important budget consacré à la tenue du bac vers les universités, parents pauvres du système éducatif français.
Il y a urgence, car le baccalauréat est un chef-d’œuvre en péril. (Blog-Figaro)
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