Plus de 40.000 centenaires au Japon
13092009Le nombre de centenaires a dépassé la barre des 40.000 pour la première fois au Japon, en proie au vieillissement accéléré de sa population, selon une étude officielle publiée vendredi. Quelque 40.399 personnes ont plus de cent ans dans le pays, soit plus de 4.000 de plus que l’an passé, a annoncé le ministère de la Santé. Près de 35.000 (87%) sont des femmes, selon l’étude.La plus vieille femme du Japon (114 ans) vit dans l’île d’Okinawa (sud), où les centenaires sont en proportion deux fois plus nombreux que dans le reste de l’archipel.Une alimentation saine, basée sur les légumes, et un climat doux sont réputés comme les secrets de la longévité des habitants d’Okinawa.
Un ancien de 112 ans vivant à Kyoto (centre-ouest) est l’homme le plus âgé du pays. Il assure s’entretenir en lisant des journaux pendant des heures. Au-delà de la profusion de ses centenaires, le Japon est confronté à une crise démographique, avec un taux de fécondité de 1,37 enfant par femme en 2008 alors qu’un taux de 2,07 est nécessaire pour assurer le renouvellement naturel des générations.
La population nippone d’environ 127 millions d’habitants a commencé à baisser et les démographes jugent qu’elle devrait chuter à une centaine de millions d’ici 2050, à moins d’importants changements.
Parmi les causes avancées du faible nombre de bébés figurent le manque de baby-sitters et de pédiatres, le coût financier de l’enfantement, la volonté d’émancipation des femmes, la précarité croissante du travail pour les hommes et la rareté des relations sexuelles dans les couples.
Afin d’encourager les familles à faire des bébés, Le Parti Démocrate du Japon (centre-gauche) récent vainqueur des élections législatives a promis une allocation mensuelle de 26.000 yens (190 euros) par mois pour chaque enfant jusqu’à sa sortie du collège. (le Japon Aujourd’hui-12.09.09.)
*****Avoir un enfant au Japon, c’est comme le parcours du combattant
Les difficultés matérielles pour élever sa progéniture et l’attitude des Japonais face au mariage et au sexe ne les incitent pas à procréer. S’ils ne se décident pas à faire plus d’enfants, le pays aura perdu 20% de sa population d’ici 2050
Avec son taux de fécondité parmi les plus bas du monde (1,37 enfant par femme en 2008) et alors que l’immigration reste un tabou, le Japon verra sa population passer de 127 millions actuellement à 100 millions en 2050. Tous les candidats aux législatives du 30 août ont promis de s’attaquer au problème à coups d’allocations familiales, en rendant l’école gratuite ou en multipliant les crêches, en nombre nettement insuffisant. « Le manque de crêches est un vrai problème. Mais la raison la plus simple du recul de la natalité, c’est que les gens se marient de plus en plus tard ou ne se marient jamais », explique à l’AFP Yuko Kawanishi, sociologue à l’Université Tokyo Gakugei.
En 2007, l’âge moyen d’un premier mariage au Japon était de 28,3 ans pour une femme, contre moins de 23 ans dans les années 1950. Au Japon, convoler est une étape incontournable pour fonder une famille: moins de 2% des naissances ont lieu hors mariage.
Mais si 91% des jeunes Japonaises célibataires rêvent de se marier, 69% disent ne pas l’avoir encore fait faute d’avoir trouvé le mari idéal, celui qui exprime ses émotions, a un bon travail et participe aux tâches ménagères, selon une étude de CLSA. « Beaucoup de femmes japonaises modernes hésitent face au mariage, car elles craignent d’y perdre leur liberté », affirme Mme Kawanishi.
Quant aux hommes, beaucoup sont incapables de s’installer dans la vie et d’entretenir une famille faute de stabilité professionnelle. Plus d’un travailleur sur trois au Japon est en statut précaire.
Même une fois la bague au doigt, des obstacles à la procréation demeurent. Une étude de l’Université Nihon a révélé qu’en 2007, près d’un couple sur quatre n’a eu aucun rapport sexuel. Principales coupables: les journées de travail interminables qui épuisent les maris, et l’exiguïté des logements. A cela s’ajoute, selon Mme Kawanishi, un mystérieux manque de communication entre hommes et femmes. « L’industrie du sexe, la sexualité sont omniprésentes au Japon. Sauf au sein du mariage. On dirait que les maris et les femmes ont toujours autre chose à faire », déplore la sociologue.
Même pour un ménage sexuellement actif, avoir des enfants demande réflexion. Les onéreuses consultations médicales liées à la grossesse et l’accouchement ne sont pas, sauf complication sérieuse, pris en charge par l’assurance-maladie, de même que les traitements contre l’infertilité. Selon une étude de l’assureur Sumitomo Life, une majorité de parents nippons jugent par ailleurs que « le manque de structures médicales adaptées et de spécialistes est un important facteur d’angoisse ». Dans un Japon sans enfants, trouver un pédiatre, une babysitter ou une aire de jeux digne de ce nom peut relever du parcours du combattant.
Les obligations traditionnellement dévolues aux mères peuvent aussi s’avérer dissuasives. Ainsi, 70% des femmes qui travaillent démissionnent à l’arrivée de leur premier enfant. « Il est très difficile pour une Japonaise de travailler tout en étant mère. Il y a bien sûr un problème de garde d’enfants », explique Mme Kawanishi. « Mais il y a surtout la mentalité, très forte, selon laquelle on attend d’une mère qu’elle sacrifie tout le reste pour entourer physiquement son enfant pendant ses trois premières années, faute de quoi l’enfant deviendra un raté ». Selon elle, « cette conception, implicite et culpabilisante, amène beaucoup de femmes à juger qu’avoir des enfants apporte trop de problèmes ». (Le Japon Aujourd’hui-21.08.09.)
Catégories : Non classé
Commentaires récents