Les Français consomment trois fois plus
25092009
Le volume de consommation a triplé en un demi-siècle, selon une étude de l’Insee publiée ce vendredi.
L’Insee a passé au crible les achats des ménages de 1960 à 2007. La part des dépenses consacrées à l’alimentation a fondu.
Le panier de la ménagère d’aujourd’hui n’a rien à voir avec celui de sa mère dans les années 1960. En 2007, les dépenses consacrées à l’alimentation ont fondu tout comme celles dévolues à l’habillement. En parallèle, le budget alloué aux transports, à la communication, aux loisirs et à la culture a progressé. Pour la première fois, l’Insee a décidé de passer ainsi au crible cinquante ans de consommation des Français. Cette «fresque» a été réalisée à partir des comptes des ménages tirés de la comptabilité nationale et des enquêtes réalisées directement auprès des familles. De l’énergie aux animaux domestiques, tous les achats ou presque ont été passés en revue .Premier constat, les ménages français consomment un peu plus chaque année. Le volume de consommation a ainsi triplé en un demi-siècle. Cette croissance s’explique par l’élévation du niveau de vie des Français. Cependant, après les Trente Glorieuses (1945-1975), où la consommation de masse s’est imposée, les gains de pouvoir d’achat se sont tassés.
Si l’on observe de plus près la manière dont les Français dépensent, il apparaît que la part liée à l’alimentation passe de 38 % en 1960 à 25 % en 2007. Paradoxalement, alors que les boutiques de vêtements ont envahi les centres-villes, la part des frais d’habillement est quant à elle passée en cinquante ans de 14 % à 9 %.
La place des services dans le budget ne cesse de progresser
Autre enseignement, la place des services ne cesse de progresser. Lorsque l’on examine les dépenses que les familles leur consacrent – des données différentes de celles portant sur les budgets de consommation -, on constate qu’ils représentaient 30 % dans les années 1960 et plus de 50 % depuis les années 2000. Il faut noter toutefois que plus de la moitié de cette hausse concerne les services liés au logement, dont les loyers. Le reste porte sur la culture, les loisirs, la santé, les voyages…
Dans le détail, la part du budget des Français consacré au logement a évolué de manière notable. De 16 % dans les années 1960, elle est passée à 20 % en 1975, puis elle a légèrement fléchi pour atteindre 19 % en 2007. Les statisticiens, dont les calculs excluent les propriétaires de leur étude, rappellent que la proportion de ménages possédant leur appartement ou leur maison est passée de 45 % en 1973 à 54 % en 1988. Si l’on tient compte des montants consacrés par les propriétaires à l’achat de leur logement, le poids des dépenses passe alors de 20 % en 1960 à 30 % en 2007.
L’Insee ne s’est pas limité à la France. Il a établi des comparaisons avec d’autres pays de l’Union européenne. Il apparaît que la baisse des dépenses consacrées à l’alimentation et, à l’opposé, la hausse de celles dédiées à la santé sont le reflet de la progression du niveau de vie en France comme chez ses voisins. Mais des particularités subsistent. Les Grecs et les Italiens allouent une part plus importante de leur budget à l’habillement et aux chaussures que les Français ou les Allemands. (Le Figaro-25.09.09.)
***************Document de l’Insee
Représentant plus des deux tiers du PIB, la consommation des ménages occupe une place de première importance parmi les grands agrégats économiques. Quotidiennement, l’information économique met surtout l’accent sur son rôle dans la dynamique économique de court terme. Pour autant, on ne saurait s’en tenir à l’analyse de son rôle dans les fluctuations conjoncturelles. La consommation se modifie aussi sur le long terme, en niveau comme en structure, et ces évolutions correspondent à des transformations profondes des modes de vie. La simple comparaison de ce qui se consommait en France au début des années 1960 avec la consommation aujourd’hui met en évidence les changements économiques et sociaux considérables intervenus en quelques décennies.
En cinquante ans, le niveau en volume de la consommation par habitant a été multiplié par trois. La structure de la demande s’est aussi profondément modifiée : l’alimentation à domicile, qui représentait un tiers du budget de consommation des ménages, en constitue aujourd’hui moins du cinquième. Le logement et les transports lui disputent désormais la première place. Ces mouvements à l’oeuvre au cours du dernier demi-siècle résultent d’une multitude de facteurs : augmentation du niveau et de l’espérance de vie, mutations du marché du travail, progression du temps libre, progrès technique conduisent à une offre en perpétuel mouvement. Les transformations survenues dans l’agriculture, le succès puis le relatif déclin de l’automobile, les variations des prix de l’énergie, l’augmentation du nombre de propriétaires, le mouvement général d’accroissement des échanges internationaux… Cette liste, non exhaustive, suffit à le montrer : étudier la consommation afin de cerner les questions majeures qui se posent à la société française aujourd’hui, oblige à examiner les grands événements économiques de ces cinquante dernières années.
La mise en perspective internationale enrichit également l’analyse. Comparer les pays entre eux sous l’angle de la consommation permet d’identifier des traits économiques et sociétaux stables comme par exemple, le lien fort et positif entre l’élévation du niveau de vie et la part budgétaire réservée à la santé. En illustrant les différences entre pays comme les ressemblances, l’examen de la consommation permet de mieux comprendre ce qui contribue à leur convergence et ce qui la freine.
Un autre angle d’analyse consiste à rendre compte de la diversité des situations et des évolutions individuelles. Appréhender la variété des modes de vie des ménages exige de connaître la variété des formes de leur consommation. Dans la plupart des questions au coeur du débat public actuel, on ne peut évaluer en effet la pertinence des réponses proposées qu’en mesurant les disparités de consommation entre les ménages et l’incidence qu’elles peuvent avoir sur les comportements socio-économiques des individus : accès au logement ou aux soins, qualité de l’alimentation, inégalités de niveau de vie, pouvoir d’achat, consommation d’énergie et développement durable…
Devant l’importance économique et sociale du sujet, on comprend aisément que chaque année, une multitude d’acteurs (instituts, bureaux d’études, sociétés de sondages, de marketing, groupements professionnels, associations de consommateurs, etc.) produisent une quantité considérable d’informations sur la consommation. L’Insee joue, dans ce travail, un rôle central. En revanche, il existe peu d’ouvrages de synthèse sur ce thème. L’ambition du présent volume de la collection Insee-Références est de contribuer à combler ce manque. Son originalité réside dans le rapprochement systématique des deux grandes sources statistiques sur la consommation : les comptes nationaux et les enquêtes auprès des ménages. Les premiers sont élaborés par la Comptabilité nationale, en rapprochant toutes les sources possibles (administratives, auprès des entreprises, des ménages…) pour suivre l’ensemble de la consommation en France. Ils fournissent une vue complète et fiable, à un niveau de détail très fin de la nomenclature des produits. En revanche, ils ne donnent pas de détail par catégorie de ménages.
Les enquêtes auprès des ménages, elles, répondent à cette question, mais elles ne peuvent se prévaloir de l’exhaustivité inhérente aux données de la Comptabilité nationale. On a pris le parti ici de s’appuyer sur la complémentarité de ces deux sources, pour proposer un tableau à la fois synthétique et reflétant la richesse des données disponibles sur la consommation. Comme souvent en pareil cas, des problèmes de réconciliation des chiffres surgissent.
L’ouvrage a fait le choix, raisonné, de privilégier les évaluations de la Comptabilité nationale. C’est elle qui fournit les niveaux globaux de consommation retenus. Les données d’enquête sont alors sollicitées pour déterminer les écarts de consommation entre les différentes catégories de ménages. L’ouvrage balaye de façon assez systématique les grands postes de consommation et s’attarde sur certains domaines, produits ou thèmes qui présentent des traits spécifiques et intéressants par eux-mêmes et qui font l’objet d’une attention particulière dans le débat public.
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Fiches thématiques
1- Alimentation et tabac
1.1 Alimentation à domicile (hors boissons)
1.2 Boissons non alcoolisées
1.3 Restauration hors domicile
1.4 Boissons alcoolisées
1.5 Tabac
2 – Logement
2.1 Loyers réels
2.2 Services liés au logement
2.3 Loyers réels et services liés au logement
2.4 Chauffage, éclairage et eau
2.5 Gros équipement du logement
2.6 Produits du bricolage
2.7 Produits pour l’entretien courant de la maison
3 – Transports
3.1 Automobiles, motos, vélos
3.2 Carburants et lubrifiants
3.3 Services liés aux transports individuels
3.4 Services liés aux transports collectifs
4 – Biens et services pour la personne
4.1 Articles d’habillement, chaussures
4.2 Produits pour la personne
4.3 Services de soins personnels
5 – Santé
5.1 Biens de santé
5.2 Services de santé
5.3 Biens et services de santé à la charge des ménages
6 – Communication
6.1 Services de communication
6.2 Matériel électronique grand public
7 – Loisirs
7.1 Biens pour les loisirs
7.2 Services de loisirs non liés au tourisme
7.3 Services de loisirs liés au tourisme
7.4 Jeux de hasard
7.5 Animaux domestiques
8 – Autres services
8.1 Services d’entretien et de réparation de biens de consommation
8.2 Services financiers et d’assurances
8.3 Services domestiques et action sociale
8.4 Éducation
8.5 Services juridiques et autres services divers
Catégories : Non classé
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