La Grèce passe à gauche
5 10 2009
Le Pasok de Georges Papandréou a largement remporté dimanche les élections législatives anticipées avec un écart de 7 points sur les conservateurs, au pouvoir depuis cinq ans, selon les premiers résultats partiels.
** Le parti socialiste grec Pasok de Georges Papandréou a largement remporté dimanche les élections législatives anticipées avec un écart de 7 points sur les conservateurs au pouvoir depuis cinq ans, selon les premiers résultats partiels, portant sur 20% des bureaux de vote. Selon ces résultats partiels, le Pasok remporte 43,2% des voix alors que la Nouvelle-Démocratie chute à 36%.Selon des estimations de l’institut de collecte des résultats du ministère de l’Intérieur, le Pasok obtiendra une majorité absolue confortable de 162 sièges sur les 300 du Parlement. La Nouvelle Démocratie enregistrerait son plus mauvais score depuis sa création en 1974 avec 33,8% des voix, soit 92 sièges. »
Il s’agit d’une grande victoire historique, d’une victoire personnelle de Georges Papandréou», a estimé Evangélos Vénizelos, un baron du parti devant une foule des partisans du Pasok, rassemblés devant le siège du parti dans le centre d’Athènes.
Dès l’annonce des résultats partiels, des centaines de voitures ont commencé à klaxonner dans les rues d’Athènes, leurs passagers agitant des drapeaux du Pasok.
Un soutien aux bas revenus
La victoire de M. Papandréou marque le retour des socialistes au pouvoir après leur échec aux législatives de 2004 devant la Nouvelle Démocratie de Costas Caramanlis.
Cette victoire vient après la convocation des élections anticipées par M. Caramanlis à la suite de la dégradation des finances publiques et d’une série de scandales de corruption qui ont affaibli son gouvernement.
M. Caramanlis, 53 ans, a joué son va-tout en convoquant ces élections à mi-mandat pour tenter de s’assurer un consensus large afin de pouvoir adopter des mesures d’austérité.
De son côté, Georges Papandréou, 57 ans, président de l’Internationale socialiste, a fait campagne en promettant un soutien aux bas revenus, la relance de l’économie et la lutte contre la corruption.
Issu d’une dynastie de dirigeants de centre gauche de l’après-guerre et fils du fondateur du Pasok Andréas Papandréou, Georges Papandréou a été élu à la tête du Pasok en 2004, après avoir détenu plusieurs portefeuilles ministériels dans les précédents gouvernements socialistes.(Figaro+agences)
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Georges Papandréou commentant dimanche soir sa victoire aux élections législatives devant les journalistes.
Après son père, Andréas, et son grand-père, Georges, le chef de file des socialistes prend en main le destin de la République hellénique.
Il est parfois difficile de se faire un prénom quand on a un nom célèbre. Le nouvel homme fort de la Grèce n’aura pas eu ce souci. Georges Papandréou est le fils aîné d’Andréas Papandréou, fondateur du Parti socialiste hellénique (Pasok) et premier ministre de la Grèce durant toute la décennie 1980. Il est aussi le petit-fils de Georges, premier ministre chassé par le coup d’État militaire de 1967. On continue d’ailleurs d’appeler affectueusement «Giorgaki» («le petit Georges») le chef de file des socialistes grecs, dont le parti a remporté, hier, les élections législatives.La vie en Grèce est une histoire de famille, en politique comme dans les affaires et comme dans à peu près tous les secteurs de la société. À l’instar de son adversaire, le premier ministre de droite sortant, Costas Caramanlis, Georges Papandréou est un héritier. Il n’en a pas moins une vraie singularité dans la classe politique grecque, créant son propre parcours, parfois dans l’épreuve, patiemment.
«Ma tradition familiale et politique est celle de la lutte pour la démocratie et la justice sociale», déclarait dimanche Georges Papandréou au Figaro, en rappelant que son grand-père avait été six fois embastillé, son père deux fois, et qu’il a lui-même vécu en exil. La première chose qui le distingue est cet accent étranger indéfinissable et ses fautes dans la langue d’Homère. Sa famille ayant été contrainte de fuir la dictature des Colonels, Giorgaki est né aux États-Unis, dans le Minnesota, en 1952. Il a fait des études de sociologie dans le Massachusetts et à Stockholm – sa mère est suédoise -, puis des études supérieures à la London School of Economics et à l’Université de Harvard. L’Amarikanaki, comme on le surnomme aussi, se fait remarquer par sa courtoisie, son sens de la mesure et son calme au sein d’une classe politique survoltée par les joutes verbales, où d’autres que lui ont de meilleurs talents oratoires.
Dans un pays ayant longtemps vécu sous la férule des États-Unis et marqué par un fort antiaméricanisme, cette origine était un handicap, surtout au sein des forces socialistes, qui s’étaient opposées à la dictature soutenue par la CIA. L’ouverture sur le monde de l’«ami des Américains» rencontre toutefois un fort écho auprès des élites, ses diplômes internationaux prouvant également aux classes moyennes qu’il n’est pas seulement un héritier. Pour nombre de Grecs, qui l’ont découvert il y a dix ans, ministre en bras de chemise, son ordinateur portable sous le bras, il incarne aussi cette modernité venue de l’étranger.
Plusieurs fois ministre des Affaires étrangères, notamment dans le gouvernement de son père avec lequel il entretenait des relations conflictuelles, Georges Papandréou fut celui qui plaça la Grèce sur la ligne européenne hostile à la Serbie de l’ultranationaliste Milosevic. Il sut aussi œuvrer au rapprochement de son pays avec la Turquie. (…)Sur le plan intérieur, où de courageuses décisions devront être prises pour redresser une situation économique catastrophique, des gestes, estime Georges Papandréou, devront néanmoins être faits à l’égard d’une jeunesse en désespérance. «Il faudra bien stimuler l’économie et s’assurer de la sécurité des personnes, des jeunes en particulier», précise-t-il, en référence aux émeutes estudiantines de décembre provoquées par la mort d’un adolescent par un policier (lire ci-dessous).
La «Green Economy» est aussi l’un des chantiers prioritaires du Pasok, dont la couleur est le vert, et qui a promis de créer le premier ministère de l’Environnement en Grèce. Toujours en butte aux critiques des éléphants d’un Parti socialiste au sein duquel il a dû batailler pour s’imposer, Georges Papandréou est décidé à faire émerger une nouvelle génération politique. Avec de jeunes ministres, de nombreuses et jolies députées socialistes symboliseront le «changement» et la «modernité» dont cet héritier peut se prévaloir. (Le Figaro-04.10.09.)
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