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Le Soudan, une destruction programmée par l’Occident

14102009

image Ces dernières années, pour l’opinion publique internationale, le Soudan est synonyme de Darfour et de division entre le Nord et le Sud qui fera l’objet d’élections en 2011. Ceux sont en tout cas des problèmes réels qui menacent l’avenir du Soudan et sa souveraineté. Des parties occidentales exploitent cette crise pour affaiblir la « République islamique » née en 1989. Sur place, nous approchons de près la situation, avec des dirigeants et des politiciens, des loyalistes et des opposants…

Lors de nos discussions avec des responsables politiques soudanais de différentes mouvances, nous avons perçu la gravité de la situation et les conséquences de ces querelles intestines qui relèguent la question du développement aux calendes grecques, en attendant de trouver une solution qui sorte le pays du gouffre au profit de l’intérêt général du Soudan et non les intérêts des antagonistes.

 *La France alimente la crise au Darfour

 Nos interlocuteurs abordent d’emblée le rôle de la France dans la tragédie du Darfour. La France a alimenté le conflit, incité à la rébellion et au crime via le Tchad qui a armé les insurgés. Mustapha Athman, ancien ministre des affaires étrangères et actuellement conseiller du président soudanais, souligne l’envergure de l’exploitation de tchadiens au service de groupes armés les alimentant en armes françaises. Il explique que les français ont la mainmise sur le Tchad arguant notamment les salaires des cadres de l’armée tchadienne versés par la France. Mustapha Athman ajoute que certains groupes armés au Darfour sont étroitement liés à la question de la sécurité nationale tchadienne en participant même à des opérations militaires aux côtés de l’armée tchadienne à l’intérieur du Tchad, et en contrepartie, l’Etat accueille, héberge et nourrit ces groupes ! Ceci explique une relation étroite entre deux parties, d’accord pour détruire le Soudan de l’intérieur et de l’extérieur.

 Dans ce sens, Mohammed Hamed Ibrahim, gouverneur de la région de Kebkabia au Darfour, met en exergue la profondeur du problème. «Une trentaine de tribus vivent rien qu’à Kebkabia, alors que dans tout le Darfour, l’on dénombre quelque 200 tribus parlant 90 dialectes différents», révèle t-il.

«Au départ, le conflit opposait le berger au cultivateur, le berger voulait la meilleure herbe pour son cheptel, alors que le cultivateur tenait à ses récoltes, car étant une source de vie», explique Hamed Ibrahim. Il ajoute que les changements climatiques qui affectent la région, le mouvement des tribus ont posé une réelle problématique pour obtenir la nourriture pour le bétail, et qu’à l’époque de Gaafar Al- Noumeiri, tout dépassement était sévèrement réprimé. Notre interlocuteur poursuit que le problème n’était pas initialement politique, mais les conflits inter tchadiens et tchado Libyen ont inondé la région d’armes, et les autorités de l’époque n’ont pu alors résoudre l’équation. «Le problème du Darfour n’est pas non plus religieux, ni ethnique. Il n’y a pas ici de guerre religieuse ou ethnique», affirme t-il.  Cette situation de crise a ouvert une brèche pour des parties étrangères, dont France, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis qui ont exploité la rébellion à leurs propres fins, ajoute-t-on.  Les efforts de conciliation et les rounds de dialogue menés par le gouvernement soudanais se sont trouvés confrontés au nombre important des groupes d’insurgés, qui à leur tour se divisent en groupuscules dont les idées et les revendications sont difficiles à cerner. Après les mouvements Équité et Égalité, et Libération, le nombre des groupes armés est passé à 30 dans la région du Darfour. Il est difficile d’unifier aujourd’hui les factions d’insurgés dont le nombre croît jour après jour, explique Hamed Ibrahim. Sur le plan militaire, le gouvernement d’El Bechir a pu maîtriser 90% de l’ensemble du territoire. Les habitants de la région espèrent aujourd’hui en finir avec toutes les crises d’après-guerres notamment dans le domaine du développement. C’est pour cette raison que les représentant du Darfour appellent le gouvernement à déployer des projets de développement sur le territoire, pour que le chômage et la pauvreté ne soient pas exploités pour embraser à nouveau la région.

Le gouverneur de la région de Kebkabia attend beaucoup des négociations de Doha dans ce cadre.

 D’autre part, la pression internationale induite par le mandat d’arrêt de la Cour Pénale Internationale lancé contre le président soudanais pour crimes contre l’humanité au Darfour, a rassemblé le peuple autour du président El Bechir et renforcé sa popularité. Il est vu comme l’homme qui défie la puissance occidentale qui veut détruire le Soudan par son soutien aux groupes rebelles. Toutefois, Hassan Tourabi, rival du président soudanais a un autre point de vue. Il demande à ce que El Bechir soit traduit devant la CPI. Cette position est critiquée sur la place soudanaise, et par les loyalistes, et par les opposants d’El Bechir.

 **Le Nord et le Sud:

 Si le Darfour semble émerger de son marasme, la grave question du Sud Soudan, connaît une évolution, notamment cet accord pour organiser des élections en 2011 pour l’autodétermination des sudistes !  Décideront-ils de faire sécession et de former un Etat à part, ou resteront-ils du côté de la Mère patrie ?? Le président El Béchir a encore confirmé la tenue de ces élections comme geste de bonne foi, qui fait taire ceux qui ont dit que le président soudanais était contre.  Il reste néanmoins quelques embûches à dépasser avec le Mouvement Populaire pour la Libération du Soudan. Le taux requis pour l’indépendance du Sud divise. Le gouvernement et ses alliés veulent un taux de 75% pour accorder l’indépendance, alors que le Mouvement Populaire pour la Libération du Soudan opte pour 50%+1. La position de Hassan Tourabi sur cette question converge vers celle du Mouvement. Le gouvernement soudanais espère trouver une troisième alternative pour régler le différend sur le pourcentage. Le secrétaire politique du parti Congrès National, Mendour Mehdi, évoque un autre problème: la plupart des champs pétroliers se trouvent dans le Sud, alors que l’industrie pétrolière et pétrochimique est basée dans le Nord. Alors comment satisfaire les besoins de chaque territoire ? Et qu’en est-il de la nationalité des sudistes installés dans le Nord ?  Le problème du Sud et du Nord est des plus épineux. La classe politique pense que la division n’est qu’une question de temps, d’où la nécessité qu’elle se fasse de façon consensuelle.

 Le Soudan est par ailleurs confronté à d’autres problèmes, comme les libertés politiques et celles de la presse. Même si le pays n’est pas parfait dans ces domaines, il n’est pas le pire. Des efforts sont même déployés pour renforcer l’ouverture. Néanmoins, les parties occidentales utilisent cette carte pour faire pression. Certains soudanais pensent que leurs problèmes se sont aggravés à cause des médias étrangers qui donnent une image erronée du Soudan et qui ont détruit le pays tout autant que les armes. En dépit des nombreux différends entre soudanais, en dépit des critiques lancées contre le gouvernement sur sa gestion de la crise du Darfour, tous les soudanais s’accordent à dire qu’une grande réconciliation est dans l’intérêt du pays, pour faire face aux défis communs et aux objectifs destructeurs envisagés par l’Occident au détriment du Soudan. (Rchorouk-15.10.09.)

 







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