Des parents de soldats français tués en Afghanistan portent plainte
29102009Les familles de deux des soldats français tués dans l’embuscade d’Uzbine en Afghanistan, le 18 août 2008, dans la vallée d’Uzbin en Afghanistan, ont décidé de porter plainte, révèle Valeurs actuelles et Aujourd’hui en France/Le Parisien, parus ce matin. « Nous sommes en droit de connaître la vérité », a déclaré au quotidien Joël Le Pahun, père de Julien, para au 8è RPIMa de Castres, dans le Tarn. L’autre plainte est déposée par l’épouse de Rodolphe Penon, sergent au 2ème REP, au nom des deux enfants du défunt..
Cette plainte vise « des individus qui n’ont pas, à notre sens, assumé leurs responsabilités, qui n’ont pas su gérer la mission qu’ils devaient mettre en place. Nous soupçonnons l’existence d’une série de manquements dans la chaîne de commandement ». En clair, ce sont les chefs militaires directs des soldats tués qui sont mis en cause, puisque Joël Le Pahun précise qu’elle « ne vise pas le président de la République, son gouvernement ou le chef d’état-major des armées ». L’avocat des deux familles, Me Gilbert Collard, a indiqué qu’une plainte contre X serait déposée lundi devant le tribunal aux armées de Paris (TAP) pour « mise en danger délibérée de la vie d’autrui ». Les deux officiers visés, sans être cités, sont le capitaine Crézé (du 8ème RPIMa) et le colonel de Cevins (chef de corps du RMT, et à ce titre du bataillon français) – selon le récit très détaillé de l’embuscade que fait mon confrère Frédéric Pons dans son livre « Opérations éxtérieures » (Presses de la Cité).
Selon nos informations, l’état-major des armées considère qu’il n’y a pas eu de « fautes » commises ce jour-là par la hiérarchie militaire, mais une « erreur d’évaluation » de la situation, commise sur la base de « référence fausse ». S’ils n’ont pas été sanctionnés, les deux officiers qui pourraient être mis en cause sont toutefois loin d’avoir été « félicités ».
« Ce n’est pas une plainte contre l’armée, nous savons – et je pense que l’enquête le démontrera – que des fautes ont été commises par des gradés, on va dire par des responsables », vient de déclarer Me Gilbert Collard sur France Info. Selon lui, les familles ont le sentiment de ne pas avoir reçu de réponses à leurs questions, auxquelles « on n’a objecté que par des salons, des petits fours, des vols sur Kaboul ».
Sur le déroulement des faits, M. Le Pahun explique, au Parisien, que « l’officier qui a organisé la mission et qui devait l’encadrer n’a finalement pas participé à la patrouille de reconnaissance ». « Il n’y a pas eu de reconnaissance aérienne préalable, avec des hélicos et des drones, alors qu’on savait que le terrain était aux mains des talibans », ajoute-t-il, pointant également le fait que « tout le monde savait aussi que les Italiens, auxquels nos soldats venaient de succéder dans cette zone, n’avaient rien fait pendant leur séjour là-bas, restant retranchés dans leur camp ». Enfin, il s’interroge sur le comportement des interprètes afghans.
Commentaire : sans nous prononcer sur les faits et les responsabilités, cette plainte appelle une première remarque. Il s’agit d’un pas de plus dans la « judiciarisation » de la guerre. Mais la guerre peut-elle être traitée de la même manière qu’un fait divers, qu’un accident de la route par exemple ? Quelles que soient les précautions prises [qui furent, en l'occurence, évidemment insuffisantes], l’action militaire n’est-elle pas toujours et dans son essence même, « une mise en danger délibérée de la vie d’autrui » ? (Blog libération-29.10.09.)
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