Drôle de débat sur l’identité nationale en France
3112009
La manière dont elle est mise en musique rend suspecte cette initiative qui,au lieu d’être tactique et ponctuelle, devrait être le fil rouge de toute politique.
Où ont-ils la tête ? Même s’il n’est pas plus noble préoccupation que les valeurs qui cimentent un pays, il y a quelque anachronisme à ce débat théorique quand le souci des Français est de trouver ou de garder leur travail. La précipitation avec laquelle l’Élysée oblige des préfets désemparés à organiser trois mois de réflexion sur l’identité nationale - mais pas européenne - rend suspecte la pureté d’une intention dont on connaît, par avance, les conclusions sur l’usage de la Marseillaise ou du drapeau tricolore.
Initiée par Nicolas Sarkozy, la démarche s’inscrit dans une stratégie qui confirme que le chef d’État s’occupe aussi bien des grandes idées que des zizanies cantonales. Fin 2007, nous avions eu droit à une séquence sur le religieux dans la politique. En 2008, il n’était question que de « politique de civilisation ». Dont on n’entend plus beaucoup parler… « Je me méfie des débats théoriques », disait, hier, Bernard Kouchner.
Une diversion?
Confiée à Éric Besson, le ministre affréteur de sièges charter pour Kaboul, elle établit un lien direct entre immigration et identité, suggérant que la première nuit à la seconde. La meilleure manière de réfléchir à ce qui unit la France » heureux résultat d’influences successives » ne consiste pas à surligner ce qui nous différencie. Mais, comme l’écrivait Renan, « à avoir beaucoup de choses en commun » et à « avoir oublié bien des choses ».
Organisée par les préfets, « qui pourront ouvrir leurs réunions au public », elle paraît trop institutionnelle pour attirer les foules. Lancée à quatre mois des régionales, elle est perçue comme une diversion.
Les Français seraient 64 % (sondage BVA des 27 et 28 octobre) à y voir une opération destinée à faire oublier les affaires récentes, à remobiliser un électorat de droite assez déstabilisé ou à diviser un peu plus la gauche.
L’opposition a vu la ficelle. Marine Le Pen, aussi, qui, relancée par l’affaire Frédéric Mitterrand, surenchérit sur « l’escroquerie électoraliste ».
Bref, ça sent la com’. Dommage. Car il y aurait matière moins à théoriser qu’à parfaire cette identité. On se sent français ¯ ou européen ¯ lorsque la politique considère chaque personne en lui offrant l’égalité des chances, l’équité fiscale, la solidarité sociale, un pouvoir citoyen, une représentation paritaire à tous les échelons du pays. Si on voulait bien ne pas le réduire à du marketing autour de l’immigration, ce débat intéresserait les Français. Parce qu’on aime toujours la maison que l’on a bâtie ensemble.(Ouest-France.03.11.09.)
***Pour Jacques Reland, politologue à Londres, le Président Sarkosy, en s’en prenant au modèle français, sape les fondements du contrat social sur lequel repose la République. » C’est Sarkosy, la plus grande menace pour l’identité »… (Libération-03.11.09.)
*****réaction d’internautes…
Il le sait, lui qui manie l’ouverture restreinte aux personalités « symboliques » (Mitterrand, Ni Putes Ni Soumises…). L’opposition va-t-elle lui abandonner « le monopole du symbolique et de la culture » ?
En tant que femme, et historienne autodidacte des lieux publics au 18e et 19e siècle, je n’aime plus flaner dans ma propre ville, à cause de l’image de la femme voilée et soumise qui s’y déploie (les femmes ont défilé dans les émeutes et marches sur Versailles). Cela aussi, c’est du symbolique !
En tant que métisse, je déplore que la question de l’intégration soit réduite aux musulmans, comme si le million d’Asiatiques (Chinois et ex-Indochine), les Africains (aux traditions non arabes malgré l’islamisation), les 500.000 Juifs, les Polonais, Roumains, Italiens, Espagnols (de la guerre civile)… n’existent pas. Comment a fonctionné « l’ascenseur social » pour eux, dont on dit qu’il est en panne en France?
Le cosmopolitisme est une valeur primordiale des Lumières, il ne saurait être compatible avec le communautarisme ghettoisant.
Mardi 03 novembre à 12h27
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