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Quand les enseignants inventent l’école de demain

10 11 2009

L’utilisation des nouvelles technologies dans les classes permet d’apprendre d’une autre façon. Sur cette photo, des élèves urugayens apprenent leurs leçons avec les ordinateurs qui leur ont été distribués par le gouvernement dans le cadre du plan «Ceibal». L’objectif à terme est d’équiper ainsi tous les enfants du pays.

  

 L'utilisation des nouvelles technologies dans les classes permet d'apprendre d'une autre façon. Sur cette photo, des élèves urugayens apprenent leurs leçons avec les ordinateurs qui leur ont été distribués par le gouvernement dans le cadre du plan «Ceibal». L'objectif à terme est d'équiper ainsi tous les enfants du pays.
 

Quatre cents d’entre eux, venus de 70 pays, ont exposé leurs projets unissant ordinateurs et interactivité.

Quand les enseignants inventent l'école de demain coeur-Avec leurs ordinateurs dernier cri, ils ressemblent plus, pour certains, à des cadres supérieurs qu’à des enseignants. Ce professeur brésilien propose à ses élèves de découvrir les sciences à travers des enquêtes policières. Ce directeur d’établissement australien, lui, a lancé un lien entre son école et une classe chinoise. Quatre cents enseignants, venus de 70 pays ont été sélectionnés et invités par Microsoft dans le cadre d’une rencontre internationale des «professeurs innovants» au Brésil. Ces derniers étaient censés partager leurs expériences et plancher sur les nouveaux types d’enseignements de l’«école du futur», censée avoir largement intégré les nouvelles technologies dans les classes.

Le cas le plus extrême est celui de Singapour. Grâce à un gouvernement qui a décidé d’investir massivement dans les nouvelles technologies, chaque élève dispose d’un ordinateur à l’école, avec écran tactile, mais aussi de consoles de jeu, MP3 et caméras vidéo. Mohammad Nizam, professeur de biologie, utilise tous ces supports, ainsi que le réseau social Twitter «qui permet en quelques mots de capturer l’essence d’une matière enseignée». Puisque ses élèves «passent leur temps à s’envoyer des SMS pendant les cours, je leur en envoie aussi mais à but pédagogique». Toutes les leçons de cet enseignant sont filmées et transférées sur un site Internet. Le fonctionnement de l’ADN ou celui de la circulation du sang dans le corps sont expliqués sous tous les angles, de façon interactive : «Mes élèves les utilisent par le biais de leur téléphone portable ou de leur console de jeu, notamment pendant les temps de transport, assez long à Singapour», explique-t-il. Même lors des examens, une réponse à une question peut être donnée par le biais d’une vidéo tournée par l’élève !

Pour les observateurs français venus sur place, ce cas reste quelque peu surréaliste, à la fois d’un point de vue pédagogique et matériel. Le projet de la Canadienne Lorie Zbaraschuk, professeur de langue et de musique, leur paraît en revanche plus adaptable. À ses écoliers de huit ans, cette jeune femme avait demandé il y a deux ans d’écrire un poème pour qu’ils travaillent leur vocabulaire : «Ils traînaient des pieds, j’ai donc décidé d’inventer une autre façon d’apprendre.» Grâce à un logiciel «très simple», elle leur a demandé de créer leur propre composition musicale pour accompagner leur poème.

Une fois le travail réalisé, un petit bonhomme personnalisé par leur soin se met à chanter l’œuvre et se dandine en cadence, un micro à la main. «Quand je leur ai montré le résultat final, ils sont tous restés bouche bée et ont voulu participer. Ils adorent car ils s’amusent en travaillant», raconte l’enseignante qui fait observer que ses élèves, en plus d’améliorer leur anglais, ont aussi appris par ce biais les premiers rudiments de langage de la musique. Inspectrice d’académie dans la région parisienne, Anne-Marie Sacco qui a fait le voyage estime que «ce qui permet aux élèves de visualiser ce qu’ils apprennent est très positif» .

C’est tout un art d’utiliser les nouvelles technologies dans un cours, sans que ces dernières apparaissent comme un gadget. Aujourd’hui, ces enseignants pionniers tâtonnent. Si dans les pays développés, du matériel est de plus en plus mis à leur disposition, la formation fait cruellement défaut. Tous sont néanmoins convaincus de l’utilité de ces pratiques «car la société l’impose. Et l’école ne peut pas fonctionner en vase clos» , considère Steven Bjornsson, un enseignant norvégien. À l’entendre, la France fait l’objet d’une certaine curiosité en raison de ses débats sur les nouvelles technologies en classe. Le débat qui oppose la transmission des savoirs à l’ancienne et la pédagogie liée aux ordinateurs semble incompréhensible pour beaucoup. «  Pourquoi opposer les deux ?», demande la Néo-Zélandaise Deirdre Senior, pour qui le problème aujourd’hui se résume surtout au fossé qui existe entre les jeunes générations d’enseignants et les anciennes qui n’ont parfois «aucune envie d’évoluer» et surtout de «passer du temps supplémentaire à préparer leurs cours». (Le Figaro-09.11.09.)

*****Manuels scolaires : la montée en puissance du numérique.

 Les éditeurs observent «une montée en puissance» du numérique, liée notamment à l’expérimentation, lancée cette année par Luc Chatel dans 64 collèges de 21 départements, de manuels scolaires numériques accessibles via des ENT (espaces numériques de travail). Cette expérimentation «est le reflet de ce qu’il faudrait faire pour que le numérique entre à l’école», affirment les éditeurs. Un bémol toutefois, elle mobilise cette année 45 % des dépenses consacrées aux ressources numériques en sixième pour seulement 1 % des élèves… Pour que le numérique entre véritablement à l’école et pour que se dissipe «le hiatus entre les intentions ministérielles et les pratiques sur le terrain», insiste Sylvie Marcé, du Syndicat de l’édition, il importe que l’État dialogue avec les collectivités et que les enseignants soient formés. Enfin, un financement spécifique «devrait être réservé à ces ressources».(Le Figaro-22.10.09.)


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