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Les Suisses ont peur des minarets qui glorifient Dieu

30 11 2009

La communauté musulmane est choquée, car c’est la politique de la peur et du mensonge qui a gagné la Suisse.

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Les Suisses ont décidé, hier, par référendum, à plus de 57% des votants, d’interdire la construction de minarets, selon les résultats définitifs du scrutin. Seuls quatre cantons sur les 26 que compte la Confédération ont rejeté la proposition soutenue par le parti UDC de la droite populiste et le petit parti chrétien de droite UDF. Ce vote va entraîner la modification de l’article 72 de la Constitution suisse qui régit les relations entre l’Etat et les religions. L’interdiction de la construction de minarets y sera présentée comme une mesure «propre à maintenir la paix entre les membres des diverses communautés religieuses». Pour les défenseurs des droits de l’Homme, il s’agit d’un grave précédent, car ce vote ouvre la voix à d’éventuels dérapages aux conséquences fâcheuses. Les musulmans étant minoritaires dans les pays européens, toutes les interdictions sont possibles par la grâce de la Démocratie. C’est cette même Démocratie qui permet aux musulmans de vivre pleinement leur foi, c’est cette même Démocratie qu’ils brandissent à chaque fois qu’ils se sentent lésés, menacés et «persécutés» par les Européens. Et c’est maintenant par cette Démocratie qu’on leur interdit l’existence de leurs symboles comme les minarets. Quelle menace représente un minaret pour une société si ce n’est une campagne médiatique attisant la peur et la haine?
«J’ai le coeur brisé. Que va-t-on dire à nos enfants? Pendant toute la campagne, je n’ai cessé de dire qu’il ne fallait pas s’inquiéter, que la solidarité politique, culturelle et sociale allait faire réfléchir. Aujourd’hui les gens sont fortement choqués, c’est la politique de la peur et du mensonge qui a gagné. Les minarets ne sont qu’un prétexte, en fait ce sont les musulmans qui sont visés. C’est une manière de faire la guerre à un groupe bien intégré», lit-on dans le témoignage d’une musulmane rapporté par le journal suisse, Le Temps.
A ce rythme, il faut s’attendre à d’autres interdictions maintenant que la voie est ouverte. En effet, il n’est pas exclu que le port du hidjab soit interdit par voie référendaire. De ce point de vue, il faut dire que l’issue du vote en Suisse fera jubiler la France et la Belgique où la polémique sur le port du voile fait rage. Les commentateurs ont unanimement qualifié ce résultat d’«immense surprise» car il contredit les sondages qui prédisaient durant la campagne un rejet à 53% de la proposition de la droite populiste. L’UDC, qui ne manque jamais une occasion d’attiser la peur de l’étranger, a donc convaincu une majorité écrasante de Suisses en accusant les minarets d’être le «symbole apparent d’une revendication politico-religieuse du pouvoir, qui remet en cause les droits fondamentaux». L’intellectuel musulman controversé Tariq Ramadan a jugé «catastrophique» le résultat du référendum. Pour M.Ramadan, qui vit à Genève et enseigne à l’université britannique d’Oxford, «les Suisses ont exprimé une vraie peur, un questionnement profond sur la question de l’Islam en Suisse». Le parti des Verts a déclaré envisager de présenter un recours devant la Cour européenne des droits de l’Homme à Strasbourg pour violation de la liberté religieuse garantie par la Convention européenne des droits de l’Homme. (L’Expression-30.11.09.)

*****intolérance..

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À l’exception du Front National, les responsables politiques et religieux français déplorent le résultat du vote suisse interdisant les minarets.

Les Suisses ont peur des minarets qui glorifient Dieu coeur-Au lendemain de l’annonce du résultat du référendum par lequel les Suisses ont décidé d’interdire la construction de nouveaux minarets chez eux, plusieurs responsables politiques s’élèvent pour déplorer l’intolérance sur laquelle ce scrutin lèverait le voile.La Rapporteur spéciale de l’ONU pour la liberté de religion s’est montrée aujourd’hui «profondément inquiète» et elle a insisté sur le fait que le Comité des droits de l’homme a récemment prévenu la Suisse qu’une telle décision est contraire aux obligations de la Suisse en vertu du droit international dans le domaine des droits de l’homme.

En France, le ministre des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, s’est déclaré lundi «un peu scandalisé». «J’espère que les Suisses reviendront sur cette décision assez vite», a-t-il ajouté parlant d’une «expression d’intolérance». La construction de minarets «n’est pas grand chose. Est-ce que c’est une offense dans un pays de montagnes qu’il y ait une construction un peu plus élevée ?», a aussi demandé le ministre.

Son collègue du gouvernement, Hervé Morin, ministre de la Défense, a estimé «gênant» que le référendum devienne «un facteur de populisme». «Il y a d’abord un problème de forme parce que ce sont des questions compliquées qui n’appellent pas une réponse simple», a expliqué le président du Nouveau Centre. Pour le ministre, qui s’exprimait sur la situation en France, l’architecture des mosquées doit notamment être «compatible avec celle des collectivités». Quant au ministre de l’Immigration, Eric Besson, il s’est déclaré préoccupé par ce vote car il donne le sentiment de «stigmatiser l’islam» et a demandé d’éviter ce type de débats, qui relève «de l’urbanisme,» en France.

Au PS, le porte-parole Benoît Hamon a déploré «une décision inquiétante». Ce vote est «assez significatif de cette tentation à se recroqueviller, à se replier sur soi et à faire de l’étranger, en l’occurrence le musulman, le bouc-émissaire de tous les maux des sociétés occidentales», a affirmé l’ex-député européen qui a accusé Nicolas Sarkozy d’introduire le même type de questions en France avec le débat sur l’identité nationale. Selon lui, si l’on posait aux Français la même question qu’aux Suisses, «le résultat serait différent parce que nous avons, nous, une tradition d’intégration des populations musulmanes beaucoup plus grande» que ce pays.

 

Sur une ligne proche, le secrétaire général de la CGT Bernard Thibault estime qu’en France «on n’est pas loin de cette velléité d’en appeler à des consultations sur des positions telles que celle-là». Il a notamment cité le débat sur l’identité nationale qui, selon lui, met en avant «des thèmes qui opposent et qui permettent justement de mettre sur le côté des questions plus fondamentales», dont la crise économique mondiale «qui accroît les inégalités sociales».

Le chef de l’UMP, Xavier Bertrand, a estimé de son côté que la question de l’interdiction des minarets ne se posait pas en France. «Il faut «bien évidemment des lieux de culte» pour l’islam mais «est-ce qu’il faut modifier nos règlements d’urbanisme pour permettre qu’il y ait des minarets d’une certaine taille? Je ne le crois pas», a-t-il précisé. Selon lui, «le sujet qui est posé en Suisse dans un contexte précis n’est pas le sujet qui est posé en France» et «n’a rien à voir avec la question de la burqa qu’il faut aujourd’hui clairement interdire en France». Le sujet de la burqa, sur lequel planche actuellement une mission parlementaire, est d’ailleurs présent dans les réactions de plusieurs responsables politiques. Ainsi Hervé Morin a estimé nécessaire de prendre «le temps du dialogue» sur le sujet. Bernard Kouchner a répondu «ne pas savoir» s’il fallait l’interdire.

A contre-courant de la majorité des réactions politiques, la vice-présidente du Front National, Marine Le Pen, s’est réjouie du vote helvétique  et demandé aux «élites de cesser de nier les aspirations et craintes des peuples européens»…..

 

Parmi les responsables religieux musulmans, c’est la consternation. «C’est un message que nous recevons avec surprise, plutôt une mauvaise surprise, sur l’état en Europe de la tolérance et finalement de la convivialité des religions présentes, qui jusqu’à présent n’avait jamais occasionné un rejet aussi net», explique Dalil Boubakeur. «Ce qui m’étonne, ajoute le recteur de la Grande Mosquée de Paris, c’est le chiffre de 57 % de rejet et ça me laisse réfléchir sur l’impact et la manière dont l’Islam est jugé dans les pays d’Europe». Un chiffre qui traduit «un message d’inquiétude, de peur, sinon de méfiance», selon lui. «L’amalgame entre l’Islam et puis certaines formes peut-être plus radicale que l’Islam» est peut-être à l’origine de cette «très regrettable confusion», explique Dalil Boubakeur.Pour Kamel Kebtane, recteur de la grande mosquée de Lyon, «il s’agit d’un vote d’intolérance, tournant le dos aux bases juridiques les plus constantes qui, à travers le monde, garantissent la liberté de religion». «J’appelle à une réaction de tous les musulmans, des fidèles de toutes les religions, et de tous les démocrates, au niveau européen, pour s’opposer à ce que ce vote, contraire aux fondements du droit, devienne une loi», peut-on lire dans un communiqué.(le Figaro-30.11.09.)

 

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