L’once d’or au delà des 1.200 dollars
2122009
Le regain d’appétit au risque a propulsé le métal jaune vers un nouveau record historique.
L’or continue de s’envoler. Le prix de l’or a dépassé mardi pour la première fois de son histoire 1.200 dollars l’once sur le marché londonien des métaux précieux, le London Bullion Market, poussé par un regain d’appétit au risque après de bons indicateurs et à la faveur de la faiblesse renforcée du dollar.
Cette hausse est due notamment au relèvement d’un quart de point des taux d’intérêt en Australie pour le troisième mois consécutif à 3,75%. La publication d’un indice des directeurs d’achat de l’activité manufacturière à 55,7 points de HSBC en Chine pour le mois de novembre après 55,4 le mois précédent, joue également en faveur du métal précieux. Il s’agit du huitième mois consécutif de hausse de la production. Il montre une consolidation de la reprise économique en Chine.
Cette hausse de l’or est également toujours alimentée par la faiblesse du dollar, qui pousse les investisseurs détenant d’autres devises à acheter le métal jaune moins cher, et par la forte demande d’or dans les pays émergents, où les banques centrales renforcent leurs réserves d’or. (le Figaro-01.12.09.)
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**L’or monte, les mines ont encore du potentiel
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Après avoir déçu les marchés en 2008, les sociétés aurifères ont repris des couleurs en Bourse. Soutenu par le cours de l’or, qui a franchi un nouveau record historique à plus de 1.100 dollars l’once, ainsi que par la demande croissante des investisseurs et des banques centrales, le rebond des mines d’or devrait se poursuivre.
Le secteur aurifère, massacré en Bourse l’an dernier, a progressivement retrouvé grâce aux yeux des investisseurs à la fin de l’été, lorsque l’or a commencé son ascension. Depuis le début de l’année, l’indice de référence, le Footsie Gold Mines, a déjà repris 35 %, alors que le cours de l’once d’or n’a gagné que 28 %. Les effets de la crise semblent déjà oubliés. « Le resserrement du marché du crédit s’est résorbé et les marchés ont réalisé que les mines n’avaient pas été aussi touchées qu’ils ne l’avaient craint », remarque Arnaud du Plessis, responsable du pôle cycliques chez Natixis AM.
La faillite de Lehman Brothers en 2008 a pourtant été un coup dur pour le secteur aurifère. La crise du marché du crédit a réveillé les craintes des investisseurs quant à la capacité des mines à trouver des financements pour leurs projets d’exploration, les plus affectées étant les sociétés de petite taille. Conséquence, les cours des mines d’or ont plongé alors que le métal jaune, lui, s’est relativement bien tenu sur la période, jouant son rôle de valeur refuge. A fin 2008, alors que l’once affiche une progression de 5 % sur un an, le secteur aurifère accuse lui une chute de 20 %.
Si quelques retards dans des projets ont effectivement été constatés, en revanche, aucune faillite retentissante n’a finalement eu lieu. « Les sociétés aurifères ont en définitive été nettement moins affectées que les autres valeurs du secteur minier », précise Emmanuel Painchault, gérant à la Compagnie Financière Edmond de Rothschild. La crise n’aura donc été que de courte durée pour le secteur.Stabilisation des coûts de production
Cette année, exception faite des mines sud-africaines, les sociétés affichent toutes une stabilisation des coûts de production, voire une légère amélioration de ceux-ci. Et ce malgré le retour du baril de pétrole au-dessus de 77 dollars, qui se trouve en partie compensé par le raffermissement des devises locales, comme le rand sud-africain ou le dollar australien. « De façon générale, les coûts de production sont à la baisse depuis le début de l’année. Ils se situent aujourd’hui entre 450 et 500 dollars l’once », précise Jean-Bernard Guyon, gérant chez Global Gestion. Résultat, les marges des exploitations aurifères ont rarement été aussi bonnes. « Les coûts totaux des sociétés aurifères sont aujourd’hui aux alentours de 700 dollars l’once, ce qui leur permet de réaliser des marges très confortables », précise Arnaud du Plessis.
Les mines d’or ont donc mis fin à plusieurs années de hausse des coûts de production, passant ainsi en moyenne de 250 dollars l’once au début des années 2000 à plus de 500 dollars à fin 2008, le point haut ayant été atteint avec la flambée des prix de l’énergie l’an dernier. Une dérive qui ne s’explique pourtant pas uniquement par les coûts de l’énergie mais aussi par la pénurie de main-d’oeuvre qualifiée dont souffre le secteur.
Autre point positif pour le secteur aujourd’hui, les positions de vente à terme ont été en grande partie débouclées. Mises en place à une époque où le cours de l’or était déprimé, elles se sont retournées contre leurs promoteurs ces dernières années, pesant sur leur rentabilité. Newcrest Mining a initié le mouvement en recourant à une augmentation de capital pour déboucler ses positions. Quant à Barrick Gold, qui historiquement s’est toujours couvert, le groupe va racheter la totalité de ses couvertures, sous l’impulsion du nouveau management. Seul AngloGold Ashanti en conserve encore à ce jour, une situation qui pourrait toutefois rapidement évoluer afin de profiter pleinement de l’effet de levier provoqué par l’envolée de l’or. Nous devrions ainsi passer de 300 tonnes couvertes à terme à fin 2008 à moins de 100 tonnes d’ici à la fin de l’année et à environ 50 tonnes en 2010.
Enfin, malgré la crise mondiale, la demande d’or est restée quasiment stable, en dépit de la baisse de la consommation de la bijouterie, passée de 2.400 tonnes en 2007 à 2.159 tonnes en 2008.
Les achats d’or ont été soutenus par la demande d’investissement (ETF appuyés par l’or physique). Un mouvement encore renforcé par l’annonce récente de la Banque centrale indienne de l’achat de la moitié des 403 tonnes d’or mises en vente par le FMI. « Pour la première fois depuis une quinzaine d’années, les banques centrales vont être acheteuses nettes d’or à fin 2009. Une évolution qui s’explique par la volonté de ces dernières de diversifier leurs réserves face à l’effondrement du billet vert », souligne Claude Rivaud, gérant à la Société Générale AM.
Une production mondiale en déclin
Les seules à ne pas réellement bénéficier du mouvement haussier de l’or, ce sont les mines sud-africaines. Ces dernières connaissent en effet une situation à part. Elles enregistrent toujours une hausse de leurs coûts de production, en raison d’un relèvement par l’Etat de 30 % des prix de l’électricité. A cela, il faut ajouter des exploitations à plus de 3.000 mètres de profondeur, dont la teneur en or s’amenuise, des localisations éloignées et la cherté du rand. Autant d’éléments qui expliquent les mauvaises performances de ces groupes. « Les mines sud-africaines connaissent un déclin structurel de leur production. L’enjeu pour des sociétés comme Harmony Gold ou AngloGold Ashanti est de réussir à diversifier leurs gisements en dehors du pays », conclut Arnaud du Plessis. Pourtant, pendant des décennies, les sous-sols d’Afrique du Sud furent les plus riches, mais depuis 2007 la Chine leur a damé le pion. En 2008, cette dernière a extrait 12,2 % de la production mondiale, les Etats-Unis 9,9 % et l’Afrique du Sud 9,8 %.
Les mines sud-africaines ne sont pas les seules à devoir faire face à une diminution de la teneur en or des gisements. C’est une problématique qui touche l’ensemble du secteur. Résultat, depuis plusieurs années, on assiste à une baisse de la production mondiale. « En 2008, nous avons atteint le plus bas niveau depuis douze ans, principalement en raison du repli de l’Afrique du Sud, dont la production est revenue à son niveau de 1920 », souligne Claude Rivaud. Les découvertes de nouveaux gisements importants se font rares. Les groupes aurifères sont désormais obligés de se tourner vers des gisements situés dans des zones moins stables politiquement et avec des teneurs en or moins bonnes. Un élément qui devrait toutefois contribuer au maintien des cours de l’or à un niveau élevé : ce qui est rare est cher !
Consolidation en vue du secteur
Par ailleurs, les contraintes environnementales sont de plus en plus importantes. L’obligation de « produire propre » retarde souvent la mise en route de projets et en augmente le coût. Elle sert aussi de prétexte pour des suspensions de permis. Et pourtant, les grandes et moyennes entreprises prévoient une augmentation de 30 % de leur production d’ici à 2013, à environ 48 millions d’onces, nécessitant d’importantes dépenses d’exploration. De quoi rendre les juniors de nouveau attrayantes aux yeux des majors telles que Barrick Gold… Et surtout des investisseurs, car, si le risque est important, l’effet de levier l’est d’autant plus. « Les mouvements de fusions devraient s’amplifier, le rachat de petites sociétés d’exploration étant la solution la moins coûteuse et la plus rapide pour les groupes de grande et de moyenne taille de s’assurer une poursuite de leur croissance », souligne Christian Foriel-Destezet, gérant CM-CIC Asset Management. Depuis le début de l’année, on a déjà assisté au rachat par Eldorado Gold, présent en Chine et en Turquie, de Sino Gold. D’autres devraient suivre.
Investir dans les mines d’or offre donc encore des opportunités malgré l’appréciation des cours depuis janvier. « Si aujourd’hui les mines d’or ont retrouvé leur niveau de valorisation moyen, soit entre 1,5 fois et 1,8 fois le prix sur l’actif net réévalué, on peut estimer que les sommets ne sont pas encore atteints. Selon moi, les mines pourraient voir leur valorisation se situer entre 2 et 2,5 fois, niveaux déjà atteints lors de précédentes phases de hausse de l’or », anticipe Christian Foriel-Destezet. La hausse des cours devrait se poursuivre dans les prochains mois. Attention toutefois à ne pas oublier la forte volatilité de ces titres.(JDF-14.11.09.)
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