Abdeslem Boucif,enseignant-chercheur algérien en mathématiques

*Le prix «Maurice Audin» de mathématiques attribué à cet enseignant de Béni-Saf

 

Un enseignant-chercheur algérien, originaire de Béni-Saf, s’est vu décerner le prix «Maurice Audin» de mathématiques session 2009, un prix qui est attribué aux 2 meilleures oeuvres scientifiques de l’année. Abdeslem Boucif, c’est de lui qu’il s’agit, est titulaire d’un doctorat en mathématiques. Il était professeur à l’université de Mascara depuis 1998, avant de rejoindre celle de Aïn-Témouchent en septembre dernier, où il dirige l’Institut de technologie. Auteur récemment d’un grand ouvrage sur les mathématiques, ce savant de 40 ans fait partie de plusieurs groupes de travail en France. Il aurait même reçu plusieurs propositions alléchantes d’universités et de firmes multinationales d’outre-mer.  Le prix «Maurice Audin» est ouvert à tous les candidats mathématiciens, titulaires d’un doctorat, en poste en France ou en Algérie. Les candidats doivent être âgés de 40 ans ou plus. Les candidatures doivent être présentées avant le 15 mai en cours. Le prix est remis en fin d’année civile. Le prix est attribué par un jury de sept membres, dont un président (un professeur du Collège de France), des représentants de la Société Mathématique (SMF) et de la Société des Mathématiques appliquées et industrielles (SMAI) de France, de l’Association des mathématiciens algériens, du Directeur général de la Recherche scientifique et du Développement technologique en Algérie et de 2 mathématiciens, l’un en poste dans une université algérienne et l’autre exerçant en France. Créé en 1958 et décerné jusqu’en 1963, le prix a été relancé en 2004 pour être attribué chaque année à deux lauréats, l’un exerçant ses activités en Algérie, l’autre exerçant ses activités en France. Sous cette nouvelle formule, le prix «Maurice Audin» de mathématiques s’inscrit comme le prolongement du prix portant le même intitulé. Le prix est financé par l’Association Maurice Audin.

 Cependant, depuis cette année 2009, la partie algérienne s’est impliquée dans la remise de ce prix de mathématiques. D’abord par une participation financière et ensuite par l’entrée dans le jury de remise du prix. L’organisation du prix restera sous le contrôle de l’Association Maurice Audin et la cérémonie est organisée en collaboration avec la mairie de Paris.

 Cette année, la remise du prix de mathématiques «Maurice Audin» session 2009 aura lieu le mardi 15 décembre 2009 au palais de «La Découverte» de Paris (avenue Franklin D. Roosevelt, 75008). Outre le chercheur algérien Abdeslem Boucif, un autre lauréat, M. Danchin Raphaël, professeur français de l’université du Val-de-Marne (Paris), recevra la même distinction. Par ailleurs, et dans la même audience, la remise du prix «Maurice Audin» session 2008 (reportée) sera aussi à l’ordre du jour. Et c’est l’Algérien Benchohra Moufak, professeur à l’université de SBA, qui a été choisi par le jury, en compagnie d’un professeur à l’université d’Aix-Marseille, M. Guedj Vincent.

 

 Il y a lien d’expliquer qui est Maurice Audin et pourquoi ce prix. Maurice Audin, né le 14 février 1932 à Béja (Tunisie) et décédé en 1957, est un assistant de mathématiques français à l’université d’Alger, membre du Parti communiste algérien (PCA) et militant de la cause algérienne. En 1957, en pleine guerre d’Algérie, Maurice Audin fut arrêté, torturé et «disparaissait» au cours d’une évasion. Sa famille ne connaîtra jamais le sort qui lui fut réservé à la suite des tortures. En juillet 1957, Laurent Schwartz (un de ses amis) et un groupe d’intellectuels français ont créé un Comité Audin, comité dont l’un des objectifs était de connaître la vérité de la mort de leur collègue. Parmi les actions lancées par le Comité Audin pour sensibiliser la communauté mathématique, un prix de mathématiques Maurice Audin national et international avait été créé. Il a été décerné chaque année entre 1957 et 1963.

 La fin de la guerre d’Algérie et la mise en sommeil du Comité Audin ont laissé dans l’ombre l’affaire Audin. Au cours de l’année 2003, des initiatives ont permis une relance de la recherche de la vérité sur le cas de Maurice Audin. Parmi ces initiatives, il faut citer la décision de la mairie de Paris de donner le nom à une place du 5e arrondissement, inaugurée le 26 mai 2004, les projets d’intervention d’un groupe universitaires de Strasbourg, le colloque en l’honneur de Laurent Schwartz à l’Ecole polytechnique, au cours duquel a été évoqué le rôle de Laurent Schwartz dans le Comité Audin. En 2002, quelques semaines avant sa disparition, Laurent Schwartz avait accueilli avec intérêt le projet d’un nouveau prix Maurice Audin.(Le Quotidien d’Oran-12.12.09.)