La Chine premier exportateur mondial
29122009Le pays passerait devant l’Allemagne dès cette année.
C’est un secret de Polichinelle, mais la Chine va très certainement supplanter l’Allemagne cette année pour devenir officiellement le premier exportateur mondial. Le ministre adjoint au Commerce, Zhong Shan, l’a redit ce week-end en rappelant que c’était déjà le cas au premier semestre, selon les chiffres de l’OMC (Organisation mondiale du commerce).
Fin juin, Pékin avait exporté pour 521,7 milliards de dollars de marchandises, contre 521,6 milliards pour Berlin. Or, sur les onze premiers mois de 2009, la Chine affiche 1.070 milliards d’exportations, tandis que l’Allemagne, si l’on recalcule les chiffres de la Bundesbank pour les dix premiers mois de l’année, aurait exporté pour 1.048,8 milliards de dollars de marchandises.
Calculs d’apothicaires sans doute, mais ils expliquent que la Chine n’entende en aucun cas risquer de pénaliser ses exportateurs. Ils l’encouragent au contraire à maintenant un discours extrêmement ferme sur sa monnaie, le yuan, dont l’appréciation face au dollar s’est interrompue à l’été 2008.
«Les pressions pour qu’il s’apprécie sont de plus en plus fortes», reconnaissait dimanche le premier ministre, Wen Jiabao, dans une interview à l’agence gouvernementale Xinhua, avant d’ajouter : «mais nous ne céderons pas».
Son discours est simple : «Étant donné que cette année, les principales devises du monde se sont dévaluées, le maintien de la valeur et de la stabilité de la monnaie chinoise constitue une contribution à la stabilité économique de la communauté internationale», explique-t-il.
Aux étrangers de l’accepter, donc, et de cesser ce que Wen Jiabao appelle les «mauvais procès» intentés à la Chine dans le cadre de l’OMC. La semaine dernière, l’Europe a décidé de maintenir les mesures antidumping qu’elle impose sur les chaussures à dessus de cuir chinoises. Pékin a aussitôt rétorqué par des représailles sur les clous et les boulons en acier européens. À ses yeux il n’y a jamais eu autant d’entraves aux exportations chinoises dans le monde que cette année. C’est d’autant plus injuste que les industriels chinois souffrent aussi de la crise. Et cela justifie que le gouvernement chinois poursuive envers et contre tous sa politique de soutien aux entreprises et les pousse à exporter plus.(le Figaro-29.12.09.)
****Les entreprises chinoises sont plus riches qu’avant la crise
Deux ouvriers chinois montent un taxi londonien dans une usine près de Shanghaï.
Les bénéfices des industriels en Chine, qui avaient chuté au début de l’année, ont rebondi de manière spectaculaire ces trois derniers mois.
Les industriels chinois se frottent les mains. Leurs bénéfices, dopés par le plan de relance du gouvernement et par la moindre baisse de leurs exportations que certains de leurs concurrents, ont augmenté de 7,8% depuis le début de l’année, selon les chiffres du bureau des statistiques de Pékin. Ils avaient chuté de 10,6% au cours des 8 premiers mois de l’année avant de rebondir en septembre, pour atteindre 379 milliards de dollars à la fin du mois de novembre dernier. Et sont à présent meilleurs qu’avant la crise ! Tout le monde en profite. Les opérateurs pétroliers, qui avaient perdu 17,6 milliards de dollars l’an dernier, affichent aujourd’hui des gains de 12 milliards. Les industriels de la chimie voient les leurs exploser de 187%. L’automobile reprend également des couleurs au point de se lancer sans compter à l’assaut des constructeurs étrangers.
Après la reprise de l’américain Hummer par Tengzhong et celle de plusieurs actifs de Saab par BAIC, le chinois Geely va racheter Volvo à Ford l’an prochain. Et le gouvernement ne s’en cache pas, la Chine est décidée à accélérer ses investissements directs à l’étranger (IDE) l’an prochain. Cette année, ils auront atteint 42 milliards de dollars, à comparer avec quelque 80 milliards de dollars investis par les étrangers dans l’empire du Milieu. Pékin, qui veut s’imposer dans le monde entier, n’entend pas alléger de sitôt le dispositif mis en place pour soutenir ses entreprises et le fait savoir haut et fort. Entre les mesures de relance proprement dites et les facilités de crédit, il totalise 1.300 milliards de dollars !
Prévision de croissance pour 2010
Il n’y aura «aucun changement», affirme le vice-ministre des Finances, Zhang Shaochun, en soulignant que «les dépenses de consommation sont encore insuffisantes » et que les exportations chinoises continuent de pâtir de la baisse de la demande internationale.
De son côté, Li Yizhong, ministre de l’Industrie et des Technologies de l’information, qui maintient que la Chine connaîtra une croissance de son PIB (produit intérieur brut) d’au moins 8% en 2010, assure que la production industrielle du pays va encore augmenter de 11%, soit un rythme équivalent à celui de cette année.
À l’évidence, les industriels n’ont pas trop de soucis à se faire, même si le gouvernement avoue qu’il sera sans doute «plus difficile de trouver de nouvelles mesures d’incitation à l’achat des ménages», après celles qui ont été décidées depuis un an pour soutenir la demande dans l’automobile et dans l’électroménager. (le Figaro-28.12.09.)
***Dans la trajectoire du progrès
La Chine vient de prendre la place de premier pays exportateur au monde reléguant, avec une différence de 20 milliards de dollars, l’Allemagne à la deuxième place. Les recettes d’exportations en 2009 ont représenté pour chacun des deux pays plus de 1000 milliards de dollars. Pour un pays comptant une population de près d’un milliard et demi de personnes, il n’y a là rien d’extraordinaire, pourrait-on dire. Sauf que le miracle chinois n’a pas eu lieu grâce au nombre de ses habitants mais au système économique sur-mesure et inédit mis en place. Un système qui sépare l’économie du politique. Un système qui n’a pas son exemple dans le monde. Celui de l’Allemagne non plus d’ailleurs. Dévasté, morcelé en quatre secteurs puis en deux parties, ce pays a failli être rayé de la carte à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Malgré tout, et avec beaucoup de méthode et de patience, la nation allemande a fini par se regrouper 45 ans après la défaite et reprendre aujourd’hui sa place de première puissance économique de l’Union européenne. Et la quatrième au monde après les Etats-Unis, le Japon et la Chine. Chacun de ces deux pays (la Chine et l’Allemagne) a su travailler sur son principal potentiel. Les Chinois sur la main-d’oeuvre tandis que les Allemands ont fait repartir ce qui avait toujours fait leur force: l’industrie. Ne prenons pas l’exemple de la Chine puisqu’il ne s’applique nulle part ailleurs. Il est plus simple de nous pencher sur l’oeuvre allemande. Ce pays de 80 millions d’habitants. Un peu plus du double que nous. Lorsqu’en 1962 nous avions enfin obtenu l’indépendance de notre pays, l’Allemagne était dominée par les puissances mondiales. A l’est par l’Urss et à l’ouest par les Etats-Unis et leurs alliés. Elle ne s’est réunifiée qu’en 1990. Une différence de trajectoire marquée par la mise sous tutelle avec l’autonomie d’entreprendre pour les Allemands. Ce qui n’a rien à voir avec la féroce colonisation d’un siècle et demi imposée aux Algériens et les deux décennies d’un terrorisme dévastateur. Il n’en demeure pas moins que les peuples puisent leur force dans les épreuves qu’ils traversent. Cela s’est vérifié pour l’Allemagne et ne devrait pas tarder à l’être pour nous. Un chiffre en témoigne. Notre taux de chômage est aujourd’hui le même (10%) que celui de l’ensemble des pays qui constituent l’Union européenne. Il y a moins d’un demi-siècle seulement, 95% des Algériens étaient exclus du monde du travail, du système scolaire et de toute forme de formation. A la même époque, l’Europe vivait son «boom économique des années 60». Depuis peu, nous avons mis le cap sur la production, la performance et l’excellence. A ce rythme et comme pour le chômage, dans quelques années nous n’aurons pas de honte à comparer, toutes proportions gardées, les chiffres de nos exportations, hors hydrocarbures, avec ceux de la Chine et de l’Allemagne. (L’Expression-09.01.2010.)
*****L’AMBASSADEUR DE CHINE À ALGER
«Notre présence en Algérie dérange»
Le diplomate assure que le projet de l’autoroute Est-Ouest répond aux normes internationales, de l’avis même des laboratoires de contrôle européen et canadien.
Qui veut casser les entreprises chinoises en Algérie? La problématique est posée au plus haut niveau à Pékin. Le scandale qui secoue de plein fouet le projet de l’autoroute Est-Ouest, réalisé en grande partie par le consortium Citic-Crcc est perçu par les autorités chinoises comme une tentative de briser l’élan du partenariat économique algéro-chinois en plein essor.
Jeudi, Son Excellence l’ambassadeur de Chine à Alger, M.Liu Yuhe, s’est montré très gêné par la polémique née autour de ce que l’Algérie considère comme «le projet du siècle». «La presse rapporte des accusations dénuées de tout fondement», s’est-il adressé à la presse lors d’une rencontre organisée à l’ambassade.
Selon le diplomate, et jusqu’à preuve du contraire, aucune entreprise chinoise n’est impliquée dans une affaire de corruption. «La Chine est un pays signataire de la convention de l’ONU pour la lutte contre la corruption», précise-t-il. Il ajoutera que «le gouvernement chinois exige aux investisseurs chinois de respecter cet engagement à l’intérieur comme à l’extérieur du pays». L’ambassadeur s’attarde sur le dossier de l’heure (l’autoroute Est-Ouest.) «Citic-Crcc est coté en Bourse, vous imaginez très bien qu’un pareil scandale conduirait à la faillite du groupe non pas en Algérie mais dans tous les pays où il est présent.»
En fait, ce qui semble le plus déranger les autorités chinoises, ce n’est pas le scandale en lui-même, mais ses motivations. Selon Pékin, l’affaire de corruption est «l’arbre qui cache la forêt». Et dans cette forêt, il y a une course parfois «malsaine» des partenaires traditionnels de l’Algérie, «qui se sentent menacés par la présence chinoise en Algérie».
En filigrane, M.Yuhe accuse certains cercles de vouloir «créer de faux problèmes». A ces derniers, il lance plusieurs messages. En premier lieu, il affirme que la coopération algéro-chinoise «ne vise personne». «La Chine ne veut pas arracher la part des autres en Algérie. Elle n’a nullement l’intention d’y créer une zone d’influence.» Et au diplomate de rappeler à ceux qui gardent en tête «la période révolue de la guerre froide», que la Chine a décroché le projet de l’autoroute Est-Ouest en présentant la meilleure offre sur le marché. M.Yuhe répond point par point aux critiques rapportées par la presse sur le projet de l’autoroute. Premièrement, il assure que le projet répond «aux normes internationales. De l’avis même des laboratoires de contrôle européen et canadien».
Les ingénieurs chinois ont même procédé à des modifications sur le plan initial, réalisé par les Européens «dans le souci d’améliorer sa qualité et son efficacité». Deuxièmement, M.Yuhe a nié les informations faisant état du retard dans la réalisation de certains tronçons de l’autoroute. «Faux», lance-t-il. «Nous avons sept mois d’avance.» L’ambassadeur révèle que sur demande des autorités algériennes, «Citic-Crcc a débloqué des milliards de ses propres fonds pour accélérer les travaux». «Nous avons procédé, ajoute-t-il, à des travaux avant même la signature des contrats. C’est dire qu’entre nous et les autorités algériennes, il règne une relation de confiance.»
Le plan quinquennal convoité par la Chine
Dans un autre chapitre, l’ambassadeur de Chine a affirmé que son pays est très intéressé par le nouveau plan quinquennal (2010-2014) de 150 milliards de dollars. L’agriculture, le transport, l’énergie, les travaux publics, le bâtiment sont autant de secteurs convoités. Rappelons que le volume des échanges commerciaux entre les deux pays a connu une croissance de 8,8% pour frôler le seuil des 5 milliards de dollars.
Les investissements chinois (en dehors de l’autoroute Est-Ouest) ont atteint les 900 millions de dollars. Ils sont appelés à s’améliorer, précise l’ambassadeur, si certains obstacles sont bannis parmi lesquels il citera «la lenteur enregistrée dans l’attribution des visas et le manque d’interprètes».
Il faut savoir que l’ambassade d’Algérie à Pékin a délivré 16.000 visas en 2009. Et plus de 30.000 Chinois travaillent en Algérie. Un chiffre qui évolue chaque jour, sachant que plusieurs techniciens séjournent pour des missions de courte durée.
Notons enfin que le ministre des Affaires étrangères de la République populaire de Chine, M.Yang Jiechi, effectuera une visite de travail de deux jours en Algérie à partir de demain à l’invitation de son homologue, M.Mourad Medelci. Cette visite sera couronnée par la signature d’un protocole de coopération économique ainsi qu’un accord portant sur l’entraide judiciaire en matière civile et commerciale, précise le communiqué du ministère des Affaires étrangères.
La visite du ministre chinois s’inscrit dans le cadre du «renforcement des relations d’amitié et de coopération» liant les deux pays et permettra à M.Medelci d’aborder avec son homologue chinois la coopération bilatérale, notamment, le dossier nucléaire. «Nous sommes prêts à aider l’Algérie dans le domaine du nucléaire pacifique», a souligné l’ambassadeur de Chine.
Les deux ministres passeront en revue également les questions régionales et internationales d’intérêt commun.
«Les excellentes relations qu’entretiennent l’Algérie et la Chine confèrent à cette visite une portée et un caractère particuliers qui ne manqueront pas d’être mis à profit par les deux pays en vue du raffermissement et de la diversification de leur coopération bilatérale ainsi qu’une coordination plus étroite de leurs initiatives au plan multilatéral», souligne le ministère des Affaires étrangères. (L’Expression-09.01.2010.)
Catégories : Non classé
Commentaires récents