• Accueil
  • > Festival international de la musique andalouse-Alger

Festival international de la musique andalouse-Alger

29 12 2009

Romances médiévales et nouba h’cine

andaloualg.jpg 

Le public nombreux de la salle Ibn Zeydoun a redécouvert les mélodies de l’Espagne médiévale à travers le groupe Axivil Aljamia et a apprécié la nouba h’cine jouée par l’Ensemble régional d’Alger lors du Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes qui s’achève demain.

Dimanche 27 décembre, soirée de l’Achoura, la voix mélancolique du chanteur Pedro Sanz, du groupe espagnol Axivil Aljamia, a suffi pour faire plonger les nombreux présents à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth à Alger, dans l’ambiance médiévale, celle de la fin du royaume maure de Grenade. Axivil Aljamia, qui connaît parfaitement le Maroc, s’est produit pour la première fois en Algérie à la faveur de la 4e édition du Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes, qui se tient depuis le 21 décembre. Felipe Sanchez Mascunano, au ôud, Jota Martinez à la zanfona, la fameuse vielle à roue, Javier Paxarino à la flûte et Pedro Sanz au chant ont interprété des romances médiévales. Paseabase el rey moro raconte l’histoire de ce roi maure qui a couru dans les rues de Grenade avant sa chute et qui a appelé ses sujets à mener la bataille.

L’histoire a retenu que le 2 janvier 1492, le roi Mohammed XII avait capitulé devant les souverains catholiques, mettant fin à sept siècles de présence musulmane en Péninsule ibérique. « Les chrétiens espagnols étaient musulmans le vendredi, juifs le samedi et chrétiens le dimanche. Les autres catholiques ne comprenaient rien à cette attitude. Aussi, pour prouver leur attachement à l’Eglise, ces chrétiens avaient instauré l’Inquisition après la chute de Grenade », a précisé Rachid Guerbas, commissaire du festival, en introduction du récital de Axivil Aljamia. Pendant quatre siècles, l’Inquisition qui avait commencé en Espagne vers 1478 pour imposer l’orthodoxie catholique, s’était transformée en une véritable chasse aux musulmans et aux juifs, qui devaient choisir entre la conversion ou l’exil.

Depuis, l’esprit d’inquisition n’a jamais quitté réellement l’Europe, le vote suisse contre les minarets en est une preuve. Cela dit, beaucoup d’Espagnols sont fiers du passé musulman de leur pays. « Axivil est un groupe qui interprète de la musique ancienne. Ce soir, nous avons joué la musique de la renaissance espagnole. Nous avons choisi les rythmes et mélodies d’Andalousie. Les auteurs sont chrétiens, mais les paroles évoquent la présence des musulmans en Espagne. Certaines reviennent sur les derniers moments du royaume de Grenade », nous a précisé Felipe Sanchez Mascunano, directeur du groupe. Dans la chanson De Antequera, Axivil Aljamia rappelle la tragédie d’un Maure qui a écrit une lettre avec son sang pour marquer la douleur de la perte de cette petite ville de la région de Malaga.

Les musulmans venus d’Afrique du Nord avaient conquis cette ville vers 711 et l’avaient baptisée Medina Antaquira. Cette présence avait duré cinq siècles. Dans la chanson Tres Morillas (trois filles maures), un hommage est rendu à la beauté de Aïcha (Axa), Fatima et Meriem. Axivil Aljamia s’inspire grandement de la tradition des Mudéjars, ces musulmans paysans qui avaient continué à vivre en terres chrétiennes et qui avaient gardé leurs pratiques culturelles, influençant même le style architectural des églises. Devenus « Moriscos », les Mudéjars avaient été chassés d’Espagne et du Portugal par Philippe III, un monarque paradoxal qui aimait la fête et qui se disait vertueux au point de regretter la royauté. Anna, fille aînée de Phillipe III, sera plus tard la mère de Louis XIV, roi de France. Axivil Aljamia a repris le nom de Josef Axivil, un musicien du XIVe siècle et de Aljamia qui, en castillan médiéval, signifie quartier musulman.

Le groupe, qui active depuis 1998 à Madrid, a, à son actif, un répertoire déjà riche de cinq albums. Perfume Mudéjar est son dernier album. « Nous interprétons des musiques de la première moitié du XIXe siècle mais également la musique baroque du XVIIe siècle. Nous jouons aussi de la musique espano-cubaine », a indiqué Felipe Sanchez Mascunano. Selon lui, l’art lyrique de la Renaissance espagnole a gardé l’esprit de la période musulmane, ce qui n’existe pas dans les musiques italiennes ou allemandes. Axivil Aljamia célèbre, à travers la vielle à roue, le fameux bourdon distinctif des musiques médiévales. Le principe est simple : des cordes qui vibrent sur la même note formant un accord continu avec la dominante. Les animateurs du festival auraient pu accompagner le catalogue par des textes explicatifs sur les musiques anciennes. En début de soirée, l’Ensemble régional d’Alger, mené par Zerrouk Mokdad, a offert un bouquet fleuri de la nouba H’Cine avec Gharada etayr, Koul youm bachaïr, Nefrah koul mara, Sarak el ghousnou kada mahboubi et Charibna ou taâla charbana.

Selon Rachid Guerbas, l’Ensemble régional d’Alger fait partie du projet de l’Ensemble national de musique andalouse que la ministre de la Culture a voulu mettre en place. Les deux autres ensembles régionaux sont ceux de Tlemcen, dirigé par Yacine Hammas, et celui de Constantine, mené par Samir Boukredera. « Des musiciens talentueux sont dans les écoles de Constantine, d’Alger et de Tlemcen. Le défi est de les mettre ensemble. Les artistes sont parfois ralentis dans leur ascension par un ego surdimensionné », a estimé le commissaire du festival. Il a rendu un hommage particulier à Zerrouk Mokdad, l’élève de Mahieddine Bachetarzi qui a côtoyé Dahmane Benachour, natif de Blida comme lui, Saddek Béjaoui et, bien sûr, le grand pianiste, qui n’a toujours pas été remplacé, Mustapha Skandrani. Samedi soir, le public a été émerveillé par le jeu de l’ensemble Kabul d’Afghanistan.

Ce groupe a été créé par le chanteur Hossein Arman en 1995, qui a fui le règne des talibans pour la Suisse. Il est composé de Khaled et Mashal, enfants de Hossein Arman, de Osman Arman, un cousin, et de Siar Hashimi. « La musique afghane est très riche mais difficile à définir. On trouve une importante influence persane et la musique persane, elle-même, est un vaste sujet parce qu’elle ne se résume pas à la musique iranienne, les persanophones se trouvent aussi dans l’Asie centrale (…) Nous avons aussi la tradition nord-indienne », a expliqué Khaled Arman au site web du festival (www.festivalgerie.org). (El Watan-29.12.09.)

***Senteurs japonaises, arômes brésiliens et parfums marocains

Lundi soir (28.12.09.), le public nombreux à la salle Ibn Zeydoun a eu droit un plat varié de mélodies et de paroles brésiliennes, japonaises, espagnoles et marocaines à la faveur des concerts du quatuor Iki et de l’ensemble de Tétouan.

musandalou.jpg 

C’est l’histoire d’un marché persan où les chameliers approchent au milieu d’un tumulte. Les mendiants réclament leur bakchich. Le beau prince arrive ainsi que le calife. Ils font un tour et ils repartent. La place redevient calme. Cette histoire, qui fait appel aux fantasmes occidentaux sur l’Orient, a été racontée en notes musicales par le quatuor franco-japonais Iki, lundi soir à la salle Ibn Zeydoun, à la faveur du 4e Festival international de musique andalouse et des musiques anciennes. Julie Dutoit à la violoncelle, Mayu Sato-Brémaud à la flûte, Sophie Dutoit à l’alto et Baptiste Gibier à l’hautbois ont joué, devant une salle archicomble, des musiques espagnoles, brésiliennes et japonaises. Le spectacle a commencé avec un dialogue violoncelle-flûte sur la musique philosophique du Brésilien Heitor Villa-Lobos.

Ce compositeur de génie, décédé en 1959, a donné une dimension universelle au choro, musique instrumentale urbaine, populaire et festive. Villa-Lobos, qui aimait beaucoup la démarche artistique du compositeur allemand Jean-Sébastien Bach, est également célèbre par ses opéras, Magdalena et Yerma, mais aussi par la série des neuf Bachianas Brasileiras, des mélodies pour orchestre, piano ou violoncelle. La numéro 5, qui est la plus jouée au monde, sollicite huit violoncelles et une voix soprano. « C’est un musicien complet qui n’a pas ignoré la tradition indienne. Ses œuvres sont enseignées dans la plupart des écoles de musique », a expliqué Rachid Guerbas, commissaire du festival, lors de la présentation du Quatuor Iki qui a interprété également des œuvres de l’espagnol Isaac Manuel Albéniz.

Ce compositeur a laissé une œuvre riche des musiques de chambre dont les trois célèbres Suites espagnoles et le fameux Recuerdos de Viaje. Le Quatuor Iki a également interprété des pièces de musique traditionnelle du pays du Soleil Levant, Faune et flore du Japon. « La musique ancienne japonaise est l’une des plus élaborées dans la mesure où elle ne se contente pas d’utiliser uniquement des modes, mais fait appel à d’autres paramètres », a expliqué Rachid Guerbas. « A la base, Iki est composé d’un alto, d’un violon, d’une violoncelle et d’une flûte. On a remplacé le violon par le hautbois pour mélanger les timbres entre les cordes et les instruments à vents. Le son du hautbois se marie bien avec la flûte. C’est un son chaleureux qui se mélange bien avec les cordes. C’est rare comme ensemble. On a un peu innové », nous a précisé Baptiste Gibier, une heure avant le spectacle.

Ce dernier est venu en appui au groupe, car il joue habituellement avec le quintette à vent Arte Combo. Le Quatuor Iki, qui existe depuis 2006 et dont le nom signifie « cool » en japonais, a déjà enregistré un album. « Pour exister en France, il nous faut une multitude de cordes à notre arc et beaucoup de projets. Cela va de la musique classique, à la musique contemporaine et à l’accompagnement de chanteurs. Jouer de la musique de chambre ne veut pas dire qu’on se limite au répertoire classique. On peut jouer de la variété », a souligné Baptiste Gibier. Le Quatuor IKI joue autant du Haendel et du Schubert que du Joplin ou des Beatles. En deuxième partie de soirée, l’ensemble du conservatoire de Tétouan, qui se produit pour la quatrième fois en Algérie, a interprété la nouba hidjaz machriki de la Ala marocaine ou musique arabo-andalouse. Le hidjaz machriki, qui est différent du hidjaz kabir et qui est l’équivalent de la nouba zidane en Algérie, est connu par ses sept touchia. La nouba marocaine contient cinq mouvements : el bassit, el kaim ou nessf, el btyaïhi, el derdj et el qodam.

El qodam contient le rythme le plus rapide, c’est le khlass algérien. El btyaïhi et el derdj marocains sont différents de ceux d’Algérie. Le malouf de Constantine partage avec la Ala marocaine la forme poétique du barwal. Dans les faits, les textes sont plus partagés que les formes mélodiques ou les modes avec les styles pratiqués en Algérie, en Tunisie ou en Libye. Le conservatoire de Tétouan a été créé en 1940. Il fait partie des 26 autres conservatoires que compte le Maroc. « En Algérie, il y a une cinquantaine d’associations qui enseignent la musique andalouse. Au Maroc, les conservatoires se chargent de cela, mais la musique andalouse n’est qu’une matière parmi d’autres. Cette musique est enseignée pendant dix ans. C’est le sens que nous donnons à l’école », nous a expliqué Mehdi Chaâchoo, dirigeant de l’ensemble de Tétouan et élève de Mohammed El Arbi Temsamani, ancien chef de l’orchestre de Tétouan.

Selon lui, la tétouania est un mode particulier dans la musique andalouse marocaine qui diffère de la Fassiya, par exemple. Le style de Fès, qui se réclame de l’Ecole de Cordoue, est plus classique. « Le style de la tétouania est proche de la tradition andalouse. Tétouan a été reconstruite à la fin du XVe siècle par les maures de Grenade qui ont fui l’inquisition espagnole. Leur culture et leurs traditions se sont mélangées avec celles du Maroc », a-t-il ajouté. Lundi soir, l’ensemble de Tétouan a chanté des poèmes de Boumediène Tlemçani, d’Abou El Hassan Charchouri, Omar Ibnou El Faridh et Sidi M’hamed El Haraq. « La musique andalouse s’est adaptée à tous les courants littéraires pendant des siècles », a précisé Mehdi Chaâchoo qui vient de publier un essai sur la musique Ala marocaine. Hier soir, un hommage a été rendu au maître du malouf libyen, feu Hassan Laribi, à travers un concert de l’ensemble dirigé aujourd’hui par Youcef Laribi, fils du disparu. A noter enfin, que la forte présence du public, lundi soir à la salle Ibn Zeydoun, a obligé les organisateurs à fermer les portes pour éviter un encombrement des allées, comme ce fut le cas dimanche soir. Rachid Guerbas a expliqué cette décision par la nécessité de respecter les normes de sécurité.(El Watan-30.12.09.)

 

***************************************

*1er festival de la musique symphonique`

L’événement a été étrenné par un concert de l’orchestre symphonique national. Les Algériens n’ont guère démérité, prouvant que la musique symphonique n’a pas de nationalité et que même sous nos latitudes, jouer de la musique peut s’avérer facile pour celui qui s’y adonne avec le cœur.

Plusieurs extraits de pièces connues ont été joués par les musiciens de l’orchestre, placés sous la houlette de Zahia Ziouani, une algérienne qui a fait toute ses classes à Paris. Mozart, Verdi, Bizet ont été revistés à l’occasion du concert de mercredi. Les Noces de Figaro, Nabucco, Carmen, œuvres exigeantes de ces musiciens disparus, mais dont les œuvres éblouissent toujours, furent jouées par les musiciens qui se « sont fait accompagner », à l’occasion, par la chorale et la cantatrice Catherine Manandaza venue de France. Le commissaire du festival, Abdelkader Bouazzara, ne cachait pas sa fierté de voir pareil événement se dérouler en Algérie. Il fera savoir, dans l’allocution d’ouverture, que ce premier festival est un événement qui réconciliera le public algérien avec une musique savante qui n’a pas eu les faveurs, convenons-en, des pouvoirs publics.

Ziouani est de ces musiciens algériens qui veulent faire changer les choses. Titulaire de plusieurs premiers prix (alto, musique de chambre, etc.), et diplômée de l’université Paris IV Sorbonne, Ziouani, la musicienne de 9-3 (numéro du département de la Seine-Saint-Denis à Paris) a été sélectionnée pour étudier la direction d’orchestre auprès du célèbre Maestro Sergiù Celibidache, en France et en Allemagne, affirment les « biographes » de cette jeune musicienne qui en impose. Par sa manière de jouer toute particulière. Chef d’orchestre principal invité de l’Orchestre national symphonique d’Algérie, celle qui dirigeait depuis 1996 l’orchestre symphonique Divertimiento a été récompensée en 2007 pour son parcours au Sénat français dans le cadre des « Trophées de la réussite au féminin » du ministère des PME-PMI.

Parmi les moments forts qui marqueront son activité artistique en 2010 et 2011, Zahia Ziouani dirigera, insiste-t-on, un programme de musiques françaises à la tête de l’Orchestre symphonique Divertimiento, le mercredi 17 février 2010, à la prestigieuse salle de concert de la Cité de la Musique ainsi qu’au Théâtre national d’Alger (TNA) en avril 2010. Ce théâtre, dont les planches furent désertées durant longtemps, a vu le passage de nombreux musiciens de renom : chacun présente une touche toute particulière de son pays. Les nombreux invités y trouveront leur compte durant la semaine que durera ce festival, dont le TNA sera le « théâtre ». Le programme du festival comprend des conférences et des master-classes, en plus des hommages à des musiciens algériens connus sur la scène artistique en Algérie. (El Watan-15.12.09.)


Actions

Informations



21 réponses à “Festival international de la musique andalouse-Alger”

1 2
  1. 5 01 2022
    Milagro Heldreth (04:11:38) :

    I wish to show my appreciation to this writer just for bailing me out of this type of instance. Because of surfing around through the world-wide-web and seeing tricks which were not productive, I believed my entire life was well over. Existing without the solutions to the issues you’ve sorted out all through the blog post is a serious case, and the kind which might have badly damaged my career if I had not noticed the blog. That know-how and kindness in dealing with the whole lot was excellent. I don’t know what I would’ve done if I hadn’t come upon such a stuff like this. It’s possible to at this moment relish my future. Thanks very much for your skilled and result oriented guide. I will not be reluctant to suggest your web sites to anybody who would like tips about this issue.

    https://letterballoons.net/balloons-i-just-really-love-them/

1 2

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Vous pouvez utiliser ces balises et attributs HTML : <a href="" title=""> <abbr title=""> <acronym title=""> <b> <blockquote cite=""> <cite> <code> <del datetime=""> <em> <i> <q cite=""> <strike> <strong>




évasion |
Généalogies |
vivreavec1handicap |
Unblog.fr | Annuaire | Signaler un abus | ANTI CORRIDA
| dartagnan
| Actualité de la Politique d...