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Les Français sont de mauvais négociateurs

30122009

*Ils ont sous-estimé leurs rivaux et ils ont mal évalué la situation….

La France perd un méga-contrat nucléaire aux Émirats, de l’ordre de 20 milliards de dollars

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**Le président sud-coréen Lee Myung-bak (au second plan à gauche), au côté de Cheikh Khalifa Ben Zayed al-Nahyan, l’émir d’Abu Dhabi, dimanche dernier pendant la signature du contrat. 
 

Les Coréens ont emporté ce contrat d’au moins 20 milliards de dollars face au consortium français emmené par EDF, GDF, Areva et Total. C’est une nouvelle déconvenue pour l’EPR.

coeur-C’est un revers pour la filière nucléaire française, qui a fait de l’EPR sa vitrine internationale. Dimanche (27.12.09.), le consortium mené par EDF et GDF Suez s’est fait souffler un méga-contrat pour la construction de quatre centrales nucléaires aux Emirats arabes unis. L’Agence émiratie de l’énergie nucléaire a préféré l’offre d’un consortium (incluant Samsung, Hyundai, Doosan Heavy Industries, Westinghouse, Toshibapour), dirigé par la compagnie sud-coréenne publique Kepco, pour un contrat de 20,4 milliards de dollars, première tranche d’une commande pouvant atteindre 40 milliards.

Rapidement, EDF, GDF Suez, Total, Areva, Vinci et Alstom ont «pris acte» de la décision émiratie…

La plupart des acteurs de la filière nucléaire française se battaient pour ce contrat depuis deux ans. En janvier 2008, alors que le président Nicolas Sarkozy menait une tournée dans les pays du Golfe, Areva, GDF Suez et Total avaient annoncé leur candidature pour la construction à Abou Dhabi de deux EPR (réacteurs nucléaires de troisième génération) d’une puissance de 1.600 mégawatts chacun, dans le cadre d’une alliance inédite. Puis EDF avait été appelé en mai à la rescousse afin de renforcer les chances de succès du projet français, handicapé par les déboires du chantier de l’EPR finlandais d’Areva.

C’est sur ordre de l’Elysée, qui a fait du développement du nucléaire civil une de ses priorités, que l’électricien était venu en renfort d’un de ses principaux rivaux dans l’énergie, GDF Suez. Il s’agissait alors pour EDF, opérateur du plus grand parc nucléaire au monde, d’apporter une simple assistance technique. Mais il devait finalement prendre la tête du consortium, avec le dépôt d’une nouvelle offre à la clé et des ajustements de prix, jusqu’à 10% moins cher, qui n’ont pas suffi.

Le contrat a été signé dimanche en présence du président des Emirats arabes unis, cheikh Khalifa Al-Nahyane, et de son homologue sud-coréen, Lee Myung-bak, en visite à Abou Dhabi. «Nous nous engageons pleinement […] à procurer de l’électricité aux Emirats en utilisant de l’énergie nucléaire sûre et pacifique», a déclaré le président de KEPCO, Kim Ssang-su. Il a estimé à 60 ans la durée de vie de

 Du coté français, avant même d’affronter la concurrence coréenne, EDF et ses partenaires se seraient tiré plusieurs balles dans le pied.

coeur- Jusqu’au bout, la filière française aura été prise de court à Abu Dhabi. Ses différents représentants s’attendaient à une décision pour le début de l’année prochaine seulement. Voire à un nouveau glissement chronologique pour un dossier qui, initialement, devait être tranché à l’automne. «Les négociateurs d’Abu Dhabi ont été décidément redoutables, soupire l’un des acteurs tricolores. Ils nous ont laissés dans le flou le plus complet. Certes, les rumeurs se sont accumulées – que ce serait un échec ou une victoire pour nous. En réalité, personne ne savait rien.»Aujourd’hui, le camp français est d’autant plus déçu que, de l’aveu général, le consortium qui réunissait EDF, Areva, GDF Suez et Total avait enfin trouvé son rythme de croisière. Chacun savait ce qu’il devait faire : EDF devait piloter la construction des futures centrales et GDF Suez leur exploitation. Cependant, ce partage des rôles a été long, trop long, à se mettre en place. EDF, dont la présence dans le consortium était instamment désirée par Abu Dhabi, a longtemps rechigné à se lancer dans la bataille. «Évidemment, si l’Élysée avait tordu le bras dès le début à EDF, notre offre définitive aurait pu être configurée beaucoup plus sereinement et surtout beaucoup plus rapidement», commente un autre acteur. Il n’est pas question pour autant de critiquer les pouvoirs publics : chacun, parmi les quatre entreprises françaises, salue en particulier le rôle de Claude Guéant, le secrétaire général de l’Élysée, qui a multiplié les initiatives pour décrocher le contrat.

 

En revanche, quand il s’agit de définir les responsabilités de ses coéquipiers, les langues se délient, chaque membre de l’équipe semble avoir sa part dans la défaite. Total aurait garanti, compte tenu de son implantation dans les pays du Golfe, qu’il n’y aurait pas d’appel d’offres. Archifaux, répond le groupe pétrolier, pour qui ses relations étroites avec les Émirats ne mettaient en aucun cas à l’abri d’une compétition sévère. «Les autorités d’Abu Dhabi sont beaucoup trop fins négociateurs pour décider spontanément d’avantager tel ou tel.» Quant à GDF Suez, il n’aurait preuve que d’un engagement proche du minimum syndical. De son côté, Areva aurait fait l’impasse sur un fonctionnement collégial par groupes de travail.

EDF, enfin : le champion français s’est décidé bien tardivement parce que la pression de l’État était forte. Il est vrai que le credo du groupe était que le Moyen-Orient n’entre pas dans son périmètre stratégique. Pourtant, comment imaginer qu’Abu Dhabi accepte de se priver d’une entreprise qui construit le prototype du réacteur nucléaire - l’EPR - que Paris cherche justement à lui vendre. Avant même d’affronter la concurrence, le camp français se serait donc tiré plusieurs balles dans le pied.

Le camp français a aussi mal évalué la situation. «Très clairement, nous avons sous-estimé nos rivaux, en particulier les Coréens, dont l’offre nous semblait n’être qu’un lièvre pour faire chuter nos prix. À la limite, c’est un peu comme si Abu Dhabi avait voulu un EPR au prix du réacteur proposé par Kepco», expose l’une des entreprises tricolores.

Aujourd’hui, l’histoire de l’appel d’offres français dans le Golfe est donc terminée. Cette histoire a été amorcée en 2006 avec la décision des Émirats de se doter d’une centrale nucléaire. Elle s’est poursuivie en 2007 avec Total qui sera le premier contact français sur ce dossier. Elle s’est ensuite intensifiée en 2008 – avec la mise en place du consortium – et achevée en 2009 avec l’échec de cette «équipe de France» du nucléaire. (Le Figaro-29.12.09.)

***un sérieux échec pour EDF

Abu Dhabi a opté pour la technologie coréenne contre celle de l’EPR français. Cet échec conduit à s’interroger sur la capacité des groupes hexagonaux à vendre le réacteur à l’export.

coeur- C’est donc un sérieux échec pour EDF, Areva, GDF Suez et Total. Au projet de réacteur nucléaire EPR présenté par les quatre groupes français, Abu Dhabi a préféré la technologie coréenne. Ce choc à peine encaissé, la filière nucléaire française est tenue à un exercice d’introspection. Quatre raisons peuvent expliquer cette défaite.• Le camp français était-il en ordre de marche ?

Oui, mais il s’est organisé et rangé tardivement derrière EDF. C’était pourtant un souhait des autorités d’Abu Dhabi que le groupe, qui exploite 58 réacteurs nucléaires en France, ait une place de poids dans le consortium. D’une manière générale, la candidature sud-coréenne a bénéficié d’être coordonnée par un interlocuteur unique, l’électricien Kepco. «Les messages passaient beaucoup plus directement», explique un bon connaisseur du dossier. C’est une leçon qu’il faudra retenir pour vendre des EPR à d’autres pays.

• L’EPR est-il trop cher ?

«Si nous perdons, ce sera d’abord pour une question de prix», soulignait encore la semaine dernière l’un des acteurs français du dossier. Depuis le début de la compétition, le prix de l’EPR est régulièrement considéré comme un obstacle. Même si aucun chiffre ne circule officiellement, le réacteur français serait environ 40% plus cher que le modèle sud-coréen. Sur le plan technologique, les deux outils n’ont rien à voir mais, à l’heure où la crise économique touche également les pays du Golfe, l’argument du prix a beaucoup pesé dans le choix.

• Le réacteur français est-il victime des critiques ?

D’un côté, le chantier de l’EPR d’Areva en Finlande accuse trois ans de retard ; de l’autre, trois autorités de sûreté (française, finlandaise et britannique) mettent en doute la sécurité du« contrôle commande» de la centrale du futur. Au cours des dernières semaines, l’EPR n’a pas été ménagé. Officiellement, cela n’a pas joué dans le choix des Émirats.

La réalité est plus contrastée. «Même si l’EPR est un bon produit, au vu des aléas normaux de la construction constatés en Finlande, les clients se méfient», souligne Lionel Taccoen, ancien d’EDF et auteur du Pari nucléaire français. Et d’enfoncer le clou : «La pause de seize ans des chantiers nucléaires d’EDF n’a pas permis à cette dernière la construction des premiers EPR sur notre sol, ce qui aurait réalisé le passage du prototype à la série. L’exportation est bien plus aisée ensuite.» À la décharge du camp français, beaucoup de considérations ont également joué à l’encontre de ce dernier.

• Dans la défaite, les quatre groupes français sont-ils logés à la même enseigne ?

Évidemment, non. Pour EDF, qui a rejoint le consortium français dans la dernière ligne droite, l’échec est moins dur que pour Areva, présent dans la compétition depuis le début. Pour GDF Suez, qui aspire à jouer dans la même cour qu’EDF, ce dossier montre qu’il reste encore beaucoup de chemin à parcourir.

Quant à Total, sa bonne connaissance de la zone n’a finalement pas représenté un avantage décisif.(Le Figaro-28.12.09.)

 

 







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