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Koffi Codjia suspendu par la CAF

4022010

Des sources proches de la CAF ont indiqué que la commission d’arbitrage au niveau de cette instance a décidé de suspendre définitivement l’arbitre Béninois Koffi Codjia.image

Codjia, qui avait officié la demi-finale entre l’Algérie et l’Égypte, a commis beaucoup de fautes et expulsé trois joueurs algériens. La même source a ajouté que le nom de l’arbitre Béninois, et en application de cette décision, sera rayé de la liste des arbitres africains pressentis pour officier les rencontres du mondial qui aura lieu en Afrique du sud l’été prochain.(04.02.2010.)

L’arbitre béninois Koffi Codjia, que les Algériens garderont toujours en mémoire, après l’arbitrage scandaleux lors de la demi-finale de la CAN face à l’Égypte, vient d’être suspendu pour une durée indéterminée par la commission de discipline de la CAF, rapporte le journal français l’Équipe. Les raisons de cette décision sont principalement liées à son arbitrage scandaleux lors de la confrontation ayant opposé l’Algérie à l’Égypte, vainqueur de l’épreuve, au cours de laquelle le béninois a affiché un parti pris flagrant pour les pharaons et ce, en brandissant plusieurs cartons rouges aux joueurs algériens, sans parler des erreurs et autres fautes imaginaires ayant conduit au naufrage des Verts et en même temps à la qualification de l’Égypte en finale de cette joute continentale. D’ailleurs, l’intéressé lui-même a fait son mea-culpa au lendemain de la rencontre, lors de son audition par la commission de discipline de la CAF. Selon notre source, Codjia a reconnu avoir commis beaucoup d’erreurs, notamment sur le premier carton infligé à Halliche, mais surtout d’être resté passif devant l’attitude du gardien de but Chaouchi lequel l’avait, pour rappel, quelque peu malmené suite au penalty tiré par Abd Rabou. ce sont les raisons pour lesquelles la CAF a décidé de sanctionner Codjia jusqu’à nouvel ordre.
On peut d’ores et déjà avancer que le béninois a perdu gros dans ce “scandale”. En effet, présélectionné dans la liste des arbitres africains susceptibles d’être retenus pour la coupe du monde, en compagnie de l’Algérien Mohamed Benouza, du Malien Koman Coulibaly, du Sud-Africain Jérome Damon et du Seychellois Eddy Allen Maillet, Codjia va voir la route pour le mondial bloquée, lui dont l’arbitrage a été décrié par de nombreux acteurs du football africain qui n’ont pas hésité à dénoncer les agissements “peu scrupuleux” de cet arbitre à la “solde” des équipes égyptiennes. Même le président de la CAF, Issa Hayatou, ne l’a pas épargné. On se rappelle, en effet, que le boss de la CAF a tiré à boulets rouges sur Codjia lors d’une conférence de presse, animée samedi dernier à Luanda, au cours de laquelle Hayatou s’en était pris ouvertement à l’arbitre Koffi Codjia, en critiquant sa prestation, lors de la demi-finale Égypte-Algérie. En utilisant des mots forts, le premier responsable de l’instance continentale avait qualifié l’arbitrage du Béninois durant ce match de “scandaleux”. “Il a commis beaucoup de fautes qui ont influé sur le cours du match”, avait-il affirmé lors d’une conférence de presse conjointe, tenue samedi à Luanda, avec le président de la Fédération internationale de football (Fifa), Joseph Blatter.
L’arbitre sud-africain, Jérôme Damon, ayant officié le quart de finale entre l’Égypte et le Cameroun (3-1 après prolongations), avait été également pointé du doigt par M. Hayatou.
Lors de ce match, l’arbitre avait accordé un but aux Égyptiens sur un coup franc direct d’Ahmed Hassan, mais le ralenti a montré que le ballon n’avait pas franchi la ligne. Le point commun entre les deux arbitres est le fait d’avantager la même sélection, à savoir l’Égypte. Sans commentaire ! (Liberté-04.02.2010.)

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Le président de la Confédération africaine de football (CAF), Issa Hayatou avait qualifié son arbitrage  » scandaleux » lors de la conférence de presse qu’il a animée à Luanda en marge de la présentation de la candidature du Qatar à l’organisation de la Coupe du monde 2018. 

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Les commentaires qui ont suivi la prestation du « chargé de mission » béninois n’ont pas laissé insensible le Camerounais. Ses proches collaborateurs, comme les observateurs, qui l’ont approché après la demi-finale Egypte-Algérie (4-0) au Tolatona (hôtel où réside la délégation de la CAF), ont tous noté « la grande colère du président qui n’a pas digéré les graves fautes commises par Gérôme Damon (Egypte-Cameroun) et Koffi Codjia (Egypte-Algérie) » qui, font-ils remarquer, « ont profité à l’Egypte ». Cette sortie du premier responsable de la CAF souligne parfaitement le malaise qui couve au sein de cette instance et plus particulièrement sur l’arbitrage « téléguidé à distance » par les Egyptiens qui, comme chacun le sait, est « contrôlé » par les influents égyptiens qui trônent dans cette instance. La sortie de Issa Hayatou a le mérite de recadrer les choses. Pour rappel, l’arbitre béninois a tout fait, jeudi dernier, pour faire « tomber » l’Algérie et dégager la voie à l’Egypte. Evidemment, cela n’aurait pu se faire sans la complicité du Malien Diakite, qui régente le corps arbitral africain sous l’œil vigilant de la cheville ouvrière de la confédération, c’est-à-dire son secrétaire général, l’Egyptien Mustapha Fahmi. Le choix de Koffi Codjia pour officier cette importante rencontre a laissé planer le doute sur les véritables intentions de Diakite, dès l’annonce de la sélection du Béninois. L’arbitre, avec qui l’Egypte (sélection et clubs) n’a jamais perdu en match officiel, possède l’art consommé de faire gagner le « favori » de ses maîtres. Au crépuscule de sa carrière internationale il a « assassiné » l’équipe nationale d’Algérie, sans aucune hésitation, ni crainte. Il sait qu’il est protégé. La « colère » de Issa Hayatou est-elle sincère ou de circonstance ?

Nul doute que sans la vague d’indignation soulevée par l’arbitrage scandaleux de Koffi Codjia, les critiques acerbes infligées à l’arbitrage africain lors de la CAN 2010 et la présence sur place de nombreux observateurs étrangers, le président de la CAF se serait abstenu de tout commentaire. C’est la spécialité maison. Un dirigeant d’une sélection victime d’une grave faute d’arbitrage durant le tournoi angolais dira : « La colère de Issa Hayatou résulte d’abord du fait qu’il a été mis en cause personnellement par les observateurs dans tout ce qui est arrivé ici en Angola, et les graves erreurs d’arbitrage qui ont influé sur les résultats des matches ont terni son image auprès des dirigeants et instances internationales invités en Angola. Koffi Codjia lui a donné le coup de grâce en direct et sous les yeux de centaines de millions de téléspectateurs du monde entier. Pour toutes ces raisons, Issa Hayatou s’est départi de son ‘‘légendaire silence’’ pour dénoncer le parti pris de Koffi Codjia ». Cette affaire , certes,  ne rétablira pas l’Algérie dans ses droits, mais elle aura eu le mérite « d’ouvrir les yeux » sur le complot tramé contre l’Algérie.

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**NOUR BENZEKRI (ENTRAÎNEUR DE FOOTBALL)

  «Le niveau de la CAN était faible»

Coach à la très forte personnalité, Nour Benzekri, après une saison au NAHD, a décidé de se retirer à nouveau du monde du football malgré de très nombreuses sollicitations.
Il a même refusé le poste de consultant au cours de la dernière Coupe d’Afrique des nations.
Afin de suivre les rencontres dans le calme et la quiétude de son domicile.
Dans cet entretien, il a accepté de nous livrer ses analyses sur le grand événement continental qui vient de s’achever.
Il revient également sur la situation critique du NAHD.
Rencontre avec un technicien expérimenté.
Quel est votre avis sur la prestation des « Verts à la CAN ?
Je pense qu’ils ont fait un parcours excellent avec comme cerise sur le gâteau, cette rencontre sublime face aux Ivoiriens en quart de finale.
Ce match référence contre la Côte d’Ivoire, les Algériens ne pouvaient pas le refaire contre l’Égypte ?
C’est toujours très difficile de refaire une prestation aussi brillante juste après.
D’ailleurs, avant le match Égypte Algérie, j’ai discuté avec des gens et je leur avais dit que ce serait la rencontre la plus dure et la plus difficile de la CAN.
Les égyptiens sont des revanchards et ils étaient super motivés contre nous.
L’Égypte méritait de se qualifier malgré l’aide l’arbitre ?
L’Égypte est une équipe expérimentée malgré la jeunesse de certains de ses éléments et surtout elle a un collectif qui est là depuis 2003 c’est à dire depuis cette fameuse Coupe du monde des cadets.
Et en ce temps là déjà, Shehata, l’actuel sélectionneur Égyptien était là.
En plus, les joueurs qui composent la sélection Égyptienne sont des locaux dans leur grande majorité.
Ils ont l’habitude de s’entraîner ensemble et de se regrouper quand ils veulent.
Chez nous, à un moment donné, Ali Fergani avait demandé à ce que nos joueurs locaux effectuent souvent des stages ensemble.
Mais sont-ils aussi talentueux que nos professionnels ?
Mais nos joueurs locaux sont bons, le problème c’est qu’ils ne travaillent pas assez faute de moyens.
On peut compter sur le bout des doigts les clubs nationaux qui ont des salles de musculation.
Quand on voit qu’il y a des formations qui disposent d’un budget de 20 millions de centimes par an et qui n’ont aucun moyen de récupération, cela fait mal au coeur.
Qu’avez-vous à dire sur le niveau de cette CAN 2010 ?
Je crois que le niveau a été plutôt faible sur tous les plans, que ce soit au niveau de l’organisation ou autres.
Bon, c’est vrai que l’Angola sort d’une guerre civile mais même sur le terrain la déception est venue de certains mondialistes comme le Cameroun par exemple.
N’est-ce pas inquiétant en vue de la prochaine Coupe du monde où les africains risquent de se faire balayer ?
Non, ce n’est pas inquiétant.
Il reste tout de même six mois avant le grand rendez-vous mondial et beaucoup de choses peuvent changer.
Mais il faut revoir profondément l’organisation de cette Coupe d’Afrique des nations.
Que suggérez-vous ?
La CAN ne peut plus chevaucher l’organisation d’une phase finale de Coupe du monde.
De plus en plus, les clubs employeurs vont exercer d’énormes pressions sur leurs joueurs africains.
Moi j’ai vu le match Algérie Côte d’Ivoire et quand il y a eu le tacle par derrière de Bougherra sur Didier Drogba, je me suis retourné vers mon fils et je lui ai dit qu’il n’allait rien faire en cours de ce match.
Cela veut dire que Drogba a hésité à se donner à fond dans ce tournoi ?
Oui et c’est logique parce que son gagnepain est à Chelsea.
Au contraire, quand il vient en sélection Ivoirienne, c’est lui qui ramène parfois de l’argent.
Donc, il n’a rien à gagner dans son équipe nationale.
En plus je crois qu’il est temps d’en finir avec cette organisation d’une Coupe d’Afrique des nations tous les deux ans.
Il faudrait l’organiser tous les quatre ans comme la Coupe du monde ?
Oui, quatre ans d’intervalle, ce serait plus raisonnable.
Quelles sont les forces et les faiblesses de la sélection Algérienne selon vous ?
La force de notre équipe nationale c’est son mental.
On n’a jamais vu nos joueurs avec une mentalité défaitiste, À chaque fois qu’on était mené au score, on n’a jamais eu peur.
C’est une sélection qui maîtrise bien son jeu avec une bonne défense centrale.
Quels sont les joueurs Algériens qui vous ont impressionné au cours de ce tournoi Africain ?
Au début, j’avais des doutes sur Ziani et Belhadj mais ensuite ils m’ont épaté.
Contre le Côte d’Ivoire, ces deux là ont été déterminants.
Bougherra et Halliche m’ont également impressionné et il y a aussi Metmour qui est pour moi le meilleur joueur algérien à l’heure actuelle sans oublier Hassan Yebda qui a été une véritable révélation dans ce tournoi.
C’est un bon groupe qu’il faudra débroussailler.
Que voulez-vous dire par débroussailler ?
Il y a des joueurs locaux ou ailleurs qui ont leur place dans cette équipe nationale.
Je vous donne un exemple.
J’aime bien notre football local et j’aimerais qu’on le développe.
Je dis qu’un Rabie Meftah se place dans cette sélection.
Pourtant sur le côté droit de l’EN, on a des insuffisances.
On prend Raho et on ne le fait pas jouer.
Il y a aussi Ziaya qu’on aurait dû faire évoluer plus souvent.
Où en est votre différend financier avec le CRB ?
J’avais déposé plainte en 2001 et ce n’est qu’en 2004 que j’ai été remis dans mes droits par la justice pour être remboursé par ce club.
Et quelle était le montant de la somme que vous devait le CRB ?
Trois cent quarante millions.
Donc en 2004, j’ai touché les deux tiers de la somme et il reste cent quarante millions et j’attend donc depuis plus de six ans pour avoir ce reste.
Et cette somme en 2004 valait beaucoup plus qu’aujourd’hui.
Alors qu’on me paye mon dû et je tiens à signaler que cela ne remboursera jamais ce que je devais percevoir en 2001.
cela dure depuis longtemps.
N’y a-t-il pas un autre moyen pour faire pression sur les dirigeants ?
Ecoutez, en 2007, j’avais bloqué le compte du CRB au niveau de la Ligue nationale de football pour que cette formation ne puisse pas encaisser ses droits de retransmission télévisée avant qu’elle ne s’acquitte de ses dettes envers moi.
Hélas, j’ai constaté que même les gestionnaires de la ligue ne joue pas le jeu puisque le CRB a continué à recevoir ses droits malgré ses dettes.
Et qu’allez-vous faire maintenant par rapport à cette affaire ?
Je ne peux rien faire d’autres qu’attendre mais je me réserve le droit de me pouvoir à nouveau en justice pour réclamer des dommages et intérêts.
Le Championnat national reflète-til les bons résultats de l’équipe nationale ?
Non pas du tout puisque l’équipe nationale est composée pratiquement de joueurs professionnels.
Toutefois, moi je suis pour notre compétition nationale et je pense qu’il faut le développer parce que nous avons une bonne pate en Algérie mais elle ne peut-être productive que si l’on met en place les moyens adéquats.
Parlons de votre équipe de toujours, le NAHD qui est pratiquement condamnée.
Cela vous surprend ?
Non, je ne suis pas du tout surpris.
La saison dernière, j’avais entamé un travail, mais l’équipe dirigeante d’aujourd’hui n’avait pas cessé de me mettre les bâtons dans les roues.
Aujourd’hui, ils recueillent ce qu’ils ont eux-mêmes semé.
Le destin tragique a été tracé par des gens qui sont sur place actuellement.
D’ailleurs je vous donne un exemple.
La saison dernière, malgré les nombreux huis-clos qui nous avaient été imposés, on avait fait un bon parcours relativement.
Cette saison malgré aucun huit clos, l’équipe est relégable.
Aujourd’hui, les supporters nahdistes regrettent ?
Cela vous fait plaisir ?
Aujourd’hui, je rencontre des supporters qui m’ont avoué que des gens les ont acheté la saison dernière pour nous faire du tort.
Cela me fait du bien de savoir qu’ils me regrettent mais cela ne va rien changer à la situation lamentable du club.
Pour vous le NAHD est un véritable gâchis cette saison ?
Oui, c’est un énorme gâchis.
Je n’en veux pas au président actuel qui est plutôt une victime mais son entourage est responsable de cette situation.
En tant que fils du Nahd, je me demande pourquoi ces gens là ne reconnaissent pas leur échec.
Et c’est toujours le technicien qui paye puisque le NAHD en est à son quatrième coach en une saison ?
Ce n’est pas en changeant constamment d’entraîneurs qu’on arrivera à une solution.
Ce sont plutôt ceux qui sont en place qui doivent être assez courageux pour se remettre et laisser d’autres à leur place.
Malheureusement ils s’entendent dans leur échec et ils promettent même une nouvelle occasion la saison prochaine.
C’est vraiment du n’importe quoi.
Comme s’il était aussi facile que cela de remonter parmi l’élite.
Les gens de la rue ne sont pas dupes quand même.
Est-il vrai que l’on est venu vous solliciter pour diriger à nouveau le NAHD Oui, il y a des gens qui sont venus me voir mais j’ai poliment refusé et ce qui m’a vraiment attristé dans cette affaire, c’est que la saison dernière, il y a eu des banderoles hostiles à mon égard la saison dernière et a ce moment là aucune autorité civile n’est venue les décrocher.
C’était surtout de la manipulation ?
Oui, mais on est dans un pays souverain qui a des lois et une autorité.
Mais si ce sont les gens de la rue qui font la loi, cela devient la loi de la jungle.
On m’insulte et on me traîne dans la boue et il n’y a aucune enquête.
Alors, je ne sais pas si on avait envie de m’écarter.
Que des vagabonds m’insultent alors que je suis un honnête homme, cela je ne l’ai jamais supporté.
D’ailleurs, c’est pour cela que j’ai refusé toutes les propositions des clubs parce que je suis vraiment dégouté.
Mais c’est l’environnement violent du football ?
D’accord mais pas à ce point.
Il y avait même des gens qui sont venus m’insulter ainsi que mes enfants près de chez moi sans qu’aucune autorité n’intervienne.
Cela veut dire que nous ne sommes pas protégés du tout.
J’insiste sur ce point parce que si l’on veut faire progresser notre football, il faut qu’il y ait un minimum de sécurité pour ses acteurs et notamment les entraineurs en poste qui sont traités de tous les noms à chaque défaite.
Il y a tout de même une justice divine puisque après votre départ, le NAHD est tombé bien bas ?
Mais je ne me réjouis pas de voir ce club tomber si bas et je préfère la justice des humains contre les hommes et non pas que Dieu s’en mêle.
Je ne veux pas que mon club paye pour des gens qui ne méritent pas d’être là où ils sont.
Ils sont encore là à graviter autour de l’équipe.
Le NAHD à échoué mais les « Khalatines » ont réussi et c’est vraiment désolant.
Le club est pris en otage par eux et ils ne s’en sortira pas tant qu’ils seront encore là.
La reconnaissance de Rabah Saâdane est-elle une satisfaction pour la corporation des entraineurs Algériens ?
Oui, c’est une satisfaction.
Le fait que Saâdane ait réussi à la tête de la sélection nationale par rapport à ces prédécesseurs étrangers prouve que le technicien algérien à des qualités et une compétence qui n’ont rien à envier à ceux des autres pays.
Comme pour Hassan, la champion d’Afrique, l’Égypte est également dirigée par Shahata, un entraineur local ?
Oui, c’est une preuve supplémentaire qu’il faut faire confiance aux locaux.
Dans notre cas, toutes les satisfactions du football national ont été apportées par des techniciens du terrain et notamment Rabah Saâdane qui vient de nous qualifier pour une deuxième Coupe du monde après plus de vingt ans de disette.
Saâdane est parfait ?
Rabah Saâdane est l’homme qu’il faut pour poursuivre la mission à la tête de l’équipe nationale.
Je pense tout simplement qu’il faudrait qu’il ait un staff technique encore plus étoffé.
Quel est son défaut selon vous ?
Bon, je crois qu’il n’a jamais eu une autorité suffisante sur les joueurs et je pense que ce n’est pas un défaut.
Chaque entraineur à sa propre personnalité et Saâdane à la sienne.
En tout cas, moi je le soutiens et je le félicite pour son travail et ses résultats.(Le Courrier d’Algérie-04.02.2010.)

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***Ils ont perdu, ça ne fait rien…

Ce fut une punition, une fessée bien douloureuse. Si, si, ne me dites pas le contraire. Bien sûr, oui, il y a eu cet arbitre béninois qui a pourri la demi-finale de football entre l’Equipe nationale (EN) et l’Egypte en Angola. Un pauvre type dépassé dont il se dit, ici et là, que ce match lui a permis de préparer au mieux ses vieux jours. Bien sûr, oui, il y a eu aussi l’habituel comportement fécal d’une équipe égyptienne dont la valeur intrinsèque devrait pourtant lui éviter de simuler et chicaner en permanence pour se mettre les arbitres dans la poche. Mais tout cela n’empêche pas de reconnaître que ce fut une raclée, une « tréha », qui restera certainement dans nos mémoires et qu’il faudra effacer un jour ou l’autre. Sur un terrain de foot bien entendu et de manière pacifique.

 Mais ce n’est peut-être pas le plus important car un enseignement inattendu est offert par cette campagne angolaise. Il y a quelques mois, évoquant une possible élimination des Verts des éliminatoires de la Coupe du Monde, nous étions nombreux à craindre que la jeunesse algérienne, soudain privée de rêve et d’exutoire, lasse de trop de frustrations et de désespérance, ne mette le feu dans les rues du pays. Et cette crainte s’est répétée pour la Coupe d’Afrique des Nations (CAN). C’était une erreur. Des émeutes viendront peut-être à l’automne prochain, quelques semaines après l’extinction des dernières lumières en Afrique du Sud, mais il n’en demeure pas moins que la déroute des Verts à Benguela a eu d’autres conséquences.

 J’avoue en effet avoir été complètement surpris par les manifestations de joie qui ont suivi ce match perdu contre les « Pharaons ». Je crois même que c’est la première fois que des joueurs de football algériens sont accueillis en vainqueurs malgré la défaite. Souvenez-vous de cette équipe de légende qui a battu la RFA et le Chili lors de la Coupe du Monde de 1982 et qui est revenue au pays de manière quasi-clandestine, obligée d’atterrir à la base militaire de Boufarik pour ne pas se faire lapider par un peuple versatile.

 Qu’est-ce qui a changé ? Les Algériens sont-ils soudain devenus indulgents vis-à-vis de la défaite ? Faut-il alors s’en inquiéter à l’heure où, dans le monde entier, il n’est question que de « culture de la gagne », de performance et de dépassement de soi ? Pas si sûr car cela n’a rien à voir. Il s’agit en fait d’une histoire d’amour. Une histoire entre les Algériens et leur équipe et peut-être même entre Algériens tout court. Une idylle née le 18 novembre dernier et que personne ne pouvait prédire il y à peine un an. Vu de Paris, il y avait quelque chose de déroutant – et d’émouvant – dans ces images de grappes humaines défilant dans les rues d’Alger, d’Oran ou de Constantine et chantant « Khadra ‘azizti » malgré la cuisante douleur infligée par quatre à zéro.

 « Ça ne fait rien. Ils ont perdu mais on les aime quand même ! » sanglotaient quelques faces bien viriles au son des klaxons et des youyous. L’amour… En novembre dernier, après la victoire de l’EN à Khartoum, j’écrivais que la jeunesse algérienne avait un besoin urgent d’une grande cause mobilisatrice et qu’il fallait que nos décideurs en tiennent compte (*).

 Cette fois-ci, je me rends compte – excusez ma naïveté et n’allez pas penser que je suis soudainement devenu fleur bleue – qu’il est aussi question d’amour ou, à défaut, d’affection.

 Peut-être que le football vient de nous révéler que les Algériens, instruits par la terrible expérience des années de plomb, ont enfin envie de s’aimer les uns les autres. A deux ans du cinquantième anniversaire de l’indépendance, il était temps que cela arrive. Mais là aussi, il est à craindre que cette offre d’amour ne soit ignorée pour ne pas dire méprisée par ceux qui ont la charge du pays. A leur décharge, il faut reconnaître que l’amour et la passion ne se commandent pas et qu’ils suivent des méandres mystérieux que les politiques ignorent mais que le football arrive parfois à emprunter.

 Terminons par les moments qui ont suivi la défaite. Ce furent des instants d’abattement où il a fallu beaucoup de ressource pour résister à l’envie masochiste de zapper pour encaisser les délires chauvins des Egyptiens. Et puis, cadeau inattendu mais ô combien apaisant, Orange sports a proposé un documentaire sur les meilleures pages de l’histoire du football algérien. Pour cette CAN, les journalistes de cette chaîne, qui avait l’exclusivité de la retransmission, étaient pour la plupart en faveur de l’Algérie. Cela se sentait à leurs commentaires, à leur joie après le match contre la Côte d’Ivoire, à leur indignation et exaspération après la victoire égyptienne. Cela mérite d’être signalé : en France, il n’y a pas que de méchants journalistes qui cherchent à dénigrer notre pays, bien au contraire. Le documentaire en question fut un véritable baume au cœur. Nous avons eu droit à l’histoire du Mouloudia d’Alger (MCA), à celle de l’équipe du FLN qui, selon le commentaire audio, « symbolisait à sa façon la lutte contre le colonialisme et ses injustices » – étrange sensation que d’entendre ces propos sur une chaîne française. Evoquées aussi les médailles d’or des Jeux Méditerranéens (1975) et Africains (1978) ; l’historique et épique victoire du MCA contre le Hafia Conakry en Coupe d’Afrique des clubs champions (1976) ; l’épopée de 1982 déjà évoquée ci-dessus et, avant elle, la naissance d’une grande équipe nationale lors de la Coupe d’Afrique des Nations de 1980 et, après elle, le titre continental de 1990.

 Merci donc à Orange grâce à qui le court sommeil dans la nuit du 28 au 29 janvier n’a pas été trop agité. Par contre, oublions vite le réveil et laissons-nous convaincre que d’autres pages brillantes seront écrites pour le plus grand bonheur de ceux qui aiment à chanter « Verte, ma chérie. » * Paris : Akram Belkaid. (Le Quotidien d’Oran-04.02.2010.)  

(*) Un moment Algérien, 26 novembre 2009.

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Le coeur au service des couleurs

par Remmas Baghdad *

Koffi Codjia suspendu par la CAF  spacer

Qu’elle était douce et belle cette soirée du 24 janvier. Le troisième but signé par Bouazza propulsait directement l’EN en demi-finale. Nos onze valeureux guerriers ont rabaissé la cote de l’ivoire en bourse des transferts. Non que cette équipe galactique ivoirienne était faible mais plutôt l’adversaire du jour qui était trop fort. De nombreux spécialistes ont cette manie d’aménager les grandes équipes dans leur analyse pour ne pas perdre la face. Or ce qu’on a vu en cette soirée, une formidable équipe algérienne soudée dans tous ses compartiments physiques, tactiques, techniques plus un mental hors norme. La victoire algérienne est largement méritée. On a beau chercher des points faibles à notre équipe, on ne trouvait pas grand chose, hormis peut-être cette frilosité qui caractérise les Verts durant les premières minutes des rencontres.

 Ce que les spécialistes tentent de tempérer c’est cette nouvelle donne qui fait son apparition dans l’échiquier mondial du foot-ball et qui les désarçonne. Un onze appliquant un football total où l’on ne distingue plus l’attaquant du défenseur. L’amour des couleurs, une volonté à outrance et la ténacité dans le jeu sont les trois nouveaux paramètres que les spécialistes ont tendance à mettre au placard de la subjectivité quand il s’agit de rigueur tactique. Ces qualités intrinsèques viennent d’être mis à jour par cette pléiade talentueuse. La déclaration de ‘Magic’ après le match est lourde de sens et, est en somme révélatrice d’une détermination sans précédent qui imprègne le groupe. Pas de Christiano ni de Messi qui prédomine. Cette philosophie du groupe est l’arme absolue de cette équipe. Elle tranche carrément avec ces lectures de rigueur dans la discipline tactique. Arrêtons de nous gargariser sur ces systèmes tactiques colportés ça et là. 3-5-2 ou 4-5-1 en se donnant des airs de spécialistes. Ce qu’on n’a pas encore saisi est que cette équipe a une seule tactique que je nommerai 10-10-10. La preuve par quatre, deux buts marqués par des défenseurs (Halliche Bouguerra) et deux buts marqués par des attaquants ( Bouazza, Matmour) dans cette coupe d’Afrique. Ceux qui continuent à croire que nous n’avons pas d’attaque se trompent lourdement. Sinon comment expliquer cette bourrasque d’occasions de but qui s’est abattue sur la défense ivoirienne ce jour là. Ce n’est plus une question de placement dans le terrain mais tout simplement une nouvelle vision du foot-ball qui a carrément épuisé tous les schémas tactiques possibles. Le meilleur est à venir.

 Notre équipe a démontré que le foot-ball moderne d’aujourd’hui doit se baser sur un nouvel esprit d’équipe surtout quand il s’agit de défendre les couleurs nationales. La discipline, les individualités ou la tactique ne suffisent plus si l’on n’est pas animé d’une passion pour son pays et ses couleurs qui dépasse carrément ces calculs d’épiciers concoctés par les techniciens du tableau noir. Les supporteurs ivoiriens ont ressenti la hargne de vaincre dans le jeu de cette équipe algérienne en comparaison avec la leur. De plus moult techniciens s’accordent à dire que cette équipe peut battre n’importe quelle équipe au monde avec cet état d’esprit. Nous ne pouvons égaler les grandes nations de foot-ball dans la rigueur tactique mais nous pouvons les dépasser dans cette philosophie du groupe. Les joueurs de l’équipe nationale ne fonctionnent pas comme des individualités et n’ont pas de meneur de jeu précis. L’initiative est collective, spécificité qui est devenue sa force depuis ce fameux match d’Oum Dorman. On n’arrive pas à discerner un leader dans cette équipe. L’harmonie de ce groupe solidaire est sans conteste son apanage. De plus elle tisse avec ses supporteurs une communion passionnelle sans limites. Bouguerra confesse qu’en marquant le but du deux à deux contre les Ivoiriens, il avait vu la liesse et la joie du peuple algérien. Ce public est le véritable stimulant moteur de cette équipe dans toutes ses entreprises.

 Contre les Pharaons il y avait non-match, Coffi « la combine » du COCAN en a voulu ainsi. L’arbitre a brandi toutes les couleurs de sa réserve de cartons pour stopper net la furia verte. L’unanimité de la presse nationale et internationale de la mascarade de Kodja lors de ce match contre l’Egypte a été obnubilée, au nom d’un panarabisme vicié, par certains de nos spécialistes commentateurs et consultants expatriés aveuglés il est vrai par une objectivité aux relents « conditionnés» aux exigences de leur tutelles et qui s’empressaient en cette soirée mouvementée du jeudi à verser ou plutôt déverser des palmes d’éloges au vainqueur du jour laissant le commun des mortels pantois devant ces volte-face grotesques.

 Un air de regret CAFtée émanait des propos du président de la commission d’arbitrage de la CAF « Les arbitres n’ont pas donné un coup de pouce à l’Egypte sinon elle serait au Mondial » Ce qui sonne à peu près comme ceci : les arbitres auraient dû ou pu le faire mais ne l’ont pas fait ou une façon de dire que c’est des choses qui se font au niveau de cette commission d’arbitrage. D’autant plus que trois finales de suite sans qu’il y est qualification au mondial pour les Pharaons, c’est plutôt renversant comme parcours !!! et fait montrer que les coups de pouce de cette instance contribuent grandement à ces sacres continentaux. Plus flagrant et clair cela fait des années que la CAF est au Caire. Il est temps que les pays africains mettent fin à la main mise égyptienne sur les instances footballistiques du continent en délocalisant d’abord son siège de cette ville puis de penser à extirper son secrétariat des mains de la dynastie Fahmi. Le poste de SG s’hérite de père en fils sans que les membres de cette instance fédérale s’en offusquent.

 Depuis 1961 la CAF est une généalogie égyptienne qui a permis aux différentes équipes égyptiennes de rafler ou plutôt usurper des titres à leur adversaire. La recette est simple : désigner un jeune arbitre de préférence d’origine d’un pays pauvre d’Afrique et lui miroitait maintes promotions à condition d’aider en mettant la main à la poche des cartons et siffler à tout bout de terrain ou dans les carrés adverses en faveur de ses parrains égyptiens. Aujourd’hui l’Afrique se réveille pour constater les dégâts mais consciente que désormais cela ne se reproduirait plus. Les Camerounais et les Algériens ont déjà assimilé la leçon de ces « art- pitres ».

 Notre équipe nationale a réalisé un match homérique contre la Côte d’ivoire c’est son match-référence qui devrait se renouveler dans les joutes mondiaux. On avance dans la dynamique des victoires, mais il est dit aussi qu’on apprend à faire la fête dans la défaite. Une attitude qui contraste avec celle du 18 novembre dernier à Khartoum, la victoire des Verts sur ces mêmes Egyptiens avait provoqué une réaction carnavalesque des médias et des officiels de ce pays. Les Algériens ont montré qu’ils sont sportifs et fair-play et capable d’accepter les défaites même les plus injustes en football. Une fidélité sans faille et sans retournement de veste aux vaillants verts est impérative car ils nous ont déjà offert le meilleur avec le coeur. (Quotidien d’Oran-04.02.2010.)

* Universitaire-Saida

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Chrono Can 2

par Si Mohamed Baghdadi

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Rideau sur une Coupe d’Afrique chaude, humide et grisailleuse à souhait, sans génie ni gloire. Une coupe d’Afrique qui se termine par la victoire annoncée d’un team égyptien, enfant chéri d’arbitres aux insatiables mangeoires et d’une CAF sous emprise pharaonique depuis un demi-siècle.

Sâadane avait dit que le match Algérie-Egypte allait se jouer sur un détail. C’était ne pas compter avec un arbitrage honteux qui fut le «gros détail» qui a tout faussé au cours de cette Coupe d’Afrique, où nous avons assisté à la naissance d’une jeune et grande équipe d’Algérie. Les Guerriers du Désert viennent enfin de prendre la relève des Fennecs d’il y a un siècle.

A la recherche d’une âme perdue C’est Hocine qui a du exulter comme des millions d’Algériens au coup de sifflet final de ce match contre la Côte d’Ivoire, épuisant pour les nerfs et les cœurs, dramatique au plus haut degré. Une vraie tragédie grecque sous un ciel africain. Comme nous tous il a du trépigner, puis exploser à chaque but marqué par les nôtres. Il a du houspiller tel joueur, éructer contre tel autre, maudire Matmour et Ghezzal pour avoir raté deux occasions en or. Deux occasions qui auraient sonné le glas d’une Côte d’Ivoire flamboyante en début de partie, puis qui finit par lâcher prise au cours du temps additionnel. Au fur et à mesure que le temps fuyait inexorablement l’emprise de l’équipe algérienne, conquérante et soudée même lorsqu’elle était menée, continuait à se faire sentir. Jusqu’à cette tête «magique» grâce à laquelle un Bougherra rageur envoya la balle au fond des filets du gardien ivoirien médusé et désespéré. Comme s’il s’agissait d’une revanche à prendre sur quelques criticasseurs aux dents creuses ou sur le sort, contraire aux espoirs d’une équipe qui rame depuis deux années, contre vents et marées. Une fois de plus la délivrance est venue à l’ultime envolée du pied ou de la tête d’un défenseur inspiré et d’un Ziani, distributeur parfait.

 A chaque but, les lignes téléphoniques et les portables vibraient et s’embrasaient. On se téléphonait d’un bout à l’autre du pays, et peut-être même au dehors, pour partager cette joie éphémère, d’un but marqué avec panache, l’angoisse d’un coup du sort inattendu et le plaisir de se retrouver face à une grande équipe née dans la douleur et la contestation, parfois la détestation autour d’un homme qui, malgré le roulis et les vagues contraires, sut maintenir le cap.

 Incroyable pari tenu, les fennecs venaient de terrasser les éléphants et de gagner leur surnom de guerriers du désert. Ils prouvaient à tous les détracteurs de Rabah Saâdane qu’il y a une sacrée différence entre une feuille de papier ou un clavier et le terrain de la seule vérité qui tienne la route ; celle de l’effort généreux, de la sueur et du sang. Car la bataille fut rude, intense et acharnée. Voilà donc les pendules remises à l’heure jusqu’au haut des pyramides de Guizèh et de la rue du Caire. Non, la qualification au Mondial n’était pas usurpée. Elle fut l’œuvre d’une équipe enfantée dans la douleur de critiques injustes et, au début, de la lointaine indifférence des pouvoirs publics qui, ayant découvert le pactole politique qu’elle pouvait constituer, ont rectifié le tir et se sont mis sur les rangs.

 C’est ce que l’on appelle de la récupération. Comme quoi, voler au secours de la victoire, il n’y a rien de plus politicien.

 Une équipe dont les joueurs se découvraient à chaque rencontre, dont les mécanismes et la cohésion s’amélioraient au cours de chaque confrontation. Elle a su découvrir à l’issue de chaque bataille, ce supplément de cœur qui fait les grandes équipes. Une équipe qui a pu, au fil des matches, se forger une âme face à l’adversité et aux incompréhensions. Et qui, selon les prévisions de son entraineur, est montée progressivement en cadence en trouvant ses repères et en inventant les coups de génie qui font une grande équipe. L’entraineur était à la recherche d’un fond de jeu. Ses joueurs l’ont trouvé et le lui ont offert au cours de ce match du courage et de la dignité. Saura-t-on le conserver et le bonifier ?

 Le temps de la dignité et de l’éveil

Ce soir, l’Egypte vient de se qualifier et de se dresser encore une fois sur notre route pour une suprême confrontation. Celle de la vérité voulue par les dieux du football qui viennent de consacrer l’ascension du jeune Gedou, un attaquent percutant et opportuniste comme devraient l’être tous les avants centre. Je pense à Ziaya qui me paraît avoir le même profil. Mais aura-t-il la même chance, celle de jouer assez longtemps et de prouver ce qu’il est réellement. Le match de jeudi nous le dira.

 Tout le monde ne parle que de la qualification en demi finale. Plus rien d’autre n’existe. L’horizon des algériens semble irrémédiablement bouché par un immense ballon de foot ; et lorsque certains se risquent à parler de politique, des choses simples et prosaïques de la vie de tous les jours, ils sont regardés de travers. Comme si parler du réel était une injure, une intrusion dans la bulle magique et doucement anesthésiante que les dieux de la balle ronde envoient périodiquement aux hommes pour leur faire oublier le poids de leurs soucis.

 Cela ressemble à l’histoire de la trêve des jeux olympiques anciens, où les cités en guerre rangeaient leurs armes le temps de la durée des jeux. Mais nous ne sommes plus aux temps de la Grèce antique. Les dieux de la balle ronde ne peuvent faire oublier les grèves des travailleurs de la SNVI, des médecins et des hospitaliers, les victoires syndicales comme celle remportée par les 31 travailleurs de l’Enad de Sour El Ghozlane injustement licenciés. Mais aussi les trahisons syndicales comme celle de la section de cette même entreprise dont le responsable n’a rien trouvé de mieux que de fomenter une grève pour s’opposer à la réintégration de ceux qu’il aurait du défendre. Comment oublier aussi, Ahmed Badaoui, ancien secrétaire général du syndicat des douanes, qui entre dans la cinquième année de son arbitraire licenciement, sans salaire et sans droits. Et cela ne fait rougir de honte aucun administrateur ni aucun syndicaliste digne de ce nom. Et dire que l’on se targue d’être dans un Etat de droit.

 Les scandales de la corruption se suivent et se ressemblent, mais n’émeuvent plus grand monde, tant la société a l’impression que cela se déroule dans un autre monde. Le monde où une juge reçoit en plein visage la gifle d’un «j’assume» triomphant et provocateur, et qui, comme Jésus, tend l’autre joue pour absoudre le contrevenant. Mais la société est consciente d’avoir perdu bien des valeurs et que ces jeunes footballeurs seraient en train de lui restituer. Elle sait qu’elle vit dans un monde où la «heffa», la chipa, la «khatfa, le «tag âla men tag» et mille autres truanderies et incivilités en tous genres, sont devenues son lot quotidien. Un peu comme du temps de la Rome des Césars, décrite par Juvénal dans ses satires. Lorsque les foules mécontentes et affamées grondaient, César se contentait de donner du «pain et des jeux» – «panem et circences». Même si la nature des problèmes a changé, au fond, les modes de gouvernance n’ont guère évolué.

 Ce que l’équipe nationale a fini par révéler bien malgré elle – et dont elle même a fini par prendre conscience – c’est non seulement le trop plein de dignité et d’amour du pays, mais essentiellement, le fait que les gouvernants devront désormais compter avec une jeunesse qui ne s’en laissera plus conter. 

La mémoire de toutes les résistances

Les commentateurs sportifs nous ont appris que Saâdane était à la recherche d’un match référence. Ils pensent qu’il l’a trouvé avec ce Côte d’Ivoire – Algérie d’anthologie. Un match historique. Mais sans plus ; parce qu’aucun match ne ressemble à un autre. Il ne fait qu’attester qu’un niveau de jeu vient d’être atteint. Il faut savoir garder les pieds sur terre comme le dit avec humour, Ahmed Halli.

 Un match de football ou de tout autre sport collectif est une création éphémère susceptible certes d’être mise en boite pour usage didactique, par la suite, sous forme de CD ou de DVD. Mais c’est une production unique, une sorte de chef d’œuvre que rien ni personne, même les joueurs qui l’ont enfanté dans la douleur et/ou la joie, ne peuvent reproduire à l’identique. Un match qui entre dans l’histoire du football algérien comme celui de 1982 contre l’Allemagne. C’est probablement à ce titre que Saâdane parle de référence. Un repère historique qui va nourrir la mémoire de générations de footballeurs et de téléspectateurs. Dont la résonance sociale sera limitée dans le temps, mais dont l’impact culturel pourrait être de longue durée, puisque il ira alimenter la mémoire de toutes les résistances et le souvenir de toutes les dignités que certains ont voulu bafouer.

Revenir à l’essentiel et au fondamental

Cette coupe d’Afrique des Nations offre à tous les amoureux du sport l’occasion de s’interroger, une fois de plus, sur l’état de développement de l’éducation physique et du sport, dans notre pays. Cette chronique est certes consacrée à la CAN mais elle nous permet aussi de réfléchir à l’ensemble d’un système et de témoigner lorsqu’il le faut. Cette fin de semaine au cours de mon footing j’ai fait une rencontre singulière.

 Sur les parkings du stade olympique, Sid Ali, sept ans, roule comme un virtuose sur son petit vélo. Déhanchements étudiés, changements de rythme, accélérations puis déroulé en souplesse. Un vrai régal pour l’œil. Ce petit bout de chou, casque sur la tête et survêtement noir, joue avec délice avec son vélo. Pour lui, c’est un jeu sérieux. Dans sa tête, il se voit déjà champion, et rien d’autre. La preuve, son entraîneur est un ancien champion cycliste de la trempe des Hamza qui ont fait les beaux jours du cyclisme algérien. D’ailleurs, la section de la SOVAC à laquelle il appartient est dirigée par Hamza Madjid, son idole. Le patron de la SOVAC, Khider Oulmi, est un jeune entrepreneur de 45 ans qui, dans sa jeunesse, a tâté du vélo au contact de la famille Hamza. Il a gardé en lui les traces de cette griserie de la vitesse que l’on crée par soi même et en soi, du goût de la course et de la saine compétition qui nous pousse à chercher nos limites et tenter de les dépasser. La section à laquelle il fournit tous les moyens de s’exprimer et de se développer : vélos, survêtements, voitures suiveuses lorsque l’entrainement se déroule sur route, forces humaines et autres, est forte d’une soixantaine d’enfants. Ce que j’en ai compris, c’est qu’il considère que tout cela ne lui appartient pas.

 C’est un don fait aux enfants et aux jeunes de son pays pour les aider à grandir sainement. La phrase si souvent citée, «mens sana in corpore sano», «un esprit sain dans un corps sain», est de ce même Juvénal que j’évoquais plus haut. Un bien qu’il restitue à ceux qui ont enchanté son enfance et sa jeunesse. Tout en regardant les jeunes évoluer, j’ai eu un échange avec Farouk Hamza et Said Kadi tous deux entraineurs des jeunes de la section. Et j’ai compris que la section était un peu le prolongement d’eux-mêmes et de leurs rêves d’antan. Aujourd’hui, le rêve, pour eux, est de voir l’un des enfants, et pourquoi pas notre petit Sid Ali, devenir un jour champion du monde.

 Ils savent, au fond d’eux-mêmes, que cette section de cyclisme n’a rien d’extraordinaire dans un pays normal, que c’est un passage obligé vers la performance, la consécration et pourquoi pas la gloire. Mais ils savent aussi que ce travail fondamental se fait de moins en moins chez nous.

 C’est ce qui explique que notre équipe nationale de football est composée pour l’essentiel de professionnels et de ce fait met en évidence les carences de l’organisation de l’éducation physique et du sport d’abord à l’école et, de manière générale, au sein de l’ensemble de l’organisation sportive et de la société. Il ne faut pas, et cela a été dit à plusieurs reprises, que cette équipe soit l’arbre, vigoureux certes, qui cache le délabrement de la forêt, du sport national.

Les larmes de Samia et de milliers d’enfants

Le jour du match contre l’Egypte, Aicha, professeur de maths dans un CEM, vient de rentrer du travail. Elle est fourbue. Entre les élèves intenables aujourd’hui, à cause du match, la circulation et les transports bondés, les klaxons des voitures, elle a les nerfs à fleur de peau. Heureusement que sa fille Samia, onze ans, est déjà rentrée ; et que sa mère a préparé le repas.

 Dehors, toutes les rues se sont lentement vidées, comme un corps se vide de son sang. Aicha est ahurie par le phénomène que vit le pays depuis le début de cette coupe d’Afrique.

 Comment un simple match de football peut-il produire de pareils effets ? Invraisemblable ! Samia, est déjà devant la télé, depuis un bon moment. Elle reprend en chœur avec les chanteurs de clips, les «ouane tou tré viva l’aljéré : «Tu vas voir maman nous allons battre les Egyptiens, ils nous ont tellement insulté !» Aicha, son côté éducatrice revenant à la surface «Mais ce n’est qu’un match de football, ma fille !».

 Le repas vite avalé elles attendent le coup d’envoi. Aicha, recrue de fatigue, après avoir entendu les hymnes nationaux et vu les premières minutes, sombre dans un profond sommeil.

 Le match est terminé de puis quelques minutes. La sonnerie du téléphone la réveille. Elle cherche à tâtons.

 Samia lui tend le portable. Elle a le visage inondé de larmes. Elle pleure en silence. Hébétée Aicha ne comprend pas.

 -Mais que se passe-t-il ma fille?

-Nous avons perdu maman… nous avons perdu… et sa voix d’enfant se perd en sanglots déchirants.

 Le reste vous le connaissez. Des milliers d’enfants comme Samia ont du pleurer toutes les larmes de leur corps. Des enfants dont ne parle presque jamais et dont on oublie la souffrance. Des enfants qui cachent leurs larmes et pleurent en silence parce qu’ils ne savent pas ce que les grands vont penser d’eux. Est-ce que nous y avons pensé le jour de la débâcle provoquée par un arbitrage indigne d’une Coupe d’Afrique ?

 Des enfants qui ne connaissent de l’histoire de leur pays que ce qu’ils en apprennent à l’école ; l’histoire vraie, réelle pour eux, commence avec les combats que livrent les guerriers du désert. On leur parle de moudjahidine et pour eux ces onze joueurs, sur un terrain de football, ce sont leurs moudjahidine.

 Cela parle bien mieux à leur imagination. Nos enfants et nos jeunes sont en train de construire une nouvelle Algérie, leur Algérie qui a les couleurs des emblèmes dont ils se drapent, des tricots au sigle de leur héros. Et cela me fait penser au dessin de ce caricaturiste tunisien de la nouvelle télé Nessma, légendant son dessin du jour : «Egypte 4, Algérie, des héros».

 Pour nos enfants leurs héros, leurs idoles ce sont les joueurs de l’équipe nationale de football.

 C’est la raison pour laquelle, s’il y avait un match à gagner, sur le terrain et en dehors, c’était bien celui-là, pour faire taire, définitivement, toutes les contestations.

Et maintenant que vais je faire ? L’heure des bilans a sonné Maintenant, la CAN est terminée pour nous, avec la défaite pour la troisième place, mais pleine d’enseignements pour la coupe du monde ; c’est ainsi que tout le monde se console. Je ne parlerai pas de l’arbitrage de la honte, conséquence de l’hégémonie de l’Egypte sur l’administration de la CAF. Ni de notre exécrable politique sportive extérieure menée par des pouvoirs publics dont le seul objectif est de casser les cadres qui parviennent à s’imposer au niveau international. Un exemple récent pour illustrer notre non politique. Le poste qu’occupait Kamel Guemar à la tête du Comité International de l’EPS de l’Unesco, créé en 1975 grâce à l’action offensive de l’Algérie. Nous venons de le perdre parce que nos pouvoirs publics n’ont pas voulu le reconduire, alors que les autres pays étaient prêts à lui renouveler leur confiance.

 Je ne parlerai pas non plus de la manière dont les politiciens se servent de l’image de l’équipe nationale et la vampirisent chacun à sa manière et selon ses intérêts. C’est de bonne guerre et il ne faut pas s’en plaindre, si cela doit aider le sport algérien à progresser ; mais de cela, je doute.

Désormais, il faut remettre les pieds au sol, et aborder l’incontournable : le temps des bilans. Il faudra ranger les émotions et les sentiments au vestiaire et se munir de l’intransigeant scalpel de la raison, pour dresser le seul bilan qui vaille, celui de la vérité. Sans complaisance vis-à-vis de qui que ce soit en interrogeant, un à un, les vecteurs de ce que j’appelle la Force 5.

Pour bon nombre de techniciens, la force globale d’une équipe est la conjonction organisée de la force physique, de la force technique et tactique, de la force mentale, de la force logistique et de la force de communication. L’équipe nationale n’étant la propriété de personne le bilan de la CAN devrait intéresser les techniciens de valeur de notre pays. Tous devraient donner leurs avis, de manière organisée, au sein des différents Collèges d’entraîneurs, et pas seulement sur les plateaux de télévision.

C’est par ce type de bilan que devrait commencer la préparation de la Coupe du Monde dont le programme a été déjà préparé par Sâadane dans ses grandes lignes, et qui doit être revu et affiné à la lumière des enseignements tirés de cette coupe d’Afrique. La politique de développement du football, celle plus générale du développement sportif national ont été décidées en vase clos, comme la politique de l’éducation qui intéresse tous les Algériens, alors qu’elles auraient mérité un plus large débat, puisque le foot est en passe de devenir la nouvelle religion du peuple. Comme toujours tout se décide pardessus sa tête.

 Une dernière remarque relative au faste politique et populaire avec lequel sont reçus joueurs et entraineurs à chacune de leur prestation. Cette mythification outre mesure a de quoi inquiéter.

 J’ai été soufflé le matin de l’accueil de l’équipe par la déclaration d’un étudiant à la télévision « J’étais là à cinq heures du matin et cet après midi j’ai examen à trois heures et demie… Mais l’équipe nationale passe avant tout ! » Incroyable mais vrai. Espérons qu’il a marqué quelques buts pardon quelques points décisifs pour son avenir. C’est comme si nous n’étions motivés et unis que par une balle ronde. Au Brésil, le football atteint probablement cette dimension mythique ; mais les Brésiliens sont en passe de devenir l’un des pays, dits émergents, qui pèse de plus en plus sur la politique- monde. Est-ce vraiment le cas de notre pays ?

 Post- scriptum – Le Coupe d’Afrique s’est terminée par la scandaleuse décision de la CAF ou de la FIFA, c’est tout comme, l’une étant aux ordres de l’autre – sanctionnant le football et les jeunes Togolais. Et non l’Etat Togolais, seul responsable du retrait de l’équipe d’Adebayor. Sans tenir compte de la mort de trois personnes et des blessures des autres que l’on a tuées et blessées une seconde fois. Comme si cela ne comptait pas pour Issa Hayatou et Blatter. Doublez et triplez vos 50.000 dollars d’amende, mais ne fermez pas les portes du football, qui ne vous appartient pas, à la jeunesse du Togo. Mon souhait est que tous les sportifs et dirigeants des Comités Nationaux Olympiques (ACNOA) s’élèvent contre cette injuste et indigne décision, en adressant à la CAF et à la FIFA, une motion de protestation. (Q.d’O. 04.02.2010.)

 







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