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L’Eglise catholique allemande fragilisée par la révélation d’abus sexuels

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L'Eglise catholique allemande fragilisée par la révélation d'abus sexuels   *L’image est volontairement provocatrice : un prêtre porte une Bible dans sa main gauche et glisse sa main droite dans sa soutane à l’endroit de son sexe. Avec cette « une », le magazine Der Spiegel tente de susciter un débat sur le scandale qui secoue l’Eglise catholique allemande. Tout a commencé fin janvier 2009 après la révélation d’une série d’abus sexuels dans le prestigieux collège berlinois Canisius, tenu par des jésuites. Dans une lettre adressée à 600 anciens élèves, le directeur, le Père Klaus Mertes, a admis des agressions « systématiques et pendant des années » dans cet établissement qui a formé de nombreux membres de l’élite économique et politique du pays.Trois prêtres sont soupçonnés d’avoir abusé d’au moins 30 mineurs entre 1975 et 1983. Pis, lorsque des victimes ont tenté d’alerter la direction du collège sur ces pratiques, elles ont « été confrontées à des gens qui ont détourné le regard ». Depuis, les témoignages de victimes affluent, brisant la loi du silence qui prévaut dans ce genre d’affaires. Victimes ignorées

D’autres cas d’abus impliquant ces trois jésuites ont été signalés la semaine dernière dans l’évêché de Hildesheim, dans une école de Hambourg, et un collège de Forêt-Noire. Entre-temps, l’un des trois suspects, Wolfgang S., s’est adressé au quotidien berlinois Die Tageszeitung. Il avoue avoir maltraité des jeunes, mais nie tout abus sexuel. De plus, il dément être homosexuel ou pédophile.

Le chef de l’ordre des jésuites allemands, Stefan Dartmann, a promis de faire la lumière complète sur ces affaires. Le président de la conférence épiscopale, l’évêque de Fribourg, Robert Zollitsch, a décidé d’inscrire ce scandale à l’ordre du jour de la réunion annuelle des évêques, qui débute le 22 février. Ces révélations interviennent alors que l’Eglise catholique allemande souffre depuis plusieurs années d’une certaine désaffection, accentuée en 2009 par les polémiques liées aux décisions du pape Benoît XVI.

Et il n’est pas exclu que d’autres affaires éclatent au grand jour. Der Spiegel affirme que, depuis 1995, au moins 94 religieux et laïcs ont été soupçonnés d’abus sexuels. Ce scandale montre que la hiérarchie catholique « protège systématiquement les coupables et ignore les victimes », dénonce le magazine.

Ainsi, les trois suspects du collège Canisius ont pu poursuivre leurs agissements dans d’autres institutions, leur hiérarchie se contentant de les muter après des plaintes. Mais la plupart des faits, dévoilés après plusieurs décennies, sont prescrits ou débouchent rarement sur une condamnation. Dans l’évêché de Rottenburg-Stuttgart, où 23 cas de soupçons d’abus sexuels ont été signalés depuis 1995, seules cinq condamnations ont été prononcées.

Désormais, plusieurs voix s’élèvent outre-Rhin pour réclamer un vrai débat sur la morale sexuelle au sein de l’Eglise catholique. « Des sujets comme la masturbation, l’homosexualité ou les rapports sexuels avant le mariage ne doivent plus faire l’objet de tabous », exige le mouvement laïc Wir sind Kirche (« Nous sommes l’Eglise »). Mais le clergé ne devrait pas se lancer dans une telle discussion. « Le célibat ne fabrique pas des auteurs d’abus », a rétorqué le Père Hans Langendörfer, secrétaire général de la conférence épiscopale.

Lundi 8 février, Benoît XVI a déploré que « les droits des enfants aient été violés en diverses occasions » au sein même de l’Eglise. Il recevra, le 15, les évêques d’Irlande, où des affaires de pédophilie de grande ampleur ont été révélées ces derniers mois. (Le Monde-09.02.2010.)







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