Cobayes humains lors des essais nucléaires français en Algérie
16022010Un rapport confidentiel révèle que l’armée française a délibérément exposé ses soldats aux essais nucléaires réalisés en Algérie dans les années 60. Objectif : étudier les effets de la bombe sur l’homme.
Lucien Parfait, à gauche, était présent lors du tir du 1er mai 1962 dans le Sahara algérien. Il a perdu l’oeil gauche à la suite d’un cancer du visage.
Il y a 50 ans, le 13 février 1960, la première bombe atomique française explosait dans le Sahara algérien. Jusqu’à 1966, seize autres essais nucléaires suivront. Douze d’entre eux connaîtront des fuites de liquides, poussière ou gaz radioactifs, provoquant l’irradiation accidentelle de centaines de soldats français et nomades présents sur les lieux.
Aujourd’hui, une nouvelle révélation vient relancer le scandale des «irradiés de la République». Selon un rapport militaire, dont Le Parisien publie mardi des extraits, des soldats ont été délibérément exposés aux essais nucléaires. Objectif : «Etudier les effets physiologiques et psychologiques produits sur l’homme par l’arme atomique, afin d’obtenir les éléments nécessaires à la préparation physique et à la formation morale du combattant moderne». Ce document confidentiel intitulé «La Genèse de l’organisation et les expérimentations au Sahara» aurait été rédigé «par un ou des militaires anonymes» et «daterait de 1998», après l’abandon définitif des essais.
Travail sans masque
Photo prise lors d’un essai près de Reggane, dans le désert algérien.
L’extrait révélé porte sur «Gerboise verte», le nom de code du dernier tir atmosphérique du 25 avril 1961. On y apprend notamment qu’une patrouille française a été chargée de «faire un raid» sur le lieu de l’explosion «pour étudier les possibilités d’attaque en zone contaminée». Elle s’arrêtera à seulement 275 mètres du «point zéro», l’endroit où la bombe a explosé. Cette manœuvre permettra ainsi à l’armée française de réaliser que le port du masque à gaz, qui perturbe les communications, ralentit la progression des troupes de 50%. Le rapport indique que «son remplacement par un masque antipoussière élémentaire a été demandé» pour les simples soldats. Le commandant des troupes, quant à lui, «ne devra pas pénétrer en zone contaminée».
Les expositions délibérées aux radiations ne concernent pas que les essais atmosphériques «Gerboise». Lors des 13 essais souterrains qui suivront, entre novembre 1961 et 1966, le rapport révèle que «l’autorité responsable peut autoriser les travailleurs à ne pas porter le masque», prenant ainsi la responsabilité de «leur faire inhaler en un jour, à titre exceptionnel, ce qui est normalement autorisé en trois mois». Et les militaires peuvent autoriser un court séjour sans précaution spéciale, même en zone interdite», lit-on aussi dans le rapport.
Interrogé par Le Parisien, le ministre français de la Défense Hervé Morin dit ne pas connaître ce document. Il assure en outre que «les doses reçues lors de ces essais étaient très faibles». Il indique cependant avoir «demandé à ses services ‘d’ouvrir les placards’, afin que chaque personne qui se pense victime des essais puisse avoir connaissance de ses relevés dosimétriques», qui mesurent la dose radioactive absorbée par une personne exposée à un rayonnement.
Hervé Morin rappelle aussi l’adoption, le 22 décembre 2009, d’une loi sur l’indemnisation des victimes des essais nucléaires. Aujourd’hui encore, des milliers de vétérans des essais nucléaires, persuadés d’avoir été contaminés par la radioactivité, se battent pour la reconnaissance de leur préjudice. (Le Figaro-16.02.2010.)
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**cet article, à juste titre, parle de victimes du côté français…mais il écarte carrément les nombreuses victimes du côté algérien, qui sont beaucoup plus nombreuses…sans aborder les dégats graves causés à l’environnement local, aux plantes, aux animaux, à l’air et à l’eau etc…Et l’Etat français persiste dans son refus de reconnaitre publiquement et officiellement ses crimes pendant la colonisation…
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* réactions d’internautes…raqvam
Le nucléaire tue beaucoup et longtemps : çà c’est un scoop, coco !
Mais il serait tout aussi opportun de rappeler que, dans les environs immédiat , il y avait aussi des autochtones qui en ont pris plein la carcasse … pour la plus grande gloire de la bombinette de mongénéral ..
Qui s’en préoccupe ?
c’est honteux! mais bien sûr les responsables ne risquent rien si il sont toujours en vie! ils ont eu la belle vie, sans problèmes de santé ni remorts! tant que ce n’est pas eux qui ont soufert le martyr! la vie et la soufrance de quelques bidasses, qu’est ce que c’est à coté des promotions et des félicitations de leurs supperieurs? ils mériteraient une injection de solution radioactive! le résultat pourrait intéresser les scientifiques!
La France, patrie des Droits de l’Homme tout ça … qui donne des leçons au monde entier. Qui a bien critiqué tel ou tel dictateur qui a utilisé telle ou telle arme « sale ».
En voyant la photo decet homme-soldat Français qui a perdu un oeil suite au cancer du visage qu’il avait développé,mes cheveux se hérissent et me rappellent ce qu’avaient subi les pauvres diables d’Algériens qui étaient utilisés comme des « baudets » par les militaires Français et affectés à la zone des essayes nucléaires?
Quels sont les ravages de la radio-activité qu’avait subie cette zone, qui jusqu’à jourd’hui,séparée par un grillage de fil barbelé, présente l’aspect d’un no man’s land dont les seuls signes de vie sont les quelques plaques signalétiques, qui avertissent sur le danger encouru au cas ou on s’avance,au delà du périmètre contaminé ??!!
Aux dires de nombreux témoins qui avaient vécu ou recueilli des témoignages vrais,sans rajouts, ni déformations, les essayes nucléaires Français avaient fait des ravages,et sur les gens qui étaient présents,civils ou militaires et également sur la région, tant endogène que les zones immédiatement, exsogènes.
Quand-est ce une reconnaissance et indemenisation des pauvres diables,qui avaient été, non seulement contaminés, mais qui, parce que ignorant les dangers, avaient même utilisé certains morceaux de métaux pour leurs besoins personnels??
les hauts responsables de l’epoque doivent etres poursuivis , au meme titre que les dictateurs ou autres criminels…..inadmissible ! ***houari benyagoubBiensur on ne parle surtout pas des indigènes qui vivaient dans la région.
Les députés algériens veulent criminaliser la colonisation avec des arguments à faire valoir. L’irradiation des populations civiles en fait partie.
L’oeuvre civilisatrice de la colonisation me fait bien rire.
***jean paul TERRALON DEVRAIT RADIER LES MILITAIRES ET POLITIQUES QUI ONT VALIDE ET PROGRAMME CES HORREURS…
soldat francais ou autre, une bombe quand elle explose elle fait du mal à un ETRE HUMAIN!!!et quand on voit les dégats on se demande nous aujourd’hui qu’est ce qu’il nous reste d’humain…en espérant de tout coeur que l’on aura plus jamais à l’utiliser surtout que de nos jours les dégats seraient plus désastreux…QUE LA PAIX SOIT SUR CETTE PLANETE ET TOUS CEUX QUI Y VIVENT…
500 essais…. chez les autres !!! et ca donne …
des leçons !! Bien voyons, on n’est pas à ca près !!!!
On fait le beau, le généreux, le démocrate, ici en France;
mais on fout sa m…. ailleurs,
ses guerres ailleurs. On vit sur du sang, mais comme ce sang coule à 10 000 km personne n’y pense ..
c’est scandaleux de prendre des humains comme cobayes, mais soyez sûr que USA, URSS, et sans doute UK ont fait pareil !
tout simplement édifiant.
Les soldats étaient de la chair à patée pour les généraux….
Mentalité reprise par les grands chefs d’Entreprise pour leurs employés, mais je m’égare…
***moon75
vous croyez que c’est terminé, c’est toujours le cas!! les soldats sont de la chair à paté…non régit par le code du travail…tous les abus sont permis et je sais de quoi je parle. Bêtes ou méchants ? Les deux mon général !!
***s s. L’histoire se répète sans cesse…
Petit rappel : les Américains, profitant des génocides d’Hiroshima et Nagasaki qu’ils ont perpétrés, n’ont pas hésité à étudier les victimes des radiations pendant plus d’une décennie. Allons-y, on fait d’un pierre trois coups, on met à terre le Japon, on teste la puissance atomique dans des conditions réels (terroristes) et on étudie les effets de la radiations. C’est bien connu, on profite des guerres pour les expérimentations médicales macabres, tout camp confondu.
Que la France l’ait fait en ou hors contexte de guerre, le résultat est le même, de pauvres innocents paient les décisions prisent par des responsables irresponsables.
De guerre stupide comme celle de 1914-1918 ou 4 millions de morts ont eu avant de mourir une somme de souffrances dues essentiellement aux ordres tout autant incompétents de leurs supérieurs pour se faire suicider devant les mitrailleuses ennemies. Nous étions encore à l’école de 18ème siècle sur les grands champs de bataille.
Napoléon citait : j’ai 500.000 hommes de rente par an…
Puis ce fut les bombes nucléaires sur le Japon. Les USA firent amende honorable avec excuses, mais en expliquant que c’était la seule solution pour arrêter la guerre.
Bon la France voulu son arme nucléaire en allant polluer les voisins, Sahara et Pacifique que tout le monde connait. Russes et Américains ont aussi fait le pire sinon beaucoup plus pour asseaoir leur suprématie mais à quel prix ! Dans les deux pays il existe des régions entières radioactive avec beaucoup de morts.
En final on veut donc donner des leçons à l’Iran et aux autres, mais je crois que ceux-ci savent. Entre temps le progrès technologique est intervenu. Terchnobyl est un exemple frappant.
Nos apprentis sorciers physiciens de l’époque 1950-1960 ne se rendaient pas vraiment compte des dégâts de l’atome, sa durée ou sinon son étendue géographique. Ils voulaient voir, entendre et se rendre compte, ils ont su et vu l’apocalypse.
Un peu comme un chirurgien qui de toutes les façons vous opérera mais ne voudra pas connaître les conséquences ou les effets secondaires. Il fait son travail et ensuite le médecin vous averti des différents problèmes.
Dans le début du nucléaire ce fut la même chose. On fait et après on voit. Et comme on était pressé, les effets secondaires sont passés au second plan.
Bien sûr la prescription est passée pour ces dommages collatéraux et c’est dommage que la France réagisse si tard et puisse donner des leçons sous un prétexte de conflit d’intérêts géo politique énergétique. On passe vraiment pour des conseilleurs et des gendarmes de l’atome appauvris.
La France est la première nation a avoir utilisé des armes chimiques contre une population désarmé, pauvre, autochtone.
Et cela date de 1851, lors d’une révolution au Sahara algérien, à « Laghouat » plus précisément, l’armée française avait utilisé du chloroforme, une substance liquide qui a la propriété de provoquer l’anesthésie.
Pour le nucléaire, et les essais de Reggane, il ne faudrait pas trop se documenter sur ce sujet pour savoir l’atrocité de ces crimes.
Ce qui me dérange le plus, est le fait que certains politiques en France vantent le colonialisme et pensent intimement qu’on doit plutôt remercier la France pour son apport en matière de progrès, ce qui reste totalement faux, puisque les autochtones ne jouissaient d’aucune forme de progrès, sinon le progrès du nucléaire.
J’aime bien le titre, qui se lamente sur le sort des soldats français, combien y avaient-ils de soldats en ce moment là sur la zone ?!
les essais nucléaires tout le monde connait ses ravages…ce n’est un secret pour personne moi ce qui me rend folle c’est surtout pourquoi des pays ont le droit d’en posséder des bombes atomiques et d’autres non?!…y-a t-il des états « sages » et d’autres non!!!!!! ***moustic14Et encore, on ne nous dit pas dans quels autres endroits ont été soumis d’autres essais…On n’oublie certaines îles, certains habitants qui revendiquent leurs droits depuis des années, mais qu’on laisser mourir chaque année.Mais bon, nous savons tous que l’idée de démocratie ou droit des peuples, est une phrase manipulatrice usée par nos représentants juste pour justifier tous leurs moyens!!
Si un propre Français, un soldat qui théoriquement se doit de protéger la France est soumis à ce genre d’essais, qu’en est-il lorsque l’on n’est point Français??
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**Conférence internationale à Alger, sur les essais nucléaires français au Sahara
Les effets des essais nucléaires français opérés au Sahara algérien est le thème d’une conférence qui sera organisée, les 22 et 23 février à Alger.
Des historiens représentant une dizaine de pays et des chercheurs nationaux prendront part à cette conférence qui sera axée, selon ses organisateurs, sur les effets des essais nucléaires sur la santé de la population et l’environnement et les lois y
afférentes. 14 communications seront présentées sur les essais nucléaires, leurs effets néfastes sur la santé de l’homme et sur la nature, outre l’organisation d’ateliers consacrés à l’examen des problèmes liés aux essais nucléaires et des questions d’actualité. Le directeur du patrimoine historique et culturel au ministère des Moudjahidine, M. Ibrahim Abbas, a affirmé que “le ministère aspire, à travers cette rencontre internationale, à démontrer de nouveau que la colonisation française fut l’une des plus abjectes”, ajoutant que de telles rencontres sont à même “de contribuer à l’écriture de l’histoire nationale et à la préservation de la mémoire nationale”. “Nous allons démontrer que les effets néfastes des essais nucléaires français, opérés au Sahara algérien, sur la santé des populations de cette région et sur la nature, perdurent et deviennent de plus en plus visibles”, a-t-il soutenu, réaffirmant que “la France a commis un crime ignoble à l’encontre des Algériens en procédant à des essais nucléaires sans se référer aux normes scientifiques”. (Liberté-17.02.2010.)
******La Guerre d’Algérie dans tous ses états
300 militaires, des appelés pour la plupart d’entre eux, issus de régiments basés en Allemagne y ont pris part.
La Guerre d’Algérie dans tous ses états. La Guerre d’Algérie dans ce qu’elle recèle en elle de plus atroce, de dramatique et d’inhumain. Des soldats ayant servi sous le drapeau français ont été volontairement exposés aux irradiations émises par les essais nucléaires dans le Sahara algérien entre 1960 et 1966. Il ne pouvait y avoir aucun doute sur leur but inavoué. «Etudier les effets physiologiques et psychologiques produits sur l’homme par l’arme atomique», souligne le document que s’est procuré le journal français Le Parisien. Des jeunes hommes, essentiellement des conscrits, ont été positionnés tout près de l’endroit où devait avoir lieu l’explosion, pour les besoins de ce type d’expérience. Des soldats de l’armée française ont servi comme cobayes.
Un nouveau visage de la Guerre d’Algérie, des exactions commises par l’armée française vient d’être mis à nu. A travers les essais nucléaires menés au Sahara algérien dans les années soixante, une nouvelle page d’horreur vient d’être ouverte. 132 années de colonisation et de présence française en Algérie n’ont peut-être, avec ce nouvel éclairage, pas livré tous leurs secrets. Pour le moment, ce sont ses enfants qui en racontent la cruelle vérité. Des témoins vivants qui portent sur eux, leur corps, et en eux les séquelles. «A l’époque, les hommes ne comptaient pas», fait constater Lucien Parfait, une des victimes dont le visage a été ravagé par ces expériences. «Certains de mes amis sont décédés. Moi, j’ai eu des cancers au niveau de la tête, mais on me dit que ça n’aurait rien à voir», renchérit un autre, Fernand qui fut «baladé» sur le point zéro de «Gerboise bleue», nom de code de l’opération qui avait pour but de procéder à l’essai de la première arme nucléaire à Reggane et qui fut tenue secrète.
La bombe d’une puissance de 70 kilotonnes représentait l’équivalent de quatre fois celle d’Hiroshima. Les images reviennent. Fernand a mémorisé de manière indélébile celles d’épaves de camions «coupés en deux». Lucien Parfait ne décolère pas: «La France nous a laissé tomber. Beaucoup des nôtres sont sur leur lit de mort. Mon copain Gaston a été opéré 47 fois» s’insurge-t-il. «Nous avons été les cobayes de l’atome», accuse Guy Peyrachon, membre de l’Association des vétérans des essais nucléaires, créée en 2001 et qui compte près de 5000 membres. «J’étais à 10 km, en short, sans aucun protection», témoigne-t-il. La première bombe atomique française venait d’exploser, le 13 février 1960, avec comme conséquence une de ses premières victimes. Crises d’épilepsie, modules cancéreux de la thyroïde, Guy Peyrachon met fin à sa carrière de cadre supérieur dans les années 1980. «Le service militaire en Algérie n’a pas été une promenade de santé. Certains en porteront jusqu’à la fin de leurs jours les cicatrices.» Le rapport publié par Le Parisien met particulièrement le doigt sur ce qui est qualifié «d’amateurisme des autorités» mais qui cache en fin de compte où l’humain est réduit à sa plus simple expression, une enveloppe corporelle un point c’est tout!
Les auteurs du rapport montrent comment les concepteurs des armes atomiques françaises font manipuler à la troupe des substances dont ils connaissent pourtant les dangers, rapporte Le Parisien. En ce qui concerne les essais souterrains, pour «un travail en atmosphère contaminée, l’autorité responsable peut autoriser les travailleurs à ne pas porter le masque (…) et leur faire inhaler en un jour, à titre exceptionnel, ce qui est normalement autorisé en trois mois» indiquent les auteurs du rapport. «Les militaires se réservent le droit d’autoriser un court séjour sans précaution spéciale, même en zone interdite», poursuivent-ils. Le document fait par ailleurs une révélation de taille. Sur le 13 tirs réalisés lors de ces essais, un seul a pu être contenu. Les autres se sont soldés par des fuites radioactives. Officiellement, on faisait mention de 4 accidents identifiés.
Combien de victimes algériennes ont fait les frais de cette «barbarie des temps modernes» menée par une puissance qui se targue encore aujourd’hui d’avoir répandu durant 132 ans le bien-être et le savoir sur la terre d’Algérie? Une plaie qui ne risque pas de se cicatriser de sitôt du côté des deux rives de la Méditerranée. (L’Expression-17.02.2010.)
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**Quand les appelés du contingent servaient de cobayes
Un rapport confidentiel révèle comment l’armée française a utilisé ses soldats lors des premiers essais atomiques dans le Sahara au début des années 1960.
Lucien Parfait, un ancien militaire français incorporé dans le Sahara de 1960 à 1962, pose, le 26 février 2009 à son arrivée au Palais de Justice de Paris.
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Le rapport classé «confidentiel défense» est accablant…
Une partie du secret est levé. Le rapport lève le voile sur la campagne française d’essais nucléaires dans le Sahara algérien entre 1960 et 1966. L’existence de manquements aux règles élémentaires de sécurité durant ces opérations et les conséquences dramatiques sur la santé des militaires, malgré les témoignages des vétérans, a toujours été un secret très bien gardé.
Masque anti-poussière
Ce rapport, intitulé «la Genèse de l’organisation et les expérimentations au Sahara», a été rédigé selon le quotidien en 1998, l’année de l’abandon définitif des essais nucléaires. Il avait d’ailleurs été publié en partie à cette époque par l’hebdomadaire Le Nouvel Obs. Il montre que lors des premiers essais atomiques au début des années 1960, la priorité absolue pour les scientifiques et les militaires, était d’obtenir la bombe. Quelles que soient les conséquences humaines.On apprend par exemple que l’armée a demandé à certains militaires de remplacer leur masque à gaz par un masque anti-poussière. Le rapport est sans appel, selon le Parisien: «les appelés du contingent servaient de cobayes».
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C’est un rapport accablant. 260 pages estampillées « confidentiel défense » que « le Parisien » – « Aujourd’hui en France » s’est procuré et qui éclaire d’un jour radicalement nouveau la campagne française d’essais nucléaires dans le Sahara algérien, entre 1960 et 1966. « Il s’agit de la seule synthèse existante sur ces tirs connue à l’heure actuelle », avertit Patrice Bouveret, président et cofondateur de l’Observatoire des armements, qui évoque ce document dans le dernier numéro de sa lettre d’information. Intitulé : « la Genèse de l’organisation et les expérimentations au Sahara », ce texte rédigé par un ou des militaires anonymes daterait de 1998, juste après l’abandon définitif des essais par Jacques Chirac. Il y évoque avec emphase « une grande aventure scientifique », tout en jugeant « inopportun d’en extraire une synthèse grand public. » A sa lecture, on comprend aisément pourquoi, chaque ligne du rapport expliquant comment scientifiques et militaires veulent, à l’époque, obtenir « la bombe », quel que soit le prix à payer, y compris humain. Gerboise verte, le quatrième et dernier tir dans l’atmosphère, fait ainsi jouer les appelés du contingent à une véritable guerre nucléaire grandeur nature. Souvent, les vétérans se plaignaient d’avoir été des cobayes. C’est désormais une certitude. Quant aux « faibles doses » reçues qu’évoque le ministre de la Défense, elles sont à l’origine de maladies irréversibles. « Que dans le contexte de l’époque, on fasse des manoeuvres, on peut en discuter, résume Patrice Bouveret. Mais que tout cela soit fait sans aucune prise en compte sociale ou médicale des hommes, c’est quasi criminel. »
Reste que ce rapport ne livre qu’une vérité partielle des essais nucléaires réalisés par la France. En effet, le sous-titre du document indique en première page qu’il s’agit du « tome I ». Existe-t-il d’autres volumes dans les archives du ministère de la Défense ? Hervé Morin dit ne pas en avoir connaissance. (Le Parisien-16.02.2010.)
****«A l’époque, les hommes ne comptaient pas»
Lucien PARFAIT ancien appelé en Algérie lors des essais nucléaires…
N.J. | 16.02.2010.
Ce samedi matin, il gèle à pierre fendre à l’extérieur de la salle des fêtes où une centaine de vétérans ont pris place. Derrière la tribune, deux petits palmiers ont ironiquement été dressés. Un souvenir de ces mois d’Algérie, d’un service militaire dont la plupart des présents portent encore les stigmates.
Créée en 2001, l’Aven, l’Association des vétérans des essais nucléaires, compte aujourd’hui 4 800 membres. Selon une étude réalisée en interne, 35 % de ses adhérents sont victimes de cancers, 55 % d’autres maladies graves. 10 % seulement sont en bonne santé.
« Nous avons été les cobayes de l’atome », dénonce Guy Peyrachon. Sa vie a basculé lors de l’explosion de la première bombe tricolore, Gerboise bleue, le 13 février 1960. « J’étais à 10 km, en short, sans aucune protection. » L’armée affirme qu’il n’a couru aucun risque. Son dossier aurait été détruit. Guy a été renvoyé dans ses foyers « sans aucun suivi ». A 25 ans, il développe des nodules cancéreux sur la thyroïde. Miné par des crises d’épilepsie, il doit abandonner son poste de cadre supérieur dans les années 1980. « Mon fils a eu un cancer de la thyroïde à 30 ans. Je suis inquiet pour mes petits-enfants. » Financièrement, il n’a « droit à rien ».
Plutonium 239, Césium 237, Strontium 90 : les substances radioactives ingérées au Sahara sont aussi variées que les pathologies développées aujourd’hui. Le visage mangé par des pansements, Lucien Parfait, un autre ancien des Gerboises, ne décolère pas. « On m’a coupé le nez, mais pas la langue ! » tonne l’intéressé, dont l’humour peine à masquer l’amertume accumulée. « La France nous a laissé tomber. Beaucoup des nôtres sont sur leur lit de mort. Mon copain Gaston a été opéré 47 fois ! »
Fernand, lui, a eu droit à une « balade » sur le point zéro de Gerboise bleue. Il se souvient des épaves de camions « coupés en deux ». « Certains de mes amis sont décédés. Moi, j’ai eu des cancers au niveau de la tête, mais on me dit que ça n’aurait rien à voir. » « A l’époque, les hommes, ça ne comptait pas, poursuit Lucien Parfait. On s’est servi de nous, mais le pire, c’est qu’ils nous ont oubliés, alors que dans leur logique, ils auraient pu continuer à étudier nos états de santé pour leurs expériences. » (Le¨Parisien-16.02.2010.)
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