Italie,des violences interethniques inquiétantes
16022010Le meurtre d’un Egyptien de 19 ans, attribué à des Péruviens et des Equatoriens, a provoqué des violences interethniques le week-end dernier dans un quartier de Milan. De tels faits ne s’étaient jamais produits en Italie, souligne La Stampa.L’incident s’est produit Via Padova, à Milan. Un jeune Egyptien a été poignardé dans un bus, pour des raisons obscures, par un ou plusieurs agresseurs, une bande de Sud-Américains. On se croirait à Los Angeles, face à un accrochage entre les Bloods et les Crips, les gangs historiques. Cette agression a immédiatement déclenché des violences ethniques, la victime étant étrangère [Aziz, un Egyptien de 19 ans]. En quelques minutes, l’information se répand et des centaines de Nord-Africains se retrouvent dans la rue. Magasins et voitures saccagés. On s’insurge d’abord contre les « Italiens de merde » avant que la colère ne se retourne contre les Sud-Américains, les coupables, les assassins. La foule se divise en groupes. Une véritable tactique de guerre urbaine.
Touchée, l’Italie s’inquiète de ses conflits ethniques. Un fleuve en crue, une coulée de lave incandescente prête à frapper à l’improviste. De Rosarno [théâtre de heurts entre saisonniers africains et habitants de la commune, en Calabre, début janvier 2010] à Milan, en passant par Castel Volturno [en 2008, des Africains s’étaient révoltés après une série d'assassinats commis par la Camorra]. Certes, ce n’est pas la première fois que la colère dégénère en violence. Milan en sait quelque chose. Les centres d’accueil et les bureaux chargés des expulsions sont souvent le théâtre d’affrontements. A Castel Volturno, les mafieux de la Camorra ont assassiné six étrangers, provoquant une révolte des Noirs contre la violence des Blancs.
Ce qui s’est produit à Rosarno, tout début 2010, est encore pire car l’incident avait des relents de « harcèlement mafieux » [les ouvriers agricoles africains étaient employés illégalement par la mafia locale]. Un signal d’alarme dont il ne faut pas minimiser la portée. Mais, ce week-end, la violence a encore atteint un nouveau palier. Car la guérilla urbaine a vu s’opposer deux clans d’étrangers. Une bataille rangée entre Nord-Africains et Sud-Américains. C’est la première fois que des conflits interethniques se transforment ainsi en un problème d’ordre public.
Les amis de la victime voulaient carrément récupérer son corps pour le brandir en martyr. Dans les années 1980, la même chose s’était produite à Naples quand la famille d’un jeune homme mort d’une overdose – le neveu du parrain de Forcella, Pio Vittorio Giuliano – a refusé de confier le corps aux forces de police. Que se passe-t-il donc dans notre pays, où personne ne reconnaît de droit de l’Etat à faire justice ? Personne. Dans une partie du territoire national, le Mezzogiorno (mais aussi dans les banlieues des grandes villes du Nord), c’est la Mafia qui gouverne et dispose du droit de vie et de mort. A Rome, c’est au sein même des instances du pouvoir, des institutions, qu’on refuse aux magistrats le droit d’enquêter sur les hommes politiques. Aujourd’hui, des étrangers qui vivent sur notre sol ne semblent pas vouloir à leur tour reconnaître l’autorité de l’Etat en matière de justice. Ce qui s’est produit samedi 13 février Via Padova, dans la banlieue de Milan, le prouve bien. Cette haine et cette volonté de se faire justice soi-même doivent nous faire réfléchir. Avant qu’il ne soit trop tard. (La Stampa.15.02.2010.)
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