La pauvreté gagne du terrain en Allemagne
20022010Une personne sur sept dispose de moins de 60 % du revenu médian dans le pays le plus riche d’Europe.
Le nombre de pauvres ne cesse d’augmenter outre-Rhin. Tel est le constat alarmant tiré par l’Institut de recherche économique allemand (DIW). «Ce sont surtout les jeunes adultes et les enfants qui sont touchés», précisent les auteurs du rapport, Joachim Frick et Markus Grabka. Vingt ans après la chute du Mur, l’ex-Allemagne de l’Est reste aussi plus vulnérable : 19 % de sa population vit sous le seuil de 965 euros pour une personne seule, contre 13 % dans les Länder de l’Ouest.
Selon les critères retenus par l’OCDE, sont considérées comme pauvres les personnes qui ne touchent que 60 % du revenu médian, soit 1 943 euros pour une famille avec deux enfants. Pour les moins de 25 ans, les temps sont durs : un quart d’entre eux en Allemagne est pauvre. Avec des conséquences importantes, liées aux difficultés à finir ses études, donc à trouver un travail. Or le chômage reste la principale raison de la chute dans la pauvreté, souligne le DIW.
Le chômage, mais aussi l’impossibilité de retourner travailler. Le rapport met le doigt sur une spécificité allemande : le faible taux d’emploi à temps plein des femmes avec des enfants. «Il faut mettre l’accent sur la prise en charge des jeunes enfants», insistent les auteurs. Outre-Rhin, seuls 15 % des enfants de moins de 3 ans trouvent une place en crèche, ce qui oblige beaucoup de mamans à rester à la maison. Une situation délicate lorsque le père seul travaille et qui devient insupportable lorsque la mère est isolée : «Les familles monoparentales sont largement surreprésentées, avec 40 % d’entre elles directement menacées par la pauvreté.» La pauvreté augmente également avec le nombre d’enfants, malgré les aides accordées par l’État depuis 2005 à partir du premier enfant.
Le plus surprenant est sans doute l’augmentation du nombre de pauvres, qui est passé de 8 à 11,5 millions de personnes en dix ans. Ceci alors que l’Allemagne est un des pays où l’aide sociale est la plus présente, malgré les réformes très décriées du gouvernement Schröder en 2000.
Mais alors que le débat continue sur les propos controversés du vice-chancelier libéral Guido Westerwelle, qui a comparé l’État providence à la Rome de la décadence, le nombre d’enfants pauvres a fait réagir l’institut berlinois. Il suggère des pistes de travail pour les responsables politiques : «Les aides financières soignent les symptômes, mais pas les causes de la pauvreté. Des investissements dans les services de garde pourraient être plus efficaces.» (Le Figaro-19.02.2010.)
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