ElBaradei accueilli en héros au Caire
22022010Plusieurs centaines d’Égyptiensont accueilli triomphalement Mohammed ElBaradei,vendredi (19.02.2010.) à l’aéroport du Caire.
L’opposition laïque égyptienne veut faire de l’ex-chef de l’AIEA son champion pour la présidentielle de 2011.
Aux cris de «liberté pour le peuple égyptien» et au son de l’hymne national chanté à gorges déployées, Mohammed ElBaradei est revenu en Égypte vendredi, pour la première fois depuis qu’il a quitté ses fonctions à la tête de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) en décembre. Ni la chaleur, ni les trois heures de retard du vol en provenance de Vienne, ni même les menaces des autorités contre tout «rassemblement illégal» (les manifestations sont interdites depuis trente ans par la loi d’urgence) n’ont dissuadé plusieurs centaines d’Égyptiens – opposants, intellectuels, artistes ou simples citoyens – d’accueillir triomphalement le Prix Nobel 2005 à l’aéroport du Caire. Un «homme providentiel» qu’ils rêvent de voir candidat à la présidentielle de 2011 depuis ses critiques virulentes contre le «déclin» politique et socio-économique de l’Égypte sous la présidence d’Hosni Moubarak, et ses appels répétés à la démocratisation du pays.
«Ce n’est pas normal qu’on ait le même président depuis trente ans, on n’est pas des momies !», s’époumone Boussaïna Kamel, speakerine à la télévision, tee-shirt blanc à l’effigie d’ElBaradei et drapeau égyptien à la main. «L’Égypte mérite d’être un pays civilisé comme les autres. Un homme ne peut pas changer les choses seul, mais nous pouvons le faire tous ensemble !»
Le seul homme capable de faire bouger les choses
Mohammed ElBaradei, 67 ans, a déclaré à plusieurs reprises qu’il ne convoite pas le fauteuil présidentiel – en tant qu’indépendant, il ne pourrait se présenter qu’avec l’aval du pouvoir, tant les conditions de candidature sont restrictives. Mais pour beaucoup d’opposants laïcs, qui se cherchent désespérément un chef de file, il est aujourd’hui le seul homme capable de faire bouger les choses et de perturber le scénario écrit à l’avance, selon eux, de transmission du pouvoir d’Hosni Moubarak à son fils Gamal, 47 ans.
«ElBaradei est un homme intègre, qui aurait pu mener une retraite tranquille et qui a préféré revenir se battre pour son pays et pour son peuple en sachant qu’il devra en payer le prix», affirme l’écrivain Alaa el-Aswany, auteur de L’Immeuble Yacoubian, satire des dérives égyptiennes. «La façon dont il a tenu tête à l’Administration Bush sur la question des armes de destruction massive en Irak montre qu’il est capable de défendre des valeurs et des principes. C’est un jour d’espoir pour l’Égypte», assure-t-il.
Un électron libre
Mohammed ElBaradei veut lui aussi croire que «l’Égypte commence à se réveiller». «Je suis déterminé à être un acteur de ce changement», a-t-il promis vendredi à ses supporteurs. Diplomate chevronné, il s’est pourtant gardé jusqu’à présent de répondre aux appels du pied des partis d’opposition. Ce qui ne l’a pas empêché de détailler son «programme» dans la presse : réforme de la Constitution pour déverrouiller le jeu politique, supervision internationale des élections pour mettre fin aux fraudes massives, assainissement des listes électorales…
Électron libre, fort de son prestige international, l’homme n’éprouve ni la réticence de la plupart des opposants égyptiens à honorer «la mémoire des six millions de Juifs victimes de l’Holocauste», ni celle du pouvoir à envisager une intégration à la vie politique de ses principaux adversaires, les Frères musulmans, «à condition qu’ils acceptent d’agir dans un cadre pacifique et de respecter la minorité copte».
À l’image de la presse gouvernementale, qui multiplie les attaques contre un homme dont elle tressait encore les louanges il y a à peine un an, les autorités ont du mal à cacher leur nervosité. L’agitation provoquée par le retour de l’ex-patron de l’AIEA est en revanche observée avec prudence par les chancelleries occidentales. «ElBaradei est comme le lapin en plastique des courses de lévriers, résume un diplomate européen. C’est lui qui part devant, mais c’est toujours un lévrier qui gagne…» «ElBaradei n’a qu’à montrer jusqu’à quel point il est prêt à s’engager et les Égyptiens seront de plus en plus nombreux à le suivre», veut pourtant croire Alaa el-Aswany. (le Figaro-19.02.2010.)
***********virulente campagne contre Mohammed ElBaradei
*L’ambition présidentielle et les appels à la démocratisation de l’ancien patron de l’AIEA réveillent la scène politique cairote.
«Un président suédois pour l’Égypte ?» À l’instar du quotidien Al-Gomhoureya, qui met en doute son «égyptianité», la presse gouvernementale cairote a lancé une virulente campagne contre Mohammed ElBaradei. L’ancien directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), qui vient de quitter ses fonctions et de rentrer en Caire, a en effet confirmé qu’il envisageait, à certaines conditions, de se porter candidat à la présidentielle de 2011 en Égypte. L’idée était dans l’air depuis qu’en février, cet ancien diplomate de 67 ans avait provoqué la stupeur en fustigeant, lors d’un talk-show télévisé très populaire, l’état politique, économique et social de l’Égypte. Boycotté depuis par la presse officielle, il était en revanche courtisé par l’opposition laïque, qui cherche désespérément une personnalité capable de faire bonne figure face à Hosni Moubarak, 81 ans. Au pouvoir depuis vingt-huit ans, le Raïs n’a pas encore dit s’il entend briguer un sixième mandat ou s’il laissera la place à un autre candidat du sérail, qui pourrait être son fils Gamal, 46 ans, actuellement à la tête du comité politique du Parti national démocrate (PND).
* à condition que les élections soient «honnêtes et libres»
ElBaradei a précisé qu’il ne serait candidat qu’à condition que les élections soient «honnêtes et libres». Il a réclamé pour ce faire une révision de la Constitution qui permettrait à tout citoyen de se présenter – privilège actuellement réservé aux seuls partis représentés au Parlement, ce qui met hors jeu ElBaradei comme le mouvement interdit, mais toléré, des Frères musulmans, dont les députés sont élus sous étiquette indépendante. Il a aussi demandé l’assainissement des listes électorales et la supervision du scrutin par une commission indépendante et par des observateurs de l’ONU, afin d’éviter les «fraudes massives» qui ont, selon les observateurs indépendants, entaché les scrutins précédents.
Fort de son prestige international, qui lui confère une certaine popularité dans son pays, Mohammed ElBaradei est, à en juger par la réaction épidermique de la presse officielle, une source d’embarras pour le pouvoir. Surfant sur la vague nationaliste qui s’est emparée de l’Égypte après la confrontation houleuse contre l’Algérie en éliminatoires de la Coupe du monde de foot, les journaux cherchent par tous les moyens à discréditer l’ex-directeur de l’AIEA. Qualifié de «président importé», il est accusé pêle-mêle d’avoir la nationalité suédoise (ce qu’il a démenti), de vouloir mener un «coup d’État constitutionnel» ou encore d’avoir été «un agent des Américains et des Européens pendant la guerre en Irak» . Un comble pour cet homme qui a obtenu le prix Nobel de la paix en 2005 après avoir tenu tête à l’Administration Bush sur le dossier des armes de destruction massive. «Les bourreaux du régime pensent qu’ElBaradei s’est trop rapproché du fauteuil sacré en annonçant sa candidature», commente, grinçant, le célèbre éditorialiste Salama Ahmed Salama. Pour le journal indépendant Al-Masry al-Yom, cette campagne «vise à étouffer le rêve de changement du peuple égyptien (et) ne cible pas seulement ElBaradei mais toute personne qui oserait un jour prendre la même initiative que lui» .
Plusieurs partis d’opposition, dont le Wafd (libéral), ont malgré tout proposé à ElBaradei de rejoindre leurs rangs, même s’ils ont accueilli avec une réserve inattendue ses appels à la démocratisation – qui reprennent pourtant en grande partie leurs propres revendications. Séduits par l’aura d’ElBaradei, les opposants craignent en effet dans le même temps qu’en l’absence prévisible de réforme majeure de la Constitution, ce dernier ne serve finalement que de faire-valoir au PND pour légitimer l’élection de son candidat.(Le Figaro)
*réaction d’internaute…
L’investiture de Moubarak fils (Gamal) lors de la prochaine échéance presidentielle en 2011 ne fait l’ombre d’aucun doute.Qui mieux que Gamal pour succéder à papa.Il est évident que les amis de Hosni en l’occurence les Etats-Unis et la Grande-Bretagne voient d’un bon oeil un candidat issue de la dynastie des Moubarak car Gamal a une influence très occidentale, rappelons qu’il a fait ses classes à l’Université américaine du Caire, et qu’il a passé de nombreuses années à Londres où il a dirigé une grande institution bancaire.De plus, il s’inscrit dans la lignée de son père au niveau politique.L’Occident verrait mal un candidat compromettre leur intêrets dans cette région,d’autant plus que l’Egypte occupe une place stratégique importante, ce qui conforte davantage le soutien que lui accorde les puissances occidentales avec la bénédiction d’Israél.Peu importe les droits de l’homme, l’arbitraire, la corruption, ce qu’ils veulent c’est avant tout un allié pas un ennemi.Car Hosni Moubarak est un allié de l’Occident et s’il s’est maintenu au pouvoir durant toutes ces années, c’est en partie grâce à leur appui.Pour le reste, si les candidatures de El Baradei (ancien patron de l’AIEA) et du Secrétaire Général de la Ligue Arabe Mr Amr Moussa étaient avérées, ils rempliraient uniquement le rôle de figurants, les jeux étant déja faits d’avance.
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