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Turquie, 7 officiers supérieurs écroués pour avoir voulu renverser le gouvernement démocratiquement élu

25022010

*Accusés de complot, des éléments de l’armée turque plient sous la justice…

**Un coup de filet exceptionnel…Une cinquantaine de militaires de haut-rang ont été interpellés pour être déférés devant un juge accusés de complot contre l’actuel gouvernement islamiste modéré de l’AKP. Du jamais vu dans un pays où l’armée s’est érigée en garante des institutions laïques du pays

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 * le temps des coups d’Etat est révolu en Turquie.

 L’armée, l’un des piliers de l’État laïque turc, voit à nouveau son influence et sa réputation vaciller sous les coups de la justice. Les mêmes procureurs qui instruisent l’affaire Ergenekon, ce réseau tentaculaire suspecté d’avoir fomenté des actions violentes pour renverser le gouvernement turque démocratiquement élu,  qui dirige le pays depuis 2002, ont lancé cette semaine un coup de filet sans précédent contre l’establishment militaire. Cette opération, intitulée «Marteau de forge», vise 49 officiers suspectés d’avoir imaginé, en 2003, une opération de déstabilisation du gouvernement dirigé par le premier ministre Recep Erdogan. Mercredi, dans le cadre de cette procédure, un tribunal a inculpé et ordonné l’incarcération de sept officiers supérieurs. Et pas des moindres, puisqu’il s’agit de quatre amiraux – deux en activité, deux à la retraite -, de l’ex-général Cetin Dogan, présenté comme le cerveau de l’opération, et de deux colonels également retraités. Six hauts gradés ont été remis en liberté. L’ex-chef de l’armée de l’air, Ibrahim Firtina, et Ozden Ornek, ex-commandant de la marine, étaient encore interrogés mercredi.

L’ombre de l’«État profond» 

L’état-major a réagi mardi en qualifiant la situation de «sérieuse», à l’issue d’une réunion exceptionnelle des plus hauts commandants. Un moyen pour l’armée d’exprimer un soutien moral, sans toutefois s’immiscer dans une procédure judiciaire en cours. Le chef d’état-major, Ilker Basbug, a récemment affirmé que le temps des coups d’Etat était révolu en Turquie. Le complot incriminé avait pour nom de code «Masse» : il s’agissait de semer la terreur dans les rues d’Istanbul avec des explosions dans des mosquées et des musées. L’idée d’abattre un chasseur turc au-dessus de la mer Égée pour accuser l’aviation grecque aurait également été envisagée par ces militaires, qui souhaitaient démontrer l’incapacité de l’AKP à protéger la population, l’objectif final étant un coup d’État.

L’armée turque, forte de 510 000 hommes, se considère garante de la Constitution laïque créée par Atatürk, le père de la Turquie moderne. Entre 1961 et 1998, elle n’en a pas moins mené quatre interventions militaires. Cette tradition putschiste s’ancre dans ce que l’on appelle en Turquie l’«État profond», une structure nichée au sein des institutions, avec des ramifications mafieuses responsables de nombre d’assassinats.

Depuis l’ouverture du procès Ergenekon en 2008, dans lequel pas moins de 200 militaires sont cités, une sourde lutte oppose le gouvernement démocratiquement élu à l’institution militaire. La justice civile, ce qui est nouveau, joue son role dans le cadre de la  Constitution du 12 septembre 1980. … (source, le Figaro-25.02.2010.)

***projet putschiste anti-gouvernemental .

 Le « Conseil supérieur des juges et procureurs » (HSYK), vient de démettre un pôle de procureurs basé à Erzurum qui tentait de convoquer dans le cadre de l’affaire Ergenekon le commandant de la 3ème armée, le général Saldiray Berk. Ce même pôle venait également d’arrêter le procureur d’Erzincan, Ilhan Cihaner, accusé d’être impliqué dans un projet putschiste anti-gouvernemental dont les détails avaient été révélés par le quotidien Taraf en juin 2009, et qui aurait eu pour but d’impliquer le réseau islamique de Fethullah Gülen, plutôt proche de l’AKP [parti au pouvoir, islamiste modéré], dans des activités terroristes afin de provoquer un coup d’Etat. Or, Ilhan Cihaner était précisément en train d’enquêter sur ces réseaux islamiques à Erzincan. Alors que les uns l’accusaient de participer au renversement du pouvoir dans le cadre du réseau Ergenekon, les autres estiment qu’il a été arrêté parce qu’il harcelait des alliés de l’AKP.

En tout cas, pour Ahmet Altan, le rédacteur en chef de Taraf, ce dessaisissement n’a d’autre but que de retarder l’enquête sur Ergenekon. « Car, Ergenekon n’est rien d’autre que l’incarnation d’un « modèle républicain » prônant l’idée selon laquelle l’Etat a le droit de commettre des crimes. Les relations entre Etat et mafia, les assassinats extra-judiciaires, les divers plans de coup d’Etat contre l’AKP, tout cela relève du fonctionnement routinier de ce vieux modèle républicain. C’est dans ce contexte que les partisans de cette vieille idéologie républicaine violent sans complexe la loi afin de pérenniser leur mainmise sur le pouvoir. Ils tentent ainsi actuellement de stopper l’enquête menée à Erzurum sur le réseau Ergenekon et d’empêcher que le commandant de la 3ème armée soit interrogé dans le cadre de cette affaire. En relevant de ses fonctions le procureur d’Erzurum, le Conseil supérieur des juges et des procureurs (HSYK) a donc montré son vrai visage. Ce Conseil n’incarne pas une Justice indépendante. Rappelez-vous en effet que cette institution s’était déjà illustrée en sanctionnant

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le procureur qui avait écrit l’acte d’accusation de militaires pris en flagrant délit en novembre 2005 alors qu’ils venaient de plastiquer une librairie à Semdinli [petite bourgade du Sud-Est anatolien à majorité kurde]. Ce procureur avait alors été banni du système judiciaire turc. Le chef d’état-major de l’époque, le général Büyükanit [cité dans cette affaire] s’était même vanté en direct à la télévision d’avoir personnellement fait exclure ce procureur », rappelle le journal.

 Dans Vatan, Rusen Cakir estime par contre que « les deux parties en présence tentent systématiquement de faire bonne figure et de masquer leurs défauts ». Il tient d’ailleurs à

rappeler « que le procureur d’Erzincan, Ilhan Cihaner

,L'affaire fait la une de Milliyet

s’était plaint à de nombreuses reprises avant son arrestation de subir des pressions de la part du gouvernement AKP suite aux investigations qu’il menait à l’encontre d’une confrérie islamique. Face à ces accusations faisant donc état d’une atteinte à l’indépendance de la Justice, le gouvernement AKP n’a jamais réussi à apporter de réponses convaincantes ». Selon Hasan Cemal dans Milliyet, le système judiciaire turc est de toute façon profondément antidémocratique. « La Constitution issue du coup d’Etat de 1980, toujours en vigueur, a mis en place un système où les organes issus d’élections au suffrage universel sont strictement contrôlés. Les militaires ont ainsi fait en sorte que le législatif et l’exécutif soient dominés de façon absolue par le pouvoir judiciaire. Aujourd’hui, en Turquie, les membres de la Cour de cassation et du Conseil d’Etat élisent ceux du Conseil supérieur des juges et des procureurs et vice-versa. Un système de caste fermé sur lui-même », affirme-t-il.

C’est dans ce contexte de « guerre civile institutionnelle » qu’un nombre conséquent de militaires, y compris des généraux, viennent d’être arrêtés dans le cadre de l’enquête sur un projet de coup d’Etat, dont le nom de code était « Massue », qui a aussi été révélé par Taraf au mois de janvier 2010. Ce plan préconisait une déstabilisation massive par des attentats et des escarmouches militaires avec la Grèce débouchant sur un coup d’Etat et l’arrestation de centaines de milliers de personnes parquées dans des stades. (Le Courrier international-23.02.2010.)

***Les militaires et la haute magistrature contre la démocratie…(28.07.2009 Milliyet) Le Conseil supérieur des juges et des procureurs a tenté de bloquer des procès intentés à des militaires, entravant l’action de la justice. C’est là le signe d’un profond malaise vis-à-vis de l’établissement d’un véritable Etat de droit en Turquie, estime l’éditorialiste de Milliyet Hasan Cemal.

 Ce qui s’est passé ces deux dernières semaines avec le Conseil supérieur des juges et des procureurs montre combien le « changement » et le combat pour une véritable démocratie reste un processus difficile dans ce pays. [Le Conseil supérieur des juges et des procureurs (HSYK) a essayé d’organiser les nominations et les mouvements de carrière dans la justice turque de façon à ce que les juges et les procureurs du fameux procès Ergenekon soient dessaisis de l’affaire]. Néanmoins, on peut affirmer que la Turquie se trouve de ce point de vue dans une position plus avantageuse aujourd’hui qu’hier. En effet, ceux qui de nos jours défendent la primauté de la démocratie et du droit ne se sentent plus aussi seuls. Les revendications allant dans ce sens se font entendre de plus en plus fort, et ceux qui auparavant étaient chargés de les faire taire sont de moins en moins efficaces, tout simplement parce que ceux qui portent haut le drapeau de la démocratie sont de plus en plus nombreux. Le procès Ergenekon, qui est entré il y a peu dans sa deuxième phase, constitue ainsi une étape très importante dans l’histoire du droit et de la démocratie dans notre pays. En effet, c’est la première fois que des généraux à la retraite et des officiers doivent s’expliquer devant la justice. Celle-ci peut désormais s’occuper des documents établissant des « projets de putsch » et qui attestent de l’implication entre 2003 et 2004 de généraux placés à la tête de différents corps d’armée. Voilà précisément ce que ne veulent pas les partisans du statu quo, qui préféreraient que le régime politique turc continue de vivre à l’ombre des baïonnettes sous la menace d’un coup d’Etat.

C’est dans ce contexte qu’ils ont tenté de muter les procureurs et juges actuellement chargés du procès Ergenekon. Ils tentent également d’empêcher qu’à Diyarbakir une cour de justice puisse faire toute la lumière sur des exécutions sommaires, dans un procès où l’avocat général a déjà réclamé réclamé neuf fois la perpétuité pour un commandant de gendarmerie, le colonel Cemal Temizöz, accusé d’avoir fait assassiner vingt personnes dans le Sud-Est du pays [à majorité kurde] entre 1993 et 1996. C’est le même scénario qu’avec le scandale de Susurluk [lieu d'un accident de voiture qui en 1996 avait révélé les liaisons dangereuses entre la pègre et l'appareil d'Etat]. Avez-vous déjà oublié que les révélations reprises dans le rapport commandité alors par le Premier ministre Mesut Yilmaz avaient été bien vite rangées au placard ? De même, le malheureux procureur de Van, Ferhat Sarikaya, qui enquêtait sur un autre scandale, celui de Semdinli [ville du Sud-Est kurde, où en 2005 des militaires déguisés en civils ont commis un attentat meurtrier dans le but de le faire attribuer au PKK] et qui avait osé citer le nom du chef d’état-major de l’époque, le général Büyükanit, avait ensuite été démis de ses fonctions et interdit d’exercer sa profession par… le Conseil supérieur des juges et des procureurs. N’oublions pas ces événements, car la mémoire est le seul moyen d’éviter que le procès Ergenekon ne subisse pas le même sort. (29.07.2009.)

*** un véritable coup de filet contre des cadres de l’armée…

C’est un véritable coup de filet que vient d’opérer la Turquie contre des cadres de son armée. Douze militaires, pour la plupart des officiers, ont été inculpés et écroués par un tribunal d’Istanbul pour avoir ourdi en 2003 un complot visant à renverser le gouvernement  turc. Cette affaire a fait rebondir le conflit entre le parti au pouvoir et la hiérarchie militaire. Il y a trois jours, une quarantaine d’officiers turcs de haut rang étaient interrogés par la justice sur leur implication présumée dans ce complot. Dix-sept généraux à la retraite et 4 amiraux en activité, l’élite de l’armée, figurent parmi 49 militaires interpellés en Turquie et conduits à Istanbul.

L’armée turque a qualifié ces arrestations de « situation sérieuse ». « Une réunion à laquelle ont participé tous les généraux et amiraux des forces armées turques a été organisée, au quartier général de l’état-major, pour évaluer la situation sérieuse survenue dans le cadre d’une enquête menée par le procureur de la République d’Istanbul », a affirmé l’état-major des armées dans un communiqué diffusé sur son site internet. Le document ne donne pas d’autre détail. La crise en Turquie, née de l’arrestation de militaires accusés de comploter contre le gouvernement islamo-conservateur, doit être réglée dans un cadre « constitutionnel », a indiqué la Présidence dans un communiqué à l’issue d’une réunion des dirigeants civils et militaires turcs.

Cette riposte judiciaire d’une ampleur inédite contre l’armée, autrefois intouchable et qui se considère comme garante du régime laïc, a attisé les tensions entre partisans du gouvernement du Parti de la justice et du développement (AKP, issu de la mouvance islamiste) et l’opposition. L’ex-chef de l’armée de l’air, le général Ibrahim Firtina, et l’amiral Özden Örnek, ex-commandant de la marine, ont notamment été arrêtés. Les suspects, dont au moins dix étaient interrogés par des procureurs mardi, sont accusés d’avoir cherché à fomenter le chaos en faisant exploser des mosquées pour déclencher une prise de contrôle par les militaires dans le cadre d’une opération baptisée Balyoz (masse de forgeron), dont le projet remonte à 2003, selon la presse.

Ce plan avait été révélé en janvier par un journal. L’instigateur supposé du plan, l’ex-général Cetin Dogan, a été arrêté. Il a nié toute implication, affirmant qu’il s’agissait d’un « jeu de stratégie » militaire conçu à l’époque où il portait l’uniforme. L’état-major, qui a rejeté les accusations et dénoncé une campagne de dénigrement, a néanmoins reconnu l’existence de ce plan, évoquant lui aussi un « scénario de wargame » préparé en 2003. A l’issue de leur interrogatoire, tous les suspects devraient comparaître devant un tribunal d’Istanbul chargé d’examiner les allégations de complot en vue d’un coup d’Etat. Les militaires sont soupçonnés de « tentative de renverser le gouvernement par la force » et d’« appartenance à une organisation illégale », écrit la presse.

L’armée turque, qui a démis quatre gouvernements depuis 1960, a vu ses prérogatives diminuer après des réformes du gouvernement AKP (au pouvoir depuis 2002), visant à aligner le pays sur les normes européennes. Le Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, s’est refusé à tout commentaire. Il a déclaré que le gouvernement se préparait à réviser le système judiciaire et la Constitution hérités d’un putsch militaire intervenu en 1980. (El Watan-26.02.2010.)

 







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