Une princesse défend la cause des femmes saoudiennes
26 02 2010* Rencontre exclusive avec la fille préférée du roi Abdallah, et son atout pour faire bouger la société.
Elle avait précisé : pas de photo. Pour sa première interview à un journal occidental, Son Altesse royale la princesse Adelah bint Abdallah sait jusqu’où elle peut s’aventurer. Si des présentatrices au visage découvert apparaissent quotidiennement sur les chaînes saoudiennes, la fille préférée du roi Abdallah ne peut se permettre de transgresser les «traditions familiales» même si elle n’y verrait personnellement aucun inconvénient. Elle a pourtant accepté, pour la première fois, de recevoir un journaliste en tête à tête, et chez elle. C’est déjà un grand pas, dans un pays où l’on peut condamner une femme au fouet pour s’être trouvée seule en compagnie d’un homme étranger à sa famille.
La princesse accueille simplement le visiteur dans sa maison de Riyad, une vaste villa que l’on ne saurait qualifier de palais. Pas de protocole. Adelah bint Abdallah, une grande et jolie femme, tend la main en souriant au seuil d’un salon aux meubles modernes, métal et cuir. Elle porte une jupe longue en cuir noir, une veste courte en velours vert sur un chemisier de soie grège, un foulard en fine mousseline posé sur les cheveux. «Je le mets quand je suis en représentation officielle», explique-t-elle. On est loin du niqab, la tenue noire couvrant entièrement le visage, courante dans les rues saoudiennes.
En plein accord avec son père, Adelah bint Abdallah s’est créé une mission bien à elle dans la famille royale, faire avancer la cause des femmes dans un pays encore très traditionnel. L’establishment religieux ne voit pas cela d’un très bon œil. Mais avec la légitimité de son rang et l’appui personnel de son père, la princesse se sent libre d’exprimer des convictions qui pourront sans doute choquer plus d’un , sans parler des islamistes locaux.
Le voile complet ? En Arabie saoudite comme en France, il devrait s’agir d’un choix personnel. La mixité, déjà en vigueur dans les hôpitaux, où des femmes médecins traitent des patients masculins, et vice-versa ? Elle devrait être étendue à toute la société. L’âge du mariage ? Il faut fixer un minimum, dit la princesse….
50 % des diplômés sont des filles
Diplômée d’anglais de l’Université du roi Saoud, mariée au ministre de l’Éducation, Adelah bint Abdallah, mère de cinq enfants, aurait pu se contenter de mener la vie dorée des membres de la famille royale. Mais des anecdotes familiales, racontées par son père, elle retient surtout les leçons de courage. Comme le jour où son grand-père le roi Abdelaziz, l’unificateur du royaume par l’épée et le Coran, partagea deux dattes avec ses compagnons d’armes, «en gardant les morceaux le plus longtemps dans la bouche».
Certes, Son Altesse royale ne dédaigne pas le style de vie des classes supérieures saoudiennes. Elle aime voyager, s’apprête à partir skier en famille dans les Alpes pour les vacances de février, qui commencent cette semaine, et confie son attrait pour les plats de «grenouilles», prononcé en français. Mais elle passe aussi beaucoup de temps dans le royaume, s’impliquant personnellement dans une série d’organisations dont la plupart ont pour but la promotion des femmes, comme l’association Khadija bint Khuwailid, destinée à aider les femmes d’affaires, et qui a emprunté son nom à la femme du Prophète, une commerçante. «Elle représente l’avenir et l’espoir des Saoudiens, hommes et femmes, dit un intellectuel proche de la famille royale. Elle comprend très bien la société saoudienne, et elle s’est fait une idée claire de la direction à prendre.» Adelah bint Abdallah envisage une Arabie saoudite où l’on ferait la différence entre les interdits issus de la tradition et les règles de la religion. Suivant l’exemple de son père, qui a admis les représentants de toutes les écoles juridiques de l’islam au grand conseil des oulémas, les savants religieux, la princesse estime que l’on devrait pouvoir choisir son école préférée ce qui, là encore, ne plaira pas aux religieux officiels partisans d’une vision rigoriste de l’islam, que ses adversaires désignent comme «wahhabite».
À travers sa fille, le roi Abdallah tente de faire bouger tout un pan de la société saoudienne, un enjeu crucial pour la famille au pouvoir. Un pays où désormais plus de 50 % des diplômés de l’université sont des filles ne peut continuer longtemps à ignorer la moitié de ses citoyens. Mais ces réformes ont leurs limites. L’expérience des élections municipales de 2005, partielles et réservées aux hommes, n’a pour l’instant pas été reconduite. La monarchie avait suggéré que la fois suivante, les femmes pourraient voter. Elles devront encore attendre. (Le Figaro-16.02.2010.)
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