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La gazelle algérienne,le massacre continue

2042010

LES TRAFIQUANTS L’UTILISENT POUR FABRIQUER DU MUSC

Le braconnage continue dans le sud algérien. Cette fois-ci ce n’est pas les émirs du golfe qui en sont à l’origine. Il s’agit de chasseurs algériens de certaines régions du sud du pays qui se sont lancés dans la traque de certaines espèces animales en voie de disparition. Cette activité, qui est évidemment non autorisée, leur rapporte beaucoup.

Les braconniers œuvrent en accointance avec des contrebandiers spécialisés dans la revente de certaines espèces de la faune à travers des circuits informels.
Selon des sources crédibles, les contrebandiers ont pu transiter frauduleusement, au fil du temps, un nombre important de Rym vers des pays arabes, après les avoir acquis chez des braconniers locaux. Les gazelles capturées vivantes – le grand Rym – sont vendues entre 20 000 et 50 000 DA. Des parties importantes de ce gibier, notamment son crâne, sa corne sont récupérées, dit-on, par les capitaines de l’industrie cosmétique ou parfumerie. Parmi les pays concernés par la contrebande du Rym figurent entre autres la Tunisie, la Libye, l’Arabie Saoudite et notamment la Syrie. D’ailleurs et selon nos sources, Damas est réputée par ses industries développées dans la fabrication de meilleure qualité de musc, réputé à l’échelle internationale.
Le musc syrien est produit, faut-il le souligner, à base d’une matière se trouvant dans le corps du Rym algérien. Les massacres perpétrés quotidiennement contre le Rym, l’absence d’un parc naturel, l’abattage excessif de dizaines d’arbres et plantes notamment ceux constituant les principaux aliments du Rym, mais aussi l’indifférence et la passivité totales des responsables de ce qui s’est passé et ce qui se passe contre cet animal sont les causes primordiales qui ont poussé des centaines de gazelles à fuir le territoire algérien pour se réfugier dans des pays frontaliers notamment la Tunisie et la Libye. Là-bas, nos gazelles ont trouvé de nouveaux pâturages et d’autres bois et elles sont en sécurité.
Il faut souligner que les massacres perpétrés contre le Rym se poursuit d’une façon inquiétante dans les vastes oasis et les déserts du sud-est algérien notamment. Le manque de contrôle par les services concernés a offert aux braconniers, sans scrupules, une aubaine pour s’adonner en toute liberté à la chasse, non autorisée, de cette rare espèce dont le nombre a considérablement réduit. En dépit de la rigueur des textes de loi, les trappeurs ne cessent d’agir au mépris des règles les plus élémentaires de respect de l’environnement et de l’écosystème. Des paysans rencontrés dans certains marchés de bétail à El-Oued ont affirmé avec déception que “auparavant, dans les années 1980/90, il suffisait de parcourir quelques dizaines de kilomètres dans le désert aux alentours d’El-Oued pour observer d’importants troupeaux de Rym éparpillés çà et là, alors que maintenant, on devra sillonner des centaines de kilomètres pour pouvoir apercevoir quelques têtes”.
Selon des sources locales, des braconniers de la région d’El-Oued se lancent dans des parties de chasse à la gazelle à près de 200 km au sud-est de la zone de Hassi-Messaoud.
Les mêmes sources ajoutent que dans des régions communément connues sous les noms de Bir Gharafa, Oglat-Blaïd et Sahn Baraka, des trappeurs pourchassent cette faune à bord de véhicules tout-terrains de type Toyota-Station des dizaines de Rym avec leurs petits.
“Après une course-poursuite, ces animaux essoufflés tombent à même le sol. Le ventre et les poumons de certains d’entre eux ont explosé.” Pour cela, les boucaniers utilisent des fusils de chasse pour abattre des Ryms résistants. Et même les chiens de chasse tels que les “slouguis” sont également utilisés pour rattraper un Rym récalcitrant, selon une source locale.
Il faut dire que les campagnes d’extermination “inédites” de chasse non autorisée ont diminué le nombre de Rym dans la région. Devant cet état de fait, les animateurs de l’Association algérienne du patrimoine, de l’environnement et de la promotion des zones sahariennes (AAPEPZS) d’El-Oued ont tiré la sonnette d’alarme à maintes reprises, mais en vain. Selon son président M. Boughazala Bachir “la chasse outrancière du Rym par des assaillants risque sérieusement d’anéantir le très petit nombre de cette espèce qui continue de résister aux multiples attaques”. Le nombre de Rym vivant dans certains coins des régions d’El-Oued, de Ouargla et d’Illizi ne dépasse pas les quelques dizaines de têtes alors que les troupeaux de Rym, jusqu’en début des années 1990, était important.
Plus loin, le président de l’association (AAPEPZS) déplore que la chasse au Rym se fasse tout au long de l’année et notamment les week-ends, mais le braconnage se multiplie en été qui pousse les Rym, en quête de repos, à rechercher l’ombre et l’humidité sous les arbres.
Ces criminels de l’environnement, pour paraphraser le président de l’association, ne laissent jamais ces animaux jouir tranquillement de leur existence. Les chasseurs profitent de cette période de grandes chaleurs pour perpétrer leurs massacres contre les malheureux Rym, surpris à chaque fois par des véhicules tout-terrains.
Le président de l’association a indiqué que les groupes spécialisés dans la chasse du Rym activent notamment au niveau de Guemar, Debila, Douar El-Ma,
El-Ogla, Robbah et El-Oued.
Pour lui, ces gens sont d’une
telle atrocité qu’ils ne reconnaissent ni la période de la reproduction ni celle de la croissance.
Et que les femelles et les petits Rym, âgés de cinq mois à un an, sont souvent la cible de ces chasseurs.
Le bureau d’El-Oued de ladite association a adressé dernièrement une lettre au ministre de l’Aménagement du territoire et de  l’Environnement pour intervenir et protéger la faune dans cette région. “L’association tire la sonnette d’alarme et demande une intervention urgente du ministre pour protéger les zones sahariennes de toutes sortes d’exploitation effrénée”. lit-on dans la lettre. Et d’ajouter : “la situation est extrêmement grave et les zones sahariennes sont devenues la proie de différents actes criminels tels que l’abattage des animaux, des végétaux, des oiseaux et des arbres.” Cette situation, ajoute la lettre, est imputée à l’indifférence et le non-contrôle des lieux concernés par les actes précités.
Avant de conclure, le président du bureau d’El-Oued a signalé que des émirs du golfe se sont adonnés à des parties de chasse à l’outarde houbara, comme c’était le cas il y a deux mois dans le désert nord-ouest d’El-Oued.
Les massacres des braconniers ont poussé un grand nombre de Rym à prendre le chemin des territoires tunisiens et libyens où la chasse est interdite ou bien réglementée.
Selon le président de l’association, le nombre de Rym était dans les années 1990 près de 1,5 million de têtes disséminées d’El-oued jusqu’à Illizi. Ce nombre ne dépasse pas actuellement les 200 000 têtes.(Liberté-31.03.2010.)

***

Dans le cas de la chasse à l’outarde, cette pratique qui avait été “autorisée” dans les années 1980 sous le président Chadli se poursuit malheureusement toujours avec la bénédiction des plus hautes autorités du pays.

La chasse à l’outarde n’a jamais baissé d’intensité en Algérie. Par la complaisance des autorités, des émirs du Golfe viennent dans le Sud pour s’adonner à leur sport favori sans aucun respect de l’environnement même si ce terme ne signifie pas, à leurs yeux, grand-chose. Si ce genre de chasse est réglementée dans les pays voisins, en Algérie, la politique du laisser-aller a permis le massacre d’espèces animales en voie de disparition.
Dans le cas de la chasse à l’outarde, cette pratique qui avait été “autorisée” dans les années 1980 sous le président Chadli se poursuit malheureusement toujours avec la bénédiction des plus hautes autorités du pays. Si l’argument des “bonnes relations diplomatiques” avec les pays du Golfe est souvent avancé pour justifier le massacre, il s’agit de s’interroger si tout est permis au point d’accepter le pillage et la destruction de son environnement.
Mais aujourd’hui, il n’y a pas que les princes du Golfe qui en sont responsables. Les contrebandiers algériens, qui n’hésitent pas à piller et à vendre les richesses du pays, ont trouvé à travers cette filière une source de gain inestimable. Eh oui ! Une filière de plus qui permet de créer des réseaux mafieux dont le seul but est de détruire le patrimoine national.
Cependant, la question est de savoir que font les autorités officielles du pays pour stopper cette hémorragie ?
Dans le Sud algérien, le patrimoine ne se limite pas seulement à l’espèce animale. Il y a aussi le patrimoine archéologique qui fait l’objet de pillage. Mais si dans ce dernier cas, des arrestations sont opérées et les mis en cause souvent de nationalité étrangère sont déférés devant la justice, ce n’est pas le cas des chasseurs de l’outarde qui se voient même protégés.
Au-delà du constat, la situation est grave et appelle des mesures d’urgence à même de sauver ce qui reste du Sahara, à moins qu’on veuille encore fermer les yeux sur ce qui s’apparente à un véritable désastre. (Liberté-31.03.2010.)


 


 







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