Le Portugal contaminé par la Grèce
27 04 2010*crise économique et dettes faramineuses….
A qui le tour ?
L’agence de notation Standard & Poor’s juge que les dettes portugaise et grecque sont plus risquées et a dégradé leurs notes. Des perspectives économiques négatives motivent cette décision.
Le plan européen d’aide à la Grèce débloqué n’a pas suffi à rassurer les investisseurs. La dette grecque a été reléguée par l’agence Standard & Poor’s dans la catégorie des obligations pourries, ou «junk bonds» en anglais. La note à long terme de la Grèce a été dégradée de BBB+ à BB+ par l’agence, et assortie d’une perspective négative.En cause, des perspectives économiques peu favorables qui rendront difficiles l’application du plan de rigueur grec, a expliqué l’agence de notation.
Ce mardi, le ministre grec des Finances, Georges Papaconstantinou, a déclaré avant l’annonce de Standard & Poor’s que son pays était «incapable» de faire appel au marché pour refinancer sa dette dans le contexte actuel. Le déficit public pourrait aussi atteindre 14% en 2009, a-t-il reconnu. Puis il a accusé la cacophonie européenne de «manque de clarté» et «d’inefficace».
De faibles perspectives économiques portugaises
Dans la foulée de la révision de la note grecque, Standard & Poor’s a dégradé celle du Portugal de deux crans. La note à long terme du pays passe donc de A+ à A-, assortie d’une perspective négative. La raison de cette décision, qui devrait peser encore plus sur les taux portugais, se justifie par le niveau élevé de la dette publique et la faiblesse des perspectives économiques, a motivé l’agence de notation.
Standard & Poor’s évoque ainsi dans un communiqué les «risques budgétaires accrus» auxquels sont confrontées les autorités portugaises. «Dans notre nouveau scénario économique de base, nous prévoyons que le gouvernement portugais pourrait peiner à stabiliser son ratio d’endettement relativement élevé à l’horizon 2013».
L’annonce de l’agence de notation survient alors que les investisseurs s’attaquent depuis quelques jours au Portugal. La crise grecque semble donc se transmettre au pays lusitanien, les taux de ce dernier grimpant à 5,2% lundi. «Je ne pense pas que le Portugal soit dans une situation identique à celle de la Grèce», a réagi Jean-Claude Juncker, président de l’Eurogroupe.
«Malgré un plan de rigueur plus crédible que la Grèce, le Portugal voit ses obligations affectées par la crise grecque», estime de son côté dans une note Jesus Castillo, économiste chez Natixis. «C’est devenu la nouvelle cible.» Selon l’économiste, le Portugal devrait être amené à prendre de nouvelles mesures pour diminuer le déficit public par temps de croissance anémique. Mais cela pourrait hypothéquer du même coup la reprise économique fragile du pays. Un cercle vicieux qui inquiète grandement les marchés. (Le Figaro-27.04.2010.)
***Le FMI met en garde le Japon sur sa dette qui a atteint des records !
«la solvabilité du Japon est en danger»
À plus de 200% du PIB, elle atteint un record absolu pour un pays développé.
Les problèmes du Japon ne sont évidemment pas ceux de la Grèce. Mais Naoyuki Shinohara, directeur général adjoint du FMI (Fonds monétaire international), a averti lundi que sa «vulnérabilité budgétaire est en train de croître à des niveaux vraiment élevés».
Déjà, la semaine dernière, l’agence de notation Fitch, affirmait que «la solvabilité du Japon est en danger». À 201% du PIB (produit intérieur brut) fin 2009, sa dette est à un record absolu pour un pays développé. Elle pourrait atteindre 246% en 2014, estime le FMI.
Mais la faiblesse des taux d’intérêt au Japon (0,10% pour le taux directeur de la Banque du Japon) en limite singulièrement le coût. Ainsi, quand les taux grecs à 10 ans ont franchi hier le seuil des 9%, les mêmes taux japonais oscillent entre 1,3% et 1,4%.
Surtout, l’un des points forts de l’Archipel est que sa dette est détenue à 93% par des investisseurs nippons, notamment la Banque de la Poste. Cela «éloigne considérablement le risque d’une crise de la dette à la grecque», reconnaît Fitch.
Une population vieillissante
Le danger est ailleurs. La population japonaise va diminuer de 0,5% chaque année d’ici à 2020, calcule l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) en même temps qu’elle vieillit. Actuellement, 21,6% des Japonais ont plus de 64 ans.
Les familles qui épargnaient et investissaient dans les bons d’État vont devoir puiser dans leurs économies pour faire face aux dépenses courantes et aux dépenses de santé. Elles ne vont plus vouloir porter le fardeau de la dette publique du pays comme par le passé.
Un scénario que les analystes envisagent dès 2015, ce qui va obliger le gouvernement à se retourner vers des fonds étrangers et à payer beaucoup plus cher. «Quand il n’aura plus la capacité de financer sa dette, le yen dégringolera et les capitaux abandonneront les bons japonais pour aller se placer sur les obligations étrangères», confirme Katsutoshi Inadome, analyste chez Mitsubishi UFJ Securities.
On n’en est pas encore là. Mais le premier ministre Yukio Hatoyama et le gouverneur de la Banque du Japon, Masaaki Shirakawa, qui se rencontrent désormais tous les trois mois pour coordonner leur politique en matière de lutte contre la déflation et de reprise économique, en sont parfaitement conscients.
La Banque du Japon doit publier le 30 avril son rapport semestriel sur les perspectives économiques de l’Archipel à moyen terme. On devrait en savoir plus sur les orientations que le pays compte prendre. (Le Figaro-27.04.2010.)
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**Le volcan islandais fait partir 260 millions d’euros en fumée
260 millions d’euros, rien que pour les compagnies aériennes et les voyagistes français. C’est le coût des perturbations dues au nuage de cendres venu d’Islande, selon Hervé Novelli, secrétaire d’État au Tourisme. Les compagnies ont été les plus affectées, à hauteur de 188 millions d’euros. La facture s’élève à 31 millions pour les tour-opérateurs et à 40 millions pour les agences de voyages.
Hervé Novelli a par ailleurs annoncé la mise en place d’un numéro vert et nommé un médiateur pour traiter l’ensemble des réclamations des consommateurs. Il en attend « une atténuation des tensions entre consommateurs et opérateurs, mais aussi l’établissement d’une jurisprudence sur la manière de gérer des situations aussi brutales ».
Le secrétaire d’État a aussi fait part de mesures en faveur des entreprises affectées par ces perturbations : indemnisation au chômage partiel pour les employés absents, étalement des charges sociales et fiscales. Pour des aides directes, la décision sera prise au niveau communautaire et «des discussions sont en cours». (Le Figaro-27.04.2010.)
***Trous d’air dans le commerce mondial
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Le constructeur automobile japonais Nissan a annoncé la suspension de trois lignes de production au Japon, faute de pouvoir importer par avion certains composants produits en Irlande.
Saumon norvégien, rose kényanne, téléphone coréen… Ils souffrent tous de la paralysie du ciel.
Il y avait les réfugiés volcaniques, il y a désormais les victimes collatérales du nuage. Autrement dit des produits restés en rade à l’autre bout du monde faute d’avoir pu voyager dans les soutes des avions. De la rose kenyane au saumon de Norvège en passant par les composants électroniques japonais, revue de détail d’une économie qui ne peut plus se passer de l’avion.
Fleurs coupées
Depuis la fin de la semaine dernière et la suspension du trafic aérien, les Pays-Bas, véritable plaque tournante du marché des fleurs, a connu une chute de 20% de son activité. Il faut dire que si 75% de la marchandise vendue dans les différents marchés aux fleurs du pays provient des Pays-Bas, 25% arrivent du Kenya, d’Éthiopie ou d’Israël. Or, depuis jeudi, le premier avion à avoir livré des fleurs est arrivé lundi soir de Nairobi. En France, l’impact est beaucoup plus limité. Chez Monceau Fleurs, le nuage de cendres n’a pas eu d’incidences sur les livraisons qui viennent de l’étranger. Les roses viennent essentiellement du Kenya, d’Éthiopie, d’Équateur et de Colombie et elles sont livrées en France par avion, tous les jeudis. Elles sont donc arrivées en fin de semaine dernière juste avant la fermeture du ciel. «C’est un coup de chance, reconnaît Dominique Munier, directeur du réseau Monceau Fleurs. Si notre livraison hebdomadaire arrivait le vendredi, nous aurions été bien ennuyés. » Il faut dire que dans l’avion de jeudi, Monceau Fleurs avait 1 000 cartons de 66 bottes (de 7 roses chacune), soit environ 460 000 fleurs. À 3,90 euros la botte, heureusement que l’avion avait pu voler… «Et puis, remarque un spécialiste, nous arrivons aux alentours du 1er Mai, et le muguet nous vient de Nantes en camion, donc nous ne souffrons pas trop. »
Marché de Rungis
Pas d’affolement à Rungis, le «ventre» de Paris, qui se dit peu affecté par la fermeture des aéroports. Car en cette saison, seules 10% des denrées viennent par avion. «C’est le printemps, on est dans une bonne période pour la production de fruits et légumes en Europe, explique Philippe Stisi, porte-parole du marché de Rungis. Donc, seulement 10% de nos approvisionnements arrivent par avion.» Tout le reste est produit en Europe ou suffisamment près pour que la marchandise vienne par bateau, train, camion. «Le haricot vert du Kenya va peut-être nous manquer mais il va être remplacé par celui du Maroc qui voyage en bateau et en train», précise-t-il.
Textile, téléphones portables
Des cargaisons de textiles qui sont bloquées au Bangladesh, des téléphones mobiles qui s’empilent à Séoul, c’est le dernier visage de la mondialisation. L’économie globalisée a du mal à réagir rapidement à une absence d’avions. Dans les soutes, on trouve généralement et un peu pêle-mêle des produits à forte valeur ajoutée ou des produits frais qui ne pourraient supporter de trop longs voyages. Résultat : en Corée du Sud, Samsung et LG ont confié qu’ils étaient dans l’incapacité d’honorer les livraisons d’environ 200 000 téléphones portables représentant une valeur de… 30 millions de dollars.
Saumon norvégien
Les amateurs japonais de sushis sont privés de saumon de Norvège ! Incroyable, mais il est vrai que l’économie alimentaire asiatique commence elle aussi à pâtir du chaos aérien. Environ 90% du saumon frais consommé au Japon est importé de Norvège, en grande partie par avion. «Il n’y a absolument aucune arrivée. Je prie pour que les perturbations cessent vite», se désolait ce mardiun professionnel du marché aux poissons de Tsukiji, à Tokyo, le plus important du monde.
Seules trois malheureuses tranches de saumon étaient exposées dans sa petite poissonnerie, qui vend habituellement plus de 20 kg de ce poisson chaque jour. Et ça ne va pas s’arranger car la Norvège a de nouveau fermé ce mardi une partie de son espace aérien dans le sud-ouest du pays en raison du nuage de cendres.
Les livraisons de saumon norvégien en Europe se faisant par camion, la France n’a pas manqué de poisson. En revanche, la Norvège n’a pas pu livrer en saumon les États-Unis (son premier client en matière de poisson vendu au filet) ni le Japon.
Produits pour l’industrie automobile
Le constructeur automobile japonais Nissan a annoncé de son côté la suspension de trois lignes de production au Japon, faute de pouvoir importer par avion certains composants produits en Irlande. Nissan arrête donc à partir de ce mercredi, pour une durée indéterminée, une des deux lignes de production de son usine d’Oppama, dans la banlieue de Tokyo, et les deux lignes de son usine de Kyushu, dans le sud de l’archipel. Les mêmes causes produisant les mêmes effets : le constructeur allemand BMW a quant à lui annoncé une suspension partielle de production dans trois usines allemandes jusqu’à jeudi, affectant 7 000 véhicules. Car ces voitures sont équipées de systèmes d’air comprimé qui sont importés d’Irlande par avion. Les perturbations touchent l’usine de Dingolfing, et s’étendent aujourd’hui et demain à Munich et Ratisbonne. Les trois usines touchées, toutes situées dans le sud de l’Allemagne, sont les principales du groupe et ont produit au total 651 000 véhicules en 2009.
Le «Charles-de-Gaulle»
Le porte-avions français participe à des manœuvres de l’Otan au large du Danemark. Pour la première fois de son histoire, il a franchi le cercle polaire afin que ses avions de combat puissent opérer à l’écart du nuage de cendres volcaniques venues d’Islande, a annoncé l’armée. Il a fait route «franchement au nord», afin de poursuivre ses activités aériennes, indique la marine nationale sur son site Internet. L’activité aéronavale de la marine française a été affectée par le nuage de cendres, les avions Rafale et Super Étendard qui participaient à bord du Charles-de-Gaulle aux manœuvres de l’Otan dans la Baltique ayant dû rester cloués sur le pont samedi. (Le Figaro-21.04.2010.)
****Cendres : incident sur un F-16 américain
Les cendres du nuage islandais ont frappé l’unique réacteur d’un chasseur bombardier F-16 de l’Otan et commencent, plus généralement, à gêner le dispositif allié en Europe, a confié lundi à Bruxelles un haut responsable américain sous couvert d’anonymat. L’avarie du F-16, aussi légère qu’elle paraisse, est le premier incident officiellement attesté depuis l’éruption du volcan Eyjafjöll.
Dans le moteur, «on a détecté un processus de vitrification» des poussières volcaniques, d’après le responsable américain. Sous certaines conditions de chaleur et de densité, ces très fines particules peuvent s’agglomérer et contrarier comme du sable ou du verre la mécanique à haute vitesse des pales d’un réacteur.
Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général danois de l’Otan, a assuré que les effets du volcan islandais «n’affectent en rien les opérations ou la défense» de l’alliance en Europe. (20.04.2010.)
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