Les scènes d’« Abou Ghraïb » imitées en Israël
17082010* « Ces images horribles démontrent une manière de traiter les Palestiniens comme des objets, et pas comme des êtres humains…
*comme en Irak, on torture et l’on humilie les prisonniers
Une soldate a mis en ligne des photos la montrant souriante devant des Palestiniens aux mains entravées et aux yeux bandés.
Beaucoup moins choquante que celle de la soldate américaine Lynndie England en compagnie de détenus torturés à Abou Ghraïb, cette affaire fait polémique en Israël en raison des commentaires postés sur le réseau social par l’ex-appelée et ses amis.Originaire de la ville d’Ashdod, la jeune femme, Eden Abergil, a créé sur Facebook un album-souvenir de son service militaire intitulé « Armée israélienne – les meilleurs moments de ma vie ». Au moins deux photos prises en 2008 dans une base proche de Gaza la montraient posant avec des prisonniers palestiniens. Eden Abergil, qui a servi comme sous-lieutenant, a bloqué son profil depuis que des blogs, relayés par la presse israélienne, ont révélé cette affaire lundi 16 août.Un blog israélien traduit les commentaires laissés sous une de ces photos par les amis de la jeune femme :
« Tu es la plus sexy comme ça ! »
Réponse d’Eden : « Oui je sais LOL, quelle journée ça a été, regarde comme il [le Palestinien] complète bien mon image, je me demande s’il est aussi sur Facebook.
Il faut que je le tague [marquer son visage pour faire un lien vers son profil] sur la photo ! LOL. »
La suite se passe de commentaires. Dans un communiqué, l’armée israélienne a qualifié ces actions de « laides et inhumaines », en précisant que les détails de l’incident avaient été transmis à la chaîne de commandement.
Selon un blog consacré au « déclin et à la chute de la démocratie israélienne », un porte-parole de l’armée a indiqué que Eden Abergil serait passible de la cour martiale. Ce blog décrit la jeune femme comme politiquement conservatrice et religieusement orthodoxe.
Le blogueur écrit, par allusion à Hannah Arendt :
« Comme Lynndie England, elle est devenue un visage pour la banalité du mal. »
D’après le quotidien Haaretz, l’armée a aussi indiqué que dans la mesure où Eden Abergil avait été démobilisée il y a un an, elle n’avait aucun moyen de l’empêcher de poster ces photos.
Avant qu’Eden Abergil ait changé ses paramètres de confidentialité pour rendre inaccessibles ces photos aux internautes qui ne sont pas ses amis, plusieurs blogueurs avaient copié les images, qui circulent désormais sur le Web israélien.
Une blogueuse, Lisa Goldman, a tenté d’entrer en contact avec elle pour avoir des réponses sur la publication de ces photos. « Elle m’a répondu : “Je ne parle pas aux gauchistes”, » indique-t-elle à Rue89, en précisant :
« Les forces armées israéliennes ne permettent pas aux soldats de publier des photos comme celles-ci quand ils sont sous les drapeaux. Si elle avait encore été en service, elle aurait probablement été punie. »
Mardi matin, Eden Abargil a réagi sur la publication de ces photos, dans un entretien à la radio militaire israélienne :
« Je ne comprends pas ce que j’ai fait de mal. Il n’y a eu de ma part ni violence ni mépris, je n’ai porté atteinte à personne. […]
Je n’ai pas parlé avec les Palestiniens, je leur ai donné à boire et à manger et je ne leur ai pas dit qu’ils étaient photographiés. […]
J’ai été photographiée alors que j’arrivais dans ma base, on était contents, on voulait montrer des photos aux amis sur notre expérience dans l’armée. »
Cité par Haaretz, le directeur de l’ONG Public Committee Against Torture, Yishai Menuchin, condamne le geste de la soldate :
« Ces images horribles démontrent une manière de traiter les Palestiniens comme des objets, et pas comme des êtres humains. […] Nous appelons les commandants de l’armée israélienne à donner des ordres propres à éviter ce genre de comportements humiliants. »
Pour l’armée israélienne, qui fait toujours la fierté de la population de l’Etat juif, c’est un nouveau coup à sa réputation, après le rapport du juge Richard Goldstone, l’an dernier, qui avait accusé les Israéliens tout comme le Hamas de « crimes de guerre » au cours de l’opération « Plomb durci » à Gaza en 2008.
Ce n’est pas la première fois, de surcroît, que l’image de Tsahal pâtit du comportement de ses soldats sur Facebook. En mai, un site avait révélé que des soldats avaient livré des secrets militaires à une avenante Israélienne, qui était en fait probablement un profil créé par des espions du Hezbollah. (Rue89-16.08.2010.)
Photos : l’une des photos Facebook montrant la soldate israélienne avec des prisonniers palestiniens …
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*Le FBI a kidnappé un officier de police algérien
.. la CIA l’a torturé puis a tenté de le manipuler
« J’ai été destinataire de deux messages de la Maison-Blanche. Le premier cherchait à m’enrôler pour le compte de la CIA, après avoir subi des entrainements, avant de m’envoyer vers des pays arabes pour des missions d’espionnage.
Le second cherchait à me recruter pour le compte de l’armée américaine, avant de m’envoyer faire le traducteur en Irak, ou dans un pays arabe ou les GI’s sont concentrés. Tout cela moyennant de fortes sommes d’argent. Evidemment, j’ai refusé.
Par la suite, j’ai été enlevé et torturé par le FBI, au motif de liaison avec Al Qaida. C’est là un extrait du récit d’Abdelmalek Amara, ancien inspecteur de police. Il est originaire de Chréa dans la wilaya de Tébessa et travaillait à El Bayadh dans la même wilaya. En 2009, il s’était installé aux États-Unis après avoir été tiré au sort lors du tirage annuel Green Card. Il a été arrêté à son domicile à Houston par des officiers de la CIA et emmené de force dans une voiture 4×4 de type Ford. Abdelmalek a été conduit au siège de la police à Westheimer et une série de question lui ont été posées sur la nature de son travail. On a même essayé de lui faire dire que la police algérienne était responsable d’enlèvements et de tortures pratiquées dans des prisons secrètes et qu’il avait lui-même fui le système pour s’établir aux États-Unis.
L’escale suivante d’Abdelmalek sera la célèbre prison de Houston. Il a été jeté dans une petite cellule non éclairée, froide, de l’eau coulait du plafond… il dormait à même le sol et avait droit à un bout de pain et du fromage une fois par jour. Le malheureux a eu droit deux mois durant, à différents types de tortures psychologique et physique notamment par électrocution pratiquée par des agents du FBI. «J’ai reçu des coups à la tête et partout sur le corps. Je possède des certificats médicaux qui l’attestent. On a essayé de me faire dire que j’étais un membre actif d’Al-Qaïda, et après on m’a accusé d’extrémisme idéologique et d’anti-américain pour un poème que j’ai publié sur un site de littérature et dans lequel je décrivais la situation de faiblesse dans laquelle se retrouvent les musulmans après une ère prospère. J’avais également dit dans ces vers que le Conseil de Sécurité avait été formé par des loups qui ne peuvent être impartiaux…». Abdelmalek n’a été relâché qu’après que l’un de ses amis, un américain d’origine algérienne, ait versé une caution de 3000 dollars américains, selon les déclarations du concerné depuis sa résidence actuelle à Oslo. Tout a commencé le 30 juillet dernier. Abdelmalek qui venait de Tunis a atterri à l’aéroport d’Orly à Paris où il devait prendre une correspondance pour Washington. Sauf qu’il s’est présenté à la sécurité de l’aéroport demandant l’asile politique. Il a été alors arrêté et placé en garde à vue, puis l’enquête sur son cas a commencé et les services de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA) ont accédé à sa demande en moins de trois heures, un temps record comme l’a souligné à Echorouk Moundir Safr, le président de l’association des tunisiens réfugiés en Europe qui s’intéresse à l’affaire. Abdelmalek Amara a été libéré après l’octroi de l’accord de principe pour entrer en territoire français. Il a entamé les démarches pour déposer le dossier d’asile politique, et l’association France Terre d’Asile lui a obtenu une adresse, une carte d’hébergement et autres documents nécessaires dans ce genre de procédure. Mais il a fini par se rendre compte que son cas a été exploité par la partie française, d’autant que dès le départ les enquêteurs ont focalisé sur la période où il travaillait dans la police algérienne, sans montrer aucun intérêt pour le volet américain, qui était pourtant à l’origine de sa requête. Abdelmalek Amara qui est actuellement au Canada sera jugé par le tribunal de Houston et il sait d’ores et déjà que son procès sera inéquitable.Nous lui avons demandé pourquoi il n’était pas rentré en Algérie après avoir pu quitter le territoire américain. Il a répondu : «Je ne reviendrais pas dans mon pays avant de prouver aux États-Unis, tout en étant en Occident, que les algériens ne sont pas des terroristes, comme on le prétend là-bas et comme on me l’a dit durant l’enquête. Et j’irai loin pour que soient punis mes tortionnaires qui m’ont supplicié juste parce que je suis musulman».Notre interlocuteur ajoute : «la France qui se prétend pays des droit de l’homme, de la justice et de l’égalité, voulait recommercer avec mon affaire qui était contre les États-Unis et non pas contre l’Algérie, allant jusqu’à tenter d’accuser la police algérienne de crime et de torture, oubliant le FBI qui a violé ma dignité humaine». (Echorouk-17.08.2010.)*********Le groupe marocain d’Abou-Talha à la rescousse du terrorisme en Algérie !
Des sources sécuritaires spécialisées dans la lutte anti-terroriste au Maghreb ont révélé l’existence d’un lien étroit entre un nouveau réseau dépendant d’Al-Qaïda dirigé par le nommé Abou Talha, et des réseaux de vol et de trafic de véhicules entre l’Algérie, le Maroc et la Mauritanie. Les mêmes sources ont, par des rapports publiés dans la presse marocaine, hier, assuré que d’après les premières investigations, le nouveau réseau démasqué mercredi est très dangereux de par l’extension de ses activités au point d’établir des camps d’entrainement dans une région montagneuse près de Tanger et d’offrir des volontaires marocains aux groupes terroristes algériens, sans compter deux opérations réussies de fabrication de charges explosives en avril dernier.Le réseau du dénommé Abou-Talha, un commerçant, est composé selon nos sources de 18 membres et l’on ignore s’il comprend des algériens. L’on sait seulement que cette cellule terroriste dormante est sur le point de capituler, d’après les révélations de Fouad A. découvert en juin en train de chercher des explosifs pour, disait-il, creuser un puits. Mais l’opération étant surveillée, le lien a été établi entre ce jeune et Abou-Talha qui tenait à l’aube des réunions dans un local à Tanger avant des entrainements spécifiques dans une contrée montagneuse en plus de l’inscription des volontaires pour rallier des groupes terroristes en Algérie.Selon des sources locales, des éléments de la cellule, dont Tahri Mohamed arrêté lors des attentats du 11 mars à Madrid, sont en liaison directe avec une des organisations d’Al-Qaïda et les fonds utilisés proviennent de la contrebande et du vol de voitures en Algérie. Ce qui ne fait que renforcer les rapports établis précédemment dans notre pays, par la sûreté, les gardes-frontières et la gendarmerie sur les liens étroits entre la contrebande, la drogue et le terrorisme actif à l’ouest.Mettre la main sur 18 membres présumés de la faction d’Abou-Talha, est un acquis certain pour les services de sûreté marocains d’autant que des produits explosifs, des PC, des publications djihadistes, des passeports, des cartes d’identité et de l’argent ont été saisis.Des membres du groupe ont révélé la méthode employée pour obtenir des fonds, soit le vol des revendeurs de drogue en cas d’échec d’un accord avec eux. L’un a attaqué un dealer et volé sa provision de cocaïne qu’il a vendue, le produit de la vente étant mis à la disposition du groupe terroriste. Et cet argent est parfaitement licite à leurs yeux.Parmi les plans préparés et en voie d’exécution, l’établissement de camps d’entrainement en Algérie et au Mali dont les emplacements n’ont pas été révélés et ceci après l’attaque de postes de sécurité sensibles. Figurent aussi des plans d’attaques contre des ambassades et consulats étrangers. La découverte d’une liste prouve l’envoi de jeunes de Tanger vers des camps d’Al-Qaïda en Algérie et au Mali afin de mener des missions et revenir au Maroc après exécution. (Echorouk-17.08.2010.)**********Le commentateur d’Al Jazeera, Chouali, à la solde d’Al Ahly
Le match JSK-Al Ahly a relancé, di-manche soir, les querelles médiatiques entre l’Algérie et l’Egypte. Juste après le match qui s’est terminé en faveur des Kabyles, les chaînes égyptiennes se sont orientées vers Tizi Ouzou, pour chercher des poux qui remettront en cause les relations entre les deux pays, déjà assez ternes, depuis le match d’Oum Dourmane en novembre 2009. Sur la chaîne Nil Sport, comme à ses habitudes, la petite chaîne privée égyptienne, s’est affairée à chercher la moindre information sur la situation à Tizi Ouzou. Mais contrairement à leur habitude, le journaliste contacté par la chaîne, n’a pas critiqué l’Algérie, ni son service de sécurité, mais a tenu à critiquer ouvertement l’arbitre togolais qui officiait le match et qui a refusé un but d’égalisation du club cairote. Car force est de constater qu’ils étaient incapables de gagner le match, les Egyptiens espéraient revenir avec le point de Tizi. Le grand Al Ahly qui possède plus de neuf internationaux dans son effectif avait peur de la JSK. Sur le plan médiatique, ce n’est pas Karim Aït Athmane qui a commenté le match à l’Entv, mais c’est Sami Nouredine. Visiblement, le traitement du commentaire exécuté lors du dernier match de la JSK par Karim Aït Athmane, n’a pas convaincu et fut remplacé par Sami Nourredine qui est plus professionnel et aguerri à ce genre de confrontation africaine. Sur Al Jazeera Sport +9, ce n’est pas Hafid Derradji qui commentait le match, mais le Tunisien Issam Chouali. Le commentateur tunisien, qui, visiblement, s’est mis du côté des Égyptiens. Il n’était pas très objectif dans son traitement de l’information et il n’a pas commenté les agressions des Egyptiens sur l’arbitre de touche. Il n’a même pas accepté la véracité de l’image montrant le hors-jeu flagrant du joueur égyptien. Une image qui aurait été commentée autrement par Hafid Derradji, s’il avait officié ce match. Il faut savoir que sur le deuxième canal son, il y avait un commentateur égyptien qui, lui, a bien défendu l’équipe du Al Ahly. Mais Issam Chouali, comme son compatriote Hichem Khelassi, a choisi son camp, celui des Egyptiens. Sur le plateau d’Al Jazeera, les images flagrantes de l’agression contre l’arbitre ont été fortement commentées par Abdelkrim Bira, consultant algérien pour le match. Par contre, le consultant égyptien a nié en bloc toute agression des joueurs égyptiens contre l’arbitre de touche, alors que l’image était diffusée en direct. Dans le traitement d’un match aussi passionné, l’Entv qui a toujours tenté d’éviter de jeter l’huile sur le feu, n’a pas cru bon montrer toutes les images des agressions des joueurs égyptiens contre les forces de sécurité notamment et de la mêlée générale qui s’ensuivit, se contentant de montrer les images du public kabyle déjà content de la victoire de son équipe. La JSK, qui se rendra bientôt au Caire pour jouer le match retour, aura trois adversaires à affronter: une équipe sur le terrain, un public haineux dans les gradins et surtout un commentateur à la solde des Egyptiens, Issam Chouali. (L’Expression-17.08.2010.)
*Lire aussi: Un film sur le match Egypte-Algérie
Algérie-Egypte, les prolongations de la hainecliquer ici: Le Foot vu autrement
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*cet ingénieur marocain qui veut fuir le climat raciste en France
C’est peu dire que le texte de Mohamed, ce jeune ingénieur marocain qui annonce son retour au Maroc en dénonçant le climat raciste en France, a suscité intérêt et réactions. Près de 200 000 lecteurs, plus de 1 200 commentaires sur Rue89, en plein mois d’août ! Des réactions qui ne sont pas unanimes, loin de là, sur le propos du jeune homme, même si une majorité partage sa colère et ses critiques sur le mauvais vent que fait souffler Nicolas Sarkozy en ce moment.
L’intérêt suscité par cet article montre la place prise dans le débat public par la question du racisme, par l’impact du discours sécuritaire des ténors de l’UMP, et plus généralement par les interrogations sur l’évolution de la société française. Le riverain Gnux, chercheur, va même un pas plus loin :
« Ça ne laisse pas indifférent cet article, vu le nombre de commentaires. J’ai l’impression que ça fait mal d’être confronté à son image (ou celle de la France) dans le miroir, même si chacun se doutait qu’elle changeait inexorablement, dans la mauvaise direction ! »
Ce texte a aussi attiré bon nombre de trolls racistes, provenant notamment du site d’extrême droite Fdesouche.com, qui a consacré un article résumant la tribune de Mohamed, et suscité une avalanche de commentaires nauséabonds, que certains ont tenté d’essaimer sur Rue89. Comme s’ils avaient voulu donner raison au jeune Marocain lorsqu’il dénonce le racisme décomplexé qui ne rase plus les murs.
Honte d’être Français ?
Plus nombreux sont ceux qui sympathisent avec la prise de position de Mohamed, avec un mot qui revient dans des dizaines de commentaires : « honte ». Comme si ce texte, après l’éditorial très sévère du New York Times la semaine précédente, avait permis de juger de l’impact négatif du récent durcissement idéologique de l’UMP, et de l’image qu’elle projette de la France.
Ainsi, JulienL qui écrit, à propos de la montée du racisme et des discriminations en France :
« Je suis si fier d’être Français mais pas ca, j’ai honte ! »
Au-delà d’un constat qui fait mal, les désaccords apparaissent vite. Une partie des commentateurs reprochent à Mohamed de pratiquer l’amalgame entre le discours sécuritaire, voire raciste, de l’actuelle majorité, et la France dans son ensemble. A l’image de Zagora16, entrepreneur, qui regrette :
« Il est dommage de confondre les positions (temporaires) d’un gouvernement en fin de règne avec les convictions profondes des citoyens d’un pays qui, je te le confirme, ne sont pas racistes et se sentent offensés d’être constamment associés à un gouvernement. Cela s’appelle aussi un amalgame ! »
D’autres contestent son image de « la petite vieille » qui s’accroche à son sac lorsqu’elle croise un Arabe, et lui reprochent de trop regarder TF1.
De nombreux riverains commentent aussi sa décision de partir plutôt que de se battre pour ses valeurs dans un pays où il avait visiblement trouvé sa place et une relative intégration. Stella1, noire et née en France, lui répond :
« Tu rentres dans ton pays parce que tu considères que la France n’est pas ton pays. Je suis noire et je suis née en France. Le seul pays que je connaisse est la France. J’aime mon pays, non pas parce que je n’ai pas d’autres choix mais parce que je considère que c’est un lieu de liberté.
Comme toi aujourd’hui, je ressens ce climat et je me demande si j’ai des raisons d’avoir peur. Si la réponse est oui, je sais que j’aurai la liberté de me battre, de défendre mes droits, de résister, ce qui est loin d’être le cas partout.
Ce que j’essaie de dire, c’est que partir n’est pas la seule option. »
« La France a beaucoup changé »
Que la France ait changé, et pas pour le mieux, est également souligné par d’autres étrangers qui ne sont pas nécessairement exposés au racisme, à l’image du commentaire d’Edelweiss, venue d’Allemagne il y a trente ans, et qui tire le bilan suivant :
« La France a beaucoup changé… Je comprends très bien tous ces jeunes Français qui partent aujourd’hui à Berlin, à Londres ou à Barcelone.
En dehors de la situation économique, du coût de la vie et du manque de perspectives professionnelles, il règne en France aujourd’hui un climat d’autosuffisance, de cynisme, de “chacun pour soi” et d’intolérance par rapport à tous ceux qui sortent du moule, de plus en plus difficile à supporter. »
D’autres commentaires, sur le site ou sur Facebook, attirent d’ailleurs notre attention sur les 100 000 Français qui vivent au Québec parce qu’ils ne supportent plus certains blocages de la société française. L’un d’eux, Urbex, enseignant, écrit :
« Alors à ceux qui voudraient retourner au pays ou ailleurs, essayez le Canada, le Québec ; tout n’y est pas parfait, c’est sûr, mais en dix ans en Amérique du Nord, jamais je n’ai été insulté ou moqué, ni ai assisté à ce genre de comportements irrespectueux et/ou discriminatoires.
Ici, les lois relatives au respect de la personne sont dans les livres et elles sont appliquées. »
Retourner au Maroc ?
Gros débat, enfin, sur la décision de Mohamed de retourner au Maroc, jugée contradictoire avec sa position affichée d’agnostique -même si certains applaudissent au nom de la lutte contre la « fuite des cerveaux » du monde en développement. Au royaume chérifien, est-il réellement plus facile d’être agnostique qu’en France ? Beaucoup, évidemment, en doutent.
Et Mohamed, qui revendique un style de vie personnel plus « français » que « marocain », ne risque-t-il pas d’être aussi « étranger » en son propre pays qu’en France ? Les témoignages sont nombreux, comme celui de Louverebelle, qui s’adresse à Mohamed :
« Je comprends votre ras-le-bol, oui, mais même si la France est imparfaite, il reste des solutions… Et oui, on est dans un pays de droits et on peut se permettre de dire ce qu’on veut ! On peut encore dire ce qu’on pense du Président sans se faire trancher la tête ou la langue, on peut se permettre de critiquer une politique, il y a des pays où on ne le peut pas…
Je ne suis pas retournée depuis la guerre dans mon pays, l’ex-Yougoslavie. Pour moi, ça a été une telle déception… Mais je sais aussi que je n’ai jamais été vraiment acceptée par les miens, là-bas j’étais la petite Française, et en France, j’étais longtemps la petite Yougoslave. Toujours le cul entre deux chaises. »
Les Marocains sont venus nombreux pour témoigner, aussi, comme Yalamis, manager, qui a précédé Mohamed sur le chemin du retour au Maroc, et qui l’encourage à rentrer en des termes peu amènes pour la France :
« La France fantasmée, celle qui t’a donné de la force pour étudier, grandir, être indépendant et vivre comme tu l’entendais tes convictions religieuses, cette France là n’existe plus dans ta tête et depuis longtemps. […]
Le Maroc est un pays beaucoup plus fin que tu ne le crois, ce n’est pas un ensemble de tribus étiquetées comme la France avec deux camps distincts politiquement qui s’affrontent depuis la nuit des temps.
C’est un pays où un camp de nantis résiste à un certain nombre d’énergies (laïques, islamistes, identitaires). Vivre ce combat dans le sens qui te sied est beaucoup plus intéressant que de passer sa vie dans un pays morbide (la France) qui est juste une salle d’attente pour toi. »
Témoignage opposé d’un autre Marocain, Antophile, curieux, étudiant en France qui porte un constat lucide sur son pays d’origine :
« Au Maroc, la pauvreté, la corruption, chômage et taux de criminalité très élevés… Un Etat sécuritaire avec des vieilles pratiques qui subsistent, des gouvernements qui ne tiennent aucune de leurs promesses et qui ne font que très peu pour rendre la vie des pauvres plus décente et l’économie plus attrayante à long terme.
N’oublions pas aussi le favoritisme, très ancré dans les mentalités, qui est aussi un sérieux problème pour les jeunes, issus de milieux pauvres ou même de classe moyenne. Si t’es fils d’une famille parmi les 300 qui contrôlent le Maroc, alors l’accès à des postes de responsabilité dans le privé, et surtout dans le public, est grand ouvert. Jean Sarkozy, il en a 10 000 là-bas !
Malgré ces problèmes, je reste quand même attaché au Maroc avec une volonté de changer au mieux la situation et aller plus loin. L’amour de mon pays reste plus fort. Je préfère me battre pour lui plutôt que de rester en France à se battre pour, au final, se sentir étranger à lui.
La France est un beau pays, les Français ont de quoi être fiers. J’y reviendrai, sûrement en touriste ! »
Les réponses de Mohamed
Mohamed, l’auteur de ce texte, dont nous avons respecté l’anonymat non sans avoir confirmé sa véritable identité -que ceux qui doutent de son existence se rassurent donc-, a lui-même répondu à certaines de ces objections en postant à plusieurs reprises des commentaires. Il s’explique.
Sur sa propre existence :
« Ceux qui disent que je n’existe pas et que c’est une manipulation de Rue89, j’ai envie de leur demander si c’est vraiment si invraisemblable qu’une personne comme moi existe ?
Sommes-nous (immigrés) tous obligés d’être musulmans, non-intégrés, sans formation et sans bonne situation professionnelle ? Sommes-nous (Marocains) tous obligés de rêver de venir ou de rester en France ? »
Sur son engagement personnel dans les combats de la société française :
« J’ai fait (et je fais toujours) partie de diverses associations depuis que je suis là. J’ai aussi beaucoup essayé de sensibiliser mon entourage. Et d’ailleurs cet article rentre dans une optique de sensibilisation et est un appel à une remise en question.
Mais là, la situation actuelle dépasse ce que je peux supporter comme manque de respect de la part d’un gouvernement. »
Sur la réalité du racisme qu’il dénonce :
« A ceux qui disent que “Non, les Français ne sont pas racistes”, je réponds : “Oui, je sais”. Mes amis et mes collègues me le prouvent tous les jours.
Ce qui est grave, ce sont les climats médiatique et politique qui banalisent et justifient un certain racisme profond (que je symbolise par […] “la petite vieille”). »
Sur sa décision de rentrer au Maroc :
« Maintenant, comme vous le dites vous-même, tout n’est pas parfait au Maroc, loin de là. […]
A ceux qui disent que le Maroc est pire, je réponds que non, que la situation évolue et que je préfère me battre là-bas pour la laïcité et les libertés qu’ici où on me met dans le même sac que beaucoup de gens avec lesquels je n’ai rien à voir.
J’aurai voulu que les auteurs de ces commentaires se remettent en question, le Maroc s’ouvre et croît rapidement (5,3% de croissance en2009, alors qu’elle était de -2.1% en France). »
Sur ces étrangers qui vont quitter la France comme lui :
« Je ne suis pas là pour dire que tous les étrangers s’en iront, loin de là. Ce que je veux dire c’est qu’une minorité d’étrangers l’envisagent.
Sauf qu’il s’agit de la minorité des étrangers les mieux formés, ceux qui sont encouragés par leurs pays d’origine à rentrer, ceux qui sont un apport non négligeable à l’économie française, ceux qui sont les mieux intégrés… Bref, loin du profil de l’étranger que le gouvernement veut voir partir. »
Dans les plus de 1200 commentaires, j’en retiendrai un, l’un des plus courts, qui résume ce que beaucoup de riverains ont sans doute envie de dire à Mohamed à l’issue d’un débat vigoureux et instructif, c’est celui de Ledany :
« Fais pas l’andouille, Momo ! Reste ! Ne vas pas faire plaisir à Hortevieux et autres pétomanes ! Ne nous laisse pas seuls avec Brigitte Bardot ! » (Rue89-15.08.2010.)
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