La Tunisie.Quel avenir ?
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une Tunisie au bord de l’effondrement financier
*La tournée effectuée par le premier ministre tunisien, Mehdi Jomâa, du 14 au 19 mars 2014 dans cinq pays du Golfe n’a pas porté ses fruits.
Riyad, capitale d’Arabie Saoudite sur laquelle comptait le plus Jomâa et la forte délégation formée de ministres et d’hommes d’affaires, la réponse à la saoudienne ne dépassait guère le stade des promesses sans aucun engagement. «Tant que le mouvement Ennahda, en d’autres termes les Frères musulmans, jouent un rôle en Tunisie, les robinets du royaume demeurent fermées devant ce pays», répètent les proches collaborateurs du prince Mohamed ben Nayef ben Abdel Aziz, ministre de l’Intérieur, qui mène partout dans le monde arabe, depuis bien avant le fameux «Printemps arabe», une guerre sans merci contre ce courant islamiste. Lequel avait été chassé du pays par son père, qui lui aussi occupait le même poste après les attentats du 11 septembre.
Ce qui laisse moins de chance encore à la Tunisie de lever le boycott saoudien, c’est la récente déclaration de Mehdi Jomâa, dans laquelle, il déclara que les touristes israéliens sont les bienvenus dans son pays. Tollé chez le Conseil suprême des Oulémas, présidé personnellement par le mufti, Cheikh Abdel à Tunis. Aziz Ibn Abdallah. Ce dernier, très influent, aurait mis en garde les hommes d’affaires saoudiens et les investisseurs contre toute ouverture vers la Tunisie, tant que le gouvernement Jomaa est en place.
L’ombre des jihadistes tunisiens
Les autres pays du Golfe visitée, à savoir les Emirats Arabes Unis, le Koweit et le Bahrein, ont aligné leur position sur celle du grand frère. A Dubaï, Khalfan Dahi Tamim, chef-adjoint de la Police et de la Sécurité publique, homme de confiance du chef de cet émirat, Cheikh Mohamed ben Rached Al-Maktoum, qui pourchasse quotidiennement, les Frères musulmans présents sur le territoire des Emirats Arabes Unis, n’a pas hésité devant quelques grands investisseurs locaux de menacer tous ceux qui osent traiter avec la Tunisie.
De plus, il a laissé entendre que son pays n’est pas prêt à devenir une deuxième Syrie. Allusion faite aux jihadistes tunisiens qui viennent combattre contre Assad sans que les services tunisiens ne parviennent à les contrôler.
Les Kowetiens n’ont pas donner suite au demandes de la délégation tunisienne. Idem pour le Bahrein, alignée complètement sur Riyad. Il est hélas trop évident que l’or noir du Golfe ne viendra pas à l’aide d’une Tunisie au bord de l’effondrement financier. *mondafrique.com–Publié le 25 Avr, 2014
L’Algérie octroie à la Tunisie une aide financière non remboursable
*cliquer ici:Algérie-Tunisie
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*la Tunisie au bord du dépôt de bilan
*L’aumone faite par l’Europe à la Tunisie
Marie-Christine Vergiat, député européenne appartenant au Front de Gauche, plaide dans son blog, le 17 avril 2014, pour que l’Europe fasse enfin un geste pour la Tunisie au bord du dépôt de bilan. Les Tunisiens sont à peu près dans l’état où se trouvaient les Grecs avant que les européens ne lâchent quelques dizaines de milliards d’euros pour éviter la faillite. Un grand bravo à cette élue lucide.
« La Tunisie connaît actuellement des difficultés économiques, sociales et budgétaires. Elle a sollicité de l’aide. Hier, le Parlement européen lui a répondu : l’Union lui versera 300 millions d’euros, sous la forme d’un prêt, et à des conditions qui font de cette « aide » un véritable prêt toxique. Qu’on en juge : si la Tunisie veut toucher l’intégralité de la somme, elle devra entre autres, mettre fin aux subventions aux produits de base pour les plus démunis, privatiser ses banques publiques, flexibiliser son Code du travail… Bref, les habituelles recettes austéritaires qui font des ravages y compris sur le sol de l’Union Européenne et notamment en Grèce.
Lourdes responsabilités
La nature de cette « aide » (prêt) creusera un peu plus la dette tunisienne qui s’est déjà envolée de 20% en trois ans. Or, l’UE et ses Etats-membres portent une lourde responsabilité en la matière : la BEI est son second créancier et la France se classe en troisième position. Le remboursement de cette dette représente chaque année six fois le budget de la santé et trois fois celui de l’éducation ; la Tunisie a déjà remboursé à ses créanciers 2,5 milliards d’euros de plus que le capital prêté; et 85% des emprunts contractés par la Tunisie depuis la Révolution ont servi au remboursement de la dette.
Avec le soutien de mon groupe de la GUE-NGL et en particulier de mon collègue et ami Paul Murphy, député irlandais, j’avais donc déposé plusieurs amendements pour transformer le prêt en don et le monter à 500 millions d’euros. Ces amendements, n’ont reçu qu’un faible soutien. Le détail des votes, qui est public, est révélateur :
- l’amendement appelant à l’annulation de la dette tunisienne n’a recueilli que 43 votes positifs ;
- l’amendement condamnant les conditions austéritaires du prêt n’a recueilli que 95 votes favorables, et pas un socialiste n’a cru bon de nous soutenir
- le texte final a obtenu un soutien massif, avec 488 voix pour (dont l’intégralité des Verts et des socialistes), 51 contre et 17 abstentions.
La Tunisie et les Tunisiens sauront désormais ce que valent les belles paroles et les grandes déclarations. Je continuerai à appeler à la suspension du paiement de la dette tunisienne et à l’audit de celle-ci, seul moyen de donner une chance d’accompagner la Tunisie vers la transition démocratique ». *mondafrique.com–Publié le 28 Avr, 2014
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*Le bout du tunnel pour la Tunisie?
Mehdi Jomaâ forme son gouvernement de compétences indépendantes
Tunis *correspondant d’El Watan
A près un suspense digne d’Alfred Hitchcock et après une deuxième nomination, Mehdi Jomaâ a finalement remis, hier, la liste de son équipe de compétences indépendantes au président Marzouki. La Tunisie tourne ainsi la page des gouvernements de la troïka, dirigés par les islamistes d’Ennahdha. Avant même que l’opinion publique ne comprenne les dessous du refus-surprise de Mehdi Jomaâ de présenter, avant-hier soir, la composition de son gouvernement de compétences indépendantes au président Moncef Marzouki, il a été de nouveau chargé, hier, par Marzouki de former le gouvernement. Cette fois-ci, la question n’a pas pris de temps. Mehdi Jomaâ nouvellement nominé, n’a mis que quelques heures pour présenter son
gouvernement. Tous les problèmes ayant été résolus la veille, y compris l’épineuse dispute autour du ministère de l’Intérieur. Un poste de ministre délégué chargé de la Sécurité avait été trouvé comme solution consensuelle, un poste attribué à Ridha Sfar qui travaillera aux côtés de l’actuel ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou.
Ce scénario de nouvelle nomination a été certes imposé par l’Organisation provisoire des pouvoirs publics (OPPP) qui continue à faire foi de Constitution provisoire en Tunisie, jusqu’à l’entrée en vigueur de la nouvelle Loi fondamentale, en cours d’adoption. Le délai de 15 jours accordé dans l’OPPP au chef de gouvernement nominé pour présenter son équipe, a expiré avant-hier à minuit. Mais qu’est-ce qui a obligé Mehdi Jomaâ à faire ce détour ?
Comme il l’a lui-même explicité, hier à sa sortie de chez Marzouki, suite à sa nouvelle nomination pour former le gouvernement, Mehdi Jomaâ a exigé un nouvel amendement de l’article 19 de l’OPPP afin de garantir plus de stabilité à son équipe. Le premier amendement, adopté avant-hier peu avant minuit, stipule certes que le retrait de confiance au gouvernement se fait aux trois cinquièmes, mais il maintient le retrait de confiance aux ministres à la majorité absolue (50% + 1).
Mehdi Jomaâ y a vu une source de déstabilisation pour ses ministres. Allant dans le même sens, le porte-parole du Dialogue national et secrétaire général de la puissante centrale syndicale UGTT, Hassine Abbassi, a perçu cet amendement comme «une trahison à la feuille de route» du Dialogue national. «La majorité des deux tiers, prévue par la feuille de route, est garante de la stabilité du gouvernement Jomaâ», toujours selon Abbassi. L’Assemblée nationale constituante (ANC) a dû se réunir de nouveau hier pour faire passer ce nouvel amendement et satisfaire l’exigence de Mehdi Jomaâ.
Compétences indépendantes
Pour ce qui est de l’équipe choisie par Mehdi Jomaâ, il s’agit, comme il l’avait annoncé avant-hier et rappelé hier, de compétences indépendantes ayant fait preuve de savoir-faire et d’efficacité lors de leurs parcours socioprofessionnels. Le gouvernement Jomaâ n’est certes pas aussi restreint que prévu ; il est formé de 30 membres (22 ministres et huit secrétaires d’Etat). En examinant la liste, il s’agit de personnalités de notoriété internationale ou de compétences ayant fait leurs preuves localement. Ainsi, le ministre proposé pour les Affaires étrangères, Mongi Hamdi, est l’ancien directeur de la Commission des sciences et technologies pour le développement à l’ONU.
Au département des Finances et de la Coopération internationale, il y aura Hakim Ben Hammouda, qui est actuellement à la Banque africaine de développement (BAD) en tant que conseiller spécial de son président, Donald Kaberuka. Pour le ministère de la Justice, c’est l’ex-doyen Hafedh Ben Salah qui le gérera. Quant au ministère de la Défense, il sera occupé par l’ex-président du tribunal administratif, le juge Ghazi Jeribi. Le département de l’Enseignement supérieur, de la Recherche scientifique et de la Technologie de la communication sera assuré par Taoufik Jelassi, professeur en technologies de l’information et e-business, doyen des programmes MBA à l’Ecole nationale des ponts et chaussées de Paris.
Mehdi Jomaâ a choisi des compétences de haut calibre académique et d’un haut niveau de savoir-faire pratique. Il a essayé d’entourer son équipe de toutes les garanties de réussite. Il lui reste maintenant à obtenir l’appui de tous afin d’aider ce gouvernement à réussir. A signaler que l’Assemblée nationale constituante a programmé, dans sa plénière d’hier, l’adoption de la Constitution dans son ensemble, après l’avoir adoptée article par article. Selon les observateurs, il n’y aura pas de problème pour acquérir une majorité supérieure aux deux tiers favorable à ce projet. La Tunisie est sur la voie de la phase finale de sa transition démocratique.*Mourad Sellami-El Watan-27.01.2014
**la Constitution paraphée, une sortie de crise se dessine
Les dirigeants tunisiens ont paraphé lundi la nouvelle Constitution, un texte historique devant permettre à ce pays berceau du Printemps arabe de sortir d’une profonde crise politique, avec des élections dans l’année. Le chef de l’Etat Moncef Marzouki, le Premier ministre sortant Ali Larayedh et le président de l’Assemblée nationale Constituante (ANC) Mustapha Ben Jaafar ont signé la loi fondamentale sous les applaudissements des députés qui l’avaient adoptée dans la nuit de dimanche à lundi après plus de deux ans de travaux tendus. Après sa publication au Journal officiel, elle entrera en vigueur par étapes, notamment dans l’attente de l’élection d’un Parlement et d’un président de la République. Le texte consacre un exécutif bicéphale et accorde une place réduite à l’islam. Elle introduit aussi pour la première fois dans le monde arabe un objectif de parité homme-femme dans les assemblées élues. Ce compromis vise à éviter une dérive autoritaire en Tunisie qui a connu plus d’un demi-siècle de dictature, sous Habib Bourguiba, puis sous Zine El Abidine Ben Ali, mais aussi à rassurer ceux qui craignaient que les islamistes n’imposent leurs positions dans un pays à forte tradition séculière. M. Marzouki a salué une « victoire contre la dictature », tout en soulignant qu’il ne s’agissait que d’une étape pour ancrer la démocratie. « Le chemin est encore long, a-t-il noté. Il reste un grand travail à faire pour que les valeurs de notre Constitution fassent partie de notre culture ». « Nous avons été à quelques pas du précipice », a rappelé de son côté M. Ben Jaafar. Sortie de crise L’adoption de la Constitution, tout comme l’annonce de la formation d’un gouvernement d’indépendants dimanche, constituent des étapes clés pour extirper la Tunisie de la profonde crise politique provoquée par l’assassinat en juillet du député d’opposition Mohamed Brahmi, attribué à la mouvance jihadiste. Ce meurtre, précédé en février par celui de l’opposant Chokri Belaïd, a profondément déstabilisé la Tunisie et paralysé ses institutions pendant des mois. Il aura fallu la promesse de départ du pouvoir des islamistes d’Ennahda, majoritaires, pour amorcer la sortie de crise. Le vote de la Constitution a été salué à l’étranger, alors que la Tunisie, malgré une transition très chaotique, a réussi à préserver sa stabilité contrairement à d’autres pays du Printemps arabe. Le président du Sénat français, Jean-Pierre Bel, a salué à la tribune de l’ANC « un engagement pour la démocratie » et rendu « hommage à la détermination de l’ensemble d’un peuple ». Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a lui évoqué une « étape historique » et estimé que la Tunisie représentait un « modèle pour les autres peuples aspirant à des réformes ». Regard tourné vers les élections Le nouveau gouvernement dirigé par Mehdi Jomaâ doit pour sa part obtenir la confiance de l’Assemblée dans les jours à venir. Il aura pour principale mission d’organiser des élections dans l’année dans un climat marqué par la profonde méfiance qui règne entre les islamistes d’Ennahda et leurs détracteurs. Les politiques et les diplomates ont d’ailleurs déjà le regard tourné vers ces échéances. « Dans six semaines, il y aura une loi électorale. La visibilité est claire jusqu’aux élections qui auront lieu probablement en octobre 2014″, a déclaré à l’AFP Ameur Larayedh, un haut responsable d’Ennahda. Catherine Ashton, haute représentante pour les Affaires étrangères de l’Union européenne, a appelé « le nouveau gouvernement à déployer tous les moyens de l’Etat en vue de l’organisation, dans les meilleurs délais, d’élections transparentes et crédibles ». Les dates officielles des scrutins doivent être fixées par l’instance électorale (ISIE), qui n’a été formée que début janvier. Le président de l’ISIE, Chafik Sarsar, a déclaré à l’AFP que « les élections auront lieu avant 2015″ conformément aux dispositions de la nouvelle Constitution. Il a par ailleurs indiqué espérer que la vie politique se trouverait pacifiée maintenant que la Constitution avait été adoptée dans l’euphorie à l’ANC. « C’est un grand soulagement (…) j’espère que l’ambiance d’hier va se poursuivre afin de mener le pays sur le bon chemin », a-t-il dit. Depuis la révolution de janvier 2011, la transition démocratique a été déstabilisée par les tensions entre les islamistes et leurs détracteurs, l’essor de la mouvance jihadiste et les conflits sociaux à répétition. Le gouvernement de M. Jomaâ sera ainsi confronté à de nombreux défis. La situation économique reste notamment très difficile, des vagues de violences, nourries par la misère, éclatant régulièrement.*AFP-27.01.2014
*La Tunisie forge le consensus et met le cap sur la modernité
L’Assemblée nationale constituante (ANC) en est déjà à près des deux tiers des 146 articles du projet. La Tunisie n’aura, certes, pas sa Constitution pour cette commémoration de la révolution. Mais les grandes lignes du projet sont là et l’ANC est sur la bonne voie pour la finaliser sous peu. Comment se présente la Constitution de la 2e République en Tunisie ? Appréhendé par les observateurs et les politiques, le projet de la nouvelle Constitution en Tunisie est en passe de créer une surprise agréable, aussi bien chez l’opinion publique locale qu’internationale. Ainsi, la crainte pour une éventuelle atteinte au statut de la femme, considéré longtemps comme la fierté de la société tunisienne par rapport à ses compères arabo-musulmans, vient de disparaître suite à l’adoption, jeudi dernier, de l’article 45 de la nouvelle Constitution, qui parle d’encouragement de l’Etat à la parité entre l’homme et la femme dans toutes les institutions élues.
Un article 45 visionnaire
Pour la députée d’Ettakattol, Lobna Jeribi, l’article 45 est «un texte visionnaire comme l’a été le code du statut personnel en son temps, en 1956». Il a traîté de quatre dimensions de la condition féminine. Ainsi, pour ce qui est des acquis et à l’opposé de la formulation initiale statique «l’Etat garantit la protection des droits de la femme et soutient ses acquis», la nouvelle formule proposée est plus agressive : «L’Etat garantit les droits acquis des femmes et œuvre à les soutenir et à les développer.» Concernant l’égalité des chances, la fomule initiale disait : «L’État garantit l’égalité des chances entre la femme et l’homme pour assumer les différentes responsabilités», alors que la nouvelle formulation, plus explicite, dit : «L’Etat garantit l’égalité des chances entre la femme et l’homme pour assumer les différentes responsabilités dans tous les domaines.»
Toutefois, la question de la parité reste la notion la plus audacieuse introduite dans le texte dans la commission de consensus, suscitant des réactions de refus de la part d’une bonne partie des élus(es)d’Ennahdha. Le paragraphe introduit dit en effet : «L’Etat veille à mettre en œuvre la parité entre l’homme et la femme au sein des Assemblées élues.» C’est ce paragraphe qui a fait perdre à Ennahdha sa légendaire discipline puisque seuls 46 députés islamistes sur 89 ont voté pour le texte, alors que 23 s’y sont opposés. Malgré ces voix discordantes, les islamistes tiennent à véhiculer un message traduisant leur complète adhésion aux valeurs démocratiques et égalitaires, en cherchant à se démarquer du mauvais exemple égyptien.
Constitution démocratique
Les valeurs démocratiques du nouveau projet, issu d’un consensus entre la troïka gouvernante et les partis de l’opposition, ne se limitent pas aux acquis de la femme. Il y a également la civilité de l’Etat et la liberté de conscience. Retenant à souhait la leçon égyptienne, les islamistes d’Ennahdha se sont pliés à la plupart des exigences des experts constitutionnalistes modernistes (Yadh Ben Achour, Farhat Horchani, Ghazi Gheraïri, etc.), à tel point que le député nahdhaoui, Néjib Mrad, a déclaré lors de la séance du 11 janvier 2014 : «Il est vraiment dommage que l’ANC vote une Constitution étrangère aux travaux durant 18 mois de ses commissions constitutionnelles.»
Hormis quelques remarques éparses, comme celle du professeur Yadh Ben Achour qui a trait à l’article 38 de la Constitution, un article qui constitue «un danger pour l’éducation, la culture et la scolarité pour les générations futures, parce qu’il ne fait aucun rapport avec la technologie, la science et les langues étrangères», selon l’expert qui appelle à «pallier ces défaillances dans d’autres articles pour concrétiser l’ouverture des Tunisiens sur autrui et sur le monde». Hormis cet article, «le projet de la Constitution tunisienne est acceptable», selon le président de l’association tunisienne de droit constitutionnel, le professeur Farhat Horchani. Malgré le fait que la Tunisie soit en voie d’être dotée d’une nouvelle Constitution démocratique et d’un gouvernement indépendant, la réussite de la transition n’est pas pour autant acquise. Les principaux objectifs de la révolution, notamment la lutte contre le chômage et la pauvreté, ne sont pas encore en voie d’exécution. Le chemin est encore long, mais il faut faire renaître l’espoir.* Mourad Sellami-correspondant d’El Watan à Tunis-14.01.2014
«La Tunisie prouve encore une fois qu’elle est une exception dans le monde arabe»
Militante démocratique depuis sa jeunesse à la fin des années 1970 au sein du mouvement estudiantin de la Ligue tunisienne des droits de l’homme (LTDH), avant de faire partie des fondatrices de l’Association tunisienne des femmes démocrates (ATFD), l’avocate Bochra Belhaj Hmida continue aujourd’hui sa lutte pour les valeurs de liberté et d’égalité, aussi bien dans l’environnement politique qu’associatif. Maître Bochra est actuellement membre du bureau exécutif du mouvement Nidaa Tounès et croit fermement à la réussite de la transition en Tunisie. Interview.
- L’adoption de l’article 45 a été perçue comme un grand succès pour la femme tunisienne. Qu’a-t-il apporté de plus par rapport aux lois existantes ?
L’article 45 répond en grande partie aux revendications des Tunisiens et Tunisiennes et des associations de femmes qui n’ont cessé de revendiquer que soient constitutionnalisés les droits des femmes. Ces acquis consistent en l’engagement de l’Etat à garantir les droits acquis de la femme et œuvrer à les soutenir et à les développer, garantir l’égalité des chances entre l’homme et la femme dans l’exercice des différentes responsabilités. La parité dans les Assemblées élues est aujourd’hui un droit constitutionnel, alors qu’il a été introduit pour la première fois dans une loi transitoire et provisoire pour les élections de l’ANC en 2011. La Tunisie, comme toujours, fait partie des rares pays avant-gardistes à ce niveau. L’engagement de l’Etat à prendre les dispositions nécessaires pour l’élimination de la violence qui s’exerce contre la femme est plus qu’un succès, c’est un soulagement pour les femmes et les filles tunisiennes, mais aussi pour le mouvement féministe tunisien et pour tous ceux qui luttent contre toutes les violences. C’est une revendication de plus de vingt ans, maintenant c’est devenu une loi cadre pour éradiquer ce phénomène, qui doit être votée par le prochain Parlement.
- A voir les réactions dans les sphères démocratiques, on dirait que vous ne vous attendiez pas à un tel article dans la nouvelle Constitution. Qu’en est-il ?
Et comment ! Depuis le 14 janvier et surtout le 23 octobre 2011 (élections), nous avons eu à nous inquiéter sérieusement pour nos acquis : diabolisation des femmes tunisiennes modernes, dénigrement du patrimoine «bourguibiste», les prédicateurs, financés par des fonds louches, longtemps interdits d’entrer en Tunisie, déferlaient pour diffuser leur discours rétrograde, des voix tunisiennes, y compris à l’Assemblée constituante, remettaient en cause les acquis de la première République et, cerise sur le gâteau, une ministre de la Femme apparaissant comme femme alibi ou mascotte dans un pays comme la Tunisie où les femmes ont toujours refusé justement cette image . En matière des droits de la femme, qu’est-ce qui a changé par rapport à la version originale du projet de la Constitution du 1er juin 2013 ? On constate qu’à chaque version, il y a des améliorations au chapitre droits et libertés d’une manière générale, notamment les droits des femmes. A ce niveau, deux changements essentiels, l’engagement de l’Etat à renforcer et soutenir les acquis et l’introduction de la notion de la parité.
- Y a-t-il encore des améliorations à faire concernant la femme et pourrait-on les introduire dans l’actuel projet ?
Oui, c’est l’engagement de l’Etat à éradiquer toute forme de discrimination à l’égard des citoyens en fonction du sexe, de la couleur, conformément aux conventions internationales.
- Quelle évaluation faites-vous du parcours, déjà réalisé, de l’adoption de la nouvelle Constitution en Tunisie ?
Très difficile, mais passionnant, parce que la Tunisie a prouvé encore une fois qu’elle était une exception dans le monde arabe avec une société civile forte, des partis démocratiques vigilants, des citoyens et des citoyennes très engagés. Les défis sont, certes, multiples et plusieurs attendent d’être relevés. Mais la classe politique et la société civile sont quand même parvenues à discerner la voie de sortie. Le chemin est toutefois encore long vers la démocratie.
- Comment doit agir la société civile et politique en Tunisie pour préserver les acquis de la femme en Tunisie ?
Elle doit continuer à rester vigilante, mais le travail de terrain demeure la priorité pour rendre ces acquis un vécu pour toutes les Tunisiennes. Chaque Tunisienne et chaque Tunisien sont responsables de ces acquis sociétaux. Ce n’est certes pas un hasard si ces acquis sont là. Mais au milieu des dangers qui les guettent, il ne faut surtout pas baisser la garde.
- Vous êtes optimiste pour l’avenir…
Toujours. La Tunisie a toujours su surmonter les crises et elle s’en sortira plus forte et plus unie. Ceux qui veulent la diviser, la mettre au service des intérêts non nationaux seront marginalisés.
- Le mot de la fin…
Il est pour les Algériens et Algériennes pour leur souhaiter bonne fête du Mawlid et bon nouvel an amazigh et leur rappeler que l’unité du Maghreb est une condition essentielle pour la prospérité de toute la région.*Mourad Sellami-El Watan-14.01.2014
**Treize terroristes abattus
Pas de répit pour les groupes terroristes aux frontières algéro-tunisiennes. Treize terroristes ont été tués lors d’une opération militaire dans la région de Béja en Tunisie et deux tonnes de matière explosive saisies, selon le ministère de la Défense cité par l’agence officielle TAP. Les treize membres du groupe terroriste ont été tués au mont Taouyer, dans la zone où deux gendarmes tunisiens ont été abattus jeudi dernier par des combattants armés, selon le porte-parole du ministère, Taoufik Rahmouni. Par ailleurs, au moins trois terroristes ont été abattus par l’Armée nationale populaire, alors que cinq autres auraient été blessés suite aux opérations de pilonnage déclenchées au niveau de la bande frontalière algéro-tunisienne. Dans ce contexte, comme indiqué dans notre édition d’hier, l’ANP a procédé à des bombardements pour délocaliser les terroristes affiliés au réseau d’Ansar Al Charia, branche d’Al Qaîda au Maghreb islamique terrés dans le massif de Touiref. Le site d’information Tunisie Numérique, rapporte que «les terroristes appartiennent au groupe soupçonné d’avoir tué deux gendarmes tunisiens le 17 octobre dernier à Goubellat (Béja, est)». Le même site précise que «cinq autres membres de ce même groupe ont été blessés». Aucun détail, notamment sur le lieu de l’opération menée par l’ANP ne sera donné, si ce n’est pour citer des sources militaires algériennes. Dans la matinée d’hier, le ministère de l’Intérieur avait fait état de quatre terroristes tués. L’agence TAP indique, citant la même source, qu’un autre combattant s’est rendu et que deux tonnes de matière explosive ont été saisies dans un village voisin. La TAP n’apporte cependant aucune précision sur la nature de ces explosifs, et le ministère de la Défense n’était pas joignable hier, en début d’après-midi.
Selon M.Rahmouni, les opérations militaires lancées jeudi dernier se poursuivaient hier, l’aviation menant des vols de reconnaissance dans la région. L’armée a également procédé à des tirs d’artillerie contre des cibles «suspectes». Le groupe accusé d’avoir tué les deux gendarmes et blessé un troisième au mont Touayer, dans le district de Goubellat de la région de Béja (70 km à l’ouest de Tunis), serait composé d’une vingtaine d’hommes. Avant l’attaque de jeudi, les autorités, confrontées à l’essor de la mouvance jihadiste armée depuis la révolution de 2011, n’avaient pas fait état de la présence de combattants clandestins dans cette zone, alors qu’une quinzaine de militaires et gendarmes ont été tués ces derniers mois à la frontière avec l’Algérie. Les forces tunisiennes peinent, notamment depuis des mois à neutraliser un groupe présenté comme lié à Al Qaîda au mont Chaâmbi, près de la frontière algérienne. Les syndicats des forces de l’ordre se sont plaints à de nombreuses reprises du manque de moyens disponibles pour lutter efficacement contre cette menace. Signe de ce malaise, des policiers et gendarmes ont empêché hier, en manifestant, le Premier ministre Ali Larayedh et le président Moncef Marzouki d’assister à la cérémonie officielle rendant hommage aux gendarmes tués.
Néanmoins, des sources très au fait de la situation qui prévaut aux frontières confient que les forces de sécurité sont en opération de ratissage où des moyens colossaux ont été mobilisés, notamment les forces héliportées qui poursuivent des opérations de survol pour déterminer la position des terroristes. Les mêmes sources indiquent qu’une importante stratégie de coopération caractérise les actions militaires conjointement menées par les forces de sécurité algériennes et tunisiennes pour serrer l’étau autour du groupe terroriste. Nos sources n’écartent pas le bilan, mais préfèrent attendre la fin des opérations. A ce même propos, le site Tunivisions.Net, rapporte que l’armée tunisienne a de son côté, neutralisé au moins six terroristes à Douar Smaïl. Des sources concordantes confient qu’au moins 12 000 soldats ont été mobilisés le long des frontières avec la Tunisie, prenant en compte les zones souvent utilisées par les terroristes pour se déplacer. Il s’agit de la région Sud où des zones tampons ont été créées sur décision des autorités algériennes et tunisiennes dont l’objectif entre exclusivement dans le cadre de la lutte antiterroriste. La circulation est sous haute surveillance, permettant de freiner la mobilisation des terroristes vers le Nord tunisien et vers l’Algérie, notamment quand il s’agit d’une mobilisation en provenance de la Libye. Ces zones militaires sont situées dans une région désertique au Sud tunisien, entre la Libye et l’Algérie, un lieu de transit dont usent les trafiquants d’armes et les terroristes. Toutes ses mesures visent surtout à contrecarrer l’émergence du terrorisme vers les grandes villes tunisiennes, cependant, il semble, selon la lecture de la situation, que l’intégrisme a déjà pris son chemin vers les zones urbaines après l’attaque contre un convoi de la Garde nationale tunisienne, jeudi dernier occasionnant la mort de deux gendarmes.*L’Expression-20.10.2013
**L’Algérie active pour une solution politique à la crise en Tunisie
L’Ambassadeur d’Algérie en Tunisie, Abdelkader Hadjar va rencontrer les partis tunisiens
Selon des sources médiatiques tunisiennes, l’ambassadeur d’Algérie en Tunisie Abdelkader Hadjar, commencera dans les prochains jours des réunions avec les représentants des chefs des partis et des mouvements politiques en Tunisie afin d’activer le dialogue et la concertation à la recherche d’ une solution politique à la crise que vit la Tunisie.
Cette décision a été prise sur les conseils directs du Président Abdelaziz Bouteflika, qui avait rencontré il y a quelques jours les principaux chefs des partis au pouvoir et de l’opposition, Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi, afin de trouver un moyen pour faire sortir le pays frère la Tunisie du blocage politique.
L’ambassadeur Abdelkader Hadjar, qui est très connu pour son sens politique, a été instruit par le Président Bouteflika pour s’entretenir avec les différents partis politiques en Tunisie, sans exclusion afin de rapprocher les points de vue et trouver une solution pour faire sortir du blocage politique la Tunisie, depuis la rupture du dialogue entre toutes les parties.
C’est en tout cas ce qui a été maintenu par Hocine Abassi, le secrétaire général de l’Union des travailleurs tunisiens, qui a confirmé que le dialogue entre le pouvoir et l’opposition a été rompu et qu’il était impossible de poursuivre les discussions sans faire des concessions.
Il est à noter que la majorité des partis politiques tunisiens ont salué la position neutre de l’Algérie concernant la crise politique en Tunisie, qui s’est tenue même à distance entre toutes les parties. Ils ont salué la capacité du pays frère d’être un médiateur important pour le dialogue entre toutes les parties en conflit, le garant des décisions prises et le superviseur de la mise en oeuvre de la feuille de route tracée par les principales forces politiques en Tunisie.
C’est le chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, qui a surtout médiatisé la rencontre, évoqué longuement ces derniers jours ses entretiens avec le Président Bouteflika. Il a notamment déclaré: «Nous avons senti que le Président était soucieux de trouver un compromis entre les deux parties. Ajoutant que Bouteflika est ami de longue date de la Tunisie et qu’il était inquiet de la situation dans notre pays.»
Le président Ghannouchi a indiqué que l’Algérie est un pays clé dans la région et un voisin important. La situation politique et la stabilité en Tunisie intéressent donc au plus haut point l’Algérie.
«L’Algérie, avec son poids favorise la stabilité en Tunisie et il est en mesure de soutenir le pays contre le terrorisme et garantir la paix et la stabilité dans la région.» a-t-il souligné. Le chef du Mouvement Ennahdha a indiqué que le Président Bouteflika a insisté sur la nécessité d’une réconciliation entre les différentes forces politiques en présence en Tunisie.
Le président d’Ennahdha s’est dit aussi satisfait de la rencontre qui a eu lieu entre le Président Bouteflika et le leader du mouvement Nida Tounès Beji Caid Essebsi, indiquant qu’en recevant le parti au pouvoir et le chef de file de l’opposition, c’est comme si le Président Bouteflika a rencontré le peuple tunisien pour le rassurer. «C’est dans l’intérêt général de l’Algérie que la Tunisie soit un pays stable et sûr» a-t-il enfin déclaré.
De son côté, Abdallah Labedi, un ancien diplomate tunisien, a refusé de penser que la récente visite des deux leaders politiques tunisiens à Bouteflika soit une visite de courtoisie. Il a indiqué que la stabilité de la Tunisie est devenue un point stratégique pour la sécurité de l’Algérie, qui est à son tour ciblée à sa frontière occidentale pour sa puissance et sa richesse. Il ajoute que ce qui s’est passé au Mali l’a visée directement et qu’il est important que la situation sécuritaire et politique soit stable en Tunisie.*L’Expression-18.09.2013
** La Tunisie face à ses démons
Nouvelle phase de la violence en Tunisie.
L’extrémisme apparaît au grand jour et plonge les Tunisiens dans l’inquiétude et l’incertitude
Neuf militaires tunisiens tués dans un accrochage près de la frontière avec des terroristes
Neuf soldats de l’armée tunisienne ont été tués, ce lundi 29 juillet, dans un accrochage avec un groupe armé, rapporte la chaîne de télévision Al Jazeera. Ces militaires ont été tués lors d’un accrochage avec un groupe terroriste au mont Chaambi, près de la frontière algérienne. Selon la chaine de télévision tunisienne Wattaniya 1, citée par l’AFP, ces soldats sont des éléments d’une unité d’élite de l’armée tunisienne. Aucune voix officielle n’a encore communiqué sur l’incident, survenu dans une région où l’armée tunisienne traque depuis décembre dernier des groupes armés.
Au printemps dernier plusieurs soldats avaient été blessés et tués dans cette région par des engins explosifs cachés. Selon le gouvernement tunisien, un groupe lié à Aqmi y serait établi. Avec la région de Kef, le mont Chaambi constitue l’un des repaires des djihadistes tunisiens.
L’Algérie et la Tunisie ont décidé il y a quelques semaines de renforcer leur coopération sécuritaire, notamment dans l’échange de renseignements. En mai dernier, le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, avait assuré le président de l’Assemblée nationale constituante, Mustapha Ben Jaafar, du soutien de l’Algérie à la Tunisie. « La Tunisie est un partenaire stratégique de l’Algérie. Sa sécurité dépend de celle de l’Algérie et la sécurité de l’Algérie dépend de celle de la Tunisie », avait indiqué M. Sellal.
Crise politique
La mort de neuf soldats tunisiens intervient alors que la Tunisie fait face à une crise politique après l’assassinat de l’opposant Mohamed Brahmi. Le puissant syndicat UGTT et le parti Ettakatol, membre de la coalition au pouvoir, devaient tenir dans la soirée de ce lundi des réunions pour décider de leur position sur la crise politique.
Des heurts ont failli éclater ce matin entre des islamistes et des manifestants devant le siège de l’Assemblée nationale constituante (ANC). Les manifestants réclament notamment le départ du gouvernement et la dissolution de l’ANC. Le chef du gouvernement, membre du parti islamiste Ennahda, a rejeté ces demandes et a annoncé des élections pour le 17 décembre prochain, jour anniversaire de l’immolation d’Al Bouazizi, à l’origine de la révolution tunisienne.*TSA-29.07.2013.
Voiture piégée à Tunis : le terrorisme s’installe en Tunisie
La «Révolution du jasmin», la première dans le monde arabe, vire-t-elle à la violence armée ? Après l’assassinat jeudi de l’opposant de gauche Mohamed Brahmi par des salafistes, une voiture piégée a secoué tôt ce matin la banlieue de Tunis. Plus précisément à La Goulette. L’explosion a eu lieu quelques heures avant l’enterrement de Mohamed Brahmi. Fort heureusement que l’explosion de cette voiture de service appartenant à la Garde maritime n’a pas occasionné des pertes humaines. C’est la première fois que la capitale tunisienne enregistre un tel attentat qui nous rappelle le modus operandi des terroristes islamistes. Selon le porte-parole du ministère tunisien de l’Intérieur, l’explosion de la voiture a été provoquée par une bombe de fabrication artisanale pas assez puissante pour faire de gros dégâts. Cet attentat serait directement lié à l’arrestation la veille d’un salafiste impliqué dans l’assassinat de Mohamed Brahmi. Les Tunisiens craignent ainsi l’escalade de la violence meurtrière. Une inquiétude fortement exprimée par leurs médias. Le porte-parole du ministère de l’Intérieur qualifie l’acte de «criminel» et de «terroriste». «Si cet attentat n’a pas fait de morts, on doit reconnaître que les choses viennent de prendre une nouvelle tournure criminelle qui risque sincèrement de plonger la Tunisie dans un bain de sang», s’inquiète le magazine Tunivisions sur son site internet. Car, estime-t-il, «piéger une voiture appartenant à un poste sécuritaire de la Garde maritime n’est qu’une menace et un défi lancés par les terroristes à tous les Tunisiens et aux autorités». Pour d’autres journaux, il s’agit d’un attentat qui ne conjecture rien de bon pour l’avenir du pays. «Il faudra le prendre vraiment au sérieux, car cela peut bien être qualifié d’une opération-test qui en appellerait d’autres». Cet attentat à la voiture piégée est vu par les médias tunisiens comme une «déclaration de guerre» des salafistes contre l’Etat et le peuple. L’enterrement de Mohamed Brahmi, 58 ans, dans le carré des martyrs aux côtés de Chokri Belaïd, un autre opposant de gauche assassiné en février dernier, a été l’occasion pour la société civile et le camp démocratique de lancer un appel à l’union pour faire face au «terrorisme islamiste» qui s’installe en Tunisie. La crainte est grande. Et la situation risque de se corser davantage si les salafistes continuent à agir librement et impunément sur le territoire tunisien.*Sonia B.-AlgériePatriotique-27.07.2013.*Réactions-les islamistes sont les vecteurs de la violence. là ou ils ont pu s’installer, ils installent la violence. ils sont tres nocifs. on les voit aujourd’hui a la fois en Tunisie, en Libye, en Egypte et Syrie. ils.ne savent.que semer la mort. comme ils l’ont fait chez nous dans les annees 90.**Les Tunisiens ont, depuis le début de leur révolution, sous-estimé la force de nuisance des islamistes et surtout leur branche la plus radicale qui a envoyé des milliers de jeunes filles tunisiennes en Syrie pour le fameux djihad nikah, une nouvelle invention des salafistes. les Tunisiens doivent se secouer un peu avant que ce soi trop tard. cette race ne recule devant rien, sauf si le peuple l’affronte vaillemment et sans relâche.
**Rached Ghannouchi, le leader d’Ennahda a dépassé les bornes et s’en prend à l’Algérie
De nombreux internautes tunisiens ont violemment critiqué les propos tenus par les proches d’Ennahda qu’ils qualifient de «minables», de «psychopathes».
Assis sur les décombres d’une légitimité totalement ruinée, Rached Ghannouchi entonne son clairon impudique pour chanter la musique de Satan. Voulant camoufler l’échec de son parti, Ennahda, qui après deux années de règne chaotique a plongé la Tunisie dans une crise institutionnelle, économique, politique, sociale et sécuritaire, il s’en prend à l’Algérie. En pareilles circonstances, il lui faut un bouc émissaire et l’Algérie est toute indiquée.
Suite à l’attaque meurtrière contre l’armée tunisienne qui a conduit à la mort de 10 soldats lors d’une embuscade au mont Chaâmbi, près de la frontière algérienne, le sieur Ghannouchi et son parti n’ont pas trouvé mieux que d’actionner des organisations et des relais médiatiques qui leur sont acquis pour accuser ouvertement l’Algérie d’être «l’inspiratrice» de ces attaques meurtrières. Comment peut-on imaginer qu’un pays comme l’Algérie, qui a souffert pendant 20 ans des ravages du terrorisme et qui considère la Tunisie comme étant sa profondeur stratégique, peut-il soutenir des attaques meurtrières?
La réaction d’Alger à ces attaques ne s’est pas fait attendre puisqu’elle a été l’un des premiers pays à condamner l’acte. «L’Algérie condamne fermement l’acte de terrorisme abject qui a fait plusieurs victimes dans les rangs des forces militaires tunisiennes suite à la lâche embuscade perpétrée au mont Chaambi à Kasserine», a indiqué, hier, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Bellani. «En cette tragique circonstance, nous adressons nos condoléances aux proches des victimes et nous exprimons notre pleine solidarité aux autorités et aux forces politiques et sociales tunisiennes dans leur lutte contre le terrorisme», a souligné M. Bellani. Des médias proches de la troïka au pouvoir, se sont adonné à de graves accusations allant jusqu’à mettre en cause les services de renseignements algériens «d’être derrière le massacre de Chaambi du 29 juillet».
Le site Businessnews a diffusé un extrait d’une émission de télévision qui a été diffusé, un journaliste est allé même jusqu’à appeler le président Moncef Marzouki, lui demandant de convoquer l’ambassadeur de l’Algérie en Tunisie. Dans cette démarche machiavélique, Ennahda a même actionné des blogueurs pour intervenir, notamment sur Zitouna TV, puis sur Al Moutawassat. Participant à un plateau télé animé par le rédacteur en chef d’El Fejr – un organe d’Ennahdha – sur Zitouni TV, M. Ayari a tenté d’établir le lien entre deux événements: ce qui s’est passé à Kasserine et la présence d’un homme d’affaires tunisien à l’ambassade d’Algérie. Ces émission, ces vidéos ont été rapidement relayées par des sites d’Ennahdha avant de les essaimer sur la Toile.
Cette situation a soulevé un tollé aussi bien à Alger, que dans les milieux démocrates tunisiens. Alger, par la voie du porte-parole de ministère des Affaires étrangères, Amar Bellani a réagi fermement à ces accusations de certains milieux tunisiens. «Nous condamnons de la manière la plus ferme ces accusations irresponsables et scandaleusement mensongères qui participent d’une manipulation médiatique sordide», a déclaré le porte-parole du ministère des Affaires étrangères ajoutant que «les tenants et les aboutissants de cette manigance ignominieuse finiront par démasquer ceux qui veulent tromper le peuple tunisien au moment où celui-ci se mobilise pour faire front contre le terrorisme».
De même que les milieux intellectuels et démocrates tunisiens se sont solidarisés avec l’Algérie. «Il s’agit d’une manière de ramener les militants à adopter cette thèse sans que cela n’implique directement le gouvernement et le pouvoir», écrit le journal on line Businessnews. «Le grand voisin de l’Ouest devient ainsi le bouc émissaire parfait, pour justifier l’échec du gouvernement à assurer la sécurité du pays et à faire oublier tous les appels à la haine et à la violence proférés par les propres dirigeants actuels», ajoute le même journal.
De leur côté, de nombreux internautes tunisiens ont violemment critiqué les propos tenus par les blogueurs proches d’Ennahda qu’ils qualifient de «minables», de «psychopathe» et de «défenseurs d’Ennahda». Rached Ghannouchi n’est pas à sa première dérive. C’est lui qui a séjourné pendant des mois en Algérie pendant lesquels il aurait même prodigué des conseils aux dirigeants du FIS dissous.
C’est lui qui s’est ouvertement immiscé dans la politique interne de notre pays en afffichant son soutien à Abderezzak Mokri du MSP comme «le seul candidat valable à la présidentielle de 2014», avant qu’il soit rappelé à l’ordre par les autorités algériennes et de se rétracter. Mais cette fois-ci, il vient de franchir le Rubicon. Il est désormais persona non grata en Algérie.*L’Expression-01.08.2013.
**Un député tunisien de l’opposition assassiné
Un député de l’opposition de gauche, Mohamed Brahmi, a été abattu jeudi -25.07.2013, près de Tunis, sa famille et ses partisans accusent les islamistes au pouvoir d’être derrière l’assassinat. Son corps a été criblé de balles devant son épouse et ses enfants.
« Allah Akbar (Dieu est grand), Mohamed Brahmi a été tué, son corps a été criblé de balles devant son épouse et ses enfants », a déclaré, en pleurs, à la radio, Mohsen Nabti, membre du bureau politique du Mouvement populaire, une petite formation de gauche. La télévision Watanya a précisé que M. Brahmi avait été abattu par onze balles tirées à bout portant par des inconnus.
Deuxième assassinat du genre
L’assassinat de Mohamed Brahmi est le deuxième du genre après celui de l’opposant Chokri Belaïd, tué également par balles le 6 février 2013, devant son domicile. Le meurtre de ce dernier avait provoqué une grave crise politique dans le pays. L’Algérie, la France, les Etats-Unis, la Suisse et le Parlement européen ont dénoncé l’assassinat et la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme Navi Pillay a demandé « une enquête rapide et transparente ».*cliquer ici: les désillusions du «Printemps arabe»
***Nouvelle phase de la violence en Tunisie. Depuis hier, l’extrémisme apparaît au grand jour et plonge les Tunisiens dans un état d’inquiétude et d’incertitude qu’ils étaient loin de voir arriver après la «révolution du Jasmin». Les affrontements qui ont eu lieu, hier à Kairouan et Tunis, ne sont que le prélude à une nouvelle étape de troubles qui risque de s’installer pour une longue période. Beaucoup d’observateurs s’accordent à dire que le terrorisme va remplacer la contestation populaire. L’Egypte s’inscrit dans le même processus. Rien ne semble arrêter ce basculement. Il est intéressant de relever la nature du terrorisme dans ces pays dirigés par des islamistes. Il est aussi intéressant de relever qu’il est aujourd’hui question d’islamisme modéré contre l’islamisme radical. Un islamisme radical incarné depuis fort longtemps par la multinationale du crime, Al Qaîda. En réalité, c’est l’Islam qui est visé. Il n’empêche que c’est sous ce label que des groupes agissent dans plusieurs pays arabes et musulmans. Irak, Afghanistan, Pakistan, Libye, Syrie, etc…Bachar Al Assad a raison de dire, dans l’interview accordée à la télévision argentine, hier, que la conférence de Genève ne peut pas régler le problème du terrorisme dans son pays. Pour la raison évidente qu’une telle conférence pourra réunir toutes les parties qu’elle voudra, mais en aucun cas les terroristes. Une telle conférence ne pourra déboucher que sur un accord couvert par la légalité internationale. Or, Al Qaîda défie cette légalité internationale. Cette organisation a été créée pour installer le chaos dans les pays arabes et musulmans. La responsabilité de l’Occident est entière dans ce chaos. Que ce soit en Afghanistan ou en Libye, le malheur de tous les pays en proie au terrorisme aura été d’avoir cru à la «démocratie» importée comme une vulgaire marchandise. Ils font aujourd’hui l’amer constat de leurs erreurs. Le premier pays à avoir fait les frais de ce chaos programmé, c’est bien l’Algérie. Nous avions cru, en 1989, à l’importation de la «démocratie». Nous n’avions pas écouté nos sages comme le défunt et grand moudjahid, Slimane Amirat, lorsqu’il nous avait prévenus par ce message lourd de sens: «Entre la démocratie et l’Algérie, je choisis mon pays!». 23 ans après, quel bilan? Nous sommes toujours en apprentissage de la démocratie. Entre-temps, cela nous a coûté 200.000 morts. Dix années d’enfer au bout desquelles nous avons pu vaincre le terrorisme. Aujourd’hui, il ne menace plus nos institutions, mais des groupes armés subsistent dans les maquis. Cela veut dire que 23 ans après, nous n’en avons pas fini avec Al Qaîda. Après l’avoir chassée de notre pays, elle campe à nos frontières attendant le moment propice pour déjouer notre vigilance et revenir nous empoisonner la vie. Ceci pour dire à nos frères tunisiens et libyens qu’ils ne sont, malheureusement pas au bout de leurs peines. Mais aussi et surtout pour rappeler aux Algériens l’extrême fragilité de notre paix retrouvée. Certains milieux entretiennent des foyers de tension sous diverses formes. Conscients du danger, des partis appellent à la vigilance, voire à la mobilisation. D’autres, plus nombreux, sombrent dans un attentisme irresponsable et laissent échapper l’occasion de s’ancrer davantage dans la société. Il est clair que nos services de sécurité veillent. Il est clair aussi qu’ils ont acquis une force et une expertise inégalées dans toute la région. Ceci est reconnu par tout le monde. Est-ce suffisant pour autant? Pas si sûr! Il est vital pour tous les Algériens de se sentir concernés par les dangers qui menacent notre pays. En rejetant les fauteurs de troubles qui les caressent dans le sens du poil pour mieux les pousser dans l’abîme. Tous les partis politiques du pays sont, à ce titre, face au moment de vérité! *Par Zouhir MEBARKI – L’Expression-Lundi 20 Mai 2013
Ansar Al-Charia déclare la guerre à l’Etat tunisien
Ils réussiront, à l’ombre des crises politico-sécuritaires en Tunisie et en Libye, à tisser des liens avec leurs compères terrés en Algérie, sous la bénédiction d’un tristement célèbre et ancien prisonnier Abdelhakim Belhadj.
Ils défient sans réserve l’Etat. Ils appellent publiquement à ce qu’ils qualifient de jihad et sans aucune crainte ils incitent au crime et à l’assassinat des éléments de l’armée et de la police.
Ce sont les salafistes d’Ansar Al-Charia basés en Tunisie, qui, parallèlement à leur campagne médiatique, se préparent dans leurs abris et camps d’entraînement aux fin fonds des maquis à une guerre contre tout être qui ose contredire le fondamentalisme de leur doctrine. Ils réussiront à l’ombre des crises politico-sécuritaires en Tunisie et en Libye à tisser des liens avec leurs compères terrés en Algérie, sous la bénédiction d’un tristement célèbre et ancien prisonnier Abdelhakim Belhadj.
Ce Libyen ne pardonnera jamais son refoulement par la PAF de l’aéroport Houari-Boumediene, alors qu’il était curieusement invité par l’une des formations politiques islamistes. Si la Tunisie vit une crise sécuritaire, la Libye peine à retrouver sa stabilité sur tous les plans, alors que l’Algérie est appelée à maintenir cette menace au-delà de ses frontières, qu’on tente d’exporter par la force à défaut d’un printemps arabe.
«Vous devriez vous joindre à l’armée de Dieu. Il s’agit, pour vous, d’une question de vie ou de mort», revendiquaient le 10 mai dernier des salafistes tunisiens! Voilà le fruit amer d’une révolution qui, par le sang, arrachait le pouvoir à Ben Ali pour servir d’opportunité aux islamistes radicaux. Par son appel aux salafistes, pour condamner les violences et le terrorisme, El Marzouki, le président tunisien espère mettre fin à la menace! En soulignant que «la Tunisie est confrontée à des menaces terroristes parvenant des régions instables proches et lointaines.
Pour des stratèges, selon la presse tunisienne, ce président faisait allusion à l’Algérie. Pourtant, les menaces publiques proviennent de ces cheikhs salafistes tunisiens, qui accusaient il y a une semaine les forces de sécurité algériennes d’être à l’origine de l’insécurité dans leur pays. Les armes qui circulent, les nombreux terroristes arrêtés et réseaux de soutien démantelés n’étaient-ils pas libyens et tunisiens?
El Merzouki, quant à lui, semble être confronté à une vraie crise de renseignement. En marge de scoops, certains organes de presse étrangère, aussi bien tunisiens que libyens approuvent les accusation contre l’Algérie!
Des positions manifestement aléatoires pour faire encaisser à l’Algérie, les conséquences d’une situation qui échappe au contrôle du gouvernement tunisien dont le pouvoir est entre les mains du parti islamiste Ennahda de Rached Ghannouchi.
Ce dernier affirmait mercredi dernier être contre la violence et le terrorisme, sollicitant Abou Iyadh, le leader d’Ansar al Charia, qui fait l’objet d’un mandat d’arrêt, à se référer à la loi pour l’organisation de ses colloques. Réagissant à ces déclarations, Abou Iyadh menace dans un communiqué, publié sur le lien social Facebook, les autorités d’une guerre sans merci, les qualifiant de tyrans (taghout).
Les dés sont jetés. C’est une déclaration de guerre à laquelle devraient faire face les tunisiens, rappelant le tragique scénario vécu par l’Algérie durant les années 90.
Ansar al Charia, qui multiplie ses prêches de djihad depuis plusieurs semaines en usant d’un ton mêlé de défiance à l’égard de l’Etat, ne reculera certainement pas devant les appels à la raison, prenant en otage un peuple qui n’aspirait qu’à tirer profit d’une révolution par laquelle il aspirait plus de liberté.*L’Expression-18.05.2013.
**La Tunisie va-t-elle sombrer dans le terrorisme?
Un chef de l’opposition, Chokri Belaïd tué par balles à Tunis
violences dans plusieurs villes
Un chef de l’opposition tunisienne Chokri Belaïd a été tué par balles mercredi devant son domicile à Tunis, le premier assassinat du genre depuis la révolution de 2011 qui a provoqué des manifestations de colère contre le pouvoir islamiste et de violents heurts avec la police.
Quatre formations de l’opposition -le Front populaire (gauche), le Parti républicain, Al Massar et Nidaa Tounes (centre)- ont appelé à une grève générale jeudi et suspendu leur participation à l’Assemblée nationale constituante, en signe de protestation. Les proches de la victime ont accusé Ennahda d’être responsable du meurtre qui laisse craindre un nouveau cycle de violences en Tunisie, déjà minée par une crise politique sociale et économique et qui peine à se relever de la révolution qui a fait chuter Zine El Abidine Ben Ali en 2011.
Dénonçant un « odieux assassinat », le président Moncef Marzouki, un laïc qui entretient des relations tendues avec Ennahda, a annulé sa participation au sommet islamique du Caire pour rentrer d’urgence de France à Tunis. Chokri Belaïd, 48 ans, critique acerbe du gouvernement, a été tué en sortant de chez lui le matin de trois balles tirées à bout portant par un homme portant un vêtement de type burnous, sorte de long manteau traditionnel en laine avec une capuche pointue, selon le Premier ministre Hamadi Jebali.
Le ministre de l’Intérieur Ali Larayedh a indiqué, en citant le chauffeur de la victime, qu’un complice attendait l’assaillant pour prendre la fuite à moto. « Mon mari a été menacé plusieurs fois et avait lancé des avertissements à maintes reprises, sans résultat. On lui répondait qu’il devait assumer le fait d’être un opposant à Ennahda », a déclaré Besma Khalfaoui, à l’hôpital, le pantalon taché de sang. Elle et le frère de la victime, Abdelmajid Belaïd, ont accusé le chef d’Ennahda, Rached Ghannouchi, de ce crime, sans cependant étayer leur accusation. « Ghannouchi sale chien », a crié en larmes le père de l’opposant. Mais M. Ghannouchi a nié toute implication dans ce meurtre en estimant que ses auteurs « veulent un bain de sang » en Tunisie. « C’est un acte de terrorisme pas seulement contre Belaïd mais contre toute la Tunisie », a lancé M. Jebali.
Après de premiers heurts le matin entre policiers et manifestants, une foule a accompagné l’ambulance transportant le corps de l’opposant qui s’est arrêtée symboliquement avenue Bourguiba à Tunis devant le ministère de l’Intérieur, symbole de répression pour les opposants. « Le peuple veut la chute du régime! » « Le peuple veut une révolution de nouveau », « Ennahda tortionnaire du peuple », ont scandé les manifestants.
Après le passage de l’ambulance, une foule de jeunes manifestants a de nouveau attaqué la police avec des pierres. Un blindé de la garde nationale a tiré des gaz lacrymogènes alors que les manifestants utilisaient poubelles, tables de café, barbelés et barrières pour bâtir des barricades. Les affrontements se poursuivaient aussi dans les rues alentours, les policiers armés de matraque pourchassant les protestataires. Ailleurs dans le pays, la police a tiré des gaz lacrymogènes sur des manifestants qui tentaient de prendre d’assaut son siège à Sidi Bouzid (centre-ouest), berceau de la révolte de 2011.
A Mezzouna, près de Sidi Bouzid, à Gafsa, (centre) et à Sfax (sud) des protestataires ont incendié et saccagé les locaux d’Ennahda. A Kasserine, Béja et Bizerte, des foules criaient « Vengeance, vengeance ». « Ce gouvernement veut nous réduire au silence, nous terroriser », a crié Moufida Abbassi, une amie journaliste de l’opposant tué.
A l’étranger, le président français François Hollande a condamné ce meurtre qui « prive la Tunisie d’une de ses voix les plus courageuses et les plus libres ». Secrétaire général du parti des Patriotes démocrates, l’opposant avait rejoint avec sa formation une coalition de gauche, le Front populaire, créée en octobre 2011, qui se pose en alternative au pouvoir en place. Mais le poids politique de Chokri Belaïd et de ses alliés demeure une inconnue.
La Tunisie est plongée depuis des mois dans une crise politique, faute d’un compromis sur la future Constitution qui bloque l’organisation de nouvelles élections, alors que des membres de la coalition gouvernementale réclament un remaniement pour retirer aux islamistes des ministères régaliens. Face à l’impasse, les violences se sont multipliées et plusieurs opposants ont accusé des milices pro-pouvoir d’orchestrer des attaques contre l’opposition, dont le meurtre d’un responsable du groupe Nidaa Tounes en 2012. *AFP-06.02.2013.
**La Tunisie est sous le choc.
L’une des figures de l’opposition tunisienne, le leader du Front populaire, Chokri Belaïd, a été tué ce mercredi de plusieurs balles alors qu’il se trouvait devant son domicile à Tunis. Ce crime abject a plongé toute la Tunisie dans l’affliction. D’après l’épouse de l’opposant qui s’est exprimée à la radio tunisienne Mosaïque, Chokri Belaïd a été touché par deux balles alors qu’il sortait de chez lui. De leur côté, les médias tunisiens précise qu’il a été atteint de plusieurs balles devant son domicile. Transporté par la suite dans un état critique à la clinique de la cité Ennasr, il aurait succombé à ses blessures lors de son transfert. Dans une déclaration au quotidien français le Monde, l’avocate militante des droits de l’homme Radhia Nasraoui a précisé que Chokri Belaïd est mort d’une balle dans la tête. »Une balle l’a touché à la tête, l’autre dans le cou », a-t-elle expliqué.
Bouleversé et abattu, son frère a immédiatement accusé le parti islamiste Ennahda, qui dirige le gouvernement tunisien, d’être responsable du meurtre. « J’emmerde tout le mouvement Ennahda et j’accuse Rached Ghannouchi, d’avoir fait assassiner mon frère », a-t-il déclaré, sans plus d’explication. Par ailleurs, selon l’AFP, quelque 200 personnes ont manifesté ce mercredi matin pour dénoncer le meurtre devant le ministère de l’Intérieur tunisien sur l’avenue Habib Bourguiba, l’axe central de Tunis et haut lieu de la révolution de janvier 2011 qui a renversé le régime de Zine El Abidine Ben Ali.
**La menace djihadiste plane sur le pays
Alors que la crise politique s’est aggravée avec le refus catégorique des dirigeants du mouvement Ennahda d’étudier l’offre de l’opposition de mettre sur pied un gouvernement d’union nationale et de confier à des personnalités neutres les ministères de souveraineté (portefeuilles de l’Intérieur et des Affaires étrangères), les leaders de la mouvance salafiste tunisienne exploitent le moindre interstice pour répandre leurs idées rétrogrades et embrigader la population.
Des groupes djihadistes locaux ont, de leur côté, entrepris d’exploiter la guerre au Mali et de l’utiliser comme un fonds de commerce pour grossir leurs rangs et semer la panique au sein de la communauté étrangère établie en Tunisie, en particulier française. But ultime de toutes ces manœuvres et de cette violence politique : domestiquer la société dans la perspective de prendre le pouvoir.
Des graffitis menaçant les Français de représailles ont ainsi été peints dans la nuit de dimanche à lundi sur le mur d’enceinte d’une école française de Tunis. «Je viens vous égorger mécréants» et «Vous tuez nos frères au Mali, attendez les jours qui viennent, adorateurs de la croix», ont été inscrits à la peinture noire sur l’un des murs de l’école Robert Desnos, dans le quartier El Omrane de Tunis, selon des médias tunisiens. L’ambassade de France a confirmé ces dégradations, mais n’a pas souhaité faire de commentaire. Par crainte de représailles, la sécurité autour des représentations de plusieurs intérêts français en Tunisie a été renforcée après l’intervention française au Mali et à la suite de la prise d’otages sur le site gazier d’In Amenas en Algérie.
Quelque 25 000 Français, dont 70% de binationaux, vivent en Tunisie. Les établissements scolaires français y accueillent 7500 élèves d’une quarantaine de nationalités. De leur côté, les institutions tunisiennes – qui échappent encore au diktat des islamistes – font ce qu’elles peuvent pour endiguer l’influence des salafistes (dont certains sont armés) qui jouissent de la complaisance et parfois même de la complicité des militants d’Ennahda. A titre d’exemple, la justice tunisienne a interdit la diffusion, lundi, d’une interview du chef djihadiste en cavale Abou Iyadh par la radio Mosaïque FM. Cet entretien «peut contenir des messages codés pouvant influencer le déroulement de l’enquête (contre Abou Iyadh) et troubler l’ordre public», a estimé le juge d’instruction Djalel Eddine Boukhtif dans une lettre transmise à la radio et lue à l’antenne. Le magistrat a précisé que l’enregistrement audio et vidéo, réalisé il y a quelques jours, allait même être «confisqué». Les autorités tunisiennes ont, rappelle-t-on, mis en garde ces derniers mois contre l’implantation de groupes armés liés à Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) et l’augmentation du trafic d’armes dans le sud du pays.
Abou Iyadh, l’ennemi public n°1
Abou Iyadh – de son vrai nom Seif Allah Ibn Hussein –, chef d’Ansar Al Charia en Tunisie, est soupçonné malgré ses démentis d’avoir orchestré l’attaque contre l’ambassade des Etats-Unis, le 14 septembre 2012, à Tunis, qui a fait quatre morts parmi les assaillants. Il est recherché depuis cette date pour «homicide volontaire avec préméditation, complot contre la sécurité intérieure du pays, attaque contre la sécurité extérieure de l’Etat» ainsi que la formation d’un groupe «en vue de commettre un acte terroriste» en Tunisie et à l’étranger, a souligné le juge.
C’est la première fois que la justice détaille les accusations visant Abou Iyadh qui risque, en théorie, la peine de mort. -Abou Iyadh, ex-combattant pro-taliban en Afghanistan, échappe à la police depuis l’attaque de l’ambassade américaine. Il avait nargué les autorités trois jours après le drame en prêchant dans la principale mosquée du centre de Tunis. Abou Iyadh s’est toujours gardé d’appeler ouvertement à la violence mais, selon les autorités, son mouvement est lié à plusieurs attaques en Tunisie depuis la révolution du Jasmin. Dans l’entretien accordé à Mosaïque FM et dont la diffusion a été interdite, le chef présumé des djihadistes tunisien s’est dit prêt à dialoguer avec les islamistes d’Ennahda au pouvoir, tout en dénonçant un complot entre l’Occident et le gouvernement en Tunisie. «Nous faisons la différence entre le gouvernement et le mouvement Ennahda.
Le gouvernement ne représente pas l’islam, tandis que le mouvement Ennahda, on travaille avec lui en tant que courant islamique indépendant du gouvernement», a-t-il dit. «Nos ennemis veulent un conflit entre islam et islam. Ennahda souhaite nous rencontrer, mais ils ont les mains liées par le gouvernement parce qu’il obéit aux conditions de l’Occident», poursuit le chef d’Ansar Al Charia, appelant à une conférence réunissant tous les mouvements islamiques tunisiens.
En un mot, Abou Iyadh confirme une nouvelle fois que, dans sa conception de la cité, il ne peut y avoir de place pour les partis non religieux et qu’il est prêt à tout pour leur barrer la route. Les Tunisiens sont prévenus..*El Watan-06.02.2013
«Chokri Belaïd était un grand tribun des pauvres, des ouvriers et des femmes»
déclare Jean-luc mélenchon. Leader du Front de gauche en France
**La situation se dégrade en Tunisie
Les dirigeants de la troïka au pouvoir n’ont cessé de répéter, durant les six derniers mois, que le pays s’enlise dans la crise et que la situation n’attend plus.
Tunisie. Du correspondant d’El Watan
Ont-ils pour autant fait de véritables propositions pour le sortir de la crise ? Une synthèse des événements sur la scène politique en Tunisie nous renvoie au début du mois de juillet 2012 comme première étincelle de la crise politique avec la démission de Mohamed Abbou, ministre de la Réforme administrative, suivie quelques semaines plus tard de celle du ministre des Finances, Hassine Dimassi.
La première démission n’a pas été encore palliée, alors que celle de Dimassi n’a été comblée qu’en décembre par un intérimaire pour les besoins de l’adoption de la loi de finances. C’est dire les difficultés rencontrées par le gouvernement pour gérer les portefeuilles ministériels et les tiraillements associés. Pourtant, les accusations ayant accompagné ces premières démissions méritaient des réponses. Le chef du CPR, Mohamed Abbou, a accusé le chef du gouvernement, Hamadi Jebali, de freiner son action de lutte contre la corruption dans l’administration. De son côté, Hassine Dimassi a accusé le gouvernement d’avoir opté pour une orientation politique électoraliste qui a généré un grave et brusque accroissement des dépenses de l’Etat en comparaison avec ses ressources.
Deux ministres qui démissionnent en accusant le gouvernement de dérapage par rapport aux objectifs de la révolution, sans qu’il y ait une quelconque réponse de la part du pouvoir. Hamadi Jebali avait pourtant promis de répondre par écrit au ministre des Finances, Hassine Dimassi. Le chef du gouvernement avait également promis de répondre au président de la République lorsque ce dernier a constaté, le 1er décembre, que «le gouvernement n’a pas été à la hauteur des revendications citoyennes attisées par des années de répression» et proposé de «créer un mini gouvernement de compétences, qui ne laisse pas de place aux considérations partisanes».
Pendant les cinq mois ayant séparé les propos du président de la République, en décembre, et les démissions de MM. Abbou et Dimassi, en juillet, et surtout pendant les deux derniers mois, le gouvernement et la classe politique ont multiplié les tractations pour «un prétendu élargissement du gouvernement de la troïka», comme l’a annoncé le parti Ennahda, pilier du gouvernement. Pourtant, ces tractations n’ont pas du tout abouti et les observateurs ont constamment senti que le blocage était perceptible et ce n’est pas uniquement en raison du clivage entre les durs et les modérés au sein d’Ennahda. C’est toute la conception du remaniement qui est en cause.
Bilan et perspectives
Le politologue Néji Jalloul reproche à Ennahda d’avoir abordé les tractations pour l’élargissement du gouvernement sans une quelconque étape préparatoire d’évaluation de l’année de gouvernance de la troïka. «Or, tout nouveau programme est conçu sur le bilan de l’étape précédente pour renforcer les acquis et éviter les défauts», indique le professeur Jalloul. Mais, regrette-t-il, «Ennahda refuse d’entendre le terme d’échec, voire de défauts, ce qui a fait fuir tous les intervenants sur la scène politique». L’universitaire conclut qu’Ennahda est responsable du blocage actuel. «Les islamistes, durs et modérés, n’ont rien proposé qui puisse encourager de nouveaux partenaires politiques à faire partie du gouvernement, d’où le blocage actuel qui risque même d’atteindre les hautes sphères du pouvoir au cas où le CPR, parti fondé par le président Marzouki, ou Ettakattol, parti du président de l’Assemblée, Mustapha Ben Jaâfar, quittent la troïka gouvernante.»
Côté perspectives, les analystes sont plutôt sceptiques quant aux dates avancées par le gouvernement et l’Assemblée pour les prochaines échéances électorales. Kamel Jendoubi, le président de l’Instance supérieure indépendante des élections (ISIE), n’a cessé d’affirmer que «huit mois sont nécessaires pour préparer les élections». Or, la nouvelle ISIE n’est pas encore constituée. Donc, pas d’élections en vue avant la fin de 2013, si la rédaction de la Constitution finit entre-temps, car elle traîne encore. Par ailleurs, le même blocage sévit du côté de l’Instance indépendante de la justice et de la Haute autorité indépendante de la communication et de l’audiovisuel (HAICA).
Il est donc clair qu’Ennahda ne veut rien lâcher tant qu’il perçoit les risques d’un fiasco à travers les urnes.*El Watan-06.02.2013,
***L’affaire Chokri Belaid refait surface:
Ennahda et le Qatar auraient commandité l’assassinat
Deux mois après l’assassinat de Chokri Belaid, sa famille et les dirigeants de son parti montent une nouvelle fois au créneau, et accusent le parti au pouvoir en Tunisie et le Qatar d’avoir commandité le meurtre du président du Parti des démocrates unifiés. Quelques heures seulement après l’assassinat de Chokri Belaid , la famille du défunt et surtout son épouse ont immédiatement pointé du doigt les dirigeants islamistes d’Ennahda en Tunisie. Deux mois après cet événement, la famille Belaid et les responsables du PPDU persistent et signent : le mouvement dirigé par Rached Ghannouchi et le Qatar seraient derrière son assassinat.
Le frère du défunt Chokri Belaïd a indiqué, dans un entretien accordé à un quotidien, que deux membres du mouvement Ennahdha sont impliqués dans le meurtre et que le Parti des patriotes démocrates unifiés détient des preuves qu’il révèlera prochainement. Hier, Abdelmadjid Belaid a confirmé sur le plateau d’une télévision avoir eu des informations de sources dignes de confiance concernant l’identification d’un véhicule qui aurait été utilisé lors du meurtre du président du PPDU. Il a déclaré qu’il s’agissait d’une estafette qui a servi à transporter le tueur ainsi que sa moto.
Ce dernier a précisé que le véhicule appartient à une société qatarie implantée à Tunis dont le gérant est membre du parti islamiste Ennahda. Au cours de son intervention, le frère du défunt a indiqué qu’il s’étonnait que le juge d’instruction en charge du dossier de l’assassinat refuse d’auditionner le mis en cause et ce, malgré l’insistance du groupe de défense. De son côté, Mohamed Jemour, secrétaire généraladjoint du Parti des patriotes démocrates unifiés, a affirmé, lors de la conférence de presse tenue mardi 2 avril 2013, qu’ils ont présenté au juge d’instruction le numéro de matricule de la voiture utilisée dans l’assassinat : « Jusqu’à présent, nous attendons une réaction de la part du juge d’instruction !» M. Jemour a précisé, en outre, que le numéro de matricule était 138 Tunis 3583 et que l’un des actionnaires dans la société propriétaire de cette voiture est un membre influent du mouvement Ennahdha.
Selon d’autres sources, deux véhicules auraient été identifiés dont l’un tunisienne et appartenant à l’entreprise qatarie «l’Oasis». Zied Lakhdar, secrétaire général d’El- Watad, a privilégié la thèse de l’implication de l’Etat du Qatar dans l’assassinat de Chokri Belaïd et a pointé du doigt le manque de sérieux du gouvernement dans cette affaire. Nous apprenons également que les avocats de la défense du martyr Chokri Belaid ont réclamé au juge d’instruction du tribunal de première instance de Tunis l’émission d’un mandat d’amener à l’encontre du chef actuel du gouvernement, Ali Laârayedh, comme l’exige la loi. La défense estime qu’après deux convocations sans suite, le juge d’instruction est en droit et a le devoir d’émettre un mandat d’amener dans la mesure où le chef du gouvernement ne bénéficie d’aucune immunité.
Pourquoi le Qatar serait-il impliqué dans l’assassinat de Chokri Belaid ? Selon des proches, des politicologues et des médias tunisiens, le président du PPDU, un opposant au régime islamiste en Tunisie, n’a jamais caché son arrogance aux dirigeants du Qatar. Si Chokri Belaid avait à maintes reprises affiché son rejet à l’ingérence de Doha dans les affaires intérieures de la Tunisie, ses dernières déclarations auraient été fatales pour lui. Quelques heures avant sa mort, Chokri Belaid a accordé une interview au journal Al-Khaliij (le Golfe) qui parait à Sharjah. Il a employé l’expression «crime politique» seize fois et affirmé que ce qui se passe en Syrie est une conspiration israélo-américaine soutenue par les pays du Golfe, et qu’Ennahda préparait des plans terroristes en Tunisie. Chokri Belaid est l’un des rares hommes politiques tunisiens à avoir violemment critiqué le Qatar, indiquant que les islamistes d’Ennahda sont aux ordres de Doha.
Il a également déclaré qu’il était au courant des armes que le Qatar aurait fait entrer en Tunisie. «Des propos largement suffisants aux islamistes pour le liquider physiquement », a indiqué le professeur Bassam Tahan. Pour l’instant, la question demeure officiellement sans réponse et ce, dans l’attente des suites de cette affaire, si elle y en aura, bien sûr. Nous apprenons qu’à la demande de la famille de Chokri Belaid, le ministère public près le tribunal de première instance de Tunis a décidé de faire bénéficier Mme Basma Khalfaoui, veuve de Chokri Belaid et ses deux filles, d’une protection officielle rapprochée.*source: La nouvelle république- 03.04.2013.*Moncef Rédha
***Anonymous Tunisie s’attaque au régime qatari, qu’il accuse d’être au «service d’agendas américano-sionistes et à l’origine de toute tentative de déstabilisation sécuritaire dans différents pays arabes».
**Qatar veut régenter le monde arabe
Après avoir armé et financé les révoltes arabes, le petit émirat du Qatar cherche maintenant à en tirer les dividendes. Le Qatar qui fait figure de nain dans le Moyen-Orient, veut régenter le Monde arabe. Mais c’est de Tunisie que le sifflet annonçant la fin de la recréation de ce non-Etat retentit.
Une féroce campagne contre le Qatar est menée depuis avant-hier par les internautes tunisiens qui, en réalité, n’ont jamais apprécié l’incursion de ce «client» dans leurs affaires internes. Cette campagne est menée par plus de 25.000 Tunisiens contre le cheikh Hamad ben Khalifa Al Thani, l’émir du Qatar.
Les cyberactivistes Anonymous Tunisie, s’y mettent eux aussi. Anonymous Tunisie décide de s’attaquer au régime qatari, qu’il accuse d’être au «service d’agendas américano-sionistes et à l’origine de toute tentative de déstabilisation sécuritaire dans différents pays arabes». Ce groupe a annoncé, dans un communiqué mis en ligne, une nouvelle opération visant les sites Web gouvernementaux de l’Etat qatari. Une mission baptisée «OpQatar», qui débutera bientôt. Ainsi, après Israël, le Qatar serait la prochaine cible des hackers. Anonymous Tunisie reproche à l’émirat du Golfe ses agressions commises contre la Tunisie et «nous considérons le gouvernement qatarie complice des Etats-Unis et d’Israël», selon les dires des membres du collectif des pirates.
Les Tunisiens reprochent à ce riche émirat du Golfe, non seulement de vouloir régenter la Tunisie, mais aussi le fait qu’il s’adonne à de graves pratiques comme le financement des réseaux de jihadistes de Tunisie vers la Syrie. Selon un article paru dans Jeune Afrique, et se basant sur un rapport de l’ONU, «les combattants tunisiens en Syrie seraient au nombre de 3 500 et constitueraient 40% des effectifs jihadistes». En d’autres termes, les Qataris s’adonnent au business de la mort en endoctrinant des Tunisiens y compris des jeunes filles pour mener le «jihad du nikah», qui consiste à satisfaire les désirs sexuels des combattants islamistes.
Pour ce faire, le Qatar ne lésine pas sur les moyens. Il finance des associations «humanitaires», qui vont ensuite recruter les prétendants au jihad. Ces derniers seront acheminés en Syrie avec de faux passeports. Le but étant de monter en épingle la mouvance islamiste. Car, le minuscule émirat dépense annuellement des milliards de dollars dans le financement des mouvements islamistes qui sont actuellement au coeur des problèmes en Tunisie, en Egypte, en Libye et en Syrie. Deux raisons guident le Qatar dans cette démarche. La première est due au fait que cet émirat est de tendance lui-même salafiste. La seconde raison est d’ordre stratégique.
C’est que le Qatar est le fidèle sous-traitant des Etats-Unis dans la région. Il joue le rôle de véritable croupion pour déstabiliser les régimes qui leur sont hostiles. Depuis l’accession de Barack Obama à la Maison-Blanche, une nouvelle vision s’est imposée dans la manière de faire la guerre et de défendre les intérêts US. Ces derniers ne veulent plus que leurs boys meurent dans d’autres pays pour combattre le fléau islamiste.
Convaincus que la majorité silencieuse dans les pays arabes est justement de tendance islamiste, «pourquoi alors ne pas laisser cette tendance s’exprimer».
Dans un rapport détaillé établi en 2010 par la Brookings Institution, un influent think tank américain, il a été explicitement suggéré à l’administration Obama de «soutenir les islamistes et de leur donner un coup de pouce dans les pays», car c’est la tendance lourde au sein des sociétés arabes. Le rapport soulignait avec insistance que «l’islamisme politique dans les années à venir aura des répercussions lointaines sur la politique et la sécurité des Etats arabes».
Le même rapport a relevé que «durant ces 20 dernières années, ils ont passé leur temps à se structurer et à gagner la sympathie des populations». «Ils ont renoncé au rêve d’instaurer un Etat islamique et ont de plus en plus recours à l’opération électorale en utilisant de façon rationnelle le Parlement pour affaiblir l’emprise des gouvernements sur la vie publique». C’est cette direction que semble privilégier l’administration Obama.
Pour ce faire, il se base sur les pétrodollars du Qatar comme moyen de déstabilisation et les drones pour faire la guerre. Mais l’argent n’est pas tout, puisque la fin de la recréation vient d’être sifflée.*source: L’Expression-13.04.2013.
**Marzouki a retourné sa veste !? selon des médias tunisiens
Le président tunisien, grand démocrate devant l’Eternel, pourfendeur des dictateurs, est devenu le pantin d’Ennahda, au pouvoir en Tunisie.
Le président tunisien, qui a enfoncé son pays dans une terrible crise sociale, sécuritaire, politique et économique, a quand même trouvé le temps d’écrire un livre et de venir le présenter en France, après avoir «courtisé» l’épouse de l’émir du Qatar, en qui il découvre des «vertus» qui sont loin, très loin d’être les siennes. Si Marzouki a retourné sa veste, et est devenu le pantin des islamistes, cela est une évidence.
Reste à relever, toutefois, qu’il continue de pousser chaque jour le bouchon un peu plus loin. Incroyable mais vrai. Le président tunisien, grand démocrate devant l’Eternel, pourfendeur des dictateurs, a fini par tomber bien bas en devenant l’ami, voire le pantin des islamistes d’Ennahda, au pouvoir en Tunisie. Et, non content d’être tombé aussi bas, il est allé jusqu’à parler de laïcs extrémistes et d’islamistes modérés, promettant la guillotine aux premiers nommés. Ce n’est pas tout. Gérant un pays qui n’en finit plus de s’enfoncer dans une crise multidimensionnelle aux incommensurables conséquences, il trouve quand même le moyen de tenir salon chez ses amis qataris, et d’écrire un livre très quelconque qu’il est venu présenter chez son ami Jack Lang, le patron de l’Institut de la langue arabe, basé en France.
À l’occasion de sa deuxième visite dans l’Hexagone, qui a eu lieu ce vendredi donc, les Tunisiens de France n’ont pas manqué de sortir manifester en masse contre ce président dont le règne est en passe de virer à la mascarade. À grand renfort de pancartes et de slogans, les manifestants, rassemblés non loin de l’Institut du Monde arabe, à Paris, où le président est venu présenter son ouvrage « L’invention d’une démocratie : les leçons de l’expérience tunisienne », sont venus protester contre cette venue jugée aussi « honteuse » que « ridicule ». « Quel faux intellectuel ! Il vient à Paris, se présente comme un petit Voltaire, un ardent défenseur des droits de l’homme, un admirateur de Robespierre, alors qu’à Tunis, la réalité est bien différente, il est constamment critiqué pour son hypocrisie », s’insurge Nejib Baccouchi, un ancien détenu politique, qui vit en France depuis 10 ans.
« Qu’a-t-il fait depuis la révolution ? Rien, absolument rien. Depuis la chute de Ben Ali, qu’a-t-on gagné ? Des voiles en plus, des niqabs en plus et l’insécurité en plus », ajoute-t-il. Le pays est en pleine crise politique, la tension est élevée, la conjoncture économique est morose et le président tunisien trouve quand même le temps pour rédiger un livre [L'invention d'une démocratie : les leçons de l'expérience tunisienne, éd. de La Découverte], publier de longues tribunes d’opinion, voyager, boire un thé avec des princesses, présider des conférences littéraires… La semaine dernière, Marzouki était à Doha. Il en a profité pour se faire inviter par Moza Nasser Abdallah Al-Misnad, épouse de l’émir du Qatar.
Cette semaine, il est à Paris pour présenter son nouvel ouvrage lors d’une conférence à l’Institut du monde arabe [ce 12 avril]. Entre ses deux voyages, il a adressé un texte au conseil national du CPR [Congrès pour la République, gauche nationaliste, le parti de Marzouki] dans lequel il a notamment parlé de la nécessité de changer ses idées comme on change de sous-vêtements. Sans réelles prérogatives, Marzouki n’a rien à faire de ses journées, il s’occupe donc comme il peut et il tient à le faire savoir au monde.
UN VIRAGE DANGEREUX EN ATTENDANT LE POINT DE NON-RETOUR…
Connu pour avoir été un fervent défenseur des droits de l’homme, Moncef Marzouki a oublié tous les principes qui ont façonné son image. C’est bien lui qui critiquait Ben Ali et sa dictature ? Pourtant, depuis qu’il est au palais de Carthage, il ne cesse de chanter les louanges de l’émir du Qatar, qui n’est pas spécialement connu pour être un défenseur de la démocratie ou un homme respectueux des droits de l’homme. C’est bien Marzouki qui critiquait Ben Ali et ses atteintes à la liberté d’expression ?
C’est pourtant dans les prisons qataries que croupit le poète Mohammed Al-Ajami, condamné en première instance à la perpétuité (peine réduite à quinze ans en appel) pour un poème saluant l’avènement des révolutions du « Printemps arabe ». C’est bien Marzouki qui donne des leçons de démocratie du matin au soir ? Si l’on a bonne mémoire, c’est pourtant au Qatar qu’un émir a renversé son père pour prendre sa place et y rester jusqu’à ce jour.
C’est bien Marzouki qui dénigrait Leïla Ben Ali pour avoir profité des deniers de l’État ? L’épouse de l’émir n’en diffère pas trop, semble-t-il. C’est bien Marzouki qui parle d’encourager la culture locale et les emplois dans son pays ? Pourtant, il a choisi de publier son ouvrage chez un éditeur français ! Dans la foule, malmenée par la grêle et un impressionnant déploiement des forces de l’ordre, les commentaires acerbes abondent.
Un an et demi après son arrivée au pouvoir, Moncef Marzouki continue de voir son image de leader fortement éreintée. À son « incompétence politique notoire », les Tunisiens de France s’étonnent aussi de son « amitié » avec les Qataris et de sa « bienveillance » à l’égard des islamistes. Il faut dire qu’en Tunisie, c’est bien le parti islamiste Ennahda, majoritaire à l’Assemblée, qui concentre les pouvoirs. En plus de sa « traîtrise politique », beaucoup déplorent son laxisme face à l’explosion du chômage et de la misère sociale. « Non, mais franchement, vous connaissez beaucoup de présidents en exercice qui ont le temps d’écrire un livre pendant leur mandat et de venir à l’étranger le présenter alors que la crise ravage leur pays ? ironise Emna Ben Moussa, une étudiante franco-tunisienne de 23 ans venue avec ses amis.
C’est scandaleux, il faudrait vraiment qu’il quitte le pouvoir. » À ses côtés,Younès, étudiant lui aussi, s’inquiète surtout du virage politique emprunté par le président. «Il utilise des mots dangereux : il parle d’’extrémistes laïcs et d’«islamisme modéré»… On ne le comprend pas, à quel jeu joue-t-il ?» Il y a deux semaines, dans une interview accordée à la chaîne d’information qatarie Al-Jazeera, Moncef Marzouki a affirmé que les « extrémistes laïcs » risquaient la pendaison « s’ils réussissaient à s’emparer un jour et par n’importe quelle manière du pouvoir ». Une mise en garde qui a atterré les manifestants dont quelques-uns sont venus parés d’une corde autour du cou en guise de provocation. « Il essaie de nous effrayer en brandissant la menace de l’échafaud.
Moi, je suis prêt à être pendu. Mais qu’il prenne garde lui aussi à ne pas finir pendu à une corde ou sous une guillotine », confie Khaled, la soixantaine, les cheveux balayés par la pluie. « Monsieur se donne des grands airs, Monsieur se prend pour Voltaire, il finira comme Robespierre! »- *source: Le Courrier d’Algérie-13 04.2013.
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