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Algérie..pouvoir et realpolitik

gifdrapo.gifA 6 mois et demi, un silence radio est toujours observé vis-à-vis du plus important rendez-vous électoral de la Nation -les présidentielles-. À 6 mois et demi, aucun débat n’est ouvert, nous privant de ce beau spectacle où nos Elites se sont tellement fait remarquer en menant des joutes houleuses, passionnées, passionnelles! À 6 mois et demi, le peu qui s’y prête, parle et écrit est sommé de… se taire (s’occuper de ses affaires).À 6 mois et demi, toujours ce grand paradoxe de notre belle Algérie: éviter de débattre, sonner le glas d’opinions dissonantes. Exiger que l’on rase les murs. Et… laisser les rumeurs les plus folles… circuler, s’amplifier, s’emballer. De quoi tuer l’intérêt des Algériens pour la chose publique. Pour les conflits politiques pacifiques. Alimenter l’hyperinflation du bouche-à-oreille et… ses choux gras.La principale difficulté dans ce pays, aujourd’hui, n’est pas tellement de savoir si… le président de la République va briguer ou non un 3e mandat? -Pourquoi pas un 4e, un 5e…?- mais est celle de discuter des urgences sociales, économiques et politiques. Non pas celle de dire «rentre chez toi», mais celle de nous dire: «à quelle sauce nous serons mangés par la future équipe dirigeante?», quelqu’elle soit.

 ne pas faire table rase du passégiffl1.gif

À 6 mois et demi, peut-on encore laisser croire que ce serait le Grand Soir, la Grande Alternative Démocratique, la Radicale Alternance Politique? C’est aussi facile? Sans des bases d’appui sociales, sans des troupes politiques, sans des soutiens de la société civile, sans les mouvements sociaux, sans l’opinion publique? Sans des consensus construits? Sans accords autour de ceux qui accéderont au pouvoir… par les urnes? Pas, par des rumeurs. Pas par des rumeurs d’échos de bottes et de chars. Les expériences de transition démocratique, de véritable alternance politique -comme celle d’Allende au Chili (dont nous pourrons tirer tant d’enseignements car proche de nous, encore aujourd’hui .. sous Bouteflika; mais là, c’est un tout autre débat, tellement vital si l’on veut sérieusement discuter du comment a été exercé effectivement le pouvoir depuis 1999)- ces expériences nous enseigneront que le respect du jeu démocratique n’est pas TOUJOURS la meilleure règle de conduite… politique: en situation pré-révolutionnaire, quand la raison des armes l’emporte sur l’arme de la raison.Dans ces expériences où l’opposition a accédé au pouvoir démocratiquement… après 5 à 6 décennies de luttes serrées, de corps-à-corps abrupts, occupant «stape by stape» les bastions institutionnels de la vieille majorité gouvernante, l’on ne se suffisait pas de… rumeurs pour prétendre au pouvoir, pour prétendre à gouverner! Ces prises de pouvoir ont été construites. Réfléchies. Pacifiques. Graduelles. Car, constituer un gouvernement d’alternance exige des forces politiques puissantes, des forces de propositions capables, à chaque échelon de l’organisation institutionnelle, de mobiliser «les masses» et… les COMPETENCES humaines qualifiées. Une prise de pouvoir ne s’improvise pas… L’alternance politique véritable est une affaire sérieuse. L’on ne doit pas seulement pétitionner, appeler, faire des voeux! L’on ne doit pas non plus, se fier à ceux qui veulent couper des têtes. Sans qu’on nous dise: par qui va-t-on les remplacer? Et à 6 mois et demi, l’on ne peut attendre, attendre… et encore attendre. À 6 mois et demi, celui (ou ceux) qui se considère(nt) comme des challengers… qu’il(s) se présente(nt)! Avec programme, idées, équipes! Ce n’est là que cours naturel des choses!

de la gouvernance démocratique

gif12.gif Si l’on ne peut, même dans les alternances démocratiques à appui populaire, faire table rase des legs institutionnels, de l’édifice, comment une si jeune et fragile démocratie, comme la nôtre, peut-elle tenir le coup face aux coups bas des Gérants de la République? Et des forces politiques qui, depuis l’Indépendance, leur permettent de tenir le coup en leur apportant des coups de mains? Aux yeux du monde, nos présidentielles n’ont qu’un intérêt: le taux de participation des électeurs. 33% ? 45% ? 57% ? 69% ? Ou plus? Nos arrangements institutionnels internes, comme ceux que je vais abordés ci-dessous, restent pour eux de peu de portée.Il est vrai, cependant, que certains (du côté des Européens et des Arabes) chercheront à scruter plus, à sonder plus: ce qui se trame dans les coulisses du pouvoir, et au-dessous et… au-dessus. Guettant des indices des «interventions» de l’Armée dans le jeu politique, dans les enjeux politiques majeurs d’aujourd’hui. Ils font en somme leur métier (et il n’y a rien de plus naturel: les «services» sont «missionnés» pour ça, non?). De cela, nos lecteurs sont détournés (batata! zroudia!). On allume les projecteurs sur… (au fond), rien. Le vide, …des propositions concrètes, des idées pratiques, des programmes alternatifs fiables. Une opposition laminée, une société civile démobilisée, des mouvements sociaux minés. Résultat des courses: ce pays donne l’impression que seuls les gouvernants sont aptes à dire, à faire. Sont les SEULS qui font! «Centralisation étatique excessive!», «Etatisation centralisée exorbitante!». La société? Du mou, du creux, du flasque! Des «khorotes»! Des «jahelines»! Des sous-êtres déversant leur libido à même la rue, comme des animaux!Que de rumeurs! Quelle hyperinflation où l’on susurre le bouche-à-oreille… comme un précieux sésame! Mais, que de lâcheté! De ceux qui sciemment refusent d’écrire et assumer publiquement ce qu’ils colportent- «Ah! J’ai entendu!», «L’on m’a dit… wa Allah ya �’allam!»… dont se gargarisent ces soudés de nos cafés de commerce et… des bureaux de notre haute, moyenne et petite Administration! Le réel contre-pouvoir lumpenprolétarien! Notre pire ennemi, car il se couche. Il brouille nos horizons. Il empoisonne nos esprits. Il tue nos espérances.

la tragique lucidité du paralytique

Mais, à qui le dire…? Quand tout le monde y trouve son compte. Pour faire bref: enlevons la première pierre d’achoppement: faisons comme si l’actuel président de la République «rentre chez lui», pas de 3e mandat donc pour M. Bouteflika -puisque c’est lui, selon toute évidence, qui leur (?) pose problème.Qui veut se présenter? Réunissant autour de son nom (ou de son parti ou ses partis alliés ou son front populaire ou démocratique ou national ou islamiste), une majorité de nos concitoyens. N’est-ce pas une condition pour s’assurer d’une majorité parlementaire? Une majorité pour gouverner? Une majorité d’où sera issu le futur gouvernement? Y-a-t-il une autre voie, l’autoritaire, la putschiste? Comment alors gouverner sans? Sans le respect du SMIC démocratique (qui a tellement, tellement pesé… surtout quand ça devient très difficile de bidouiller des élections)? Aurions-nous une dissolution de l’Assemblée nationale? Et notre Conseil de la Nation? Notre Sénat, sera-t-il maintenu, préservé, respecté? Ce Sénat qui, avec sa majorité actuelle, pourrait ne pas suivre, ne pas «se comporter aussi correctement que l’on voudra»… Cette future majorité parlementaire, supposée être différente de l’actuelle (sinon: de quoi l’on parle?), cette majorité n’aura pas -dès son arrivée- ses propres sénateurs; la majorité sénatoriale actuelle ne jouera pas le jeu et pourra bloquer toutes les lois, les futures dispositions législatives (qui seront plus justes, plus tout, quoi!).Comment, institutionnellement, s’en sortir? Introduira-t-on une révision constitutionnelle? Juste pour dissoudre cet organe d’excroissance, ce Sénat si encombrant. Faisons fi de ces petits problèmes de «cohabitation» (entre la future majorité présidentielle et l’actuelle majorité sénatoriale) et posons la bonne question: pourquoi ce que l’on voudrait interdire aujourd’hui à Bouteflika, le permettrait-on à son futur successeur… demain: dans 6 mois et demi?

l’injustice c’est.. violer la règle

On n’en est pas à une contradiction près. On n’en a que cure! Appeler, ouvertement et en républicain, à égorger la Réconciliation nationale, issue pourtant d’un référendum, ne dérange apparemment pas! Le plus important est qu’il ne triture pas la Constitution (même si celle-ci l’autorise à le faire) et… qu’«il rentre chez lui»! Pourquoi pas, franchement! Mais qui va le remplacer? En vue de quoi? Pour quel(s) projet(s)…?A 6 mois et demi, peut-on aborder toutes ces questions, sans se faire insulter? Peut-on publiquement débattre? Pas par des éditos. Dans des articles de fond, dans un libre «opinion-et-débat» ou un sarcastique point de vue (car nous manquons tellement d’humeur!) Cette figure idoine qui va tout chambouler existe certainement! Ce sera celui qui saura faire face aux Gérants de la République? Comme face… à ceux qui: «le pouvoir est au bout du fusil»! Sur ce chapitre délicat, les observateurs des Capitales et des Chancelleries parient plus sur une neutralité (de l’ensemble des corps constitués). Ils font remarquer (quand on les aborde, même si cela déplaît fortement à nos Gouvernants, parce que -constat fait in situ- souvent nous ne savons pas nous retenir! retenue souhaitée d’ailleurs par ceux qui nous écoutent!) que: dans beaucoup de leurs déclarations, les porte-parole officiels prônent, de plus en plus, la neutralité… et que parole a été tenue… à l’exception du malheureux épisode sous le 1er mandat (s’en souvient-on?), les dépassements localisés de l’administration CIVILE -signalés par l’opposition- ne pesant que peu sur le résultat global (un Président étant à… 50,01%, disait déjà M. Chirac!). Le jeu est, pour eux, réellement ouvert… si le minimum démocratique -le suffrage universel- est respecté.

la realpolitik algérienne…

Cet avis n’est pas accepté par nous tous -majorité, oppositions et analystes-. Mais le pouvoir en place, lui, n’y est pas insensible. Ceci fait que cet avis influe -indirectement- sur quelques déterminants de notre Realpolitik, et, il ne peut être balayé… à l’ère de la globalisation-mondialisation.Les faibles taux de participation aux élections observés et enregistrés depuis 1994 (surtout le fameux 13% du corps électoral obtenu par la majorité actuelle), militent positivement en faveur de cet avis. Une plus grande transparence a indéniablement été introduite. Et c’est là, un PLUS démocratique. Cette transparence reste un pas fragile car elle n’est pas encore un acquis démocratique affermi. Que l’on ne s’y trompe pas! Demain, un autre que Bouteflika ne sera-t-il pas tenté?Si le jeu politique algérien est, à ce jour, ce 11 septembre 2008, «ouvert» – et, tellement ouvert qu’un des ténors de l’opposition démocratique a, sans fournir d’éléments objectifs, pronostiqué que… l’actuel président de la République ne briguera pas de 3e mandat, -que se passera-t-il? Si: les commandements et la hiérarchie- «tels que remaniés depuis 1999», ne soyons pas naïfs!Ça sera comptabilisé dans le Bilan, avec les logements, l’autoroute Est-Ouest…?- si la Grande Muette respectait intégralement ses missions internes et son devoir de neutralité dans les luttes politiques, que se passera-t-il?

Et ces possibles.. impossiblesgiffant.gif

Constatons (au passage) que sur cette question, nos prolifiques éditorialistes évitent -comme la peste- de se pencher (mais Boutef, ça y va!). Cette autocensure est, elle-même, révélatrice? Pas seulement: de l’esprit dans lequel sont abordées nos présidentielles, pas d’ailleurs très différemment pour le reste: l’absence de professionnalisme! Elle est révélatrice de l’expectative dans laquelle se situe toute notre classe politique (et ce ne sont quand même pas tous: des larbins!).Expectative (du latin exspectare, attendre): «Attitude prudente de quelqu’un qui attend pour se décider. Rester dans l’expectative», lit-on dans Larousse. Est-ce à dire que dans ce «milieu» (voir: Sérail, ci-dessus) l’on croit que… les jeux sont faits et les dès sont pipés? Ou reste-t-on réellement dans l’expectative car l’on ne sait pas à quelle sauce l’on sera tous… mangés? Mais alors: qui détient les ficelles? Qui est ou qui sont les Décideurs? Une réponse et une seule, trouvera-t-on: le sérail. Le Big Brother algérien en 2008! Qu’est que? Larousse: «milieu restreint, entourage immédiat d’une personnalité où se nouent de nombreuses intrigues» (c’est là un mot d’origine persane, transmis par les Italiens: «serraglio»). La perspective d’un Sérail, faiseur du Tout politique se situe dans ce que j’appelle: l’hypothèse moyenne.

 des hypothèses… forte, moyenne et faible

Cette hypothèse se situe dans un spectre de défis politiques réalisables (certains, éventuels et d’autres, incertains) par les challengers dans les présidentielles. Elle se situe exactement: entre l’hypothèse forte du Grand Soir (de l’Alternative Démocrate? Ou l’Alternance Autoritaire? Ou Islamo-théocratique… ?) et l’hypothèse faible du Statu Quo Ante (le retour de l’Armée aux affaires, viol de la Règle démocratique, des Droits de l’homme, du Domaine public et privé, de l’Etat…). Elle est ainsi celle de «toutes choses égales par ailleurs» (aucun changement… à ce niveau de l’exercice du pouvoir, cela s’entend!). Sans les examiner une à une, en accepter une ou rejeter l’autre, confrontons-les au Réel. Qu’est-ce? L’Algérie.L’Algérie est toute enchevêtrement d’une société de violence et d’une société de conflit (comme beaucoup de sociétés arabo-musulmanes ou africaines). L’Etat de droit, les institutions démocratiques, l’économie monétaire de production (où un crédit est un crédit… pas un coup de téléphone!) sont des caractéristiques de la deuxième, la société de conflit avec ses espaces publics de confrontation démocratique, de consensus irréversible (l’Armée: dans ses casernes!) et d’anticipations mobilisatrices (les pourquoi des ponts, des routes, des rails, des hôpitaux, des universités, des logements, des pouvoirs d’achat garantis, etc., pourquoi tout ça? Et pas de fonds souverains! Pourquoi?).La société de conflit (au sens des sciences politiques) est notre avenir. La société de violence, nous la connaissons plus, beaucoup plus: les attentats islamistes, les assassinats sur nos routes, dans les urgences de nos hôpitaux, dans le noir de nos rues mal éclairées… pour un téléphone portable, etc., etc. (1).Elle est un legs et une réalité vivante qui structure jusqu’à notre imaginaire symbolique collectif, nos blagues, nos gestes, nos tics, nos regards… nos manières de table, de débat (dernièrement Benachenhou versus Abbane, ici-même), nos ébats… et j’en passe. Il m’est pénible, je l’avoue, d’aborder ce sujet sans avoir la gorge serrée, sans trembler. Cette souffrance que nous portons en nous et qui déborde en est la preuve épatante.Et si étrange. Preuve de cette violence inouïe, incomparable, horrible, répugnante où notre société s’est engluée et d’où, que par la lutte politique au corps à corps, l’on peut… se reconstruire.

cartes sur table

Ce Réel qui nous intéresse tant est notre jauge en toute chose. Comment amener la société de conflit -notre Jour démocratique- à supplanter la société de violence -cette nuit de Terreur qui perdure depuis tant de siècles, qui nous hante? Avec quelle hypothèse (avancées ci-dessus) s’en sortira-t-on? Comment faire pour que la lumière du Jour démocratique nous éclaire? Pour que: même la nuit, en voiture, chacun s’arrête, à 3h du matin, dans un feu rouge? Pour que personne ne soit si misérablement injuste! Pour que plus personne ne viole la règle, les commandements. Le Nom du Père, le «Bi Ismi Allah», si béni, si majestueux. N’oubliez pas (comme disait le tranchant et pessimiste républicain Nicolas de Chamfort, 1741-94) que: «vous avez trois sortes d’amis: vos amis qui vous aiment, vos amis qui ne se soucient pas de vous, et vos amis qui vous haïssent», avant d’opter. -*  Fouad Hakiki.. Economiste. Point de vue paru dans le Quotidien d’Oran du 11.09.08….   (  1) Cette violence nous le retournons aussi contre nous-mêmes: notre détestation de nous-mêmes (différente de la «Haine de soi» -caractéristique de la névrose dite du juif- dont Woody Allen a fait… son propre personnage) porte sur l’Autre, l’autre Algérien: le gueux, le nouveau riche, le bureaucrate, le corrompu, le raté, le voisin, le frère, le responsable, le pauvre, le Président…). Cette violence est affaissement du processus de construction nationale et étatique (car c’est lié). Elle est déliquescence. Et plus dépression que schizophrénie. Quand «Canal Plus» n’est plus accessible – et que l’on est perdu. Quand les transports – une galère. Quand l’original d’un acte de naissance -une bataille. Les «tickets» (les euros), une victoire. Le visa, une libération. Des fuites en avant donc: virtuelles, refoulées, fantasmagoriques! 
 

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*Mohamed Harbi …  » La démocratie est restée un discours loin de toute pratique » Devant une assistance composée essentiellement d’universitaires, chercheurs, enseignants, écrivains et hommes politiques, l’historien algérien Mohamed Harbi a décortiqué, jeudi lors des Débats d’El Watan consacré au thème « Les intellectuels et le pouvoir en Algérie », le rapport complexe existant entre l’intelligentsia, l’élite et les régimes politiques en Algérie. Ceci, non sans évoquer la question de la démocratie et le processus électoral dans notre pays. Près de 500 personnes se sont déplacées à la salle Ibn Zeydoun de Riadh El Feth, à Alger, pour écouter avec attention cet intellectuel, modéré et humaniste. Dans son intervention, l’historien s’est attardé sur le rôle des intellectuels algériens, leurs préoccupations, leurs positions et leurs relations avec le pouvoir dans des moments difficiles et à travers les différentes évolutions qu’a connues notre pays. L’orateur expliquera que l’imaginaire d’une partie de « l’intelligentsia algérienne donne une perception du réel. Donc une partie de l’intelligentsia : celle qui a fait le pays sur le plan politique ainsi que le fonctionnement du système qui a hérité de certains traits de ces devancières qui tiennent du passé ». « En Algérie, l’imaginaire des siècles anciens continue à peser sur la perception qu’ont les Algériens du réel », a indiqué le conférencier. Selon M. Harbi, le passé n’a pas cessé de faire valoir ses conséquences dans le processus d’autonomisation de l’intellectuel en Algérie.

Tout au long de sa conférence, il a parlé des rapports des intellectuels avec la guerre de Libération nationale, la réalité de la participation des étudiants, surtout des lycéens, dans l’action armée et malheureusement, la marginalisation d’une grande partie de cette élite des grandes décisions. L’Etat a interdit toute opposition et les mouvements sociaux. M. Harbi pense que notre pays ne renferme pas, au sens propre du terme, des intellectuels porteurs d’idées concrètes ou qui produisent ces idées, mais il existe plutôt une intelligentsia qui diffuse des idées. Cette intelligentsia, de l’avis de Mohamed Harbi, ne puise pas dans la vie sociale et sociologique des Algériens mais beaucoup plus dans le salafisme… En parlant justement de l’évolution de cette intelligentsia, l’historien évoque comme première étape la fusion du savoir et du pouvoir et l’incapacité de l’ensemble des partis politiques à différencier entre ces deux concepts. « Avant l’indépendance, aucune organisation politique n’a pu faire le distinguo entre le pouvoir et le savoir », a relevé l’historien. En revanche, la donne a relativement changé après la naissance des différents mouvements, notamment estudiantins, qui revendiquaient alors le monopole de l’expression, c’est-à-dire la différenciation entre le savoir et le pouvoir. Par la suite, le pouvoir a joué la carte de la cooptation en subordonnant les intellectuels, d’où la grisaille politique que vit actuellement notre pays. Après l’indépendance, a-t-il observé, l’élite et l’intelligentsia de ce pays ont été confrontées à une situation sociale particulière. Elle a contraint certains, y compris les communistes et ceux de gauche, à rejoindre le clan du pouvoir en travaillant étroitement avec lui, alors qu’ils avaient une vision et une orientation diamétralement opposées de la gestion des affaires de l’Etat. Et les intellectuels ayant refusé de se rallier au pouvoir ont été marginalisés alors que d’autres ont été forcés à l’exil. M. Harbi fera remarquer, en parlant des partis politiques, que le FLN de la guerre de libération et le FLN post-indépendance n’étaient plus les mêmes.

Si le premier regroupait un cartel d’élites venues de différents horizons et ayant un seul but : combattre le colonialisme, le second a vu la faction de cette élite qui s’est opposée pour de multiples raisons aux orientations de la direction du parti, d’où d’ailleurs la démission du FLN d’Aït Ahmed, de Boumendjel et de Ferhat Abbas. Ce qui amène, dans ce sillage, l’historien à considérer la démocratie comme étant un instrument technique entre les mains du pouvoir et que l’idée de la démocratie est nouvelle dans la société algérienne et sa pratique ne se faisait pas selon les principes de la démocratie. M. Harbi fustige par là même les organisations politiques qui, d’après lui, ne fonctionnent pas de manière démocratique, y compris les partis communistes. « La démocratie était un langage et non une pratique. Ce qui était généralisé, ce sont les notions du maître et le serviteur et ceux du dirigeant et du leadership. Il y a un certain autoritarisme même au sein de la famille et dans la rue. De ce fait, la démocratie est restée un discours loin de toute pratique », a-t-il soutenu. Il rappellera dans ce sens le rôle joué par le pouvoir dans l’instauration de ses règles en matière de démocratie. Un fait qui a empêché l’élite de s’éclater et de briser ce cercle pour se mêler à la population. « Le régime en place a refusé toute critique émanant de l’extérieur du pouvoir et l’élite a été prise dans ce sens au piège. Toutefois, ceux qui ont pu contourner cet interdit et qui se sont substitués à cette élite sont les journalistes et les avocats… », a soutenu Harbi. Enchaînant sur les élections en Algérie, M. Harbi a révélé qu’elles ont été manipulées depuis 1962 et jusqu’à présent par l’administration et que l’opinion publique ne pèse pas de son poids et n’a aucun rôle à jouer. L’historien a indiqué que l’Algérie a vécu depuis longtemps dans un statu quo et que la démocratie est restée un discours loin de la pratique. Partant de cet état de fait, M. Harbi pense que cette question constitue une bataille réelle qui va prendre un tournant décisif dans un proche avenir.(El Watan du 18.04.09.)

110 réponses à “Algérie..pouvoir et realpolitik”

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