Algérie-Tunisie
*«Le sort de la Tunisie est lié à celui de l’Algérie»
*a déclaré Béji Caïd Essebsi, président de la République tunisienne
Béji Caïd Essebsi, président de la République tunisienne, effectue à partir d’aujourd’hui -mercredi 04 Fevrier 2015- une visite de deux jours en Algérie. Le président tunisien a réservé à El Watan sa première interview à un média depuis son élection.
Béji Caïd Essebsi a passé en revue les relations entre l’Algérie et la Tunisie et s’est étalé sur la situation politique et sécuritaire de la région. Il a également fait part de son optimisme concernant le processus démocratique en cours en Tunisie et les défis économiques et sociaux qui s’imposent à son pays. Il a rendu un vibrant hommage au peuple algérien.
- Monsieur le Président, quel sens donnez-vous à cette visite ?
***Je considère que le Président de l’Algérie est mon ami et que je suis le sien, depuis plus de 50 ans, pas d’aujourd’hui. Nous sommes toujours restés des amis. J’ai été le voir suite à sa maladie. J’ai été le voir deux fois. Mais, à ce moment-là, je n’étais pas au pouvoir. Mais quand j’étais au gouvernement, comme Premier ministre, ma première visite officielle en tant que Premier ministre, c’était pour l’Algérie aussi. Et puis, maintenant, c’est une tradition.
L’actuel chef du gouvernement, qui est sur le point de partir, a aussi effectué le même trajet. Donc nous restons toujours en contact, surtout en raison de la très bonne coopération sur le plan sécuritaire à cause du terrorisme. Donc cette visite confirme l’excellence des relations que nous avons avec l’Algérie.
- Quel bilan faites-vous des relations entre les deux pays au plan économique ?
***C’est une question à laquelle il est difficile de répondre. D’abord parce que nous traversons une crise économique, que ce soit en Europe, aux Etats-Unis ou dans les autres pays. Et ce n’est pas pendant les grandes crises que les relations se développent. Mais il est utile de rappeler que les responsables algériens ont fait beaucoup d’efforts dans la coopération avec la Tunisie. Il y a eu un soutien financier, une sorte de coopération bilatérale dans la lutte contre le terrorisme. En réalité, ces deux phénomènes sont liés. La Tunisie a essayé et va tout faire pour sortir de la crise économique.
C’est une question primordiale. Mais il y a aussi le problème sécuritaire. On ne peut pas envisager de coopération ni même d’investissement extérieur sans, d’abord, régler le problème sécuritaire et, aussi, garantir la stabilité dans le pays. Nous avons cette coopération en matière sécuritaire le long de la frontière commune. L’Algérie a de l’expérience en matière de lutte contre ce terrorisme d’inspiration islamiste. Nous avons un sort lié.
- Entre les deux pays, il y a aussi une forte dimension humaine dans les relations. Des milliers d’Algériens viennent en Tunisie pour le tourisme, beaucoup de Tunisiens étudient en Algérie. Ces liens serrés sont une réalité entre les deux pays. Moi, je pense que cela peut se développer encore davantage.
***Quand on a des liens comme ceux-là, cela renforce les relations entre les deux pays. J’en suis très heureux et j’espère que ces échanges humains se développeront davantage. C’est comme cela que les pays se connaissent mieux. Les Algériens qui viennent en Tunisie, quand ils rentrent, ont déjà mieux connu les Tunisiens et vice-versa. Nous sommes favorables.
- En matière de développement économique, y a-t-il des projets sur les frontières, là où le terrorisme est actif ?
***Nous avons toujours souhaité parvenir à des accords sur le développement économique sur les frontières et je crois que l’Algérie partage cette attitude. Depuis l’indépendance, il y a toujours eu une volonté commune de réserver un traitement spécial à ceux qui vivent sur les frontières, aussi bien Tunisiens qu’Algériens.
D’ailleurs, ces gens-là sont, en réalité, des Algéro-Tunisiens. Il y a des Algériens mariés à des Tunisiennes et des Tunisiens mariés à des Algériennes. C’est pour cela que nous avons envisagé sur la frontière, sur une bande de 10 kilomètres (cinq de chaque bord) que les citoyens des deux pays soient traités comme des citoyens des deux bords.
- L’économie tunisienne vit beaucoup de difficultés en raison de considérations très objectives. Les pays occidentaux ont promis un soutien financier, mais apparemment, il n’y a pas eu de suite à ces promesses…
***C’est quand même en raison de considérations politiques à la base. Vous savez, lors de la réunion du G8 à Deauville, la Tunisie a été invitée pour parler du Printemps arabe. Or, le Printemps arabe, ce n’est pas un concept arabe. Le Printemps arabe est une invention occidentale lors de cette réunion. Nous avons alors expliqué que nous avions des problèmes économiques parce que, d’un, nous venions d’avoir la révolution et, deuxièmement, pour redresser la situation en Tunisie, on avait besoin de beaucoup de soutien.
Nous avons alors présenté un plan de développement économique et social étalé sur cinq ans. On nous a répondu favorablement. On nous a promis de nous soutenir à hauteur de 25 milliards de dollars. Bien entendu, après cette réunion, il y a eu les élections de l’Assemblée nationale constituante avec les résultats que vous connaissez. Je pense que le projet a foiré à cause de cette nouvelle majorité.
J’ajoute que l’Europe, elle-même, est entrée en crise. L’Europe étant en crise, elle ne peut pas faire des largesses ailleurs. La situation, c’est ça. C’est vrai que l’Europe s’est retournée maintenant vers la Tunisie après le succès de la démarche démocratique. Mais, jusqu’à maintenant, je n’ai pas vu grand-chose.
- Trois ans après les révoltes arabes, quel bilan faites-vous de la transition dans la région ?
***A Deauville, j’ai dit dans mon discours qu’il n’y a pas de Printemps arabe. Il y a un début de printemps tunisien. Il y aurait, peut-être, un Printemps arabe un jour lorsque le début du printemps tunisien se confirmera en Tunisie.
A l’époque, ce n’était pas encore confirmé. Maintenant, nous avons fait, quand même, des pas en avant. Nous avons tenu des élections législatives très correctes. Nous avons tenu des élections présidentielles tout à fait démocratiques puisqu’on a été obligés de faire deux tours. Au premier tour, il y avait 27 candidats à la Présidence.
Du jamais vu. Cela prouve que nous avons été très friands de cette démocratie naissante. Tout le monde a dit que c’est la première fois que nous avons le droit de le faire, on le fait. Après, il y a eu un deuxième tour. Nous avons fait des élections avec des résultats reconnus et validés par tous les candidats. Tout le monde s’est félicité de ces élections. Donc nous avons fait un grand progrès. Après ces deux élections, nous avons formé un gouvernement. J’espère qu’il va être confirmé dans deux jours par l’Assemblée des représentants du peuple.
Avant cela, l’Assemblée nationale constitutive a adopté une Constitution, qui est le résultat d’un compromis. C’est la première fois que les élus ont pratiquement voté à l’unanimité. Il y avait 200 votes favorables sur 216. Cette Constitution a changé les attributions des structures du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif. Nous avions la tradition d’avoir un régime présidentiel. Nous avons maintenant un régime semi-présidentiel mais principalement parlementaire. L’essentiel du pouvoir exécutif est entre les mains du président du gouvernement. Le président de la République a des attributions bien fixées.
Le président du gouvernement dépend de l’Assemblée, pas du président de la République. C’est ce que nous sommes en train d’expérimenter maintenant, puisque nous sommes en train de former un nouveau gouvernement conforme aux dispositions de la Constitution. En réalité, le candidat à la présidence du gouvernement est choisi par le parti ayant obtenu le plus grand nombre de sièges à l’Assemblée.
Le président de la République ne fait que lui donner la lettre d’accréditation sans qu’il en discute. Nous l’avons fait et nous sommes en train de l’appliquer. C’est facile. Ce matin(mardi 2 février, ndlr) justement, j’ai reçu le candidat à la primature. Je l’ai encouragé. Il m’a présenté la liste du gouvernement. Je n’ai pas discuté. Maintenant, il va la défendre devant l’Assemblée des représentants du peuple. Il y a un changement formidable.
Avant, le président de la République n’avait pas à rendre des comptes à quiconque. Ce qui fait qu’il y a eu ce glissement d’un régime présidentiel vers un régime présidentialiste. Tous les maux dont nous avons souffert viennent de là. C’est cela, le véritable changement. Actuellement, ceux qui exercent le pouvoir doivent rendre des comptes. Ils sont contrôlés, ce qui n’existait pas avant.
- On le voit bien, la transition démocratique tunisienne après les révoltes arabes a réussi. Quelles sont, Monsieur le Président, les raisons de cette réussite ?
***Ils sont sur la bonne voie, les Tunisiens. Mais, pour le moment, nous attendons de la voir à l’œuvre. Nous attendons de voir comment on va appliquer cette disposition-là. A ce moment-là, nous verrons dans l’usage le degré de crédibilité de ces institutions.
- Après la révolte du peuple tunisien en décembre 2010-janvier 2011, beaucoup d’autres peuples dans le Monde arabe se sont également révoltés. Des dictateurs ont été chassés. La Tunisie est une exception dans le Monde arabe. Quelles sont, Monsieur le Président, les éléments constitutifs et les raisons profondes qui expliquent cette réussite par rapport à d’autres pays arabes ?
***Tout d’abord, en Tunisie, nous différons de beaucoup d’autres. Parce que, dès le début de l’indépendance, sous le leadership de Habib Bourguiba, la Tunisie a pris deux décisions stratégiques. D’abord, la généralisation de l’enseignement qui remonte à 1959, alors que nous sommes aujourd’hui en 2014. Cela fait déjà 55 ans. Aussi dès 1956, alors que Bourguiba n’était que chef de gouvernement, pas Président, il a libéré la femme. Il a pris la décision de promulguer le Code de Statut personnel. La femme bénéficie de droits et avantages depuis près de 60 ans.
En réalité et dans la réalité, la femme tunisienne est quasi-égale à l’homme, surtout dans le paysage politique et le paysage social et culturel. Actuellement, si vous allez voir la justice, vous verrez que le nombre de femmes magistrats est supérieur à celui des hommes, même dans les hautes sphères. Parmi les avocats, il y a plus de femmes que d’hommes aussi. Et ainsi de suite. Ce sont les deux grands leviers qui ont fait que la Tunisie réussit. C’est vrai qu’il y a une troisième condition. C’est la classe moyenne. Il y a une classe moyenne très large.
Ces trois conditions sont les trois ingrédients d’un régime démocratique. Il n’en demeure pas moins qu’il en reste un quatrième, où la Tunisie n’a pas de performance, c’est la situation économique. Pour réussir la démarche démocratique, il faut qu’il y ait un minimum de bien-être. «Il faut un minimum de bien-être pour pratiquer la vertu», a dit Saint Thomas d’Aquin.
C’est pour cela que nous sommes encore sur le chemin. Pourquoi y a-t-il eu la révolution en Tunisie ? C’est pas pour avoir quatre femmes ou parce qu’on n’en a qu’une, ou pour aller faire la prière ailleurs. C’est principalement pour la liberté d’expression, la dignité et l’amélioration des conditions sociales. 620 000 chômeurs pour un petit pays comme le nôtre, c’est beaucoup. Nous avons des chiffres importants de pauvreté. En plus, plusieurs régions sont marginalisées ; elles ne font pas partie du grand circuit économique.
Elles n’ont pas de relations avec les centres du pouvoir, etc. Cela, c’est très important. Est-ce que nous pouvons aussi remporter une victoire dans ce domaine-là et répondre aux attentes légitimes des régions et du peuple tunisien ? C’est ça, la question. Nous sommes maintenant à l’épreuve de la réussite. C’est maintenant que nous allons être jugés sur ce que nous allons réaliser. Bien entendu, je sais que le Printemps arabe a deux volets. D’abord, le changement de dictateur. En cela, je pense que tout le monde a réussi.
Ben Ali parti. Gueddafi parti. Moubarak est parti. El Assad n’est plus au pouvoir comme avant. Et le Yémen, bien entendu. Donc sur ce plan-là, je pense qu’il y a eu une réalisation. Mais sur le plan véritablement démocratique – c’est-à-dire le peuple exerce le pouvoir par ses propres représentants – sur cela, il n’y a pas eu de progrès ailleurs. Le seul progrès, c’est maintenant en Tunisie. C’est vrai. Et nous sommes maintenant accrédités d’un satisfecit, précisément parce qu’il y a ces préalables que nous avons réalisés.
En Tunisie, il n’y a pas d’enfant en âge d’aller à l’école qui ne trouve pas de place gratuite. Deuxièmement, la femme, aussi, ne pose plus de problème. Il n’y a plus ces brise-bise. Elles sont dévoilées. Elles parlent. Elles sont plus virulentes que les hommes. Moi-même, lorsque je me suis représenté à la Présidence, j’ai eu 1,1 million de femmes qui ont voté pour moi sur les 1 750 000 voix que j’ai obtenues.
- C’est exceptionnel pour le Monde arabe !
***Oui, bien sûr, mais cela nous impose des devoirs et des obligations.
- Des pays européens et certains pays africains préconisent une intervention militaire…
***La Tunisie est contre cela. Nous sommes contre les interventions militaires. Nous sommes contre les interventions extérieures quelles qu’elles soient. Nous sommes pour des consultations et des concertations entre les pays de la région, c’est-à-dire l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, peut-être le Mali, le Niger et la Libye bien entendu. Les Tunisiens n’ont pas de précédent avec le terrorisme. Nous n’avons jamais eu de terrorisme. C’est une chose nouvelle pour nous. Et je pense que les Tunisiens ne peuvent pas résoudre efficacement ce problème tous seuls.
Parce que nous n’étions pas préparés auparavant. Bien entendu, nous sommes mieux préparés maintenant et nous obtenons de meilleurs résultats. Mais l’éradication du terrorisme ne saurait être immédiate. Il faut du temps. Sur ce plan-là, évidemment, nous avons une bonne coopération avec l’Algérie, elle-même victime de cela. Cette coopération, de plus en plus importante, a eu des résultats et de l’efficacité.
- Un ensemble régional est, peut-être, une meilleure solution pour faire face à ce défi. Nous faisons référence au Grand Maghreb arabe. Le Grand Maghreb arabe, c’est une autre affaire. D’abord, en Algérie, il y a beaucoup d’Algériens qui veulent un Grand Maghreb tout court. Il y en a beaucoup qui ne sont pas des Arabes. Il faut les comprendre…
***En plus, le Grand Maghreb arabe est en souffrance depuis des décennies. C’est vrai que nous avons un prix que nous payons. Un prix de non-Maghreb dans les relations humaines, commerciales, etc. alors qu’avec l’Europe, nous avons plus de facilités. Mais les raisons, nous les connaissons. Je ne vois pas que nos pays puissent avancer dans des délais raisonnables. Toutefois, nous souhaitons tous que l’on puisse avancer sur cette question de Grand Maghreb. Peut-être, un jour, les choses iront beaucoup mieux.
- La question du Sahara occidental ?
***Entre autres, sur cette question-là, il y a un accord entre l’Algérie et le Maroc pour que ce soit du ressort de l’ONU. On verra…
- Monsieur le Président, cette question d’islamophobie qui se développe dans le monde, en rapport avec des attentats terroristes comme Charlie Hebdo en France, quelle évaluation faites-vous de la question ?
***Tout d’abord, il faut distinguer entre islam et islamisme. L’islam est une religion de tolérance qui dure depuis des siècles. Mais en réalité, on n’a jamais vu de comportements comme ce que vous venez de citer. L’islamisme, lui, ce n’est pas un mouvement religieux. C’est un mouvement politique, qui instrumentalise la religion pour arriver à des buts, évidemment.
Nous, nous avons toujours défendu le fait que l’islam soit contre la violence, d’abord. Pour apprécier l’islam, il faut lire le Coran, pas les journaux et les déclarations des uns et des autres. Et dans le Coran, tous les versets que je connais sont contre la violence et contre le fait que l’on veuille imposer ses idées par la force. En plus, dans l’islam, il n’y a pas de clergé.
Dieu dit : demandez-moi, je vous écoute. Il y a une relation directe entre Dieu et le musulman. Nous n’avons pas de pape. Donc tout le reste, ce cinéma des islamistes, se situe en dehors de la religion. C’est une mauvaise exploitation de la religion, une instrumentalisation de la religion. D’ailleurs, lorsque j’étais au G8, personnellement, le point focal : j’ai dit l’islam n’est pas incompatible avec la démocratie. J’ai dit : vous avez une phobie de l’Islam.
En réalité, vous faites une mauvaise lecture de la religion musulmane. Et puis, indépendamment de cela, la Tunisie a une lecture tunisienne. C’est pour cela que la Tunisie, depuis 1804, a eu des contacts avec les wahhabites et les jurisconsultes tunisiens ont répondu que de leur point de vue, il n’est pas sûr que le wahhabisme ne soit pas contre la religion musulmane.
C’est vrai que les nouveaux islamistes de chez nous ont essayé de s’éloigner de la lecture tunisienne de l’islam. Ils ont voulu introduire la charia dans la Constitution, alors que la charia n’existe pas dans la religion islamique. Ils ont également essayé d’abolir beaucoup de choses. Nous les avons combattus. Ils ont renoncé. Moi-même, je dois reconnaître que j’ai plaidé, devant le G8, que la Nahda est un parti d’obédience religieuse mais qu’Ennahdha n’était pas contre la démocratie. Moi je l’ai dit.
Or, ce n’était pas vrai. Je m’en suis aperçu après. J’ai donc fait un discours où je me suis excusé devant le peuple. J’ai dit que je regrettais. Je ne les ai pas vus à l’œuvre. Mais je dois dire maintenant qu’ils se sont éloignés de cette ligne. Ils sont en train de changer de cadre. Maintenant, ils disent : nous sommes des Tunisiens. Et notre religion, c’est l’islam en Tunisie.
Ils le disent très clairement. Ils veulent participer au gouvernement pour dire : nous sommes un parti comme les autres. Pourquoi vous allez nous exclure, alors que le peuple nous a crédités de 69 sièges à l’Assemblée, alors que vous, qui avez gagné ces élections, vous n’avez que 86 sièges ? Nous avons une vingtaine de sièges de différence. Est-ce qu’il faut coopérer avec ces gens-là ? C’est une autre histoire. Selon quelle méthode nous allons coopérer ? Bien entendu, nous ne voulons pas être des alliés. Mais ils existent et nous devons tenir compte de leur existence de manière civilisée. C’est ce que nous faisons maintenant.
- Monsieur le Président, vous êtes un homme d’expérience ; les années 1960 ont été celles des indépendances avec le triomphe du nationalisme arabe ; il y a eu un non-aboutissement en raison de la non-prise en charge des libertés et de la démocratie. Est apparu par la suite, dans les années 1980/90, l’islamisme politique. Un échec avec les mauvaises solutions préconisées. Pensez-vous que, aujourd’hui, les islamistes sont en train de faire des révisions à travers ce que vit la Tunisie ? Ils sont en train de faire leur révolution, leur examen de conscience pour s’adapter à la démocratie ?
***D’abord, les indépendances, au début, étaient des indépendances de chefs d’Etat. Tous les chefs d’Etat dans tous les pays qui ont accédé à l’indépendance ont exercé le pouvoir pratiquement à leur compte. Nulle part il n’y avait la contrainte de rendre des comptes, comme je vous l’ai expliqué. C’est pour cela qu’en définitive, les peuples étaient exclus. Et, bien entendu, le problème des libertés, etc., ce sont des choses où ils n’ont pas beaucoup agi. En Tunisie, nous avions un Président de premier plan. Mais à un moment donné, il s’est fait nommer Président à vie, alors qu’il n’était nullement menacé.
Tout le monde votait pour lui. Il n’avait pas de comptes à rendre à personne. Il est presqu’irresponsable devant le peuple. Deuxièmement, les gens qui l’entourent, c’est une camarera. Donc, les indépendances au début, la clé de voûte était les chefs d’Etat, non pas le peuple tunisien ni tous les autres peuples. Maintenant, ce que nous constatons, c’est que les peuples reprennent leurs droits à se gouverner eux-mêmes.
Bon, plus ou moins d’un pays à un autre. Il y a un grand mouvement dans ce domaine et il y a le problème des libertés. La chose essentielle que les Tunisiens ont récoltée de la révolution, c’est la liberté d’expression et, aussi, peut-être, la liberté de manifester, toutes ces libertés. C’est irréversible. Et aucun, à mon avis, aucun gouvernement ne peut revenir là-dessus. Comme la révolution de la femme, personne ne peut revenir là-dessus.
- Et c’est dans le Monde arabe ?
***En Tunisie, je parle.
- Nous voulons dire : la Tunisie dans le Monde arabe.
***Bien entendu, elle l’est.
- Cette démarche, est-ce qu’elle peut être un exemple ? Est-ce qu’elle peut être suivie par d’autres peuples arabes ?
***Je veux quand même mentionner que nous, Tunisiens, qui avons fait cette révolution, nous disons clairement et très franchement, que ce que nous faisons en Tunisie est inexportable. Il n’est pas destiné à l’exportation. Je vois que vous faites un sourire… C’est ça. Sinon, nous ne réussirons plus notre révolution. Il faut d’abord la réussir ici, en Tunisie. Nous avons une chance.
- Les femmes algériennes prennent comme modèle la Tunisie et les acquis des femmes tunisiennes…
***Ecoutez, à un moment donné, nous avons dit que notre révolution, c’est la révolution du Jasmin. J’ai dit : l’odeur du jasmin ne traverse pas les frontières. C’est une autre histoire. Mais nous, dans notre choix, nous ne destinons pas notre révolution à l’exportation. D’abord, il faut que nous réussissions ici. Nous sommes sur le point de réussir. Mais je dois dire que nous n’avons pas complètement réussi. Nous sommes toutefois sur la bonne voie.
- Quelles sont les craintes, Monsieur le Président, quand vous dites : nous n’avons pas complètement réussi. Quel est le principal handicap ?
***Ecoutez : quand vous avez en Tunisie 620 000 chômeurs et que, parmi ces chômeurs, il y a 200 000 diplômés du supérieur, qu’il y a de la pauvreté et qu’il y a des régions complètement marginalisées, on ne peut pas dire qu’on a réussi parce que nous avons fait un gouvernement et que nous avons voté. Maintenant, il faut nous attacher à cela et nous sommes à l’épreuve de la réalité.
Demain, on va avoir un gouvernement. Tout le monde va applaudir. Mais si on ne fait pas de progrès sur le plan social, si on ne fait pas de progrès, aussi, sur les problèmes des libertés, si on ne fait pas de progrès sur les problèmes de la justice, qu’elle soit réellement indépendante, indépendante et performante aussi, les gens vont nous juger là-dessus.
- Merci, Monsieur le Président.
***Pour moi, le grand problème, c’est d’expliquer ce qu’on fait. Le problème de communication. En réalité, la plus grande vertu qu’un homme puisse avoir, c’est de pouvoir convaincre. Parce qu’ici, nous n’avons pas d’autre moyen. Nous n’avons pas d’argent. Nous n’avons pas de ressources exceptionnelles.
Comment nous allons convaincre nos citoyens qui sont de plus en plus éveillés, de plus en plus instruits et par conséquent de plus en plus exigeants de ce qui est légitime ? Etre président de la République, c’est pas pour son propre compte. Il faut rendre des comptes. Mais il faut faire son maximum pour répondre aux attentes des gens. En réalité, nous progressons. Mais, vous savez, moi, je suis l’adepte de Bourguiba.
Et Bourguiba, c’est l’homme qui a mis en œuvre la politique des étapes. Nous avons fait une étape, une étape positive. Je pense que nous sommes sur la bonne voie. Le reste, l’avenir, c’est à Dieu. Mes amitiés à tous les Algériens. Au président Bouteflika qui est un ami. L’Algérie revient de loin, après les années de confrontation avec le terrorisme. Maintenant, le pays est sur la bonne voie. Je lui souhaite tout le succès. Je souhaite aussi que nos relations restent toujours des relations privilégiées, dans l’intérêt réciproque des deux pays. *Omar Belhouchet, Mourad Sellami / El Watan/ Mercredi 04 Fevrier 2015
**Relations algéro-tunisiennes: une entente parfaite au plus haut niveau
Le président tunisien, Béji Caid Essebsi, est attendu, ce matin à Alger, pour une visite d’Etat de deux jours. M.Caid Essebsi a déjà séjourné en Algérie, d’abord en qualité de chef du gouvernement provisoire en mars 2011, ensuite en tant que président du parti Nidaa Tounès. Cette troisième visite est donc une confirmation de la volonté de développer les relations algéro-tunisiennes, avec en prime, une entente parfaite au plus haut niveau des deux Etats.
Outre cette conjoncture positive pour l’Algérie comme pour la Tunisie qui a amené Béji Caid Essebsi à la tête de son pays, il est notoirement admis qu’en diplomatie et notamment en matière de relations entre Etats, les rapports entre deux présidents comptent pour beaucoup.
Dans ce contexte, on retiendra une assez longue proximité «professionnelle» entre Abdelaziz Bouteflika et Béji Caid Essebsi qui ont été tous deux ministres des Affaires étrangères, durant les années 1970.
Une histoire commune qui pèsera certainement dans l’affermissement du partenariat entre les deux pays et qui répond assez clairement à l’appui inconditionnel apporté par l’Algérie à la Tunisie, tant sur le plan politique qu’économique.
Les 250 millions de dollars accordés par Alger à Tunis est l’un des témoignages de cette grande confiance qui a toujours mû les relations algéro-tunisiennes et qui est venue conforter la détermination des deux capitales à poursuivre sur la même voie. Une voie, faut-il le rappeler, qui ne date pas d’hier.
Les «coups de main» entre les deux pays ont parsemé l’histoire de la région. Aussi loin qu’on remonte dans le temps, l’on a toujours constaté des manifestations de solidarité d’un côté comme de l’autre. A commencer par le franc soutien apporté par la Tunisie lors de la guerre de Libération nationale.
Un soutien d’ailleurs marqué par les événements douloureux de Sakiet Sidi Youcef. Et plus près de nous, l’attitude courageuse et solidaire de la Tunisie durant la décennie des années 1990. Seule la Tunisie a maintenu ses frontières ouvertes avec l’Algérie, malgré le risque que cela comportait pour sa stabilité. Au lendemain de la «révolution» du Jasmin, l’Algérie a renvoyé l’ascenseur à travers un engagement de tous les instants aux côtés du peuple tunisien et de ses institutions.
Aussi, il n’est pas besoin de rappeler le caractère très important de cette visite d’Etat, la première depuis l’accession de Béji Caid Essebsi à la présidence de son pays. Lequel, même après une transition politique, en tous points réussie, n’est pas sorti de la crise pour autant. Celle-ci prend bien entendu des dimensions socio-économiques avec un chômage très élevé, une croissance molle et des pans entiers de l’économie tunisienne mal en point. Impactés par les retombées de la révolution, beaucoup de secteurs d’activité tournent au ralenti, à l’image du tourisme qui continue de souffrir d’une défection des touristes occidentaux. Béji Caid Essebsi arrive aujourd’hui en Algérie pour parler de tout cela. Tous les indicateurs plaident pour le fait qu’il trouvera une oreille attentive, l’Algérie étant totalement acquise à l’idée de soutenir la Tunisie avec laquelle elle partage plusieurs centaines de kilomètres de frontières dans un contexte régional explosif au sud-est des deux pays. En effet, la Libye qui constitue l’une des priorités majeures d’Alger et de Tunis sera au menu des discussions entre les deux chefs d’Etat. Deux hommes qui jouissent d’une grande crédibilité au Maghreb et dans le monde. Ce qui fait dire à pas mal d’observateurs que le duo Bouteflika-Caid Essebsi est un élément déterminant dans la stabilité future de toute la région. Cette visite apporte donc la «fraicheur politique» dont a besoin le Maghreb, pour reprendre la reconstruction de l’UMA. Une oeuvre qui peut passer pour utopique, mais qu’il va falloir engager, tant que l’axe Alger-Tunis bénéficie d’une conjoncture plus que favorable, à même de montrer le chemin aux autres Etats de la région. Le préalable à la réalisation de ce rêve impose de relever le défi de la lutte antiterroriste. Cet état de fait a amené les deux gouvernements à travailler de concert et de manière opérationnelle dans la gestion de ce phénomène. Le travail accompli à Djebel Chaâmbi témoigne de l’efficacité de la coopération entre les services de sécurité des deux pays. Enfin, il est entendu que la visite du président tunisien constituera, à n’en pas douter, un moment fort pour toute la région. Ce qu’il en sortira comme décisions sera de nature à engager les deux pays, et tout le Maghreb, dans une dynamique positive. *Par Saïd BOUCETTA - Mercredi 04 Fevrier 2015/ L’Expression
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*Attentats terroristes en Tunisie
La situation sécuritaire ne cesse de se dégrader de l’autre côté de la frontière avec la Tunisie. Dans la nuit de samedi à dimanche, un militaire tunisien a été tué dans une attaque contre une caserne au centre-ouest de Tunis.
*Les groupes terroristes, revigorés par ce qui se passe en Libye et alimentés en grandes quantités d’armes libyennes, multiplient les attaques contre l’armée tunisienne. Ainsi, dans la nuit de samedi à dimanche, un militaire tunisien a été tué dans une attaque contre une caserne à Sbeïtla, au centre-ouest de Tunis, ont indiqué les ministères tunisiens de la Défense et de l’Intérieur dans un communiqué commun.
«Un militaire a trouvé la mort dans une attaque par un groupe armé survenue la nuit de samedi à dimanche contre la caserne militaire de Sbeitla», a rapporté l’agence tunisienne d’information TAP, reprise par l’APS. La même source a précisé qu’un citoyen qui subissait un contrôle de papiers a également été blessé lors de cette attaque. Celle-ci a eu lieu vers 23h, est-il précisé, lorsqu’un groupe de terroristes venu à bord de véhicules tout-terrain a ouvert le feu sur le soldat en faction devant cette caserne située dans une région «chaude», où les affrontements entre forces tunisiennes et groupes terroristes sont récurrents.
Il est indiqué dans le même communiqué que «les unités de l’armée nationale ont arrêté un groupe d’individus qui seraient en relation avec les assaillants». D’autres suspects ont pris la fuite et des renforts militaires ont été dépêchés dans la région pour les traquer. Outre cette attaque terroriste, un accrochage entre des militaires tunisiens et un groupe terroriste s’est produit au poste frontalier de Haïdra, à quelques encablures de la frontière algérienne. Aucune victime n’a été signalée par l’armée tunisienne, qui est en état d’alerte depuis l’attaque meurtrière, en juillet dernier, dans la région montagneuse de Chaâmbi, qui a coûté la vie à 15 de ses soldats. C’est dans cette région très accidentée et difficile d’accès que l’armée tunisienne traque des groupes terroristes se revendiquant d’Al Qaîda au Maghreb islamique. Mais la menace terroriste est partout en Tunisie. En juin, la maison du ministre de l’Intérieur à Kasserine, la capitale régionale, avait été attaquée par des assaillants affidés à AQMI.
Depuis la chute du régime policier de Ben Ali, la Tunisie, en pleine transition démocratique, est confrontée à un sérieux défi sécuritaire, aggravé par le chaos qui s’est installé en Libye voisine et la circulation de grandes quantités d’armes de guerre détournées par des milices armées après la chute du régime El Gueddafi. Cette menace est désormais à la frontière algérienne. Une menace prise au sérieux par l’Algérie, qui ne lésine pas sur les moyens pour aider diversement la Tunisie à y faire face. Des accords de défense ont été signés entre les deux pays. Des réunions d’évaluation de la situation aux frontières se tiennent régulièrement entre les dirigeants des deux pays. La dernière en date a eu lieu à Tébessa entre le Premier ministre Abdelmalek Sellal et son homologue tunisien Mehdi Jomaâ.*Mokrane Ait Ouarabi-El Watan-Lundi 04 aout 2014
***Les militaires algériens participent-ils à des opérations de traque des terroristes au-delà de la frontière algéro-tunisienne ? «Affirmatif», répond un officier supérieur de l’armée algérienne. Selon lui, l’intervention militaire algérienne en territoire tunisien est légale. Elle répond aux clauses d’un accord secret de coopération portant sur la sécurisation de la frontière entre la Tunisie et l’Algérie, conclu le 27 mai 2014, dont une copie est enregistrée à l’ONU. Cet accord a été signé à l’occasion de la réunion de la commission mixte de haut niveau en charge des questions frontalières. «L’accord, qui porte sur quatre axes, prévoit l’échange de renseignements et la coordination des opérations destinées à sécuriser la frontière entre les deux pays.»
Le but est d’assurer le succès de la coopération entre les organismes spécialisés respectifs», explique la même source. Secret, cet accord l’est à plus d’un titre puisque, officiellement, l’Algérie a toujours nié que son armée intervient au-delà de ses frontières. Il a fallu attendre la publication par le ministère de la Défense tunisien des dispositions de cette convention pour confirmer cette alliance militaire qui porte, entre autres, sur «l’organisation de réunions et rencontres bilatérales entre les structures des deux parties en charge de la protection de la frontière commune, la coordination de l’action de terrain et l’instauration d’une coopération opérationnelle en matière de sécurisation de la frontière commune pour lutter contre le terrorisme, la contrebande et la criminalité transfrontalière.
Il y est prévu également la mise en place d’un partenariat dans les domaines de l’échange de renseignements en rapport avec la sécurité de la frontière commune, en y consacrant les moyens et mécanismes nécessaires, et l’échange d’expériences en matière de sécurisation des frontières et de lutte contre la criminalité sous toutes ses formes, ainsi que dans le domaine de la formation spécialisée au profit des cadres militaires en Tunisie et en Algérie afin d’accroître leurs connaissances dans les domaines se rapportant à leurs activités communes».
Après la signature de l’accord, le ministre tunisien de la Défense, Ghazi Jéribi, s’est, selon toujours la même source, entretenu avec le secrétaire général du ministère algérien de la Défense, le général Mohamed Zenakhri, sur les moyens d’application de cette intervention militaire commune sur le territoire tunisien. En application de cet accord, le commandant des Groupements des gardes-frontières (GGF), le colonel Mohamed Berkani, a effectué, le 15 juillet, une visite d’inspection à la frontière Est, qui a concerné les trois wilayas frontalières avec la Tunisie (El Tarf, Souk Ahras et Tébessa) qui s’inscrit dans le cadre de l’inspection du dispositif sécuritaire aux frontières tel qu’indiqué dans les termes de la convention de coopération militaire conclue entre l’Algérie et la Tunisie.
Des réunions avec les chefs des opérations, des unités territoriales, des GGF, des postes avancés et des unités d’intervention ont été tenues durant cette mission, dont le but était de vérifier l’interopérabilité des différents intervenants. En effet, les unités opérationnelles ont été déployées au sein des groupes des GGF pour plus de célérité dans la réaction.
Depuis le printemps 2013, la région frontalière algéro-tunisienne du djebel Chaâmbi est en proie à des attentats terroristes. Ce qui a poussé les autorités algériennes et tunisiennes à joindre leurs efforts pour neutraliser ces groupes, en établissant un plan opérationnel coordonné de sécurité. Sur le terrain, pas moins de 80 points de contrôle ont été installés sur les 956 kilomètres de frontière commune, 20 zones militaires fermées ont été créées et 60 000 hommes, tous corps sécuritaires confondus, déployés. Au lendemain de l’attentat mené par deux groupes terroristes, en juillet dernier, dans la région de Henchir Tella, relevant du gouvernorat de Kasserine, qui a causé le décès de 14 militaires et 20 blessés, pas moins de 8000 militaires algériens ont participé à des opérations de ratissage au mont Chaâmbi, aux côtés de leurs homologues tunisiens. *Gaidi Mohamed Faouzi*El Watan-Lundi 04 aout 2014
*L’Algérie octroie à la Tunisie une aide financière non remboursable
*Alger, dimanche 04 mai 2014.
Trois accords de coopération financière entre l’Algérie et la Tunisie ont été signés dimanche au Palais du gouvernement à Alger, à l’occasion de la visite de travail et d’amitié qu’effectue en Algérie le chef du gouvernement tunisien, Mehdi Jomaa.
La cérémonie de signature s’est déroulée en présence du Premier ministre, Abdelmalek Sellal, et du chef du gouvernement tunisien, Mehdi Jomaa.
Ils s’agit d’un accord de dépôt entre la Banque d’Algérie et la Banque centrale tunisienne, d’un montant de 100 millions de dollars américains, qui a été signé par le Gouverneur de la Banque d’Algérie, Mohamed Laksaci, et le Gouverneur de la Banque centrale tunisienne, Chedli Ayari.
Il s’agit également d’un protocole relatif à l’octroi par l’Algérie d’un prêt à la Tunisie et d’un autre protocole d’octroi d’une aide financière non remboursable, signés par le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, et le chef de la diplomatie tunisienne, Mongi Hamdi.(Aps- 04.05.2014)
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*Moncef Marzouki chaleureusement accueilli à Alger
Un «Maghreb des libertés » est-il possible avec les régimes actuels?
Le Maghreb …quel avenir pour ses habitants sans une vraie démocratie?
***Et le peuple du Sahara Occidental..dans tout celà?
Moncef Marzouki plaide pour un «Maghreb des libertés». Il veut faire de l’année 2012 l’année du Maghreb où les ressortissants de cette aire géographique auront le droit de circuler, de résider et de travailler librement.
La visite du président tunisien, Moncef Marzouki, hier à Alger, est loin d’être un simple déplacement en ce sens qu’elle intervient dans un contexte régional très particulier. Le contexte tient d’abord à la situation interne en Tunisie. La révolution du Jasmin vient de fêter son premier anniversaire et les nouveaux responsables tunisiens se doivent de répondre aux vraies préoccupations des populations.
Outre de donner un nouvel élan aux relations entre l’Algérie et la Tunisie, le président Moncef Marzouki se doit de rechercher des débouchés aux entreprises tunisiennes sclérosées par la révolution, réduire le chômage en créant de l’emploi. Ayant un matelas financier consistant, des centaines de chantiers, l’Algérie se présente alors comme l’Eldorado recherché par la Tunisie en ces moments de crise. Mais encore faut-il que la donne sécuritaire qui sévit au sud de la Tunisie soit totalement maîtrisée. En fait, le problème concerne les deux pays et il constitue un des axes de cette visite de M.Marzouki à Alger. Depuis un an, des milliers d’armes ont été subtilisées des dépôts de l’ex-armée libyenne et se sont évaporées dans la nature. Pour faire face à cette grave problématique, les deux pays sont condamnés à une collaboration sécuritaire plus intense, à un échange de renseignements et à une entraide. Surtout que dans cette même région, il y a la collusion entre Al Qaîda, les trafiquants d’armes, les narcotrafiquants et toutes les bandes de contrebandiers. Au début février, des accrochages sanglants ont eu lieu, dans le Sud-Est tunisien, avec un groupe armé qui transportait des armes en provenance de Libye, selon des sources militaires tunisiennes.
La problématique de la circulation des armes à la frontière libyenne et au Sahel a inquiété même les puissances étrangères. Des experts étrangers sont allés jusqu’à avertir sur les risques d’attaques contre l’aviation civile.
Des armes lourdes comme les RPG7, seraient tombées entre les mains d’Al Qaîda, ont laissé entendre les Occidentaux. C’est ce qui expliquerait, en partie, d’ailleurs la présence actuellement des services de renseignement américains, allemands, britanniques et français en Libye.
A cette question sécuritaire qui conditionne également le retour des touristes en Tunisie, un autre dossier, de taille, fait courir le président tunisien. Il s’agit de l’Union du Maghreb. C’est en fait, l’un des principaux objectifs de ce périple diplomatique qui a mené M.Marzouki, de la Mauritanie, au Maroc et à Alger après avoir effectué sa première sortie officielle à Tripoli, en Libye. En défenseur acharné des droits de l’homme, Moncef Marzouki plaide pour un «Maghreb des libertés». Il veut faire de l’année 2012 l’année du Maghreb où les ressortissants de cette aire géographique auront le droit de circuler, de résider et de travailler librement. Mais quel avenir aura ce Maghreb souhaité par les dirigeants maghrébins et rêvé par les peuples? Quel avenir pour ce Maghreb nouveau que veut M.Marzouki, dans le contexte politique régional fragilisé pour supporter des débats de fond sur une question aussi sensible? Pour l’Histoire, le premier mouvement de libération algérien portait le nom de l’ENA (Etoile Nord-Africaine). C’est dire que l’Algérie ne concevait sa libération que dans le cadre de son aire géographique naturelle, à savoir l’Afrique du Nord. Deux semaines nous séparent de l’anniversaire de cette Union créée un certain 17 février 1989 et gelée sur demande du défunt roi du Maroc, Hassan II. La démarche du président tunisien est ambitieuse. Elle porte l’espoir d’une renaissance de l’UMA. Alger et Tunis partagent cet élan qui peut être salutaire pour l’avenir de la région maghrébine. Cette dernière ne peut d’ailleurs se concevoir que comme un ensemble intégré à même de faire face aux défis régionaux et aux retombées de la crise économique mondiale. Mais comment relancer cette UMA dans un contexte aussi fragile? La Libye est au bord d’une guerre civile, la Tunisie qui sort d’une révolution est toujours convalescente? (L’Expression-13.02.2012.)
***Construction du MAGHREB, lutte anti-terroriste, coopération économiques
Tous les chemins mènent à Alger
«El Mahroussa», la bien-gardée, a accueilli depuis la fin du mois d’octobre 2011 les présidents mauritanien, malien et tunisien ainsi que le nouveau chef de la diplomatie marocaine…
La capitale algérienne tisse de nouveaux rapports avec ses voisins. Sécurité des frontières, lutte contre le terrorisme, trafic d’armes et de drogue, immigration clandestine, échanges commerciaux…ont été et seront au menu des discussions.
Les révoltes qui ont soufflé sur l’Afrique du Nord en général et le Maghreb en particulier, ont balayé des régimes autoritaires qui, pour certains, ont régné sans partage pendant plus de quarante ans (Libye…) et redessiné une nouvelle carte politique. Des pays comme le Maroc et l’Algérie secoués par de violentes émeutes ont mis en chantier de profondes réformes qui doivent apporter plus de démocratie et de justice sociale. Les Algériens ont rendez-vous le 10 mai 2012 avec les urnes pour choisir les représentants qui doivent siéger au sein de l’Assemblée nationale et connaître leur futur gouvernement. Un rendez-vous majeur qui n’a pas figé les relations internationales et bilatérales. Les islamistes, grands vainqueurs des élections législatives en Tunisie et au Maroc, tentent d’imprimer une cadence plus soutenue pour faire sortir de leur hibernation certains grands projets, à l’instar de l’édification de l’UMA. La capitale algérienne qui a vu défiler du beau monde semble incontournable. «El Mahroussa», la bien-gardée, a accueilli depuis la fin du mois d’octobre 2011 les présidents mauritanien, malien et tunisien ainsi que le nouveau chef de la diplomatie marocaine… L’Algérie, qui figure dans le «Top 5» des pays producteurs de gaz, tire l’essentiel de ses revenus de ses exportations en hydrocarbures qui lui ont permis de disposer aujourd’hui (en pleine crise économique mondiale et de la dette européenne, qui menacent de mettre à genoux des pays comme l’Espagne, l’Italie et même la France) d’un matelas financier de 176 milliards de dollars. Ce qui fait d’elle, en ces moments de disette, une destination prisée tout en la propulsant au rang de puissance économique régionale incontestable. Le rôle de locomotive d’une économie régionale qui reste cependant à construire devrait lui être dévolu. Tout le monde y a à gagner, à commencer par l’Algérie qui doit diversifier son économie, développer son agriculture, pour atteindre l’autosuffisance alimentaire et surtout réduire sa facture des importations qui a atteint un niveau historique à plus de 45 milliards de dollars. La visite effectuée par le ministre marocain des Affaires étrangères est aussi à situer dans cette optique. Elle est venue conforter celle du ministre marocain de l’Agriculture, M.Akhannouch, qui a eu lieu en novembre 2011 et de tout un processus de coopération enclenché depuis le début de l’année dernière. «Pour nous, c’est un grand événement que de participer à ce salon. Cela fait partie d’un processus que nous avons développé ensemble… Les contacts, qui vont se faire durant cette manifestation, permettront de renforcer les échanges en vue de mieux nourrir notre région», avait déclaré Aziz Akhannouch, dont le pays était l’invité d’honneur du 7e Salon international de l’Agriculture d’Alger. La normalisation des relations algéro-marocaines doit passer par la construction de l’UMA. C’est l’objectif de la visite du président tunisien qui a atterri, hier, à Alger pour un séjour de deux jours. Elle offrirait une «opportunité de concertation sur le processus de construction de l’UMA», a indiqué samedi un communiqué de la présidence (algérienne, Ndlr). «Le renforcement des relations bilatérales entre les pays de la région est le meilleur moyen de réaliser la complémentarité et l’intégration maghrébines», avait précisé une source diplomatique nationale. Les économies marocaine et tunisienne ont prouvé leur savoir-faire dans les domaines agricole et touristique: des secteurs peu performants de l’économie nationale. La destination Algérie est aussi devenue une escale incontournable dans le cadre de la lutte antiterroriste et de la sécurité au Sahel. Le conflit libyen s’est accompagné par une prolifération d’armes de guerre lourdes, circulant librement. Une aubaine pour les groupes de la branche d’Al Qaîda au Maghreb qui menacent sérieusement la stabilité de la région. Une recrudescence des enlèvements de ressortissants occidentaux, qui demeure leur fonds de commerce (demandes de rançons), est à craindre. La visite du président malien Amadou Toumani Touré, effectuée à la fin du mois d’octobre 2011, a eu pour but de «raffermir davantage les relations algéro-maliennes et de poser les bases d’une coopération bilatérale et régionale plus solide, capable de lutter efficacement contre le terrorisme», avait-on indiqué de source diplomatique algérienne. Un communiqué dans la même veine a sanctionné la fin de la visite du président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz, qui était l’hôte du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, entre le 10 et le 13 décembre 2011. «Les deux chefs d’Etat ont, à cet effet, souligné que la stratégie régionale adoptée par l’Algérie et la Mauritanie avec leurs partenaires dans les pays du Sahel pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé favorablement accueillie par la communauté internationale, commence à porter ses fruits…», avait indiqué une dépêche de l’APS. Le temps est venu pour les pays du Maghreb et du Sahel de montrer que leur destin est entre leurs mains…(L’Expression-13.02.2012.)
**Un périple historique pour Marzouki
Le président tunisien, Mohamed Moncef Mar-zouki, a achevé hier, sa visite officielle de deux jours en Algérie, la dernière étape d’un périple maghrébin de six jours historique. Par son franc-parler doublé d’une simplicité désarmante, le président tunisien a eu à expliquer son projet herculéen d’un nouveau Maghreb, confirmer l’adhésion de l’Algérie et du Maroc à cette relance.
Dans une conférence de presse qu’il a animée dans la soirée d’avant-hier à Djenane El Mithaq à Alger, le président tunisien a annoncé que les dirigeants des pays du Maghreb ont convenu de tenir un sommet maghrébin dans le courant de l’année 2012. Le sommet sera «sérieux» et ses résultats «palpables» pour les peuples de la région, a-t-il souligné. L’un des premiers acquis de ce périple. La date de ce rendez-vous n’a pas été arrêtée mais la rencontre se tiendra en Tunisie «après examen des dossiers par les Etats» pour que le sommet «revête une véritable valeur et pour ne pas accabler nos peuples en convoquant des réunions pour la forme». Il souligne dans le même sillage que les pays du Maghreb arabe sont appelés à «oeuvrer graduellement pour poser de nouveaux jalons sur la voie de la construction maghrébine». «Une fois les relations améliorées et les frontières ouvertes, on procèdera alors au lancement de projets communs.»
Le président tunisien ne se pose aucun préalable pour cette construction maghrébine. «Il faut instaurer un climat psychologique susceptible d’ouvrir les canaux de communication à même de créer des conditions politiques et psychologiques nouvelles favorisant la résolution des différends», a-t-il notamment affirmé. Ce désir d’insuffler une nouvelle dynamique à l’UMA, sclérosée depuis 1994, doit être d’abord bénéfique pour la Tunisie dont l’économie a été mise à genoux après la révolution.
Et le président Moncef Marzouki ne s’en cache pas. «La politique intérieure tunisienne est intimement liée à la politique étrangère. Nous sommes à la recherche d’équilibres internes et externes», a-t-il déclaré lors de sa conférence de presse. Pour Moncef Marzouki, la Tunisie a besoin de la relance de l’UMA pour la réussite de sa révolution de même que les autres pays de cette région ont besoin de cette relance pour sortir de la ghettoïsation.
Le président tunisien est arrivé dimanche dernier à Alger pour une visite officielle de deux jours à la tête d’une importante délégation ministérielle dans le cadre du «renforcement du dialogue et de la concertation entre les deux pays». M.Marzouki a eu des entretiens avec les hauts responsables de l’Etat algérien. Abordant le dossier du Sahara occidental, le président tunisien n’a pas mâché ses mots. «C’est une question qui existe et qu’on ne peut ignorer», la qualifiant de «douloureuse sur le plan humain».
«Le problème du Sahara occidental est une réalité qu’on ne peut ignorer. C’est une question épineuse, difficile et douloureuse sur le plan humain», a-t-il affirmé rappelant que cette même question est inscrite au niveau de l’Organisation des Nations unies. Interrogé sur la décision de son pays de renvoyer l’ambassadeur syrien, le président Marzouki a rappelé que «c’est une décision souveraine prise loin de toute pression occidentale ou de celle des pays du Golfe».
Dans ce contexte, il a souligné que son pays n’a pas fermé l’ambassade de Syrie «mais celle d’un régime qui a perdu sa légitimité». «La fonction première d’un Etat c’est de défendre ses citoyens. A partir du moment où un Etat tue ses propres citoyens, s’il a le monopole de la violence et tue ses propres citoyens il n’a aucune légitimité», a-t-il martelé. Aussi, a-t-il souhaité une solution politique en Syrie «à peu près comme celle qui a été trouvée au Yémen» pour permettre au président Bachar el-Assad de quitter le pays.
«J’espère que nous trouverons une solution politique à peu près comme celle qui a été trouvée au Yémen, c’est-à-dire le départ d’un dictateur dont personne ne veut et qu’il y aura une transition à ce régime qui resterait en place», a-t-il déclaré. S’agissant de l’extradition du président déchu Zine El-Abidine Ben Ali en exil à Riyadh, le président Marzouki a révélé que son pays a sollicité «nos frères en Arabie Saoudite pour nous remettre ce criminel. Toutefois, nous ne ferons pas de cette demande une condition pour la continuité des relations entre nos deux pays». S’adressant aux organisations internationales, il a promis un «procès équitable» à l’ex-président tunisien, tout en insistant sur «la revendication légitime de la Tunisie à récupérer l’argent et les biens détournés par Ben Ali». Au sujet de l’ancien Premier ministre libyen, Mahmoudi El-Baghdadi, qui se trouve en Tunisie, le président Marzouki a indiqué que son pays ne procèdera pas à son extradition «tant que la Libye ne dispose pas d’un système stable et d’une justice indépendante», a-t-il tenu à préciser en conclusion. (L’Expression-14.02.2012.)
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*Le président tunisien, Mohammed Moncef Marzouki en Algérie
Alger et Tunis veulent se rapprocher davantage
Le président tunisien Moncef Marzouki est arrivé aujourdhui à Alger pour une visite officielle de deux jours en Algérie, dernière étape d’une tournée régionale consacrée à la relance de l’Union du Maghreb arabe (UMA). M. Marzouki a été accueilli à l’aéroport international Houari Boumediene d’Alger par son homologue algérien Abdelaziz Bouteflika. La visite sera une « opportunité de concertation sur le processus de construction de l’UMA « , a indiqué samedi la présidence algérienne. Avant Alger, M. Marzouki s’était rendu au Maroc, puis en Mauritanie. Le projet de l’UMA aura certainement la part du lion dans les discussions entre les deux chefs d’Etat. M.Marzouki refuse de lier le projet de l’UMA à la question du Sahara occidental.(12.02.2012.)
**Entretieb d’Al Moncif Al Merougui…
La position de l’Algérie vis-à-vis de la révolution tunisienne était juste
*Les Islamistes en Tunisie ont accepté de bâtir un Etat civil
Le président Tunisien Moncif Al Merzougui a exprimé à El Khabar son souhait que l’Algérie réponde positivement à l’initiative visant à redonner vie à l’espace Maghrébin à travers un sommet Maghrébin qui se tiendra incessamment. Le président Merzougui n’a, également, pas dissimulé son souhait que ce sommet soit organisé en Tunisie.
Moncif Al Merzougui a saisi l’occasion de l’entretien qu’il a accordé à El Khabar pour rappeler la nature des relations entre les deux peuples algérien et tunisien à laquelle l’ex président tunisien Ben Ali a porté atteinte. Il a notamment rappelé comment les algériens étaient maltraités en Tunisie à l’époque Ben Ali, avant d’enchainer que parmi les acquis de la révolution tunisienne, l’amélioration des relations entre les deux peuples et Etats et que sa visite en Algérie s’inscrit dans ce cadre…(El Khabar )
***La Tunisie a pu ériger les premiers fondements d’un nouveau régime basé sur la démocratie et le respect des choix des électeurs, qui garantit le droit de participation politique…
Avant d’être reçus par le président de la République tunisien, Al Moncef Al Marzouki, pour un entretien qu’il devait nous accorder, mercredi dans l’après-midi, j’ai décidé de descendre en ville pour constater de visu la situation qui règne dans ce pays voisin. Nous nous sommes rendus, depuis le village touristique de Gmaret, où nous résidions. Nous avons demandé au chauffeur de taxi de s’arrêter devant le siège du ministère de l’intérieur. L’immeuble est clôturé par des files de fer barbelé et gardé par des engins imposants de l’armée tunisienne. C’est une image édifiante qui nous rappelle que ce pays a vécu des moments difficiles et que le peuple a réussi à faire tomber l’une des pires dictatures et a pu ériger, en mois d’une année, les premiers fondements d’un nouveau régime basé sur la démocratie et le respect des choix des électeurs et qui garantit le droit de participation politique…
du célèbre boulevard Bourguiba, jusqu’à Souika, le cours de la vie nous apparaissait très ordinaire ; des commerces ouverts, les balcons de cafés archicombles, bref tout se passe le plus normalement du monde. Une ambiance qui donne l’impression que la vie en Tunisie a un goût différent. « Vive la Tunisie libre et démocratique », « Vive Al Merzougui président de Tunisie », « Vive la révolution de la liberté et la dignité », sont des slogans parmi tant d’autres exprimés sur les murs. Certains commerces à Souika, dont ceux qui se sont reconvertis dans la vente des foulards et du voile islamique mettaient des enregistrements de récitation du Coran. Les kiosques, ornés par l’emblème national tunisien, présentent sur leurs étals de nombreux titres de presse fondés après la chute de Ban Ali…notre rendez-vous avec le président Al Marzouki, fixé à 16h00, s’approchait. Nous sommes arrivés 30 minutes d’avance au Palais de Carthage, où nous avons constaté que les mesures de sécurité étaient ordinaires. « C’était le quartier de Ban Ali », nous a affirmé notre chauffeur de taxi sur un ton ironique. Nous étions conduits dans la salle de réception, où nous étions priés de prendre un thé. A peine siroté notre thé, le conseiller du président tunisien Al Merzougui est revenu nous voir et s’assurer que nous étions pris pour la rencontre, avant de disposer…après quelques moments, il est revenu, de nouveau, pour nous inviter de l’accompagner au salon de son Excellence. Au bout de quelques minutes, M. Al Merzougui nous a rejoins. Dès notre rencontre, M. Al Merzougui nous a déclaré que la Tunisie a adopté une nouvelle culture et une conduite inhabituelle. En effet, il ne porte pas de cravate et n’exige pas de connaître les questions des journalistes avant l’entretien, et ne fixe pas le temps qu’il doit leur accorder, tout en refusant d’être appelé par « Son Excellence », car il croit que l’Excellence revient au peuple. De ce fait, notre entretien avec lui a été convivial et sans protocoles, bien qu’il occupe le siège de celui qui était son bourreau d’hier.
El Khabar : Le peuple tunisien commémore le 1er anniversaire de la Révolution de la dignité…comment évaluez-vous les relations algéro-tunisiennes, après la chute de Ben Ali ?
Al Merzougui : Les relations algéro-tunisiennes ne peuvent être qualifiées que de « très solides ». L’Algérie est présente en force en Tunisie, un fait que la majorité des algériens l’ignore. Moi personnellement, je me rappelle les circonstances du déclenchement de la Révolution algérienne. J’avais 11 ans. Je me rappelle bien que les tunisiens l’ont vécu au quotidien. Ils suivaient ses informations et ses réalisations avec beaucoup de fierté et d’orgueil. Après l’indépendance, les relations entre les deux pays ont été toujours bonnes pendant les années 1960 et 1970, en se basant sur le principe que l’Algérie était un pays promoteur avec d’énormes projets et un modèle. Les années 1990, soit la guerre civile, nous avons partagé les moments difficiles avec les algériens, à tel point que nous la considérions comme un drame tunisien. Personnellement, j’avais deux amis algériens que je respecte beaucoup, je les ai perdu pendant cette guerre, ils sont en l’occurrence Mahfoud Boussebsi, que j’ai connu à l’occasion de la réception d’un prix remis par le défunt président Bourguiba, ainsi que le docteur Youssef Fethellah que j’ai rencontré alors que nous présidions respectivement les ligues des droits de l’homme en Algérie et en Tunisie. Ce dernier est décédé dans la prison, quand j’ai appris sa mort, j’ai été très triste. Je tiens à dire, encore une fois, que nos relations avec l’Algérie sont fraternelles depuis de longues années. Ainsi, je ne vais pas exagérer si je dirais que si l’Algérie tombe malade, la Tunisie attrape la fièvre. Je considère que la révolution va raffermir davantage nos relations fraternelles, altérées par l’ex dictature tunisienne. Je ne vous cache pas que j’avais honte quand je lisais des informations faisant état de maltraitances contre les ressortissants algériens par le régime déchu de Ben Ali. Ca me fait mal au cœur également d’entendre que les 15 mille algériens établis en Tunisie ont des problèmes administratifs et de résidence. J’ai ordonné aux Ministres de la Justice et de l’Intérieur d’accélérer la régularisation des ressortissants algériens. En effet, la chute de la dictature nous permettra de hisser nos relations à leur niveau habituel. Ma visite en Algérie, prévue en février prochain, s’inscrit dans ce cadre.
El Khabar : A propos de votre visite en Algérie, vous avez tenu pour que Tripoli soit la première capitale à visiter, depuis votre accession à la magistrature suprême, alors que MM. Badji Gaid Sebssi et Rached Al Ghennouchi ont préféré l’Algérie…peut-on interpréter cela comme étant une divergence des priorités ?
Al Merzougui : Ma première visite en Libye a eu lieu suite à des circonstances urgentes, imposées par la situation économique et sécuritaire entre Tunis et Tripoli. Il n’existe pas de préférence pour moi entre les pays du Maghreb. Il est inconcevable de faire la différence entre les doigts de la même main. Mais la logique oblige que la priorité doit être accordée au doigt blessé. Dans mon cas, le doigt blessé c’est la Libye. Il y a eu beaucoup de problèmes qui nous obligeant d’y aller tenter de les résoudre.
El Khabar : Certaines parties ont critiqué l’Algérie pour ne pas avoir pris position pendant la révolution tunisienne, alors que d’autres observateurs ont interprété sa position comme étant un soutien au régime déchu de Ben Ali…comment évaluez-vous cette position ?
Al Merzougui : Je pense que la meilleure position que devaient adopter des pays voisins envers un peuple fier de sa révolution est de s’engager de ne pas intervenir dans ses affaires internes, dans tous les sens. En se basant sur le principe que le peuple seul a le droit de déclarer sa révolution, d’en définir son avenir et de construire son Etat. Je considère que la position de l’Algérie, qui ne s’est pas ingéré dans le cours de la révolution, est un choix correct. La Tunisie aurait adopté la même position, convaincue que l’ingérence contourne le cours normal de la volonté des peuples.
El Khabar : L’Algérie a, dès le début, affiché un grand intérêt pour le peuple tunisien et une énorme volonté de le soutenir dans ces circonstances difficiles…qu’attendez-vous concrètement maintenant de l’Algérie ?
Al Merzougui : Tout d’abord, nous attendons de nos frères en Algérie le soutien moral, car nous sommes dans une situation déplorable. Les zones frontalières entre les deux pays sont les plus pauvres. Ces zones peuvent constituer une occasion pour une coopération réelle. Afin de pouvoir faire de ces zones un espace de progrès commun, à travers des programmes permettant à nos deux pays d’y agir conjointement. Cela sera considéré comme étant un début de la construction du Maghreb Arabe. Comme vous le savez, je suis très attaché à l’idée de relancer cet espace, et je souhaite que nos frères en Algérie participent à un sommet maghrébin dans les plus brefs délais. Nous avons un grand espoir que la Tunisie puisse abriter ce sommet. Cela va constituer un appui considérable pour nos peuples. Car j’ai la conviction que l’avenir des pays du Maghreb Arabe ne peut être que commun, il est dans l’espace maghrébin. De ce fait, nous attendons beaucoup de nos frères algériens, sachant que rien ne peut se faire sans l’Algérie.
El Khabar : C’est un joli rêve, mais il reste « utopique », eu regard de conflits persistant entre l’Algérie et le Maroc sur le Sahara Occidental ?
Al Merzougui : Effectivement, la cause du Sahara Occidental a entravé le projet. Maintenant, nous devons essayer de dépasser cette obstacle, si nous n’avons pas réussi à la surpasser…la cause est actuellement entre les mains des Nations Unies. Ainsi, que nous oublions le sujet et nous entamons la construction de l’espace maghrébin, je suis convaincu que nous pouvons surmonter cette crise étape par étape. Que nous entamons l’étape de la construction des cinq libertés, la liberté de circulation, de résidence, de travail, d’investissement et de participer aux élections pour les maghrébins là où ils résident. Peu à peu, les mentalités vont changer, à ce moment là, la cause trouvera son issue, d’une manière ordinaire.
El Khabar : C’était grâce à la Tunisie que le processus de réforme au sein de l’espace maghrébin a été déclenché, l’Algérie n’est pas en reste, sachant que le président Bouteflika a engagé des réformes politiques…à travers votre expérience, comment évaluez-vous ce processus ?
Al Merzougui : Tous les peuples et les régimes arabes sont en pleine mutation. Nous nous sommes lancés dans une révolte au bout de laquelle nous avons pu restaurer notre stabilité, en fonction de la nature de notre société, qui a des caractéristiques particulières. En fait, les 11 millions de tunisiens n’ont pas de problèmes religieux et sectaires. Nous sommes un peuple de dialogue. Tous ces facteurs nous ont permis d’adopter la démocratie. Mais pour chaque pays a ses propres caractéristiques et circonstances. Je suis conscient des difficultés auxquelles pourrait face l’Algérie. Je suis entièrement convaincu que le processus engagé par nos frères algériens va aboutir à un point qui satisfait tous les interlocuteurs. Du moins, ce que je souhaite, parce que le peuple algérien a souffert pendant les années 1990, qu’il tente de trouver l’équilibre.
El Khabar : Vous avez choqué certains milieux en France quand vous avez déclaré dans un entretien accordé au Journal de Dimanche que les français comprennent mal le monde musulman…quelles sont, à votre avis, les relations idéales qui devraient être adoptées par les pays du Maghreb avec leur ancien colonisateur ?
Al Merzougui : Ma culture est française, j’ai vécu en France et je connais bien les français auxquels je leur ai déclaré que je ne suis pas hostile à eux, mais plutôt un ami. Mais il existe une différence entre ami et dépendant. Nous sommes avec la France, nous voulons être un bon ami et non un dépendant. Nous voulons être au même pied d’égalité. Les relations coloniales sont révolues et devraient être effacées des mémoires. Lors de sa visite en Tunisie, le MAE français, Alain Juppé, a affirmé cela, l’idée des relations égales est bien fondée. Par contre, nous ne devons pas se leurrer, car la Tunisie ne pourrait développer des relations au même pied d’égalité avec la France, à cause du déséquilibre entre les deux pays, mais à travers le Maghreb arabe, cela pourrait être possible, non seulement avec la France, avec les autres pays de l’Europe aussi.
El Khabar : Certaines parties pourraient vous accuser de contradiction, quand vous parlez d’égalité et puis vous vous qualifié comme un « francophone » et « francophile »…
Al Merzougui : Oui, effectivement, je suis un ami de la France. J’ai vécu avec eux et je me suis marié avec une française. Mais j’étais toujours fier de mon identité islamique. Je n’ai jamais voulu m’intégrer dans la culture française, tout en exprimant ma reconnaissance à cette culture dont j’ai tiré profit. Je tiens à dire qu’il est indispensable de choisir entre être un ennemi pour les autres ou bien un dépendant. Je préfère être un ami à l’autre tout en préservant mes principes et en imposant le respect à l’autre.
El Khabar : Vous avez mis en garde récemment contre toute intervention étrangère en Syrie…comment comparez-vous cette intervention probable avec celle ayant eu lieu par l’OTAN en Libye ?
Al Merzougui : En toute honnêteté, je n’ai été jamais pour l’intervention de l’OTAN en Libye. J’ai eu une discussion longue à ce sujet avec BHL, sur les ondes d’une radio française. Je lui ai dis que nous ne voulons pas d’une intervention, nous voulons que la révolution libyenne soit pacifique et authentique. Il m’a demandé de lui donner la solution pour les innocents abattus par Kadhafi. En conséquence, je dirais que la situation en Libye était très difficile, nous n’avons accepté l’intervention étrangère que quand la situation a atteint des proportions alarmantes. Nous l’avons accepté mais sans conviction. En ce qui concerne la Syrie, nous sommes contre toute intervention étrangère quelques soit sa nature. Conscient que la situation dans ce pays est plus complexe que celle de la Libye. Dans le cas de l’intervention étrangère dans ce pays, cela signifie que la guerre va s’étendre à toute la région, ce qui ouvre la voie à toutes les puissances, à l’instar de la Turquie, Israël, l’Iran et Hizbolah. Cela dit toute la région va exploser. A ce moment là, ça devient un suicide, une réalité qui est bien assimilée par les parties étrangères. A mon avis, le spectre de l’intervention étrangère en Syrie reste irréalisable.
El Khabar : A travers votre expérience, comment évaluez-vous l’expérience syrienne ?
Al Merzougui : La situation en Syrie m’inquiète énormément, du fait que la révolution commence à devenir sectaire, d’où le grand danger. C’est ce que j’ai déjà dis à mes frères syriens. Borhane Ghalioune, le président du CNS, est un ami à moi depuis une vingtaine d’années. Haithem Menaa est un ami intime aussi. J’ai les ai rencontrés en Tunisie et je leur ai conseillé de se réunir dans le but se mettre d’accord sur un front national qui pourrait remettre la révolution syrienne à son droit chemin. C’est-à-dire, loin du sectarisme, tout en se gardant son caractère pacifique, loin de toute intervention étrangère, et qu’elle soit coordonnée par une direction unie capable de donner de l’espoir eu peuple. Mais dans le cas où les divergences et le sectarisme persistent, la révolution va échouer, dans ce cas là, ça serait un drame.
El Khabar : le président palestinien a décliné votre invitation !
Al Merzougui : Mahmoud Abbas n’a pas décliné mon invitation mais s’est excusé de ne pas pouvoir y venir. Nous avons reçu notre frère Ismail Hania parce que nous voulons traiter avec toutes les parties, tout en prenant en considération de non ingérence dans les affaires internes de la Palestine. Nous avons, du coup, affirmé à notre frère Hania la nécessité de la réconciliation nationale, comme nous avons invité notre frère Abu Mazin qui, pour sa part, n’a pas décliné notre invitation mais s’est excusé de son absence qu’il a justifiée par des raisons personnelles.
El Khabar : Voulez vous en venir à ce que vous aviez fait une erreur diplomatique en recevant Hania avant Mahmoud Abbas ?
Al Merzougui : pas du tout, Ismail Hania était en voyage et a demandé de nous rencontré. Chose que nous avons accepté. Nous voulions, en recevant Hania, rendre hommage à la population de Gaza, qui vit une situation difficile et réitéré notre soutien au peuple de Gaza encerclé. Et comme vous voyez, nous n’avons pas préféré une partie sur une autre.
El Khabar : M. Hania vous a invité à rendre visite à Gaza, allez-vous répondre à cette invitation ?
Al Merzougui : notre peuple à Gaza a beaucoup souffert et nous devons l’aider par tous les moyens, chose que nous considérons un devoir national. Si les conjonctures le permettront, je n’hésiterais jamais à rendre visite à Gaza. Nous allons aider et soutenir le peuple palestinien sans entrer en conflit avec quelconque partie palestinienne.
El Khabar : en dépit de la petite superficie de la Tunisie, elle a toutefois été dans les années 50, 60,70 et 80 au centre de l’événement, en recevant les dirigeants de la révolution palestinienne et a été le siège de la Ligue Arabe…et avant ça, elle a abrité les révolutionnaires algériens et a été le siège du gouvernement provisoire algérien… comment allez vous replacer la Tunisie à l’avant-garde de l’avancée arabe après deux décennies d’absence ?
Al Merzougui : la fragilité de la Tunisie durant la période de gouvernance de Benali était due à la fragilité de cette personne et de son régime, qui a détruit toutes les institutions, y compris notre politique étrangère. Je disais souvent que la Tunisie n’avait pas de ministère des affaires étrangères mais un ministère de l’intérieur à l’étranger. Nos ambassades à l’étranger ne représentaient pas la Tunisie mais ils ne faisait que contrôler nos ressortissants à l’étranger et faisaient la propagande pour Ben Ali. C’en est une période perdue dans l’Histoire de la Tunisie qui a repris son souffle et son rôle sur la scène internationale grâce à la révolution.
El Khabar : certains ont expliqué vos dernières déclarations sur l’Algérie, vos réactions vis à vis de la question palestinienne ainsi que votre appel à l’union avec la Libye par votre manque d’expérience. Cela est-il vrai ou cherchez-vous un nouveau discours qui sera opposé à la langue de bois que l’ex régime tunisien servait au grand public ?
Al Merzougui : actuellement, je cumule 30ans de travail politique. Certains vont surement dire que ça n’a aucun rapport avec l’expérience d’un chef d’Etat… et je leur réponds qu’est-ce que Ben Ali a bénéficié de cette expérience. Je crois que la vraie expérience c’est de mettre les valeurs auxquelles nous croyons en application. Certains diront qu’un homme d’Etat doit entretenir un discours diplomatique vigilent…je vous dis sincèrement que vous ne pouvez jamais empêcher tout un chacun de mal interpréter vos propos.
Certes, je n’ai fait aucune déclaration à propos de l’union avec la Libye, tout simplement parce que je ne crois pas à l’union sur le modèle de Kadhafi et d’Abdennacer. J’ai été surpris de lire et d’entendre les propos faisant état que j’ai déclaré que les gens ont voté pour les islamistes parce que la solution consiste dans l’Islam. Ces gens ont tout faux. J’ai écrit un article que vous pouvez lire sur « Al-Jazeeranet », dans lequel je dis que « la solution ne consiste pas dans le slogan : l’islam c’est la solution », idem pour ma déclaration qui a été interprétée comme ingérence dans les affaires internes de l’Algérie. Pour ce qui est des campagnes à mon encontre faisant état que je n’ai pas d’expérience, c’en est une atteinte préméditée à mon encontre par certains journaux tunisiens.
El Khabar : comment évaluez vous la situation actuelle en Tunisie sur les plans économique et sécuritaire, à la lumière des sit-in permanents qui ne cessent d’augmenter et est-ce que vous possédez des solutions aux problèmes qu’endurent les tunisiens ?
Al Merzougui : lorsqu’on parle de révolution, cela signifie l’effondrement d’un monde et la naissance d’un autre monde. Il faut donc un temps pour maitriser la situation. Le meilleur exemple c’est la révolution française qui s’est déclenchée en 1787 et qui a pris environ 70ans pour atteindre ses objectifs. Nous les tunisiens et contrairement à la révolution française, nous n’avons pas tardé à trouver nos repères, puisqu’en moins d’une année, nous en sommes finis avec la dictature et nous avons bâti un régime démocratique. Nous avons organisé des élections libres et réussie et sommes arrivés à former un gouvernement d’alliance nationale. Tout ça pour moi est un miracle. Par ailleurs, nous sommes toujours en quête d’équilibres économiques et sociaux, chose dont je suis pertinemment, certains que nous pouvons atteindre d’ici 3 ou 4ans. En somme, toute la Tunisie vit une situation d’effervescence positive, tout est entrain de se refaire en Tunisie, que ce soit le régime économique, judiciaire et sécuritaire.
El Khabar : on en parle trop de votre différend avec le chef du gouvernement, M. Hemadi Al Djebali sur l’exercice des prérogatives, en particulier sur la gestion de la politique étrangère de la Tunisie…Qu’en pensez-vous ?
Al Merzougui : je suis à la tête de la présidence de la République depuis 30 jours seulement (l’entretient a eu lieu mercredi). Dans ce lapse de temps, j’ai rencontré le premier ministre trois fois en moins. Nous nous sommes convenus ainsi que le président de l’Assemblée constituante à nous rencontrer chaque mardi autour d’un diner. Je peux vous dire que durant cette trentaine de jours, j’ai rencontré le chef du gouvernement à trois reprises et nous nous sommes convenus ainsi que le président de l’Assemblée Constituante, M. Mustapha Ben Djaafar à nous rencontrer chaque mardi autour d’un diner. Je peux vous dire que ce trio qui gouverne la Tunisie a deux spécificités, primo : nous avions tous été victimes de Ben Ali et notre amitié remonte à 30ans. Nous nous connaissons parfaitement et nous nous respectons mutuellement. En cas de conflits, nous savons comment les régler. Lorsque nous nous sommes rencontrés, hier, nous étions en désaccord à propos du dossier syrien ainsi que sur le dossier sécuritaire. Nous nous sommes échangés les idées et points de vue. Du coup, tout ce qui se dit çà et là à propos de différends entre nous est faux. Nous sommes parvenus à une alliance solide et le respect de nos engagements en est une question de principe, jusqu’aux prochaines élections.
El Khabar : qu’en pensez-vous de ceux qui vous accusent d’avoir abandonné vos convictions politiques en vous alliant aux islamistes ?
Al Merzougui : nous nous sommes alliés parce que nous n’avions pas d’autre choix. Le contraire signifiait une « guerre civile politique ». Les islamistes ne peuvent gouverner seuls, idem pour les laïcs. Lorsque nous nous sommes alliés, nous avions tracé, moi et Mustapha Ben Djaafar, des lignes rouges à ne pas franchir, à savoir, le respect des droits de l’Homme et de la femme, des libertés individuelle et générales, l’alternance au pouvoir et le partage équitable de la fortune. Ce sont comme vous savez, les principes pour lesquels nous avions combattus. Les frères d’Al Nahdha n’ont eu aucun problème avec ces principes et ont exigé, eux aussi, des lignes à ne pas franchir, relatives à l’identité arabe et musulmane de la Tunisie, des principes avec lesquels nous n’avons, nous aussi, eu aucun problème.
El Khabar : peut-on parler d’une identité arabo-islamique de la Tunisie sans parler de la question d’exiger aux femmes de porter le voile et de l’interdiction des boissons alcoolisées et autres revendications des islamistes ?
Al Merzougui : n’oublions pas que nous parlons de l’identité dans le cadre du respect des Droits de l’Homme et des libertés. C’est tout le monde qui doit faire des concessions. Nous sommes un peuple arabe et musulman, mais nous croyons, cependant, aux droits individuels et collectifs. Nous avons déclaré que nous n’adopterons pas un Etat théocratique ni un Etat laïc sur le modèle français. Nous projetons, toutefois, de bâtir un Etat civil qui, à mon avis, doit assurer les droits syndicaux et le droit de la femme qui ne porte pas le voile, le droit des croyants et des non croyants. C’est ce que les islamistes en Tunisie ont accepté. Il reste à reconnaître que l’Islam est la religion de l’Etat et à décréter cette clause dans la constitution, étant donné que 99% des tunisiens sont musulmans. Ceci est un fait, qui ne veut pas dire que l’Etat tunisien n’assurera pas les droits des juifs. Comme vous savez, j’ai reçu, à la première semaine après mon élection président de la République Tunisienne, le responsable des rabbins et l’archevêque des catholiques. L’Etat que nous avons décidé de bâtir protégera les droits de tout le monde quelle que soit leur religion. Chose que les islamistes ont acceptée sans aucune réserve, à l’exception de ceux qui se sont autoproclamés Salafistes, qui ne font pas partie de l’Alliance et qui n’ont aucun rôle dans le commandement du pays.
El Khabar : quelles seront les relations de la Tunisie avec l’Arabie Saoudite dans le cas où ce pays insisterait à abriter Ben Ali ?
Al Merzougui : l’Arabie Saoudite est un grand pays arabe et un pays frère avec lequel nous tenons à garder de très bonnes relations. Cependant, nous espérons que les frères à Riyad comprendront que notre demande de nous remettre Ben Ali est un droit légitime du peuple tunisien, puisque l’Islam n’admet pas d’accueillir les tyrans qui ont combattu la religion et coulé le sang des musulmans. Nous réclamons Ben Ali parce que nous voulons de lui qu’il nous montre où sont partis les fonds volés des tunisiens.(El Khabar-15.01.2012.)
**Ghannouchi reçu par le président Bouteflika
Le président Abdelaziz Bouteflika a reçu lundi à Alger le président du Mouvement tunisien Ennahda, Rached Ghannouchi, qui effectue une visite de trois jours en Algérie.
L’audience s’est déroulée à la résidence Djenan El-Mufti en présence du président du Conseil de la Nation, Abdelkader Bensalah, et du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel.
Vainqueur du premier scrutin démocratique organisé dans son pays il y a un mois, M. Ghannouchi est arrivé samedi matin à Alger.
Lors d’une rencontre dimanche avec le président du Mouvement de la société pour la paix (MSP-islamiste, membre de l’alliance présidentielle), Bouguerra Soltani, M. Ghannouchi avait prôné un Islam conciliant modernité et démocratie.
La Tunisie veut construire un modèle de société dans laquelle l’islam n’est pas synonyme de terrorisme, de fanatisme, d’extrémisme ni d’hostilité à la démocratie, a déclaré M. Ghanouchi, qui a fait savoir que sa visite en Algérie devrait lui permettre de tirer profit de l’expérience démocratique algérienne et aussi visait à renforcer les liens de fraternité unissant les peuples frères.(Ennahar-21.11.2011.)
**Marzouki à Alger en février prochain
Le développement des zones frontalières est choisi par la Tunisie pour devenir le socle de la coopération avec l’Algérie.
Le président tunisien, Moncif Al Merzouki a confié à El Khabar qu’il sera en visite à Alger dès février prochain. Il considère que des liens unissent son pays avec l’Algérie. Cela ne l’empêche pas de révéler que 15.000 Algériens résidant en Tunisie sont confrontés à de nombreux problèmes et qu’il a donné instruction aux ministres de la Justice et de l’Intérieur pour les régler.
Moncif Al Merzouki a saisi l’occasion de l’entretien qu’il a accordé à El Khabar pour rappeler l’exemplarité des relations entre les deux peuples algérien et tunisien à laquelle, dit-il, l’ex-président tunisien Ben Ali a porté atteinte. Il a notamment rappelé comment les Algériens étaient maltraités en Tunisie à l’époque Ben Ali, avant d’enchaîner que parmi les acquis de la révolution tunisienne, l’amélioration des relations entre les deux peuples et Etats et que sa visite en Algérie s’inscrit dans ce cadre.
Le président estime que l’Algérie a eu une position honorable lors de la révolution car elle n’a pas tenté d’influer sur son cours. Marzouki attend de l’Algérie un soutien moral et un développement commun. Il a abordé le dossier des zones frontalières entre les deux pays en disant qu’elles sont les plus pauvres. Ces zones peuvent constituer une occasion pour une coopération réelle, a-t-il souhaité. Il y voit comme l’ébauche de la construction du Maghreb arabe à laquelle il se dit très attaché.
A propos du dossier de l’UMA, il a émis son souhait que l’Algérie réponde positivement à l’initiative visant à redonner vie à l’espace maghrébin à travers un sommet maghrébin qui se tiendra incessamment. Le président Marzouki a formulé le voeu que ce sommet soit organisé en Tunisie. Il constate que cette construction se heurte au conflit marocain avec le Sahara occidental, que Marzouki souhaite voir résolu par l’ONU.
Le président tunisien a abordé les autres conflits dans le Monde arabe. Marzouki s’est dit opposé à une intervention étrangère en Syrie, jugeant que cette ingérence serait un suicide et conduirait à une implosion de tout le Moyen-Orient. Il évoque ce spectre suicidaire en parlant de l’éventualité d’une intervention étrangère pour mettre fin à la répression de la contestation du régime du président Bachar al-Assad, qui a déjà fait plus de 5000 morts, selon l’ONU.
Une telle intervention signifierait que la guerre va s’étendre à toute la région, ce qui ouvre la voie à toutes les puissances, à l’instar de la Turquie, d’Israël, de l’Iran et du Hezbollah. Cela voudrait dire que toute la région va exploser, a ajouté le président tunisien. L’émir du Qatar s’est dit, quant à lui, favorable à l’envoi de troupes arabes en Syrie afin de mettre fin à la tuerie dans le pays, secoué depuis dix mois par une révolte populaire réprimée dans le sang, la première prise de position de ce type d’un dirigeant arabe. Evoquant la Libye dont le régime est tombé l’an dernier, le président tunisien dit que le pays a accepté l’intervention étrangère quand la situation a atteint des proportions alarmantes. «Nous l’avons accepté mais sans conviction», a-t-il souligné.
Le président s’est inquiété de l’évolution de la situation en Syrie qui évolue vers un conflit entre courants religieux du fait que la révolution commence à prendre un caractère confessionnel, d’où le grand danger.
Dans le cas où les divergences et les oppositions interconfesionnelles persistaient, la révolution va échouer, dans ce cas-là, ça serait un drame, estime le dirigeant tunisien.
Le chef d’Etat tunisien a réaffirmé les très bonnes relations avec l’Arabie Saoudite tout en réclamant l’extradition de Ben Ali. Il espère que Riyadh comprenne que la demande de remettre Ben Ali est un droit légitime du peuple tunisien, puisque l’Islam n’admet pas d’accueillir les tyrans qui ont combattu la religion et fait couler le sang des musulmans. Au plan interne, le président s’est attardé sur ses relations avec le Premier ministre, Hamadi Djebal, issu d’Ennahda. Il le qualifie d’ami de trente ans avec lequel il prend son dîner tous les mardis. Des lignes ont été tracées avant l’instauration de la coalition. Il s’agit du respect des libertés publiques et privées. Marzouki ne veut ni un Etat laïc ni un Etat théocratique mais un Etat civil. En somme, une République dans laquelle le voile intégral peut très bien cohabiter avec la minijupe.(L’Expression-16.01.2012.)
**Rached Ghannouchi, leader du parti Ennahda, en Algérie
La Tunisie nouvelle se rapproche de son voisin de l’Ouest, l’Algérie. De sources partisanes on a appris que Moncef Marzouki et Hamadi Jbali effectueront leur première visite officielle en Algérie. C’est le deuxième homme du parti le Congrès pour la République, qui l’a affirmé en exclusivité hier, à L’Expression. «La première visite officielle de Moncef Marzouki et Hamadi Jbali dans le futur gouvernement sera effectuée en Algérie», a-t-il déclaré sans préciser la date exacte de cette visite.
Ce déplacement interviendra quelques jours après celle qu’effectue actuellement Rached Ghan-nouchi, leader du parti Ennahda. Il faut dire que cette visite revêt un caractère particulier aussi bien pour l’Algérie que pour la Tunisie. Face aux épreuves, les gouvernements et les peuples sont solidaires.
La Tunisie, qui sort d’une révolte, très affaiblie économiquement, socialement et politiquement, a besoin d’aide de la part de ses voisins. En recevant Beji Caid Essebsi, il y a quelques mois, l’Algérie n’a pas dérogé à son devoir. Elle a sorti son chéquier en accordant 100 millions de dollars au voisin tunisien. De même que l’Algérie a besoin de la Tunisie pour une collaboration sécuritaire maintenant que le fléau du terrorisme a pris un caractère régional, pour la lutte contre les trafiquants de drogue d’argent et d’armes en provenance surtout de la Libye.
A cela, il faut ajouter la circulation des personnes entre les deux pays. Des milliers de familles algériennes n’ont pour destination que la Tunisie qui n’a d’ailleurs jamais fermé ses frontières même durant les années noires du terrorisme.
A ces considérations strictement économiques, il y a aussi le fait que la Tunisie qui a eu à rassurer les Occidentaux, a également le devoir de rassurer ses voisins dont l’Algérie.
Cela étant, la Tunisie suit son chemin pour devenir un modèle de transition dans les pays arabes. Pour constituer sa nouvelle équipe dirigeante, on assiste à une valse des déclarations des trois partis en négociations ces derniers jours.
Le parti Ennahda et ceux de la gauche vainqueurs des élections du 23 octobre jouent au cafouillage médiatique autour de la distribution des trois postes de présidence. Tout est parti de l’annonce, avant-hier, d’un membre du bureau politique du parti Ennahda dans laquelle il affirmait qu’un tel accord serait désormais acquis.
Une information qu’a repris, d’ailleurs, un membre du Congrès pour la République pour confirmer ce partage? Un partage des responsabilités qui a valu une critique du Parti démocrate progressiste et du Mouvement des patriotes démocrates Ettakatol, qui avait pris les devants dans une déclaration pour marquer sa différence.
Du coup, le parti de Ben Jaâfar a fermement dénoncé l’information la qualifiant d’«annonce prématurée». Relayée par Ennahda, celle-ci avait, dans la soirée du samedi, apporté une correction sérieuse aux informations «lâchées» dans la même journée, selon lesquelles Moncef Marzouki serait président de la République, Hamadi Jbali, président du Conseil des ministres et Mustapha Ben Jaâfar, président de l’Assemblée constituante. Pourtant, la télévision tunisienne avait rapporté l’information d’une manière officielle lors du JT de 20h avant-hier. Or, il s’avère aussi que pour le parti Ettakatol, même s’il ne nie pas l’accord conclu à ce sujet, l’officialisation n’est toujours pas à l’ordre du jour. «L’accord est global ou il n’est pas», a laissé entendre M.Mohamed Bennour, porte-parole d’Ettakatol.
Pour lui, il ne s’agit pas d’annoncer les accords l’un après l’autre…car, «qu’arriverait-il si les négociations butaient en chemin?», s’est-il interrogé. En un mot, M. Bennour a qualifié l’annonce de prématurée et qu’elle vise à «mettre de la pression». Le porte-parole d’Ettakatol est affirmatif: «Les négociations se poursuivent à travers plusieurs commissions sur un ensemble de questions qui ont trait non seulement au reste des postes ministériels à distribuer, mais aussi aux programmes et priorités ainsi qu’aux principes et valeurs sur lesquels va reposer le travail.»
Pour les observateurs, ce cafouillage signifie que les partis en négociations manquent d’expérience qui risquerait de faire plonger la classe politique dans une autre crise.
Preuve en est, beaucoup de femmes démocrates et laïques, se préparent actuellement à faire leurs bagages pour quitter le pays en raison de la peur qui les gagne chaque jour après la prise du pouvoir par Ennahda.
Une crainte légitime dans la mesure ou dans les quartiers les plus chauds de la capitale comme Ettahrir ou Ettadhamoun, des petits drapeaux noirs accrochés aux murs des mosquées où on peut lire: «La Ilaha Illla Allah»..(L’Expression-21.11.2011.)
***Rached Ghannouchi affirme: «Nous avons besoin de l’expérience algérienne»
Sans aller par trente-six chemins, l’hôte de l’Algérie estime que la Tunisie est appelée à tirer profit de la pratique politique algérienne.
La Tunisie, version Rached Ghannouchi, n’envisage pas d’exporter sa révolution en Algérie. Bien au contraire, le leader d’Ennahda estime que son pays a besoin de «l’expérience démocratique algérienne». «Dans le contexte sensible que traverse la Tunisie, nous avons besoin de l’expérience algérienne. L’Algérie était le précurseur en matière d’expérience démocratique et de la vie politique», a déclaré hier Rached Ghannouchi, lors d’une déclaration à la presse, au siège du MSP, à l’issue de sa rencontre avec Bouguerra Soltani, président du parti. Sans aller par trente six chemins, l’hôte de l’Algérie enchaîne que la Tunisie est appelée à tirer profit de la pratique politique algérienne.
«Nous visitons l’Algérie dans cette conjoncture sensible. Nous voulons tirer profit de l’expérience algérienne. Nous souhaitons renforcer les liens de fraternité et de confiance avec le peuple algérien. La Tunisie est aujourd’hui libre et ouverte envers tout le monde et plus précisément envers nos frères algériens». Dans le même sillage il explique «son modèle» au monde entier. «Notre révolution n’est pas à exporter. Nous ne souhaitons pas le faire. Même si c’était le cas, ça ne sera pas vers l’Algérie, un pays qui respire la révolution», a-t-il dit. Et de préciser qu’il souhaite exporter «un modèle tunisien basé sur un Islam sain et non pas un pouvoir islamique extrémiste, terroriste et antidémocratique».
Pour M.Ghannouchi, ce modèle a longtemps été le rêve de la Nation arabe. Pour concrétiser ce rêve, il réaffirme que son parti a besoin du soutien de l’Algérie car la Tunisie emprunte un chemin où elle manque d’expérience. Sur le plan interne, M.Ghannouchi a confirmé la nomination de Hamadi Jebali à la tête du premier gouvernement tunisien. «Oui, je confirme qu’il sera le premier chef du gouvernement issu d’une élection libre et transparente», a-t-il annoncé. En ce qui concerne l’alliance d’Ennahda avec les deux autres partis de gauche, le CPR (Congrès pour la République) et le parti Ettakatol, Ghannouchi affirme qu’un consensus a été trouvé et il sera effectif au plus tard aujourd’hui. Le chef d’Etat sera issu du RPR, la chefferie du gouvernement revient à Ennahda alors que Ettakatol présidera le Parlement. Le nom du prochain président sera, ainsi, Moncef Marzouki alors que Mustapha Ben Jaafar prendra la tête du Parlement.
Malgré ce consensus, le leader de ce parti islamiste ne cache pas que les trois formations divergent sur certains petits points. Il s’agit notamment de la distribution des portefeuilles ministériels. «Un accord sera trouvé incessamment sur la distribution des portefeuilles ministériels qui constitue actuellement un autre point de discorde», a-t-il affirmé. L’homme qui se montrait tout fier de l’acquis démocratique de son pays, insiste que la Tunisie est face à un nouveau défi consistant à construire un Etat moderne qui croit à la démocratie et à la liberté d’expression et d’opinion. Bien avant, M.Ghannouchi a été reçu par le président de l’Assemblée populaire nationale, Abdelaziz Ziari. Les deux parties ont passé en revue les relations bilatérales et les perspectives de leur renforcement à la lumière des derniers développements que connaît la région, notamment la Tunisie. (L’Expression-21.11.2011.)
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**L’Algérie renforce ses mesures sécuritaires sur ses frontières avec la Libye
Afin de parer contre le trafic d’armes et tentatives d’infiltration des terroristes
Les forces de sécurité combinées, déployées au niveau des frontières algéro-libyennes ont renforcé les mesures de sécurité tout au long des frontières algériennes avec ce pays, en renforçant les points de contrôle en coordination entre les forces de la Douanes, de la Gendarmerie et des gardes-frontières.
Les forces de l’aviation ont, de leur côté, multiplié leur prospection, en survolant plusieurs régions difficiles à exploiter, pour surveiller les mouvements des groupes terroristes et bands de criminels qui inondent l’Algérie par les armes et les tonnes de drogues, vu la situation sécuritaire détériorée en Libye.
Dans ce cadre, les mêmes sources ont ajouté que l’Etat Major de l’ANP et commandement de la Gendarmerie Nationale, ont réitéré leurs instructions à l’ensemble des commandements basés dans la wilaya d’Illizi, dans le cadre d’une nouvelle stratégie sécuritaire, visant à sécuriser les frontières.
Les mesures de sécurité ont, notamment, été renforcées tout au long de la bande des frontières s’étalant sur 1000 km, en renforçant le dispositif des unités de l’ANP dans certains axes importants utilisés généralement pas les trafiquants et autres bandes de criminels, dans leur déplacement dans le Sahara. Les forces combinées ont, notamment, multiplier les patrouilles de surveillance et les barrages de sécurité dans plusieurs régions. Le dispositif sécuritaire composé, notamment, d’unités de sécurité et d’intervention de la Gendarmerie Nationale, été renforcé, notamment, dans les régions de Debdeb, de Taret, de Tinalkom, sur les frontières avec la Libye. Il a, notamment, été renforcé dans les frontières avec le Niger et le Mali, afin d’empêcher toute opération de trafic d’armes vers l’Algérie et avorter les tentatives d’infiltration des terroristes via les frontières algéro-libyennes ou vice versa.
Ces mesures interviennent en complément à celles prises, septembre passé, par l’Etat Major de l’Armée et le commandement de la Gendarmerie Nationale, basées sur un plan sécuritaire portant sur le renforcement du contrôle sécuritaire sur les frontières et l’interdiction d’accès et/ou de sortie des véhicules et personnes, à travers 3 issues frontaliers reliant entre l’Algérie et la Libye, avec la mobilisation de 3 mille soldats de réserve qui s’ajoutent au forces campées dans ces régions. (El Khabar-04.10.2011.)
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L’ambassade d’Algérie à Tripoli attaquée
« les agresseurs ont scandé des slogans hostiles à l’Etat algérien et réclamé le départ des diplomates »
**L’enceinte diplomatique algérienne a fait l’objet de plusieurs violations répétitives menées par des gens armés proches du CNT..
L’Ambassade de l’Algérie à Tripoli a fait l’objet d’une tentative d’incursion par un groupe d’individus armés à bord de véhicules de types « Station » et « Toyota » et tenté d’escalader les murs de l’édifice pour s’introduire à l’intérieur.Echorouk a appris de témoins oculaires, que trois jeunes armés en tenue militaire à bord de véhicules « Station » et « Toyota » ont encerclé l’enceinte diplomatique algérienne à Tripoli et ont scandé des slogans hostiles à l’Etat algérien et réclamé le départ du staff de l’ambassade et du corps diplomatique de la capitale libyenne.« Les jeunes armés qui ont attaqué l’ambassade algérienne à Tripoli ont ouvert le feu de manière à semer la terreur parmi les travailleurs de l’ambassade et les ont menacés de mobiliser pas moins de cent autres éléments armés pour s’introduire à l’intérieur de l’ambassade et l’incendier dans la nuit », ont ajouté des témoins oculaires.Un responsable de l’ambassade algérienne, qui a requis l’anonymat, a déclaré de son côté que l’enceinte diplomatique a fait l’objet de plusieurs violations répétitives menées par des gens armés, notamment après la” libération” de la capitale .Même le Consulat d’Algérie sis à Hay Al-Andalous n’a pas été épargné par des actes de vandalisme, dont des postes de garde ont été détruits.Pour rappel, l’ambassade algérienne en Libye a donné des instructions aux ressortissants algériens dans ce pays à ne pas rejoindre aucune des factions en vue d’éviter d’éventuelles accusations qui porteraient atteinte à la réputation de l’Algérie et des Algériens.De plus, une source algérienne à Tripoli a révélé que deux fonctionnaires exerçant au niveau de l’ambassade et de consulat algériens ont été arrêtés par des éléments armés pour interrogatoires.Il convient de rappeler encore que l’ambassade algérienne a fait l’objet d’une série de violation et de pillage de la part des éléments du CNT et cela, du premier jour… La porte d’entrée et de sortie de l’ambassadeur a également attaquée. (04.10.2011.)
***Situation en Libye: Le provisoire va durer
du grabuge au sein de la direction du CNT.
<img src= »http://www.lefigaro.fr/medias/2011/09/26/20110926PHOWWW00386.jpg » alt= »En fuite. Les habitants de Syrte, la ville natale de Mouammar Kadhafi fuient par centaines. La ville est assiégée par les combattants du nouveau régime qui ciblent les fidèles au guide libyen. Sur les routes, les voitures, candidates au départ, s’accumulent et s’entassent ainsi sur des dizaines de kilomètres. «Nous essayons de faire sortir les familles. On en est entre 400 et 500 voitures par jour. Nous essayons en quelque sorte d’affamer» les pro-Kadhafi, a indiqué un rebelle. A Syrte, il n’y a plus d’eau, plus d’électricité, les commerces sont fermés et les habitants n’ont plus rien à manger. Mais «une fois que le flot des départs se sera tari, puis s’interrompra, ce sera le moment d’agir. Nous ne voulons pas d’une victoire à n’importe quel prix». » width= »475″ height= »297″ border= »0″ />
**Exode des populations libyennes abandonnant leurs villes et leurs maisons vers l’inconnu…fuyant les bombardements et la terreur des nouveaux “libérateurs“…
Alors que tous les débats portaient sur la formation d’un gouvernement fédérateur, le président du Conseil national de transition (CNT), Mustapha Abdeljalil, a annoncé hier à Benghazi «la formation d’un nouvel exécutif provisoire, en attendant la proclamation de la “libération totale” du pays…». Deux aspects importants pour l’avenir de la Libye nouvelle. A l’annonce de la formation du gouvernement, une évidence a cependant feinté le monde entier. Cette initiative semble avoir eu pour objet, selon l’analyse des premiers échos, de démettre le président de l’exécutif, Mahmoud Jibril, de ses fonctions et de le remplacer. Ce remaniement aurait été une suite logique au bras de fer qui faisait, et fait encore, du grabuge au sein de la direction du CNT. Après les attaques franches et directes des islamistes à l’encontre de Mahmoud Jibril, et la déclaration de ce dernier qu’il ne participerait pas à la formation du futur gouvernement transitoire, le tableau semblait clair. M.Jibril comptait tirer sa révérence dès la “libération” de la totalité du territoire libyen.
A la surprise générale, Mahmoud Jibril reste à la tête de l’exécutif et conserve son poste de «ministre» des Affaires étrangères. «Hier (dimanche) j’ai présenté ma démission au Conseil national de transition. Ils ont jugé que ce n’était pas le moment et que cela pourrait affecter l’unité nationale», a déclaré M.Jibril lors d’une conférence de presse à Benghazi, siège du CNT. «J’ai pris cela en considération et sur cette base, j’ai repris ma démission, mais elle deviendra effective à la “libération” du pays», a-t-il ajouté. Pour sa part, le président du CNT Mustapha Abdeljalil a évoqué lors de la même conférence de presse les négociations tenues à l’intérieur du conseil. «Nous appelons le peuple libyen à être patient car l’heure de la libération approche. Le CNT et Mahmoud Jibril (chef de l’exécutif) sont arrivés pendant ces deux derniers jours de négociation à la conclusion de réformer l’exécutif», a déclaré M. Abdeljalil.(04.10.2011.)
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* Ce que la Libye de Kadhafi avait accompli….et ce qui a été détruit par les bombes de l’Occident
*par Michel Chossudovsky
Avec la propagande de guerre en toile de fond, les réussites économiques et sociales de la Libye des trente dernières années ont été brutalement ruinées:
La Jamahiriya arabe libyenne avait un niveau de vie élevé et un solide apport calorique quotidien de 3144 par habitant. Le pays a fait des progrès sur le plan de la santé publique et depuis 1980, le taux de mortalité infantile a chuté de 70 à 19 sur mille naissances vivantes. L’espérance de vie est passée de 61 à 74 ans durant la même période. (FAO, Rome, Libya, Country Profile)
*cliquer ici: Libye-un pays détruit par l’OTAN
**Dans la même page:
**Les chefs du CNT avaient préparé la conquête de l’OTAN depuis 2007
*par Rebel Griot
Une violente révolte éclatait le 15 février dernier (*). Six jours après, le ministre libyen de la justice, Moustafa Abdel-Jalil, démissionnait pour constituer un gouvernement provisoire.
**Plus de 10.000 missiles sol-air perdus en Libye, selon l’Otan
- La trace d’au moins 10.000 missiles sol-air a été perdue en Libye, a estimé un haut responsable militaire de l’Otan..Selon Der Spiegel, le président du Comité militaire qui regroupe les chefsd’état-major des pays de l’Otan, l’amiral Giampaolo Di Paola, a tenu uneréunion secrète avec des députés allemands lundi dernier, dans lequel il aexprimé les inquiétudes de l’Alliance atlantique…
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