Barack Obama,le héros qui déçoit
**Barack Obama, le héros qui déçoit
S’il y a une personnalité politique qui a marqué 2009, c’est bien Barack Obama. Depuis son investiture en janvier dernier, le premier Afro-Américain élu à la Maison-Blanche devient une icône mondiale en mouvement.
Les médias le suivent de près, scrutent ses moindres faits et gestes, décortiquent ses discours et décryptent ses messages les plus codés. D’une grande éloquence à la John F. Kennedy et d’un physique à la Tiger Woods, le président Obama subjugue tout le monde, y compris ses adversaires républicains. Ce démocrate métis est entré dans la légende rien qu’en devenant le 44e président de la plus grande puissance du monde. Au bout de quelques mois à la Maison-Blanche, Obama est désigné par le magazine américain Forbes comme l’homme le plus puissant du monde. Nombre d’observateurs lui reconnaissent, en tant que président, avoir réussi en si peu de temps à créer un nouveau climat dans la politique internationale. Par une approche totalement différente de celle de son prédécesseur, Obama a réussi à redorer un tant soit peu le blason des Etats-Unis. Il appelle en faveur d’un monde sans arme nucléaire et s’emploie à relancer le processus de paix israélo-palestinien. S’il s’est engagé sur tous les fronts en promettant d’œuvrer pour la paix dans le monde, le président Obama a jusque-là fait peu ou presque rien. Neuf mois après son investiture, il commence à décevoir. On lui reproche de s’être contenté d’exprimer de simples intentions à travers des discours « charmeurs ». C’est d’ailleurs sur ses intentions qu’il s’est vu décerner le prix Nobel de la paix dont il dit « ne pas l’avoir mérité ». Mais pour le jury du Nobel, il s’agit de l’inciter à joindre l’acte à la parole. Or voilà qu’au moment où il reçoit le Nobel de la paix, il annonce l’envoi de 30 000 soldats en Afghanistan, lui qui a promis au début de son mandat de rendre l’Irak à son peuple et d’établir une paix durement gagnée en Afghanistan. Fortement engagé contre les changements climatiques, Obama ne s’est guère illustré par des actes concrets correspondant à l’ambition exprimée dans ses discours. Ainsi, après l’euphorie suscitée par son histoire digne d’une légende, le temps est à la raison et à la réalité. Une réalité que ce jeune président américain de 47 ans a essayé d’exprimer le jour de son investiture, en déclarant qu’il ne fera pas de miracle. Si l’on peut qualifier son parcours politique d’exceptionnel, Obama reste un citoyen américain qui n’est investi d’aucune « mission divine ». (El Watan-22.12.09.)
****« Obama est prisonnier des lobbies »…selon L’ambassadeur vénézuélien à Alger
Bien qu’il reconnaisse que le président américain soit apprécié à Caracas, le diplomate constate que la lune de miel avec Washington n’est pas pour demain.
L’élection de Barack Obama n’a pas suffi pour détendre les relations entre les Etats-Unis d’Amérique et la République bolivarienne du Venezuela. Même si les USA ont changé de président et que « Obama est bien apprécié à Caracas, il n’en demeure pas moins que la politique de Washington à l’égard du Venezuela n’a pas changé ». C’est ce qu’a déclaré hier l’ambassadeur vénézuélien, Hector Michel Mujica, lors d’une conférence de presse tenue au siège de son ambassade à Alger. Il a précisé que les relations diplomatiques avec « l’empire » ne sont pas aussi bonnes qu’on les présente. « Rien de nouveau sous le soleil de l’impérialisme. Nous voulons des relations de respect mutuel avec les USA, à condition qu’ils respectent notre souveraineté », a souligné M. Mujica. Cependant, le Venezuela constate avec regret les « ingérences permanentes » des Américains, a fait savoir l’ambassadeur.
La secrétaire d’Etat, Mme Hillary Clinton, en visite à Brasilia, le 2 mars dernier, a prêché comme une brebis égarée de l’arrière-cour américaine en déclarant : « Nous espérons un nouveau départ du gouvernement vénézuélien pour restaurer la propriété privée et revenir à l’économie de marché. » Une déclaration perçue à Caracas comme une énième immixtion des USA dans les affaires internes du pays. Au Venezuela, on ne se fait pas d’illusion quant à la normalisation des relations entre les deux pays. Même si Obama veut rompre avec la stratégie de son prédécesseur, « les lobbies américains, plus puissants, l’empêcheraient de normaliser les rapports entre nos deux pays », a fait savoir Hector Mujica.
Bête noire de Washington
Le diplomate n’a pas manqué de rappeler, à l’occasion, que depuis l’arrivée de Hugo Chavez aux commandes du pays en décembre 1998, le Venezuela « n’a pas cessé de subir les coups tordus d’une opposition étroitement liée à l’empire ». Des attaques « couronnées » par un coup d’Etat le 11 avril 2002. Hector Mujica est revenu sur cet événement qu’il a qualifié « de dictature la plus courte de l’histoire ». « Le patronat et un syndicat corrompu aidés par des généraux félons ont perpétré un coup d’Etat contre Chavez. Le putsch a eu rapidement l’approbation de Washington et de Madrid. Mais fort de sa popularité et de sa légitimité démocratique, 48 heures après le coup d’Etat, Chavez est revenu au pouvoir. »
Conscient des « risques » qu’il encourt en raison des ses choix politiques et économiques qui ne « plaisent » pas aux USA, Chavez a œuvré pour bâtir un front de résistance. Des dirigeants acquis aux idéaux de « la bête noire de Washington » arrivent au pouvoir dans beaucoup de pays latino-américains. « Propulsé par ses succès au plan national comme au plan diplomatique, il a travaillé pour élargir ce front aux pays de l’hémisphère Sud », devait souligner l’ambassadeur du Venezuela. C’est pourquoi il dit souhaiter « une coopération très solide avec les pays en développement, dont l’Algérie ». Un pays avec lequel « nous devons multiplier les efforts afin d’arriver à un niveau de coopération très dense ». Ceci, même s’il admet qu’au plan économique, « il y a peu de choses qui se font entre nos deux pays ». (El Watan-14.04.2010.)
**Obama se révéla capable d’effectuer sans état d’âme des retournements à 180°
*Prix «Nobel de la paix », il a fait pire que son prédécesseur
Le président US avait en début de week-end haussé le ton, revêtant son uniforme de chef de guerre, déclarant la «guerre sans merci» à l’Etat islamique. Il s’est dit «déterminé» à le «détruire». Notons que le prix «Nobel de la paix 2009», qui comptait mettre un terme aux errements et aux engagements militaires US aux quatre coins du monde, fait désormais «mieux», sans doute pire que son prédécesseur, George W. Bush. Donnant acte à ce dernier de n’avoir pas fait mystère de ses projets pour le Moyen-Orient. M.Obama s’est, pour sa part, illustré sur sa bonne mine et ses déclarations faussement naïves sur la paix. Il se révéla ainsi un redoutable calculateur, capable d’effectuer sans état d’âme des retournements à 180°. En 2011, il souhaitait, du haut de la tribune de l’AG de l’ONU, l’accession de la Palestine à l’ONU, l’année suivante, il a été le plus farouche opposant à cette adhésion. Entre-temps, il a appris à connaître les «lignes rouges» à ne pas dépasser. La gestion du terrorisme en général, la question jihadiste en particulier, montre combien le président américain s’est obstiné à regarder les événements par le petit bout de la lorgnette. Il ne voyait que ce qu’il voulait voir, tout en tentant de faire plier à sa lecture biaisée les faits, ne tenant que partiellement compte de la réalité jihadiste. Barack Obama sait, doit à tout le moins savoir, cette réalité à laquelle les dirigeants américains ne sont pas totalement étrangers, qui contribuèrent même à son avènement. En 2001, il n’y avait qu’un foyer jihadiste organisé en Afghanistan. En 2014, treize ans après, il y a, selon les experts, une quinzaine de groupes jihadistes qui agissent au niveau de plusieurs continents. Or, les Etats-uniens, sont les premiers responsables dans la prolifération des groupes terroristes, singulièrement depuis leur invasion de l’Irak. Le phénomène terroriste était inconnu au Moyen-Orient. Or, en peu d’années, avec le prosélytisme effréné et l’appui de l’Arabie Saoudite et du Qatar, cette région a connu un bouleversement géopolitique impressionnant. Les Etats-Unis qui avaient des projets de division des pays arabes en Etats ethniques et religieux ont fortement approuvé et appuyé la politique des monarchies fondamentalistes du Golfe. En fait, deux fondamentalismes se sont rencontrés, celui hégémonique US, qui voulait installer dans le Monde arabe des Etats «modérés» (c’est-à-dire qui ne soient hostiles ni aux Etats-Unis ni à Israël) et les monarchies qui voulaient, elles, avoir des partenaires arabes à leurs images. Les événements de Syrie, et ledit «Printemps arabe» entraient de plain-pied dans cette politique de «reconversion» et de «reconfiguration» du Monde arabe. Sans revenir sur le chaos qui marque la Libye après l’intervention militaire occidentale, relevons toutefois que ladite «Révolution» programmée par les Etats-Unis et les monarchies du Golfe contre le régime syrien de Bachar al-Assad, tourne pour eux au cauchemar. Quand la Maison-Blanche a soutenu, même indirectement, les jihadistes contre le régime syrien, elle avait fait un choix stratégique. Entre une dictature, certes méprisable, et des jihadistes qui veulent imposer leur dogme par la violence et la brutalité, Obama a choisi les seconds. Or, les jihadistes étaient nettement mieux organisés, formés et financés que ne l’était le rassemblement hétéroclite, connu sous le nom d’«Armée syrienne libre» (ALS). Cela s’est d’ailleurs traduit rapidement sur le terrain, d’autant plus que ladite opposition modérée» (composée essentiellement de Syriens apatrides) perdait du terrain sur tous les plans. En Syrie, ce sont bien les divers groupes jihadistes, dont celui qui allait prendre le nom d’«Etat islamique» qui menaient le combat contre le régime de Damas. Et ces groupes jihadistes étaient financés par les deux monarchies nommément citées plus haut, avec l’accord tacite des Etats-Unis. Selon un dernier rapport de la CIA, entre 20.000 et 31.000 jihadistes opèrent en Syrie et en Irak, d’autres sources parlent de plus de 100.000. Le «trésor» de l’Etat islamique est évalué à plus de 2 milliards de dollars. Si l’Etat islamique a pu fonctionner comme un «Etat» c’est bien parce que, outre ses innombrables sources de financement, on le laissa faire estimant qu’il allait concrétiser ce que les Etats-Unis projetaient pour le Monde arabe. Toutefois, l’exécution de deux journalistes américains et, aussi, les difficultés que rencontrent les multinationales US en Irak ont changé la donne faisant reconsidérer la situation à Washington. Obama fit ainsi un retournement stratégique contre l’EI, de même que les monarchies qui voyaient désormais en cette entité une menace pour leurs trônes.
Il n’y avait rien d’humaniste ou de philanthropique dans l’action US en Irak. Cqfd! *Par Karim MOHSEN - Dimanche 14 Septembre 2014 -L’Expression
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Le sénateur Barack Obama, âgé de 47 ans, candidat à l’investiture démocrate, incarne une certaine idée du rêve américain. Le Figaro publie en avant-première les meilleurs extraits des Mémoires du candidat à l’investiture démocrate. Dans Les Rêves de mon père (éditions Presse de la Cité) Barack Obama raconte l’histoire de sa famille et celle de son ascension. Jusqu’à la Maison-Blanche ?
La promesse du rêve américain
J’appris que mon père était africain, kényan, de la tribu des Luos, né sur les rives du lac Victoria dans une localité appelée Alego. Il gardait les chèvres de son père et fréquentait l’école construite par l’administration coloniale britannique, où il se révéla très doué. Il obtint une bourse pour aller étudier à Nairobi. C’est là que, à la veille de l’indépendance du Kenya, il fut sélectionné par des chefs kényans et des sponsors américains pour aller étudier dans une université américaine, rejoignant la première grande vague d’Africains envoyés à l’étranger pour y apprendre la technologie occidentale et la rapporter dans leur pays afin de forger une nouvelle Afrique moderne. En 1959, à l’âge de vingt-trois ans, il arriva à l’université de Hawaii. C’était le premier étudiant africain accueilli dans cette institution. […] À un cours de russe, il rencontra une jeune Américaine timide, modeste, âgée seulement de dix-huit ans, et ils tombèrent amoureux. Les deux jeunes gens se marièrent et eurent un fils, auquel Barack transmit son prénom. Il obtint une nouvelle bourse, cette fois pour poursuivre son Ph.D., son doctorat, à Harvard, mais non les fonds nécessaires pour emmener sa nouvelle famille avec lui. Il y eut donc séparation, à la suite de laquelle il retourna en Afrique pour tenir sa promesse vis-à-vis du continent. Il laissa derrière lui sa femme et son enfant, mais le lien d’amour perdura malgré la distance… […] Mon père ne ressemblait en rien aux gens qui m’entouraient, il était noir comme le goudron alors que ma mère était blanche comme le lait, mais cela me traversait à peine l’esprit. De fait, je ne me souviens que d’une seule histoire traitant explicitement du problème racial. Cette histoire racontait qu’un soir, après avoir passé de longues heures à travailler, mon père avait rejoint mon grand-père et plusieurs autres amis dans un bar de Waikiki. L’ambiance était joyeuse, on mangeait et on buvait au son d’une guitare hawaïenne, lorsqu’un Blanc, à haute et intelligible voix, se plaignit tout à coup au propriétaire d’être obligé de boire du bon alcool «à côté d’un nègre». Le silence s’installa dans la salle et les gens se tournèrent vers mon père, en s’attendant à une bagarre. Mais mon père se leva, se dirigea vers l’homme, lui sourit et entreprit de lui administrer un sermon sur la folie de l’intolérance, sur la promesse du rêve américain et sur la déclaration universelle des droits de l’homme. «Quand Barack s’est tu, le gars s’est senti tellement mal à l’aise qu’il lui a filé aussi sec un billet de cent dollars, racontait Gramps. Ça nous a payé toutes nos consommations pour le reste de la soirée… et le loyer de ton père jusqu’à la fin du mois !» Ma mère m’installa dans la bibliothèque pendant qu’elle retournait à son travail. Je finis mes bandes dessinées et les devoirs qu’elle m’avait fait apporter, puis je me levai pour aller flâner à travers les rayons. Dans un coin, je découvris une collection de Life, tous soigneusement présentés dans des classeurs de plastique clair. Je parcourus les publicités accrocheuses et me sentis vaguement rassuré. Plus loin, je tombai sur une photo qui illustrait un article, et j’essayai de deviner le sujet avant de lire la légende. Une photo de petits Français qui couraient dans des rues pavées : c’était une scène joyeuse, un jeu de cache-cache après une journée de classe et de corvées, et leurs rires évoquaient la liberté. La photo d’une Japonaise tenant délicatement une petite fille nue dans une baignoire à peine remplie : ça, c’était triste. La petite fille était malade, ses jambes étaient tordues, sa tête tombait en arrière contre la poitrine de sa mère, la figure de la mère était crispée de chagrin, peut-être se faisait-elle des reproches… Puis j’en arrivai à la photo d’un homme âgé qui portait des lunettes noires et un imperméable. Il marchait le long d’une route déserte. Je ne parvins pas à deviner de quoi parlait cette photo ; le sujet n’avait rien d’extraordinaire. Sur la page suivante, il y en avait une autre : c’était un gros plan sur les mains du même homme. Elles montraient une étrange pâleur, une pâleur qui n’était pas naturelle, comme si la peau avait été vidée de son sang. Je retournai à la première photo, et je remarquai les cheveux crépus de l’homme, ses lèvres épaisses et larges, son nez charnu, et le tout avait cette même teinte irrégulière, spectrale.
Il est sans doute gravement malade, me dis-je. Victime d’une irradiation, peut-être, ou albinos. J’avais vu un albinos dans la rue quelques jours auparavant, et ma mère m’avait donné des explications. Mais lorsque je lus les mots qui accompagnaient la photo, je vis que ce n’était pas cela du tout. L’homme avait reçu un traitement chimique pour éclaircir sa peau, disait l’article. Il l’avait payé de ses propres deniers. Il disait regretter d’avoir essayé de se faire passer pour un Blanc, se désolait de la manière catastrophique dont l’expérience avait tourné. Mais les résultats étaient irréversibles. Il existait des milliers de gens comme lui en Amérique, des Noirs, hommes et femmes, qui s’étaient soumis au même traitement à la suite de publicités qui leur avaient promis le bonheur, une fois devenus blancs. Je sentis la chaleur envahir mon visage et mon cou. Mon estomac se serra ; les caractères devinrent flous. Ma mère était-elle au courant ? Et son patron ? Pourquoi était-il si calme, à lire ses rapports, quelques mètres plus loin, au bout du couloir ? Je ressentis le besoin urgent de sauter à bas de mon siège, de leur montrer ce que je venais d’apprendre, de leur demander de m’expliquer, ou de me rassurer. Mais quelque chose me retint. Comme dans les rêves, j’étais privé de voix, incapable d’articuler les mots traduisant cette peur nouvelle pour moi. Lorsque ma mère vint me chercher pour me ramener à la maison, mon visage était souriant, et les magazines avaient retrouvé leur place. La pièce, l’atmosphère étaient aussi tranquilles qu’avant.
Ma mère avait toujours favorisé mon intégration rapide dans la culture indonésienne (Sa mère et son second mari se sont installés à Djakarta en 1968, NDLR). Cela m’avait appris à devenir relativement autonome, à ne pas me montrer exigeant quand le budget était serré. J’étais extrêmement bien élevé comparé aux autres enfants américains, et grâce à son éducation je considérais avec dédain le mélange d’ignorance et d’arrogance qui caractérise trop souvent les Américains à l’étranger. Dès le début, elle avait concentré ses efforts sur mon instruction. N’ayant pas les revenus nécessaires pour m’envoyer à l’école internationale que fréquentait la majorité des enfants étrangers de Djakarta, elle s’était arrangée dès notre arrivée pour compléter ma scolarité par des cours par correspondance envoyés des États-Unis. Désormais, elle redoublait d’efforts. Cinq jours par semaine, elle venait dans ma chambre à quatre heures du matin, me forçait à prendre un petit déjeuner copieux, puis me faisait travailler mon anglais pendant trois heures, avant mon départ pour l’école et le sien pour son travail. J’opposais une rude résistance à ce régime, mais à toutes mes stratégies, les moins convaincantes («J’ai mal à l’estomac») comme les plus véridiques (mes yeux se fermaient toutes les cinq minutes), elle exposait patiemment sa défense : «Et moi, mon petit gars, tu crois que ça m’amuse ? » […] Si tu veux devenir un être humain, me disait-elle, il te faudra avoir certaines valeurs. L’honnêteté : Lolo n’aurait pas dû cacher le réfrigérateur dans la remise quand les inspecteurs des impôts sont venus, même si tout le monde, les inspecteurs y compris, s’attendait à cela. La justice : les parents des élèves plus riches ne devraient pas offrir des postes de télévision aux professeurs pendant le ramadan, et leurs enfants n’ont pas à être fiers des bonnes notes qu’ils reçoivent en remerciement. La franchise : si la chemise que je t’ai offerte pour ton anniversaire ne t’a pas plu, tu aurais dû le dire au lieu de la garder roulée en boule au fond de ton placard. L’indépendance de jugement : ce n’est pas parce que les autres enfants se moquent d’un pauvre garçon à cause de sa coupe de cheveux que tu dois faire la même chose. Elle n’avait qu’un seul allié en tout cela, c’était l’autorité lointaine de mon père. De plus en plus souvent, elle me rappelait son histoire, son enfance pauvre, dans un pays pauvre, dans un continent pauvre ; la dureté de sa vie. J’allais suivre son exemple, ainsi en décida ma mère. Je n’avais pas le choix. C’était dans les gène.
réplique géante du celebre poster d’Obama réalisée par un groupe de voisins de Pennsylvanie
En 1983, je décidai de devenir organisateur de communautés.
Quand mes amis, à l’université, me demandaient quel était le rôle d’un organisateur de communautés, je n’étais pas capable de leur répondre directement : je discourais sur la nécessité du changement. Du changement à la Maison-Blanche, où Reagan et ses sous-fifres se livraient à leur sale besogne. Du changement au Congrès, qui était complaisant et corrompu. Du changement dans l’état d’esprit du pays, obsessionnel et centré sur lui-même. Le changement ne viendra pas d’en haut, disais-je. Le changement ne viendra que de la base, c’est pourquoi il faut la mobiliser.Voilà ce que je vais faire. Je vais travailler à organiser les Noirs. La base. Pour le changement. Et mes amis, blancs et noirs, me félicitaient chaudement de mon idéal, avant de mettre le cap sur le bureau de poste pour envoyer leurs demandes d’admission dans les grandes écoles. […] Finalement, une société de conseil financier pour multinationales accepta de m’embaucher comme assistant de recherche. J’arrivais tous les jours dans mon bureau au cœur de Manhattan. J’étais le seul homme noir de la société. Ike, l’agent de sécurité noir bourru qui officiait dans le hall, n’y alla pas par quatre chemins et me dit tout net que je commettais une erreur. «Organisateur ? C’est un genre de politique, c’est ça ? Pourquoi vous voulez faire un truc comme ça ? » J’essayai de lui expliquer mes idées politiques, combien il était important de mobiliser les pauvres et de redistribuer les richesses à la communauté. Ike secoua la tête.«Monsieur Barack, me dit-il, j’espère que vous ne le prendrez pas mal si je vous donne un petit conseil. Oubliez ces histoires d’organisation et faites quelque chose qui pourra vous rapporter du blé.» […] J’avais pratiquement renoncé à devenir organisateur lorsque je reçus un appel d’un certain Marty Kaufman. Celui-ci m’expliqua qu’il avait monté une organisation à Chicago et qu’il souhaitait engager un stagiaire. Son aspect ne m’inspira pas grande confiance. Un Blanc grassouillet, de taille moyenne, portant un costume fripé. Son visage était mangé par une barbe de trois jours ; derrière d’épaisses lunettes cerclées de fer, ses yeux restaient plissés en permanence. Quand il se leva pour me serrer la main, il renversa un peu de thé sur sa chemise.«Eh bien, dit-il en épongeant la tache avec une serviette en papier, pourquoi veut-on devenir organisateur quand on vient de Hawaii?» Je m’assis et lui parlai un peu de moi. «Hum, fit-il en hochant la tête, tout en prenant quelques notes sur un calepin. Vous devez être en colère, quelque part. Que voulez-vous dire ? Il haussa les épaules. Je ne sais pas exactement. Mais il y a sûrement quelque chose. Ne le prenez pas mal : la colère, c’est obligatoire pour faire ce boulot. C’est la seule raison qui pousse quelqu’un à s’engager là-dedans. Les gens bien dans leur peau trouvent un boulot plus calme.»
La meilleure part de notre histoire
J’entrai à la Harvard Law School, où je passai la plus grande partie de mon temps, durant trois années, dans des bibliothèques faiblement éclairées, plongé dans les études de cas et les textes de lois. Les études de droit peuvent être parfois décevantes, car il s’agit d’apprendre à appliquer des règles rigides et des procédures obscures à une réalité qui n’est pas. Mais le droit n’est pas que cela. Le droit est aussi la mémoire ; le droit note aussi le déroulement d’une longue conversation, celle d’une nation qui discute avec sa conscience. «Nous tenons ces vérités pour évidentes par elles-mêmes…» Dans ces mots, j’entends l’esprit de Douglass et de Delany, celui de Jefferson et de Lincoln, les luttes de Martin et de Malcolm et de ceux qui manifestèrent pour que ces mots deviennent réalité. J’entends les voix des familles japonaises enfermées derrière des barbelés, des jeunes Juifs russes exploités dans les fabriques de confection du Lower East Side de Chicago, des fermiers anéantis par la sécheresse qui chargent sur leurs camions ce qui reste de leurs vies brisées. J’entends les voix des habitants des Altgeld Gardens, et les voix de ceux qui restent de l’autre côté des frontières de ce pays, les cohortes affaiblies, affamées, qui traversent le Rio Grande. J’entends toutes ces voix réclamer la reconnaissance, et toutes elles posent exactement les questions qui en sont venues à déterminer ma vie, les questions que parfois, tard dans la nuit, je me surprends à poser au Vieil Homme. Quelle est notre communauté, et comment cette communauté peut-elle être conciliée avec notre liberté ? Jusqu’où vont nos obligations ? Comment transformons-nous un pur pouvoir en justice, un simple sentiment en amour ? À mon retour à Chicago, je découvris une accélération des signes de détérioration dans tout le South Side : les quartiers étaient devenus plus délabrés, les enfants plus agressifs, les familles moyennes déménageaient de plus en plus dans les banlieues, les prisons étaient remplies à craquer de jeunes à l’œil sombre, mes frères sans perspectives.J’essaie d’apporter ma modeste participation au renversement de cette tendance. Dans mon cabinet d’avocat, je travaille principalement avec des églises et des groupes communautaires, des hommes et des femmes qui construisent tranquillement des épiceries et des cliniques dans les quartiers déshérités, et des logements pour les pauvres. De temps en temps, je travaille sur une affaire de discrimination, pour défendre des clients qui viennent dans mon cabinet avec des histoires dont nous aimons nous dire qu’elles ne devraient plus exister. La plupart de ces clients sont un peu embarrassés de ce qui leur arrive, tout comme les collègues blancs qui acceptent de témoigner en leur faveur ; car personne n’a envie de passer pour quelqu’un qui sème la zizanie. Et pourtant, il arrive un moment où les plaignants aussi bien que les témoins se disent que c’est une question de principe, que malgré tout ce qui s’est passé, ces mots posés sur le papier il y a deux cents ans ont sûrement une importance. Noirs et Blancs, ils se réclament de cette communauté que nous appelons l’Amérique. Ils choisissent la meilleure partie de notre histoire.( source.. le Figaro)
Caucus, GOP, Hava ou ticket : tous les termes-clefs pour comprendre le déroulé de l’élection présidentielle et le système politique américains.
BIPARTISME : deux grands partis se partagent la scène politique : le Parti républicain (plus conservateur) et le Parti démocrate (plus liberal, au sens anglo-saxon du terme). D’autres formations (comme le Parti «libertarien») ou encore des candidats indépendants (comme Ralph Nader) se présentent lors des élections, mais le système électoral est fait de sorte qu’ils ne peuvent pas être élus.BUSH vs GORE : suite à l’élection présidentielle de 2000, la Cour suprême a statué (par 5 voix contre 4) que le recomptage manuel des bulletins de votes demandé par Al Gore et autorisé par les juges de l’Etat de Floride violait la clause de l’equal protection (14e amendement) garantissant l’égalité des citoyens devant la loi. (voir aussi HAVA) Ce contentieux a mis en lumière le problème de l’hétérogénéité des bulletins de vote et a provoqué des interrogations sur le fonctionnement de la démocratie américaine.
CAUCUS : il s’agit, avec les primaires, d’un des deux modes de sélection dont disposent le Parti démocrate et le Parti républicain pour désigner leur candidat à la présidentielle. Un caucus est concrètement une réunion interne au cours de laquelle les partisans discutent pour arriver à désigner le candidat que les délégués soutiendront à la convention nationale de leur parti.Le premier Etat à traditionnellement organiser ce type de consultation est l’Iowa. Ce mode favorise l’establishment des partis, mais a l’avantage d’avoir un coût peu élevé pour l’Etat qui l’organise.
CONVENTION : le Parti démocrate et le Parti républicain organisent traditionnellement leur convention en été pour réunir les délégués du parti désignés lors des primaires et caucus. C’est aussi lors de cet événement que le candidat désigné est officiellement investi : cette cérémonie se tiendra à Denver du 25 au 28 août pour Barack Obama et à Saint-Paul/Minneapolis du 1er au 4 septembre pour John McCain.
DÉMOCRATE (PARTI) : une des deux principales formations politiques, le Parti démocrate est davantage libéral que son rival. Parmi les présidents issus du camp démocrate, dans l’histoire récente, on peut citer en exemple Franklin D. Roosevelt (1933-1945), John F. Kennedy (1961-1963), Jimmy Carter (1977-1981) et Bill Clinton (1993-2001). Le parti est souvent représenté par un âne.
ÉLIGIBILITÉ : pour être éligible, chaque candidat à la Maison-Blanche doit remplir trois conditions, définies dans la Constitution (article 2) :
-être citoyen américain de naissance
-être âgé d’au moins 35 ans
-résider depuis au moins 14 années sur le territoire américain
Quant au vice-président, il doit impérativement résider dans un autre État que celui du président.
ÉLECTION GÉNÉRALE : l’élection du président a traditionnellement lieu le premier mardi, après le premier lundi de novembre (un héritage de du XVIIIe siècle qui correspondait à la fin des moissons), en l’occurrence le 4 pour ce scrutin. Comme le veut la constitution, cette élection coïncide tous les quatre ans, avec celle du Congrès, qui renouvelle tous les deux ans un tiers des sénateurs et la totalité des représentants. Jour de l’élection du 111e Congrès américain. Le président comme le nouveau Congrès ne prennent en revanche leur fonction qu’en janvier.
GRANDS ÉLECTEURS : aux Etats-Unis, le président est élu au suffrage universel indirect, par un collège de grands électeurs. Ce système est hérité de l’époque des pères fondateurs, qui il y a plus de deux siècles, avaient le souci de respecter l’équilibre pour 4 millions de citoyens américains répartis à l’époque dans 13 Etats de taille différente sur un immense territoire. Chaque Etat peut désigner ses grands électeurs à son gré : certains pratiquent le système du «winner takes all» (le vainqueur gagne tout) qui permet au candidat qui a la majorité dans l’Etat de remporter la totalité des délégués. C’est ce système qui permet à un candidat d’avoir été élu sans avoir remporté le vote populaire, comme en 2000. D’autres Etats, comme le Maine et le Nebraska, préfèrent appliquer la représentation proportionnelle. Avant même leur élection, les grands électeurs se doivent de communiquer leurs intentions de vote et s’engagent donc à voter dans ce sens. Chaque Etat dispose d’au moins 3 grands électeurs sur les 578 qui élisent officiellement le président à la mi-décembre. Mais la Californie en compte par exemple 55, alors que sept Etats et le district de Columbia (c’est-à-dire la capitale, Washington, qui n’a pourtant pas de représentation parlementaire) n’en ont que trois. Ils se réunissent le lundi qui suit le lundi suivant le premier mercredi de décembre, pour élire le président.
HAVA (Help America Vote Act) : cette loi a été promulguée en octobre 2002 pour éviter d’éviter une crise constitutionnelle semblable à celle déclenchée deux ans plus tôt par le déroulement du scrutin en Floride. L’un des aspects de cette loi consiste notamment à introduire l’usage de systèmes de vote électroniques pour les élections publiques. Cette loi impose également que les votes par anticipation et par correspondance soient décomptés le jour du scrutin et dans les jours suivants. Elle a aussi institué le vote par provision, afin que l’électeur dont le nom ne figure pas sur la liste électorale du bureau dans lequel il se présente puisse tout de même remplir son devoir citoyen.
INAUGURATION : le nouveau président est officiellement intronisé après la cérémonie de l’inauguration au cours de laquelle il prête serment. Cet événement se déroule traditionnellement le 20 janvier. La tradition, instituée par George Washington, veut que le président prête serment sur la bible. La Constitution ne donne que peu d’indications sur les conditions de cette cérémonie, tout au plus donne-t-elle le texte du serment. À la suite de cet événement, le président va prononcer un discours (inaugural address) qui va donner le ton et l’orientation de cette nouvelle administration.
«LAME DUCK» : c’est ainsi que l’on surnomme le président en exercice qui reste en poste, en attendant que le président nouvellement élu organise son arrivée au pouvoir, en janvier.
LIBERAL : aux Etats-Unis, «liberal» s’oppose à «conservative» et n’a pas le même sens qu’en français. Cela correspond à une politique progressiste, en faveur de réformes sociales et d’une certaine intervention de l’Etat.
LOI NO EXCUSE : cette loi adoptée par 31 Etats permet de voter soit par correspondance, soit avant le jour du scrutin, sans avoir à s’en justifier.
MAISON-BLANCHE : résidence officielle du président depuis 1801 (Thomas Jefferson était son premier occupant), située au 1600, Pennsylvania Avenue, NW, à Washington DC. Cette demeure compte 132 pièces, dont 35 salles de bain. L’aile ouest sert de lieu de travail au président et à son équipe. L’expression désigne également l’administration du président.
PRÉSIDENT : chef de l’exécutif, le président entre en fonction à date fixe, soit le 20 janvier suivant son élection. Il ne peut se présenter pour plus de deux mandats, et la durée d’un mandat est de quatre ans. Il est aidé dans sa tâche par le Cabinet, formé d’une dizaine de secrétaires d’Etat et par les agences gouvernementales. Le président américain jouit d’un pouvoir conséquent : chef de la diplomatie, il est également le commandant en chef des armées. Il nomme les ambassadeurs, les ministres, les juges fédéraux (dont ceux de la Cour suprême), tout comme les hauts responsables des agences gouvernementales. Même si la Constitution ne lui donne aucune compétence législative (stricte séparation des pouvoirs oblige), il a le pouvoir d’influer sur le programme législatif du Congrès. Il a également le pouvoir d’empêcher une loi. Il a le pouvoir de négocier et de conclure des traités, même si leur ratification revient aux sénateurs. Il ne peut être renversé lors d’un vote du Congrès, mais peut néanmoins être destitué dans de rares occasions.
PRIMAIRE : il s’agit, avec les caucus, d’un des deux modes de sélection à la disposition des deux principales formations politiques pour choisir le candidat qui les représentera lors du scrutin présidentiel. Les règles de sélection des prétendants à la présidence varient d’un État à l’autre. Dans les États qui tiennent des primaires, ce sont directement les électeurs qui votent.
RÉPUBLICAIN (PARTI) : une des deux principales formations politiques, le Parti républicain est davantage conservateur que son rival. Parmi les présidents issus du camp républicain, dans l’histoire récente, on peut citer en exemple George W. Bush (depuis 2001), Dwight Eisenhower (1953-1961), Richard Nixon (1969-1974), Ronald Reagan (1981-1989) et George Bush père (1989-1993). Le parti, surnommé le Grand Old Party, ou GOP, est souvent représenté par un éléphant.
TICKET : duo formé par les candidats à la présidence et à la vice-présidence à l’issue de la convention nationale d’un parti politique.
TSUNAMI TUESDAY : d’habitude surnommé le «super Tuesday», le mardi 5 février 2008 a été surnommé «tsunami Tuesday», en raison du grand nombre d’Etats, une vingtaine, dont la Californie, New York et l’Ohio, qui ont organisé des primaires et des caucus pour l’élection 2008.
WRITE-IN : cette pratique étonnante autorise les électeurs à inscrire à la main sur un bulletin le nom du personnage qu’ils souhaitent voir dans le bureau ovale. C’est aussi une technique utilisée par les partisans des candidats qui n’ont pas obtenu l’investiture, comme Ralph Nader en 1992 ou Ron Paul pour 2008.
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