Les 7 erreurs de Barack Obama
*En novembre 2008, Barack Obama était élu triomphalement. Deux ans et une crise économique plus tard, sa cote de popularité est au plus bas et les démocrates s’attendent à prendre une claque le 2 novembre lors des élections de mi-mandat. Et pourtant, il a fait passer plus de réformes que n’importe quel président depuis Franklin Roosevelt, tout ça malgré une opposition farouche des républicains. Que s’est-il passé ? C’est habituel, le parti au pouvoir perd toujours des sièges aux élections de mi-mandat. Les démocrates, ensuite, ont remporté en 2006 et 2008 beaucoup de sièges dans des circonscriptions traditionnellement à droite. Enfin, ils ont hérité d’un pays mal en point, après huit ans de George W. Bush et une crise économique terrible. Mais si les électeurs sont aussi mécontents, c’est aussi la faute de Barack Obama et son administration.
Il ne sait pas vendre ses réformes. Ni lui, ni son administration n’ont su expliquer concrètement les incroyables bienfaits de la réforme de la santé ou pourquoi le plan de relance de l’économie était absolument indispensable pour éviter l’effondrement du pays. Le comble, c’est qu’on dirait qu’il en a honte. Dans ses discours de campagne, il consacre à peu près 25 secondes à la réforme de la santé. Au lieu de vanter ses exploits législatifs, il est constamment sur la défensive face aux attaques très bien orchestrées des républicains.
Il ne fait plus rêver. Barack Obama, qui enflammait les foules pendant la campagne, a perdu sa capacité d’inspirer. Fini le thème de l’espoir et du changement qu’il n’a cessé de brandir en 2008. Mais il n’a pas su trouver un nouveau message de campagne mobilisateur et se contente d’attaquer les républicains. Dans une interview au New York Times, il avouait qu’il s’était trop présenté comme « le même vieux démocrate de gauche qui augmente les taxes et les dépenses publiques ». Du coup, il a déçu ses partisans.
Même s’il a rempli beaucoup de ses promesses, les électeurs, eux, ne voient pas de grand changement. Washington fonctionne toujours aussi mal, les banques recommencent à afficher des bonus monstrueux, la fameuse réconciliation droite-gauche n’a pas eu lieu, le chômage est toujours haut et les 700 milliards de relance économique n’ont pas été employés, comme sous Roosevelt, à construire de grands projets visibles comme des centrales nucléaires ou des autoroutes.
Il a trop cherché le consensus. C’était un des grands thèmes de sa campagne, il voulait supprimer les clivages gauche-droite et jouer les rassembleurs. Peut-être un peu trop naïvement, il a essayé pendant des mois de cajoler les républicains, espérant toujours une collaboration, avant de réaliser qu’ils n’avaient qu’une stratégie en tête, l’obstruction systématique. Une erreur qui lui a coûté du temps et une partie de son capital politique.
Obama a négligé les attentes des électeurs. Les Américains étaient obsédés par l’emploi et la croissance alors que le président a mis le paquet sur les grandes réformes à long terme qu’il fallait pousser vite avant les élections de mi-mandat, donnant l’impression de se disperser et de ne pas tenir compte de leurs préoccupations.
Il a semblé manquer de poigne. Toujours à la recherche de ce consensus politique, il a laissé le Congrès se dépatouiller avec les réformes, qui, du coup, ont beaucoup traîné. La réforme de la santé notamment a mis quatorze mois à être votée, exposant les Américains au spectacle peu glorieux des magouilles législatives et leur faisant croire que leur président se faisait manipuler par le Congrès.
Trop ambitieux ou trop timide ? Il a eu les yeux plus gros que le ventre, clament les républicains, et aurait mieux fait d’abandonner ses réformes pour se consacrer davantage à l’économie. Il n’a pas vu assez grand, rétorque la gauche. Il n’a pas créé une assurance santé publique, il n’a pas été assez dur avec les banques, il n’a pas poussé assez les droits des homosexuels..(Le Point-29.10.2010.).
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**les démocrates sauvent les meubles au Sénat
Deux ans après son élection à la présidence des Etats-Unis, Barack Obama et le Parti démocrate ont subi une importante déroute électorale, mardi 2 novembre, à l’issue des élections de mi-mandat. Le Parti républicain obtient une franche majorité à la Chambre des représentants, où les estimations des médias américains leur donnent entre 60 et 70 sièges d’avance. Au Sénat, malgré des victoires républicaines dans certains scrutins-clés, les démocrates garderont une courte majorité en conservant notamment la Californie et le Nevada.
Ces résultats annoncent d’ores et déjà un « gridlock« , une situation de blocage législatif où une chambre est contrôlée par un parti, tandis que l’autre l’est par l’opposition. La marge de manœuvre de Barack Obama pour la seconde partie de son mandat est désormais réduite. Il devra gouverner avec l’opposition, faire preuve d’un esprit de conciliation et sûrement renoncer à des réformes qui pourraient exacerber les clivages politiques.
Vague rouge sur la Chambre des représentants. Toutes les estimations des médias américains donnent aux républicains une large majorité, bien au-delà des 218 sièges nécessaires pour contrôler la Chambre basse. Selon les dernières estimations, les républicains obtiendraient 233 sièges, contre 180 pour les démocrates, avec encore 20 sièges encore en jeu. Avant le scrutin, les démocrates comptaient 255 sièges et les républicains 178. MSNBC prédit 241 sièges pour les républicains, soit un gain de 63 sièges. Sur le New York Times, le sondeur Nate Silver table sur un gain de 62 à 72 sièges. CNN prédit un gain de 60 sièges pour le Grand Old Party.
Pour connaître un renversement électoral aussi important à la Chambre basse, il faut remonter à 1994, quand les élections de mi-mandat avaient coûté 54 sièges aux démocrates sous la présidence de Bill Clinton. Jusqu’à présent, les plus grosses défaites des démocrates aux élections de mi-mandat dans la Chambre basse datent de 1994, de 1942 (perte de 55 sièges) et enfin 1938, quand le New Deal de Franklin Roosevelt coûta 71 sièges aux démocrates.
Les démocrates résistent au Sénat. Le Parti démocrate conservera une courte majorité dans la Chambre haute, grâce notamment aux victoires de Harry Reid dans le Nevada, de Barbara Boxer en Californie et de Joe Manchin en Virginie-Occidentale. La victoire de Reid est particulièrement symbolique pour les démocrates, tant le chef de file des démocrates au Sénat a été mis en difficulté par la candidate du Tea Party Sharron Angle.
Mais cette victoire démocrate ne doit pas cacher la montée en puissance des républicains au Sénat. Le GOP a arraché 6 postes détenus jusqu’ici par des démocrates : Indiana, Arkansas, Dakota du Nord, Wisconsin, Pennsylvanie et Illinois. La perte de l’Illinois est particulièrement douloureuse pour l’état-major démocrate et pour Barack Obama, qui y siégeait il y a à peine deux ans. On attendait toujours les résultats dans l’Etat de Washington et dans le Colorado, où les deux camps sont au coude à coude, pour connaître le rapport de force définitif au Sénat.
Premiers échanges entre Obama et l’opposition. Alors que les résultats n’étaient pas encore définitifs, le président américain a annoncé aux leaders républicains qu’il souhaitait « trouver un terrain d’entente avec eux ». M. Obama a appelé John Boehner, futur président de la Chambre, et Mitch McConnell, leader de la minorité républicaine au Sénat. Selon la Maison Blanche, le président leur a indiqué qu’il était impatient de travailler avec eux. L’équipe de John Boehner a parlé d’une « conversation brève mais agréable« . Auparavant, M. Boehner avait demandé au président d’entendre « le message très clair » des Américains et de « changer de cap ». Barack Obama doit tirer les premiers enseignements de ce scrutin, mercredi, lors d’une conférence de presse prévue à 13 heures, heure locale (18 heures, heure de Paris).
Perçée républicaine chez les gouverneurs. Après la publication des résultats concernant 27 des 37 postes de gouverneur en jeu, les républicains peuvent se targuer de récupérer 10 Etats jusque-là dirigés par un gouverneur démocrate (Iowa, Kansas, Michigan, Ohio, Oklahoma, Pennsylvanie, Tennessee, Wisconsin et Wyoming). Au Nouveau-Mexique, la républicaine Susana Martinez devient la première femme d’origine hispanique à diriger un Etat.
Les démocrates conservent notamment New York, où Andrew Cuomo a battu « Crazy » Carl Paladino, soutenu par le Tea Party, le Massachusetts et la Californie. Dans cet Etat, c’est Jerry Brown, déjà gouverneur il y a trente ans, qui a battu la républicaine Meg Whitman. Ce scrutin, moins médiatisé que ceux de la Chambre ou du Sénat, est lourd de conséquences, car les Etats-Unis s’apprêtent à redécouper de nombreuses cinconscriptions électorales pour tenir compte des changements démographiques. Et ce sont les gouverneurs qui contrôlent en partie ce processus-clé en vue de l’élection présidentielle de 2012. (Le Monde-03.11.2010.)
**Une majorité d’Américains souhaite toujours le succès d’Obama en 2012
Thibaut : Les deux années qui viennent vont-elles être influencées par la perspective de la prochaine présidentielle ? Obama et les républicains ne vont-ils pas être tentés de faire échouer l’autre ?
Alain Frachon : Evidemment. C’est une perspective très plausible. Les républicains vont être hantés par le précédent de 1995. Alors, le président démocrate Bill Clinton subissait lui aussi une défaite retentissante aux élections de mi-mandat.
Il perdait les deux chambres du Congrès. Mais il a su passer des compromis avec les républicains et cela, notamment, lui a permis d’être triomphalement réélu deux ans plus tard. On doute que les républicains, aujourd’hui, veuillent revivre pareille expérience. Ils seront sans doute moins portés au compromis avec la Maison Blanche que leurs prédécesseurs de 1995.
Mais ils savent aussi qu’ils n’ont pas été élus sur leur programme : ils ont gagné les électeurs indépendants qui avaient voté Obama il y a deux ans. Ils ont gagné sur un coup de colère des Américains contre la situation économique.
Ils savent que leur victoire est fragile et qu’ils devront passer un minimum de compromis avec Obama. Mais ils le feront en essayant de l’affaiblir au maximum dans la perspective de l’élection présidentielle de 2012.
Il reste, qu’à ce jour, aucun prétendant républicain ne l’emporte dans les sondages face à Barack Obama.
Nicolas : Est-ce que ce changement de majorité à la chambre risque de bouleverser les réformes en cours et de provoquer un retour en arrière ?
Oui. La plus menacée me paraît être le « plan climat » souhaité par Barack Obama. Il s’agirait, comme en Europe, de taxer les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique.
Les républicains n’en veulent pas. Ce n’est pas la priorité, disent-ils, cela pèsera sur les entreprises et sur l’emploi.
On pourrait penser que la réforme de l’assurance santé – la vedette du programme Obama – est elle aussi menacée. Les républicains ont juré qu’ils tenteraient de l’annuler, ou qu’ils refuseraient de la mettre en œuvre. Mais les sondages vont inciter les républicains à la prudence : 46% de leurs électeurs sont pour le maintien de cette loi. On pourrait aussi penser que la poursuite de la réglementation financière – celle des banques et des marchés – est menacée.
Les républicains sont proches de Wall Street. Mais là encore, prudence : dans un climat politique toujours marqué par la colère des Américains contre Wall Street, les élus républicains auront à cœur de ne pas passer pour trop complaisants à l’égard des maîtres de la finance.
La dernière réforme Obama menacée est celle de l’immigration. Le président veut régler le problème de millions de clandestins travaillant aux Etats-Unis. Une partie des républicains est très anti-immigration, une autre très pro-immigration. La situation est la même au Parti démocrate. La tâche de M. Obama ne sera pas facile.
Thibaut : Après ce scrutin, le Tea Party a-t-il réussi son pari ? Est-il devenu un mouvement majeur dans la politique américaine ?
Oui et non. Oui car il a influencé les thèmes de la campagne républicaine, et même ceux des démocrates.
Oui, car le mouvement obtient un ou deux sièges significatifs, notamment en Floride. Mais non, parce que nombre des candidats des Tea Parties ont fait fuir l’électorat républicain traditionnel et assuré la victoire de leurs adversaires démocrates.
On peut dire que le maintien d’une courte majorité démocrate au Sénat est dû à la défaite des républicains soutenus par le mouvement des Tea Parties. Celui-ci n’a pas fait la preuve de sa pérennité politique.
Claude : Obama ayant fait des choix politiques très sensibles pour la population américaine (assurances, financements…), savait très probablement que les mettre en pratique lui coûterait sa place pour un deuxième mandat. Pensez-vous qu’il est prêt à se sacrifier pour faire passer ses dernières idées ? Ou va-t-il se modérer afin de préserver ses chances de réélection ?
Obama est comme tous les présidents américains : il veut un deuxième mandat. Obama est comme tous les présidents américains : en tant que sortant, il est bien placé pour l’obtenir.
A ce stade de sa présidence, il est plus populaire que ne l’a été Ronald Reagan à deux ans de son premier mandat, plus populaire que Bill Clinton à cette même échéance.
Obama a mené une politique de compromis qui lui a aliéné une partie de sa gauche et une partie des indépendants qui ont voté pour lui. Il a dépensé son capital politique sur la scène intérieure dans la bataille pour l’assurance-santé, alors que les Américains attendaient qu’il s’engage massivement sur l’emploi.
Dans tous les sondages, une majorité d’Américains souhaite toujours le succès de Barack Obama. 2012 n’est pas joué.
Eve : Avec des élections tous les deux ans et un contre-pouvoir législatif fort face au président, les Etats-Unis ne sont-ils pas constitutionnellement dans l’incapacité d’entreprendre des réformes à long terme, nécessaires dans des crises durables comme celle-ci ?
C’est une observation qui est partagée par nombre de politologues, et même d’acteurs politiques américains. Le système paraît à bout de souffle.
Elus pour deux ans, les 435 membres de la Chambre des représentants passent la moitié de leur mandat à chercher de l’argent pour la prochaine campagne.
Les sénateurs, élus pour six ans, sont plus dans le long terme. Mais les uns et les autres sont confrontés au coût croissant de campagnes électorales qui se jouent prioritairement à la télévision et dans la dépendance des groupes de pression, industriels et autres, qui assurent le financement des dites campagnes.
Dans la démocratie américaine telle qu’elle fonctionne aujourd’hui, l’intérêt général paraît souvent sacrifié au profit des groupes d’intérêts particuliers qui jouent un rôle majeur dans le financement des élections.
C’est un thème de préoccupation quotidienne dans la presse américaine. Barack Obama s’est fait élire en promettant de changer la manière dont fonctionne la démocratie américaine. Pour l’heure, il n’y a rien changé.
Thierry : Quelle marge de manœuvre les républicains vont-ils avoir réellement pour faire baisser les dépenses publiques ? Un scénario britannique est-il possible ?
Majoritaires à la Chambre, les républicains ont la haute main sur le budget, sur la loi de finances. Mais le président conserve son droit de veto.
Sauf à bloquer le fonctionnement du gouvernement– comme ils l’ont fait en 1995, et cela s’est vite retourné contre eux–, les républicains devront pactiser avec le président.
C’est du « donnant-donnant ». Des négociations ardues sont à prévoir. Le Sénat jouera un rôle modérateur. Il ne faut pas oublier qu’on est dans un système fédéral : une partie des prestations sociales, notamment, est décidée au niveau des Etats.
Un scénario britannique supposerait un républicain à la Maison Blanche. La situation américaine est différente de celle de la Grande-Bretagne.
Lustukru : Quels sont les sujets sur lesquels vous jugez qu’Obama n’hésiterait pas à utiliser son veto ?
Sur les droits des syndicats – que les républicains veulent rogner –, sur ceux des femmes et des minorités ethniques, sur les libertés publiques, sur un projet de budget plombant encore un peu plus le déficit des finances publiques.
En politique étrangère, c’est plus difficile à dire, parce que le Sénat y joue un rôle plus important que la Chambre.
Mathieu : Sait-on si le taux de participation a été élevé ? Les démocrates ont-ils perdu parce qu’ils n’ont pas su mobiliser leurs électeurs, ou parce que certains électeurs démocrates se sont tournés vers les indépendants ou les républicains ?
Nous n’avons pas encore le taux de participation. On croit toujours, à tort, que les démocrates et les républicains sont les deux grands blocs d’électeurs américains. C’est faux : le plus grand bloc est celui des indépendants.
Cette fois, ils ont massivement abandonné M. Obama pour aller vers les républicains. C’est un électorat très volatil. Les Etats-Unis sont marqués par une évolution politique majeure : des électeurs qui s’identifient de moins en moins à un parti et qui passent, d’un scrutin à l’autre, des républicains aux démocrates et vice versa.
JoeChip : N’y a-t-il pas une radicalisation (relative) ? Les républicains davantage à droite et les démocrates davantage à gauche ?
Oui, c’est notamment le cas chez les républicains. Les démocrates restent au centre, ou au centre gauche. Les républicains, eux, se radicalisent, comme en 1980, reprenant les thèmes de la révolution conservatrice : diabolisation de l’Etat, dénigrement du gouvernement, glorification des baisses d’impôts comme remèdes à tous les maux de l’Amérique.
Ils sont d’autant plus portés à cette radicalisation que le mouvement des Tea Parties les y incite. La vie politique américaine, qui jusqu’en 1980 donnait l’exemple d’une grande aptitude au gouvernement par majorités parlementaires de coalition ad hoc, est aujourd’hui de plus en plus clivée, avec deux grands partis de moins en moins capables du moindre compromis entre eux.
Bastien : Dans quelle mesure les médias américains ont-ils contribué à cette demi-vague républicaine ?
Le paysage médiatique américain est caractérisé par une nouveauté : une grande chaîne de télévision du groupe Murdoch, Fox News, défend systématiquement les républicains et dénigre systématiquement les démocrates. C’est la première fois dans l’histoire du pays qu’une grande chaîne généraliste est ainsi une chaîne partisane. Ce n’est certainement pas sans impact.
Mathieu : Ne trouvez-vous pas que les clivages géographiques traditionnels sont encore renforcés dans cette élection : la côte nord-est, une partie de la côte ouest en bleu, le reste en rouge ?
Oui, sans doute. Mais il faut voir la carte électorale finale. En tout cas, ce qui s’est passé en Californie confirme votre intuition, un succès démocrate.
Morgane : Quels sont les partis indépendants que vous évoquiez ? Où sont-ils implantés ?
Il n’y a pas de parti indépendant en tant que tel. Il y a des électeurs indépendants, enregistrés en tant que tels ou pas, et qui votent tantôt républicain, tantôt démocrate. Pour l’heure, aucun troisième parti n’a su s’implanter durablement dans la vie politique américaine.
Jean : Quelle était la situation de Clinton après l’élection de mi-mandat pour que les républicains acceptent de continuer à avancer par compromis avec la Maison Blanche ? Pensaient-ils récupérer le crédit de ces compromis ou voyaient-ils Clinton comme déjà fini ?
En 1995, au lendemain de leur triomphe électoral au scrutin législatif de mi-mandat, les élus républicains ont commis une erreur majeure : ils ont cru qu’ils avaient été élus sur leur programme. Leur programme prévoyait des baisses de dépenses massives dans le budget de l’Etat. Ils ont présenté à la Maison Blanche un projet de budget en ce sens.
Bill Clinton l’a refusé. Les républicains n’ont pas voulu bouger. Il n’y avait plus de budget de l’Etat. Clinton a décrété la fermeture du gouvernement. La confrontation a tourné au désavantage des élus républicains. La population a jugé leur comportement irresponsable et a donné raison à la Maison Blanche.
Les élus républicains, désavoués dans l’opinion, ont dû pactiser avec la Maison Blanche. Est ensuite arrivé le drame d’Oklahoma City – un attentat contre un immeuble de l’administration.
Bill Clinton, par son calme, sa détermination, son empathie avec les victimes, cette manière d’être en phase avec ce que vivaient les Américains, a vu sa popularité bondir. Qui plus est, il a bénéficié d’une conjoncture économique favorable : croissance et création d’emplois.
Bref, son talent politique a transformé cette défaite aux législatives de novembre 1994 en un succès, aux dépens des républicains, qui sont apparus comme sectaires et dogmatiques.
Barback : D’aucuns trouvent Obama « trop intello », trop froid. Doit-il se rendre plus « populo » pour regagner la sympathie des Américains moyens ? Et le peut-il ?
La plupart des experts américains juge qu’Obama a eu un comportement lointain, voire arrogant, davantage celui d’un professeur ou d’un analyste que celui d’un homme politique.
Aux Etats-Unis, on attend d’un président qu’il utilise la Maison Blanche comme une tribune à partir de laquelle il défend, explique, expose sa politique de manière quasi permanente.
On reproche à Obama de ne pas être descendu dans l’arène, comme s’il allait de soi que ses choix étaient évidents et n’avaient pas besoin d’être expliqués, défendus, vendus.
Clément : Fera-t-il confiance aux femmes dans son nouveau gouvernement (comme l’avait fait Bush avec Condoleezza Rice) ? Hillary Clinton jouera-t-elle un rôle plus important, comme une « VP-bis » ?
Il me semble qu’Obama n’a pas particulièrement insisté pour composer une équipe gouvernementale où les femmes seraient nombreuses.
Avant le scrutin, il y a eu beaucoup de spéculations sur un remaniement qui verrait Hillary Clinton prendre la vice-présidence à la place de Joe Biden. Mais c’est très peu vraisemblable. Hillary Clinton a donné toute satisfaction à M. Obama au département d’Etat, et M. Biden s’est avéré être chaque jour un peu plus un allié politique essentiel pour le président.
Egn : Les républicains ont gagné mais à l’heure actuelle et d’ici à la présidentielle, ils ne peuvent produire un candidat qui puisse rivaliser contre M. Obama. Qu’en pensez-vous ?
C’est le gros problème des républicains. Ils n’ont pas de candidat de poids. Ils sont poussés vers la droite par le mouvement des Tea Parties, qui assure la promotion de Sarah Palin.
Il y a plusieurs prétendants républicains, aucun d’entre eux, dans les sondages, ne menace M. Obama. Mais en politique, dix-huit mois, c’est un temps quasi biblique. Et qui sait, si parmi les nouveaux élus républicains au Sénat, mais surtout chez les gouverneurs, ne va pas apparaître une femme ou un homme à la stature présidentiable ?
Armand : Quelles conséquences auront ces élections sur les relations France – Etats-Unis ?
Je n’en vois aucune. Encore une fois, les républicains ont la majorité à la Chambre, qui ne joue pas un rôle important en politique étrangère. Les relations franco-américaines sont bonnes. Les relations entre les Etats-Unis et l’Europe connaissent peu de sujets de friction.
Les républicains entendent peser pour le maintien d’un budget de la défense très important. Ils pèseront en faveur d’Israël. Ils pèseront pour le maintien de sanctions très dures contre l’Iran.
S’il y a des tendances protectionnistes au Congrès sur le plan commercial, c’est plutôt du côté des démocrates que des républicains. S’il y a des tropismes isolationnistes au Congrès, c’est, encore une fois, plutôt du côté des démocrates que des républicains.
Florent : Cette élection n’est-elle pas un tremplin pour Sarah Palin en vue des élections de 2012 ?
Elle n’a pas déclaré sa candidature. Mais elle agit déjà comme une prétendante : tournées incessantes aux Etats-Unis, collectes de fonds, présence médiatique quasi quotidienne, etc.
Serait-elle une bonne candidate pour les républicains ? La plupart des experts en doutent. Ils estiment que sa candidature ne ferait qu’augmenter les chances de réélection de Barack Obama.
Cette élection aurait été un véritable tremplin pour Sarah Palin si les candidats républicains se réclamant des Tea Parties avaient fait un triomphe, ce qui n’est nullement le cas.
Mais enfin, Sarah Palin fait bel et bien partie du paysage politique américain. Pour le malheur ou le bonheur des républicains ? Il est trop tôt pour le dire.
Egn : Parmi les fameuses « mammas grizzlis », aucune n’a été élue. Bizarre quand même dans la plus grande démocratie du monde.
Non, cela n’a rien de bizarre. L’establishment républicain avait prévenu : aucune de celles-ci n’avait de chance de battre leur adversaire démocrate, mieux implanté, plus expérimenté, moins délirant. Bref, beaucoup plus en phase avec l’opinion moyenne américaine.
La défaite des deux principales « mamas grizzlis » avait été pronostiquée par la plupart des experts.
Brette : Cette cohabitation forcée n’est-elle pas – politiquement – une bonne chose pour Obama et les démocrates qui n’endosseront plus seuls la responsabilité d’une difficile remise à flot ?
C’est la version optimiste de cette conjoncture politique. Occupant dorénavant la présidence des principales commissions de la Chambre, les républicains devront abandonner leur politique d’obstruction systématique pour faire des propositions constructives.
Ils vont devoir se mouiller et ne plus représenter le seul parti du non. Toujours selon cette version optimiste du fonctionnement de la démocratie américaine, s’établit ainsi un mécanisme de pouvoir et contre-pouvoir entre la Maison Blanche et le législateur qui peut avoir des résultats positifs.
Mais cette fois, nombre d’observateurs sont moins optimistes et pensent que la cohabitation entre cette génération d’élus républicains et la Maison Blanche sera très conflictuelle, heurtée, bref, peu productive.
Tindou : Durant les deux années qui viennent, la stratégie politicienne prendra-t-elle le dessus sur la politique proprement dite ?
On l’a déjà dit : la perspective du scrutin de 2012 va peser sur les deux ans à venir. Il reste qu’elle peut être le déterminant principal des choix du gouvernement américain.
Celui-ci reste confronté à des défis majeurs, à l’intérieur comme à l’extérieur, qui imposent des choix indépendamment des échéances politiques. (Le Monde-03.11.2010.)
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