Gabriel Garcia Marquez, »Les géants ne meurent jamais »
*L’écrivain Gabriel Garcia Marquez est mort à de 87 ans
Le prix Nobel colombien de Littérature Gabriel Garcia Marquez, considéré comme un des plus grands écrivains de langue espagnole, est mort jeudi à son domicile de Mexico quelques jours après avoir été hospitalisé pour une pneumonie. Il était âgé de 87 ans. « Mille ans de solitude et de tristesse pour la mort du plus grand Colombien de tous les temps », a annoncé le président colombien Juan Manuel Santos sur son compte Twitter en référence à son chef d’oeuvre « Cent ans de solitude ». « Les géants ne meurent jamais », a ajouté le président colombien.
Quelques minutes plus tôt, le journaliste de la chaîne mexicaine Televisa Joaquin Lopez-Doriga avait annoncé -également sur Twitter – que l’écrivain âgé de 87 ans était « décédé à son domicile de Mexico » aux côtés de son épouse et de ses deux fils.
Jeudi après-midi, de nombreux badauds s’étaient massés devant son domicile de Mexico, situé dans le quartier cossu de El Pedregal de San Angel, où aucun membre de sa famille ne s’était encore exprimé devant la presse. L’écrivain et photographe colombien Guillermo Angulo, ami proche de l’écrivain, a été vu en train d’arriver au domicile de l’écrivain, mais il n’a pas non plus souhaité faire de commentaire.
Ces derniers jours, il se trouvait selon sa famille dans un état de santé « très fragile ». Le 8 avril 2014, il avait quitté un hôpital de Mexico après y avoir subi pendant huit jours de traitement pour une pneumonie.
Le quotidien mexicain El Universal, citant des « sources dignes de foi », avait indiqué en début de semaine que le cancer lymphatique dont avait été victime Gabriel Garcia Marquez il y a 15 ans était réapparu et s’étendait maintenant au poumons, aux ganglions et au foie.
Mais M. Santos avait démenti cette version deux jours plus tard, affirmant que l’écrivain avait « souffert d’une pneumonie à un âge avancé ».
De son côté, la famille de Gabriel Garcia Marquez avait précisé que ce dernier se trouvait dans un état de santé « très fragile » mais « stable » dans sa maison de Mexico, sans faire allusion à un cancer.
Dans un communiqué publié par la Maison Blanche, le président américain Barack Obama a estimé que « le monde a perdu l’un des ses plus grands écrivains visionnaires, et l’un des mes préférés quand j’étais jeune ».
Installé au Mexique depuis 1961, avec des périodes de séjour alternées à Cartagène (Colombie), Barcelone (Espagne) et La Havane, Garcia Marquez vivait depuis plusieurs années retiré de la vie publique et, lors de ses rares apparitions, ne faisait aucune déclaration à la presse.
Garcia Marquez avait fait dernière apparition publique le 6 mars lorsqu’il était venu à la porte de sa résidence du sud de Mexico, où il vit depuis plus de 30 ans, pour recevoir des journalistes venus lui rendre visite pour son anniversaire.
Le Colombien est considéré comme l’un des plus grands écrivains de l’histoire de la littérature de langue espagnole. L’oeuvre qui lui a valu la célébrité est « Cent ans de solitude », roman publié en 1967, traduit depuis en 35 langues et vendu à plus de 30 millions d’exemplaires.
Le père du « réalisme magique » est l’auteur de quelques -uns des romans les plus populaires du XXe siècle comme « Pas de lettre pour le colonel » (1961), « Chonique d’une mort annoncée » (1981) et « L’amour au temps du choléra » (1985).
Il a reçu le prix Nobel de littérature en 1982. La célèbre académie avait alors salué une oeuvre « où s’allient le fantastique et le réel dans la complexité riche d’un univers poétique reflétant la vie et les conflits d’un continent ».
Sa dernière oeuvre, « Mémoire de mes putains tristes », est parue en 2004.
Le président mexicain Enrique Peña Nieto a exprimé ses condoléance au nom du Mexique en soulignant sur son compte Twitter que, « né en Colombie, il avait fait depuis des décennies de Mexico son foyer, enrichissant ainsi notre vie nationale ».
D’autres personnalités du monde politique et artistique ont exprimé leur tristesse.
L’ex-président américain Bill Clinton a exprimé « sa tristesse » pour quelqu’un dont il était l’ami « depuis plus de 20 ans ». « Depuis l’époque où j’ai lu +Cent ans de solitude, il y a plus de 40 ans, j’ai toujours été frappé par son don unique d’imagination, de clarté de pensée et d’honnêteté émotionnelle ».
« Ta vie, cher Gabo, nous nous en souviendrons comme d’un cadeau unique et inimitable », a écrit pour sa part la célèbre chanteuse colombienne Shakira.* Mis à jour le vendredi 18 avril 2014 à 06h54- lalibre.be
*Biographie de Gabriel Garcia Marquez
L’auteur latino-américain le plus lu au monde a tourné la page : Gabriel Garcia Marquez, décédé jeudi à l’âge de 87 ans, a incarné l’âme du « réalisme magique », un courant littéraire témoin d’un continent agité.
Né le 6 mars 1927 dans le village d’Aracataca sur la côte caribéenne de Colombie, ce fils d’un simple télégraphiste, élevé par ses grands-parents et tantes, a baigné durant toute son enfance dans une culture tropicale mêlant indigènes, esclaves d’Afrique et colons espagnols.
Ces légendes aux parfums exotiques ont inspiré une oeuvre immense de contes, nouvelles et romans. Son chef d’oeuvre, « Cent ans de solitude », traduit en 35 langues a été vendu à plus de 30 millions d’exemplaires.
Fresque autant historique que littéraire, ce livre, qui lança en 1967 le début de sa notoriété internationale, retrace la saga tourmentée d’une famille de Macondo, village imaginaire des Caraïbes, aux XIXe et XXe siècle.
Sa vocation pour les lettres remonte au début des années 1960 lorsqu’il s’installe au Mexique avec Mercedes Barcha, mère de ses deux fils, après une rencontre avec son grand ami, l’écrivain mexicain Carlos Fuentes.
« Un après-midi, nous nous sommes assis devant chez moi et nous nous sommes dit: +Qu’est-ce qu’on va faire ? Et nous avons décidé d’écrire des romans : le sort en était jeté+ », a confié l’auteur colombien.
« J’écris pour que mes amis m’aiment », se plaisait à répéter ce petit homme moustachu surnommé affectueusement « Gabo » par ses proches.
En 1982, date de la consécration, il obtient le prix Nobel de littérature. La célèbre académie salue une oeuvre « où s’allient le fantastique et le réel dans la complexité riche d’un univers poétique reflétant la vie et les conflits d’un continent ».
Dans son discours, l’écrivain, venu chercher sa récompense à Stockholm symboliquement revêtu du liqui-liqui, tenue traditionnelle de sa région, a souligne sa volonté de décrire une « réalité qui n’est pas de papier ».
La conscience politique marque en effet une autre facette de l’ancien étudiant en droit peu motivé qui a fait ses débuts dans l’écriture en journalisme.
Il n’a ensuite jamais abandonné cette passion pour la presse et la politique, laissant en héritage la « Fondation du nouveau journalisme », école fondée dans le port colombien de Carthagène.
Son premier contrat au journal de Bogota, El Espectador, qui publia son premier conte en 1947, était rémunéré 800 pesos, moins d’un demi-dollar par mois.
Envoyé en Europe après un article ayant déplu au régime militaire, Garcia Marquez a vécu à Genève, Rome et Paris, où il termina dans un appartement du quartier latin son roman « Pas de lettre pour le colonel ».
Décrivant le journalisme comme « le plus beau métier au monde », il s’est illustré comme un admirateur de la révolution cubaine et défenseur des victimes des dictatures militaires d’Amérique du Sud.
Correspondant de l’agence de presse cubaine Prensa Latina à Bogota, il a été l’ami personnel de Fidel Castro auquel il a souvent rendu visite à La Havane. Une relation que ses détracteurs lui ont reproché. Un autre prix Nobel de littérature latino-américain, le Péruvien Mario Vargas Llosa, l’a notamment qualifié « d’écrivain courtisan », utilisé par l’île communiste comme « un alibi dans le milieu intellectuel ».
Gabriel Garcia Marquez, qui aimait partager la table de chefs d’Etat comme l’Américain Bill Clinton ou le Français François Mitterrand, a aussi été critiqué pour cette fascination pour les puissants.
En Colombie, certains lui ont reproché son absence dans ce pays rongé par un demi-siècle de lutte entre autorités et guérillas d’extrême-gauche.
« Je suis fondamentalement un écrivain, un journaliste, pas un politique », avait-il rétorqué un jour, assurant préférer agir dans l’ombre. Selon lui, cela aurait permis la libération discrète de plusieurs prisonniers politiques cubains.
Après les succès des années 80 et 90, notamment « Chronique d’une mort annoncée (1982), « l’Amour aux temps du choléra » (1985) – Garcia Marquez avait entamé un combat contre la maladie, un cancer lymphatique, et l’écriture du premier volume de son autobiographie, « Vivre pour le raconter », paru en 1998.
Lors de ses dernières années, ses apparitions publiques devenaient plus rares tout comme ses écrits. Son dernier roman, « Mémoire de mes putains tristes », a été publié en 2004.* lalibre.be– jeudi 17 avril 2014 à 23h54**voir VIDEO
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Garcia Marquez et l’Algérie
il avait été arrêté en 1960 avec les Algériens, lors d’une rafle à Paris
Un Colombien vaut bien un Algérien
C’est ce qu’ont dû «penser» les policiers français chargés de la répression des manifestations du 11 décembre 1960 à Paris qui tabassèrent Gabriel Garcia Marquez et le traînèrent dans un commissariat, le prenant pour un Algérien.
Détenu une nuit, il fut libéré lorsque son identité fut établie. En versant en 2011 aux Archives nationales des documents sur ces événements, Maître Ali Haroun, ancien responsable de la Fédération de France du FLN avait évoqué la mésaventure du grand écrivain, la situant plutôt dans le matraquage des journalistes étrangers présents à la manifestation, dont quelques Américains et Anglais. Ainsi, Gabriel Garcia Marquez se serait trouvé sur les lieux du massacre en tant que journaliste. Alors âgé de 33 ans, il était connu essentiellement par une carrière mouvementée dans la presse de son pays.
Ses enquêtes dérangeaient la dictature au pouvoir et il avait été obligé de se réfugier en France en tant que correspondant pour l’Europe du journal El Independiente qui ne tarda pas à être fermé, laissant son journaliste exilé et sans le sou. C’était en 1955, année de parution de sa première œuvre littéraire, La Horasca (traduite en 1983 sous le titre «Des feuilles dans la bourrasque»).
Selon les témoignages et écrits d’historiens sur le 11 décembre 1960, il semble qu’aucun des journalistes réprimés n’ait été embarqué au poste de police, ce qui corrobore l’idée du «délit de faciès» concernant Marquez. La sauvagerie des «ratonnades», organisées par le sinistrissime Papon, excluait l’identification professionnelle des manifestants et il suffisait d’être brun, frisé et, si possible, de porter la moustache, pour être aussitôt passé à tabac ou pire encore. L’histoire tient parfois à peu de choses. Le futur Prix Nobel de Littérature aurait bien pu finir au fond de la Seine et, jamais, son sublime Cent ans de solitude ni ses autres œuvres n’auraient vu le jour…
Par ailleurs, Garcia Marquez n’a jamais caché ses opinions politiques et s’il était présent sur les lieux en tant que journaliste, ce devait être aussi en tant que militant. Sans que nous disposions d’informations concrètes à ce sujet, il a été plusieurs fois affirmé, comme dans Le Monde d’hier, qu’il avait fréquenté les milieux du FLN en France. Mais savait-il que, depuis des années, il compte parmi les lecteurs et lectrices d’Algérie de très nombreux admirateurs, comme en attestent ses succès constants en librairie ? Il aurait été approché à une ou deux reprises pour participer au Salon international du Livre d’Alger, mais celui-ci ayant débuté en 1995, l’écrivain avait déjà entamé son déclin physique, limitant ses sorties et contacts, y compris avec ses amis, consacrant ses ultimes forces à combattre la maladie et à écrire. Espérons que le prochain SILA lui consacrera un hommage à la mesure de sa démesure littéraire et humaine.
Slimane Zighidour. Penseur : «Il a été arrêté avec les militants du FLN»
«J’ai connu Gabriel Garcia Marquez en Colombie. Il avait une tendresse particulière pour le monde arabe. Il avait un rapport humain avec le FLN. En 1982, il m’avait raconté qu’il avait été arrêté en 1961, lors d’une rafle. Un délit de faciès. On l’avait pris pour un Arabe. Aussi a-t-il passé toute la nuit au poste de police de Saint-Germain-en-Laye. Et c’est là qu’il avait rencontré les premiers militants du FLN. Il aimait rappeler que dans toutes les causes qu’il a soutenues, celle algérienne est la seule pour laquelle il ‘‘a fait de la prison’’. Il avait écrit un article sur le combat anticolonialiste du FLN. Pour moi, Gabriel Garcia Marquez a vécu plusieurs vies dans une seule. Le militant, le paysan colombien, le citoyen du monde, l’amoureux des femmes…».
Ameziane Ferhani -El Watan-le 19.04.2014
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*La solitude des bonnes causes
*Par Pr Chems Eddine CHITOUR - Samedi 19 Avril 2014
«Tout le monde veut vivre au sommet de la montagne, sans soupçonner que le vrai bonheur est dans la manière de gravir la pente… le secret d’une bonne vieillesse n’était rien d’autre que la conclusion d’un pacte honorable avec la solitude.» Gabriel Garcia Marquez (Cent ans de solitude)
Un coup d’éclair dans un ciel serein. Gabriel Garcia Marquez s’en est allé sur la pointe des pieds. «Présidents, écrivains et célébrités, lit-on dans une dépêche de l’AFP, ont rendu un hommage général au prix Nobel colombien de littérature, Gabriel Garcia Marquez, géant des lettres latino-américaines. Le président colombien a estimé que «les géants ne meurent jamais Le président américain: J’ai eu le privilège de le rencontrer une fois à Mexico où il m’a offert un exemplaire dédicacé du livre que je chéris encore aujourd’hui». Le président mexicain a estimé qu’ «avec son oeuvre, Garcia Marquez a rendu universel le réalisme magique latino-américain, marquant la culture de notre temps». Pour le président du Venezuela, «Gabo a laissé son empreinte spirituelle gravée dans la nouvelle ère de notre Amérique». La romancière chilienne Isabel Allende a dit que Garcia Marquez «fut la voix qui a raconté au monde qui nous sommes et a nous a montré à nous Latino-américains qui nous sommes dans le miroir de ses pages». «La seule consolation est que son oeuvre est immortelle».(1)
Qui est Gabriel Garcia Marques?
Aîné de onze enfants, Gabriel Garcia Marquez est né le 6 mars 1927, à Aracataca, un village perdu entre les marigots et les plaines poussiéreuses de la côte caraïbe colombienne. Dans l’oeuvre de Gabo, Aracataca deviendra Macondo, un endroit mythique mais réel, L’Espagnol sud-américain a fait de «macondiano» un adjectif pour décrire l’irrationnel du quotidien sous ces latitudes. Gerald Martin explique l’importance qu’eut pour le futur écrivain son village et en particulier sa maison: «pleine de monde – grands-parents, hôtes de passage, serviteurs, indiens -, mais également pleine de fantômes». Le garçon sera élevé par ses grands-parents. Sa formation intellectuelle ainsi qu’un certain sens de la démesure lui viennent du colonel Marquez, son grand-père libre-penseur qui, pour meubler l’ennui d’un temps immobile, lui ressassait inlassablement ses souvenirs de la guerre des Mille Jours: une dévastatrice guerre civile qui, entre 1899 et 1902…» (2)
Gabriel Garcia a certainement été marqué par la puissance symbolique de la Révolution algérienne qui a pu être pour lui une source d’inspiration du fait de la proximité des luttes anti-impérialistes et anticoloniales. Nous lisons: «En 1957, Il arrive à Paris en pleine guerre d’Algérie, fréquente les milieux du FLN et, pour délit de faciès, s’expose ainsi aux «ratonnades» alors pratiquées par la police française. (…) Entre-temps, Garcia Marquez est revenu en Amérique latine. En 1961, Garcia Marquez, qui travaille pour l’agence de presse cubaine Prensa Latina, effectue en journaliste et en ami du nouveau régime castriste une première visite à Cuba. (…)»(2) «L’auteur latino-américain le plus lu au monde a tourné, lit-on dans une dépêche de l’AFP, la page: Gabriel Garcia Marquez, décédé jeudi à l’âge de 87 ans, a incarné l’âme du «réalisme magique», un courant littéraire témoin d’un continent agité. Il a baigné durant toute son enfance dans une culture tropicale mêlant indigènes, esclaves d’Afrique et colons espagnols. Ces légendes aux parfums exotiques ont inspiré une oeuvre immense de contes, nouvelles et romans. Son chef-d’oeuvre, Cent ans de solitude, traduit en 35 langues a été vendu à plus de 30 millions d’exemplaires. En 1982, date de la consécration, il obtient le prix Nobel de littérature. La célèbre académie salue une oeuvre «où s’allient le fantastique et le réel dans la complexité riche d’un univers poétique reflétant la vie et les conflits d’un continent». Dans son discours, l’écrivain, venu chercher sa récompense à Stockholm symboliquement revêtu du liqui-liqui, tenue traditionnelle de sa région, a souligne sa volonté de décrire une «réalité qui n’est pas de papier». (…) Décrivant le journalisme comme «le plus beau métier au monde», il s’est illustré comme un admirateur de la révolution cubaine et défenseur des victimes des dictatures militaires d’Amérique du Sud. Correspondant de l’agence de presse cubaine Prensa Latina à Bogota, il a été l’ami personnel de Fidel Castro auquel il a souvent rendu visite à La Havane. «Je suis fondamentalement un écrivain, un journaliste, pas un politique», avait-il rétorqué un jour, assurant préférer agir dans l’ombre. Selon lui, cela aurait permis la libération discrète de plusieurs prisonniers politiques cubains.(3)
Les bonnes causes de Gabo
On dit, rapporte l’encyclopédie Wikipédia, que les opinions politiques et idéologiques de García Márquez ont été influencées par les histoires de son grand-père Nicolás Márquez. Cette influence s’est traduite sur ses vues politiques aussi bien que sur sa technique littéraire, de telle sorte que «de la même façon que sa carrière d’écrivain s’est construite à ses débuts par une opposition assumée au statu quo littéraire colombien, les opinions socialistes et anti-impérialistes de García Márquez se sont construites en opposition au statu quo global dominé par les États-Unis». Grâce à la reconnaissance internationale, García Márquez, l’écrivain colombien, a pu jouer le rôle de médiateur entre le gouvernement colombien et la guérilla, dont le M-19, les Farc et l’Armée de libération nationale (ELN)».(4) «Il accepte également de devenir membre du Second Tribunal Russell qui enquête sur des crimes de guerre internationaux et les juges. Dans les années 1970, l’écrivain colombien publie trois articles sur la Révolution des OEillets du Portugal, à laquelle il apporte son soutien. La popularité de ses écrits a également conduit García Márquez à nouer des amitiés avec certains dirigeants puissants, dont l’ancien président cubain Fidel Castro. Il est à noter que García Márquez s’est battu pendant plusieurs années pour que le gouvernement cubain relâche la majorité de ses prisonniers, (…) Par ailleurs, en raison de sa notoriété et de ses opinions tranchées sur l’impérialisme américain, García Márquez a été étiqueté comme étant un élément subversif et, pendant plusieurs années, s’est vu refuser des visas par les autorités d’immigration américaines.» (4) Ami de Fidel Castro, il n’avait jamais fait mystère de ses convictions de gauche. Il laisse derrière lui une oeuvre prolifique. Ses romans se sont vendus à des dizaines de millions d’exemplaires, ce qui faisaient de lui l’un des auteurs les plus connus, sinon le plus connu, d’Amérique latine, Garcia Marquez, meurtri et révolté par la dictature installée au Chili depuis le coup d’Etat du général Pinochet en septembre 1973, se refuse, pour un temps, à écrire de nouveaux romans et préfère s’engager dans ce qu’il appelle «la guerre de l’information». Il contribue dans son pays à la création d’une revue indépendante, Alternativas, fustige le capitalisme et l’impérialisme, prend la défense du tiers-monde et soutient publiquement, sans états d’âme apparents, le régime de Fidel Castro.»(4)
Le roman sud-américain et l’apport de Gabriel Garcia Marques
Sa vocation pour les lettres remonte au début des années 1960 lorsqu’il s’installe au Mexique et après une rencontre avec son grand ami, l’écrivain mexicain Carlos Fuentes. «Un après-midi, nous nous sommes assis devant chez moi et nous nous sommes dit: «Qu’est-ce qu’on va faire? Et nous avons décidé d’écrire des romans le sort en était jeté», a confié l’auteur colombien. «J’écris pour que mes amis m’aiment», se plaisait à répéter ce petit homme moustachu surnommé affectueusement «Gabo» par ses proches. Garcia Marquez n’est pas dupe. «Je suis un romancier, disait-il, et nous, les romanciers, ne sommes pas des intellectuels, mais des sentimentaux, des émotionnels. Il nous arrive à nous, Latins, un grand malheur. Dans nos pays, nous sommes devenus en quelque sorte la conscience de notre société. Et voyez les désastres que nous provoquons. Ceci n’arrive pas aux Etats-Unis, et c’est une chance. Je n’imagine pas une rencontre au cours de laquelle Dante parlerait d’économie de marché.»(3) Justement, sur le Monde diplomatique on découvre le rôle de Carlos Fuentes, un autre prix Nobel dans la formation des imaginaires des auteurs sud-américains nobélisés. «Lorsque Fuentes a commencé à écrire, les jeunes écrivains d’Amérique latine étaient, pour ainsi dire, sommés de choisir leur camp: on devait prendre parti pour le réalisme ou pour l’imaginaire, le fantastique; pour l’ancrage dans la réalité nationale ou pour l’ouverture cosmopolite; pour la littérature engagée ou pour de pures recherches formelles. Ils furent quelques-uns, autour de lui (le Colombien Gabriel García Márquez, l’Argentin Julio Cortázar, le Péruvien Mario Vargas Llosa, le Cubain José Lezama Lima), à choisir de ne pas choisir, à entreprendre de surmonter ces antinomies figées, et à réconcilier ce que la doxa s’obstinait à opposer. On a nommé cela le boom du roman latino-américain, en réalité, le plus prodigieux renouvellement de l’art du roman, probablement, qui ait surgi dans la seconde moitié du XXe siècle. (…)» (5)
A bien comprendre la stratégie, ces auteurs prolifiques ont fait de leur patrimoine spolié du fait des invasions coloniales, une cinquième colonne dans la littérature occidentale:«La conquête hispanique du Nouveau Monde fut sanglante, destructrice? Oui, mais il en est né une civilisation métissée, vivante, riche de sa diversité. Les sociétés précolombiennes ont été anéanties? Oui, mais l’imaginaire indien est passé dans la langue des vainqueurs, à l’instar de ces églises mexicaines où le paradis des indigènes se propulse dans l’iconographie catholique imposée. Les intellectuels les plus radicaux, en Amérique latine, ont parfois pu lui reprocher ses positions un peu trop sagement sociales-démocrates,.. Notons que Fuentes, pour autant, n’a jamais cessé de dénoncer l’impérialisme des Etats-Unis, la domination imposée à l’Amérique latine. Il ne fut pas de ceux, nombreux, qui ont glissé de la légitime critique antitotalitaire à l’acceptation de l’ordre mondial établi; ce fut même le sens profond de sa rupture avec Vargas Llosa ou de sa légendaire querelle avec Octavio Paz.» (5)
Cent ans de solitude
«Dès sa publication en 1967, à Buenos Aires, l’engouement rencontré par Cent ans de solitude est extraordinaire. «A la fois épopée familiale, roman politique et récit merveilleux, c’est «le plus grand roman écrit en langue espagnole depuis Don Quichotte», selon le poète chilien Pablo Neruda. L’écrivain y déploie, sans une seconde d’enlisement ni de distraction, son langage puissant, à la fois exubérant et parfaitement maîtrisé. Depuis, la fondation du village fictif de Macondo se déploie sur six générations. Toute l’Amérique latine se reconnaîtra bientôt dans cette saga héroïque et baroque. Cinq ans après sa sortie» (4) Cent ans de solitude (titre original: Cien años de soledad) souvent cité comme le texte le plus représentatif du réalisme magique, faisant cohabiter plusieurs genres littéraires et juxtaposant un cadre historique avéré et des références culturelles vraisemblables à des éléments surnaturels ou irrationnels. Il narre le parcours de la famille Buendia sur six générations, habitant le village imaginaire de Macondo et acculée à vivre cent ans de solitude par la prophétie du gitan Melquíades. Elle va ainsi traverser les guerres et les conflits propres à l’histoire colombienne. Tout au long du roman, tous les personnages semblent prédestinés à souffrir de la solitude comme une caractéristique innée à la famille Buendia. Le village même vit isolé de la modernité, toujours en attente de l’arrivée des gitans qui amènent les nouvelles inventions; et l’oubli, fréquent dans les événements tragiques récurrents dans l’histoire de la culture que présente l’oeuvre.(;..) Une autre particularité très intéressante de ce livre est l’association du surnaturel avec un certain nombre de fragments de la Bible et de la tradition catholique, comme son évolution depuis la création de Macondo (Genèse) jusqu’à sa destruction par des «vents babyloniens» (Apocalypse)».(4)
Cent ans de solitude, écrit Pierre Maury, est aussi celui qui condense l’essentiel de son univers imaginaire inspiré du réel, en même temps qu’il porte à leur plus haut degré ses qualités narratives et stylistiques Dans sa préface à l’édition française, Albert Bensoussan écrivait: «Gabriel García Márquez, fasciné par l’absolu de l’écriture et la puissance du verbe, en modelant dans le tohu-bohu génésiaque Cent ans de solitude, s’est voulu Créateur, en majuscule et en majesté, maître souverain d’un monde inscrit dans l’Histoire.» La première phrase est un tour de force. L’écrivain y convoque, dans un temps dont nous ignorons encore tout, le futur et le passé: «Bien des années plus tard, face au peloton d’exécution, le colonel Aureliano Buendia devait se rappeler ce lointain après-midi au cours duquel son père l’emmena faire connaissance avec la glace.» (6)
Que devons-nous retenir de Gabo?
Peut-être cet hymne à l’amour en forme de testament: ««Si pour un instant Dieu oubliait que je suis une marionnette de chiffon et m’offrait un bout de vie, je profiterais de ce temps le plus que je pourrais. (…) J’accorderais de la valeur aux choses, non pour ce qu’elles valent, mais pour ce qu’elles signifient. Je dormirais peu, je rêverais plus, j’entends que pour chaque minute dont nous fermons les yeux, nous perdons soixante secondes de lumière. (…) Si Dieu me faisait présent d’un bout de vie, je me vêtirais simplement, m’étalerais à plat ventre au soleil, en laissant non seulement mon corps à découvert, mais aussi mon âme. (…) Je ne laisserais pas un seul jour se terminer sans dire aux gens que je les aime, que je les aime.»
«Aux hommes, je prouverais combien ils sont dans l’erreur de penser qu’ils ne tombent plus amoureux en vieillissant, sans savoir qu’ils vieillissent en ne tombant plus amoureux. Aux anciens, j’apprendrais que la mort ne vient pas avec la vieillesse, mais avec l’oubli. J’ai appris tellement de choses de vous autres, les humains… (…) J’ai appris que lorsqu’un nouveau-né serre avec son petit poing, pour la première fois le doigt de son père, il l’a attrapé pour toujours. J’ai appris qu’un homme a le droit de regarder un autre d’en haut seulement lorsqu’il va l’aider à se mettre debout. Dis toujours ce que tu ressens et fais ce que tu penses. (…) Si je savais que ce sont les derniers moments où je te vois, je dirais «je t’aime» et je ne présumerais pas, bêtement, que tu le sais déjà. (…) Le demain n’est garanti pour personne, vieux ou jeune. Aujourd’hui est peut être la dernière fois que tu vois ceux que tu aimes. Alors n’attends plus, fais-le aujourd’hui. (..) Il y a tellement de choses que j’ai pu apprendre de vous autres…Mais en fait, elles ne serviront pas à grande chose, car lorsque l’on devra me ranger dans cette petite valise, malheureusement, je serai mort». Tout est dit. **Par Pr Chems Eddine CHITOUR- l’Expression- Samedi 19 Avril 2014
1. Présidents et célébrités rendent hommage à Garcia Marquez AFP 18.04.14
2. http://www.lemonde.fr/disparitions/article/2014/04/17/l-ecrivain-gabriel-garcia-marquez-est-mort_4401388_3382.html
3. Biographie de Gabriel Garcia Marquez: AFP jeudi 17 avril 2014
4. Gabriel Garcia Marques: Encyclopédie Wikipédia
5. Guy Scarpetta: http://www.monde-diplomatique.fr/2013/07/SCARPETTA/49350
6. Pierre Mauryhttp://www.lesoir.be/523808/ article/culture/livres/2014-04-17/cent-ans-solitude-chef-d-oeuvre-gabriel-garcia-marquez
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*Le monde rend hommage à l’auteur colombien Gabriel Garcia Marquez
De Barack Obama à Shakira en passant par les FARC, de nombreuses personnalités ont rendu hommage à l’auteur colombien.
Présidents, écrivains et célébrités ont rendu un hommage général au prix Nobel colombien de littérature Gabriel Garcia Marquez, géant des lettres latino-américaines, décédé jeudi à son domicile de Mexico. En confirmant la nouvelle de sa mort, le président colombien Juan Manuel Santos a estimé que « les géants ne meurent jamais ». « Mille ans de solitude et de tristesse pour la mort du plus grand Colombien de tous les temps », a-t-il écrit sur son compte Twitter, en référence au chef d’oeuvre de Garcia Marquez, « Cent ans de solitude », publié en 1967.
Le président américain Barack Obama a également fait référence à ce roman traduit en 35 langues et publié à 30 millions d’exemplaires dans le monde. « J’ai eu le privilège de le rencontrer une fois à Mexico où il m’a offert un exemplaire dédicacé du livre, que je chéris encore aujourd’hui ».
Pour le président américain, « avec le décès de Gabriel Garcia Marquez, le monde a perdu un des ses plus grands écrivains visionnaires, et l’un de mes préférés quand j’étais jeune ».
L’ancien président américain Bill Clinton a aussi exprimé sa tristesse en se référant au chef d’oeuvre de Garcia Marquez. « Depuis le temps où j’ai lu +Cent ans de solitude+, il y a plus de 40 ans, j’ai toujours été stupéfait par ses dons uniques d’imagination, de clarté de pensée et d’honnêteté émotionnelle (…) J’ai été honoré d’être son ami et de connaître son grand coeur et son esprit brillant pendant plus de 20 ans. »
Le président mexicain Enrique Peña Nieto a estimé qu’ »avec son oeuvre, Garcia Marquez a rendu universel le réalisme magique latino-américain, marquant la culture de notre temps ». Il a rappelé que, né en Colombie, l’écrivain avait fait du Mexique « son foyer, enrichissant ainsi notre vie nationale ».
En Amérique latine, les autres chefs d’Etat ont encensé la mémoire de l’écrivain.
Pour le président équatorien Rafael Correa, « Gabo nous a quittés, nous allons avoir des années de solitude, mais il reste ses oeuvres et son amour pour la Grande Patrie (l’Amérique latine). Jusqu’à la victoire toujours, cher Gabo! « .
Selon la présidente brésilienne Dilma Rousseff, « ses personnages uniques et son Amérique latine exubérante resteront gravés au coeur de la mémoire de millions de lecteurs » et pour le président du Venezuela, Nicolas Maduro « Gabo a laissé son empreinte spirituelle gravée dans la nouvelle ère de notre Amérique ».
La guérilla colombienne des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxiste) a également exprimé ses condoléances. « Une perte pour la Colombie, une perte pour le monde avec le décès de #Gabo », ont écrit les Farc en espagnol et en anglais sur leur compte Twitter.
De grands noms de la littérature latino-américaine ont également rendu hommage au prix Nobel colombien.
L’écrivain péruvien Mario Vargas Llosa, autre prix Nobel latino-américain, a assuré que « ses romans vont lui survivre et continuer de gagner des lecteurs partout ».
L’écrivain brésilien à succès Paulo Coelho considère que Garcia Marquez « a brisé le mur entre la réalité et la fantaisie, ouvrant la voie à toute une génération d’écrivains sud-américains ».
La romancière chilienne Isabel Allende a dit à l’AFP que Garcia Marquez « fut la voix qui a raconté au monde qui nous sommes et a nous a montrés à nous Latino-américains qui nous sommes dans le miroir de ses pages ». « La seule consolation est que son oeuvre est immortelle ».
Des artistes, comme la pop star colombienne Shakira, ont exprimé leur émotion. « Ta vie, cher Gabo, nous nous en souviendrons comme d’un cadeau unique et inimitable ».
Pour le chanteur colombien Juanes « le plus grand de tous est parti, mais sa légende immortelle reste ».* lalibre.be-Mis à jour le vendredi 18 avril 2014 à 06h53
**réactions d’internautes d’El Watan-Algérie
Les uns marquent l’histoire par leurs belles oeuvres, les autres, par leurs sales manoeuvres.
Dezil le 18.04.14 | 02h17
Adios Maestro
Aujourd’hui, comme un hasard de l’histoire, deux de mes beaux rêves viennent de s’effondrer. Le premier
est celui d’une rencontre non marquée sur l’agenda du Maestro Marquez mais bien marquée dans le mien. Cette rencontre n’aura pas lieu, le temps a décidé autrement.
J’ai connu Marquez il y a un peu plus de trente ans, un après- midi d’un mois d’aout d’enfer quand j’ai commencé la lecture d’un roman qui m’a marqué à vie. Je me rappelle bien de l’instant et de la première phrase sonnait comme un jet de mémoire giratoire : « Bien des années plus tard, devant le peloton d’exécution, le colonel Auréliano Buendia devait se rappeler ce lointain après-midi [...] Macondo était alors un village d’une vingtaine de maisons en glaise… » et pendant les trois jours qui suivirent cette journée torride, je ne faisait que continuer à lire jusqu’à la dernière phrase d’un roman de 400 pages : « … car aux lignées condamnées à cent ans de solitude, il n’était pas donné sur terre de seconde chance ». C’était Cent ans de solitude et depuis, Marquez en tête et d’autres écrivains latino-américains prirent place, comme un assaut inattendu, dans ma vie professionnelle comme dans la vie de ma famille.
Repose en paix »Gabito ».
Mon deuxième rêve brisé est celui de mon Algérie à laquelle colle bien la dernière phrase de Cent ans de solitude. Entre Marquez, le maestro et B… l’escroc, je vivrai dans l’univers du premier et je maudirai pour la vie celui du deuxième.
*l’Andalou le 17.04.14 | 22h46
La mort d’un Général de la littérature
Pour ceux qui aiment et apprécient son œuvre, cent ans de solitude commencent dès ce soir sans le Généralissime…
Hommages au grand écrivain sud-Américain !
Par ailleurs, c’est curieux qu’à chaque fois que je (re)lisais les histoires tramées autour de son personnage principal, le vieux Général, je pensais fortement à notre pays.
Comme quoi, la vieille fiction colombienne c’est un peu notre histoire actuelle… n’est-ce pas Garcia, j’en reste marqué ?
* un grand homme disparait, pendant qu’ailleurs les monstres naissent!
****Un hommage planétaire
La dépouille de l’auteur de Cent ans de solitude, prix Nobel 1982, a été incinérée, a annoncé l’ambassadeur de Colombie au Mexique, José Gabriel Ortiz. La radio colombienne Caracol avait auparavant affirmé que son corps avait été incinéré jeudi, le jour même de sa mort.
Selon Caracol, les cendres du prix Nobel reposeraient maintenant au funérarium J. García López, dans le quartier Pedregal du sud de Mexico.
Le funérarium a indiqué que le service avait «eu lieu», sans donner de précisions. L’écrivain et journaliste est décédé jeudi «à 12h08 (18h08 GMT)», selon la radio. «Il a présenté une insuffisance rénale, puis respiratoire» qui lui a été fatale. Garcia Marquez, qui a inspiré des générations d’auteurs, avait récemment été hospitalisé pour une pneumonie et avait quitté l’hôpital le 8 avril.
Dans la maison de l’écrivain, située dans le quartier résidentiel de Pedregal, au sud de Mexico, sa veuve Mercedes Barcha et ses fils Rodrigo et Gonzalo ont reçu des visites en privé. Fleurs et cadeaux ont afflué toute la journée, notamment un bouquet de marguerites et de roses blanches avec un message de condoléances de la chanteuse colombienne Shakira. Un hommage sera rendu lundi à «Gabo» dans la capitale mexicaine.
Le président colombien, Juan Manuel Santo, se rendra à cette occasion dans le pays pour assister à la cérémonie qui aura lieu au palais des Beaux-Arts, a informé vendredi l’ambassadeur de Bogota au Mexique. «Le gouvernement mexicain, dans un geste très aimable, a voulu faire ses adieux (à Gabriel García Marquez) dans le palais des Beaux-Arts, où l’on dit adieu aux grands du Mexique», a indiqué José Gabriel Ortiz, soulignant que l’écrivain «a été un Mexicain colombien de pure souche». Le palais des Beaux-Arts de Mexico, ville où a vécu «Gabo» durant les trois dernières décennies, a déjà abrité les hommages rendus à de grands artistes mexicains comme l’écrivain Carlos Fuentes, la chanteuse Chavela Vargas et le comédien Mario Moreno «antinflas». Auteurs, lecteurs, politiques et artistes du monde entier ont salué encore vendredi la mémoire de l’écrivain colombien, prix Nobel de littérature. Dans la nuit, la famille avait reçu des écrivains mexicains, tels Hector Aguilar Camin, Angeles Mastretta et Xavier Velasco, ainsi que des proches et amis. Mercedes Barcha et ses fils ont décidé qu’il n’y aurait pas d’honneurs funèbres rendus à la maison funéraire où sa dépouille a été transportée jeudi, escortée par un important cordon policier. En Colombie, où un deuil national de trois jours a été décrété, la population célébrait le Vendredi saint avec, dans les prières et les coeurs, la passion vouée à Gabriel Garcia Marquez. A Bogota, les journaux ont diffusé des éditions spéciales, événement rarissime en ce jour férié où la presse ne paraît habituellement pas. «Immortel», proclamait notamment en une El Espectador, son ancien employeur.
«Bien sûr que je vais prier pour lui. Je vais demander au Christ de le placer près de lui comme il se doit. C’était un homme immense», a lancé à l’AFP, les yeux rougis, Doris Vidales, une mère au foyer de 58 ans, en route pour aller s’agenouiller devant la vierge de Montserrate sur les hauteurs de Bogota.
Le président colombien, Juan Manuel Santos, a proposé à la famille de Garcia Marquez tout le soutien nécessaire pour un hommage dans son pays «au plus grand Colombien de tous les temps». Dans son village natal d’Aracataca (nord), des hommages spontanés lui étaient rendus dans sa maison transformée en musée.
«Dès que la nouvelle est tombée, des gens sont venus immédiatement. Ils ont commencé à allumer des bougies (…) Nous avons décrété cinq jours de deuil avec le maire», a expliqué à l’AFP Rubiela Reyes, guide au musée où s’amoncellent également messages, photos, fleurs et amulettes. Dans le bourg qui a inspiré à l’auteur Macondo, où se déroule l’action de Cent ans de solitude, des chanteurs populaires entonnaient également des refrains en hommage à l’illustre citoyen, dont le maire espère que les cendres reposeront dans sa localité. «Nous ne pouvions pas ne pas venir», a raconté à l’AFP, Aïda Maestre, mère au foyer de 60 ans, qui passait le week-end de Pâques sur la côte caribéenne, à 70 km d’Aracataca. «Avant lui, nous n’existions même pas sur la carte de la Colombie», a rappelé dans la presse locale l’ancien maire, Pedro Sanchez Rueda. Le Mexique, pays où il habitait depuis les années 1960, se préparait, quant à lui, à lui rendre un hommage national demain au palais des Beaux-Arts de Mexico. La mort de l’un des plus grands écrivains de l’histoire de la littérature de langue espagnole a déclenché dès jeudi une avalanche de messages de condoléances venus du monde littéraire comme du monde politique et d’admirateurs de tous les pays, de Barack Obama au prix Nobel de littérature péruvien Mario Vargas Llosa en passant par la Chilienne Isabel Allende.
Le président cubain, Raul Castro, a joint sa voix à celle de nombreux autres chefs d’Etat de la région. «Les Cubains ont perdu un grand ami, intime et solidaire», a-t-il affirmé. «L’oeuvre d’hommes tels que lui est immortelle», a ajouté Raul Castro, dont le frère Fidel, ami intime de Garcia Marquez, n’avait pas réagi, vendredi.
De l’autre côté de l’Atlantique, Mariano Rajoy, président du gouvernement espagnol, les présidents français François Hollande ou russe Vladimir Poutine ont également rendu vendredi hommage au défunt.*L’Expression-Dimanche 20 Avril 2014
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