La philosophie,un esprit critique sur le monde et la société
*Journée mondiale de la Philosophie
jeudi 18 novembre 2021 -UNESCO-Paris
* les différentes interactions de l’être humain avec son environnement social, culturel, géographique et politique
*Réfléchir au sens de la pandémie en cours
En célébrant la Journée mondiale de la philosophie chaque année, le troisième jeudi de Novembre, l’UNESCO souligne la valeur durable de la philosophie pour le développement de la pensée humaine, pour chaque culture et pour chaque individu.
*L’édition 2021- Cette année, la Journée mondiale de la philosophie ouvre la discussion sur les différentes interactions de l’être humain avec son environnement social, culturel, géographique et politique, avec pour objectif sous-jacent de mieux comprendre l’apport de la philosophie dans nos sociétés contemporaines et les enjeux auxquels elles sont confrontées, et plus particulièrement la pandémie. La philosophie, et plus encore la philosophie interculturelle, s’intéresse au contexte et est donc, dans son essence même, concernée par la transformation de la société. Comme l’année précédente, cette édition inviter le monde entier à réfléchir au sens de la pandémie en cours, en soulignant la nécessité plus que jamais essentielle d’avoir recours à la réflexion philosophique pour faire face aux multiples crises que nous traversons. La crise sanitaire interroge de multiples aspects de nos sociétés. Dans ce contexte, la philosophie nous aide à prendre le recul nécessaire pour mieux avancer, en stimulant la réflexion critique sur des problèmes déjà présents mais que la pandémie a poussé à leur paroxysme.
***Instituée en 2005 par l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO), la Journée mondiale de la philosophie est célèbrée chaque année le troisième jeudi du mois de novembre.
**la philosophie , un art de vivre
Le terme « philosophie » vient du grec et se traduit littéralement par « l’amour de la sagesse ». Si l’on devait décrire la philosophie, on pourrait dire qu’il s’agit d’un ensemble de réflexions critiques et argumentées concernant le monde et la place que nous y occupons. La philosophie fournit la base conceptuelle des principes et des valeurs dont dépend la paix mondiale : la démocratie, les droits de l’homme, la justice et l’égalité. En outre, la philosophie contribue à consolider les véritables fondements de la coexistence pacifique et de la tolérance.
Les principaux objectifs de la Journée mondiale de la philosophie sont :
- renouveler l’engagement national, sous-régional, régional et international en faveur de la philosophie ;
- encourager l’analyse, la recherche et les études philosophiques sur les grands enjeux contemporains afin de mieux répondre aux défis qui se posent aujourd’hui à l’humanité ;
- sensibiliser l’opinion publique à l’importance de la philosophie et de son usage critique dans les choix que font surgir pour de nombreuses sociétés les effets de la mondialisation ou l’entrée dans la modernité ;
- faire un état des lieux de l’enseignement de la philosophie dans le monde, en mettant l’accent en particulier sur les inégalités d’accès ;
- souligner l’importance de la généralisation de l’enseignement philosophique pour les générations futures.
** Édition 2021
Cette année, la Journée mondiale de la philosophie ouvre la discussion sur les différentes interactions de l’être humain avec son environnement social, culturel, géographique et politique, avec pour objectif sous-jacent de mieux comprendre l’apport de la philosophie dans nos sociétés contemporaines et les enjeux auxquels elles sont confrontées, et plus particulièrement la pandémie. La philosophie, et plus encore la philosophie interculturelle, s’intéresse au contexte et est donc, dans son essence même, concernée par la transformation de la société.
**Historique
La Journée de la philosophie est célébrée chaque année depuis 2002. Elle a été officiellement proclamée en 2005 par la Conférence générale de l’Organisation des Nations Unies pour l’éducation, la science et la culture (UNESCO).
En proclamant la Journée mondiale de la philosophie, l’UNESCO souligne l’importance de cette discipline, surtout pour les jeunes — « la philosophie est une discipline qui encourage la pensée critique et indépendante, à même d’œuvrer pour une meilleure compréhension du monde et de promouvoir la tolérance et la paix ».
Pourquoi une Journée mondiale de la philosophie ?
Nombre de penseurs avancent que « l’étonnement » se trouve au coeur de la philosophie. Certes, la philosophie est issue de cette tendance naturelle chez les humains à s’étonner d’eux-mêmes et du monde dans lequel ils vivent.
Cette discipline qui se veut « sagesse » nous apprend à réfléchir sur la réflexion, à remettre en question des vérités bien établies, à vérifier des hypothèses et trouver des conclusions.
Depuis des siècles et cela dans toutes les cultures, la philosophie a donné naissance à des concepts, des idées et des analyses, posant ainsi les fondements de la pensée critique, indépendante et créative. La Journée de la philosophie à l’UNESCO a permis à cette institution de célébrer tout particulièrement l’importance de la réflexion philosophique et d’encourager les populations du monde entier à partager entre elles leur héritage philosophique.
Pour l’UNESCO, la philosophie offre les fondements conceptuels des principes et des valeurs dont la paix mondiale dépend- la démocratie, les droits humains, la justice et l’égalité. La philosophie permet de consolider ces authentiques fondements de la coexistence pacifique.
Cette Journée nous offre l’occasion de nous poser aussi des questions souvent oubliées : À quoi négligeons-nous de réfléchir ? À quelles réalités intolérables nous habituons-nous ?
*source: un.org/fr
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Qu’est-ce qu’être méchant ?
C’est bien connu : dans le monde, il y a les gentils d’un côté, et les méchants de l’autre… Encore n’est-il pas toujours aisé de les identifier avec certitude : untel qui paraissait gentil ne l’est peut-être pas autant qu’on l’avait cru, tandis qu’inversement, tel autre n’est peut-être pas si méchant qu’on le craignait. La méchanceté est-elle un trait de caractère profondément ancré chez certains individus ou n’est-elle qu’une affaire de point de vue – voire de circonstances ? Autrement dit : peut-on réellement vouloir le mal pour le mal ? Eléments de clarification à l’aide de quatre philosophes : Socrate, Augustin, Hobbes et Kant.
Si la méchanceté peut être définie comme le fait de causer du tort à quelqu’un délibérément, alors pour Socrate, elle ne peut constituer un trait de caractère humain. Selon lui, en effet, les personnes méchantes agissent par aveuglement, sans savoir qu’elles font le mal : « Nul n’est méchant volontairement », assure le philosophe dans le Protagoras de Platon. Comment comprendre cette formule étonnante ? Le philosophe précise dans le Ménon que tout le monde désire le bien et que personne ne peut vouloir le mal pour le mal. Le bien est la source de toutes nos actions. Il arrive ainsi que certains commettent le mal malgré eux par ignorance, parce qu’ils ont pris le mal pour le bien ou parce que leur point de vue était mal renseigné : ils ne comprennent pas, par exemple, qu’en se comportant de manière injuste, ils baissent dans leur propre estime, se rendent malheureux et se font du mal à eux-mêmes. Dans ces conditions, ce qu’on prend pour de la méchanceté ne repose finalement que sur un malentendu ou un défaut de connaissance. Être méchant, c’est tout au plus commettre une erreur d’appréciation sur la véritable nature du bien.
*Augustin et “le simple plaisir de faire ce qui était défendu”
Augustin prend cependant l’exact contre-pied de la formule socratique quand il se demande dans La Cité de Dieu : « Nul n’est méchant que par le fait de sa volonté propre. Qui le nie ? » Pour celui qui est considéré comme un saint par les chrétiens, le mal est toujours accompli par un coupable pécheur. Et il sait de quoi il parle, puisqu’il raconte dans les Confessions comment il a volé des poires dans un verger alors qu’il était adolescent, non par gourmandise puisqu’elles n’étaient ni belles ni bonnes et qu’il ne les a pas mangées, mais par volonté de transgression, c’est-à-dire par pure malice : « Ce n’est pas de l’objet convoité par mon larcin, mais du larcin même et du péché que je voulais jouir », écrit-il. Comme il se le reproche des années plus tard, une fois converti au catholicisme, Augustin dit alors avoir éprouvé une étrange volupté à accomplir ce qui était interdit et s’étonne d’avoir aimé sa propre « difformité ». Cette expérience lui a donc permis de découvrir sa propre méchanceté et de s’interroger sur l’origine de ce plaisir pris à commettre le mal.
*Hobbes : l’homme est un (grand méchant) loup pour l’homme
Faire de la méchanceté un problème seulement moral, qui impliquerait un relation entre un individu isolé et des valeurs, ne permet peut-être pas d’en éclairer tous les ressorts. Pour Thomas Hobbes, il faut l’envisager dans sa dimension sociale : la méchanceté est une réaction de défense contre la méchanceté des autres. Peu après avoir repris à son compte l’adage selon lequel « l’homme est un loup pour l’homme », il écrit dans la dédicace de son ouvrage Du citoyen (1642) : « Même les hommes de bien doivent, à cause de la dépravation des méchants et s’ils veulent se protéger, recourir aux vertus guerrières – la force et la ruse – c’est-à-dire à la rapacité des bêtes ». Pour Hobbes, on n’est donc méchant que parce que les autres l’étaient déjà, parce qu’ils ont commencé à l’être avant nous. Mieux : nous nous devons d’être méchants parce que c’est notre seule manière de nous protéger d’une hostilité ambiante qui constitue pour nous une menace permanente – du moins aussi longtemps qu’il n’y a pas un cadre politique qui permette de contenir cette agressivité dans de strictes limites. La méchanceté, en ce sens, est contagieuse, mais être méchant n’est pas naturel ni instinctif : ce n’est qu’une affaire de réponse à une situation donnée.
*Kant : l’être humain a un penchant pour le mal
Pour autant, les humains sont-ils condamnés à faire le mal lorsque la situation semble l’imposer ? Pas nécessairement. Kant a beau écrire, dans La Religion dans les limites de la seule raison (1793), que « l’être humain est méchant par nature », cette nature n’est pas une fatalité pour autant. Chacun dispose en lui d’un certain penchant au mal, c’est-à-dire d’une certaine propension au mal, mais qui coexiste avec une disposition originelle au bien. Cette tension interne peut nous pousser à préférer nos inclinations sensibles, c’est-à-dire la recherche de notre plaisir, à l’obéissance à la loi morale. Mais aussi radical que soit ce penchant pour le mal, il n’est pas l’expression d’une quelconque perversité diabolique qui ferait de nous des êtres foncièrement vicieux ou sadiques, puisqu’il n’est que la conséquence logique de notre faculté à être libres. Même si vous « voulons » le bien, nous restons toujours et irréductiblement libres d’agir autrement, de nous soustraire aux injonctions de la morale et donc de faire le mal. Être méchant, c’est donc plutôt être faible et faillible, conformément à ce que Kant appelle « une fragilité de la nature humaine »
*Frédéric Manzini publié le 20 novembre 2021 - philomag.com/
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*La Journée mondiale de la Philosophie - Jeudi, 15 Novembre 2018
En célébrant la Journée mondiale de la philosophie chaque année, le troisième jeudi de Novembre, l’UNESCO souligne la valeur durable de la philosophie pour le développement de la pensée humaine, pour chaque culture et pour chaque individu. En 2018, la Journée mondiale de la philosophie sera fêtée le 15 novembre.
Cette année, la Journée mondiale de la philosophie sera célébrée le 15 novembre 2018 avec divers événements spéciaux qui se dérouleront du 14 au 17 novembre au siège de l’UNESCO à Paris.
Organisée par le programme de l’UNESCO sur la Gestion des transformations sociales (MOST), la Journée mondiale de la philosophie est une initiative collaborative en faveur de sociétés plus inclusives, tolérantes et pacifiques.
Le programme de cette année s’inscrit dans la lignée du 70e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l’homme, le 15 novembre 2018. Dans ce contexte, les événements de la Journée mondiale de la philosophie souligneront la nécessité d’une nouvelle philosophie dans le monde d’aujourd’hui, encourageront le dialogue sur les liens avec les droits de l’homme et exploreront de nouveaux moyens d’accroître l’accessibilité à l’enseignement et à l’apprentissage philosophiques.
Les principaux événements de cette célébration de trois jours incluent:
• Des conférences sur les nouvelles pratiques philosophiques (NPP), PhiloJeunes (14-15 novembre)
• Un café philosophique (15 novembre)
• La présentation de la Revue international des femmes philosophes (15 novembre)
• Une manifestation spéciale pour présenter les résultats de la numérisation des archives sonores du Collège international de philosophie (15 novembre)
• Des conférences et échanges vidéos en lien avec la philosophie et les droits de l’homme (16 novembre)
• La Nuit de la philosophie (16-17 novembre)
En établissant la Journée mondiale de la philosophie en 2005, la Conférence générale de l’UNESCO a souligné l’importance de cette discipline, en particulier pour les jeunes, en soulignant que «la philosophie est une discipline qui encourage la pensée critique et indépendante et qui est capable de travailler à une meilleure compréhension du monde et de promouvoir la société. la tolérance et la paix « .
En célébrant chaque année la Journée mondiale de la philosophie, le troisième jeudi de novembre, l’UNESCO souligne la valeur durable de la philosophie pour le développement de la pensée humaine, pour chaque culture et pour chaque individu.
L’UNESCO organise la Journée mondiale de la philosophie – mais ne la possède pas. Il appartient à tous, partout dans le monde, qui s’intéresse à la philosophie. Si vous souhaitez que vos événements WPD soient mentionnés sur le site Web de l’UNESCO, il vous suffit d’envoyer de brefs détails à: d.takorabet@unesco.org(link sends e-mail).
**source: unesco.org/
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**Depuis des siècles, la philosophie fait naître de nouveaux concepts, de nouvelles idées et donne naissance à de nouvelles analyses. D’une certaine façon, on peut dire que la philosophie jette des bases d’une pensée critique, indépendante et créative. En outre, elle nous apprend à réfléchir au fait de réfléchir, à remettre sans cesse les faits établis en question, à vérifier les hypothèses et à tirer des conclusions. Selon l’UNESCO, la philosophie offre une base conceptuelle pour les normes et valeurs sur lesquelles repose la paix dans le monde, à savoir la démocratie, les droits humains, la justice et l’égalité.
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* La Journée mondiale de la Philosophie à l’UNESCO
**15e édition des Rencontres internationales sur les Nouvelles pratiques philosophiques
Cette journée est organisée, chaque année, par l’UNESCO. Elle met en avant le rôle que joue la philosophie dans notre quotidien. Elle permet d’avoir une réflexion au près d’un large public. Et d’autant plus dans des pays où la philosophie n’est pas abordée en études supérieures. Cette journée est célébrée le 3ème jeudi de novembre de chaque année.**en 2016, c’est jeudi 16 / 17 novembre. (en 2015 c’était jeudi 19 novembre– en 2012, c’était jeudi 15 novembre)**En célébrant la Journée mondiale de la philosophie chaque année, l’UNESCO souligne la valeur durable de la philosophie pour le développement de la pensée humaine, pour chaque culture et pour chaque individu.
*« Face à la complexité du monde actuel, la réflexion philosophique est d’abord un appel à l’humilité, à la prise de recul et au dialogue raisonné, pour construire ensemble des solutions aux défis qui nous dépassent. Elle est le moyen privilégié de former des citoyens éclairés, prémunis contre la bêtise et les préjugés. Plus les difficultés sont grandes, plus la philosophie est utile pour donner du sens aux questions de la paix et du développement durables. »**-Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO
*********************A l’occasion de la Journée mondiale de la philosophie, l’UNESCO organise la 15e édition des Rencontres internationales sur les Nouvelles Pratiques Philosophiques (NPP) qui constituent un lieu de rendez-vous et d’échange pour tous ceux qui s’intéressent à la pratique de la philosophie sous toutes ses formes y compris les moins traditionnelles. Elles sont l’occasion d’une réflexion sur l’accessibilité de la philosophie au plus grand nombre, en dehors de ses espaces et modes d’expression traditionnels : à l’école primaire, à l’école secondaire, à l’hôpital, en prison, dans les cafés, les universités populaires, les médiathèques, au théâtre, au cinéma, au sein d’entreprises ou d’organisations, etc. Chercheurs, enseignants, praticiens et simples curieux sont tous les bienvenus à participer et partager leurs expériences. Au cours de ces deux jours de Rencontres seront proposés : des démonstrations de pratiques philosophiques avec des enfants, adolescents et adultes, des tables rondes, des ateliers de communication, des ateliers de recherche, un « ciné philo » animé par Ollivier Pourriol, et des stands d’éditeurs.*source: unesco.org/
*****Thèmes 2015 :
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*Apprendre à vivre ensemble
Dans nos sociétés de plus en plus diversifiées, l’UNESCO accomplit chaque jour sa mission humaniste qui est d’accompagner les peuples en vue de mieux se comprendre et d’œuvrer ensemble pour aboutir à une paix durable. L’UNESCO contribue également à permettre aux gens de créer et d’utiliser des connaissancespour construire des sociétés justes et inclusives.
Une paix durable repose néanmoins sur un tissu complexe et fragile de pratiques quotidiennes, qui s’insèrent dans des contextes locaux, et sur le maintien créatif par les individus et les communautés de liens fortuits, dans la conviction que ces liens sont en fait les conditions durables d’un vivre ensemble dans la dignité et la prospérité.
Aujourd’hui, alors que les menaces et les défis nouveaux se multiplient au niveau mondial et nuisent à la cohésion de l’humanité, telles les nouvelles formes d’inégalités, d’exclusion, de violence et de fondamentalisme aggravées par des tensions et des conflits locaux, apprendre à vivre ensemble entre tous les membres de la communauté mondiale représente un enjeu d’une actualité toute particulière.
Les compétences interculturelles ne sont pas innées. Elles s’acquièrent par l’éducation et l’expérience vécue. D’où l’importance cruciale de l’accès à suffisamment des ressources éducatives de qualité, formelles et non formelles, pour acquérir les compétences interculturelles requises afin de réussir sa vie dans toute la complexité et l’hétérogénéité du monde moderne qui est le nôtre.
Ainsi, depuis son Siège et sur le terrain, l’Organisation intervient au quotidien pour aider ses États membres et l’ensemble de ses partenaires à mieux appréhender et relever les défis auxquels sont confrontées nos sociétés de plus en plus diversifiées, notamment à travers le Programme intergouvernemental pour la Gestion des transformations sociales (MOST) et le Programme d’action pour une culture de la paix et de la non-violence (site web en anglais), qui inclut, inter alia, les initiatives en faveur de la démocratie et de la citoyenneté mondiale, du dialogue interculturel, de l’éducation à la paix et aux droits de l’homme, et de laconstruction de la paix.
En outre, tenant compte du fait que le sport ignore les frontières géographiques et les barrières sociales, l’UNESCO encourage le développement et la pratique des activités sportives, et participe activement à la lutte contre le dopage, dans le souci de renforcer l’intégration sociale dans différents contextes culturels et politiques. D’autre part, l’Organisation agit également pour que santé et éducation ne soient le privilège de quelques-uns.
« Il ne suffit pas d’être reliés les uns aux autres. Nous devons aussi partager nos solutions, nos expériences et nos rêves au sein d’une grande communauté cimentée par les droits humains et les libertés fondamentales ».
Irina Bokova, Directrice générale de l’UNESCO
Conférence internationale des Commissions nationales pour l’UNESCO, Vienne (Autriche), 31 mai 2012
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Thème 2014 :
Les transformations sociales et le dialogue interculturel
En proclamant la Journée mondiale de la philosophie en 2005, la Conférence générale de l’Organisation a accentué l’importance de cette discipline, surtout pour les jeunes, et a souligné que « la philosophie est une discipline qui encourage la pensée critique et indépendante, à même d’œuvrer pour une meilleure compréhension du monde et de promouvoir la tolérance et la paix ».
La Conférence générale était persuadée que « l’institutionnalisation de la Journée de la philosophie à l’UNESCO en une Journée mondiale de la philosophie donnerait une reconnaissance et une impulsion forte en faveur de la philosophie, et en particulier en faveur de l’enseignement de la philosophie dans le monde ».
L’UNESCO mène la Journée mondiale de la philosophie – mais ne la possède pas. Cette Journée appartient à tous ceux qui apprécient la philosophie.
En ce jour d’exercice collectif de la réflexion libre, raisonnée et informée sur les défis importants de notre temps, tous les partenaires de l’UNESCO – les gouvernements nationaux, leurs institutions et organisations publiques, incluant les Commissions nationales pour l’UNESCO, les organisations non-gouvernementales pertinentes, les associations, les universités, les instituts, les écoles, les Chaires UNESCO/UNITWIN, les Écoles Associées et les Clubs, etc. – sont encouragés à organiser des activités variées – dialogues philosophiques, discussions, conférences, ateliers, événements culturels et présentations diverses autour du thème général de la Journée avec la participation de philosophes, de scientifiques de toutes les branches des sciences sociales et naturelles, éducateurs, enseignants, étudiants, journalistes et autres représentants des médias et bien sûr du grand public.
En 2013, la Journée se tiendra le jeudi 21 novembre avec l’organisation d’évènements aux niveaux international, national et local. Ils permettront à leurs participants de partager une multitude de vues et d’expériences, en respectant pleinement la diversité culturelle. Cette année, la Journée célèbrera la philosophie en général, et en même temps offrira une occasion de réfléchir sur certains des grands défis contemporains, qui sont liés au thème principal des évènements organisés à l’UNESCO pour la Journée 2013.*.un.org/fr/
****Programmes pour construire la paix
La construction d’une culture de la paix et du développement durable est au cœur même du mandat de l’UNESCO. La formation et la recherche pour le développement durable figurent parmi ses priorités ainsi que l’éducation aux droits de l’homme, les compétences en matière de relations pacifiques, la bonne gouvernance, la prévention des conflits et la consolidation de la paix.
Depuis 1945, l’UNESCO encourage le droit à l’éducation de qualité et l’avancement de la science ainsi que leur application pour développer le savoir et les capacités qui sont la clé du progrès économique et social, et le fondement de la paix et du développement durable.
La coopération internationale est encouragée à travers des programmes sur la gestion des sites transfrontaliers tels que les sites du patrimoine mondial, les réserves de biosphère, les géoparcs et les ressources en eau transfrontalières, ainsi que les programmes tels que L’eau pour la paix, ou Du conflit potentiel au potentiel de coopération (PCCP). L’UNESCO a été désignée par les Nations Unies pour coordonner l’Année internationale de la coopération dans le domaine de l’eau 2013 destinée à promouvoir une coopération plus étroite entre les pays pour répondre à un accroissement de la demande d’accès, de répartition des ressources et de services d’approvisionnement en eau.
Plusieurs projets internationaux établis sous les auspices de l’UNESCO visent à promouvoir la solidarité et la paix au Moyen-Orient grâce à la coopération scientifique. Il s’agit notamment de l’un des instituts de recherche les plus ambitieux au Moyen-Orient, connu sous le nom de SESAME (Centre international de rayonnement synchrotron pour les sciences expérimentales et appliquées au Moyen-Orient) et également de l’Organisation scientifique israélo-palestinienne (IPSO).
S’agissant de science, grâce à son mandat intergouvernemental et sa composition universelle, l’UNESCO a concentré ses activités sur les préoccupations à l’échelle mondiale appelant la collaboration multinationale, telles que les problèmes de gestion des ressources en eau douce, la santé des océans, le changement climatique, les énergies renouvelables, la prévention des catastrophes naturelles, la perte de biodiversité le renforcement des capacités en science, technologie et innovation.
En outre, la connaissance des droits et des libertés est considérée comme un outil fondamental pour garantir le respect des droits de chacun. Le travail de l’UNESCO en matière d’éducation aux droits de l’homme est guidé par le Programme mondial en faveur de l’éducation aux droits de l’homme.
L’UNESCO s’inquiète de la montée du racisme, de la xénophobie et de l’intolérance qui y est associée, et considère que l’éducation est essentielle pour renforcer les fondements de la tolérance, réduire la discrimination et la violence. Lancé le 18 Janvier 2012, le projet « Enseigner le respect pour tous », une initiative conjointe de l’UNESCO, des États-Unis d’Amérique et du Brésil, vise à concevoir un cadre pédagogique que les pays pourront adapter à leurs propres contextes et besoins respectifs afin de lutter contre le racisme et promouvoir la tolérance.(…)
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*Une reflexion sur le monde et la société
Près de 70 pays participent à cette journée, ainsi qu’une centaine de philosophes et de personnalités d’horizons, de langues et de cultures différentes. Une grande variété de thèmes et d’activités sont abordés (tables rondes, conférences, cafés philosophiques, événements artistiques et expositions de livres)…
*Pourquoi ?
Par la philosophie, nous avons un esprit critique sur notre société et nous nous interrogeons sur les problèmes auxquels le monde est confronté. Nous luttons contre toutes les sortes de racismes, d’intolérances, de fondamentalismes… Elle nous confère les outils dont nous avons besoin pour développer une pensée indépendante.*Journee-mondiale.com *
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La pratique de la philosophie est une dynamique qui profite à toute la société. Elle aide à tisser des ponts entre les peuples et les cultures …
Irina Bokova
Directrice générale de l’UNESCO
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**Consulter par ailleurs: graines de sagesse-1
*La méditation stimule le cerveau
* Comment nourrir neuf milliards de Terriens
*la valeur d’un homme ou d’une femme
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Journée mondiale de la philosophie 2012 :
* le théme de cette année: « Les générations futures »
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*Quelques autres Journées internationales
- Journée mondiale du souvenir des victimes des accidents de la route (le troisième dimanche du mois : 18 novembre 2012)
- Semaine internationale de la science et de la paix (6-12 novembre)
- Journée internationale pour la prévention de l’exploitation de l’environnement en temps de guerre et de conflit armé (6 novembre)
- Journée mondiale de la science au service de la paix et du développement (10 novembre)
- Journée mondiale de la pneumonie (12 novembre)
- Journée mondiale du diabète (14 novembre)
- Journée mondiale de la tolérance (16 novembre)
- Journée mondiale de la bronchopneumopathie chronique obstructive (17 novembre)
- Journée de l’industrialisation de l’Afrique (20 novembre)
- Journée mondiale de l’enfance (20 novembre)
- Journée mondiale de la télévision (21 novembre)
- Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes (25 novembre)
- Journée internationale de solidarité avec le peuple palestinien (29 novembre)
************************La philosophie vue autrement
*La philosophie d’un petit dejeuner
Bon tout le monde n’est pas sans connaitre les deux lignes de philosophies qui s ‘opposent quand il s’agit du petit déjeuner….
Il s’agit d une vision complètement différente de voir le monde, et d’appréhender le démarrage de la journée.
Il s ‘agit d’ une pratique presque sectaire, souvent accompagnée de biscuits qui nous suivent depuis l’enfance (la marque hein, pas le paquet).
Alors je te vois, mon cher lecteur, lire ces lignes en te demandant de quoi je peux bien te causer….
Mais prend conscience cher lecteur, qu’a la maison c’est la guerre….
Que pommier et Pépin sont d ‘une philosophie, et que Pepinette et moi sommes d ‘une autre….
ET je suis ô combien fière que ma fille me suive dans cette voie….
Elle, elle me comprend…..
Alors je ne vais pas te faire mariner plus longtemps, cette philosophie de vie qui commence des le petit dej, c ‘est celle du biscuit mou ou pas….
C ‘est la guerre, des…
Trempeurs Vs croqueurs
Alors là tu ris, et tu prend peut être même une vieille grimace digne de tante Bernadette en t’ imaginant le biscuit ramollo porté a ta bouche et t ‘offrant cette texture monstrueuse, limite style prémamachée, qui s’ offre à ta bouche….
Peut être tu t’imagines un petit dej, avec ton thé-chocolat-café, et tes biscuits, et l’interdiction de les tremper dans ta boisson, et tu t’ imagines déjà ce biscuit sec dans ta bouche, limite estoufasse chretiennous…
Alors maintenant tu te demanderas de quel bord je me trouve???
Bein moi je suis du bord mou.
Du coté trempouille joyeuse et marinade de biscuit dans le thé fumant.
Mais ATTENTION!
La trempouille du biscuit est tout un art, il lui faut tremper mais pas trop longtemps, obligatoirement dans une boisson chaude, de façon a ce que le chocolat a l’intérieur du biscuit soit ramollo et fondant… Mais tout l’art est dans le chronométrage… tremper oui, mais pas trop, sinon le biscuit pourrait se défaire sur le court chemin entre la tasse et ma bouche m’offrant un double salto arrière pour atterrir avec un manque de délicatesse intense dans ma tasse fumante, me brûlant et m’éclaboussant au passage….
Dans le cas où je ne mangerais pas le fameux biscuit, je peux accessoirement me venger sur de la biscotte, ou du pain grillé, mais j’ai toujours besoin de tremper, de réchauffer, et de me délecter de la mixture imprégnée de la boisson…
Alors bon, je sais que parmi vous il y aura les trempeurs qui se reconnaîtront, et les croqueurs qui hurleront.
Mais voila… depuis un bon mois, tout les matins, quand ma fille a fini son bib, elle prend un biscuit commence a le mâchouiller, et viens me l’étaler sur ma cuisse, l’index tendu vers ma tasse de thé, de façon a ce que je lui trempe son biscuit dans mon thé.
Alors ce matin, alors qu’elle me demandait d ‘aller dans sa chaise haute pour boire le bibi, je lui ai mis un fond de thé dans un bol , je lui ai donné deux biscuits, et voila ma pepinette d ‘amour heureuse de pouvoir enfin tremper SON biscuit et SON « thé » ( plutôt de l’eau chaude qu’autre chose mais bon)….
ET donc voila comment ma fille s ‘est révélée ce matin comme étant une trempeuse invétérée…
Et comment sa mère peut dire que sur ce point là, la fille ressemble bien a elle!!
Me vient cependant une question…..
Il existe une guerre de biscuits aussi…. une guerre presque séculaire, et étroitement sérrée….
Cette guerre est dans le nombre d’adeptes d’ un célèbre biscuit ou d’un autre…
J’ai nommé, le Petit prince Vs le BN
Nous on est Petit Prince…. et vous??? *source: talent.paperblog.fr– le 08 septembre 2012
**Une minute de philosophie : le petit garçon et les clous
Il était une fois un garçon avec un sale caractère. Un jour son père lui donna un sachet de clous et lui dit d’en planter un dans la barrière du jardin chaque fois qu’il perdrait patience et se disputerait avec quelqu’un.
Le premier jour il en planta 37 dans la barrière. Les semaines suivantes, il apprit à se contrôler et le nombre de clous plantés dans la barrière diminua jour après jour : il avait découvert que c’était plus facile de se contrôler que de planter des clous.
Finalement, arriva un jour où le garçon ne planta aucun clou dans la barrière. Alors il alla voir son père et lui dit que pour ce jour il n’avait planté aucun clou.
Son père lui dit alors d’enlever un clou dans la barrière pour chaque jour où il n’aurait pas perdu patience. Les jours passèrent et finalement le garçon put dire a son père qu’il avait enlevé tous les clous de la barrière. Le père conduisit son fils devant la barrière et lui dit :
« Mon fils, tu t’es bien comporté. Mais regarde tous les trous qu’il y a dans la barrière. Elle ne sera jamais comme avant. Quand tu te disputes avec quelqu’un et que tu lui dis quelque chose de méchant, tu lui laisses une blessure comme celle là. Tu peux planter un couteau dans un homme et après lui retirer, il restera toujours une blessure.
Peu importe combien de fois tu t’excuseras, la blessure restera. Une blessure verbale fait aussi mal qu’une blessure physique. Les amis sont des bijoux rares, ils te font sourire et t’encouragent. Ils sont prêts a t’écouter quand tu en as besoin, ils te soutiennent et t’ouvrent leur cœur. »
(Fable moderne, auteur inconnu)
**Une minute de philosophie : carottes, œuf ou café ?
Une jeune femme rend visite sa mère et lui parle de sa vie et comment elle a de la difficulté à passer à travers chaque journée. Elle ne sait pas comment elle va s’en sortir et elle envisage d’abandonner. Elle est tellement fatiguée de se battre continuellement. Elle a l’impression que lorsqu’un problème est résolu, un nouveau se présente.
Sa mère l’amène à la cuisine. Elle remplit trois casseroles d’eau et les place sur le feu. L’eau se met à bouillir rapidement. Dans la première casserole, la mère ajoute des carottes. Elle met des œufs dans la deuxième casserole et elle met des grains de café moulu dans la troisième. Elle laisse reposer et bouillir, sans dire un mot.
Au bout d’un moment, elle ferme le feu. Elle égoutte les carottes et les place dans un bol. Elle sort les oeufs et les met dans un bol. Finalement, elle vide le café dans un bol. Se tournant vers sa fille, elle demande :
– Dis-moi ce que tu vois ?
– Des carottes, des œufs et du café, répond la fille.
Sa mère lui demande de se rapprocher des carottes. La fille note que les carottes sont molles. La mère lui demande ensuite de prendre un œuf et de briser la coquille, ce que fait la fille. Cette dernière observe alors que l’œuf est dur. Finalement, la mère demande à sa fille de goûter au café. La fille sourit en goûtant à l’arôme riche du café. La fille lui demande ensuite :
– Qu’est-ce que ça signifie, maman ?
Sa mère lui explique que chacun de ces objets a fait face à la même adversité : de l’eau bouillante. Chacun a réagi différemment.
Les carottes sont arrivées fortes et dures. Cependant, après avoir été soumises à l’eau bouillante, elles se sont ramollies et sont devenues faibles. Les œufs étaient fragiles. Leur coquille mince protégeait leur liquide intérieur, mais après avoir passé du temps dans l’eau bouillante, ils sont devenus plus durs à l’intérieur. Les grains de café moulu étaient uniques, quant à eux. Après avoir été soumis à l’eau bouillante, ils ont changé l’eau.
La mère demande à sa fille :
– Lequel es-tu ? Quand l’adversité frappe à ta porte, comment réagis-tu ? Es-tu une carotte, un oeuf ou un grain de café ?
Souviens-toi de ceci : Lequel suis-je ? Suis-je la carotte qui semble forte, mais qui devient molle et perd de sa force devant la douleur et l’adversité ?
Suis-je un œuf qui débute avec un cœur malléable mais qui change quand la situation se réchauffe ? Ai-je un esprit fluide, mais après un décès, une rupture, une difficulté financière ou un autre défi, suis-je devenu plus dur et fermé ? Et si ma coquille ressemble à toutes les autres, du côté intérieur, suis-je amer et dur avec un esprit rigide et un cœur de pierre ?
Ou suis-je un grain de café ? Le grain, en fait, change l’eau chaude, la circonstance qui amène la douleur. Lorsque l’eau devient chaude, il relâche sa fragrance et sa saveur. Si tu es comme le grain de café, quand les choses semblent être les pires, tu deviens meilleur et tu changes la situation autour de toi.
Quand les temps semblent les plus sombres et que les difficultés sont les plus grandes, est-ce que tu t’élèves à un autre niveau ? Comment gères-tu l’adversité ? Es-tu une carotte, un œuf ou un grain de café ?
Soyons tous des grains de café !
*source: talent.paperblog.fr– le 11 octobre 2012
**la routine
La routine, dans une vie de couple, est le point noir qu’on redoute souvent de voir arriver. C’est le sujet phare des magazines féminins qui trouvent, chaque mois, dix nouvelles manières de ne pas laisser cette biatch s’installer. On la prend comme une sorte d’ennemie, une intruse à abattre, alors qu’elle peut finalement être caractéristique d’une relation plutôt belle, voire enviable. Bref, la routine, elle est presque hypocrite, vous voyez, elle a une double-face.
Nous allons commencer par sa jolie face, histoire de finir par la mauvaise et de casser le moral de tout le monde.
Oui, à mes yeux, la routine a un bon côté. Quand la routine commence un jour à s’immiscer dans votre couple, cela ne peut-il pas être vu comme un bon signe ? Certes, c’était génial quand on faisait l’amour tous les jours, dans des endroits sympa, qu’on oubliait presque la dernière fois qu’on l’avait fait dans un vrai lit bien douillet. Certes, c’était génial quand on s’envoyait tellement de textos que sans les forfaits illimités, on aurait fini complètement sur la paille, à devoir vendre notre mère pour pouvoir se payer un bout de pain. Certes, les conversations coquines sur MSN donnaient des guillis dans le bide, et ça libérait une armée de papillons qui chatouillent dans les parties intimes. Certes, sortir à chaque fois qu’on se voit, ne jamais s’ennuyer, avoir toujours un truc de prévu ensemble, c’est signe d’un couple vivant.
Mais pourquoi, lorsque cela s’épuise, ne peut-on pas en voir les bons côtés ? A mes yeux, lorsque tout devient plus calme, plus raisonnable, et qu’on continue quand même à avoir du plaisir à être ensemble, c’est qu’on a passé une sorte d’étape (en tout cas, dans mon couple). L’étape du « pas besoin de retourner le monde, pour que notre couple en vaille la peine ». Finalement, je trouve que mon couple a davantage de valeur à présent que tout est plus calme, même si ça n’est pas agréable tous les jours, plutôt qu’à nos premiers pas, lorsqu’on était timides, passionnées, toujours en mouvement, et surtout, qu’on était encore dans une étape de notre relation où un rien pouvait tout gâcher, nous faire dire que ce n’était pas la peine de continuer, qu’on était peut-être pas faits pour être ensemble. C’est vrai, non ? Je me sens davantage en sécurité maintenant, qu’au début. Maintenant, même quand on reste chez moi à regarder les Simpson en bouffant du fromage à tartiner, en glandant sur WOW, et en regardant film après film, je sais que ce manque de renouvellement ne nous est pas forcément toxique, qu’il nous fait du bien, et nous entoure d’une sorte de bulle dans laquelle nous sommes sûrs de nous aimer, vu que c’est une routine que NOUS avons installé, selon nos goûts, et non qui s’est infiltrée sans notre accord. Après tout, si notre routine c’était de regarder le foot tous les vendredis, ça me ferait davantage chier qu’une routine faite à base de choses qu’on aime à deux.
Alors voilà, la routine, je lui pisse pas complètement dessus, parce que si elle est là, c’est forcément qu’on l’a laissé s’installer, et qu’on a décidé ensemble, inconsciemment, de quoi elle serait faite.
Lorsque j’ai compris que nous étions rentrés dans une routine, je ne vais pas être hypocrite, je n’ai ressenti aucune once de bonheur ou un quelconque bien-être. J’ai juste réfléchi, et je me suis dit, qu’une routine en amoureux, c’était beaucoup plus enviable qu’un couple qui se déchire, qui n’est pas sûr de passer le mois et qui est composé de deux personnes qui ne se connaissent pas encore très bien.
La routine est une étape à passer, le genre d’étape qui, si vous la franchissez avec succès, sans tout foutre par terre, promet peut-être de faire durer votre couple encore un petit bout de temps. Et puis, de notre côté, nous continuons toujours à prévoir des sorties (DISNEYLAAAND… Merde, j’oubliais que mon copain est un rabbat-joie, tsss), mais plus modérement, pour savoir en profiter. Parce que c’est tellement beau, de profiter. De savourer chaque minute de nos si beaux moments… Oui, nous n’avons pas de sous donc techniquement, ce n’est pas QUE pour ça que nous limitons nos sorties. Mais c’est tellement beau, d’y croire… (j’arrête, promis).
Mais, parce qu’on est pas non plus des gros lapins blancs sans un gramme de pensée négative, il faut avouer que la routine, elle peut aussi se montrer trèèès vilaine. Vilaine dans le sens où si tu la croises en chair et en os, vaut mieux pas que t’aies un couteau à la main. Après tout, elle nous met à l’épreuve, pour voir si nous pouvons continuer à être ensemble. Si on s’en sort bien, c’est parfait, mais il n’empêche que OUI, elle nous met à l’épreuve, quand même. Une épreuve pas toujours facile à supporter, et ce pour plusieurs raisons plus ou moins évidentes. Premièrement, parfois, on finit par s’ennuyer, c’est un fait et on ne va pas s’en cacher. Même si c’est un plaisir d’être ensemble, et de se contenter de ça, un être humain est également conçu pour être en mouvement, pour bouger, pour découvrir de nouvelles choses. Et lorsqu’on finit par voir toujours les mêmes choses, on a beau y prendre toujours un minimum de plaisir, l’envie d’en explorer de nouvelles s’impose à nous. Oui, ça s’impose, parfois. Et pour y parvenir, nous sommes obligés de casser la routine. Comme quoi, si s’adonner à de nouvelles choses revient à « casser la routine », c’est qu’elle n’est pas toujours si bénéfique que ça.
Ensuite, le problème qui découle de tout ça, c’est que ce que nous avons besoin de découvrir pour sortir de notre petit cocon sans nouveauté est parfois en contradiction avec notre vie actuelle. Par exemple, il arrive qu’un être humain normal puisse avoir envie, non pas de découvrir de nouvelles choses, mais aussi de nouvelles personnes, rien que pour voir ce que ça fait, pour se souvenir des débuts de relation enflammés, de cette sensation d’être désiré, et cette petite peur au ventre qu’on a, parce qu’on est dans un lien humain avec une autre personne, qui se peut se briser à tout moment. Pour être plus explicite : on veut revivre ce qu’on a vécu au début avec la personne qu’on aime. Sauf que la personne qu’on aime n’a pas toujours envie de faire cet effort. Alors, de mauvaises idées viennent, la frustration tisse sa foutue toile tout doucement. Parce que quand « casser la routine » revient à faire quelque chose que l’on considère comme mauvais, plus l’on se retient d’y penser, plus le désir de nous enfuir et de passer à l’acte nous obsède. J’ai souvent été à deux doigts d’aller voir ailleurs, pour découvrir de nouveaux hommes, répondre à leur désir, voir si je pouvais plaire à un autre homme que le seul et l’unique étant tombé amoureux de moi. Plus je me retenais, plus j’en avais envie. Je voyais notre routine comme un frein, comme l’obstacle qui m’empêchait de sauter le pas, et je lui en voulais d’exister. J’ai eu de la chance, finalement. Afin de me sortir de cette sorte de sentiment de merde très dangereux, j’ai dû me rapprocher très près de mon but, pour comprendre que je n’en avais pas envie. C’était un pari risqué. Mais je suis revenue à ma routine avec plaisir, lorsque j’ai compris que j’avais failli faire quelque chose de mal, que j’aurais forcément regretté par la suite, et qui ne m’aurait jamais rien apporté de bon. Et, rien qu’en avoir eu envie à ce point a cassé ma routine, et m’a permis de la retrouver ensuite avec soulagement. Oui, j’ai pris la routine comme une vieille amie que j’aurais revu avec grand plaisir, comme un bon pote à qui taper dans le dos en disant « ça fait un bail, ma poule ». N’empêche qu’on voit où elle a failli me mener, hein… (je décline toute responsabilité, c’est sa faute, pas la mienne.)
Voilà. Cette jolie madame qu’est la routine, le train-train, n’a rien d’une fatalité, et surtout, elle n’a rien non plus d’un concept très défini. A chacun de la prendre à sa manière, de la combattre ou de l’accepter telle qu’elle est. Ou, dans des termes plus explicites : de lui maraver sa gueule, ou de la prendre tranquillou.
Votre avis ? On lui crève les yeux à cette scrogneugneu de routine ou quoi ?
(en relisant mon article, je me fais l’effet des monologues de Meredith dans Grey’s Anatomy… Quand j’ai écrit cet article, je pense que j’avais le cerveau rendu en purée par toutes les séries bien cuculs dont je me nourris.)
*source: talent.paperblog.fr–le 13 novembre 2012
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La deuxième édition des Journées internationales de philosophie d’Alger–les 11 et 12 mars 2017
**Le beau en débat
La deuxième édition des Journées internationales de philosophie d’Alger (JIPA) se dérouleront les 11 et 12 mars 2017 à l’Institut français d’Alger. Les débats s’articuleront autour du thème du «beau ». « Nous sommes constamment à la recherche de choses utiles qui nous rendent la vie plus facile : une maison pour s’abriter, une chaise pour s’asseoir, une route pour passer…Pourtant, nous ne nous satisfaisons pas de l’aspect pratique de ces choses. Nous voulons que la maison qui nous abrite, la chaise sur laquelle nous sommes assis et la route par laquelle nous passons soient belles », a souligné Razika Adnani, présidente fondatrice des Journées Internationales de Philosophie d’Alger, dans la présentation de l’évènement.
Elle s’est posée une série de questions : « Est-ce à dire que nous ayons besoin du beau? Si c’est le cas comment expliquer que chez certains, tout comme dans certaines cultures, l’utile soit satisfaisant ? Le besoin du beau n’est-il pas naturel ? ». Les débats prévus à Alger vont donc aborder la question de la relation entre le beau et l’art, l’art et la civilisation et la place du beau dans la vie de tous les jours. « Deux jours durant, des artistes, des architectes et des philosophes animeront des conférences et des débats autour de ce thème aussi passionnant que captivant », a estimé Razika Adnani qui est philosophe et islamologue.
Bencherki Benmeziane, professeur de philosophie à l’université d’Oran, va aborder la thématique du « beau et la question du vivre ensemble ». « Le renversement de la métaphysique Kantienne au XXème siècle a fait qu’à partir d’Heidegger, plusieurs philosophes, comme E.Cassirer (philosophe suédois), ont mis en exergue la valeur du symbolique qui a permis aux expressions artistiques (arts, symboles, rites, etc) de s’amplifier et au beau de s’identifier par rapport aux spécificités des nations», a expliqué l’universitaire dans le résumé de sa conférence.
Nadira Laggoune, qui enseigne à l’Ecole supérieure des beaux-arts d’Alger, analysera « la beauté et la laideur de l’art public ». « En nous appuyant sur le corpus d’œuvres visibles dans l’espace public (fresques, statues, monuments) nous tenterons de comprendre comment à travers les sujets, l’iconographie, les auteurs et les lieux, sont transmises certaines valeurs esthétiques et images de nous-mêmes, de notre histoire et nos imaginaires et en quoi consiste leur capacité d’identifications et de projection », a relevé Nadira Laggoune. L’universitaire tunisienne Rachida Triki se pose, elle, une question qui paraît simple : « peut-on encore parler du beau en art ? ».
« Historiquement, le Beau a été considéré comme la norme esthétique. Les autres valeurs aujourd’hui reconnues comme valeurs esthétiques étaient considérées comme des modalités ou encore des dégénérescences du beau. Cette conception, initiée par Platon, a donné lieu, à travers son accommodation à différentes conceptions de l’art classique et même moderne, à un statut du « beau » intermédiaire entre le sensible et le suprasensible mais en gardant toujours le primat de la forme sur la matière », a analysé Rachida Triki qui est présidente de l’Association tunisienne d’esthétique et de poïétique.
Antoine Arjakovsky, directeur de recherche au Collège des Bernardins à Paris,reviendra sur la quête du sacré dans l’art moderne à partir des œuvres de l’allemand Vassily Kandinsky et du russe Serge Boulgakov. Vassily Kandinsky, qui était peintre, poète et dramaturge, est l’un de pionniers de l’art abstrait. On lui doit la célèbre phrase : « l’art fuit devant le « il faut » comme le jour devant la nuit ». Youcef Chennaoui, directeur de recherches à l’Ecole polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger(EPAU), évoquera le principe de « Venustas » (beauté), l’un des trois sur lesquels s’appuie l’architecture. Les deux autres sont : Firmitas (solidité) et Utilitas (commodité).
« A partir du XXème siècle, pour chaque courant stylistique, « Le beau » sera perçu différemment. « Et chez nous en Algérie ? La crise de l’architecture fut déterminée tantôt par une adaptation passéiste des stéréotypes stylistiques, tantôt engendrée par une importation de modèles occidentaux », a souligné l’universitaire. Les débats seront modérés par Lazhari Labter et Youcef Saïah. La philosophe-praticienne française Isabelle Millon animera trois ateliers destinés au jeune public (8-16 ans). Les enfants devront répondre à trois questions : « Aimez-vous le beau ? Pourquoi ? », « Quand pouvez-vous dire qu’une chose ou qu’une personne est belle » ?, «La beauté est-elle dans le regard et dans l’objet regardé ».
Isabelle Million est directrice de l’Institut de pratiques philosophiques de Paris. « Les Journées Internationales de Philosophie d’Alger n’oublient pas les enfants. Convaincues que l’esprit, tout comme le corps, a besoin de s’habituer dès l’enfance aux bonnes manières qui créent en lui l’aptitude à s’interroger indispensable à toute vivacité de la pensée, elles ont prévu des ateliers philosophiques pour enfants, a indiqué Razika Adnani. Les premières JIPA, pour rappel, ont débattu le thème de «Autrui ». *Fayçal Métaoui / el watan / 07 mars 2017
***Clôture des Journées Internationales de Philosophie d’Alger
Cette beauté cachée
Les deuxièmes Journées internationales de philosophie d’Algérie ont pris fin dimanche. Un espace qui aura été un cadre de référence et de réflexion.
Razika Adnani, écrivaine, philosophe et islamologue, a organisé la deuxième édition des Journées internationales de philosophie d’Alger, les 11 et 12 mars 2017, au niveau de l’Institut français d’Alger. De nombreux intervenants, des professeurs de différentes spécialités, y ont abordé le thème «Le beau».
Beaucoup de questions ont été posées, telles que la question de la beauté et de la laideur de l’art, la place de la beauté en architecture en Algérie, le beau dans l’art moderne, le jugement esthétique, le beau et la question du vivre-ensemble, la quête du sacré dans l’art moderne, le beau et l’utile, le sens esthétique et sa relation avec la culture et bien d’autres questions encore, auxquelles tenteront de répondre les professeurs invités.
Parallèlement à ces débats réservés aux adultes, un programme d’ateliers d’initiation à la philosophie ont été prévus pour les enfants, et ce, pour la première fois en Algérie. Trois ateliers ont été programmés dans lesquels les enfants eux aussi ont questionné le beau : «Aimez-vous le beau ? Pourquoi ?
Quand pouvez-vous dire qu’une chose ou une personne est belle ? La beauté est-elle dans le regard ou dans l’objet regardé ?» Ils ont été animés par Mme Isabelle Million, philosophe-praticienne spécialisée en philosophie pour enfants. Pour Razika Adnani, l’objectif des Journées internationales de philosophie d’Alger est d’offrir, non seulement aux professionnels, mais aussi à tout passionné de la connaissance et du débat, un espace de temps consacré au questionnement, à la réflexion et à l’argumentation.
«Les Algériens ont soif de savoir et de débats philosophiques. Le beau est un thème très ancré dans la pensée philosophique. Nous avons discuté du beau et de l’art. En Algérie, poser la question du beau s’impose. Pourquoi le beau est si absent dans l’environnement algérien. Nous avons débattu de l’architecture (à travers la conférence de Youcef Chennaoui, directeur de recherches à l’Ecole polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger, EPAU). Des modèles nous ont été présentés.
Ils sont beaux, mais ce n’est pas le cas du reste que nous voyons en Algérie. Où est le beau des objets ? Je ne parle pas du beau des œuvres d’art, qui exigent une culture et un savoir. J’évoque le beau quotidien ou le beau du quotidien. Pourquoi nous n’avons pas de fleurs sur nos balcons, des espaces verts, des trottoirs bien faits, des maisons bien peintes ? Avons-nous un problème avec le beau ? Et où se situe ce problème ?» soutiendra Razika Adnani. Pour faire profiter le plus grand nombre, le débat traverse la Méditerranée, le temps d’un après-midi, le 18 mars prochain : les Journées internationales de philosophie d’Alger à Paris, au siège de Berbère télévision.*el watan / mardi 14 mars 2017
****Razika Adnani. Présidente des Journées internationales de philosophie d’Alger
«En Algérie, la philosophie a du mal à trouver sa place»
Razika Adnani est fondatrice et présidente des Journées internationales de philosophie d’Alger, dont la deuxième édition s’est déroulée samedi et dimanche à l’Institut français d’Alger.
Le thème choisi, cette année, pour cette manifestation, la seule consacrée à la philosophie en Algérie, est «Le beau». Razika Adnani est islamologue et philosophe. Elle est notamment auteure des essais Le blocage de la raison dans la pensée musulmane est-il bénéfique ou maléfique à l’islam ? (paru au Maroc) et de La nécessaire réconciliation (sur la relation à l’autre) qui a été édité à Alger.
Vous organisez les Journées internationales de philosophie d’Alger. Question simple: pourquoi ces journées ?
Nous organisons ces journées pour redonner à la philosophie sa place dans la société algérienne. Je pense que nous vivons une époque, où on doit s’intéresser à la philosophie et à ses analyses. La philosophie doit nous dire, elle aussi, ce qu’elle pense des problèmes que nous vivons aujourd’hui en Algérie et dans le monde. En Algérie, la philosophie est en retrait. Elle reste loin des questionnements que l’Algérien se pose. Il est important qu’elle retrouve sa place. Elle a beaucoup de choses à nous dire. Les Algériens ont soif de savoir et de débats philosophiques.
Pourquoi la philosophie est-elle marginalisée en Algérie ?
On entend rarement parler de philosophie en Algérie. Nous connaissons la philosophie à l’université, au lycée. Sortis du lycée et de l’université, la philosophie, c’est fini ! La philosophie devient alors du bavardage inutile. Aujourd’hui, il faut réhabiliter la philosophie. Elle est passée par une histoire qui a fait qu’elle soit assimilée à des choses plutôt négatives. Un peuple qui ne philosophe pas, comme dit Descartes, est un peuple qui ne peut pas voir les belles couleurs des choses.
La marginalisation de la philosophie est-elle liée à des considérations religieuses ?
Cela est lié à l’histoire de la pensée musulmane. Cette pensée était très riche dans le domaine de la philosophie jusqu’au XIIe et XIIIe siècles. Il y a eu un divorce entre la pensée musulmane et la philosophie. Le théologien et fakih, Ahmed Ibn Taymiya, a dit qu’il n’existait pas de philosophie en islam. Cela est resté dans la conscience profonde des musulmans. Aujourd’hui, il faut qu’on sache que l’être humain est naturellement philosophe. On ne peut pas l’amputer de ce besoin de philosopher.
La marginalisation de la philosophie n’est-elle pas liée également à l’enseignement supérieur ?
A l’université algérienne, la philosophie est présente comme dans les autres pays. Il y a des instituts de philosophie dans beaucoup de villes algériennes. On ne se plaint pas sur ce plan-là. Ce n’est qu’après que le problème se pose. Une fois qu’on sort de l’université, on ne parle plus de philosophie.
La faute n’incombe-t-elle pas aussi aux philosophes ?
Si. Chez nous, les philosophes préfèrent se présenter plus en tant que penseurs que philosophes. Très rares sont ceux qui assument cette qualité. Il faut se présenter comme philosophes et dire que la philosophie existe.
Cette année, vous avez retenu le thème du «beau» pour les 2es Journées internationales de philosophie d’Alger. Pourquoi ce thème ?
Le beau est un thème très ancré dans la pensée philosophique. Nous avons discuté du beau et de l’art. En Algérie, poser la question du beau s’impose. C’est une question importante. Pourquoi le beau est si absent dans l’environnement algérien ? Nous avons débattu de l’architecture (à travers la conférence de Youcef Chennaoui, directeur de recherche à l’Ecole polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger, EPAU). Des modèles nous ont été présentés. Ils sont beaux, mais ce n’est pas le cas du reste que nous voyons en Algérie.
Où est le beau des objets ? Je ne parle pas du beau des œuvres d’art, qui exigent une culture et un savoir. J’évoque le beau quotidien ou le beau du quotidien. Pourquoi nous n’avons pas de fleurs sur nos balcons, des espaces verts, des trottoirs bien faits, des maisons bien peintes ?
Avons-nous un problème avec le beau ? Et où se situe ce problème ?L’évacuation du beau n’est-elle pas la conséquence de la domination de la culture de l’utilité sur celle de l’esthétique ?
Oui, je me pose cette question. Est-ce que l’utilité ne l’emporte-t-elle pas sur le beau ? Certains algériens croient que l’utilité passe avant le beau. Pour moi, les philosophes sont responsables de cette représentation du beau. Il y a toute une culture. Il y a aussi l’attitude de l’individu lui-même, comment il voit le beau…
Pourquoi les philosophes algériens n’écrivent-ils pas beaucoup, publient peu d’ouvrages, animent peu de conférences ?
En Algérie, la philosophie a du mal à trouver sa place. Il y a quelques écrits, mais on est loin de ce qui se fait ailleurs. Il faut que ceux qui ont fait des études et des recherches en philosophie se présentent, se mettent en avant, cassent les tabous pour espérer quelque chose dans le futur. Les responsabilités sont partagées. Il y a plusieurs facteurs.
L’université fait son travail, mais ce n’est pas suffisant. Lors des premières Journées internationales de philosophie d’Alger (en 2016), j’ai remarqué l’absence des étudiants. Je suis allée à l’université de Bouzaréah à Alger.
J’ai posé la question sur la non-présence des étudiants aux Journées. La réponse était que les étudiants ne s’intéressent pas beaucoup aux débats philosophiques ! C’est tout de même étonnant. Je voulais tellement rencontrer ces étudiants pour débattre avec eux.
Malheureusement, je n’ai pas eu la chance de les rencontrer. Mais, je rêve d’aller à l’université et aux écoles parler de l’intérêt qui doit être porté à la philosophie aux étudiants et aux enfants. C’est pour cette raison que nous avons organisé cette année des ateliers de philosophie pour le jeune public (8-16 ans). L’esprit comme le corps a besoin de s’habituer à des actions intellectuelles qu’il faut acquérir dès l’enfance. *Fayçal Métaoui / el watan / 13 mars 2017
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Premières journées de philosophie d’Alger :
Philosopher ou ne pas philosopher, telle est la question
L’estrade du palais de la Culture Moufdi Zakaria a vu ainsi se succéder une pléthore d’universitaires et pas des moindres, acerbes critiques envers le «système» évoluant autour de Razika Adnani, la «présidente fondatrice» de l’événement. Sociologues, linguistes et islamologues ont tenté l’exercice de «rendre la raison au peuple» dans la pure tradition des universités populaires dont l’organisatrice est issue.
Lazhari Labter. Editeur : Il faut réhabiliter la philosophie dès le jeune âge
Quelle est l’importance de ces journées philosophiques ?
L’importance réside d’abord dans la discipline elle-même. Car la philosophie a été mise sous le boisseau depuis longtemps, que cela soit dans le système éducatif ou dans la société en général.
On ne se pose pratiquement plus de questions parce qu’il y a réponse à tout dans les textes sacrés, pense-t-on. Tout fonctionne aujourd’hui dans cette société par la dichotomie Haram/Hallal, permis ou pas permis. Plus de questions à poser. Même pas celles qui interpellent le monde entier, comme par exemple le don d’organes.
Ça c’est un sujet philosophique. Le corps de l’être humain étant ce qu’il est, est-il permis ou pas de faire don de ses organes pour sauver des vies ? D’autres questions agitent aussi la société telles : l’identité, le devenir autour de l’environnement et autres. Toutes ces interrogations méritent d’être traitées en profondeur et du point de vue philosophique.
Ensuite, l’importance de cet événement tient du thème lui-même: autrui. Je crois que nous avons, nous les Algériens, un rapport assez complexe avec autrui. D’abord envers l’étranger. L’autre, c’est aussi nous-mêmes.
Dans ce pays, il y a une diversité de couleurs, de religion, d’identité, d’approche. Mais souvent on essaye de cacher cela en tentant d’uniformiser ce peuple. Le genre aussi pose problème.
Ce rapport aux femmes, qui est de plus en plus complexe et tendu. Malheureusement, nous n’avons pas rencontré d’intérêt de la part des éditeurs algériens aux publications philosophiques.
Je connais une seule éditrice et éditeur qui font ce travail de réhabilitation de la philosophie. Une discipline qui était pourtant au summum de la civilisation musulmane ; je pense à notre amie Assia Moussa et Bachir Mefti des éditions El Ikhtilaf. Mais en dehors d’eux, c’est le désert.
Est-ce que ce sont les éditeurs qui ne jouent pas le jeu, ou y a-t-il un problème de production et de marché ?
En fait, c’est les deux en même temps. Je crois que les éditeurs ne sont pas conscients de l’importance de cette discipline, de cette réflexion et de l’esprit critique. Il y a aussi le fait que dans ce pays, malheureusement, nous n’ayons pas de philosophes. On confond souvent entre professeur de philo et philosophe.
Ce dernier est quelqu’un qui réfléchit, crée des concepts, interpelle sa société, vit dans sa société. Un philosophe, c’est quelqu’un qui fonde un système de pensée, je pense à Socrate, mais aussi à Sartre, à El Farabi, Ar-Razi et Ibn Sina.
Nous n’avons pas ce genre de philosophes en Algérie ou dans le monde arabe, sauf quelques-uns comme Ali Harb au Liban.
La dévalorisation de tout ce qui est sciences humaines n’est-elle pas à l’origine de cette défaillance ? N’est-ce pas volontaire et prémédité ?
Les différents pouvoirs qui se sont succédé dans ce pays jusqu’à aujourd’hui ont tout fait pour éliminer tout ce qui touche à l’esprit critique.
En 1972, j’ai passé entièrement mon bac en arabe, y compris la philo. Mais quelle philosophie ? Autant j’avais commencé à avoir les rudiments en seconde et première avec de vrais professeurs qui n’hésitaient pas à nous enseigner Descartes, Sartre et qui nous donnaient des dissertations sur des sujets qui paraissent aujourd’hui comme tabous, autant quand je suis arrivé en terminale je me suis retrouvé face au livre d’El Yacoubi. ça a déformé des générations d’Algériens.
Pour El Yacoubi, la philosophie c’est la conscience, la mémoire. On apprend aux élèves de manière scolaire et scolastique, mais sans réflexion philosophique. Plus de référence à l’esprit critique, plus de référence à Descartes, à Althusser, à Freud, ni aux philosophes, y compris ceux arabes et musulmans.
L’arabisation qui est intervenue de manière brutale dans des disciplines comme la sociologie et la psychologie a été faite pour mettre sous le boisseau toutes les spécialités, qui hors de la religion et des sciences dures permettaient la réflexion.
Résultat des courses : au bout de deux générations, on a créé des monstres. Des personnes qui ne réfléchissent pas et disent : «Si tu n’es pas dans le Hallal, tu es dans le Haram. Et dans le Haram tu es mort.» Voilà comment les jeunes réfléchissent aujourd’hui.
Cela nous a mené vers une impasse et la destruction des valeurs…
Cela nous a mené, avant l’impasse, à une guerre atroce qui a fait 200 000 morts. ça a donné Daech et Boko Haram aujourd’hui qui secouent le monde. Et ça peut aussi donner ailleurs l’extrême droite, comme en Europe.
Donc, ce refus de la pensée est universel…
Forcément, quand on tue l’esprit critique dans un pays ou dans un autre il va finir par resurgir sous d’autres formes.
Que faire alors ? Commencer par le système éducatif ?
On doit d’abord cibler les enfants. C’est comme la lecture. On ne peut pas demander à quelqu’un qui a 20 ans de s’intéresser à la lecture. On doit lui inculquer ce «vice impuni» dès qu’il a 5 ou 6 ans, après c’est trop tard. Dans certains pays, des éditeurs sont carrément spécialisés dans des livres de philo destinés aux enfants, comme Oscar Brenifier.
Ces œuvres s’intéressent à des questions philosophiques, mais comme dans des livres de jeunesse avec des mots très simples. Je pense qu’il faut réhabiliter la philosophie dès le jeune âge et apprendre aux enfants à s’interroger sur leur vie, leur devenir, leur rapport à l’autre etc.
L’école a un rôle fondamental. Je dis que si on commence aujourd’hui, dans 50 ans nous verrons les résultats tant le mal dans notre société est profond.*Samir Azzoug/ el watan / 21 octobre 2015
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Razika Adnani. Présidente des Journées nationales de philosophie d’Alger
Le terme philosophie lui-même fait peur
Comment vous est venue l’idée d’organiser les Journées de philosophie d’Alger ?
Au départ, j’étais professeur de philosophie, j’ai quitté l’enseignement et du coup la philosophie me manquait terriblement. Même si j’écris encore dans la discipline, j’avais besoin du contact avec le public, discuter, échanger avec les Algériens et recréer un petit peu ma classe.
Est-ce facile d’organiser un événement consacré à la philo ?
Non, et c’est parce que la philo n’a pas sa place dans la société algérienne que j’ai décidé d’organiser ces journées. Le terme philosophie lui-même fait peur. J’ai envie d’ôter ce tabou et de présenter la philosophie comme quelque chose d’utile et nécessaire.
La philo est capitale, car elle doit répondre aux questionnements de l’individu.
Nous sommes dans une époque où on ne peut pas se passer des analyses de ces penseurs. Il faut d’abord que le terme philosophie soit présent pour décomplexer les gens et ensuite revenir à la pensée, à l’esprit critique et à l’art d’argumenter.
Au départ, la culture musulmane s’est beaucoup intéressée à la philosophie et nous a transmis un héritage très intéressant. Nous avons dans la pensée musulmane des penseurs et des philosophes de très haut niveau comme Ibn Sina, El Farabi, Ibn Rochd, El Ghazali est bien d’autres, même si nous ne sommes pas toujours d’accord avec tout ce qu’ils disent. Mais évidemment après il y a eu un courant qui a dit «stop» parce qu’il a eu peur de l’esprit critique. Et l’absence de cet esprit-là a fait du tort à l’islam lui-même.
Existe-t-il des travaux de recherche et des efforts de pensées de valeur ?
Dans notre pays, la philosophie est absente. Elle n’existe pas. Dans notre culture, même si on veut parler d’un philosophe, on dit penseur. Pour éviter le terme philosophe. Et moi, je veux que le mot trouve sa place, qu’on l’utilise. Je veux casser un peu ce tabou qui est un complexe historique et culturel. Et c’est ancré en nous.*Samir Azzoug/ el watan / 21 octobre 2015
***Un ovni dans le désert intellectuel
Notion philosophique et personnages haut en couleur ont donc disserté sur le thème d’«Autrui». Il faut dire que le tonitruant socio-linguiste Mohamed Lakhdar Mougal, comme l’islamologue polémiste Saïd Djabelkhir sont autant d’ovnis intellectuels dans notre espace médiatique et dont l’apport cérébral serait salutaire en ces temps de morbidité intellectuelle.
Mais si le premier a finalement laissé l’audience sur sa faim, le dernier fut incontestablement l’outsider de cette rencontre – mais malencontreusement en l’absence de ses pairs - dont la majorité avait quitté la rencontre avant la fin des travaux, probablement déçue par l’absence du public et de l’annulation «paradoxale» de la table ronde qui était prévue en marge des conférences.
L’estrade du palais de la Culture Moufdi Zakaria a vu ainsi se succéder une pléthore d’universitaires et pas des moindres, acerbes critiques envers le «système» évoluant autour de Razika Adnani, la «présidente fondatrice» de l’événement. Sociologues, linguistes et islamologues ont tenté l’exercice de «rendre la raison au peuple» dans la pure tradition des universités populaires dont l’organisatrice est issue.
Peine perdue ? Pourtant, d’aucuns estiment les JPA à leur juste valeur comme «une louable reviviscence des rencontres philosophiques devant la démission des élites universitaires locales» et saluent la laborieuse initiative de Razika Adnani, une ancienne professeure de philosophie pour les élèves des lycées, démissionnaire de l’Education nationale pour se consacrer à l’écriture et la recherche.
Après le franc succès de son manuel parascolaire El Kafi fi el Falssafa (Le suffisant en philosophie) à l’adresse des élèves des lycées sur l’art de disserter, Mme Adnani ose franchir le pas vers La Philosophie de haut vol avec son ouvrage Le blocage de la raison dans la pensée musulmane, édité au Maroc et qui lui ouvre la porte de l’école du plus célèbre philosophe de France, celui dont on ne prononce pas le nom :
Michel Onfray ! le philosophe démissionnaire de l’Education nationale française qui défraie la chronique hexagonale. Manifestement aguerrie sous les auspices de l’université populaire de Caen dirigée par Onfray, Razika Adnani semble capitaliser son expérience d’intervenante dans cette sorte de contre-université où l’on dispense gratuitement des cours entre café littéraire et enseignement non diplômant, «mais en toute liberté de pensée s’il vous plaît» pour asseoir une autre contre-tradition qui consiste à faire «sortir la philosophie algérienne des cercles universitaires étriqués», ambitionne-elle.*Mohamed Staifi / el watan / 21 octobre 2015
***Mohamed Moulfi. Professeur de philosophie à l’Université Oran 2, membre de l’Internationale Hegel-Gesellschafte
Les gens ne pensent pas
Y a-t-il une place pour la philosophie à l’université algérienne ? Est-ce que ça y «philosophe» encore ?
Oui, je crois. De toutes les manières, institutionnellement, il existe des départements de philosophie où se dispense un enseignement. Je ne dirais pas un enseignement de qualité partout, mais il doit y avoir des centres d’excellence dans les grandes villes. Seulement, le fait de multiplier ces centres a fait qu’on a dispersé les énergies. Il aurait fallu peut-être créer trois ou quatre centres à Constantine, Alger, Annaba et renforcer ces pôles d’enseignement. Et cela créerait un échange extraordinaire. La philosophie, c’est aussi les échanges, les débats et la dialectique.
Comment est considéré un enseignant de philo dans le milieu universitaire ?
Le professeur de philosophie a son prestige. C’est maintenu et conservé. Mais il y a aussi une banalisation du métier de l’enseignant parce que la philosophie elle-même n’a pas une grande place dans la société algérienne. Quand on avait fait des études de philo à la terminale, on n’apprenait pas El maqalate ! A mon époque, le professeur de philo m’apprenait à raisonner et non pas à mémoriser.
Les étudiants d’aujourd’hui sont-ils devenus des caisses enregistreuses ?
Un peu. Il y en a certains qui réfléchissent. On trouve dans les promotions des étudiants très intéressants qui veulent comprendre, s’ouvrent aux langues, lisent en français, en allemand, en anglais et ils maîtrisent l’arabe. Donc, ils ont une vue d’ensemble de toutes les questions qui se posent en philosophie.
Quelles sont les perspectives pour un philosophe après des études de philo ?
ça reste l’enseignement dans les lycées, dans le supérieur et puis des postes de recherche. Cela dit, il y a des débouchés un peu partout dans le monde. Aux USA par exemple, ils emploient les philosophes dans les sociétés de publicité parce qu’ils ont besoin d’un certain regard et d’une certaine vision.
On peut trouver des philosophes aussi dans la presse. Il existe aussi des spécialistes dans le monde de la philosophie qui lisent et font des comptes rendus. On n’a pas encore cette tradition, mais ça peut venir.
Il y a, y compris en Algérie, un problème de valeurs et de pensée… L’humanité a-t-elle besoin d’une nouvelle idéologie ?
C’est clair qu’il faudrait ressusciter une espèce d’idéologie. C’est parce qu’il n’y a plus d’idéologie aujourd’hui que les gens se retrouvent sans repères.
Or, on a besoin de ces repères quelles que soient leurs valeurs pour apprendre à se battre, à se défendre et à argumenter. Les hommes ont besoin de repères solides et sérieux pour se remettre à penser et à réfléchir. Aujourd’hui, le prêt-à-consommer et le prêt-à-penser ont annihilé la réflexion. C’est pour cela que j’insiste sur la nécessité de complexité, de compliquer les choses pour aller plus loin. Et cela est le rôle de la philosophie.
Est-il permis de penser aujourd’hui à l’Université ?
On n’a jamais interdit à un universitaire de penser ; malheureusement, les gens ne pensent pas. Certains écrivent, organisent des journées d’études, des colloques, réfléchissent entre eux… Maintenant, quelle est la qualité de cette pensée ? C’est aux médias, ceux qui lisent et suivent les travaux de faire le feed-back pour évaluer les produits qui sortent de l’université.*Samir Azzoug/ el watan / 21 octobre 2015
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La bonne gouvernance selon Ibn Khaldoun
Deux chercheurs maghrébins, l’Algérien Smaïl Goumeziane, et le Tunisien Mohamed Talbi, ont saisi l’occasion du 600e anniversaire de la mort du grand Aberrrahmane Ibn Khaldoun pour enrichir sa bibliographie de deux petits volumes sur l’homme et son uvre, très denses, et dont nous rendrons compte.
De l’excellent Ibn Khaldoun, un génie maghrébin de Smaïl Goumeziane, je vous donne à lire ci-dessous un texte d’Ibn Khaldoun lui-même et dont vous apprécierez comme moi, je pense, l’étonnante modernité.
Ibn Khaldoun a vécu, réfléchi et écrit au XIVe siècle, il y a plus de six cents ans. Smaïl Goumeziane rappelle qu’il a été homme politique et savant, historien et économiste, précurseur génial des « philosophes des Lumières » qui, quatre siècles après lui, sortiront l’Europe et le monde de l’obscurantisme.
Lisez ce qu’il en dit et ce qu’il cite de lui.
Ibn Khaldoun parle des souverains – il les a observés de près – et de la manière dont ils exercent le pouvoir
« Ce sont les recettes fiscales seules qui enrichissent un souverain, écrit-il. Or elles ne peuvent s’accroître qu’en traitant convenablement et équitablement les contribuables. De la sorte, le peuple espère en l’avenir et il est encouragé à faire fructifier ses capitaux, ce qui ne peut qu’augmenter la rentrée des impôts dans les caisses du prince. »
Au début du règne, les revenus fiscaux se partagent plus ou moins équitablement entre le souverain, sa famille et les tribus alliées. Puis la monarchie se consolide et le souverain affermit son pouvoir. Progressivement, il réduit la part des recettes fiscales attribuées à ses partisans, au point de disposer de la quasi-totalité de ces recettes. « Sa richesse augmente. Son trésor se remplit. »
Enfin, vient le temps de la décadence. Les alliés qui avaient permis de fonder la dynastie disparaissent. Celle-ci s’affaiblit au moment où les dépenses augmentent et où les rivalités et les rébellions se multiplient. Le souverain a besoin de nouveaux partisans et soutiens. « Son argent va à ses alliés et à ses partisans, gens d’épée qui ont leur propre esprit de clan. Il dépense ses trésors et ses revenus en tentatives de restauration de sa puissance. »
Mais les recettes fiscales s’amenuisent. Alors le souverain multiplie les confiscations de biens et de propriétés tant au niveau des fermiers et des commerçants qu’à celui de ses partisans, ce qui accroît le sentiment d’injustice et de révolte.
« L’injustice ne peut être commise que par ceux qui échappent à la loi commune, ceux qui disposent de l’autorité et du pouvoir. » Ibn Khaldoun peut alors égrener la liste de ces injustices sociales : spéculer en matière foncière et commerciale ; prendre les biens d’autrui ou le faire travailler de force ; lui réclamer plus que son dû ou le soumettre à un impôt illégal ; ne pas respecter, de manière générale, les droits du peuple.
« S’il y a spoliation brutale, si des atteintes ouvertes sont apportées à la propriété privée, aux femmes, aux vies, aux personnes, à l’honneur des sujets, le résultat en sera la désintégration soudaine, la ruine, la rapide destruction de la dynastie, en raison des inévitables troubles suscités par l’injustice. »
« En réalité, la cause de tous ces abus, c’est le besoin d’argent que l’habitude du luxe entretient chez les gens au pouvoir [Or] la leçon de l’Histoire, c’est que l’injustice ruine la civilisation et, par suite, la dynastie. »
Ibn Khaldoun sait et dit comment bien gouverner. Dans le tome II de sa Muqaddima, il cite une lettre envoyée à un prince
« Dieu a été bon pour toi. Il t’a fait obligation d’être bon pour ceux de Ses Serviteurs dont Il a fait tes sujets. Tu dois être juste envers eux les défendre, protéger leurs familles et leurs femmes contre toute effusion de sang, leur donner la sécurité et leur permettre de vivre en paix »
« Que tes sentiments et tes ressentiments ne t’éloignent jamais de la justice Suis partout la modération. La modération fait appel à la bonne voie. Celle-ci conduit au succès et le succès au bonheur »
« Ne porte tes soupçons sur aucun de ceux que tu as chargé d’une tâche, avant d’être bien informé. Car c’est un crime que de soupçonner et de juger mal les innocents »
« Que la bonne opinion que tu auras de ton entourage et ta bienveillance envers tes sujets ne t’empêchent pas de faire des enquêtes, de bien étudier les problèmes, de t’occuper personnellement du travail de tes fonctionnaires et de défendre tes sujets en veillant à leur avantage et à leur intérêt »
« Si tu prends un engagement, tiens-le. Si tu as fait la promesse d’une faveur, remplis-la Garde-toi des mensonges. Méprise les menteurs et chasse les calomniateurs Aime les gens bons et droits Sois bienveillant envers les faibles »
« Ne sois pas avare L’avarice ruinerait, plus vite que n’importe quoi, tes projets d’amélioration du sort du peuple Si tu veux amasser des trésors, que ce soient ceux de la piété, de la crainte de Dieu, de la justice, de l’amélioration du sort de tes sujets, du développement de leurs terres, de l’administration de leurs affaires, de leur sécurité et du secours aux affligés. Tu dois savoir que les trésors accumulés ne fructifient pas, à moins d’être consacrés au bien-être du peuple, à lui assurer ses droits et à le préserver du besoin »
« Consulte fréquemment les juristes Prends les conseils des hommes pleins d’expérience et de sagesse »
« Contrôle les registres et les contrats militaires. Augmente les soldes. Donne à tes soldats des moyens d’existence suffisants, pour les tirer de la misère »
« Sache que les fonctions de juge tiennent une place incomparable aux yeux de Dieu Les décisions équitables, la justice au tribunal et en toute chose, tout cela contribue au bien-être des administrés. Car, de cette manière, on peut circuler en toute sécurité. Les opprimés sont enfin soulagés. Chacun rentre dans ses droits. Les vies humaines sont protégées. L’ordre est assuré »
« Abstiens-toi de toute corruption Applique les peines légales Traite le plaignant avec équité N’avantage aucun de tes sujets Sois humain envers tous tes administrés »
« Voyons maintenant l’impôt foncier, auquel sont soumis tes sujets. Dieu l’a institué pour renforcer et exalter l’islam, aider et protéger les musulmans Tu dois donc répartir équitablement cet impôt entre les contribuables. Pas de dispense pour les nobles, tes secrétaires, tes intimes ou ton entourage. Pas de charges excessives. N’impose personne exagérément. Traite tout le monde avec équité »
« Finis aujourd’hui ton travail quotidien et ne le remets pas à demain. Et fais-en une bonne partie toi-même »
« Occupe-toi personnellement des pauvres et des indigents, de ceux qui ne peuvent te faire part directement des injustices dont ils sont victimes, des humbles qui ne savent même pas qu’ils pourraient faire valoir leurs droits Pense encore aux victimes des accidents, à leurs veuves, à leurs orphelins. Donne-leur des pensions sur le Trésor Pensionne également les aveugles Fonde des hôpitaux pour les musulmans malades, avec des gardes pour s’occuper d’eux et des médecins pour les soigner »
« Aie des réunions fréquentes avec les docteurs de la loi : recherche leur avis et leur compagnie »
Selon Ibn Khaldoun, cette lettre eut un profond retentissement en son temps. Le calife Al Mamoun en entendit parler, se la fit lire et donna l’ordre d’envoyer des copies à tous ses gouverneurs de provinces, pour qu’elle leur serve de modèle de gouvernement. Ibn Khaldoun est du même avis : « Pour moi, je ne connais rien de mieux en son genre. » – jeuneafrique - 25 avril 2006
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****Ce texte est extrait du Kitâb al-‘Ibar, Discours sur l’Histoire Universelle d’Abd-ar-Rahmân Ibn Khaldoun (1332-1406), plus précisément du Livre I, La Muqaddima 1. A. Ibn Khaldoun, né à Tunis en 1332, était issu d’une famille originaire de la péninsule arabique, ayant longtemps vécu en Andalousie. Depuis l’avènement à Tunis de la dynastie hafside (1228), la famille Ibn Khaldoun a toujours été très proche du pouvoir en place. Le grand-père d’A. Ibn Khaldoun avait exercé les fonctions de Ministre des Finances et rédigé un ouvrage à l’intention des secrétaires d’État qui a, sans doute, nourri les réflexions du jeune homme. A. Ibn Khaldoun, comme il était de tradition dans les grandes familles tunisoises, a fait ses études dans la prestigieuse Université de la Zitouna où était dispensé un enseignement religieux. Le Maghreb vivait alors une période de stagnation économique et connaissait des conflits incessants, plus ou moins violents, entre les tribus et les pouvoirs centraux, entre les différentes dynasties du Maghreb. Le jeune A. Ibn Khaldoun en fut le témoin ; il avait 14 ans lorsque les conflits opposant les fils du Sultan hafside Abu Bakr pour sa succession suscitèrent l’intervention de la dynastie mérinide au pouvoir à Fès. Une fois achevées ses études, fidèle à la tradition familiale, il entra au service du Sultan hafside Abu Ishaq II ; il a alors vingt ans. Cette situation sera, en fait, provisoire, il saisira la première occasion pour quitter Tunis et rejoindre les hommes, et en premier lieu les professeurs, qu’il avait connus lors de l’intervention de la dynastie mérinide à Tunis. Dès lors, il ne va cesser de vivre dans la mouvance des différentes dynasties du Maghreb et de l’Andalousie, étant souvent au cœur de leurs conflits. Cette expérience fit naître, chez ce jeune homme curieux et cultivé, l’envie d’en savoir davantage, de mieux connaître l’histoire des sociétés, en premier lieu celles du monde musulman et du Maghreb. Mêlé souvent aux intrigues des pouvoirs maghrébins, ce qui lui a valu des périodes de disgrâce, il prit la décision de rompre avec la vie politique et de faire une véritable « retraite » pour s’adonner à la réflexion et à la lecture. Hôte de tribus du Maghreb central, il s’installa à la Qalaa-ibn-Salama 2. Critique à l’égard des travaux des meilleurs historiens du monde musulman, il nourrit le projet d’écrire une histoire universelle qui porte en premier lieu sur celle des sociétés du Machrek et du Maghreb. Mais, avant de s’engager dans le récit historique proprement dit, il s’attache, dans ce qui sera la Muqaddima, à défendre son projet et amorce une critique des travaux des historiens.
*L’histoire, selon lui, comme il l’écrit au tout début de la Muqaddima, n’est pas seulement le récit des évènements passés : « l’histoire a un autre sens. Elle consiste à méditer, à s’efforcer d’accéder à la vérité, à expliquer avec finesse les causes et les origines des faits, à connaître à fond le pourquoi et le comment des évènements» 3 . Il reproche aux historiens de reproduire des faits sans procéder à une critique (externe et interne) des sources qu’ils utilisent et en adoptant, trop souvent, une attitude partisane ; il leur reproche surtout de se limiter à relater des faits sans chercher à les expliquer en les inscrivant dans leur contexte, sans tenir compte des changements sociaux 4. L’histoire, dit-il, « a pour objet l’étude de la société humaine » 5. Les erreurs commises par les historiens sont dues, essentiellement à leur méconnaissance de la société humaine, de la civilisation. D’où, pour lui, la nécessité de créer une nouvelle science, « science indépendante (mustaqill bi-nafsih), dont l’objet (mawdhû’) spécifique est : la civilisation humaine (al-‘umrân al-basharî) et la société humaine (al-ijtimâ’ al-insânî) » 6 qui ne soit pas un discours (normatif) sur la société ni un traité de politique. Son objectif essentiel est de rendre compte et d’expliquer ce qui caractérise les sociétés humaines et leur organisation, le monde rural, al ‘umrân al-badawi (celui des nomades, des semi-nomades et des sédentaires) comme celui des villes, al ‘umrân al-hadhari.
*Ses analyses porteront sur les dimensions économiques, culturelles et politiques de la société. En effet, fait-il remarquer, l’être humain est un être relativement faible par rapport à la plupart des animaux mais Dieu « lui a donné la capacité de penser et la main ». Grâce à son intelligence, il a été capable de penser, aux fins de satisfaire ses besoins les plus élémentaires, comment utiliser sa main et la « prolonger » par l’invention de « techniques », de mesurer aussi l’importance de la coopération, de la solidarité avec les autres. La vie en société, selon Ibn Khaldoun, n’est pas naturelle, elle est nécessaire, elle est le produit de l’intelligence humaine. Mais naturelle est, chez les hommes, leur tendance à l’agressivité les uns par rapport aux autres 7. D’où la nécessité de canaliser cette agressivité : un groupe social, une société une fois constitués ne peuvent survivre que dans la mesure où il existe en son sein « un pouvoir modérateur » (wazi), une personne qui ait assez d’autorité et de pouvoir pour empêcher les hommes d’exprimer leur agressivité. L’étude d’une société implique en conséquence que ces trois dimensions de la société soient analysées conjointement : la dimension économique, les besoins des groupes humains et la manière de les satisfaire ; la dimension culturelle qui comprend la régulation des rapports sociaux en référence, bien sûr, à la norme religieuse, mais aussi l’usage des techniques, les arts et la science ; enfin, la dimension politique, le pouvoir au sein des groupes et le pouvoir central au niveau de ce que Georges Gurvitch appellera la société globale…. source: /journals.openedition.org
********************************Les différents conflits et tensions marquant le corps de la société vont, tôt ou tard, accoucher d’une réhabilitation du débat politique. Sans doute, la logique de ruse et d’atermoiements des tenants du pouvoir politique, d’une part, et le lourd déficit culturel dont souffre la société, d’autre part, vont retarder ce processus. Il demeure que la promotion du politique au rang d’un idéal de civilisation visant à consacrer dans la réalité quotidienne le sens étymologique du mot politique (gestion de la Cité) constituera un degré de développement bien avancé de la société et du pouvoir.
« L’organisation de la vie de la cité obéit à des lois multiples, qui ont pour objectif de codifier le comportement des différentes catégories de citoyens et de leurs dirigeants. Montesquieu, dans l’Esprit des lois, présente cette complexité, avec la notion de partage des pouvoirs. Les processus de prise de décision, les relations entre les pouvoirs de nature différente, l’aptitude de la communauté à anticiper, à évaluer, à contrôler, à veiller à ce que chaque membre fasse son devoir et ait ses droits respectés, sont des mécanismes complexes, forgés avec le temps, l’histoire de chaque peuple, et incorporant des influences extérieures. La civilisation qui en résulte est un amalgame subtil, et se conjugue évidemment au pluriel, avec des différences notoires d’une civilisation à une autre », lit-on sur le site du développement durable (www.db-dd.org/)
L’histoire de la pensée politique n’a pas bénéficié des développements qui auraient dû être les siens dans le cours de philosophie de nos lycées. Déjà, dans le cours d’histoire, les personnages ayant marqué leur siècle par leur apport en idées ou en tendances artistiques sont injustement marginalisés au profit des rois, des chefs de guerre et des affaires du sérail. Le siècle d’Ibn Khaldoun, le 14e, est connu dans les manuels scolaires algériens comme étant le siècle de la décadence de la civilisation musulmane, période qui préfigurait la chute de Grenade un siècle plus tard. L’auteur des Prolégomènes demeure, chez la plupart des lycéens, méconnu, souvent même ignoré, si ce n’est son nom prestigieux. Ce n’est que pure logique lorsqu’on sait que le pérégrin maghrébin a été réhabilité, au moyen d’une recherche harassante, par une élite orientaliste européenne, principalement française, qui a pu accéder à ces manuscrits et les traduire. Le père de la sociologie, dont certaines idées se retrouveront plusieurs siècles après sa mort chez des penseurs, théoriciens et philosophes européens (Auguste Comte, Marx, Th. Hobbes, Max Weber,…) n’a pas été prophète en son pays ; tout en sachant que son pays allait de Grenade au Caire, en passant par Tiaret et Bougie.
En tant qu’ensemble de disciplines participant à la préparation des cadres de la nation pour prendre en charge, demain, les questions économiques et sociales du pays, et en tant que domaine faisant partie de la culture de la citoyenneté et de la formation des élites, les sciences humaines sont, à dessein, dévalorisées par les décideurs des pays arabes. C’est, en quelque sorte une conséquence logique- voire même un axe fondamental- du travail de soumission des peuples à la volonté des princes, travail qui exige l’anéantissement de toute pensée critique et de réflexion citoyenne.
L’on raconte que les cours de philosophie ont été arabisés en Tunisie à la suite d’une année de protestations sociales organisées par les étudiants et les ouvriers. N’est-ce pas que c’est fort significatif cette façon d’inhiber la fonction critique et d’éveil d’une discipline importante des sciences humaines ? L’arabisation est, ici, prise comme une mesure de répression.
De même, les autres matières enseignées au collège et au lycée n’ont jamais permis l’accumulation d’un background culturel qui aurait permis à l’étudiant universitaire d’aborder avec assurance les modules plus élaborés qu’on lui présente. Sur ce plan, le seul regard jeté sur l’enseignement de l’histoire et de la géographie nous renseigne amplement sur le désastre pédagogique provoqué dans les sciences humaines. En effet, comment pourra-t-on aborder les thèmes de la gestion de la Cité, de la gouvernance, de la représentation politique, de la volonté générale, des élections, de la division internationale du travail, de la genèse et l’évolution des conflits sociaux, des rapports entre la croissance et le développement, de mobilité sociale, du chômage,…etc., lorsque, pendant toute sa scolarité, l’élève ou l’étudiant n’a eu droit qu’au ronronnement d’une chronologie à apprendre par cœur qui exclut la société sous toutes ses facettes (luttes d’intérêt, crises économiques, production culturelle,…).
L’école et l’université algériennes ont besoin d’immerger dans la profondeur de la pensée politique telle qu’elle est enseignée dans les autres pays du monde. C’est en revisitant les territoires de la réflexion politique que seront mises à jour les évolutions des systèmes de gouvernement, la marche inexorable des sociétés vers plus de progrès et de liberté et les différents modes de gestion de la cité sur lesquels se base le contrat social. Il ne peut y avoir de culture politique par le seul fait d’adhérer à un parti ou même de le créer.
La réflexion et la pensée politiques ont connu un florissant destin dans l’Antiquité gréco-romaine. ‘’La République’’ de Platon, à elle seule, constitue, pour l’époque considérée, un monument. Au Moye-âge, la pensée politique a souvent subi une confusion avec le mysticisme et la pensée religieuse, phénomène renforcé par les Croisades. C’est avec Ibn Khaldoun qu’un début de pensée rationaliste émergera du bassin méditerranéen.
Un siècle plus tard, un autre méditerranéen d’Italie abordera à sa façon la ‘’science du sérail’’. Machiavel aura profité de toutes les idées qui ont été produites au sujet de la société, des classes sociales et du gouvernement pour se lancer dans thème qu’il a serré au maximum autour de la royauté, du prince et des relations et enjeux qui se nouent entre eux.
Le siècle des Lumières a pu tirer les leçons des luttes sociales, de la transformation du Clergé, des découvertes scientifiques pour annoncer une autre vision qui fait privilégier la notion de représentation politique. Avec Rousseau, naîtra le concept de Contrat social et s’affinera la notion de volonté générale.
**Les princes : gouvernance et perversions
*Un peu plus d’un siècle après la magistrale ‘’Muqaddima’’ d’Ibn Khaldoun, le monde méditerranéen a produit l’une des premières et inaltérables œuvres de sociologie politique qui allait bouleverser les connaissances en la matière fondées jusque-là davantage sur des bases mystico-théologiques que sur des canons rationnels, comme elle allait jeter les premiers jalons des règles de gouvernement dans leurs rapports dialectiques avec la gestion de la Cité.
Comme le pérégrin andalou, inventeur des notions de ‘’Aâçabia’’ et de ‘’citadinité/bédouinité’’ émises dans une période où le monde islamique plongeait dans une déchéance historique caractérisée par le repli sur soi et la soumission aux puissants du moments, le prince florentin avait connu les délices ouatées du sérail et la méchante ingratitude des décideurs pour qui le diplomate n’aurait été qu’un sous-fifre bon aux missions commandées et dont il fallait se débarrasser dès qu’il manifeste des désirs d’autonomie morale et intellectuelle.
Le parcours du fils du Maghreb était plein de dures péripéties sous les règnes successifs des Hafsides de Tunis, des Abdalwadides de Tlemcen et des Mérinides de Fès. Le parcours du Prince florentin n’en fut pas moins houleux avec les services rendus et les sévices subis sous César Borgia, Louis XII, Maximilien 1e et la dynastie des Médicis.
La réédition des ‘’Oeuvres’’ de Machiavel chez Robert Laffont en 2005, dans la collection ‘’Bouquins’’, fait partie d’une entreprise non seulement de vulgarisation d’un travail accompli dans la difficulté dans les années les moins glorieuses de l’Europe déchirée entre un Moyen-Âge finissant et une Renaissance à peine balbutiante, mais aussi d’une volonté de réhabiliter une pensée moderne souvent mal comprise ou, pire, sciemment dévoyée.
‘’Pour la première fois, les secrets du pouvoir sont révélés au monde’’, fait remarquer l’analyste Philippe Sollers à propos des thèses et écrits de Machiavel.
Nicolo Machiavelli, en italien ; Nicolas Machiavel, en français, est né en 1469. Secrétaire de la seconde chancellerie de Florence, il accomplit plusieurs missions diplomatiques. Après la bataille de Prato (en Toscane, dans la province de Florence) en 1512, les troupes françaises se replièrent et la République de Florence s’effondra. Le retour au pouvoir de la dynastie des Médicis annoncera la disgrâce de Machiavel qui perdra ses fonctions, sera fait prisonnier après avoir été impliqué dans un complot. C’est pendant son exil à Casciano qu’il se mit à écrire l’œuvre de sa vie, celle qui le fera connaître de la postérité, ‘’Le Prince’’. Il y écrit aussi un autre livre historique ‘’Discours sur la première période de Tite-Live’’ et une ‘’Histoire de Florence’’.
Ce n’est qu’en 1526, une année avant sa mort et pendant la guerre contre les Impériaux, qu’il reprend des fonctions officielles. Il mourut en 1527, l’année où la dynastie des Médicis fut renversée et la république proclamée.
**Sérail, arcanes et commandement
‘’Liberté ! bien précieux et désiré, qu’on n’apprécie que lorsqu’on la perdu !’’. Tel est le commencement d’une des dernières odes composées par le poète et humaniste italien Pétrarque quelques années avant qu’il mourût, en 1374, au milieu de la plus effroyable anarchie. Désespéré par la situation sociale et politique régnant en Italie, le poète n’invoquait maintenant que la pitié du ciel en faveur de ce beau pays, de cette chère patrie dont la parole ne pouvait plus guérir les blessures : ‘’Dieu seul était capable de guérir les cœurs et d’arrêter le sang qui coulait à flot sous l’épée de l’étranger’’, écrivait-il.
Les troubles politiques et sociaux des seigneuries de la région de Florence amenèrent Machiavel- qui a pu suivre de près et avec un sens aigu de l’observation les machinations des rouages du pouvoir pour diviser et annihiler toute forme de contestation- à analyser la psychologie et les ambitions des prétendants au pouvoir politique ainsi que les voies qu’ils empruntent pour accéder au pouvoir. Il parvint à cette conclusion, devenue par la force des choses une sorte d’apophtegme : La fin justifie les moyens. Un préfacier français d’une vieille édition du ‘’Prince’’ résume cela dans ‘’une casuistique de l’ambition’’.
Écrire de la politique se ramène ainsi à rédiger un manuel de la réussite.
Dans une lettre datant du 9 avril 1513, il écrit : ‘’Le sort a fait que, ne sachant raisonner ni de l’art de la soie, ni de l’art de la laine, ni de gains, ni de pertes, il me faut ou me taire, ou raisonner des affaires de l’Etat’’. Inventeur de la notion d’Etat au sens moderne, ‘’c’est donc l’Etat, mais l’Etat du Prince et, dans l’Etat, le Prince d’abord qui intéressent Machiavel’’, écrivent Marcel Prélot et Georges Lescuyer dans ‘’Histoire des idées politiques’’ (Dalloz, 1986).
Aimer ou craindre le prince ?
Quelles sont les qualités d’un souverain, appelé indifféremment ‘’prince’’ dans l’ouvrage ? ‘’Vaut-il mieux être aimé que craint, ou craint qu’aimé ?’’ se demande Machiavel. ‘’Je réponds que les deux seraient nécessaires ; mais comme il paraît difficile de les marier ensemble, il est beaucoup plus sûr de se faire craindre qu’aimer, quand on doit renoncer à l’un des deux. Car des hommes on peut dire généralement ceci : ils sont ingrats, changeants, simulateurs et dissimulateurs (…) Tant que tu soutiens leur intérêt, ils sont tout à toi, ils t’offrent leur sang, leur fortune, leur vie et leurs enfants, pourvu que, comme j’ai dit, que le besoin en soit éloigné ; mais, s’il se rapproche, ils se révoltent. Le prince qui s’est fondé entièrement sur leur parole, s’il n’a pas pris d’autres mesures, se trouve nu et condamné. Les hommes hésitent moins à offenser quelqu’un qui se faire aimer qu’un autre qui se fait craindre ; car le lien de l’amour est filé de reconnaissance : une fibre que les hommes n’hésitent pas à rompre, parce qu’ils sont méchants dès que leur intérêt personnel est en jeu. Mais le lien de la crainte est filé par la peur du châtiment, qui ne les quitte jamais’’.
Comme les résument, dans un souci pédagogique, Prélot et Lescuyer, les idées-forces de Machiavel peuvent se présenter de la façon suivante :
Le sens du réalisme : le Prince tient l’homme pour individuellement pour ce qu’il est, c’est-à-dire pour peu de chose et les hommes collectivement pour ceux qu’ils sont, c’est-à-dire pour moins encore que leur total. Il ne se préoccupe pas de ce qui devrait se faire, mais de ce qui se fait. Il est à l’affût de tout, mais ne croit pas aisément ce qu’on lui raconte, et ne s’effraie pas non plus d’un rien.
L’égoïsme, et aussi l’égotisme : le Prince a appris à ne pas être bon au milieu d’hommes qui sont mauvais. Il pratique le culte et la culture du ‘’moi’’, une gymnastique de la volonté, une discipline de la pensée, du sentiment et des nerfs.
Le calcul : le Prince préfère être craint qu’être aimé. Être craint dépend de lui, tandis qu’être aimé dépend des autres.
L’indifférence au bien et au mal : le Prince préfère le bien, mais il se résout au mal s’il y est obligé et il y est souvent contraint. Il en connaît plusieurs qui ont violé la foi jurée, mais qui l’ont emporté sur ceux qui ont respecté leur serment.
L’habileté : la qualité principale du Prince est l’adresse, l’énergie, la résolution et le ressort, car les qualités du Prince exigent une création continuelle, une tension sans relâche vers le but.
La simulation et la dissimulation : le Prince est connaisseur de l’occasion, collaborateur avisé de la Providence, mais aussi corrupteur audacieux de la Fortune, grand amateur de la ruse et grand adorateur de la force.
La grandeur : le Prince est au-dessus du commun. Ce qui l’autorise à échapper à la morale, c’est-à-dire au-dessus de la médiocrité ambiante. Il se situe au-delà du bien et du mal. Cupidité, rapacité, dol, vol, libertinage, débauche, fourberie, perfidie, trahison, qu’importe, puisque tout cela n’a pas pas à être jugé à la commune mesure des vies privées, mais selon l’idéal d’un Etat à faire ou à maintenir. Pourvu que le Prince arrive au résultat, il n’est pas de moyens qui soient considérés comme honorables.
Machiavel annonce ici l’argument-massue que développeront à volonté des théoriciens et des hommes politiques quelques siècles plus tard : la raison d’Etat, une nation que seul le souverain qui l’énonce est capable de lui donner un contenu et des contours flexibles, bien entendu, au gré des besoins du moment.
Ayant sondé la cupidité et la faiblesse des hommes, l’immoralité- sorte de mal nécessaire pour la fonction de Souverain- et les ambitions infinies du Prince, Machiavel a plus décrit et décrypté une situation que donné une ‘’recette’’ comme l’ont colporté ceux qui ont voulu donner de lui l’image d’un diable. ‘’Étrange destin d’avoir un nom qui devient un adjectif négatif’’, écrit Philippe Sollers dans ‘’Le Monde’’ du 27 septembre 1996.
Rousseau : le nouvel un ordre citoyen
Rousseau a toujours exprimé sa foi dans l’homme : aucun péché originel ne pèse sur lui. Le cœur et la raison lui sont donnés pour faire son bonheur. C’est la société, dans sa recherche effrénée de bonheur et de progrès, qui le corrompt en tant qu’individu. Une effarante distorsion semble ainsi irrémédiablement s’installer la tension entre l’état de nature et l’état de culture. Un des symboles du siècle des Lumières, Rousseau est ferment convaincu qu’une société où l’homme exploite son semblable interdit tout rapport véritable entre les individus. Rejetant le messianisme clérical et la confiance aveugle en le progrès technique, il fait de l’homme le centre de gravité de toute recherche et de toute réflexion.
« On me demandera si je suis prince ou législateur pour écrire sur la politique. Je réponds que non, et c’est pour cela que j’écris sur la politique. Si j’étais prince ou législateur, je ne perdrais pas mon temps à dire ce qu’il faut faire ; je le ferai, ou me tairais ». Lors de son séjour à Venise en tant que secrétaire de l’ambassadeur de France, Rousseau prend conscience des enjeux de la politique et principalement de la capacité de celle-ci à travailler pour le bonheur des hommes. « J’avais vu que tout tenait radicalement à la politique et que, de quelque façon qu’on s’y prît, aucun peuple ne serait jamais que ce que la nature de son gouvernement le ferait être… », dira-t-il.
Philosophe, écrivain, botaniste, Jean Jacques Rousseau est surtout un des grands symbole du siècle des Lumière qui a précédé les grandes révolutions européennes.
Il fait partie, avec Montesquieu, Voltaire, d’Alembert, Diderot, John Locke,…etc., de cette élite qui a renouvelé la pensée philosophique et politique en s’attaquant aux dogmes de la couronne et des temples.
‘’Le Discours sur l’origine et les fondements de l’inégalité parmi les hommes’’ (1755) fera de lui un proscrit s’imaginant menacé par des complots. Contre l’enthousiasme des Lumières, sa réflexion récuse les vertus du progrès et accuse la société (développement des connaissances, luxe et puissance) d’avoir dénaturé l’homme, né bon. Son projet de société, fondé sur un ‘’Contrat social’’ garantissant la liberté et la sécurité des parties, fait du peuple la source de souveraineté.
La condamnation de son livre ‘’L’Emile’’ en 1762 par le parlement de Paris a obligé Jean Jacques Rousseau à gagner la Suisse.
C’est en 1761 que Rousseau achève et publie ‘’Le Contrat social’’. Il faisait partie d’un grand projet de l’auteur qu’il n’avait pu mener à son terme et qui avait pour titre générique :’’Institutions politiques’’. Le professeur Henri Lemaître écrit à propos de cette œuvre : « A l’origine, le problème de l’autorité politique et de sa légitimité : toute autorité de fait est illégitime, et il n’y a de légitimité que par le droit. Il est donc nécessaire de poser comme postulat que le fondement originel de l’autorité politique est le pacte social, contrat tacite par lequel l’individu échange ses droits naturels contre les garanties que lui assure la communauté ».
Le postulat du contrat social, par lequel l’individu passe de l’état de nature à l’état civil, entraîne logiquement que la société ne puisse être légitimement fondée que sur les deux principes de liberté et d’égalité.
A ce moment, intervient la théorie de la volonté générale, dont la souveraineté est l’exercice, ce qui implique que cette souveraineté ne puisse appartenir qu’au corps politique et doive s’exercer dans le cadre des droits et selon les normes prescrites par la loi, elle-même expression de la volonté générale, les lois particulières variant avec le temps et les lieux, circonstances et conditions dont la considération appartient au législateur.
J. J. Rousseau rend hommage à Montesquieu, ce ‘’beau génie’’ comme il dit dans son livre. Mais, il n’est d’accord avec lui ni sur les conceptions ni sur la méthode. Selon lui, Montesquieu n’a pas pu s’élever jusqu’aux principes dont dépend la perfection idéale et universelle de l’Etat. Le droit politique, qui est aussi pour l’auteur la ‘’science politique’’, est encore à naître. Montesquieu s’et contenté de traiter de ‘’traiter du droit positif des gouvernements établis. Rousseau, quant à lui, entend dire ce qui doit être et non pas ce qui est.
Le sous-titre du livre est plus explicite que son titre ; il s’agit des ‘’Principes du droit public’’. Le destin extraordinaire de l’ouvrage, comparativement à certains traités de l’époque consacrés au même sujet, est dû au fait que Rousseau ait mis dans une œuvre littéraire la substance d’un traité de droit politique.
Avec ‘’l’Emile’’, il s’agit de faire un homme élevé selon les valeurs naturelles et capable de vivre parmi ses semblables. Avec ‘’Le Contrat social’’, il s’agit de donner tout le sentier entier à l’Etat. C’est la confusion de ces deux situations- vouloir obtenir, en même temps, un homme et un citoyen- qui fait le malheur de l’humanité. Le seul espoir réside dans le caractère perfectible de la nature humaine.
Dans l’optique du ‘’Contrat social’’, le citoyen devient une personne qui s’est voué corps et âme à l’Etat de telle façon que l’obéissance aux lois qu’il se donne soit l’expression la plus élevée de sa propre liberté individuelle.
Rousseau imagine donc un modèle normatif qui serait le fondement légitime de toute constitution politique.
Ordre civil
L’entrée en matière, au livre premier, nous donne déjà ‘’l’exposé des motifs’’ et les grandes préoccupations de l’auteur qui ont présidé à l’écriture de son Contrat : « Je veux chercher si, dans l’ordre civil, il peut y avoir quelque règle d’administration légitime et sûre, en prenant les hommes tels qu’ils sont, et les lois telles qu’elles peuvent être. Je tâcherai d’allier toujours, dans cette recherche, ce que le droit permet avec ce que l’intérêt prescrit, afin que la justice et l’utilité ne se trouvent point divisés.
J’entre en matière sans prouver l’importance de mon sujet. On me demandera si je suis prince ou législateur pour écrire sur la politique. Je réponds que non, et que c’est pour cela que j’écris sur la politique. Si j’étais prince ou législateur, je ne perdrais pas mon temps à dire ce qu’il faut faire ; je le ferais, ou je me tairais ».
Tout le problème est, dans l’Etat social, de sauver la liberté primitive. Y renoncer serait renoncer à la qualité d’homme, aux droits de l’humanité et, par là même, aux devoirs qu’elle impose. Comment alors, concilier la nécessité d’association et le maintien de la liberté naturelle qui ne peut être aliénée ? Comment concevoir le contrat social de telle façon que l’individu conserve, dans l’état civil, la liberté dont il jouissait dans l’état de nature ? Comment faire que, simultanément, nul n’ait à subir le maître et que nul non plus n’ait le droit d’imposer sa propre volonté à autrui ?
« L’homme est né libre, écrit Rousseau, et partout il est dans les fers. Tel se croit le maître des autres, qui ne laisse pas d’être plus esclave qu’eux. Comment ce changement s’est-il fait ? Je l’ignore. Qu’est-ce qui peut le rendre légitime ? Je crois pouvoir résoudre cette question ».
Le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître, s’il ne transforme sa force en droit, et l’obéissance en devoir, soutient Rousseau. ‘’Puisque aucun homme n’a une autorité naturelle sur son semblable, et puisque la force ne produit aucun droit, restent donc les conventions pour base de toute autorité légitime parmi les hommes’’, écrit-il dans le livre cinq de son ouvrage.
Ces conventions, dégagées sous forme de pacte, fondent la société sur le consentement des individus et substituent légitimement à la liberté naturelle la souveraineté du corps social. ‘’Afin que la pacte social ne soit pas un vain formulaire, ajoute Rousseau, il renferme tacitement cet engagement qui seul peut donner de la force aux autres, que quiconque refusera d’obéir à la volonté générale y sera contraint par tout le corps’’.
Cette volonté générale est dégagée par la voix de la majorité. ‘’Il n’est pas toujours nécessaire qu’elle soit unanime, mais il est nécessaire que toutes les voix soient comptées’’.
Le souverain qui va déterminer la volonté générale est le corps du peuple.
‘’La théorie politique du Contrat social est donc bien l’analyse du rapport entre la notion du souverain et celle du gouvernement (…) La démocratie directe serait le seul régime qui correspondrait au juste rapport entre le souverain et le gouvernement’’, écrit Michel Coz dans son ‘’Jean Jaques Rousseau’’, éditions Vuibert, 1997. Il ajoute, un peu plus loin :’’Tous les grands réformateurs de la société ont puisé dans Le Contrat social des arguments susceptibles de soutenir leurs projets.
La réflexion sur l’Etat et le citoyen a été toujours été la préoccupation de philosophes, écrivains, hommes politiques, théologiens et anthropologues. Depuis ‘’La République’’ de Platon jusqu’à Gramsci, Raymond Aron, Tournier et Edgar Morin en passant par ‘’Le Manifeste de 1848’’ de Karl Marx, la ‘’Moqeddima’’ d’Ibn Khaldoun et ‘’Le Prince’’ de Machiavel, des efforts et des énergies ont été consacrés à la compréhension de la vie de l’homme dans la cité, des modes de gouvernement, de l’exercice de la citoyenneté,…etc.
Amar Naït Messaoud
iguerifri@yahoo.fr
********source: depechedekabylie / Par Amar Naït Messaoud | 9 Juillet 2011
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LA PENSEE VIVANTE D’IBN KHALDOUN
**Par Smaïl Goumeziane
En ce 17 mars 2017, il y aura 611 années qu’Ibn Khaldoun, le génie maghrébin, s’éteignait au Caire. Son œuvre, monumentale, bien qu’ayant inspiré, directement ou indirectement, outre la science historique, bien des sciences dont la science économique et la sociologie, reste méconnue, voire inconnue, notamment au Maghreb. Au niveau du grand public, comme à celui des universités et (davantage encore ?) à celui des politiques.
Ce texte montre, de manière synthétique, la force et la justesse de cette pensée autour de cinq « thématiques » d’actualité : les besoins sociaux et la division du travail ; le rapport au travail et à la propriété ; la régulation de l’économie ; les inégalités sociales ; le développement durable et la bonne gouvernance. Ce faisant, ce texte confirme, si besoin était, l’étonnante vitalité de cette pensée et son incroyable utilité pour comprendre le présent et agir pour le futur[1]
Les besoins
sociaux et la division du travail
L’analyse économique d’Ibn Khaldoun, la première, place l’homme au cœur de ses préoccupations. Elle s’intéresse précisément aux peuples et à leurs manières de vivre et de travailler, car pour Ibn Khaldoun, ce sont les manières de vivre qui distinguent les hommes. Mais, à l’intérieur d’une société donnée, celle de son époque, comment l’homme subvient-il à ses besoins ? De quels besoins s’agit-il ? Comment les fruits de l’activité humaine se répartissent-ils ? Pour répondre à ces questions, Ibn Khaldoun définit six principes essentiels :
Première principe : L’homme, condamné à la survie, cherche d’abord à satisfaire ses besoins.
Second principe : L’homme seul ne peut subvenir à ses besoins. Il est donc fait pour vivre en société.
Troisième principe : Les besoins des hommes sont nombreux et évolutifs dans le temps et dans l’espace.
Quatrième principe : Pour satisfaire ses besoins, l’homme recourt au travail, et ne cesse de perfectionner les arts et les métiers, et de réaliser ses tâches en développant la division du travail.
Cinquième principe : Avec la complexification de la vie sociale, les hommes ressentent la nécessité d’avoir « un frein », un régulateur, qui contrôle leur violence les uns par rapport aux autres et les sépare, car « la conséquence inéluctable de la vie sociale, c’est le désaccord dû à la pression de leurs intérêts opposés… »
Sixième principe : La vie sociale crée des injustices entre les hommes, dues à leur place dans l’activité économique et à leur rapport au pouvoir politique.
Dès lors, pour satisfaire des besoins en expansion, les hommes améliorent leur dextérité, innovent et inventent sans cesse de nouvelles méthodes de travail, de nouveaux outils et instruments, qu’ils se transmettent de génération en génération, par l’enseignement ou par le fait des échanges commerciaux. D’abord dans l’agriculture, base de l’économie nomade qui a précédé l’économie sédentaire, puis dans l’artisanat urbain. Cette évolution explique la multiplication des métiers, l’approfondissement de la division du travail et l’expansion des activités commerciales. Un métier c’est, selon la définition d’Ibn Khaldoun, « une aptitude acquise dans le domaine du travail et de la pensée », c’est-à-dire « une qualité enracinée, qui résulte d’un geste répété autant de fois qu’il est nécessaire. » Pour acquérir cette qualité, les hommes recourent à l’enseignement et à l’observation personnelle. Autrement dit, en langage d’aujourd’hui, à la formation. Au final, « l’habileté d’un artisan dépendra de la qualité de l’enseignement qu’il aura reçu, c’est-à-dire du talent de son instructeur. » C’est ce qui aurait fait dire au calife Ali : « la valeur d’un homme, c’est ce qu’il sait faire. » Avec la civilisation sédentaire, ou urbaine, les métiers se sont donc multipliés, élargissant la division du travail et la spécialisation des individus.
Dans Al Muqaddima, son œuvre principale, Ibn Khaldoun décrit ainsi une véritable économie urbaine, sur laquelle il s’attarde d’ailleurs plus que sur l’agriculture, car il est lui-même fils de la ville. A cet instant, l’ordre médiéval maghrébin, en déclin, fonctionne principalement sur une économie d’artisans, essentiellement citadins, structurés en corporations dans les bazars, avec leurs maîtres qui transmettent leur savoir à leurs élèves, déjà fortement insérés dans l’économie marchande[2]. Ibn Khaldoun, de façon visionnaire, pressent que le changement est inscrit dans la dynamique historique (d’où le passage de la société bédouine « naturelle » à la société sédentaire « marchande »), et que celui-ci résultera de l’urbanisation des sociétés parce que c’est là, dans les villes, que se concentrent le savoir, la technique et la dextérité.
Dans cette perspective, la division du travail est au cœur de sa théorie, car aucun homme ne peut exister pleinement par lui-même, fusse pour obtenir son minimum vital. Dès l’origine, l’homme est contraint à la coopération. Avec le développement de la civilisation urbaine, le processus de production et d’échange suit un triple mouvement : au sein de chaque métier, la division du travail se manifeste par une plus grande spécialisation de chaque artisan, ce qui accroît la qualité de son produit et la productivité de son travail ; entre les différents métiers se créent une interdépendance et une complémentarité, qui font que le produit final est, de plus en plus, le résultat du travail collectif de plusieurs artisans et métiers ; grâce à la division du travail et au travail collectif, l’intérêt individuel de chacun est optimal.
Avec cette analyse, Ibn Khaldoun affirme clairement la nature collective du travail humain et montre combien l’accroissement des richesses, de tous et de chacun, est lié à l’évolution de la productivité du travail. Pour cela, les hommes cherchent en permanence à améliorer leurs connaissances théoriques et pratiques, de sorte à innover, à inventer de nouveaux outils et méthodes de travail, et à promouvoir de nouveaux métiers. Or, constate-t-il, c’est dans les plus grandes villes que ces processus sont les plus évolués. C’est donc ce qui explique leur expansion et leur prospérité.
Le rapport au travail et à la propriété
Dans ces conditions, avec le temps, la subsistance des hommes résulte de plus en plus de cette économie citadine et marchande. Mais, comment l’exercice de ces différents métiers lui permet-il de satisfaire ses besoins ? A cette question, Ibn Khaldoun trouve la réponse géniale, que personne n’avait, jusque-là, entrevue : le travail humain, et lui seul, est à l’origine de la richesse. Bien sûr, écrit-il, « l’homme peut arriver à cela sans effort, par exemple par l’effet de la pluie qui fait pousser les champs. Mais ce n’est là qu’une assistance complémentaire, qu’il lui faut combiner avec son propre travail… La subsistance dépend des efforts et du travail, même si l’on cherche à y parvenir par tous les moyens possibles… La chose, comme dans l’exercice d’un métier, est évidente. Elle l’est moins, quand il s’agit d’animaux de plantes ou de mines… Cependant, les sources ne jaillissent que lorsqu’on les creuse, et qu’on en tire l’eau : autrement dit il faut y travailler… Comme on peut le voir, c’est encore l’effet du travail de l’homme.[3]» Aussi, Ibn Khaldoun est catégorique : « Sans lui (le travail de l’homme), point de profit et nul avantage.[4] »
Dans son approche de la richesse Ibn Khaldoun fait donc une percée théorique exceptionnelle, historique. Le travail humain devient la catégorie économique essentielle à toute analyse du processus économique, et cela jusqu’à nos jours ! Sur cette base, Ibn Khaldoun indique que le travail de l’homme n’est pas recherché en tant que tel, pour lui-même. Le travail est recherché parce qu’il permet de « gagner sa vie », de satisfaire les besoins. Plus encore, explique-t-il, le travail est recherché parce qu’il permet d’obtenir un surplus par rapport à ses besoins. « Tout homme, capable d’agir par lui-même et tiré de sa (première) phase de faiblesse, lutte pour obtenir de quoi réaliser un profit… Ses profits constituent son gagne-pain s’ils lui permettent de vivre. S’ils dépassent ses propres besoins, ils constituent son fonds ou son capital. [5]» Ainsi, pour Ibn Khaldoun, la première croissance économique est celle des besoins.
Aussi, précise Ibn Khaldoun, il existe plusieurs catégories de travaux : le travail simple permet de satisfaire les besoins de subsistance ; le travail qualifié, celui des artisans, permet de répondre à des besoins moins essentiels et de dégager un surplus, un profit. Là encore, le savoir et la technique jouent un rôle essentiel dans la productivité du travail. Avec Ibn Khaldoun, on peut en déduire que plus le métier est qualifié, plus il est productif de richesse. Enfin, il fait une distinction fondamentale entre travail individuel et travail collectif. Le travail individuel n’est qu’un moment du travail collectif. Ce dernier est plus productif car il permet d’accroître la division du travail, d’assurer une plus grande spécialisation, et donc l’augmentation de la productivité.
En tout état de cause, selon Ibn Khaldoun, tout homme ordinaire, ne fait vraiment fortune qu’en rapport avec son travail, son capital ou ses entreprises. « C’est le cas des négociants, des paysans et des artisans. » Ceux-là constituent les classes productives. C’est dire, selon lui, que seul l’exercice d’un métier agricole, commercial ou artisanal, est un moyen naturel de gagner sa vie. « Celui qui est incapable de travailler ne peut donc pas gagner sa vie. » C’est pour cette raison, ajoute Ibn Khaldoun, qu’il n’aborde pas, à ce niveau de son analyse, la manière dont le pouvoir politique « gagne sa vie » car, selon lui, « l’exercice du pouvoir politique n’est pas une manière naturelle de gagner sa vie. » Pas plus que l’activité qui consiste à servir un maître, ou à s’occuper de religion, car, « le public n’a pas besoin urgent de ce que peuvent lui offrir les personnages religieux, qui sont surtout utiles à ceux qui s’intéressent particulièrement à leur religion. »
Cependant, écrit Ibn Khaldoun, dans la vie de tous les jours, beaucoup de citadins espèrent pouvoir gagner leur vie et s’en tirer sans peine, espérant « découvrir des trésors cachés sous terre et en tirer profit. » Or, insiste-t-il, « outre la bêtise, le motif le plus commun, chez les chercheurs de trésors, est leur impuissance à gagner leur vie par les moyens naturels, tels que le commerce, l’agriculture ou l’exercice d’un métier (artisanal)… Mais, il arrive aussi que le mobile principal de ces chercheurs de trésors soit dû à leurs habitudes de luxe illimité, qu’aucun moyen de gagner sa vie ne saurait satisfaire… Ceux-là sont souvent des gens accoutumés au luxe. »
Mais, alors, que sont devenus les trésors et les immenses richesses de l’Antiquité qui hantent l’esprit de ses contemporains ? Ibn Khaldoun, s’écartant d’une vision mercantiliste qui fleurira plusieurs siècles après lui en Europe[6], répond en toute logique avec sa théorie de la valeur travail : « les trésors d’or, d’argent, de pierres et d’objets précieux, sont des minéraux comme les autres, ou des capitaux comme le fer, le cuivre, le plomb, ou d’autres biens immeubles. C’est la civilisation qui les met au jour, grâce au travail de l’homme, et qui en augmente ou en diminue le débit. [7]»
Cependant, selon Ibn Khaldoun, le travail humain ne peut être productif que s’il s’appuie sur la propriété privée. Celle-ci peut prendre deux formes principales : la propriété foncière ou immobilière ; la propriété du capital. A la base, la propriété foncière sert aux agriculteurs à produire les biens de consommation et à les vendre pour vivre. Quant à la propriété du capital, -celui des artisans ou des commerçants à son époque-, « gagnée et acquise grâce à l’exercice d’une profession, (elle) est le prix du travail de l’artisan (et du commerçant). C’est ce qu’on désigne par le mot de propriété. Il n’y a rien là que le travail. »
Pour Ibn Khaldoun, à nouveau visionnaire, la propriété privée a une double nature : elle n’a de sens que si elle est productive ; elle est fondamentale car les hommes ne peuvent vivre que de leurs propriétés. Dès lors, il faut absolument protéger celles-ci contre toutes les atteintes qui peuvent provenir d’autrui, ou du pouvoir monarchique. Car, « s’attaquer à la propriété privée, c’est ôter aux hommes la volonté de gagner davantage, en leur donnant à craindre que la spoliation soit au terme de leurs efforts. Une fois qu’ils seront privés de l’espoir du gain, ils ne se donneront plus aucun mal. [8]» Les atteintes à la propriété privée suscitent donc méfiance, découragement et conduisent à la disparition de toute motivation pour le travail. Pour ces raisons, Ibn Khaldoun est catégorique : sont injustes ceux qui attaquent le droit de propriété et ceux qui dépouillent les autres de leurs biens.
Or, dans le Maghreb du XIVème siècle, les atteintes à la propriété privée sont légion. En l’absence d’économie de butin, corollaire de la société bédouine, dans la société sédentaire, la monarchie recoure à diverses formes de spoliation des biens privés, car « l’injustice ne peut être commise que par ceux qui échappent à la loi commune, ceux qui disposent de l’autorité et du pouvoir. » D’une part, le pouvoir monarchique dépossède les paysans de leurs fermes pour constituer des fiefs, qu’il attribue gratuitement et sans compensation à ses courtisans, et à ses clientèles. D’autre part, la spoliation consiste pour le souverain à racheter les propriétés privées à des prix ridiculement bas, par contrainte pure et simple.
La régulation de l’économie
Dans ces deux situations, cet accaparement est inadmissible, selon Ibn Khaldoun, pour au moins deux raisons fondamentales. Il s’agit d’abord, et manifestement, d’actes d’injustice caractérisée. Il s’agit ensuite d’actes antiéconomiques.
Ibn Khaldoun insiste donc fortement sur la nécessité impérieuse de protéger la propriété privée et s’oppose aux confiscations et autres spoliations. Bien sûr, ajoute-t-il, pour se protéger, les propriétaires peuvent s’en remettre à la protection d’un parent du prince, ou d’un ami de celui-ci, ou d’un clan redoutable. Mais cela n’est guère sûr et durable, car la Assabiya disparaît avec la civilisation sédentaire et, désormais, « chacun convoite le bien d’autrui ». Pour obtenir une protection sûre, il faut s’appuyer sur les lois et la justice qui, seules, écartent les convoitises et assurent la confiance dans les transactions. Aujourd’hui, on dirait s’appuyer sur l’Etat de droit. Car, « la propriété n’est garantie que par la crainte des lois. [9]» Ainsi, selon Ibn Khaldoun, pour protéger la propriété, il faut un Etat régulateur capable d’élaborer des lois, de les mettre en exécution et de les faire respecter, y compris par le pouvoir. Mais, la régulation, selon lui, concerne toutes les activités économiques.
Avec l’évolution historique, on le sait, la société est de plus en plus soumise à l’échange marchand, Aussi, Ibn Khaldoun consacre une partie importante de son analyse à la question essentielle du commerce et de sa régulation. Pour lui, l’activité commerciale est, en général, productive puisqu’elle est un moyen naturel de gagner sa vie. Mais comment s’exerce cette activité, et qui sont ces commerçants qui permettent aux biens et denrées de toutes sortes de se transformer en argent par l’achat et la vente ?
Apparemment, cela est simple : « le secret du commerce, c’est d’acheter bon marché et de revendre cher. » Pour cela, les commerçants recourent à divers procédés, par exemple : stocker les marchandises et attendre la hausse des cours pour revendre ; vendre les marchandises sur un marché extérieur à la région où la demande est plus forte. Ibn Khaldoun accorde une importance particulière à la notion de demande car, « tous les marchés sont approvisionnées selon les demandes du public. » Ce qui laisserait supposer que toute demande implique une offre équivalente. Il n’y a donc, chez lui, aucun risque de sous-consommation, sauf en cas de rétention de l’offre pour des raisons spéculatives. De ce fait, Ibn Khaldoun serait le précurseur de la loi des débouchés de l’économiste français Jean Baptiste Say[10], selon laquelle il y a toujours équilibre entre offre et demande. Sauf que chez Ibn Khaldoun c’est la demande qui crée son offre, alors que c’est l’inverse pour Say. Pour ce dernier, tout ce qui est produit peut être vendu : « c’est la production seule qui ouvre des débouchés aux marchandises.[11] » Il est ce que l’on appelle un économiste de l’offre.
Au vu de l’importance accordée à la demande, Ibn Khaldoun est plutôt un économiste de la demande. Ceci peut d’ailleurs se comprendre : au XIVème siècle, le commerce est encore le résultat, chez beaucoup d’artisans, d’un travail à façon, sur commande. C’est ainsi, selon Aly Mazahéri, que, « tout le long du jour, les élégants venaient choisir du linge ou des vêtements ; parfois, ils apportaient leur tissu… Le tissu de soie était pesé par le tailleur, qui devait livrer dans un délai de moins d’une semaine, un vêtement de poids correspondant.[12] »
Pour ces raisons, Ibn Khaldoun insiste sur la nécessité pour le commerçant de viser des marchés de taille importante pour que la demande le soit aussi. Ainsi, écrit-il, « un négociant qui connaît son affaire (ne présentera) que des produits de consommation courante, demandés aussi bien par les riches que par les pauvres, par les grands que par les particuliers. » Car, en l’absence de demande il n’y a guère de bénéfice. C’est pourquoi, précise-t-il, « une grande ville peuplée a de bas prix pour les denrées et les objets de première nécessité, et des prix élevés pour les produits de luxe comme les condiments ou les fruits. [13]» En d’autres termes, plus l’offre et la demande d’un bien sont élevées, plus le prix est bas. Inversement plus l’offre et la demande d’un bien sont faibles, plus le prix est élevé. Aussi, plus que l’équilibre entre offre et demande, c’est le niveau de cet équilibre qui intéresse Ibn Khaldoun. Par ailleurs, il intègre d’autres variables dans la détermination des prix. Il souligne que le prix des marchandises est fortement affecté par la distance et le risque couru pour acheminer les denrées sur un marché lointain, dans la mesure où ces facteurs participent tous deux à rendre le produit plus rare, donc plus cher. C’est d’ailleurs aussi pour réduire ces risques que le souverain doit assurer la sécurité des routes du royaume.
Ceci étant, pour Ibn Khaldoun, la cherté des biens ne s’explique pas uniquement par un équilibre de faible niveau d’offre et de demande, ou par des questions de distance et risques encourus. Pour lui, les prix des produits dépendent aussi de deux éléments essentiels.
Primo, pour les produits en général, le prix de revient est fondamental. En effet les frais utilisés pour la production d’un bien contribuent de façon primordiale au prix final.
Secundo, pour les produits de luxe, le niveau élevé des rémunérations des artisans contribue aussi à l’augmentation des prix. La forte demande de produits de luxe dans les villes se conjugue à des exigences aussi fortes des artisans en termes de rémunération : comme la vie est facile et la nourriture abondante, ceux-ci rechignent à travailler sauf si leur travail est mieux rétribué. De plus, dans les villes, il y a beaucoup de gens qui disposent d’importants revenus à dépenser, de nombreux besoins à satisfaire et donc des artisans qualifiés à faire travailler. Sur fonds de demande exacerbée, la concurrence entre demandeurs est telle qu’elle les pousse à rechercher des artisans exclusifs. Le résultat en est que les ouvriers et artisans « deviennent arrogants et très chers. »
Plus précisément, Ibn Khaldoun s’interroge sur les différents niveaux de prix et sur leur influence sur la société. Ces prix peuvent être bas, élevés ou moyens. Lorsqu’ils sont bas, l’impact est négatif sur l’ensemble des producteurs directs, car leur travail est faiblement rémunéré, et sur les négociants dont les marges bénéficiaires sont minimales. « Voyez, par exemple, les grains. Tant qu’ils restent bon marché, c’est tant pis pour les paysans et les producteurs : ils ne gagnent presque rien, et ne peuvent guère augmenter leur capital. Ils en sont réduits à vivre sur leurs réserves, c’est-à-dire à tomber dans la misère. Il en est de même pour les meuniers, les boulangers et tous ceux qui s’occupent de céréales, depuis les semailles jusqu’à la consommation.[14] »
Cependant, pour les consommateurs, c’est la situation idéale, notamment pour les biens de subsistance, car « tout le monde en a besoin et riches ou pauvres sont bien obligés de se nourrir. Et les nécessiteux sont toujours plus nombreux. » Mais, ajoute Ibn Khaldoun, « la cherté excessive ne vaut pas mieux. Même si de temps à autre, et rarement, elle peut accroître le capital d’un accapareur, c’est la pratique du juste milieu et des rapides fluctuations des cours qui rapportent aux commerçants bénéfice et profit. [15]» Un juste milieu qui devra également tenir compte des « taxes sur les marchés et des droits de porte au nom du sultan, ainsi que des impôts sur les bénéfices, levés par les percepteurs, à leur propre usage. » Ce qui renvoie à la question de la justice, ou de l’injustice, sociales. En tout cas, Ibn Khaldoun privilégie la politique du juste milieu[16], et désapprouve fortement toute volonté d’accumulation exagérée, fondée sur des pratiques spéculatives réprouvées par la loi.
Ibn Khaldoun identifie trois grands types de marché : le marché de proximité, où se rencontrent offres et demandes de produits pour le plus grand nombre (les pauvres et les riches) ; le marché extérieur où se rencontrent les offres et demandes de produits à l’importation et à l’exportation ; le marché de l’Etat. Pour lui, ce dernier marché constitue le cœur de l’économie marchande. En effet, Ibn Khaldoun constate que « l’Etat est le plus grand marché du monde, où s’élabore la civilisation matérielle, … Car, l’Etat est le marché principal, la source et le fondement de tous les marchés. C’est lui le principal fournisseur de recettes et de dépenses. S’il dépérit et dépense peu, les marchés qui en dépendent en feront autant, dans une plus grande mesure.[17] » Cette vision est, là aussi, d’une grande modernité. Elle reste d’une brûlante actualité quand on voit le niveau des dépenses publiques dans tous les pays, y compris (et surtout ?) dans les pays développés à économie de marché.
A son époque, ceci est d’autant plus inquiétant pour Ibn Khaldoun, qu’en parallèle, le souverain et ses clientèles disposent de nombreuses terres et de milliers de têtes de bétail. A cause de cela, le sultan se transforme lui-même en commerçant et exerce une concurrence déloyale car, « il peut faire main basse sur une grande quantité de denrées, ou encore les faire céder à vil prix : personne n’oserait renchérir. Il oblige donc les vendeurs à baisser leurs prix. Et puis, comme il a le souci des besoins de l’Etat, il n’attend pas la montée des cours : quand il dispose de ses propres productions –grains, soie, miel ou sucre – il force les marchands à les lui acheter au plus haut prix. [18]» Dès lors, ceux-ci ne peuvent revendre ces marchandises qu’à perte, allant jusqu’à fermer leurs boutiques. Ce qui, on le verra, conduit à réduire le niveau des recettes fiscales et met en danger le budget de l’Etat.
Dans ces conditions, la régulation par les seules vertus du marché n’est guère suffisante, et Ibn Khaldoun ne conçoit donc pas que les marchés puissent s’autoréguler. Il est loin de s’en tenir, comme le fera Adam Smith au XVIIIème siècle, « au laisser faire, laisser aller » ou à « la main invisible du marché ». Pour lui, en bon « régulationniste[19] », l’activité commerciale, comme toute la société, ont besoin d’un « frein modérateur ». A son époque, c’est le rôle dévolu par le souverain à une institution spécialisée dans le contrôle des marchés. A l’époque du califat, celui-ci correspondait à une fonction religieuse, liée aux obligations divines visant de façon générale à encourager le bien et à lutter contre le mal. Puis, avec l’avènement de la monarchie, la fonction est devenue un emploi royal à part entière.
Le titulaire de la charge, appelé Muhtasib, est directement choisi par le souverain. Aidé de plusieurs assistants, il est un personnage tenant à la fois du juge de paix et du commissaire de police. Ses obligations sont nombreuses et il intervient dans plusieurs domaines de l’activité économique et sociale. Il établit les normes et régulations nécessaires au bon fonctionnement des activités de production et de commercialisation. Dans ce cadre, le Muhtasib a l’obligation de porter à la connaissance de la population, des artisans et des commerçants les dispositions légales. Il fait afficher, aux portes des mosquées, les normes et règlements relatifs aux différentes activités. Il en est ainsi, par exemple, des dimensions réglementaires des briques et des tuiles utilisées dans la construction. Il veille à leur respect et sanctionne « tout ce qui touche aux fraudes ou aux malversations sur les denrées alimentaires ou sur les poids et mesures. » Il veille à l’instauration d’une saine et loyale concurrence. Il peut aller jusqu’à faire payer les débiteurs récalcitrants, quand l’intervention d’un juge n’est pas requise. Mais, il « veille (aussi) à la sauvegarde des intérêts publics dans la ville… Par exemple, il interdit de boucher les voies d’accès. Il empêche les charges excessives des portefaix ou des bateliers. Il ordonne aux propriétaires d’immeubles qui menacent ruine de les faire démolir et de supprimer ainsi tout danger pour les passants.[20] »
La régulation des marchés est également assurée par l’intervention du directeur de la monnaie, dont la mission principale est de protéger les commerçants et les consommateurs contre toute éventuelle falsification des monnaies en usage dans le commerce : métal utilisé, titre, poids, présence du sceau royal…
Cette régulation, selon Ibn Khaldoun, est d’autant plus nécessaire que les comportements malhonnêtes se multiplient. On pourrait penser, ici, qu’Ibn Khaldoun a « la dent dure » contre les « mercantis » qu’il semble charger de tous les vices. Mais, Ali Mazahéry[21], un autre connaisseur de la société musulmane de cette époque, confirme ses observations. Il note que, globalement, jusqu’au Xème siècle, les commerçants étaient plutôt scrupuleux et respectueux des bonnes règles commerciales. Cependant, les comportements se modifièrent progressivement dès le XIème siècle, avec le déclin de la civilisation musulmane, l’essor de la société sédentaire, et la culture du luxe et du gaspillage. Depuis cette époque, la conscience professionnelle s’est effritée au point qu’un bon nombre de commerçants se mirent à tromper les clients sur la qualité des produits et leur poids, sans compter toutes les pratiques spéculatives, sur lesquelles on reviendra. Ainsi, la régulation commerciale, par la chasse permanente aux fraudeurs et aux mauvaises pratiques commerciales, devait favoriser le bon fonctionnement du marché, aider les producteurs et les distributeurs à réaliser, aux meilleures conditions leurs échanges. Car, « en politique générale, il est parfait de respecter… les marchands pour les encourager à étendre leurs affaires… Mettre chacun à sa place, c’est là un traitement équitable – autrement dit : la justice.[22] »
Les inégalités sociales
Au temps d’Ibn Khaldoun, la société maghrébine est profondément inégalitaire. L’ensemble des mécanismes et instruments politiques et économiques, s’écartant à la fois de la « bonne gouvernance » et des préceptes de l’Islam en termes de « juste milieu », favorisent l’expression des inégalités et leur expansion.
Les Etats constitués sur le socle de la monarchie, mais héritant aussi des habitudes de l’économie de butin, privilégient les politiques spéculatives et rentières au détriment des classes productives. Confiscations de terres et de propriétés, spéculations foncières et commerciales, fiscalité lourde et injuste, se conjuguent pour décourager l’initiative créatrice et accroître la fracture sociale. S’il est vrai, selon Ibn Khaldoun, « qu’ en général tout homme doit avoir un supérieur », il n’en demeure pas moins que celui-ci, doit se comporter de façon juste et recourir à des lois qui n’oppriment pas son subordonné, si l’on veut qu’il agisse librement selon ses intérêts. Or, précise-t-il, l’homme est naturellement injuste, surtout lorsqu’il est au pouvoir.
Dans ces conditions, Ibn Khaldoun montre que la structure des inégalités est complexe. Aussi, identifie-t-il plusieurs niveaux d’inégalités.
Le premier niveau est constitué par les Etats rentiers. Ceux-ci sont caractérisés par une très forte concentration du pouvoir : au sommet se trouvent le souverain, son clan, ses courtisans et ses alliés. En effet, au niveau du pouvoir, précise Ibn Khaldoun, « la véritable noblesse de base n’appartient qu’à ceux qui ont l’esprit de clan ; … (mais) clients et suivants participent à l’esprit de clan de leur patron…[23] » Ceux-là, on le sait, ne tirent pas leurs revenus et leurs richesses d’un quelconque travail, mais des différentes rentes foncières, immobilières et commerciales qu’ils extorquent aux classes productives. A ce titre, leurs revenus sont des revenus improductifs et illégitimes.
Le second niveau est constitué des classes productives propriétaires de capitaux : les commerçants et les artisans. Leurs revenus sous forme de profits dépendent, en théorie, de l’évolution des marchés, des conditions de la production et des modalités de régulation menées par le Muhtasib et le directeur de la Monnaie. Sur cette base, « leurs gains sont proportionnels aux capitaux qu’ils ont investis. » Or, on vient de le voir, la régulation est, de façon chronique, détournée de ses objectifs premiers et perturbée par toutes sortes de pratiques spéculatives et frauduleuses, dont les principaux initiateurs sont le souverain et ses clientèles. Les revenus légitimes de ces classes productives sont donc limités par les appétits des couches oisives.
Le troisième niveau, le plus bas, est constitué de ceux qui n’ont rien à gagner, ni à perdre. Il s’agit pour l’essentiel des petits artisans et des apprentis, qui n’ont que leur savoir-faire et quelques outils, mais aussi et surtout des paysans, dont les terres se sont réduites comme peau de chagrin, ou qui travaillent sur les terres des propriétaires fonciers, en tant qu’ouvriers agricoles ou en tant qu’esclaves. Ceux-là sont particulièrement vulnérables, et subissent de plein fouet toutes les pratiques rentières, le lourd fardeau des impôts et la chute de la production agricole qui en découle.
Ainsi, la hiérarchie des revenus se cristallise : au sommet se trouvent les rentes de toutes sortes, puis viennent les profits/capital, puis les profits/subsistance et enfin, à la limite de la survie, le revenu minimum de subsistance physique. Dans les sociétés rentières du Maghreb médiéval, tout concourt donc à la concentration des richesses au sommet de la pyramide sociale et à creuser les écarts de revenus au sein des populations.
Pour ces raisons, la répartition inégale des richesses est bien au cœur des inégalités sociales[24]. On savait déjà, par Ibn Khaldoun, que la conséquence inéluctable de la vie sociale c’est le désaccord dû à la pression des intérêts opposés. On se rend compte désormais que ces intérêts opposés, loin d’être rendus complémentaires ou à tout le moins conciliables grâce à une juste régulation, sont plutôt exacerbés par l’Etat rentier qui, plus est, utilise ces revenus à des fins improductives. A cet instant, il n’est plus question de « modérateur » et de régulation, encore moins de bonne gouvernance. Le constat est amer : les classes sociales les plus vulnérables et sans influence arriveront tout juste, selon Ibn Khaldoun, « à subsister en luttant contre la pauvreté ».
Au bout du compte, dans la réalité du Maghreb médiéval, en termes politiques, les rapports entre ces différentes classes sociales sont régis par un principe simple : « toute classe sociale exerce le pouvoir sur les classes inférieures. » C’est dire que le rang le plus bas subit le pouvoir des artisans et des commerçants ainsi que celui des classes rentières. Mais, derrière la question, ô combien essentielle des inégalités sociales, ce que montre Ibn Khaldoun, plus fondamentalement encore et le premier, c’est l’influence décisive de l’économie dans le fonctionnement et l’évolution des sociétés. Désormais, la puissance des souverains dépend de leur puissance économique, et celle-ci, à son tour, dépend du niveau des richesses produites par le travail de l’homme et des conditions de leur répartition.
Le développement durable et la bonne gouvernance
Grâce à ces quelques idées tirées d’Al Muqaddima, une œuvre exceptionnelle datant, rappelons-le, du XIVème siècle, et à bien d’autres qui n’ont pu être développées dans cet article, Ibn Khaldoun fut incontestablement le précurseur de tant d’économistes des XVIIIème, XIXème et XXème siècles. Mais il alla encore plus loin en dépassant le cadre de l’économie politique traditionnelle pour s’intéresser à l’ensemble de la société humaine et à ce qu’on appelle aujourd’hui le développement durable et la bonne gouvernance.
En effet dans Al Muqaddima, Ibn Khaldoun appela à la bonne gouvernance sur le moyen et long terme, qu’il définit ainsi : « la politique est l’art de gouverner une famille ou une cité conformément aux exigences de la morale et de la sagesse, afin d’inspirer à la masse un comportement favorable à la conservation et à la durée de l’espèce. [25]» Ne sommes-nous pas là très proche de la définition du développement durable, entérinée en 1992 par le Sommet de Rio organisé par les Nations Unies, qui stipule la nécessité « de répondre aux besoins des générations actuelles sans compromettre la possibilité de répondre à ceux des générations à venir. » ?
A cet effet, trois missions principales, selon Ibn Khaldoun, doivent être assignées au pouvoir politique.
Tout d’abord celui-ci doit assurer l’intégrité et la sécurité sur l’ensemble du territoire, dans les villes comme dans les campagnes. Il en va de la défense des villes et des routes par les armées à la sécurité des biens et des personnes : le souverain doit protéger la propriété, défendre ses sujets et réguler les conflits d’intérêts.
Ensuite, le souverain doit assurer le bon fonctionnement de l’Etat et veiller à maîtriser les dépenses et les recettes liées à l’activité publique, notamment à l’aménagement du territoire, avec le souci de l’équilibre budgétaire.
Enfin, le souverain, ou le pouvoir politique, doit assurer la régulation des activités économiques et sociales, en édictant et faisant respecter des règles pour la production, l’échange, l’émission et la circulation monétaire, la distribution et la redistribution des revenus et, de façon générale, la vie en société.
Pour comprendre globalement la société, cinq siècles avant Auguste Comte (1840) Ibn Khaldoun fut donc, également, selon Vincent Monteil, « l’inventeur de la sociologie » car il s’intéressa de façon prioritaire à la civilisation humaine, aux rapports de coopération et de pouvoir entre les hommes, dans la société bédouine comme dans la société sédentaire, à la campagne et dans les villes. Il énonça, le premier, les deux principes essentiels de la sociologie moderne : les sociétés, comme toutes choses, sont soumises au changement ; les comportements des individus sont le reflet de leur vie sociale. Sur cette base, « sa » sociologie s’inscrivit dans une double démarche que l’on retrouve dans cette discipline jusqu’à nos jours. D’une part, les fondateurs « officiels » de la sociologie (Comte, Tocqueville, Marx[26], Durkheim ou Weber) cherchèrent, tout comme Ibn Khaldoun, à découvrir les lois générales d’évolution des sociétés humaines. D’autre part, et plus récemment, les sociologues contemporains développèrent les techniques d’analyse et d’investigation plus spécifiques à l’étude d’une partie de la société : enquêtes de terrain, comportements sociaux, analyse statistique, sondages d’opinion… Or, c’est grâce à de tels outils qu’Ibn Khaldoun affirma que « l’homme est l’enfant de ses habitudes. » Ses enquêtes et ses descriptions de la vie dans les cités médiévales du Maghreb furent remarquables de précision. Ne fut-il pas le premier à aborder la notion de « détribalisation » par laquelle il signifia le passage de l’homme rural à l’homme urbain et ses implications sur les changements de mode de vie ? Que dire également de sa description des pratiques commerciales et spéculatives de son époque ?
Par ailleurs, étudiant les villes, Ibn Khaldoun, expliqua les causes de la pollution et des atteintes à l’environnement. Il aborda, le premier, les questions d’urbanisme et de planification urbaine, montra les dangers de la surpopulation des villes et les risques conséquents en termes de pollution de l’atmosphère, affirma la nécessité de choisir l’implantation des villes dans les zones non polluées.Il s’intéressa aux liens de cause à effet entre l’évolution des besoins en ville et les maladies de la surconsommation. Il montra la tendance naturelle des villes à prendre le pas sur les campagnes.Dès le XVIIIème siècle, l’histoire confirma son analyse : avec la révolution industrielle, l’Angleterre fut le premier pays où la population urbaine dépassa la population rurale. Aujourd’hui, au niveau de la planète, près de 60% de la population vit dans les villes. Dans certains pays la proportion des urbains dépasse 80%.
Dès lors, au bout du compte, et plus de six siècles après sa mort, comment douter du génie d’Ibn Khaldoun, et ne pas voir que sa pensée, dans sa méthode et dans son contenu, reste d’une justesse et d’une modernité incroyables. Comme une lumière qui continue d’éclairer le présent et l’avenir. Une pensée qui, à l’évidence, mériterait d’être mieux connue et mieux étudiée, « avec esprit critique, et sans complaisance, » comme le recommandait Ibn Khaldoun lui-même, … principalement au Maghreb. Ce serait le meilleur hommage à lui rendre.*http://librealgerie.info/2017/03/21
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*Urgence pour l’Algérie, d’une nouvelle gouvernance de la gestion des institutions de l’Etat
**Par Pr Abderrahmane Mebtoul| 24 Janvier 2018
Méditons le grand philosophe ARISTOTE pour qui la moralité des dirigeants politiques est fondamentale pour bien gouverner la Cité, le grand sociologue maghrébin IBN KHALDOUN pour qui « dans la nature innée des hommes se trouve le penchant vers la tyrannie et l’oppression mutuelle » d’où l’importance des institutions, et John Maynard KEYNES grand économiste du XXème siècle pour qui « il vaut mieux que l’homme exerce son despotisme sur son compte en banque personnel que sur celui de ses concitoyen ». l’Algérie ne traverse pas une crise financière mais une « crise de gouvernance, risquant, si l’on n’y prend pas garde, de se transformer en crise financière .horizon 2020. Il ne suffit pas de changer des modèles économiques ou de gérer la problématique de l’emploi par décret, mais de changer le modèle de gouvernance ne pouvant plus réaliser une politique économique et industrielle copiée sur les schémas des années 1970.
1-La sphère informelle limite l’efficacité des institutions
L’importance de la sphère informelle qui a un impact sur le fonctionnement des institutions et on peut émettre l’hypothèse que lorsque l’Etat agit par des mesures administratives autoritaires étant en retard par rapport à la société, cette dernière enfante des règles qui lui permettent de fonctionner. Dans la majorité des pays d’Afrique limitant les politiques socio-économiques nous avons une dualité frappante avec des logiques différentes tant pour la formation du salaire et du rapport salarial, du crédit(car existe une intermédiation financière informelle avec des taux d’usure) et du taux d’intérêt qui renvoient à la nature du régime monétaire dualiste, la formation des prix et des profits dépendent dans une large mesure de la forme de la concurrence sur les différents marchés, la différenciation du taux de change officiel et celui du marché parallèle, de leur rapport avec l’environnement international( la sphère marchande étant souvent mieux insérée au marché mondial que la sphère réelle) et en dernier lieu leur rapport à la fiscalité qui conditionne la nature des dépenses et recettes publiques, en fait par rapport à l’Etat. Il est démontré que le paiement de l’impôt direct est un signe d’une plus grande citoyenneté et la généralisation de l’impôt indirect injuste par définition est la solution de facilité démontrant le manque de maîtrise de la régulation d’ensemble par l’Etat. Et peut-on parler tant de la citoyenneté civile, politique et d’une manière générale de la citoyenneté sociale lorsque la majorité des agents économiques vivant dans la sphère informelle ne payent pas leurs impôts ? Et là on revient à l’élément fondamental la confiance et toujours la confiance, sans laquelle ne peut exister ni un système politique, ni un système économique fiable. Dans certains pays, il y a plus de confiance que dans d’autres. Des interviews de terrain du docteur De Soto, grand spécialiste de la sphère informelle montrent qu’à une question en Suède : « Est-ce que vous faites confiance aux autres Suédois ? La réponse est que 65% des Suédois disent « oui, je fais confiance à un autre Suédois », Aux Etats Unis presque 54% des Américains disent oui, j’ai confiance aux autres Nord-américains. Quand on arrive au Brésil, c’est seulement 8% qui font confiance aux autres Brésiliens. Quant on arrive au Pérou, c’est 6% et les Argentins, entre 1 et 2%. Qu’en est-il pour l’Algérie où le cash prédomine alors que la base de l’économie de marché et de l’Etat de droit comme l’a montré le grand économiste Joseph Schumpeter repose sur deux fondamentaux –le respect du contrat et le crédit.. US). Son intégration est fondamentale pour crédibiliser toute action politique. Car, où est la crédibilité d’un État et des institutions qui ne contrôlent que 10 à 20% des activités économiques ? En fait, pour une analyse objective et opérationnelle, on ne peut isoler l’analyse de la sphère informelle du mode de régulation mis en place c’est-à-dire des institutions et l’extension de la sphère informelle est proportionnelle au poids de la bureaucratie qui tend à fonctionner non pour l’économie et le citoyen mais pour elle même en tant que pouvoir bureaucratique. Toute cela renvoie aux fondements anthropologiques , car pour le cas de l’Afrique, il y a dans la plupart des cas que les équipements anthropologiques intrinsèques qui modèlent le système politique et ses institutions.
2-Intégration de la sphère informelle et problématique de la bonne gouvernance
Comme l’ont montré les travaux des prix Nobel de sciences économiques entre 2009/2017 suite aux travaux d’autres prix Nobel de D. North et A.Sen, pour qui il ne peut y avoir de développement sans démocratie réelle et non formelle, pour renverser la tendance, les institutions à mettre en place doivent comprendre des règles formelles c’est-à-dire des règles codifiées au niveau légal (constitution, lois et décrets) et des règles informelles issues de rapports sociaux et de comportement réguliers et continus et qui n’ont pas fait l’objet jusque là d’une législation (routines et habitudes persistantes, coutumes, traditions, sanctions, tabous, croyances mythes), les enquêtes précises montrant que les institutions formelles et institutions informelles vivant dans le même espace et étant donc interdépendant que de nombreuses règles formelles ne sont qu’une validation ex post de règles informelles issues de la tradition ou de la coutume et réciproquement, une institution formelle peut être prolongée voire modifiée par une institution informelle. Cependant, l’objectif stratégique tout Etat en ce XXIème siècle outre de tenir compte de certains engagements internationaux (exemple les accords signés pour un accord de libre échange avec l’Europe des pays du Maghreb les ont contraint à adapter leurs législations et de prévoir certaines institutions), pour asseoir des institutions efficaces l’uniformisation des espaces économiques et sociaux loin des actes autoritaires(le dialogue social et politique et toujours le dialogue) faute quoi les analyses en termes de gouvernance telle que définies par la banque mondiale ont un sens limité. Je rappelle la définition de la banque mondiale dans sa nouvelle vision : « la gouvernance étant définie comme étant l’ensemble institutions par lesquelles le pouvoir s’exerce dans un pays avec pour objectif le bien de tous. Elle comprend les procédés par lesquels les titulaires du pouvoir sont choisis, contrôlés et remplacés, la capacité du gouvernement à gérer efficacement les ressources et à appliquer des politiques solides et enfin le respect des citoyens et de l’Etat envers les institutions régissant les interactions économiques et sociales intervenants entre eux » distinguant la gouvernance politique comprend de la gouvernance d’entreprise. Cela pose la problématique des liens entre la bonne gouvernance et les institutions car l’opérationnalisation de la bonne gouvernance est assuré par les institutions en distinguant : d’une part, les institutions politiques et juridiques qui contribuent à la construction d’un état de droit aussi d’assurer l’accès de la population à la justice et à la sécurité, d’autre part, les institutions économiques qui assurent le fonctionnement efficace et efficient de l’activité économique et la gestion optimale des ressources économiques et enfin les institutions sociales et communautaires qui assurent l’amélioration de la qualité de la santé et de l’éducation des populations ainsi que leur consultation et leur participation au processus de développement. Fait nouveau depuis la fin du XXème siècle, les institutions internationales et les récents travaux de recherche prennent de plus en plus compte la révolution dans le système des télécommunications et l’intelligence économique en précisant qu’il faille différencier la conception de la société de l’information plus technicienne et celle de la société du savoir adopté qui prend en compte la dimension de transformation sociale, culturelle, économique, politique et institutionnelle, ainsi qu’une perspective de développement plus diversifiée, en rappelant que les nouvelles technologies de l’information et de la communication bouleversent les anciens stratégies mondiales. C’est que les mutations que connaît l’économie mondiale ont leur équivalent dans le domaine de l’information et de la communication. Elles ont une répercussion fondamentale sur la bonne gouvernance, sur l’urgence du renouveau du mode d’enseignement, sur tous les mécanismes de gestion tant centrale que locale des institutions et des entreprises : passage de l’organisation hiérarchique dite militaire, puis à l’organisation divisionnelle , puis matricielle et récemment à l’organisation en réseaux, ces organisations cohabitant souvent dans un même espace mais avec le déclin des anciennes organisations classiques, s’adaptant au nouvelles mutations économiques du passage de l’ère de la matérialité du XXème siècle à l’ère de l’immatérialité ère du XXIème siècle. D’une manière générale, les progrès dans la bonne gouvernance et l’efficacité des institutions sont en rapport avec les réformes dans les pays où les dirigeants politiques, les décideurs, la société civile et le secteur privé considèrent la bonne gouvernance et la lutte contre la corruption comme des facteurs indispensables à une croissance durable et partagée. Mais en dépit des acquis en matière de gouvernance dans certains pays, d’autres, en nombre égal, ont vu leurs performances se dégrader sur plusieurs aspects de la gouvernance. Les différentes résolutions de l’Union africaine insistent sur le fait que ce n’est pas que la corruption n’existe pas ailleurs dans le monde .La grande différence c’est qu’en Afrique, elle plombe le développement et décourage tout investissement porteur Analyse confirmée par la banque africaine de développement pour qui ce fléau conduit à une perte d’environ 50% des recettes fiscales annuelles et engendre une augmentation des prix proche de 25% supporté par les couches les plus pauvres du fait de la répercussion dans le prix final de la marchandises et dans les couts des projets qui seraient gonflés au minimum de 10%.Cela pose l’urgence de définir le rôle de l’Etat avant d’analyser la nécessité de l’optimalisation de la dépense publique
3- Poser la problématique du futur rôle de l’Etat dans une économie mondialisée
Il convient maintenant de se demander : que doit faire l’Algérie pour mettre en place une bonne gouvernance condition d’ un développement multidimensionnel ? Il convient de répondre à cela mais il est important de cerner ce concept en vogue actuellement devant nécessairement faire le pont entre la micro- gouvernance et de macro- gouvernance, existant des liens dialectiques entre la gouvernance politique et la gouvernance d’entreprise ce qui rend difficile de responsabiliser le manager devant poser la problématique qui est propriétaire d’une entreprise publique toujours dominante en cas de mauvaise gestion ? S’est –on soucié de la cohérence des institutions gouvernementales, à l’optimalité gouvernementale ou au niveau local où la responsabilité administrative devrait être couplé ave une homogénéisation économique et sociale d‘où l’importance du concept d’éco- pôles régional. Car excepté l’éducation et la santé comme le préconise le PNUD, qui contribuent indirectement et à moyen terme à la création de la valeur, les autres segments vivent du transfert de valeur renvoyant à la distinction nécessaire entre les concepts de traitement et de salaires, et du calcul du taux de chômage réel souvent sous estimé pour des raisons politiques En effet, comment ne pas constater le décalage entre la planification budgétaire et les priorités sectorielles ; l’absence d’interventions efficaces dues à un morcellement du budget résultant de la séparation entre le budget d’investissement et le budget de fonctionnement (récurrent) ; des passifs éventuels potentiellement importants, des écarts considérables entre les budgets d’investissement approuvés et les budgets exécutés; des longs retards et des surcoûts pendant l’exécution des projets, ce qui témoigne de la faiblesse de la capacité d’exécution des organismes d’exécution. Ces enjeux institutionnels et de gouvernance qui contribuent largement à limiter la réussite des projets à alourdir les coûts, renvoient à la faiblesse des réformes institutionnelles et micro-économiques, à l’instabilité juridique et souvent au retour vers le dirigisme étatique, à ne pas confondre avec le rôle stratégique de l’Etat régulateur en économie de marché concurrentielle, le programme de réformes étant à la traîne dans les domaines tels que la privatisation des entreprises publiques sur des bases transparentes, la modernisation du secteur financier et dans des domaines de la gouvernance tels que la réforme de l’administration fiscale et de l’appareil judiciaire.
4-Rationalisation des choix budgétaires pour optimaliser l’effet de la dépense publique
Il y a urgence d’une plus grande efficacité de la dépense publique face à la crise, l’inefficacité accroissant les tensions sociales et budgétaires. Car, ces dépenses constituent un transfert de valeur que paye la population qui est en droit, en Démocratie, de demander l’opportunité et la qualité du service rendu. Or ces segments sont importants en tant qu’éléments devant favoriser la création de surplus, la fonction étatique devant s’inspirer des normes économiques spécifiques (dont on ne peut leur appliquer les principes de productivité des entreprises contrairement à la déclaration de certains politiques). Pourtant la difficulté de quantification n’exclut en aucune manière l’analyse qualitative, existant à la lumière de l’expérience des pays développés des instruments pour améliorer la gestion. Cela est lié à deux conditions essentielles : d’une part, fixer clairement les objectifs permettant d’atteindre l’optimum et d’autre part définir clairement les moyens pour atteindre ces objectifs. Si cela est aisé dans la sphère marchande concurrentielle que l’on peut imager par une fonction de production, dans les services- collectifs existent des difficultés. Au niveau des objectifs : ils sont souvent multiples et imprécis. Ainsi, par exemple, au niveau de l’éducation, une politique d’éducation ne définit pas seulement son contenu pédagogique mais- également ses retombées économiques, sociales, culturelles voire politiques à moyen et long terme. Ainsi, les objectifs sont diversifiés. En ce qui concerne les moyens : il n’est pas aisé de calculer avec précision les effets exercés de la combinaison des différents facteurs de production mis en oeuvre. Par exemple, au niveau de la santé, la bonne santé d’un ménage ne dépend pas seulement des soins médicaux mais aussi des conditions de logement, d’hygiène, d’éducation. Cependant, nous pouvons toutefois faire progresser l’analyse en mieux spécifiant la notion de services collectifs afin d’encourager la mixité qui favorisera la concurrence et généraliser le mode de gestion privée. Ainsi, en reprenant certains travaux d’économie publique, je peux distinguer, en termes opératoires, le bien public du service public et les services collectifs divisibles et ceux indivisibles. Le bien collectif est le support du service collectif. Quant aux services publics il désignent des services dépendant exclusivement des administrations publiques et rejoignent la catégorie des services tutélaires, la puissance publique agissant en tant que tutelle vis-à-vis des consommateurs. Dans ce cadre les travaux d’analyse, des coûts / avantages sociaux, les techniques américaines du Planning programming budgetary system (PPBS) ou françaises, technique de la rationalisation des choix budgétaires reposant sur la décomposition des dépenses publiques par objectifs aux moindres coûts, sont d’un apport appréciable pour les audits sur les services collectifs afin de tester de leur efficience. Il s’agit au sein de sous-sections compartimentées de définir une fonction -objectif permettant d’atteindre l’optimum sous réserves de contraintes tant internes qu’externes. La mise en œuvre de ces instruments de mesure traduit la volonté de faire le pont entre la micro et la macro- économie d’une part, d’autre part de lier les mécanismes macro-économiques et macro- sociaux permis- grâce à l’analyse systémique, le modèle étant ouvert et non fermé du fait de l’environnement mondial turbulent et variable. Mais globalement l’efficacité des institutions doit reposer sur une vision stratégique renvoyant à l’approfondissent de al réforme globale.
5-Approfondir la réforme globale
Les changements économiques survenus au niveau de l’économie mondiale ainsi que ceux qui sont appelés à se produire dans un proche avenir, doivent nécessairement trouver leur traduction en Algérie, dans des changements d’ordre systémique destinés à les prendre en charge et à organiser leur insertion dans un ordre social qui est lui même en devenir. La pleine réussite de cette entreprise qui dépasse largement le cadre strictement technique, restera tributaire largement d’un certain nombre de conditions . D’où l’importance de définir certains axes directeurs : une redéfinition du nouveau rôle de l’Etat dans le développement économique et social et d’une manière claire le droit de propriété, donc les relations entre l’Etat et le marché qui doivent procéder d’une démarche pragmatique par une définition des règles incitatives ; la production d’une culture politique participative ; une communication institutionnelle efficiente ; l’élaboration d’un nouveau consensus politique permettant de dégager une majorité significative dans le corps social en faveur des réformes. Il s’agit là d’une entreprise d’envergure consistant principalement à réorganiser le champ de l’information et de la communication pour plus de concurrence car l’information en ce XXIème siècle n’est plus le quatrième pouvoir mais le cœur du pouvoir même; réorganiser le mouvement syndical et associatif dont la promotion de la femme signe de la vitalité de toute société ; la réforme de la justice par l’application et l’adaptation du Droit tant par rapport aux mutations internes que du droit international ; adapter le système éducatif, centre d’élaboration et de diffusion de la culture et de l’idéologie de la résistance au changement et à la modernisation du pays ; la révision du foncier dans l’agriculture et une nouvelle politique de gestion de l’eau, cette or bleu qui risque de faire l’objet de guerres fratricides durant le XXIème siècle et concernant d’ailleurs tous les continents mais particulièrement l’Afrique ( le cas des eaux du Nil qui traverse plusieurs territoires pour l’Afrique est à méditer) et enfin la réforme du système financier qui est un préalable essentiel à la relance de l’investissement privé national et étranger, les banques publiques et privées étant au cœur d’importants enjeux de pouvoir entre les partisans de l’ouverture et ceux de préservation des intérêts de la rente. Elle est considérée, à juste titre, comme l’indice le plus probant de la volonté politique des Etats d’ouvrir ou non l’économie nationale à la libre entreprise.
6- Démocratie participative et régionalisation économique
D’une manière la réussite réformes institutionnelles et l’optimalisation implique plus de décentralisation à ne pas confondre avec l’avatar néfaste du régionalisme et de la déconcentration qui renforce la bureaucratisation. Comme les réformes sont douloureuses et ayant un coût, de nouvelles formes de gestion des stratégies sociales pour plus de cohésion sociales s’imposent . Premier aspect, la vision centralisatrice jacobine annihile les créativités locales et la régionalisation économique, à ne pas confondre avec le régionalisme qui fait jouer les relations tribales, est une voie salutaire pour bon nombre de pays d’Afrique, évitant l’autoritarisme d’en haut de peu d’efficacité tant économique que sociale impliquant des institutions appropriées. Dès lors, une réorganisation du pouvoir local dont la base est la commune, pour une société plus participative et citoyenne s’impose, réorganisation fonction de la revalorisation de la ressource humaine renvoyant à l’urgence de la révision du statut de la fonction publique. Les collectivités locales doivent se préparer à une mutation radicale devant faire passer du stade de collectivités locales providences à celui de collectivités entreprises responsables de l’aménagement du développement et du marketing de leur son territoire. C’est pourquoi la fonction de wali- dont le rôle essentiel est celui d’animation et de coordination des communes, ne doit plus répondre aux critères actuels où l’administratif prime mais à des hommes managers d’un niveau intellectuel élevé et d’une haute moralité si l’on veut éviter une bureaucratisation locale plus néfaste que la centrale. Cette mutation soulève la question des moyens et surtout de leur optimisation. La réforme de la fiscalité locale devra prendre en charge les ressources propres dont doivent disposer les communes, ainsi que les péréquations qui permettront d’aider les moins favorisées d’entre elles. Le développement local doit être placé au cœur des préoccupations tant de l’ensemble des départements ministériels, des gouverneurs, walis, des élus, des syndicats que de la société civile. Pour répondre à cet enjeu majeur, on doit miser sur la valorisation du territoire et l’organisation du développement autour d’espaces équilibrés et solidaires (éco- pôles qui regrouperaient universités- centres de recherche- entreprises- chambres de commerce- administrations) tenant compte de l’urgence d’une urbanisation maîtrisée (actuellement anarchique avec des coûts directs et indirects faramineux) et de la protection de l’environnement et du cadre de vie qui se dégradent de jour en jour. Pour le second point, il ya urgence de la mise en place de nouveaux mécanismes de régulations sociales devant revoir la gestion des caisses de retraite et de la sécurité sociale, les subventions ciblées devant dorénavant être budgétisées non plus au niveau des entreprises mais sur le budget de l’Etat. L’avenir est dans une plus grande flexibilité de la force de travail reposant sur une formation permanente et notamment dans les gisements importants d’emplois sur les activités de services, des emplois de proximité, ce qui impliquera le développement important dans les années à venir des services marchands rendus nécessaires par l’élévation du niveau de qualification.
7.- Institutions et nécessaire cohésion sociale
C’est dans ce cadre qu’il y a lieu de distinguer plusieurs formes de protection, outre toutes les entités religieuses d’assistance qui dans les sociétés traditionnelles jouent un rôle souvent important, fondamentalement nous avons quatre institutions qui jouent un rôle décisif dans la couverture des risques de l’existence, et ceci d’une manière à la fois concurrente, complémentaire et solidaire : la famille et la tribu, l’entreprise, les marchés et l’Etat. Premièrement la famille et la tribu peuvent être considérées, d’un point de vue économique, comme une « petite société d’assurance », où l’on mutualise les risques. Encore que la contraction de la famille élargie, le développement de l’instabilité familiale, l’éclatement des tribus pour des raisons de mutations sociologiques et économiques surtout avec l’exode et le taux d’urbanisation ont en quelque sorte appelée de nouvelles formes d’interventions de l’Etat, qui avec des moyens financiers limités a accentué le divorce Etat/citoyens.. -Deuxièmement l’entreprise est appelée à l’avenir en Afrique à jouer comme facteur de gestion des risques de l’existence. Cette question du partage des risques ouvre le débat concernant le développement d’un nouveau capitalisme en Afrique fondé à la fois certes sur l’efficacité mais également sur l’équité. Le troisième acteur historique de la protection sociale, ce sont les marchés. .. L’épargne, l’assurance et la prévoyance ont été posées dès le début du XIXe siècle comme le principal moyen de se protéger contre les risques de l’existence -Enfin, quatrièmement, entre ces trois ensembles d’institutions famille/tribus, entreprise, marchés, intervient l ‘Etat dont la fonction a largement évolué en tant qu’institution en intervenant en matière de protection sociale comme employeur, pour aménager le statut des fonctionnaires et avec l’institution de la Sécurité sociale, l’Etat fait de la protection sociale une de ses fonctions fondamentale.
8- La problématique des relations internationales et de l’intégration régionale
Il est illusoire de penser gouvernance en en termes d’Etats Nations. En effet, L’émergence d’une économie et d’une société mondialisées et la fin de la guerre froide depuis la désintégration de l’empire soviétique, remettent en cause d’une part la capacité des Etats- nations à faire face à ces bouleversements et d’autre part les institutions internationales héritées de l’après-guerre. Car, en l’absence d’institutions internationales réformées tenant compte des nouvelles mutations mondiales et notamment des pays émergents, capables de prendre le relais de la souveraineté étatique défaillante, le risque est que le seul régulateur social demeure les forces du marché à l’origine d’ailleurs la crise mondiale actuelle. L’objectif stratégique est de repenser tout le système financier mondial issu de Breeton Woods en 1945 en intégrant le défi écologique, car en ce début du 21ème siècle, des disparités de niveau de vie criardes font de notre planète un monde particulièrement cruel et dangereusement déséquilibré. L’abondance et l’opulence y côtoient d’une manière absolument insupportable la pauvreté et le dénuement. Sur les sept milliards d’habitants que compte la planète, un cinquième – dont 44% en Asie du Sud – a moins d’un (01) dollar par jour de revenu. Quand on sait que, dans les 25 prochaines années, la population mondiale augmentera de deux milliards d’individus – dont 1,94 milliard pour les seuls pays en voie de développement – on peut imaginer aisément le désastre qui menace cette partie de l’humanité si rien de décisif n’est entrepris. .Devant cette situation, l’intégration économique me parait essentielle car seule des actions collectives peuvent avoir un effet .C’est dans ce cadre que. Je considère que le sous segment de l’intégration maghrébine au sein de l’espace euro- méditerranéen et africain, son espace social et économique naturel, intégration à laquelle je suis profondément attaché depuis plusieurs décennies, est vital pour l’Algérie. Ce n’est pas une utopie mais une nécessité économique et historique, pouvant être un puissant catalyseur de développement ,pour ces espaces intégrés atténuant à la fois le terrorisme qui se nourrit de la mauvaise gouvernance locale et de la misère, et mettant fin à cette misère humaine à travers les immigrations clandestines. D’où l’importance de dépasser la vision étroite des micro- Etats suicidaire pour le Maghreb et l’Afrique qui a un poids économique insignifiant au sein du commerce mondial .Il faut aller vers le concret loin des discours puisque l’ensemble des points soulevés concernant cette intégration, ont été au centre des résolutions de l’Association Europe Afrique tenue à l’Unesco fin 1993 sous la présidence d’un grand défenseur de l’Afrique Pierre Moussa et co-présidé par Thabo Mbeki alors vice président de l’Afrique du Sud auxquels j’ai participé à travers une communication sur l’urgence de l’intégration de l’Afrique et du Maghreb maghrébine face aux stratégies euro-méditerranéennes, et lors du mouvement international européen tenu à Alger du 24 au 26 février 2006 dont j’ai l’honneur de présider l’atelier investissement, assisté du Directeur de la Banque Européenne d’ Investissement ( BEI)où l’objectif du développement du Maghreb était de s’inscrire dans le cadre euro méditerranéen pour un dialogue fécond entre le Nord- le Sud pour une prospérité partagée . . Du point de vue économique pour réaliser l’intégration on peut envisager la solution intermédiaire fondée sur l’interaction entre la l’harmonisation commerciale et industrielle.. Car une monnaie commune est une utopie sans passer par ces phases intermédiaires dont l’uniformisation des taux de change . Comme, il y a lieu d’accorder une attention particulière à l’action éducative car l’homme pensant et créateur qui est avec la bonne gouvernance les deux fondamentaux du développement du XXIème siècle, devra être à l’avenir le bénéficiaire et l’acteur principal du processus de développement. C’est pourquoi je préconise la création d’une université afro -maghrébine, ainsi qu’un centre culturel de la jeunesse afro- maghrébine comme moyen de fécondation réciproque des cultures, et la concrétisation du dialogue soutenu pour éviter les préjugés et les conflits sources de tensions inutiles. 9- Face aux nouvelles mutations , des stratégies d’adaptation Cette présente analyse a fortement insisté sur la solidarité du Politique, de l’Economique, du Social et du Culturel , l’histoire fondement de la connaissance , facteurs inextricablement liés au sein d’un univers de plus en plus globalisé, où les grands espaces socio- économiques dominent, basés sur la maîtrise des innovations technologiques, la révolution dans le domaine de l’information, le contrôle des circuits commerciaux et financiers et en prenant en compte les effets des mutations mondiales qui devraient entraîner un bouleversement géostratégique et économiques entre 2018/2030. Un changement culturel de bon nombre de responsables s’impose pour comprendre les nouvelles évolutions du monde avec cette préoccupation majeure en ce XXIème siècle, le défi écologique qui nous impose un changement profond dans les deux prochaines décennies de notre mode de production et de consommation si l’on veut éviter un désastre planétaire qui touchera en premier lieu les pays les plus pauvres, dont l’Afrique. Devant cette situation évolutive, le monde étant en perpétuel changement, l’Algérie recèle d’importantes potentialités de sorti de crise et d’une manière générale, l’Afrique reste un continent prometteur comme l’attestent les différentes rencontres USA/Afrique, Europe/Afrique, Chine/Afrique, Japon/Afrique Inde/Afrique Turquie/Afrique, rencontres non innocentes, s’insérant dans le cadre d’une lutte pour la reconfiguration géostratégique du monde. Mon pays l’Algérie qui est un grand pays accorde une importance stratégique au renouveau de l’Afrique ainsi qu’à l’intégration maghrébine économique. Pour terminer, espérons que cette modeste contribution suscitera des débats contradictoires productifs, le plus grand ignorant étant celui qui prétend tout savoir. Car je considère que le rôle de l’intellectuel n’est pas de fonctionner aux ordres, de produire des louanges par la soumission qui est contreproductive pour le pouvoir lui-même en contrepartie d’une distribution de la rente, mais d’émettre des idées constructives, selon sa propre vision du monde, par un discours de vérité pour faire avancer la société. Méditons tous ensemble cette phrase pleine de sagesse du grand philosophe Aristote : « Le doute est le commencement de la sagesse » et ce proverbe amazonien « Quand on rêve seul, ce n’est qu’un rêve mais quand on rêve tous ensemble, c’est déjà le commencement de la réalité. ademmebtoul@gmail.comDocteur Abderrahmane Mebtoul professeur d’université en management stratégique expert international, membre du conseil scientifique de la Cafrad– institution dépendante dde l’Unesco spécialisé dans la formulation de nouvelles instituons pour l’Afrique
Un excellent rapport a été élaboré par le Ministère des affaires étrangères (Algérie) intitulé « programme national en matière de gouvernance (527 pages) structuré en six chapitres ( MAE 2012) ainsi -démocratie et gouvernance politique – gouvernance et gestion économique- gouvernance des entreprises – développement socio-économique , questions transversales et point de vue de la société civile
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