Les sujets du bac de philo (France)
Des élèves de terminale travaillent au lycée Chaptal à Paris sur l’épreuve de philosophie du baccalauréat.
Année 2014
***cliquer ici: sujets et corrigés du bac philo
* « L’artiste est-il maître de son oeuvre » ? ****Retrouvez les corrigés des 3 sujets de dissertation et d’explication de texte de l’épreuve au baccalauréat 2014 pour la série S.
* « Vivons-nous pour être heureux? «
Année 2014
Voici les sujets de philosophie et les corrigés de la première épreuve passée par les candidats au Bac 2014. En partenariat avec Philosophie Magazine : consultez les sujets et pistes de réflexion pour l’introduction et la problématisation et ainsi pour comprendre si vous avez diserté ou expliqué le texte dans le bon sens…
Les sujets du Bac philo 2014
Série L : Littéraire (coef 7)
Sujet 1 : Les œuvres d’art éduquent-elles notre perception ?
Sujet 2 : Doit-on tout faire pour être heureux ?
Sujet 3, explication de texte : Karl Popper, «La Connaissance objective», 1972
Série ES : Economique (coef 4)
Sujet 1 : Suffit-il d’avoir le choix pour être libre ?
Sujet 2 : Pourquoi chercher à se connaître soi-même ?
Sujet 3, explication de texte : Hannah ARENDT, Condition de l’homme moderne, 1958
Série S : Scientifique (coef 3)
Sujet 1 : Vivons-nous pour être heureux ?
Sujet 2 : L’artiste est-il maître de son œuvre ?
Sujet 3, explication de texte : René Descartes – Règles pour la direction de l’esprit, 1628
Bac Techno Série TMD (Techniques de la Musique et de la Danse) (coef 3)
Sujet 1 : La diversité des cultures fait-elle obstacle à l’unité du genre humain ?
Sujet 2 : Peut-on être indifférent à la vérité ?
Sujet 3, explication de texte : KANT, Doctrine de la vertu, 1795.
Bac Techno / toutes séries
Sujet 1 : Les échanges sont-ils toujours intéressés ?
Sujet 2 : Une vérité peut-elle être définitive ?
Sujet 3 : Texte extrait du Gorgias de Platon + questions sur le texte dont « Celui qui vit dans l’injustice et qui cherche à échapper à la punition est-il le plus malheureux des hommes ? »
Bac : pourquoi la philo ouvre le bal des épreuves ?
Les corrigés du Bac Philo 2014
Avertissement : il ne s’agit ici que de pistes de réflexion et non d’une copie type nécessairement attendue par vos correcteurs. D’autres approches, d’autres thèses et arguments sont possibles.
Corrigé Bac Philo Série L : Doit-on tout faire pour être heureux ?
Introduction/Problématisation.
A la différence de l’animal, l’homme ne se contente pas du bien-être physique et psychique et d’un état de contentement de ses besoins. Animé par le désir, il est en quête d’une satisfaction absolue, d’un état de plénitude durable où la perception du manque a disparu et qu’on appelle régulièrement le bonheur. De ce fait, la vie de l’homme s’organise, consciemment ou non, autour de cette visée du bonheur. Est-ce à dire que l’homme a l’obligation d’être heureux ? Si l’on prend le terme en un sens moral, il semble que le devoir de tout faire pour être heureux n’existe pas : en effet, nos devoirs s’adressent principalement à autrui et, dans le cas présent, on ne voit pas bien de quelle violation d’un principe moral autrui pourrait être victime si je ne fais pas tout pour être heureux. Dans le même temps, ne peut-on pas considérer qu’il existe une forme de devoir envers soi-même qui nous ordonne de fuir le malheur, d’entretenir l’espoir et de mener son existence selon l’idée que l’on se fait d’une vie bonne, digne d’être vécue ?
Mais si l’on entend ici qu’il s’agit de se donner tous les moyens possibles pour être heureux, le verbe devoir prend le sens d’un impératif pratique et le problème devient tout autre. En effet, il faut travailler à son bonheur, s’en donner les moyens pour parvenir aux buts auxquels on identifie l’obtention du bonheur. Cependant, rien ne la garantie jamais car, premièrement, il n’existe pas de recette tout faite, toute prête pour le bonheur et, deuxièmement, parce que la visée effrénée du bonheur risque d’entretenir une état d’insatisfaction permanent incompatible avec sa définition même…
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Par Mathias Roux
Corrigé Bac Philo Série L : Les œuvres d’art éduquent-elles notre perception ?
Introduction/Problématisation.
La perception désigne d’abord notre manière de prendre conscience de la réalité qui nous entoure à travers nos sens. Percevoir, c’est, en un sens, sentir. Or l’art s’adresse précisément à notre sensibilité. C’est un objet matériel, sensible précisément et qui en tant que tel va précisément être perçu. Dès lors, on peut se demander dans quelle mesure l’œuvre d’art éduque notre perception. Cette question a deux significations : d’une part il s’agit de savoir si la perception peut s’éduquer ? Est-elle donnée, et donc immuable, ou au contraire acquise et pouvant alors subir une éducation et une évolution? D’autre part, la question est aussi de savoir si l’œuvre d’art représente le bon outil pour une éducation de la perception. Dans la mesure où l’œuvre d’art est fictive, produit de l’imagination, ne risque-t-elle pas au contraire de déformer notre perception ?
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Par Aïda N’Diaye
Corrigé Bac Philo Série L : Explication de texte (Karl Popper, La connaissance objective, 1972)
Introduction/Problématisation.
Ce texte fait deux choses : d’une part, Popper définit ce qu’il faut entendre par déterminisme physique, d’autre part, il en fait la critique. D’une part, donc, il s’agit bien de montrer que le déterminisme peut prendre plusieurs significations. Ce à quoi s’intéresse ici Popper est l’un de ces sens, le déterminisme physique dont il faudra donc préciser la signification. D’autre part, il s’agit pour Popper d’en faire la critique. A travers la définition qu’il en donne et les implications qu’il en tire, Popper cherche à nous montrer que ce déterminisme constitue un véritable « cauchemar » dans la mesure où il implique que nous ne sommes absolument pas libres mais ne sommes que de « petits rouages ». Il s’agit donc pour Popper de montrer en quoi les implications de ce déterminisme rendent celui-ci intenable. Pour cela, le texte est assez clairement structuré en trois paragraphes…
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Par Aïda N’Diaye
Corrigé Bac Philo Série ES : Suffit-il d’avoir le choix pour être libre ?
Introduction/Problématisation.
En – 399, Socrate est condamné à mort au motif qu’il a corrompu la jeunesse et qu’il n’a pas respecté les dieux de la cité. Mais ses amis le pressent de quitter Athènes pour échapper à cette sentence injuste. Socrate pourtant refuse : il décide de se donner la mort en buvant la ciguë. Cet épisode célèbre de l’histoire de la philosophie donne à réfléchir : Socrate, en se suicidant a-t-il agi librement ? Son choix est-il bien celui d’un homme libre ?
Choisir, c’est opter, donner sa préférence à une chose plutôt qu’à une autre. Se demander si avoir le choix suffit à être libre revient à faire du choix l’essence de la liberté. Mais ainsi formulé le sujet jette le doute sur cette identification. De fait si, lors d’une exécution capitale, on laisse au condamné le choix du mode d’exécution de la sentence, le choix n’est-il pas un faux choix ? Saint Paul en décidant d’être décapité plutôt que crucifié, parce qu’en tant que citoyen romain, ce choix lui est offert, aurait sans doute préféré rester en vie pour continuer sa mission évangélisatrice. Il semble donc qu’ avoir le choix ne suffit pas à être libre. Peut-on soutenir pour autant que renoncer à choisir est un gage de liberté ? On se doute que non car si ce renoncement est volontaire, il est encore le produit d’un choix et s’il ne l’est pas, il y a contrainte donc absence de liberté. Tout le problème consiste donc à savoir si on peut déterminer a priori le choix pour que celui-ci garantisse notre liberté : Comment savoir si un choix est rationnel ou pas ? N’est-ce pas toujours a posteriori qu’on peut juger que tel ou tel choix était bien celui d’un homme libre ? Bref, si le choix n’est pas suffisant pour être libre, n’est-ce pas toujours à lui qu’il faut revenir pour signifier notre liberté ? Plus classiquement, on demandera si la liberté est réductible au seul libre-arbitre…
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Par Nicolas Tenaillon
Corrigé Bac Philo Série ES : Pourquoi chercher à se connaître soi-même ?
Introduction/Problématisation.
Dans son Apologie de Socrate, Platon rapporte que la Pythie, prêtresse du temple d’Apollon à Delphes avait affirmé que Socrate était le plus sage des Grecs. Or au fronton de ce même temple était gravée la formule : « Connais-toi toi-même ». Peut-on en déduire que Socrate avait tiré sa sagesse de la connaissance qu’il avait de lui-même ? Au fond pourquoi se connaître soi-même ?
L’intérêt que nous portons à nous-mêmes ne fait guère de doute ? Le goût du miroir, des arbres généalogiques, des réseaux sociaux où nous nous affichons, montre assez que nous sommes pour nous-mêmes un intérêt majeur. Mais ce rapport insatiable à soi relève-t-il bien de la connaissance ? Ne s’agit-il pas plutôt d’une tendance au narcissisme ? Comment donc démêler dans les causes qui nous incitent à nous observer nous-mêmes celles qui sont subies et celles qui sont choisies ? Au fond il s’agit de savoir si la connaissance de soi peut servir un but louable ou si elle ne fait que nous enfermer dans notre être au point, paradoxalement, de nous y aliéner. Ou pour le dire autrement : Quelle valeur attribuer à l’introspection ?
On se demandera par conséquent si la quête de la connaissance de soi est naturelle, pourquoi elle peut être aliénante et comment elle peut être valorisée.
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Par Nicolas Tenaillon
Corrigé Bac Philo Série ES : Explication de texte (Hannah Arendt, Condition de l’homme moderne, 1958)
Introduction/Problématisation.
Ce texte a pour thème l’évolution technique et aborde la question de la différence entre l’outil et la machine. Selon Arendt, cette différence apparaît dans le fait même de poser une question à propos de la machine qu’on n’avait pas eu l’idée de poser à propos de l’outil : est-ce à la machine de s’adapter à l’homme ou à celui-ci de s’adapter à la machine ? Pour l’auteur, cette question, en tant que telle, n’est pas intéressante et l’on ne doit pas y apporter de réponse. En revanche, le fait qu’on la pose révèle une différence fondamentale qui constitue la thèse de l’extrait présenté : durant le processus de fabrication, l’opérateur est entièrement au service de la machine alors que l’outil, lui, demeure au service de l’ouvrier. En arrière plan de cette observation, nous voyons apparaître une différence de relation fondamentale de l’homme à la technique selon qu’il s’agit de machine ou d’outils. Partant, ce texte nous invite donc à caractériser l’outil par rapport à la machine et à repérer une rupture dans l’évolution technique puisque l’une n’apparaît plus seulement comme l’amplification de l’autre (la machine n’est pas seulement un outil plus performant) mais un objet d’une autre nature, ayant des implications anthropologiques très différentes.
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Par Mathias Roux
Corrigé Bac Philo Série S : Vivons-nous pour être heureux ?
Introduction/Problématisation. Ce sujet soulève une problématique assez classique sur le bonheur : celle de savoir quelle place nous devons/pouvons lui accorder dans nos existences. Le bonheur constitue d’une part une fin légitime et même universelle. On ne peut reprocher à personne de vivre pour être heureux, c’est-à-dire de chercher à atteindre le bonheur, et l’on peut même donner à cette affirmation une portée universelle : oui, nous vivons tous, universellement, pour être heureux, tant il est vrai que la définition du bonheur est suffisamment relative à chacun pour que l’on puisse dire que tous les hommes veulent être heureux, quelqu’en soit la manière.
Mais dans le même temps, le bonheur est une fin incertaine. Vivre pour être heureux, cela signifie aussi chercher le bonheur à tout prix, ne vivre que pour ça. Or, pouvons-nous ainsi tout sacrifier pour le bonheur? Le bonheur constitue-t-il la seule et unique fin de notre existence? Il y a en effet d’autres buts que l’homme, en tant qu’être raisonnable, peut poursuivre et qui peuvent aller à l’encontre de leur bonheur individuel : la vertu, la connaissance, la citoyenneté, la liberté…. Ainsi le bonheur est-il bien la seule fin de notre existence, au détriment de toutes les autres, où notre humanité se joue aussi?… Retrouvez le plan détaillé sur le site philomag.com
Par Aïda N’Diaye
Corrigé Bac Philo Série S : L’artiste est-il maître de son oeuvre ?
Introduction/Problématisation.
On dit souvent d’une œuvre d’art qu’elle a un auteur et qu’elle appartient à un ensemble constituant l’œuvre d’un artiste. Celui-ci est aussi considéré comme possédant des dons techniques et un talent lui permettant de donner forme à ses inspirations. Sa supériorité par rapport au commun des mortels tient précisément à cette faculté d’imposer à un support la forme qu’il souhaite pour créer un œuvre inédite, représentant ses aspirations. Par ces différents aspects, l’artiste s’apparente à un maître. Mais la maîtrise technique ne constitue pas le seul aspect de la relation à l’œuvre, sinon l’artiste ne se distinguerait pas réellement de l’artisan. Se demander si l’artiste est le maître de son œuvre revient donc à interroger la spécificité de la notion d’auteur et à voir si elle s’apparente une relation de maîtrise, entendue aussi comme contrôle et possession de quelque chose. Or, si l’artiste est bien un maître dans son domaine, il ne va pas de soi qu’il soit le maître de son œuvre dans la mesure où elle lui échappe de plusieurs manières et c’est, justement, en cela que réside la particularité de la définition de l’artiste. En premier lieu…
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Par Mathias Roux
Corrigé Bac Philo Série S : Explication de texte (René Descartes, Règles pour la direction de l’esprit, 1628)
Introduction/Problématisation.
Quel est la meilleure méthode à adopter pour faire progresser les connaissances ? Y a-t-il des règles simples, facilement assimilables qui permettraient d’orienter toute recherche nouvelle ? Et si oui, pourquoi n’ont-elles pas été fixées par les Anciens ? Dans ce texte de jeunesse de Descartes, philosophe et mathématicien, texte extrait des Règles pour la direction de l’esprit, apparaît déjà tout l’enthousiasme du futur auteur du Discours de la méthode. Le père du rationalisme y propose en effet un nouveau paradigme pour fonder notre savoir : le paradigme mathématique. Pourtant Platon avait déjà affirmer l’importance de la connaissance des mathématiques comme condition de la connaissance puisqu’il avait fait graver au fronton de l’Académie : « Que nul n’entre ici s’il est géomètre ». En quoi donc le texte de Descartes est-il réellement innovant ?
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Par Nicolas Tenaillon
Corrigé Bac Philo Série techno : Les échanges sont-ils toujours intéressés ?
Introduction/Problématisation.
Par définition, l’échange représente un acte de transaction entre au moins deux parties : l’une donne quelque chose (un objet, un bien, un service, une parole) et reçoit en retour quelque chose de la part de l’autre, et réciproquement. Or, lorsque l’on donne en vue de recevoir, cela présuppose que nous avons effectué une sorte de calcul à l’avance et que nous avons prévu d’obtenir quelque chose, de tirer avantage de la situation. Autrement dit, nous sommes intéressés à l’échange, nous satisfaisons un intérêt propre en échangeant avec autrui, l’intérêt désignant l’avantage que nous espérons pour nous-mêmes. L’exemple type est, bien entendu, celui de l’échange au sens économique du terme qui n’est jamais gratuit, donc jamais désintéressé.
Mais peut-on toujours rapporter l’échange à la poursuite d’un intérêt ? Il semble que cela ne soit pas possible.
Par exemple, l’échange verbal – la communication – n’est pas toujours orientée par la recherche de l’intérêt personnel. Il nous arrive de parler pour le plaisir de parler sans que nous ayons par avance déterminer ce que cela allait nous (r)apporter. Mais, précisément, dans ce cas, ne s’agit-il pas d’une forme d’illusion que de croire qu’un échange puisse ainsi être désintéressé ? Ne faut-il pas affirmer que nous avons toujours un intérêt quelconque, même inconscient, à pratiquer l’échange ? À moins que nous puissions proposer une autre définition de l’échange, qui n’impliquerait pas nécessairement une réciprocité automatique entre les parties et, dans ce cas-là, l’échange pourrait peut-être se rapprocher de la définition du don.
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Par Mathias Roux
Corrigé Bac Philo Série techno : Une vérité peut-elle être définitive ?
Introduction/Problématisation.
La question peut, à première vue, semblée curieuse. En effet, une vérité est une affirmation conforme à la réalité qui, pour être considérée comme telle, doit être valable universellement : tout le temps, partout et pour tout le monde. Le fait qu’elle soit définitive est impliqué par sa définition même. Une vérité qui changerait avec le temps ne serait qu’une opinion provisoirement considérée comme vraie, c’est-à-dire seulement vraisemblable ou probable, et donc pas réellement une vérité.
Mais disposons-nous de telles vérités ? L’histoire du progrès des connaissances et de la science fourmille d’exemples de prétendues vérités considérées comme telles pendant des siècles soudainement contestées, abandonnées et remplacées par d’autres. Quelle garantie avons-nous donc du caractère définitif de nos vérités ? Une vérité n’est-elle pas toujours provisoire, autrement dit n’est-elle valable que tant qu’elle nous rend service ou qu’il n’a pas été (dé)montré qu’elle était fausse ?
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Par Mathias Roux
Corrigé Bac Philo Série techno : Explication de texte (Gorgias, Platon)
Réponse à la première question :
La thèse de ce texte est originale : Socrate amène son interlocuteur à reconnaître que celui qui commet l’injustice et qui en tire des bénéfices est, en réalité, plus malheureux encore que sa victime. Ou pour le dire autrement, l’injuste est aussi victime de son injustice. Cette thèse s’accorde bien à une autre remarque de Socrate selon laquelle il vaut mieux subir l’injustice que de la commettre.
Pour Socrate, échapper à la punition n’est pas une chance mais une tragédie. Pour le montrer, il fait un parallèle avec le cas de la maladie : quand on est malade, rien de mieux ne peut nous arriver que d’être guéri, même si le traitement est douloureux. Il en est de même avec l’injustice : le châtiment nous guérit de l’injustice en nous faisant connaître en quoi consiste la justice.
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Par Mathias Roux
Avertissement : il ne s’agit ici que de pistes de réflexion et non d’une copie type nécessairement attendue par vos correcteurs. D’autres approches, d’autres thèses et arguments sont possibles.
*source: /etudiant.aujourdhui.fr/
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*cliquer ici: sujets et corrigés du bac de français
Le cru 2014 du bac de français joue sur les classique. Les élèves de la série littéraire planchent ce mercredi sur le personnage de roman, avec le soutien de textes de Stendhal, Flaubert, Zola et Proust. Pour les séries S et ES, le thème n’est pas plus original, puisqu’il s’agit de l’écriture poétique. Découvrez dès à présent les sujets de cette épreuve avec le Figaro Etudiant en partenariat avec Youscribe.
* Année 2013
«Peut-on agir moralement sans s’intéresser à la politique?» ou «La science se limite-t-elle à constater les faits?».
Les sujets de l’épreuve de philosophie sont tombés.
L’épreuve reine de philosophie a donné lundi le coup d’envoi du baccalauréat: gorge serrée ou décontraction affichée, les 338.186 candidats au bac général ont entamé lundi à 8H00 -17 juin 2013- leur première épreuve écrite de la session 2013 avec la philosophie, pour laquelle ils disposent de trois sujets au choix et de quatre heures pour plancher. Voici les sujets pour chaque série:
• Série L (littéraire), coefficient 7
- Le langage n’est-il qu’un outil?
- La science se limite-t-elle à constater les faits?
- Expliquer un texte de René Descartes extrait de «Lettre à Elisabeth»
• Série S (scientifique), coefficient 3
- Peut-on agir moralement sans s’intéresser à la politique?
- Le travail permet-il de prendre conscience de soi?
- Expliquer un texte de Henri Bergson extrait de «La pensée et le mouvant».
• Série ES (économique et social), coefficient 4
- Que devons-nous à l’Etat?
- Interprète-t-on à défaut de connaître?
- Expliquer un texte d’Anselme extrait «De la concorde»
Plus de 660.000 candidats
La philosophie figure au programme du baccalauréat de façon quasi ininterrompue depuis sa création sous Napoléon en 1808. À l’origine, c’était un examen oral, en latin. «C’est une singularité qui nous fait honneur dans notre pays, qui est quand même le pays des grands philosophes», souligne Jean-Paul Delahaye, directeur général de l’enseignement scolaire (Dgesco).
Au total, 664.709 candidats (-5,45 % sur un an) tenteront de décrocher le diplôme en 2013, dont la moitié (51 %) au bac général, près d’un tiers (28 %) au bac pro et un cinquième (21 %) au bac techno.
Une vigilance particulière est portée cette année à la lutte contre la fraude ,avec la généralisation des détecteurs de téléphones portables dans toutes les académies. Après l’épreuve inaugurale de lundi, les candidats poursuivront un marathon écrit d’une semaine. Ils devront patienter jusqu’au 5 juillet pour savoir s’ils ont décroché leur diplôme. Le doyen des candidats a 91 ans. Le plus jeune n’a que 13 ans.*AFP-17.06.2013.
Année 2009-Les 331.575 candidats au bac général ont planché sur l’épreuve de philosophie. Voici les sujets qui leur ont été proposés.
DISSERTATIONS :
Section L:
Le langage trahit-il la pensée ?
L’objectivité de l’histoire suppose-t-elle l’impartialité de l’historien ?
Série ES :
Que gagne-t-on à échanger ?
Le développement technique transforme-t-il les hommes ?
Série S :
Est-il absurde de désirer l’impossible ?
Y a-t-il des questions auxquelles aucune science ne répond ?
EXPLICATION DE TEXTE :
Série L : Un extrait du «Monde comme volonté et comme représentation» de SCHOPENHAUER.
Il n’y a pas de satisfaction qui d’elle-même et comme de son propre mouvement vienne à nous ; il faut qu’elle soit la satisfaction d’un désir. Le désir, en effet, la privation, est la condition préliminaire de toute jouissance. Or avec la satisfaction cesse le désir et par conséquent la jouissance aussi. Donc la satisfaction, le contentement ne sauraient être qu’une délivrance à l’égard d’une douleur, d’un besoin ; sous ce nom, il ne faut pas entendre en effet seulement la souffrance effective, visible, mais toute espèce de désir qui, par son importunité, trouble notre repos, et même cet ennui qui tue, qui nous fait de l’existence un fardeau.
Or c’est une entreprise difficile d’obtenir, de conquérir un bien quelconque ; pas d’objet qui ne soit séparé de nous par des difficultés, des travaux sans fin ; sur la route, à chaque pas, surgissent des obstacles. Et la conquête une fois faite, l’objet atteint, qu’a-t-on gagné ? Rien assurément, que de s’être délivré de quelque souffrance, de quelque désir, d’être revenu à l’état où l’on se trouvait avant l’apparition de ce désir.
Le fait immédiat pour nous, c’est le besoin tout seul c’est-à-dire la douleur. Pour la satisfaction et la jouissance, nous ne pouvons les connaître qu’indirectement ; il nous faut faire appel au souvenir de la souffrance, de la privation passée, qu’elles ont chassées tout d’abord. Voilà pourquoi les biens, les avantages qui sont actuellement en notre possession, nous n’en avons pas une vraie conscience, nous ne les apprécions pas ; il nous semble qu’il n’en pouvait être autrement ; et, en effet, tout le bonheur qu’ils nous donnent, c’est d’écarter de nous certaines souffrances. Il faut les perdre pour en sentir le prix ; le manque, la privation, la douleur, voilà la chose positive, et qui sans intermédiaire s’offre à nous.
Série ES : Un extrait d’ «Essai sur l’entendement humain» de John LOCKE
Quant à savoir s’il existe le moindre principe moral qui fasse l’accord de tous, j’en appelle à toute personne un tant soit peu versée dans l’histoire de l’humanité, qui ait jeté un regard plus loin que le bout de son nez. Où trouve-t-on cette vérité pratique universellement acceptée sans doute ni problème aucun, comme devrait l’être une vérité innée ? La justice et le respect des contrats semblent faire l’accord du plus grand nombre ; c’est un principe qui, pense-t-on, pénètre jusque dans les repaires de brigands, et dans les bandes des plus grands malfaiteurs ; et ceux qui sont allés le plus loin dans l’abandon de leur humanité respectent la fidélité et la justice entre eux.
Je reconnais que les hors-la-loi eux-mêmes les respectent entre eux ; mais ces règles ne sont pas respectées comme des lois de nature innées : elles sont appliquées comme des règles utiles dans leur communauté ; et on ne peut concevoir que celui qui agit correctement avec ses complices mais pille et assassine en même temps le premier honnête homme venu, embrasse la justice comme un principe pratique.
La justice et la vérité sont les liens élémentaires de toute société : même les hors-la-loi et les voleurs, qui ont par ailleurs rompu avec le monde, doivent donc garder entre eux la fidélité et les règles de l’équité, sans quoi ils ne pourraient rester ensemble. Mais qui soutiendrait que ceux qui vivent de fraude et de rapine ont des principes innés de vérité et de justice, qu’ils acceptent et reconnaissent ?
Série S : Un extrait de «De la démocratie en Amérique» de TOCQUEVILLE
Les affaires générales d’un pays n’occupent que les principaux citoyens. Ceux-là ne se rassemblent que de loin en loin dans les mêmes lieux ; et, comme il arrive souvent qu’ensuite ils se perdent de vue, il ne s’établit pas entre eux de liens durables. Mais quand il s’agit de faire régler les affaires particulières d’un canton par les hommes qui l’habitent, les mêmes individus sont toujours en contact, et ils sont en quelque sorte forcés de se connaître et de se complaire.
On tire difficilement un homme de lui-même pour l’intéresser à la destinée de tout l’État, parce qu’il comprend mal l’influence que la destinée de l’État peut exercer sur son sort. Mais faut-il faire passer un chemin au bout de son domaine, il verra d’un premier coup d’oeil qu’il se rencontre un rapport entre cette petite affaire publique et ses plus grandes affaires privées, et il découvrira, sans qu’on le lui montre, le lien étroit qui unit ici l’intérêt particulier à l’intérêt général.
C’est donc en chargeant les citoyens de l’administration des petites affaires, bien plus qu’en leur livrant le gouvernement des grandes, qu’on les intéresse au bien public et qu’on leur fait voir le besoin qu’ils ont sans cesse les uns des autres pour le produire.
On peut, par une action d’éclat, captiver tout à coup la faveur d’un peuple ; mais, pour gagner l’amour et le respect de la population qui vous entoure, il faut une longue succession de petits services rendus, de bons offices obscurs, une habitude constante de bienveillance et une réputation bien établie de désintéressement. Les libertés locales, qui font qu’un grand nombre de citoyens mettent du prix à l’affection de leurs voisins et de leurs proches, ramènent donc sans cesse les hommes les uns vers les autres, en dépit des instincts qui les séparent, et les forcent à s’entraider. (Le Figaro-18.06.09.)
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*«Aujourd’hui, nous avons tous été philosophes.. » – (.commentaires de candidats)…
**Coup de chance
«Ce matin, j’ai choisi de faire l’explication d’un texte de Schopenhauer. Pas n’importe quel texte: on avait étudié quasiment le même en milieu d’année et ça m’avait pas mal perturbé… Schopenhauer a une vision si pessimiste de la condition humaine, j’avais envie de critiquer le texte toutes les 5 minutes. Je me suis donc lâchée sur la fin en demandant s’il n’était pas possible de conjuguer plaisir et raison, bonheur et…j’ai un peu oublié à vrai dire. Mon prof de philo était présent dans la salle, ça m’a un peu rassuré. Je suis vraiment contente, j’ai réussi à placer la citation qui me tient le plus à coeur depuis le début de l’année : «il faut porter tout un chaos en soi pour enfanter une étoile», Nietzsche».
Par Mar6471, le 18/06/2009 à 17:23
**Sauver les meubles
«Quelle aventure ! Tout d’abord la lecture des sujets, et là, CATASTROPHE!!!! Les 2 sujets de dissertations sont justement ceux que le professeur a pris le soin de ne pas traiter pendant l’année… Que faire? Prendre le commentaire de texte ou prendre le risque de traiter un sujet avec pour seules connaissances acquises la méthode, ma culture (peu étoffée) et mes opinions ? Finalement je choisis de traiter : «Que gagne-t-on à échanger?» Pour le plan, je décide de faire classique: thèse, antithèse, synthèse. L’heure tourne, le plan est rédigé. Maintenant il reste la rédaction de la dissertation. L’introduction sera bricolée vite fait, pour passer. Le reste de la dissertation se passe bien, sans souci. Il est 11h30, toute la dissertation a été faite, elle n’est pas très bonne, manque de références théoriques et ne fait que 6 pages. Mais bon j’ai essayé de sauver les meubles, c’est déjà ça».
Par titouf33, le 18/06/2009 à 17:18
**4 heures dans la peau d’un philosophe
«Aujourd’hui, nous avons tous été philosophes. Certes, nous n’avons pas utilisé du vocabulaire Kantien. Nous avons oublié les termes exacts de Sartre. J’ai cité un auteur de Science-fiction contemporain que beaucoup qualifieront de médiocre. Pourtant, je suis content de moi. L’avenir seul me dira si le correcteur a trouvé mon analyse poussive, fine ou un peu lourde. Mais plus que pour la note, j’ai réfléchis du mieux que j’ai pu. C’est ça le Bac philo, c’est une expérience unique. Certes on a toujours l’impression d’être mauvais et brouillon, néanmoins j’y prends du plaisir car cela exerce ma rédaction, ma pensée et ma culture propre. La philo est le seul moment où toute la culture peut passer. Même si vous citez les paroles d’une chanson de System of a Down, si cela illustre votre réflexion, ça compte».
Par PaulB., le 18/06/2009 à 15:54
**Pour les Scientifiques, un enjeu mineur
«Ce fut rude ce matin. La philosophie étant une épreuve mineure en filière S, on lui consacre peu de temps. Du coup, j’ai eu un peu de mal à mobiliser mes grands classiques ce matin. J’ai finalement pris le commentaire de texte sur Tocqueville. Ce texte m’a beaucoup inspiré : alors que j’ai voté pour la première fois le 7 juin dernier, un texte qui parlait de démocratie et de la nécessaire participation du citoyen aux affaires de l’État faisait forcément échos aux questions sur la citoyenneté que l’on se pose à mon âge. Malheureusement, j’ai eu du mal à bien rattacher des notions philosophiques à toutes ces questions. La Philosophie fut finalement un galop d’essai, divertissant et enrichissant mais finalement peu important, pour les S du moins».
Bac 2013 : les erreurs à ne pas commettre en philo
Lundi 17 juin 2013 en France, l’épreuve de philosophie donnera le coup d’envoi du baccalauréat 2013. Une enseignante fait le tour des bévues qui figurent régulièrement dans les copies.
Laurence Hansen-love est professeur de philosophie à l’Institut privé de préparation aux études supérieures (IPESUP )de Paris. Chaque année, dans les copies de philo du bac ,on retrouve les même clichés, approximations et affirmations simplistes dans les travaux de certains candidats… Sur son blog,elle relève ces phrases sans cesse martelées et fait le point sur les erreurs à ne pas commettre le jour J. Extraits.
Ce qu’il ne faut pas écrire et pourquoi
• «Tous les hommes recherchent la vérité»
C’est loin d’être sûr, selon la professeur. Seuls certains hommes (les savants et les philosophes, parfois les journalistes, les juges, les médecins…) recherchent honnêtement la vérité. La plupart des hommes, selon Nietzsche, sont avides de «certitudes optimistes» qu’ils nomment à tort vérité…
• «De tout temps, l’homme recherche a vérité»
Là encore, selon la spécialiste, c’est discutable. Avant l’apparition de la science et de la philosophie (en gros VIe siècle av. J-C. en Grèce), la plupart des gens admettaient, de façon générale, que la vérité, c’était ce qu’il ne fallait pas oublier, autrement dit les croyances ancestrales, transmises par les anciens. En Grèce présocratique, le mot vérité est «alèthéi» qui veut dire: le non-oubli. A l’époque, la notion de vérité est loin d’être clarifiée.
• «Ce qui est vrai pour moi est donc vrai»
Affirmation particulièrement anti-philosophique selon la professeur. Au contraire, la philosophie se définit en effet par la recherche de la vérité, c’est-à-dire de théories ou de propositions qui sont susceptibles de faire l’unanimité. Ce qui n’est vrai (valable) que pour moi… n’est donc pas vrai!»
• «Les philosophes pensent que l’homme doit en toute circonstance suivre la raison»
Là encore, Faux! C’est une erreur de croire que l’homme n’est constitué que d’une partie rationnelle selon Pascal. Saint Augustin ou Kant estiment eux aussi que la raison seule ne suffit pas pour mettre l’homme sur la voie du salut. D’autres encore comme Nietzsche et Heidegger critiquent la raison.
SCIENCE et ARTS
• «La science cherche des vérités absolues»
Faux. La science ne prétend pas atteindre des vérités absolues (valables indépendamment de tout contexte). Les sciences ne proposent que des théories partielles et relatives (relatives à leurs domaines propres).
• «La science détient la vérité»
Faux. La science élabore des théories qui rendent compte partiellement de la réalité, mais qui ne sont jamais définitives ni complètes.
• «Pour comprendre une œuvre d’art, il faut en déchiffrer le message»
Faux. Les œuvres d’art n’ont pas forcément un message, mais surtout, en art, le contenu ne peut être dissocié de la forme. Donc le message, s’il y en a un, c’est ce qui, dans l’oeuvre, ne relève pas de l’art.
MORALE
• «Le bonheur est le but de la vie»
Faux. Même si tous les hommes recherchent le bonheur, ce qui est avéré, ce n’est pas forcément LE but de la vie. Il peut y avoir d’autres buts, comme l’analyse Kant.
• «La beauté est relative au goût de chacun»
Faux. L’agréable varie selon le goût de chacun. Au contraire le beau est susceptible de plaire universellement. On dissociera soigneusement l’agréable et le beau.
RELIGION
• «La religion peut se définir comme le fait de croire en un Dieu»
Faux. La plupart des religions pratiquées dans le monde aujourd’hui ne se réfèrent à aucun Dieu (animisme, fétichisme, chamanisme, bouddhisme, syncrétisme etc.). Ou alors, elles se réfèrent à plusieurs divinités (hindouisme, shintoïsme). Le monothéisme, dans l’histoire de l’humanité, est un cas très particulier!
• «Machiavel défend dans Le Prince un régime de type dictatorial»
Faux. Machiavel est républicain, mais il constate que la fondation d’un État appelle des procédés souvent peu orthodoxes.
POLITIQUE
• «Parce que nous vivons en société, nous ne pouvons pas être libres»
Non! Car l’Homme ne peut pas se passer de ses semblables, il est un «animal politique» selon Aristote. La liberté est une construction collective. C’est pourquoi ne croire qu’à l’état de nature, ou bien à l’écart de toute société… en pensant que nous pourrions enfin être heureux et libres n’est qu’un fantasme. Seuls des êtres d’exception peuvent y parvenir, et, en général, soit ils ont la foi, soit ils écrivent pour la postérité, comme le fameux philosophe américain Thoreau (1817-1862) qui a vécu plusieurs mois dans une cabane dans un bois aux États-Unis.
• «La démocratie est le régime politique le meilleur»
Oui, bien sûr. Mais en même temps c’est «le pire de tous, à l’exception de tous les autres» selon Winston Churchill. Bref, ce n’est pas un régime parfait.*Le Figaro-étudiant-le 14/06/2013
*Résultats du Bac…. Les filles, premières de la classe.
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Les résultats le prouvent : sur une même classe d’âge, 70 % des filles obtiennent le bac, contre 59 % des garçons. Le pédagoguePhilippe Meirieu, professeur à l’université Lyon 2, interrogé par l’AFP, souligne que l’écart entre les deux sexes se vérifie de la maternelle à la terminale. Dans les milieux défavorisés, le fossé se creuse davantage, à près de 40 %. Malgré cette avance, « une fille est toujours sous-orientée par rapport à ses capacités. Les archétypes sexués prévalent », regrette le professeur.(10.07.09.)
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*Le bac sans le trac !
C’est la dernière ligne droite, celle de toutes les angoisses. Conseils pour préparer votre enfant à « flamber » sur la copie tout en restant zen.
J – 8
DÉCLENCHEZ LE RÉGIME CHAMPION : vitamines du groupe B (riz complet, foie de veau, germe de blé), magnésium (lentilles, amandes, chocolat noir) et vitamine C le matin (jus d’orange pressée, voire milk-shake maison : fraises, banane, lait, jus de pamplemousse, sucre). Il dort mal ? Remplacez les excitants (même le Coca-Cola) par l’homéopathie (Coffea cruda, trois granules au coucher puis trois en cas de réveil nocturne). Très anxieux ? Proposez-lui une ou deux séances de sophrologie pour l’aider à anticiper de façon positive (adresses de praticiens sur www.sophrologie-francaise.com) ou, en cas de stress paralysant, consultez le médecin pour une éventuelle prescription de médicaments qui ralentissent le rythme cardiaque.
J – 1
OPÉRATION RÉASSURANCE ! Encouragez-le à faire le vide (natation, cinéma, rire avec les copains…) et cocoonez-le selon ses envies (bain chaud, restau…). Ne le forcez pas à se coucher trop tôt s’il s’endort tard habituellement. Pas d’anxiolytique de dernière minute, mais glissez dans son sac un antalgique (en cas de migraine ou de mal de ventre de dernière minute), deux ou trois barres chocolatées et une petite bouteille d’eau fraîche. Suggérez-lui de porter les vêtements qu’il aime et d’emporter son grigri favori. Vérifiez les fournitures, les papiers, mais aussi l’itinéraire…
JOUR J
RÉVEILLEZ-LE UNE DEMI-HEURE PLUS TÔT pour éviter tout stress de dernière minute. Devant sa copie : il doit lire consciencieusement la consigne, puis se rassurer en écrivant les grandes lignes sur le brouillon avant de rédiger directement au propre. Stress panique ? À lui la « détente flash » (trois minutes) : on ferme les yeux, on inspire très profondément (respiration abdominale) tout en contractant au maximum les muscles des bras, des mains, du visage, puis on expire en relâchant tout le corps. À l’oral, s’il est paralysé d’inquiétude, il doit en parler à l’examinateur : ça fera baisser la pression et favorisera la bienveillance de l’adulte.
Merci au Dr Patrice Huerre, pédopsychiatre (La Prépa sans stress !,_ éd. Hachette Littératures), et au Dr Jean-Marie Bourre (Diététique du cerveau, éd. Odile Jacob).
**Les cinq erreurs à éviter
1. MARINER TOUTE LA JOURNÉE devant son bureau, son iPod sur les oreilles. Mieux vaut travailler par tranches de deux heures, s’aérer et recommencer.
2. SE RÉVEILLER À MIDI les derniers jours sous prétexte de se reposer. Fausse bonne idée : le changement de rythme est très fatigant et sera pénalisant le jour J. On se lève à 9 heures maxi.
3. TRAVAILLER DE MINUIT À 4 HEURES « parce que c’est mon biorythme ».
4. PRENDRE UN ANXIOLYTIQUE ou un somnifère la veille « parce que mieux vaut dormir quelques heures que pas du tout ». Non. Un médicament non testé peut avoir des effets catastrophiques.
5. NE PAS PRENDRE DE RISQUES SUR SA COPIE. Non aux clichés, à la paraphrase… et aux citations non digérées. Quelle que soit la matière, il faut montrer que l’on a réfléchi et pris de la distance. C’est le seul moyen d’emporter l’adhésion de l’examinateur.
***POUR ÊTRE AU TOPON REGARDE les conseils vidéo de deux profs de philo sur www.toutpourlebac.com et les sujets probables sur www.letudiant.fr. ON RÉVISE par webcam grâce aux conseils des profs de www.portailprof.com.ON LIT Une semaine de philosophie – les bases de la philo en sept jours, de Charles Pépin (éd. J’ai lu), et Comment ne pas rater son bac, de François Dufour (éd. Librio).
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*Ces matières clés qui permettent de prédire la réussite des candidats
Quelques épreuves suffisent pour anticiper les résultats. Un argument en faveur des partisans d’un bac réduit à quatre écrits et donc moins coûteux à organiser.
Entre une et cinq matières – alors qu’une douzaine est au programme – suffisent, selon les filières, pour prédire la réussite de 90 % des élèves au bac ! Telle est la conclusion d’une récente étude iconoclaste de la Direction de l’évaluation du ministère (Depp).Les interrogations sur la lourdeur, le coût et, plus globalement, l’utilité du bac sont dans l’air du temps : Benoist Apparu, député UMP, vient de proposer dans un rapport parlementaire de limiter le bac à quatre épreuves écrites et de faire passer les autres en contrôle continu. Une question intéressante alors que le bac coûte plus cher cette année. Son coût est estimé à 50 millions d’euros, soit une augmentation de 15 euros par candidat. La facture s’explique par la hausse des rémunérations allouées aux correcteurs, qui seront désormais payés 5 euros la copie contre 1,32 euro auparavant.
Ces sujets, qui déchirent les pourfendeurs et les défenseurs du baccalauréat, ont poussé la chercheuse Mireille Dubois à s’intéresser aux notes obtenues par les bacheliers du cru 2007. Après les avoir passées dans sa moulinette informatique, elle a classé les matières, de la plus sélective à la moins déterminante. Elle s’est rendu compte que les épreuves anticipées de français de première influaient peu sur les résultats du bac. Les épreuves de sport sont logées à la même enseigne, victimes de leurs faibles coefficients.
Logiquement, les épreuves à plus fort coefficient se classent parmi les plus sélectives. «Le résultat d’une à cinq matières permet de prédire le succès ou l’échec de la plupart des bacheliers», affirme la chercheuse. En série S (scientifique), par exemple, si trois notes permettent d’expliquer le succès ou l’échec de 90 % des candidats, la seule note de mathématiques suffit en spécialité SVT-maths ! Pour la spécialité SVT (sciences et vie de la terre), il faut en revanche trois épreuves : la biologie, les mathématiques et la langue vivante permettent de prédire 90 % des résultats.
La première langue vivante en bonne place
Les épreuves les plus sélectives ne correspondent cependant pas toujours aux matières scientifiques et donc à plus fort coefficient. En effet, la première langue vivante figure en bonne place. Elle devance l’épreuve de physique-chimie dont le coefficient est deux fois plus élevé ! En série ES (économie), ce sont logiquement les mathématiques et l’économie qui déterminent le plus la réussite. Mais il faut y ajouter deux autres matières, histoire-géographie et langue vivante, pour atteindre le chiffre de 90 %. En série L, cinq épreuves sont nécessaires sur douze, dont la langue vivante, l’histoire-géographie, la philosophie et la littérature, les plus discriminantes.
Dans toutes les sections mais surtout en L, c’est la philosophie qui fait baisser les chances de réussite de façon importante, car les notes y sont souvent faibles. En S, plus de 60 % des candidats n’obtiennent pas la moyenne dans cette matière.
Avec cette étude, le constat est clair : douze épreuves ne sont pas nécessaires pour évaluer les bacheliers. Reste à voir si la future réforme des lycées Darcos-Descoings abordera ce sujet hautement sensible car, pour un élève de terminale, une discipline que l’on ne passe pas au bac perd une grande partie de sa valeur…(Le Figaro-15.06.09.)
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*Bacs prestigieux pour lycéens modèles
Séance de révision au lycée franco-allemand de Buc (Yvelines).
Les sections internationales ou les combinaisons sciences-humanités attirent de plus en plus d’élèves prêts à la compétition.
Indifférents à la litanie habituelle sur la baisse de leur niveau, les lycéens sont de plus en plus nombreux à présenter des bacs prestigieux. En seconde, première et terminale, ils étaient au total près de 100 000 l’an dernier (contre 45 000 en 2002) inscrits dans des classes à forte dominante internationale préparant à une dizaine de bacs différents : l’abibac (franco-allemand), le bac «section européenne» ou «langue orientale» ou encore le bac «option internationale», voire le bachibac (franco-espagnol), etc. Xavier Darcos, ministre de l’Éducation nationale, a récemment signé un accord pour un futur «EsaBac», franco-italien. Des négociations sont engagées avec Israël et le Royaume-Uni pour en créer d’autres.
Les familles se battent pour accéder à ces formations très prisées, accessibles dans une poignée de lycées, dits «internationaux» (à Strasbourg, Saint-Germain-en-Laye, Ferney-Voltaire à la frontière suisse, etc.) qui recrutent hors carte scolaire, mais aussi dans de nombreux établissements publics et privés : aujourd’hui, près de 40 % des lycées d’enseignement général possèdent au moins une classe «européenne».
Scolarité en anglais
Au lycée des Pontonniers, à Strasbourg, Martine Queluen, la proviseure, a reçu cette année 700 dossiers de jeunes de troisième désireux d’effectuer une partie de leur scolarité en anglais pour 350 places. Les plus doués en langues sont retenus. Ils bénéficieront d’heures supplémentaires par rapport à leurs camarades pour approfondir leurs connaissances sur une langue et un pays étranger.
«Ils sont tous à 36, voire 38 heures de cours par semaine et en redemandent. On est loin du discours ambiant sur les semaines trop chargées des lycéens !», commente un professeur d’anglais du lycée international de Saint-Germain-en-Laye. La préparation au bac «option internationale» est, certes, exigeante : épreuve d’histoire-géographie de quatre heures en langue étrangère et composition, toujours en langue étrangère, «sur la langue, la littérature et la civilisation du pays». En «section européenne», les lycéens bénéficient d’une épreuve spécifique de langue.
Ces bacs constituent un avantage au moment de présenter un dossier pour une classe préparatoire par exemple. La proviseure du lycée des Pontonniers énumère le destin de ses élèves : prépas HEC, lettres ou École des Chartes, Sciences Po, universités américaines ou anglaises… On y rencontre beaucoup d’enfants de diplomates, de couples binationaux ou d’étrangers. «Nous comptons aussi des enfants de réfugiés, surtout de l’Est », précise la proviseure. Sans oublier ces élèves français «poussés» par leurs familles, inscrits dès la sixième en russe première langue, histoire d’accéder à une formation exigeante…
Une «prépa à la prépa»
Ces bacs spécifiques, connus pour leur plus «international», ne sont cependant pas les seuls à figurer au palmarès. Car préparer son bac dans de prestigieux lycées, comme Louis-le-Grand à Paris ou Pierre-de-Fermat à Toulouse, et obtenir un diplôme en apparence identique aux autres, signifie en réalité faire une «prépa à la prépa». «Le programme y est bien plus exigeant qu’ailleurs», reconnaît un enseignant d’Henri-IV. De nombreux lycées font tout pour attirer les meilleurs. En dépit de leur égalitarisme souvent affiché, ils ont créé des miniclasses d’élite.
Au lycée Fustel-de-Coulanges à Strasbourg, dès la seconde, les élèves bénéficient d’une initiation à la philosophie et d’heures supplémentaires en littérature dans une classe «humanités» quand les scientifiques ont droit à des maths et des sciences physiques renforcés dans la classe «Archimède». Au lycée Turgot, à Paris, les élèves de seconde peuvent s’inscrire dans une classe «humanités et sciences», avec des horaires alourdis en latin et mathématiques. Au programme, un voyage à vocation culturelle en Angleterre, un autre à vocation technique, en Auvergne… «Ces élèves, bons au départ, sont sous pression. Ils font tout ce que je leur demande et choisissent toujours la difficulté. Ils ont conscience de leur chance, raconte un enseignant, ils vont voir des opéras baroques, des pièces de théâtre… Leurs intérêts s’élargissent».
De nombreux lycées proposent aussi des options «lourdes» de théâtre ou histoire des arts, extrêmement prisées : entre une initiation à la scénographie et à la peinture, ils voyagent à Prague ou à Vienne pour étudier l’art baroque. Toutes ces expériences, liées à l’autonomie des établissements scolaires, sont encouragées depuis la loi Fillon de 2005.
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Foot et Philo ? (si c’est possible….)
Par Edwige Chirouter
Foot et Philo ? (si c’est possible….)
Après les « goûters philo », les « matchs et philo » ! Trois choix de lecture pour nos philosophes en herbe pour réfléchir sur le sport en général et le foot en particulier…
A partir de 8 ans..
Isabelle Wlodacczyk, Mauco Mazzari, Des histoires de foot pour réfléchir, Oscar Editeur, 2014
« Le foot est un sport bien plus futé qu’il n’y parait. Derrière les matchs de foot se cachent de vraies questions philosophiques… Sais-tu d’ailleurs qu’un joueur de foot s’appelait Socratès ? Et si les matchs de foot donnaient à penser ? De la Panenka au coup de tête de Zidane, tu trouveras dans ce livre les pus grands footballeurs, tu pourras t‘interroger sur leur manière de jouer et sur bien d’autres questions de société : tous les moyens sont-ils bons pour gagner ? pourquoi y a-t-il de la violence dans les stades ? Tu déjoueras de nombreux préjugés : on dit que le foot est un jeu pour les garçons. Mais y a-t-il de sports pour les garçons et des sports pour les filles ? On prétend que la victoire est toujours méritée : pourtant est-ce toujours le meilleur qui gagne ? Enfin, c’est aussi la grande Histoire que tu croiseras sur les terrains de foot, car des matchs de foot ont contribué à changer le monde. En 1917, des soldats ont cessé de faire la guerre pour jouer au foot. Des histoires de foot pour réfléchir interroge ces moments magiques où le foot devient universel. »
Kitty Crowther, Poka et Mine : Le football, Pastel
Mine, la petite fourmi, veut jouer au football même si Poka dit que c’est un sport de garçon. Elle s’inscrit dans un club et achète une tenue complète. Mais son intégration au sein d’une équipe de garçons n’est pas facile. Mine doit faire ses preuves. Tenace, elle décide de s’entraîner sans relâche pour montrer aux garçons ce qu’elle peut faire. Lors d’un match, elle remplace un équipier blessé et marque le but qui fera remporter son équipe. Mine est fière et fait désormais partie de l’équipe. A la fin de l’album, Poka et Mine, en rentrant chez eux après le match, passent devant une école de danse. Mine veut alors faire de la danse classique. Poka estime que c’est un sport de fille. Et Mine lui répond « Oui, et alors ? » Cet album montre qu’il est possible d’être une fille dans un univers (traditionnellement) masculin. En étant exigeant avec soi-même comme avec les autres, on peut dépasser ses limites et celles fixées par les conventions.
Pour les plus grands
Didier Deleule, Le football, que nous apprend-il de notre vie sociale ?, Gallimard Jeunesse, coll. « Chouette penser ! », 2008
« Le football: d’où ça vient? En quoi ça consiste? À quoi ça sert? Telles sont les trois questions abordées dans ce dialogue entre un grand footballeur et un petit garçon. Un match de football condense, dans cet espace délimité qu’on appelle le «terrain», ce que le philosophe Kant appelait l’«insociable sociabilité» des rapports humains: tout en ne cessant de s’affronter, les hommes ne peuvent pas se passer les uns des autres. »*.philomag.com
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* 10 millions de Chinois dans la bataille du bac
Une mère enduit les tempes de son fils avec des herbes médicinales juste avant le début de l’examen-concours. Après avoir passéles épreuves du Gaokao, les étudiants sont classés selon un système de points qui conditionne leur entrée à l’université.
Sésame absolu de l’ascension sociale dans la Chine des réformes, le Gaokao, l’équivalent de notre bac, est un combat qui se mène en famille dans une tension incroyable.
Le 8 juin au matin, il a plu à Pékin, une pluie lourde, serrée et sans pause. Rien d’extraordinaire, et plutôt une bonne nouvelle après un long chapelet d’arides semaines. Seulement voilà, ce caprice du ciel a tourné au cauchemar pour des dizaines de familles de candidats au Gaokao, le «bac chinois». Une arrivée en retard au centre d’examen, l’impossibilité de passer les épreuves, une vie qui bascule. Des élèves bloqués dans de monstrueux embouteillages ou empêchés d’entrer dans un métro bondé ont appelé la police, sur la ligne spéciale du 122. Le journal Pékin Soir raconte que des policiers en moto ont dégagé des lycéens pour les acheminer à bon port. Que des parents ont même appelé les secours au 120 et que des ambulances ont acheminé leurs rejetons devant leur pupitre.
La pluvieuse panique était à la mesure des enjeux de ce terrible Gaokao, obsession de millions de familles, terreur d’autant de jeunes lycéens et sésame absolu de l’ascension sociale dans la Chine des réformes. Une institution reine qui, à la stupéfaction générale, vient pourtant d’être chahutée cette année. Pour la première fois depuis bien des lunes, le nombre de candidats a baissé. Plus de 400 000 inscrits de moins à cet examen qui s’est déroulé la semaine dernière. Les autorités ont recensé 10,2 millions d’inscriptions en 2009, soit une baisse significative de 3,8 % par rapport à l’année précédente. Toutes les années antérieures pourtant, les chiffres avaient bondi, passant ainsi de 5,2 millions de candidats en 2002 à plus de 10,5 millions en 2008. Le taux de réussite tourne autour des 60 %.
Sur les raisons de cette désaffection – au moins ponctuelle – pour le Gaokao, experts et simples citoyens n’en finissent pas de se perdre en conjectures. Dans le Quotidien du peuple, Jian Gang, directeur adjoint du département des étudiants au ministère de l’Éducation, reconnaît que la crise économique mondiale pèse sur l’accès à l’emploi des jeunes diplômés, mais il ne pense pas «que cela ait de l’influence sur le Gaokao, que ce soit le facteur principal». L’explication serait surtout démographique, avec une baisse de la tranche d’âge concernée. Soit. Il n’en reste pas moins que cette surprise statistique alimente un débat sur un examen aussi sacralisé que sujet à polémique.
«Beaucoup de dépressionset de suicides»
Il fallait voir, lundi dernier, l’incroyable tension des familles venues accompagner leur progéniture au seuil du deuxième jour des épreuves, pour prendre la mesure du phénomène. Devant l’école secondaire n° 5, dans le quartier de Dongcheng, à l’est de Pékin, des dizaines de parents ont attendu, toute la journée. Le Gaokao est un combat mené en famille, où plusieurs générations jettent toutes leurs forces dans la bataille. Dans une petite voiture, un homme dort au volant, pendant qu’une femme et sa mère grignotent de petits beignets à l’arrière. Le père, la mère et la grand-mère de Mingming, jeune candidate qui planche quelques mètres plus loin, derrière les murs. Mme Bai a pris une semaine de vacances pour soutenir sa fille. «Entre les épreuves du matin et de l’après-midi, on la ramène déjeuner à la maison car on ne veut pas risquer le moindre problème avec de la nourriture au restaurant.»
«C’est un des jours les plus importants de notre vie, disent les deux femmes, nous n’avons vécu que pour cela, durant douze années de sacrifices. Cela a été très, très dur. Mingming se levait à 6 heures du matin et se couchait rarement avant 23 heures (heure fort tardive pour le rythme chinois, NDLR). Mais cet examen est la seule vraie occasion de pouvoir changer de vie.» Pour Zhang Hai, employé dans une entreprise d’État, le Gaokao reste synonyme d’entrée par le haut dans l’appareil d’État, d’un «bol de fer», autrement dit un emploi stable. Mais l’homme, dont le fils a été reçu il y a cinq ans, reconnaît que cette vision s’estompe progressivement. «La certitude du bon emploi après le Gaokao est un rêve envolé, estime-t-il, la nouvelle génération découvre que même avec un diplôme, la chasse au travail est difficile.» Son fils Wei est l’un des 2 millions de diplômés de l’université qui n’a pas trouvé de travail l’an dernier, alors que 6 millions d’étudiants supplémentaires vont arriver sur le marché du travail cet été. En mars dernier, cinq présidents de grandes universités chinoises ont lancé un cri d’alarme devant les sombres perspectives dues à la crise. Le directeur adjoint de l’Institut d’économie de la célèbre université Tsinghua, Cai Jiming, a estimé que seuls «36 % des étudiants trouveront un travail cette année». Et beaucoup sont obligés d’accepter des emplois pour lesquels ils sont surqualifiés. «C’est pourquoi au lieu de passer le Gaokao, de plus en plus d’élèves préfèrent entrer dans une école spécialisée, poursuit Zhang Hai. Mon fils me dit qu’il aurait préféré maîtriser une spécialité plutôt qu’avoir un beau diplôme.»
Plus qu’un certificat de fin d’études comme peut l’être notre baccalauréat, le Gaokao est un examen d’entrée à l’université. Un «examen-concours» même, puisque les étudiants sont classés selon un système de points et que ce classement conditionne l’entrée à l’université. Dans les universités, plus exactement, car en Chine comme ailleurs, les disparités de niveau entre les établissements phares des grandes métropoles et les autres sont criantes. Mais ici cette hiérarchie est formalisée, avec des universités classées en trois ou quatre catégories. Il faut sortir «dans la botte» du Gaokao pour espérer entrer à Beida, Fudan ou Tsinghua, dont les diplômes sont universellement prisés, en Chine comme à l’étranger. Avec une spécificité chinoise : les universités spécialisées dans des domaines stratégiques, comme la sécurité publique, la diplomatie et les instituts militaires, peuvent faire un préchoix chez les bons élèves avant même qu’ils ne passent l’examen. Des réformes sont à l’étude, avec une évolution vers l’autonomie des universités qui n’est pas sans rappeler la problématique française.
Créé en 1952, supprimé sous la Révolution culturelle et rétabli en 1977, le Gaokao est sujet à une batterie de critiques et autant de projets de réforme. Le professeur Yang Dongping, de l’Institut de technologie de Pékin, fait partie d’une association Recherche pour le système éducatif du XXIe siècle, qui a publié la semaine dernière des propositions de réforme du Gaokao. Il y a les aménagements techniques, comme la diversification de sections alors qu’il n’y en a aujourd’hui que deux, une scientifique et une littéraire. Mais d’autres défauts relèvent de l’esprit de l’épreuve. «Les candidats mènent une vie trop dure, chaque année il y a beaucoup de dépressions et de suicides, explique Yang Dongping. Tout récemment, une jeune fille s’est tuée parce qu’elle ne supportait plus de travailler 18 heures par jour avec une pression familiale et scolaire. Il faut que les gens réalisent qu’il y a une vie hors du Gaokao.» Avec la politique de l’enfant unique et l’élévation du niveau de vie, les lycéens vivent une contradiction psychologique très forte entre tout ce qui leur est offert et la pression que l’on met sur leurs études. La presse chinoise a raconté que vendredi dernier, dans la ville de Xi’an, un jeune garçon de 19 ans, Zhang Cong, a tué le caissier d’une librairie et blessé deux vendeuses avec une paire de ciseaux. Il a expliqué qu’il était persuadé d’avoir raté le Gaokao, qu’il voulait mourir. «Le système éducatif chinois n’est pas bon, notre génération est celle de cobayes et de victimes», avait-il écrit sur sa copie.
Manque d’autonomie et de réflexion
Trop de pression, et trop d’apprentissage mécanique aussi. Professeur à l’université Jiaotong de Shanghaï, Xiong Binqi estime que l’éducation est «trop basée sur la mémorisation, la répétition, et que cela prépare mal à l’analyse, à l’innovation et à la créativité». Le Gaokao est d’ailleurs surtout un immense QCM (questionnaire à choix multiples), où la capacité de mémorisation et la vitesse font la différence. «Nous voyons arriver des gens d’excellente qualité, rapides, extrêmement motivés et travailleurs, explique Jean Dorey, directeur de l’école Centrale Pékin, mais manquant d’autonomie et de réflexion. Les autorités universitaires chinoises en sont conscientes et les choses évoluent.» Professeur à Centrale Pékin, passé par les prépas de Louis-Le-Grand et Saint-Louis, Yves Dulac rencontre lui aussi des «élèves très brillants, mais éduqués plus dans une culture du “comment ?” que du “pourquoi ?”, dans l’idée que chaque question a une réponse unique, avec un culte du résultat et du savoir-faire plus que du raisonnement, ce qui nuit à l’inventivité.»
Xiong Binqi estime qu’il «faut quand même reconnaître une grande qualité au Gaokao, celui d’offrir un “critère d’acier” avec son système de points. Sans cela, corruption et pressions régiraient l’entrée à l’université. Le système est dur, mais plutôt juste. Il ne faut pas le balayer mais l’amender.» Vaste tâche. La réforme du Gaokao est une fois de plus à ramener à l’échelle de la Chine et de ses disparités. C’est un peu comme s’il fallait mettre en place un bac européen. (Le Figaro)
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