La violence de l’argent
L’argent est en partie au centre d’histoires opaques, honteuses, tragiques, conflictuelles et injustes. Il est à l’origine de récits qui montrent bien sa prégnance dans les rapports sociaux.Autrement dit, il s’agit d’évoquer les liens sociaux noués aux «autres», aux institutions, à la famille, etc.
Plus que le nerf de la guerre, il nous fabrique socialement. L’analyse de ses différents usages est donc pertinente pour nous éclairer sur le mode de fonctionnement de la société. Il conditionne certaines pratiques et représentations quotidiennes des personnes. Il ouvre certains champs du possible. «Rien n’est vrai, tout est permis» (Nietzsche, 1991). Opérateur dans les multiples conflits sociaux, les déchirements familiaux, les complicités tacites, les compromissions douteuses, les micro-négociations quotidiennes, les allégeances, les cooptations et certaines formes de solidarité, l’argent construit nos différents types de rapports au monde. Il mobilise nos émotions et notre énergie. Il est bien souvent à l’origine des stratégies souterraines et secrètes déployées par les individus. L’argent est bien un phénomène social total, selon Mauss (1989). Mais son usage social et culturel se construit différemment selon nos histoires particulières, les époques historiques et ses modes de répartition politique dans la société. L’argent n’est pas seulement compté, économisé, caché ou dépensé dans l’acquisition des biens divers. Il confère du prestige, de la valorisation et du pouvoir, en légitimant les façons de faire de la personne. Une histoire simple peut être ici restituée. Mr. T. s’est enrichi rapidement grâce aux affaires dans une région frontalière. Ici, l’argent coule à flot, distribué et capté par les multiples réseaux où l’informel et le formel font bon ménage. Mr. T. est courtisé par son entourage familial. Il devient par la force des choses, un acteur incontournable. Il est écouté, respecté et craint. Dans son palace, il a l’oeil sur tout. Il s’octroie le pouvoir de marier, comme il l’entend, tous ses enfants contraints de résider avec lui. Il s’occupe de façon dictatoriale de tous les achats. «Si ma femme a besoin de quelque chose, elle doit nécessairement passer par mon père», disait l’un de ses fils.
L’ascension sociale brutale et rapide
La loi d’airain de la réussite matérielle balise tout sur son passage : des habitations immenses et hideuses construites à coups de milliards de DA, pour se donner faussement l’image de la «grandeur». Ici, la ville est constamment remodelée par les pratiques sociales, elles-mêmes le produit d’une histoire des hommes. Le fait urbain, au-delà de sa matérialité, se définit par l’action des agents qui le construisent, le retravaillent, le modifient. Il est possible de lire la ville, en décryptant le mode de captation des lots des terrains et des constructions rapides de villas, pour comprendre la brutalité de l’ascension sociale de certains. Elle n’est pas étrangère aux multiples connivences politiques et financières qui se jouent dans la société. De nouveaux «prophètes» de l’argent douteux, émergent sur la scène sociale et politique ; à tel point que le Premier ministre n’a pas hésité à évoquer la prégnance de la corruption politique pour acheter une place sociale dans les cercles politiques. Ces pratiques sont enracinées dans la société. Elles sont à l’origine d’un nouvel ordre moral. Le système de valeurs centré sur une mobilité sociale méritée, sur le capital culturel, sur la rigueur, sur l’effort, est l’objet de dérisions, de moqueries et d’étiquetages sournois qui signifient clairement que la personne n’a pas réussi à construire sa place dans la société. «Il est en dehors du coup». «Il ne sait pas s’y prendre». La personne est stigmatisée, déconsidérée, parce qu’elle est «hors-jeu», incapable d’intégrer le jeu de la transgression. Ces expressions courantes dans le langage ordinaire, nous rappellent le livre merveilleux de Bourdieu (1982), « Ce que parler veut dire». L’auteur montre de façon magistrale, que l’usage de la parole n’est jamais neutre. Il est au principe de la hiérarchisation et des classements sociaux qui se fabriquent dans une société. «Le pauvre, c’est un simple fonctionnaire !» ; ou ces propos sous forme de sentence : «Fonce dans les affaires, Tu gagneras mieux ta vie». «Il est enseignant à l’université ? C’est tout ! ».
«Aujourd’hui, le métier le plus convoité, est celui de douanier. Pour y rentrer, ce n’est pas facile». Par ces mots cruels, le système sociopolitique a incontestablement «réussi» à mettre en spectacle de nouvelles catégories «d’exclus sociaux et culturels » qui intègrent la foule des muets. Leur parole devient dérisoire et sans importance. Ils n’ont pas su «jouer» de leurs larges épaules et de leur argent, pour acquérir notoriété et respect dans la société. Il ne leur reste que la colère et l’indignation pour exprimer leur désapprobation. A contrario, « la réussite sociale éteint la colère comme les bons repas assouvissent les appétits. Il faut de la vertu pour cultiver la colère» ((Garrigou, 2005).
L’accumulation du savoir, et donc du capital symbolique, se construit à la marge de la société, de façon honteuse et silencieuse, apparaissant aux yeux de beaucoup, comme étant de l’ordre de «l’anormalité». Et pour cause ! Son usage est inconvertible en capital économique. La captation rapide de l’argent et sa survalorisation sociale produisent des «refoulés culturels» (Bourdieu, 1979) représentés par ces rêveurs et ces utopistes qui tentent de comprendre le monde ! Or, ce n’est pas cet ethos, c’est-à-dire une façon d’agir dans la société, qui permettra d’attirer l’argent. D’autres postures s’imposent pour s’enrichir. Ce qu’on appelle «la gfasa» (la débrouillardise) peut se caractériser par les capacités à se mouvoir rapidement dans la société, à nouer des compromissions, à s’immerger de façon calculée et intéressée dans les espaces de pouvoir, à user de façon subtile de la parole, pour «être bien» avec tout le monde, parce que l’essentiel est que les affaires puissent «rouler». «Il faut sentir les affaires», me disait un affairiste rompu à la vente et à l’achat de logements.
Des territoires propres
L’inégale répartition de l’argent dans la société renforce les inégalités sociales. Elle accentue la défiance des agents à l’égard de leurs institutions. Elle produit enfin un fort sentiment d’injustice. De façon plus profonde et plus chronique, ces injustes redistributions de l’argent atteignent le fondement des professions. Elles contribuent en partie à les défigurer en les dépréciant socialement. L’identité professionnelle est abîmée. Le travail n’a plus de sens parce qu’il interdit d’accéder à la dignité de la personne. De façon plus extrême, quand le «vide» s’incruste dans les structures mentales des jeunes sans travail, la «désaffiliation» l’emporte. Elle indique «des situations de décrochage. Cela signifie que les individus ne sont plus inscrits dans les régulations collectives qu’ils ont perdu de leurs assises et de leurs supports…» (Castel, Haroche, 2001).
La société n’est pas une cruche vide qu’il est loisible de remplir «d’attitudes, de connaissances et de comportements» conformes aux attentes des praticiens du développement. Les logiques sociales des agents sociaux et des développeurs ne sont pas les mêmes (De Sardan, 1990). Face à leurs statuts professionnels fragilisés, certains agents tentent de saisir toutes les opportunités qui s’offrent à eux. Ils n’hésitent pas à déployer leurs propres normes pratiques, en optant pour le travail pour «soi», à la quête d’un territoire propre, prenant leur distance à l’égard de l’Etat. Les espaces dits publics nourrissent et renforcent ceux du privé. Ils sont parfois brouillés de façon perverse, où le laisser-faire des pouvoirs locaux est loin d’être neutre. Mais, derrière toutes ces situations où les règles du jeu sont consciemment rendues opaques, l’argent s’incruste aisément dans les relations sociales. Tout se monnaie aujourd’hui. Il importe de passer au travers d’une lourde bureaucratie difforme, pour acquérir rapidement et par la médiation de l’argent, un acte de naissance, ou d’autres services plus prestigieux. En se banalisant, la corruption sélectionne ses espaces « On sera mieux pour discuter, dans le café Z.». Elle capte de façon offensive les clients intéressés. Les transactions effacent toute trace écrite. Elles sont de l’ordre de la flexibilité, du marchandage, de l’oralité. La parole l’emporte sur la règle. «On m’a donné tant…». Elle produit son propre lexique : «Fia Nachat» (il y a de l’animation) ; «Habat» ou «Ticket» (argent). Elle est à l’origine de nouveaux métiers : «le passeur», «l’intermédiaire», «l’associé». Elle renforce son emprise dans et sur la société. La corruption contribue à déclasser de façon vertigineuse le mérite et le travail productif. «Tu travailles ou tu ne travailles pas, c’est la même chose». Elle est enfin à l’origine de frustrations et d’indignations des personnes qui tentent de vivre de façon précaire de leur labeur.
Elles insistent à juste raison sur les trajectoires atypiques de certains individus «miraculés», propulsés au plus haut de la hiérarchie sociale par la bénédiction d’un argent acquis trop rapidement. «Comment ont-elles fait pour s’enrichir aussi vite» ? «A leur âge, ils jouent avec des milliards». Ces représentations sociales ne sont pas uniquement des jugements rapides. Elles ont un fondement réel. Elles sont encastrées dans les logiques sociales et donc dans la façon dont nous nous comportons à l’égard des institutions. Elles produisent des formes sociales (Simmel, 1991) centrées sur l’indifférence, la défiance, le scepticisme et la culture de l’impunité. Elles permettent de penser le collectif dans l’individuel, en dépassant l’opposition stérile entre «la société» et «l’individu». Il est important de rappeler les propos tenus par Bourdieu, au cours d’une rencontre au Collège de France, le 13 mai 2001, en présence d’une classe de première d’un lycée de Marseille. Il déclarait à propos de l’opposition société/individu : «Elle est partout, sert de sujet de dissertation, mais elle ne veut strictement rien dire, dans la mesure où chaque individu est une société devenue individuelle, une société qui est individualisée, par le fait qu’elle est portée par un corps, un corps qui est individuel» (Propos repris par Lahire, 2005).
Les perversions
Le système rentier favorise aisément les perversions, les transgressions et les détournements, parce qu’il fonctionne moins à la règle qu’aux affinités relationnelles, régionales ou familiales. Le décalage est important avec la rationalité capitaliste qui s’est autonomisée des contingences familiales et personnelles. Ecoutons le sociologue allemand Max Weber : «Mais l’organisation rationnelle de l’entreprise, liées aux prévisions d’un marché régulier et non aux occasions irrationnelles ou politiques de spéculer, n’est pas la seule particularité du capitalisme occidental. Elle n’aurait pas été possible sans deux autres facteurs importants : la séparation du ménage et de l’entreprise qui domine toute la vie économique ; la comptabilité rationnelle qui lui est intimement liée… Sans ces éléments, les capitalismes aventurier, spéculatif, commercial, sont certes possibles, de même que toutes sortes de capitalisme politiquement déterminé, mais non pas l’entreprise rationnelle conduite par l’initiative individuelle avec un capital fixe et des prévisions sûres» (Weber, 1964).
La protection tacite, les relations personnalisées, la dépendance à l’égard de la hiérarchie familiale, freinent toute propension à l’initiative et à l’autonomie individuelle. Il faut plonger dans la société pour comprendre que le support social ou «le parapluie» est au fondement d’un ensemble de pratiques sociales et professionnelles. La notion de risque ne peut être analysée de façon substantielle. Elle est toujours construite socialement. Les risques politiques ou économiques sont bel et bien soutenus et encouragés par des réseaux influents et puissants. «J’ai quelqu’un derrière moi, qui m’aidera…» . « Les gens de ma famille et de ma région insistent pour que je me présente aux élections». La légitimité légale et bureaucratique, qui s’appuie sur l’impersonnalité et la rationalisation (Weber, 1964)), n’a aucune prise sur la personnalisation profonde et récurrente des relations sociales qui efface de façon radicale tout arbitrage rigoureux, toute évaluation objective des activités économiques et sociales des différents agents sociaux. On voit ici toutes les limites des discours rhétoriques sur l’économie de marché et sur la greffe aveugle des règles managériales. L’illusion d’une économie pure interdit de tenir compte de la complexité de la réalité sociale et politique qui impose ses jeux relationnels, s’enracinant dans un système de dépendance réciproque.
L’argent nourrit et renforce le capital relationnel et vice versa. Il suffit d’écouter les protagonistes pour indiquer les rapports de dépendance dans les transactions. Ils effacent tout contrat clairement affiché et objectivé. «Je compte sur toi. Il faut que tu m’aides à régler rapidement le problème auprès de Mr. Z.». «J’ai rendu un service à X. et j’ai à tout prix besoin de lui téléphoner pour qu’il recrute mon neveu». La réciprocité des services, comme norme pratique dominante, est importante pour comprendre que la confiance est centrale dans la liberté marchande moderne. Son absence (la confiance) montre qu’elle ne s’est pas encore imposée dans une société qui s’agrippe aux relations personnalisées. « Aussi, faut-il définir la liberté marchande moderne, non pas comme la fin des interdépendances, ce qui serait absurde dans un monde moderne, infiniment spécialisé, mais comme la fin des dépendances personnalisées et leur remplacement par un lien anonyme à la monnaie. La confiance, ce que Simiand appelait la «foi sociale», y joue un rôle essentiel » (Orléan, 2002).
La violence de l’argent
L’argent produit de la violence symbolique. Les liens affectifs et de proximité familiale peuvent s’effacer face à la fureur de l’argent incorporé dans le corps de la personne. Tout se passe comme si l’argent favorisait ce dédoublement de la personnalité de l’individu. Il devient «autre». Deux exemples : le premier a eu lieu quelques années dans un petit village situé à l’ouest du pays. Le père de Mr.X venait de décéder d’un cancer du poumon. La personne chargée de laver le mourant avait déposé sa montre à proximité du corps. Mr. X pensait que cette montre appartenait à son père. Il n’hésita pas, un seul instant, à la volatiliser violemment, avant de se voir signifier que cette montre n’appartient pas à son père. Le décès du proche parent peut mettre à nu de façon plus violente, plus radicale, la question de l’argent. Le deuxième exemple : Mme M. Y vient de perdre son mari. Elle a deux filles mariées. Elle habite seule avec ses deux beaux-frères qui lui demandent violemment de partir pour qu’ils puissent vendre, en toute liberté, le logement. Elle est donc contrainte de vendre son or, dans le secret le plus absolu, pour tenter d’acquérir un logement par la médiation d’une agence immobilière. «S’ils savaient que je vends mon or, ils n’hésiteraient pas à me tuer», nous dit-elle.
L’argent s’incruste aussi dans le domaine de l’éducation. La marchandisation difforme du savoir renforce les inégalités sociales. La course aux cours particuliers, aux «meilleurs professeurs», même s’il faut, pour cela, emprunter, s’endetter, au-delà de la réussite scolaire de leur enfant, relève aussi du prestige social. Face aux «autres», il importe de valoriser l’image de soi, de donner une visibilité au succès scolaire, en ne lésinant pas sur la dépense pour fêter l’événement. Ici l’honneur (le nif) et l’argent cohabitent de façon harmonieuse. Face au voyeurisme collectif, il importe de montrer «sa richesse». Orléans (2002) indique pertinemment que «par définition, est richesse ce qui est considéré par les autres comme richesse. Aussi, rechercher la richesse, ce n’est pas tant rechercher ce qui fascine, que rechercher ce qui est propre à fasciner les autres, tous se comportant de la même manière». Le capital scolaire de l’enfant doit nécessairement se reconvertir en capital symbolique au profit des parents ; la fierté en échange du sacrifice financier consenti. Pour les enseignants qui jouent le jeu, le cours privé est une forme de compensation, «un os qu’il faut bien ronger», face à leurs conditions salariales dérisoires.
Dans une société harcelée par les problèmes quotidiens, soumise aux multiples dérives bureaucratiques, orpheline de toute médiation sociopolitique crédible et autonome, les gens d’en bas sont contraints de réinventer mille et une tactiques et subtilités cachées, de jouer avec les normes plus profondément perverties par plus grand qu’eux, de s’engager de façon volontariste et plurielle dans différents emplois de service, de bricoler ou de «naviguer» pour reprendre l’expression des jeunes dans les méandres du bisness, du commerce ou des affaires. Il importe d’observer nos quartiers, nos rues, pour noter l’appropriation et la reconversion rapide des espaces habités en épiceries d’alimentation, d’habillement ou en cafés. La société se donne aussi à lire comme un ensemble d’arènes sociales et commerciales où l’argent, quel que soit son mode d’acquisition, est le moteur de son fonctionnement et de sa reproduction. (Le Quotidien d’Oran-27.08.09.)
***par Mohamed Mebtoul * Professeur de sociologie à l’Université d’Oran.
Références bibliographiques
Bourdieu.P., 1982, Ce que parler veut dire. L’économie des échanges linguistiques, Paris, Fayard.
Bourdieu P., 1979, La distinction. Critique sociale du jugement, Paris, Editions de Minuit.
Castel.R., Haroche C., 2001, Propriété privée, propriété sociale, Paris, Fayard.
Garrigou . A., 2005, « Un jeune homme en colère », in : Mauger G., (eds.), Rencontres avec Pierre Bourdieu, Paris, Editions du Croquant, 143-158.
Lahire B., 2005, « Prolongements. Les traditions scientifiques comme condition de toute innovation », in : Mauger G., (eds.), Rencontres avec Pierre Bourdieu, Paris, Editions du Croquant, 291-304.
Mauss M., 1989, Essai sur le don, Alger, Editions ENAG.
Nietzsche F., 1991, Par-delà le bien et le mal, Paris, Librairie générale française.
Olivier de Sardan., J.P., 1990, « Société et développement », in : Fassin D., Jaffré Y. (eds.), Sociétés, développement et santé, Paris, Ellipses/Aupelf, 28-37.
Orléan A., 2002, « La monnaie, opérateur de totalisation », entretien avec André Orléan, réalisé par Bourdarias F., Journal des anthropologues, 90-91, 331-352.
Simmel G., 1991, Secrets et sociétés secrètes, Paris, Editions Circé.
Weber M., 1964, L’éthique protestante et l’esprit du capitalisme, Paris, Plon.
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*L’indécence des ploutocrates
Si la ploutocratie est un système de gouvernement où l’argent est la source du pouvoir, force est de constater qu’elle règne de façon indécente partout dans le monde. Le candidat Mitt Romney, qui l’incarne le mieux politiquement dans l’antre même du capitalisme mondial, a inspiré au prix Nobel d’économie, Paul Krugman, nombre de ses récentes chroniques parues dans le New York Times. Il faut dire que le personnage se prête bien à un exercice sur les riches et la richesse aujourd’hui.
Dans «Mitt’s Gray Areas» (Mitt et ses zones d’ombre), parue mardi 10 juillet en cours (*), il revient sur la manière dont le candidat républicain n’arrête pas de faire fortune depuis son plus jeune âge, il y a 44 ans, à l’ombre de son père George Romney. Cette heureuse filiation autorise Krugman à oser la comparaison «sur la signification de devenir riche dans l’Amérique de George Romney (…) avec ce qui se passe aujourd’hui». «Que faisait George Romney dans la vie ‘ La réponse est immédiate : il dirigeait une entreprise automobile, American Motors. Et il le faisait très bien : à une époque où les trois grands constructeurs automobiles restaient obnubilés par les grosses voitures et ignoraient la marée montante des importations, Romney avait mis l’accent avec un grand succès sur des voitures plus compactes qui restaurèrent la destinée de l’entreprise, sans oublier qu’il sauva ainsi les emplois d’un grand nombre de travailleurs américains. «Cela l’enrichit également sur un plan personnel. Nous le savons parce que lors de sa candidature, il rendit publics non pas un, ni deux, mais douze avis d’imposition, expliquant qu’une seule année pourrait n’être qu’un coup de bol. Grâce à ces déclarations d’impôts, l’on sait que lors de sa meilleure année, 1960, il gagna plus de 660 000 dollars ce qui revient aujourd’hui à 5 millions de dollars en tenant compte de l’inflation. «Ces déclarations révèlent également qu’il payait beaucoup d’impôts 36% de ses revenus en 1960, 37% sur la période globale. Ainsi que l’expliquait un rapport de l’époque, ceci est dû en partie à sa façon de « profiter rarement des avantages offerts par les niches fiscales pour échapper à ses obligations fiscales ». Mais c’est également parce que les impôts sur les riches étaient bien plus élevés dans les années 50 et 60 qu’ils ne le sont aujourd’hui. «En fait, une fois que l’on inclut les effets indirects des impôts sur les profits des grandes entreprises, l’on obtient des impôts sur les grandes fortunes deux fois plus élevés que les taux actuels». Tel est le tableau des années 1960 : une Amérique qui entreprend, s’enrichit et se prête au partage. Pour mesurer le chemin parcouru et apprécier la qualité des transformations subies par le système, il suffit de comparer entre le père et le fils : «A l’inverse de son père, Romney ne s’est pas enrichi en produisant des choses que les gens souhaitaient acheter ; il a bâti sa fortune sur des tractations financières qui semblent avoir aggravé la situation des employés dans un grand nombre de cas, et qui ont parfois même mené des entreprises à la faillite.» Par ailleurs, Mitt Romney qui est très secret a rendu public, à contre cœur et avec parcimonie, un avis d’imposition ainsi qu’une estimation pour l’année suivante, qui ont montré que son taux d’imposition était étonnamment bas. Aussi, le candidat républicain à l’élection présidentielle possède «un compte en banque de plusieurs millions de dollars en Suisse ainsi que des dizaines de millions investis dans les îles Caïman, connues pour être un paradis fiscal». Pour couronner le tout, son compte IRA (compte de retraite individuel), censé être un moyen d’économiser sur ses impôts, avec des contributions annuelles limitées à quelques milliers de dollars par an, plafonne entre 20 et 101 millions de dollars. Partant de «ce qu’un homme fait de son argent est certainement un bon indicateur de sa personnalité», Krugman trouve que le programme politique de Romney est «réellement cohérent, puisqu’il implique des crédits d’impôts pour les très riches ces impôts qui ont déjà baissé d’environ la moitié depuis l’époque de son père». «Un homme œuvrant pour une telle politique se doit certainement d’être clair vis-à-vis des électeurs pour expliquer dans quelle mesure il bénéficierait personnellement des idées pour lesquelles il se bat.» Krugman revient sur le même sujet une semaine plus tard, le 17 juillet, avec une chronique titrée : «La vie politique et l’histoire personnelle» (**) dans laquelle il nous apprend que, selon des estimations du Tax Policy Center, un organisme non partisan, comparé à celui d’Obama, le programme de Romney réduirait de 237 000 dollars les impôts annuels payés par le petit réduit social des 1 pour cent les plus riches; ce chiffre s’élève à 1,2 million de dollars pour les 0,1% les plus riches. Dans ces conditions, observe Krugman, «il ne faut pas s’étonner que les rencontres visant à récolter des fonds pour Romney et organisées dans les Hampton (Hampton Inn, est une chaîne hôtelière huppée) attirent tellement de donateurs enthousiastes que cela provoque des embouteillages de voitures de luxe». C’est pourquoi, cette élection lui semble opposer «au sens propre, les riches contre les autres». Un autre texte, «Pathos of the Plutocrat» (La souffrance des ploutocrates – ***), daté du samedi 21 juillet 2012, achève le tableau électoral américain. Evoquant la sensibilité ou la souffrance d’un grand nombre de gens très riches, il constate que leur richesse «les rend sensibles là où nous nous sommes endurcis». «Ce n’est pas un secret qu’aujourd’hui beaucoup des hommes les plus riches d’Amérique y compris certains anciens soutiens d’Obama détestent, mais détestent réellement le président Barack Obama. Pourquoi ‘ Eh bien, selon eux, c’est parce qu’il « diabolise » le monde des affaires ou comme Mitt Romney l’a dit plus tôt cette semaine, il « attaque le succès ». A les écouter, l’on pourrait penser que le président est la réincarnation de Huey Long, prêchant la haine des classes et la nécessité de faire payer les riches». Le rapprochement tient probablement à ce que l’élection de ce populiste qui fut gouverneur de Louisiane en 1928 avait marqué un transfert des forces politiques dans cet Etat, auparavant dominées par les grands propriétaires terriens, les hommes d’affaires et les représentants de l’industrie pétrolière, vers les petits propriétaires et les fermiers. Les ploutocrates et la nouvelle droite victorieuse renvoient également une image d’enfants gâtés : «Non seulement les super-riches sont terriblement blessés que quiconque appartenant à leur classe soit critiqué, mais ils insistent également sur le fait que c’est parce qu’Obama ne les aime pas que notre économie a des problèmes. Ils prétendent que les entreprises n’investissent pas parce que les chefs d’entreprise ne se sentent pas valorisés. Romney a, lui aussi, répété cet argument, en prétendant que c’est parce que le président attaque le succès que «nous avons moins de succès». Le moral des affaires a cependant des limites et les choses finissent toujours par retrouver leur cours naturel : «Puisque les riches sont différents de vous et moi, beaucoup d’entre eux sont incroyablement égocentriques. Ils ne voient même pas à quel point c’est drôle à quel point ils sont ridicules lorsqu’ils attribuent la faiblesse d’une économie qui représente 15 000 milliards de dollars à leur fierté blessée.» * Ammar Belhimer- Le Soir d’Algérie-31.07.2012.)
***Ils sont 50 milliardaires à décider de l’avenir de la planète.
Koch Industries, pour prendre un exemple, est un conglomérat pétrochimique diversifié qui réalise un chiffre d’affaires de 100 milliards de dollars (74 milliards d’euros) avec 70 000 employés dans 60 pays*. Les frères Koch, dont le réseau d’influence est impressionnant « consacrent désormais ce trésor de guerre à la diffusion des idées populistes de la droite extrême et à financer les climato-sceptiques. « De 2005 à 2008, les subventions attribuées par Koch aux groupes qui huilent la » machine à nier le dérèglement climatique « , sont de 9,1 millions de dollars pour Exxon, contre 24,9 millions de dollars pour les fondations contrôlées par Koch. »
« Qui se cache derrière les climato-sceptiques ? Greenpeace dénonce les pratiques de Koch industries » Grennpeace.
« Considéré comme l’un des « dix premiers pollueurs atmosphériques aux États-Unis » par l’université du Massachusetts, Koch Industries a été poursuivi sous l’administration Clinton pour plus de 300 marées noires dans six États fédérés, avant de régler une amende de 30 millions de dollars en janvier 2000. «
» Ces milliardaires qui spéculent sur l’avenir de la planète » Par Ivan du Roy et Sophie Chapelle – Bastamag
» La plupart des activités de cette multinationale sont méconnues du grand public, à l’exception de quelques produits commercialisés en France tels que les cotons DemakUP®, le papier-toilette Lotus® ou encore les textiles synthétiques Lycra®. » ( Greenpeace).source: Zec.blog-19.12.2011.)
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« Votez pour moi parce que je suis riche. »
On se demande souvent ce que c’est que la ploutocratie. Eh bien, en toute simplicité, la ploutocratie, c’est ceci: les gens riche considérant que leur richesse leur permet d’exercer les plus hautes fonctions. Les candidats «indépendants» (de fortune) aux élections présidentielles ricaines (Ross Perot, et un certain Thomas Jefferson Anderson dans les années 1970) sont les champions de la chose. Le ploutocrate est de bonne foi (pire que la mauvaise foi: la bonne foi). Voyez le raisonnement d’Arnold Schwarzenegger, toute candeur et toute sincérité: «Votez pour moi parce que je suis riche. Mon indépendance de fortune me rendra imperméable aux pressions des lobbyistes, qui sont toujours en soi des pressions financières». Abstraitement, l’argument ne serait pas sans mérite… s’il était formulé par un ange, un robot, ou simplement par un être désincarné, sans la moindre twist (détermination) de classe.
Alors c’est quoi le problème avec la ploutocratie. Bien d’abord, un problème de principe intellectuel. Cessons de parler de DÉMOcratie si ce sont les élites financières (les riches, en grec PLOUTO-) qui mènent le bateau, selon leurs priorités. Et conséquemment cessons une bonne fois de bassiner cette morale électoraliste crypto-élitiste à la planète. Mais surtout, c’est un problème matériel. On a déjà bloqué un des descendants du premier Rockefeller, Nelson Rockefeller, né intégralement coiffé, de devenir président des USA parce qu’il ne savait pas mentalement distinguer dix dollars de dix mille dollars (le “pauvre” demeura plafonné à la vice-présidence à cause de son Marie-Antoinettisme financier). Ce trait s’applique à différents degrés à tous les ploutocrates. «Le peuple n’a plus de pain – Qu’il mange de la brioche». On ne pilote pas une banqueroute sociale comme les USA de ce jour avec ce genre de synthèse doctrinale.
Le ploutocrate n’est pas spécialement un gros méchant. C’est simplement un incompétent systémique, chronique, voué à ne pas capter intimement les problèmes de la société civile et convulsionnairement allergique à des solutions de couverture sociale allant au delà de la philanthropie et des encouragements paternalistes sans méthode. Il défendra comme une évidence le statut quo qui fonda sa propre réussite et, au mieux, ne fera strictement rien, gros pacha plein de fric sur son trône politique. Le cumul ploutocrate en empilade aggrave naturellement les choses. Civilisation fondamentalement ploutocratisée dans sa définition même, la civilisation américaine sert, l’oeil parfaitement calme, ses intérêts financiers en les prenant candidement pour l’intérêt commun et envoie tout aussi candidement les peuples du monde au casse-pipe.
La démagogie fasciste s’est piquée jadis d’anti-ploutocratisme. Oui, oui. C’était en effet un populisme haineux qui misait sur la lie de la terre pour légitimer ses idées extrêmes en se donnant l’air de s’attaquer à la grosse méchante internationale du pognon. Il fallait faire (national)bolcho, c’était les années 1930, l’après-krach etc. C’était un mensonge direct de leur part d’ailleurs car les grands leaders fascistes étaient très près des conglomérats de l’acier, de l’industrie lourde et de l’armement de leur pays respectifs. Sauf que, ceci dit, la ploutocratie comme phénomène politique et ethnologique ne disparaît pas magiquement simplement parce que les fascos s’en sont servi dans leur démagogie criarde. Trop facile, ça. Assez de simplisme, merci. Surtout qu’aujourd’hui c’est la démagogie libérale qui dit, par retour du balancier historique: «Chut, chut… ne décrivez/dénoncez plus la ploutocratie. Les fascos ont fait pareil». La belle affaire. Les fascos voulaient aussi que les trains arrivent à l’heure, et cela ne légitime par leurs retards actuel. Prenons l’exemple parfait: Michael Bloomberg, ce bon politique si efficace et si compétent. Ah, il est, l’un dans l’autre, facile de paraître efficace et compétent quand on est le maire riche de la plus riche cité du pays le plus riche au monde. Qu’aurait-il fait comme maire de la Nouvelle Orléans pendant l’ouragan? Ceci n’est pas une observation gratuite. On a là un gars qui dit sans broncher: je pourrais me payer un joujou avec mon pognon, la présidence du premier empire du monde. Et le consensus social approuve sur l’implicite pragmatiste fondateur de la civilisation américaine: il est certainement compétent s’il s’est enrichit. Sauf que cette présidence impliquerait (dans l’idéal!) la compréhension intime et concrète d’un monde où des millions de gens gagnent un dollar par jour. Et après on va se battre les flancs en ne comprenant pas exactement pourquoi ça se termine en engloutissement de milliards en deniers publics dans des théâtres de combats qui n’aboutissent pas, au centre d’une géopolitique de mitaine sans cohérence précise. Je ne parle pas de grandes magouilles sinistres ou d’arnaques élaborées ici, je parle d’incompétence ordinaire, basée sur une simple ignorance de classe. Il me semble que la connexion des pointillées entre la ploutocratie (bien intentionnée ou non) US et une planète de crèves-faim qui ne tourne pas rond et s’exacerbe n’est pas si difficile à faire.
Finalement il est particulièrement important de noter qu’une personne ayant de l’argent n’est pas automatiquement un ploutocrate. Sera ploutocrate la personnalité politique riche certes, mais surtout qui engage sa fortune, l’impact de sa fortune, la crédibilité liée à sa fortune comme vecteur politique. Bloomberg est le parfait exemple. Il fait agir sa fortune politiquement, y croit, ne s’en cache pas, n’en rougit pas, et on comptabilise même le montant que lui a coûté chaque vote à la mairie de New York. Schwarzenegger, lui, te propose un choix limpide: le ploutopouvoir par lobbys financiers ou le ploutopouvoir par politiciens ploutocrates autonomes. Le premier sert les intérêts structuraux de segments industriels spécifiques. Il prend très ouvertement les travailleurs en otage (servez les intérêts de mon groupe industriel si vous voulez du boulot pour vos électeurs). Le second joue plutôt au monarque bonhomme, paterne, placide, philanthrope-ayant-plein-d’amis et promoteur de la solution privée aux problèmes sociaux de façon abstraite, générique, absolue, débonnaire. Le premier ploutocratisme est plus de tendance économique. Le second plus de tendance politique.**Cet article a été publié par Paul Laurendeau le 29 Avril 2008 et est classé dans Civilisation du Nouveau Monde, Lutte des classes. (Le carnet d’Ysangrimus)
**LE VRAI VISAGE DES DÉMOCRATES
Mythes de la démocratie et réalités des ploutocraties occidentales
Jean Thiriart constate qu’ « en Europe occidentale, depuis plusieurs
décennies, règne la ploutocratie, déguisée en démocratie parlementaire. Les
puissances d’argent tirent les ficelles des comédies politiques » (La Nation
Européenne, n°16, avril 1967). Il dénonce donc que « le régime de la démocratie
parlementaire, dans une société à structures capitalistes comme l’Europe
occidentale, conduit inévitablement au régime déguisé de la ploutocratie.
L’argent est le dénominateur commun : il permet de tout acheter, y compris le
pouvoir politique… Tous les pouvoirs y sont réunis dans les mains d’une caste
de politiciens professionnels, coupés du peuple et manœuvres par des groupes
financiers souvent étrangers a l’Europe. (…) Il faut donc une transformation
radicale de nos structures politiques et sociales ». (ibid.). Il s’agit donc par
là de promouvoir une démocratie directe moderne, celle qui ne peut être défendue
en l’état actuel que par la figure pionnière du soldat politique.
« Les démocrates humanitaires qui affirment que les hommes dont égaux, et qui, sur la foi de leur croyance, distribuent le droit de vote à tout le monde -, ne peuvent prétendre à aucune justification expérimentale de leurs croyances et de leurs actions. Ce sont des hommes qui ont
une foi, et qui agissent en conséquence, sans tenter de découvrir si cette foi correspond à réalité objective. » Aldous Huxley, Le plus sot animal.
Tous nos systèmes pseudo-démocratiques s’appuient au départ sur plusieurs faux
postulats dont le principal énonce que le nombre – c’est-à-dire la majorité – fait la loi. Dans la mesure où tous les hommes sont égaux en capacités intellectuelles et morales, dans la mesure – où l’option engage la responsabilité, le système qui consiste à installer la domination de 51
personnes sur 49 autres est déjà grandement contestable.
MAIS AU FAIT LES HOMMES SONT-ILS ÉGAUX ?
L’observation élémentaire de la mesure nous apprend que les hommes sont
différents, inégaux. Chaque homme est un mélange de dons divers (le caractère,
l’intelligence, la santé) et de qualités acquises et variées (la culture, le
discernement). Ainsi, lorsqu’un homme émet une opinion ou lorsqu’il la soutient,
il peut le faire par ignorance satisfaite, pour satisfaire des appétits
matériels, ou avec discernement.Les opinions brutes sont extrêmement variées parce que les hommes sont extrêmement inégaux. Beaucoup même laissés à eux-mêmes ont la décence de
convenir qu’ils n’ont pas d’opinion, par carence. Les prises de position
massives ne sont possibles qu’après un minimum de conditionnement.
Toute la démocratie logomachique et parlementaire est basée sur le faux postulat
qu’un vote en vaut un autre. Ainsi l’analphabète aura autant de poids que
l’universitaire lorsqu’il s’agira de modifier les structures de l’État ; et le
rentier aura autant de poids que le travailleur lorsqu’il s’agira d’apprécier
les normes d’un travail manuel décent.Tout le monde s’occupe de tout. C’est en fait l’anarchie. Cette anarchie est toutefois tempérée par un autre vice fondamental, le second des maux atténue la gravité du premier, c’est le conditionnement.
LIBRE ARBITRE ET CONDITIONNEMENT
Très peu d’hommes possèdent une opinion propre. Ils croient en avoir une, en
fait, ils ont l’opinion de leur milieu familial ou professionnel, l’opinion de
leur journal habituel. Tous les hommes ont – au début de leur vie – une pensée
conditionnée par l’éducation, l’instruction, le milieu. Chacun d’entre nous est
passé par ce stade.
La connaissance immanente n’existe pas. La connaissance est d’abord reçue. Mais ensuite chez certains hommes un dépassement s’opère et naît alors la pensée propre par ratiocination (ce mot n’a un sens péjoratif qu’en langage vulgaire). La ratiocination est le raisonnement. À
condition de posséder un minimum d’intelligence et un minimum de culture,
l’homme peut à un moment de sa vie se libérer progressivement de son conditionnement et s’élever tout seul. L’esprit humain dispose d’un arsenal d’outils de pensée très varié ; il procèdera par induction, déduction, il maniera le syllogisme, il usera de la dialectique.
Mais hélas, et nous sommes les premiers à le déplorer, la grosse majorité des hommes ne dépasse jamais le stade de conditionnement de l’enfance et de l’adolescence. Bientôt,
elle se fige dans ce conditionnement et le confond à tort avec une
« personnalité ». La faculté d’analyser et le pouvoir de raisonner procure un
libre-arbitre relatif. Ce libre-arbitre est plus ou moins développé, mais il ne
parvient jamais à éliminer totalement le conditionnement.
Logiquement et sainement, lorsqu’on recueille une opinion, elle devrait être le résultat des
faits réfractés à travers l’homme raisonnant. En fait, dans la grosse majorité
des cas, l’opinion recueillie n’est que réfléchie par l’homme, dont le
conditionnement joue en quelque sorte ici le rôle de miroir.
La plupart des hommes ne sont que des porteurs d’échos. La démocratie arithmétique va
s’empresser de compter, de comptabiliser ces « échos », et feindre de les
considérer comme « opinions ». On réalise bien vite que le système démocratique du
type dit « arithmétique » (le suffrage universel) est fondamentalement vicié :
* a) par le faux postulat de l’égalité humaine ;
* b) par les
additions d’échos, faussement assimilées à des additions d’opinions.
À la base même du système apparaissent déjà une contre-vérité expérimentale et une
imposture comptable. Le nombre d’échos dont le manipulateur peut disposer est
fonction directe de ses moyens de presse, de ses moyens oratoires (l’éloquence
emballe indifféremment bonnes et mauvaises marchandises). Ce sont le journal
quotidien, l’émission de TV, le film, le roman, qui fabriquent l’opinion, la
manipulent. Ce travail commence dès l’instituteur qui enseigne l’histoire ou la
morale au goût du pouvoir régnant. Viendront s’y ajouter les délassements dûment
orientés : les boy-scouts, et la presse enfantine. Et enfin, la panoplie des
héros conformes. Nous ne sommes pas très loin du chien de Pavlov.
Même les asociaux sont conditionnés et de nos jours l’adultère est stéréotypé,
« normalisé » par le film et la presse de cœur. Le crime est enseigné également
par le film et la presse. Là encore les acteurs sont sans personnalité propre ;
ils sont dûment stéréotypés, qu’ils soient « amants » ou « tueurs », tout comme le
sont les « électeurs ». Permettez-nous, dés lors, de contester la valeur des
consultations populaires après en avoir dénudé les mécanismes en
trompe-l’œil.
APRÈS LA NAÏVETÉ ET L’IMPOSTURE, VOICI L’ESCROQUERIE
Il arrive que la machine à intoxiquer et à conditionner ne fonctionne pas encore
assez bien ou assez vite au goût de ses propriétaires. On utilise alors
l’arithmétique truquée ou escamotée. Il en a été ainsi de 1983 lors des
élections municipales françaises où un découpage savant des circonscriptions a
fait que souvent les socialistes minoritaires ont conservé la majorité des
sièges (comme Gaston Deferre, alors ministre de l’Intérieur, à Marseille…).
Les marlous du parlementarisme ont d’autre part inventé toutes sortes de trucs,
dont la case de tête, le panachage et que savons-nous encore.
Malgré toutes ces précautions malhonnêtes, il arrive encore des accidents, des poussées
de fièvre, comme le « Poujadisme » de 1955 en France : à ce moment-là on
« invalide » les élus. Plus fort encore : en Argentine, au début des années 60,
les Péronistes avaient remporté (dans des conditions de propagande difficiles)
les élections sans conteste possible. Riposte : élections annulées.
Aux journalistes qui s’intéressent à notre travail de corruption » de la jeunesse et
qui parlent d’enseignement de la haine de la démocratie parlementaire, nous
pouvons rétorquer qu’il suffit amplement de la mépriser. Il n’est vraiment pas
difficile d’y arriver et d’y amener les autres.
AVOIR RAISON SEUL contre la majorité.
L’observation attentive des phénomènes humains nous enseigne que le nombre n’est
quasiment jamais associé à la qualité. Si nous nous étions inclinés devant le
culte de la « majorité » nous en serions encore au temps des procès de sorcellerie
(le dernier date… du XVIIe siècle, à Paris) et à la cosmologie de Ptolémée. Et
nous sommes gentils. Copernic a eu raison contre tous, et tant d’autres avant et
après lui. Près de nous, songez à Semmelweiss, cet obstétricien hongrois,
rappelez-vous Pasteur. Heureusement pour l’humanité, la majorité ne règne pas en
permanence. Le progrès s’est toujours fait contre la majorité.
MARCHANDAGE OU ARBITRAGE ?
Quand on parle de pouvoir arbitraire, la valeur sémantique du mot a pris une
charge péjorative dans le langage moderne. On oublie trop fréquemment que ce
qu’un juge fait couramment, c’est précisément de prendre une décision
arbitraire. La politique étant – notamment – le choix des inconvénients, on
trouverait avantage la plupart du temps à résoudre les problèmes par
« arbitrage », par décision d’arbitre.
L’erreur ou l’injustice pourraient parfois s’y glisser, mais en est-il autrement par l’autre méthode, celle du jeu de la majorité. Il n’en est pas autrement et bien plus grave le système des majorités précaires et instables a entraîné rapidement celui des marchandages.
Qui ne sait aujourd’hui qu’un vote de confiance – une Chambre – n’est autre
chose en fait qu’un vote de complicité : « Je ferme les yeux sur ceci si tu
fermes les yeux sur cela… Je t’autorise à piller ceci, si tu me laisses piller cela !! »
LA TECHNIQUE DU (FAUX) PROBLÈME DE DIVERSION
Comme nous l’avons exposé plus haut, l’élection est initialement affaire de
conditionnement. Une des techniques frauduleuses destinées à éviter les
« accidents » que n’aurait pu empêcher le conditionnement, consiste à détourner
l’attention publique des vrais problèmes pour la canaliser vers des « problèmes
de diversion », pour la détourner et l’engager dans des canaux de
dérivation.
Ainsi en Belgique, il en a été de même avec « l’incivisme »
(tarte à la crème entre 1945 et 1950), puis avec « l’Affaire royale », puis avec
la « guerre scolaire », puis avec la « querelle linguistique » qui fonctionne depuis
plus de 20 ans. Tout cela permet depuis plus de 40 ans de différer l’examen de
la carence totale du régime dans la plupart des domaines très importants de
l’économie, du social et du politique,
La belle démocratie belge, à l’instar des autres démocraties inspire une cruelle analogie avec un spectacle de music-hall raté. On baisse le rideau pour éviter les sifflets du public, puis
dare-dare on amène un clown devant le rideau baissé pour éviter de devoir
rembourser les places. En 40 ans, la Belgique a perdu un Empire, laissé mourir
des zones industrielles, fait fuir des capitaux, monté une pseudo-armée sans
efficacité. Elle a aussi participé à toutes les turpitudes internationales à la
traîne, soit de l’ONU soit de Washington, car nous sommes devenus une colonie
US. Là sont les vrais problèmes.
LES MASSES ET LA POLITIQUE
Les masses ne s’intéressent que fort peu au jeu politique. Elles ne répondent en
général – et c’est là un signe de santé dans leur simplicité qu’à des
préoccupations matérielles directes. Si le fait d’urner n’était pas obligatoire
nous aurions aussi, comme en France, 40 % d’abstentionnistes en Belgique. Les
masses ne sont pas « indéfectiblement attachées à leurs institutions
démocratiques ».
Si la tyrannie garantit les congés payés, elle sera acceptée, si le despotisme ne touche pas au pastis, il sera accepté. Les masses choisiraient sans hésiter le Fascisme et le Stalinisme avec du beurre plutôt que la démocratie avec de la margarine. Dans les pays occupés, les masses étaient, dès 1941, anti-hitlériennes en raison des déficiences du ravitaillement et pas à
cause de la morale nietzschéenne des Nationaux-socialistes ; elles étaient
pro-anglaises dans l’attente du retour du café et non pas par option pour la
philosophie de John Locke.
Les élections françaises de 1958 qui ont officialisé le retour de De Gaulle au pouvoir traduisaient très bien la lassitude populaire devant les jeux des névrosés du parlement. De Gaulle eut l’habileté de faire admettre aux masses qu’avec lui il n’y aurait pas moins de
liberté (celle des chansonniers, c’est-à-dire celle qui plaît au peuple), pas
moins de bistrots, pas moins de pastis, pas moins de Folies-Bergères. Dès lors,
les masses ne se sentaient plus menacées dans leurs réels sujets d’intérêt et
elles préféraient à la stabilité aux jeux des logomachiques du Palais-Bourbon.
Le peuple ne désire pas fondamentalement « faire de la politique ». On l’y
contraint en démocratie parlementaire.
C’est qu’il faut fréquemment urner pour confirmer la légitimité du pouvoir… Il y a peu de parlementaires qui pourraient arguer d’une autre source que le « vote » pour installer leur autorité. Ils ne peuvent arguer de la compétence, de la sagesse, du caractère, de
l’envergure, de l’expérience. Il ne leur reste que le vote. Faute de pouvoir se
distinguer par une valeur personnelle, ils ne se trouvent d’autres titres que
ceux enlevés par un scrutin.
ÉTAT DESPOTIQUE ET ÉTAT TOTALITAIRE : DIFFÉRENCES
Imaginez un catholique qui se rendait à la messe une fois tous les quatre ans.
Cela vous fait sourire ? Et bien, la participation populaire aux choses de
l’État ne se manifeste pas plus souvent, en démocratie parlementaire. Une fois
tous les quatre ans tout le monde doit se prononcer sur toutes les choses (on
tire des traites sur l’avenir) pendant quelques heures. Dans l’optique
démocratique idéale c’est fort peu, avouez-le.
Il est cependant une troisième formule, c’est celle de l’État totalitaire. Totalitaire dans le sens
vit de tous les citoyens, et qu’il commande à tous ses citoyens. Un État
totalitaire est essentiellement différent d’un État despotique. L’État
despotique est coupé des masses, l’État totalitaire contient les masses et agit
à travers elle. L’État totalitaire ne s’appuie pas sur 51 % de sujets pour
ignorer 49 % de sujets comme le fait la démocratie parlementaire, l’État
totalitaire tel le père qui ignore la préférence et qui se préoccupe de tous ses
enfants sans discrimination s’intéresse à tous ses membres. Comment y arriver ?
LA COLLÉGIALITÉ OPPOSÉE A L’ASSEMBLÉE
En système parlementaire, une fois tous les quatre ans, les masses « consultées »
(après avoir dûment été droguées) confient d’un seul vote TOUS les pouvoirs.
Pendant les quatre ans qui suivent, le Parlement, médiocre, incompétent,
paresseux, s’approprie les bénéfices du pouvoir sans pour cela se charger du
travail réel. Ce dernier est confié à une administration aveugle, anonyme à
travers ce qu’ils nomment des lois-cadres. Jamais la bureaucratie d’État n’a été
aussi puissante. Nos parlementaires s’identifient aux derniers Mérovingiens et
les chefs d’administration aux premiers Maires du palais.
Le remède à cette situation consiste dans la participation de toute la Nation à la
responsabilité de gouvernement, à des titres divers et à des niveaux divers.
C’est la diffusion de la responsabilité. Cette méthode présuppose tout d’abord
un déconditionnement, un désabrutissement des masses. Suivis d’une éducation
populaire.
Après cela des élites naturelles se dégageront de toutes les
catégories sociales, de toutes les catégories intellectuelles. Dans chaque
profession, il existe une aristocratie naturelle, une sorte d’aristocratie de
l’aptitude individuelle. Un régime qui vit en coïncidence de phase avec ses
aristocraties naturelles est un État totalitaire. Un régime despotique vit au
contraire en contraste de phase avec ses élites. Tout l’art réel du gouvernement
de la Cité consiste à vivre en sympathie (pris dans le sens étymologique) avec
tous les membres de la Nation, à en connaître les besoins, et à en sentir les
réactions.
Cette forme de gouvernement est permanente, la démocratie
parlementaire est cyclique, la première est infuse dans la Nation, la seconde se
traduit par une vague procuration électorale. La première conception appelle
impérativement les conditions essentielles de son efficacité ; elles se résument
à deux lois de base, à savoir :
* la consultation ne se fait qu’où il y a compétence (professionnelle ou intellectuelle) ;
* le pouvoir implique une responsabilité.
Ainsi se dessine une pyramide de consultations et de responsabilités. La pyramide hiérarchique se construit de compétence et de responsabilité. De la sorte, existe une continuité entre la tête et le corps de la Nation, un flux constant. Le pouvoir est branché en permanence sur la Nation. C’est, vous l’avez décelé, une organisation similaire à celle du corps humain où
la tête ne commande pas au bras ce qu’il est incapable de faire, où la tête ne
méprise pas le corps qui la porte, où le corps ne peut envisager de refuser les
ordres de la tête, car ils sont plus que solidaires, ils sont complémentaires.
POUR UN GOUVERNEMENT COMMUNAUTAIRE
Ce gouvernement communautaire remplace un parlement monstrueusement hypertrophié
par une pyramide de collèges. C’est la collégialité opposée à l’assemblée. C’est
le groupe structuré opposé à la route informe.
Quelle est – d’expérience – la limite d’un de ces groupes de décision, d’une de ces collégialités » ? Les psychologues, les organisateurs et les sociologues savent par observation et
expérimentation que le nombre limite d’un groupe de décision ne peut, en aucun
cas, dépasser 10 personnes sous peine de voir son efficacité diminuer
rapidement. Or, en démocratie parlementaire, nos assemblées prétendent choisir
et décider en groupes de centaines d’hommes.
Ainsi, même sur le plan technique, la démocratie parlementaire est viciée au départ. le travail « en commissions » ne peut y changer grand’chose en pratique. Ou bien la démocratie
absolue (sic) s’exerce et c’est la pagaille ou bien la discipline de parti impose la discipline de vote sur des dossiers bien ficelés par les commissions et c’est la négation de l’assemblée.
Comme vous le voyez la démocratie arithmétique, autrement dit la démocratie parlementaire, est bourrée de contrastes et de fraudes. Elle a démarré sur le faux postulat de l’égalité des
hommes. Elle a du conditionner ses électeurs pour éviter l’anarchie totale, elle
a devant certains échecs truqué le type de scrutin, parfois escamoté toute une
élection. Les vrais problèmes, ceux qui mettraient en évidence sa carence, et
par extension mettraient en péril son principe, sont masqués par des problèmes
de diversion. Le caractère populaire de ses racines est cyclique, voire occasionnel.
Tout cela n’a rien de démocratique (au sens étymologique du
mot), c’est en fait une colossale escroquerie. Démocratie
arithmétique-parlementaire ? Non… Oligarchie de la médiocrité,
pseudo-démocratie, DÉMO-PLOUTOCRATIE.*(Source : Jean Thiriart, Conscience Européenne n°16/17, mai 1987)
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*Plus vous en avez, plus vous en voulez
*cela devient une toxicomanie
*Pour l’amour de l’argent,
*Pourquoi vouloir toujours gagner plus?
Accro à l’argent. Ivre de pouvoir. Dans une longue tribune publiée dans le New York Times et intitulée Pour l’amour de l’argent, Sam Polk, 34 ans, raconte comment il a été huit ans durant un addict de Wall Street. À l’issue de sa première année à Bank of America, Sam Polk n’en croit pas ses yeux. Il engrange un bonus de 40 000 dollars. Sa motivation décuple. Il se consacre sans compter au travail, grimpant petit à petit les échelons de Wall Street, devenant un trader de contrats d’échange sur risque de crédit. Citi Bank lui offre un contrat de deux ans à raison de1,75 million par an. En 2010, son bonus explose à 3,6 millions de dollars. Mais l’avarice le tient. Ce n’est plus assez. Il demande 8,5 millions à son chef, qui accepte d’entrer en matière s’il travaille plusieurs années pour la société. C’est le tournant. Sam Polk refuse.
Dans un article de l’IRL Review, journal académique américain, Jeffery Pfeffer, professeur de comportement organisationnel à l’Université Stanford (Californie, États-Unis), et ses collègues démontrent que l’argent appelle l’argent. Plus on en gagne, grâce à son travail, plus on en souhaite. Pour parvenir à cette conclusion, ils ont démontré que l’argent gagné en travaillant a plus d’importance pour une personne que celui gagné au Lotto, par exemple, ou grâce à des placements financiers. Une étude quantitative menée sur un panel de consommateurs anglais entre 1991 et 2009, ainsi que deux expériences auprès de groupes de plusieurs dizaines de participants leur ont permis de vérifier ce fait.
Nombreux sont en effet ceux qui considèrent leur rémunération comme une preuve de reconnaissance de leur compétence, de leur intelligence. « Ce qui rend alors l’argent addictif, parce que plus vous en avez, plus vous en voulez », explique M. Pfeiffer. Ces salariés souffrent de l’ivresse des cimes… salariales. Pour lutter contre cette toxicomanie, le professeur préconise de la taxer davantage comme cela se fait classiquement pour limiter le tabagisme, par exemple.
Et à ce titre, l’Europe pourrait bientôt imiter la Suisse qui, voici un peu plus d’un an, imposait de nouvelles règles pour encadrer les rémunérations des CEO. En tout cas, la Commission européenne vient de présenter un projet assez proche, à savoir : soumettre les rémunérations des top managers des sociétés cotées à un vote contraignant des actionnaires, chaque année lors de l’assemblée générale. Cette règle obligerait les grands groupes à publier leur politique de rémunération puis à organiser un vote. Pour éviter la désintox.*references.be/mercredi 08 avril 2015
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