Retour aux sources

*Travail manuel:

la dimension oubliée qui peut nous mener à l’équilibre

travail manuel

Ne plus prendre le temps pour des activités qui peuvent donner du sens à la vie. Car c’est bien là le problème: les écrans font écran entre le monde et nous. « Nous passons de plus en plus de temps derrière les écrans. Bien sûr, ceci s’inscrit dans l’évolution du monde informel, invisible. Mais ainsi, nous nous éloignons d’une réalité tangible, nous oublions que notre esprit est le composant d’un tout complexe ».

BIEN-ETRE – Le taylorisme du début du vingtième siècle nous semble bien loin. Mais en y regardant d’un peu plus près, on peut dire que notre société connaît une nouvelle forme d’aliénation: celle de la dépendance aux nouvelles technologies. Les tâches qu’on nommait abrutissantes autrefois ne sont plus seulement manuelles mais aussi intellectuelles. Ecrire des dizaines de mail par jour, remplir des dossiers, n’avoir d’interactions que via les touches du clavier de son ordinateur. Ne plus prendre le temps pour des activités qui peuvent donner du sens à la vie. Car c’est bien là le problème: les écrans font écran entre le monde et nous.

matthew crawford

« L »une des principales sources du mal-être contemporain au travail tient sans doute à un excès d’abstraction », constate Matthew Crawford (1) dans un dialogue avec Pascal Chabot publié dans le numéro d’octobre de Philosophie Magazine. Ce docteur en philosophie a passé six mois dans un think-tank politique, avant de démissionner pour ouvrir un atelier de réparation de motos. Ce changement radical, il l’explique en pesant le poids des mots: « j’ai touché une nouvelle forme d’aliénation, explique-t-il: exécuter des tâches qui n’avaient, littéralement, aucun sens. »

Aucun sens car nous sommes plongés dans un monde virtuel. Contacté par le HuffPost, Pierre Rabhi, écrivain, penseur et agriculteur, se dit « extrêmement inquiet » de cette évolution, de la place considérable que prennent les écrans dans nos vies. »Nous passons de plus en plus de temps derrière les écrans. Bien sûr, ceci s’inscrit dans l’évolution du monde informel, invisible. Mais ainsi, nous nous éloignons d’une réalité tangible, nous oublions que notre esprit est le composant d’un tout complexe », regrette-t-il.

alice quillet anna trattles

*Photo:Alice Quillet, à gauche, et sa comparse britannique Anna Trattles, au restaurant.

Symbole de ce ras-le-bol du temps passé devant un ordinateur, Alice Quillet raconte comment elle a décidé de mettre un brin de manuel dans sa vie. Pendant ses études de lettres et de philosophie, elle se lance dans le journalisme, en écrivant des piges pour l’International Herald Tribune, puis pour Monocle, un magazine anglais, avant d’être correspondante à Paris. Elle aime ce qu’elle fait, mais un manque s’installe.

C’est là qu’on lui parle d’un projet qui va renverser sa vie: gérer un restaurant qui accueille une librairie et une salle d’exposition de photographies. « Je suis séduite par l’idée, dit-elle. Je passais mon temps devant un ordinateur, alors que ce que je préférais dans le métier de journaliste, ce n’était pas écrire, mais apprendre et rencontrer de nouvelles personnes ».

Elle officie donc aujourd’hui au restaurant le Bal Café avec sa comparse britannique Anna Trattles. Leur credo? La cuisine britannique, surtout à base de fromage et d’abats. Preuve de leur créativité sans limite, leur carte change tous les jours. Pour elles, c’est une « volonté de renouer fortement avec le terroir, la nature« .

Dévalorisation du travail manuel

L’abstraction croissante du travail se constate par l’augmentation des métiers de bureaux, qui sont devenus la norme. Mais surtout, elle a entraîné une dévalorisation importante de tous les emplois manuels, qui n’est pas toute neuve, mais qui resurgit avec force aujourd’hui.

« Dès qu’il veut manifester ses pensées, le travailleur intellectuel doit se servir de ses mains et acquérir des talents manuels tout comme un autre ouvrier », disait en effet Hannah Arendt dans La condition de l’homme moderne (1958). Autrement dit, même le plus abstrait des métiers devra se confronter à un moment ou à un autre au monde concret.

« On ne sait plus se servir de nos mains! » rouspète Pierre Rabhi qui refuse l’étiquette de technophobe. « On a exalté la supériorité du travail cérébral sur le travail manuel. C’est stupide mais validé par tout notre système », poursuit-il.

C’est certainement l’une des raisons pour lesquelles ce « paysan philosophe », comme il aime se nommer, est « retourné à la terre », en Ardèche. Après plusieurs années de précarité avec sa femme, ils tombent en effet sous le charme d’une ferme, sans eau ni électricité, où ils vont développer un mode de vie fondé sur la sobriété et la joie. Rabhi passe un brevet d’apprentissage agricole, découvre l’agriculture biodynamique. Il retrouve alors un lien avec ce qu’il appelle le monde tangible.

« La perte des facultés manuelles est, à mon avis, une catastrophe. En retournant à la terre, j’ai pu me rendre compte de la valeur de mains habiles et je crois vraiment que, sans ces capacités, je n’aurais pas réussi. Dans cette aventure, j’ai pu faire le maçon, le menuisier, le ferronnier, l’agriculteur… » raconte-t-il dans Semeur d’espoirs.

Cette quotidienneté du travail manuel, il ne l’échangerait pour rien au monde: « se libérer de cet esclavage de la matière permet de mieux jouir de la vie ». Mais si le retour à la terre fut une solution radicale pour Pierre Rabhi, il avoue lui-même que ce n’est pas un passage obligé. Matthew Crawford lui aussi a ressenti cette proximité particulière avec les choses quand il est devenu électricien: « lorsque j’avais terminé une installation, je ne me lassais jamais d’actionner l’interrupteur en m’exclamant: ‘Et la lumière fut! ». Parfois, il suffit d’un rien.

Pour lui, « il faut défendre le fait qu’il y a des travaux manuels cognitivement très enrichissants et des jobs intellectuels complètement abrutissants. »

Trouver une source d’équilibre

Alors que faire pour mettre fin à ce hiatus entre deux formes de travail qui n’a pas raison d’être? Pour se déconnecter des tâches virtuelles et se reconnecter au monde? L’idée de Pierre Rabhi, qu’il développe également dans Semeur d’espoirs (2), est de démonter cette hiérarchie dès l’école, en mettant en place, par exemple, des jardins ou des ateliers pour que les enfants puissent développer des talents qui ne sont pas forcément « intellectuels ».

« Aujourd’hui, les mains et les doigts sont plus que jamais dévoués au clavier, au service d’une nébuleuse virtuelle. L’enseignement des aptitudes concrètes permettrait un rééquilibre. D’une certaine manière, on fabrique des hommes porteurs d’un cerveau qui ne leur apporte que l’intangible et, même, les éloigne du tangible », écrit-il dans son livre.

Il s’interroge sur  notre façon d’éduquer: « A quoi bon bourrer le crâne d’idées et de concepts? Notre cervelle est seulement réceptive. L’humanité n’a jamais été aussi dépendante de ses outils; nous courons vers un effondrement général du système. »

Mais plus simplement, la solution se trouve peut-être dans un juste milieu. Un équilibre entre l’intellectuel et le manuel que nous avons perdu de vue. En d’autres termes, « prendre conscience de notre inconscience », comme s’amuse à le dire Pierre Rabhi.

C’est finalement sur cet équilibre qu’Alice Quillet a réussi à mettre le doigt. Parce que son restaurant est implanté dans un espace culturel, mais aussi que son emploi du temps est partagé entre deux dimensions. « Je gère des équipes, je choisis des fournisseurs, j’ai une vraie liberté d’action. Tout cela me prend autant de temps que d’éplucher des carottes. Sans le côté gestion, j’aurais certainement cherché un autre moyen d’équilibrer ma vie. »

Sans parler de tout plaquer pour changer de vie, le retour au manuel est à portée de main. Pour Pascal Chabot, cela peut être aussi simple que de « prendre soin des objets de notre quotidien: notre maison, notre voiture ou même la manière dont on fait la cuisine. Ce sont autant de travaux et d’expériences qui nous reconnectent au monde. »

(1) Matthew Crawford, Éloge du carburateur, Essai sur le sens et la valeur du travail, La Découverte, Paris, 2010 (2) Olivier Le Naire, Pierre Rabhi, Semeur d’espoirs, Actes Sud, Paris, 2013.* Le HuffPost-04.01.2014

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Dans l’intimité des gardiens de refuge en haute montagne

Maxime Delcourt — 21 octobre 2018 —.slate.fr / reportage

Refuge du Pigeonnier | Maxime Delcourt

La vie en refuge a beaucoup évolué, sans rien perdre du fantasme qu’elle suscite. Alors, c’est comment le quotidien à plus de 2.000 mètres d’altitude?

Temps de lecture: 9 min

Il est approximativement 15h, le 6 août 2018, lorsque j’arrive au refuge du Pigeonnier. La montée n’a pas été longue, ni éreintante, mais l’ascension du glacier des Rouies (Alpes), le lendemain matin, nécessite de faire une halte au sein de cet établissement perché à 2.423 mètres d’altitude, à l’extrémité d’une arête au cœur du Parc national des Écrins.

Le refuge du Pigeonnier, comme tant d’autres, fait partie de la FFCAM, la Fédération française des clubs alpins et de montagne qui accueille chaque année plus de trois millions de randonneurs et randonneuses, d’alpinistes ou de simples touristes en ballade.

**Des bases avancées en pleine nature

Plus qu’un simple lieu de passage, il est au contraire pour moi un endroit apaisant où rien, sinon la menace d’un ciel orageux, ne semble inquiéter le bon déroulement de la journée. Où tout paraît calme, serein, où l’on n’a d’autre préoccupation que celle de capter l’instant. Plutôt facile d’imaginer ce qui a poussé Olivier Parent à en devenir le gardien il y a quatre ans et à y consacrer une bonne partie de sa vie. De son énergie également: «Le refuge n’est réellement ouvert que quatre mois par an, de juin à septembre, mais comme je gère tous les préparatifs et les commandes, ça me demande de l’investissement même lorsque je suis en bas. À partir de mai, je travaille donc en non-stop pour le refuge. Si on ajoute à ça la comptabilité en fin de saison, on peut dire que ça m’occupe entre sept et huit mois par an».

Olivier Parent n’a pas toujours exercé cette activité. Par le passé, il faisait des travaux acrobatiques et a préféré arrêter avant que son corps ne lâche. Au hasard d’une discussion avec un ami, lui-même gardien, il entrevoit la possibilité d’une reconversion. «J’ai été moniteur d’escalade et plongeur en cuisine dans des restaurants l’hiver, donc ça m’a permis d’être polyvalent pour faire ce métier. Car il faut assurer partout. Il y a encore trente ou quarante ans, ce n’était qu’un petit job, mais c’est désormais un boulot à plein temps, avec la possibilité de passer un diplôme universitaire et d’effectuer au moins deux stages: un de deux semaines au printemps, avec enneigement donc, et un de quatre semaines l’été. Si on est ici, ce n’est plus en attendant de faire quelque chose d’autre de nos vies, c’est avant tout un choix, une ambition personnelle.»

Retour aux sources refuge-pigeonnier

Vue depuis le refuge du Pigeonnier | amendesd via Flickr License by

Frédi Meignan est gardien depuis maintenant dix ans au refuge du Promontoire, à quelques heures de marche du sommet de la Meije (Alpes). Il semble avoir suffisamment d’expérience en haute montagne pour retracer l’évolution de la vie en refuge. «La fréquentation n’est plus la même qu’il y a trente ans, constate-t-il. Dans les décennies d’après-guerre, il y avait tout un imaginaire de conquêtes, il fallait conquérir les sommets et ça a marqué aussi bien la culture alpine et que celle des refuges. Depuis le début des années 2000, tout a changé: les gens sont moins dans la performance héroïque et plus dans un rapport à la nature.»

En chiffres, cela se traduit ainsi: «En Europe, on compte près de 75% de citadins, ce qui représente environ 400 millions de personnes. Certaines d’entre elles voient les refuges comme des lieux permettant de renouer avec les autres et la nature. Chaque année, on voit de plus en plus de parents des villes emmener leurs enfants ici pour leur montrer de grands espaces, pour qu’ils prennent conscience que l’on ne reste que de petits terriens. Avec le temps, les refuges sont devenus des bases avancées en pleine nature, avec une population qui vient ici pour déstresser et prendre de la hauteur.»

**Bouffée d’oxygène

D’un lieu d’accueil pour conquérants, les refuges, loin d’être «monuments historiques» selon Frédi Meignan, seraient devenus des lieux censés éveiller les sens humains et encourager les gens à travailler le sensible. Avec, toujours, cette dimension humaine au cœur de la profession de gardien. «Par essence, on se trouve en dehors de la civilisation industrielle, précise Olivier Parent. L’isolement, l’hostilité de la montagne font qu’il se développe rapidement une certaine complicité entre les gens. Les produits peuvent ne pas être frais, le temps peut être mauvais, il suffit généralement d’un sourire pour que tout se passe bien.»

Frédi Meignan partage son avis: «La plupart des gens qui montent chez nous, à 3.100 mètres d’altitude, réalisent un des exploits les plus importants de leur vie. Et c’est juste génial de pouvoir le vivre avec eux, d’échanger et de veiller sur eux quand ils partent en cordée ou autres. Je pense même n’avoir jamais eu autant de relations humaines que depuis que je suis ici. On ne retrouve pas cette complicité-là en bas ou dans le métro, ça c’est sûr. Moi-même, je ne pense pas être aussi loquace une fois dans la vallée».

À les entendre, la solitude liée à de telles bâtisses blotties dans le creux du monde ne serait qu’illusion. Les liens noués, même brièvement, avec les randonneurs feraient partie de ces moments que le langage est impuissant à circonscrire. Olivier Parent garde en tête quelques instants marquants, comme «cette dame qui posait tout un tas de questions de néophyte, un peu ridicules même parfois. Quand est arrivé le coucher de soleil et qu’elle a attrapé la guitare accrochée au mur, on a tous pris peur. On pensait naïvement qu’elle allait se la ramener… Au lieu de ça, elle a joué des morceaux très touchants et émerveillé la soirée. Elle n’était pas du tout de ce milieu, mais elle a apporté quelque chose à tout le monde ce soir-là».

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Refuge du Promontoire | O.Taris via Wikimedia Commons License by

Véronique Portaz-Vacher, gardienne du refuge des Marches sur le tour du Thabor (Savoie) et présidente du Syndicat national des gardiens de refuge(SNGRGE), confie exercer ce métier pour ces instants de partage: «On ne fait qu’être à la disposition du refuge et des gens qui le fréquentent, mais c’est un métier que l’on fait par passionHonnêtement, même si c’est fatiguant et même si on se sent seule quand il faut déboucher les toilettes, je n’ai pas la sensation de travailler. J’ai davantage l’impression de me réaliser et de m’épanouir au contact des autres».

Et Frédi Meignan de nuancer: «L’unique moment où on se sent seul, ce sont les jours de mauvais temps. En mars dernier, par exemple, on n’a eu à gérer que quatre cordées en quinze jours. On se sent alors très isolé et pas rassuré: il faut marcher environ cinq heures pour atteindre le refuge, les routes ne sont pas ouvertes au printemps et l’hélico ne décolle pas par mauvais temps. Parfois, on ne peut pas s’empêcher de penser que s’il nous arrive quoi que ce soit, on n’est pas forcément bien…»

**De la bougie au haut débit

Lors de mon passage au refuge du Pigeonnier, mais aussi lors d’un trek dans les Dolomites quelques jours plus tôt, quelque chose m’a paru particulièrement marquant, au cœur de ces paysages magnifiquement vastes, difficilement domptables et pleins de promesses: la présence d’internet dans la plupart des refuges. Avec tout ce que cela implique: la possibilité de réserver en ligne, un lien moins fort avec le client au préalable («Quand il s’agit de donner les conditions météorologiques aux randonneurs, je préfère le faire de vive voix au téléphone», dit Frédi Meignan) et une liaison constante avec la civilisation restée en bas.

«Généralement, je compare l’arrivée d’internet à celle du téléphone dans les années 1970, précise Véronique Portaz-Vacher. Avant, le refuge était ouvert et, s’il y avait de la place, le gardien te préparait un plat de pâtes à la va-vite. Le téléphone a permis de réserver à l’avance, de simplifier l’accès à la montagne et, pour le gardien, de connaître plus précisément le nombre de clients à accueillir. Internet entre dans cette même optique.»

Frédi Meignan, lui, en a même profité pour tenir un blog ces dix dernières années, qu’il a très vite vu comme un outil pour partager ses aventures quotidiennement: «Ça me permet de parler de mes impressions. Tout y est archivé depuis dix ans, mes coups de cœur comme mes coups de gueule. Et je sais que ça plaît: il y a environ 250.000 visiteurs par an sur ce blog, ce qui prouve bien que la montagne, ses éléments et les fantasmes qu’elle suscite, intéressent les gens, y compris ceux qui n’iront jamais en refuge parce qu’ils n’en ont pas la capacité physique ou que ce n’est qu’un rêve chez eux».

**Rythme intense

Vivre presque la moitié de l’année dans un endroit où les gens viennent majoritairement pour se sentir exister et ressentir pleinement les choses exige toutefois un rythme de vie minutieusement réglé. Véronique Portaz-Vacher l’affirme volontiers: tous les guides sont obligés d’être hyper organisés et efficaces. Il faut assurer le petit-déjeuner des alpinistes à 4 heures du matin, celui des randonneurs trois heures plus tard, gérer l’arrivée des cordées en fin de matinée, entre 11 heures et midi, servir le repas pour la clientèle qui souhaite déjeuner sur place, accueillir randonneurs et alpinistes tout au long de l’après-midi et préparer le dîner, servi à 19 heures. «Les journées sont plus que continues, avec pas mal d’imprévus à prendre en compte, affirme Frédi Meignan. Par exemple, ça m’est déjà arrivé d’être réveillé à 3 heures du matin par une cordée. Il a donc fallu leur préparer un dîner et, en même temps, préparer le petit-déjeuner pour ceux qui s’apprêtaient à partir.»

S’il avoue s’accorder une sieste de quinze minutes après le déjeuner, Olivier Parent confesse volontiers que le manque de sommeil est le plus difficile à gérer lorsqu’on est gardien de refuge. Ça, et l’approvisionnement: «Au cœur du Parc national des Écrins, aucun survol motorisé n’est autorisé, sauf pour les ravitaillements. On s’organise donc avec les autres refuges pour les effectuer le même jour, généralement au début de chaque mois, entre juin et septembre. Seulement, personne n’est capable de gérer la météo à l’avance, donc c’est un exercice compliqué, voire impossible, mais on fait en sorte de ne jamais manquer de rien. Au pire, quand l’un de nous redescend, on lui passe une petite commande».

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Lac de l’Eychauda dans le Parc national des Écrins | Un terrien via Wikimedia Commons License by

Il faut aussi rationnaliser la consommation d’eau. Du moins, lorsqu’on est ouvert au printemps et que l’on est basé à plus de 3.000 mètres d’altitude: «On doit pelleter la neige, la faire fondre, la mettre dans des seaux et faire en sorte qu’il y ait toujours suffisamment d’eau pour assurer la vaisselle, les douches et les besoins d’environ quarante personnes», détaille Frédi Meignan, avec le ton de celui qui sait.

Une façon pour lui de rappeler que tout est une aventure, perché là-haut, du ravitaillement (environ deux tonnes de matériel par mois) à la gestion des clients (80% d’alpinistes, 20% de randonneurs, en moyenne). «Ça nous sort de notre zone de confort, mais c’est aussi un travail d’une haute intensité, assure-t-il. En période de beau temps, c’est du 20 heures sur 24, sept jours sur sept. On vit complément ce métier et je ne m’en plains pas du tout. C’est une intensité géniale, un boulot tellement particulier et différent encore de celui des guides, dans le sens où ils ne sont pas obligés de grimper si les conditions ne sont pas bonnes ou s’ils se sentent patraques. Nous, tant qu’il y a du monde au refuge, peu importe notre état, on est obligé d’assurer.»

Un tel rythme n’est bien évidemment pas sans conséquence, et c’est pourquoi Frédi Meignan compte bien s’arrêter cette année «avant d’être complétement usé». Olivier Parent, lui, n’y songe pas encore, même s’il avoue s’être remis à la cigarette («ça permet de tenir le cap») et être complétement déconnecté une fois la saison terminée. «Pendant une quinzaine de jours, je suis un vrai légume. C’est comme si tout retombait subitement et que je ressentais comme un énorme coup de massue dû à la fatigue.»

Après avoir été aide-gardienne à 21 ans, Véronique Portaz-Vacher, 39 ans aujourd’hui, est gardienne depuis maintenant quinze années. Elle a beau se dire un peu usée en ce moment, impossible de déceler chez elle un quelconque découragement: «C’est un métier extrêmement riche, donc la lassitude arrive bien plus tard que dans d’autres corps de métier où les tâches sont plus répétitives. Ici, le rythme est intense, mais c’est un rythme plus naturel, qu’on a soi-même choisi en quelque sorte. On n’a pas le stress de la montre et cette nécessité d’aller vite comme c’est le cas lorsqu’on revient dans la vallée».**.slate.fr / lundi 22 octobre 2018

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19 réponses à “Retour aux sources”

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