Le Sahel, haut lieu de tension.2
**L’Algérie expose son approche a l’ONU
La crise au Mali, qui s’inscrit dans la suite logique d’une guerre déclenchée par l’Otan à l’initiative de la France contre la Libye, continue de susciter la vive préoccupation des Occidentaux.
Si pour Paris une intervention militaire est indispensable pour redresser la situation et chasser les groupes armés qui occupent le terrain, pour les pays de la région, à l’image de l’Algérie, la solution à la crise doit impérativement être définie selon une approche stratégique basée sur le dialogue. C’est d’ailleurs ce qui a été initié par le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, lors de son intervention à la conférence portant sur le Sahel organisée par l’ONU, en marge de l’Assemblée générale de l’institution internationale. Abdelkader Messahel a, tout en cernant les aspects à prendre en considération dans la crise malienne, exposé les contours d’une définition pouvant aboutir à une sortie de la crise, mais dans le respect de certaines exigences. D’abord a-t-il souligné, «les Maliens sont les premiers acteurs dans la recherche de solutions à leurs problèmes et qu’il s’agit d’aider et de soutenir en renforçant, notamment leurs capacités nationales». Messahel insistera ensuite sur le rôle de la communauté internationale qui doit être guidée soutient-il «par un même agenda et ses efforts doivent être conduits selon un même ordonnancement qui tient compte non seulement de la volonté des Maliens et des prérogatives de la Cédéao, mais aussi des intérêts de sécurité nationale des pays du champ voisins du Mali (Algérie, Niger et Mauritanie)». Et d’ajouter: «Il doit également être tenu compte des responsabilités de supervision et de coordination dévolues à l’Union africaine en matière de maintien de la paix et de la sécurité, et de l’appui attendu de l’ONU». Enfin, l’intervenant explique que le contexte exige, «qu’une solution politique négociée doit être dégagée dans les meilleurs délais possibles pour éviter toute situation d’enlisement, qui implique les acteurs qui se démarquent sans équivoque du terrorisme et du crime international organisé, et qui renoncent à toute atteinte à l’intégrité territoriale du Mali». Dans son intervention, le ministre ne manquera pas de réaffirmer la position de l’Algérie qui, souligne-t-il, «demeurera engagée aux côtés du Mali jusqu’au rétablissement de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans ce pays, comme elle l’a fait lors de crises précédentes». Abordant le terrorisme et le crime transnational organisé et la circulation incontrôlée d’importantes quantités d’armes et de munitions en provenance de la Libye, Messahel indique que «la lutte doit être globale en couvrant notamment le financement des activités terroristes, dont le versement de rançons contre la libération d’otages, utilisées aussi comme moyen de pression pour obtenir des concessions de nature politique, ou la libération de terroristes condamnés ou poursuivis par la justice». Pour sa part, la secrétaire d’Etat US, Hillary Clinton, a mis en garde contre «le chaos et la violence au Mali qui mettent en péril la sécurité de toute la région et au-delà, que la Communauté internationale ne peut plus se permettre d’ignorer». Elle souligne notamment «que nous sommes conscients de la situation qui prévaut actuellement au Mali et de la menace d’extrémistes violents qui veulent imposer leur idéologie brutale au mépris des droits de l’homme et en s’engageant dans la destruction d’un héritage culturel irremplaçable». Dans ce contexte, Mme Clinton a également appelé le Conseil de sécurité de l’ONU à procéder à l’examen des différentes propositions soumises par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest, en soutenant la désignation d’un envoyé spécial de l’ONU pour mener un effort international en faveur du Mali. Dans ce même cadre, le président français, François Hollande, indique: «Ce qui se produit au Nord-Mali n’est pas un défi pour les autorités de ce pays seulement, c’est une menace pour l’Afrique de l’Ouest et le Maghreb. C’est également un risque pour l’ensemble de la Communauté internationale…Car quand un territoire grand comme la France est occupé par des groupes terroristes dont le but n’est pas simplement de contrôler une population, de la punir, de la soumettre, mais de constituer une base arrière pour mener des offensives de même nature terroriste sur les Etats de la région, alors nous sommes devant une menace qui concerne l’ensemble du monde». Favorable à une intervention militaire, le président français a demandé au Conseil de sécurité d’examiner la sollicitation du Mali d’autoriser une intervention militaire africaine pour reconquérir le Nord occupé par des islamistes. Une demande formulée sous la pression de l’Elysée confient des sources proches du dossier, sans que ne soit consultée l’Algérie, l’un des pays les plus exposés aux conséquences néfastes d’une guerre que promettent les groupes armés au cas d’une intervention militaire étrangère. C’est dire que les événements s’accélèrent pour le Mali où l’on se trouve dans une situation confuse. Le Conseil de sécurité permettra-il l’usage de la force ou maintiendra-t-il sa convergence au dialogue et aux négociations? Notons que le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon partage les appréhensions d’Alger quant à un engagement précipité d’une intervention militaire au Mali, réclamant de la prudence avant de prendre une aussi grave décision avec les conséquences que cela pourrait avoir sur la sécurité non seulement du Mali mais de l’ensemble des régions du Sahel et du Maghreb. En fait, l’Algérie reste soucieuse de l’intégrité territoriale et de la souveraineté du Mali, mettant ainsi en évidence les valeurs fondamentales des textes du droit international. Nombre d’observateurs estiment à cet effet, que l’Algérie aura été l’une des voix discordantes, qui résiste à un déploiement de forces militaires étrangères à ses frontières, qui ne tienne pas compte des retombées négatives que cela pourrait valoir autant à l’Algérie, sur le territoire de laquelle les terroristes pourraient refluer, que sur la sécurité des autres pays voisins du Mali tout aussi exposés à un tel reflux qui serait incontrôlable avec les risques que cela pourrait induire sur la stabilité du nord-ouest de l’Afrique.*L’Expression-29.09.2012.
**Deux agents francais de la DCRI dans une brigade d’Al Qaîda au Mali
Deux Français, dont l’un connu de la Direction centrale du renseignement interne (DCRI) français, ont été repérés dans une brigade d’Al Qaîda au Maghreb islamique (AQMI) au Mali, a-t-on appris hier de source proche du dossier, confirmant une information du journal Le Monde.
Les deux hommes ont été identifiés sur un cliché récupéré fin août par les services secrets français, selon le quotidien. L’un d’eux, selon la source proche du dossier, est connu de la DCRI. Il aurait participé à un interrogatoire des otages français capturés dans le Sahel, a ajouté cette source. Interrogée par l’AFP, la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) française n’a pas souhaité faire de commentaire.
«Pas de commentaire», a aussi déclaré Vincent Floreani, porte-parole adjoint du ministère français des Affaires étrangères, interrogé sur le sujet lors d’un point de presse. Selon Le Monde, qui ne révèle pas les identités, les deux hommes sont âgés d’une trentaine d’années. L’un d’eux aurait participé à la révolution libyenne avant de rejoindre une brigade (katiba) au Mali. * El Watan-29.09.2012.
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le général de corps d’armée Carter F. Ham, COMMANDANT DE L’AFRICOM, en visite à Alger.
C’est la deuxième visite que le commandant de l’Africom effectue à Alger en l’espace de cinq mois.
L’heure est grave et le temps n’est plus aux palabres de salon. Suffisamment «marinée», la situation au nord du Mali secoue l’Oncle Sam qui, on le sait, ne fait pas dans la dentelle quand il s’agit de mater le terrorisme. C’est le commandant de l’US Africa Command (Africom), le général de corps d’armée Carter F. Ham qui sera, demain, à Alger.
Le menu de cette deuxième visite en quelques mois, (la dernière en date a eu lieu le 5 avril dernier), n’est pas varié mais consistant: le dossier malien. Le nord de ce pays est devenu un lieu de retrait des terroristes d’Al Qaîda et ceux du Mujao qui défient sans crainte la communauté internationale. A ces deux organisations terroristes s’ajoutent le Mnla (Mouvement National de Libération de l’Azawad) et Ansar Eddine, deux mouvements nationalistes maliens. C’est l’approche à ces «courants» qui animent le nord du Mali qui diffère d’un pays à l’autre.
L’Algérie qui défend toujours le principe de la non-intervention étrangère ainsi que l’unité du territoire malien identifie clairement les cibles: «Ce sont Al Qaîda et le Mujao qui sont des organisations terroristes et qui de ce fait constituent une menace pour la région.» La France est favorable à une intervention militaire.
L’Elysée exerce une très grande pression sous couvert de la Cédéao. Bamako a annoncé, le 23 septembre dernier, la conclusion d’un accord qui prévoit le déploiement au Mali de troupes ouest-africaines, pour «appuyer» l’armée malienne dans la reconquête du Nord occupé depuis six mois par des groupes armés. Le secrétaire général de l’ONU a été saisi par les autorités maliennes d’une demande de résolution autorisant une intervention militaire africaine. La demande est restée vaine.
Cette décision prise sans consultation préalable des pays du champ, a irrité l’Algérie, considérée par les Américains comme un pays incontournable dans la région du Sahel.
C’est ce qui explique cette visite du commandant de l’Africom demain à Alger. A peu de choses près, la position d’Alger et celle de Washington convergent sur la question malienne. Echaudés par les deux guerres menées en Afghanistan et en Irak, les Américains refusent de prendre des risques au Sahel. Lors de sa visite à Alger en avril dernier, le patron de l’Africom a accordé la priorité d’abord, à la solution politique.
En réponse à l’insistance des pays membres de la Cédéao qui considèrent l’intervention militaire comme unique solution. Le général américain a été clair: «Si la Cédéao estime qu’il y a un rôle militaire qui doit être joué pour résoudre la crise au Nord-Mali, ce rôle doit être également accompagné par un rôle politique», a-t-il indiqué ajoutant que «les défis qui se posent au niveau du Mali doivent être d’abord résolus au plan politique, tout en prenant en compte l’aspect humanitaire».
A ces tractations politiques, un autre détail et pas des moindres convient d’être relevé.
Il concerne l’incursion «irritable» du Qatar dans cette crise. Lors de sa visite à Alger en avril dernier, le général Ham a été précédé par un déplacement presque inattendu du chef d’état-major des forces armées du Qatar, le général-major Hamad Ben Ali Attiya. Encore une fois, l’arrivée demain de Ham à Alger a été précédée par la visite, le 11 septembre dernier, du Premier ministre et ministre des Affaires étrangères qatari, Cheikh Hamad Bin Jassim Bin Jaber Al Thani.
A ce stade de négociations, il faut être naïf pour croire qu’il s’agit de simples hasards de calendriers. Entre Alger et le Qatar, il y a une rivière de sang arabe. L’Algérie milite âprement pour appuyer la notion de souveraineté des Etats.
C’est le fondement même de son action sur le droit international. Le Qatar, croupion des puissances occidentales, fait de l’interventionnisme sa raison d’être. Toute la différence réside à ce niveau.*L’Expression-29.09.2012.
**Londres nomme un Envoyé spécial pour le Sahel
Le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague a annoncé hier la nomination de Stephen O’Brien – membre du parlement – en tant qu’envoyé spécial britannique pour le Sahel. Ce dernier occupait précédemment le poste de ministre auprès du ministère britannique pour le développement international. Le Royaume-Uni estime que l’Algérie est un acteur clé dans la région et a un rôle important à jouer dans la définition de la réponse régionale à la situation au Mali. A New York, le ministre britanniques des Affaires étrangères a déclaré:«Le Royaume-Uni est de plus en plus préoccupé par les événements récents dans le nord du Mali. Comme le plus récent dans le monde des espaces non gouvernés, il constitue une menace pour la prospérité, la stabilité et le développement du Mali et une menace potentielle pour notre sécurité commune». Le chef de la diplomatie britannique a ajouté qu’«Al Qaîda au Maghreb islamique a profité de l’instabilité récente et se développe à la fois dans la capacité et l’ambition». Pour M.Hague «cette situation rajoutée à une crise alimentaire et le déplacement de centaines de milliers de personnes, a créé un mélange toxique de problèmes de développement et de sécurité que nous ne pouvons ignorer». Aussi, le Royaume-Uni, s’aligne sans ambages sur la position algérienne concernant le règlement de la crise au Nord du Mali. Une position qui consiste à «soutenir le Gouvernement d’Unité nationale dans ses efforts pour rétablir un Etat démocratique et pacifique au Mali, et de reprendre le contrôle total sur le territoire souverain du Mali». C’est dans cette perspective qu’a été nommé Stephen O’Brien comme représentant spécial du Royaume-Uni pour le Sahel. «Je crois que Stephen sera en mesure d’imprimer un nouvel élan d’urgence et plus de cohérence aux efforts du Royaume-Uni dans le Sahel, William Hague. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao), réfléchit à une réponse régionale à la crise au Mali et travaille en étroite collaboration avec le Gouvernement malien à planifier une intervention. Le Conseil de sécurité des Nations Unies a été clair qu’il soutient, en principe, une solution régionale à la crise au Mali. Il n’a pas encore approuvé, cependant, l’action militaire de la Cedeao en raison du manque de précision dans la planification de cette dernière. Le Royaume-Uni continue de soutenir les efforts de la Cedeao pour rétablir la paix et la stabilité au Mali, indique la même source. Le Royaume-Uni admet par ailleurs la gravité de la crise humanitaire qui augmente l’insécurité dans la région. Le Royaume-Uni a été l’un des premiers pays donateurs pour faire face à cette crise et a maintenant fourni 25,4 millions de livre sterling (environ 28 millions d’euros) en aide humanitaire bilatérale. Dans toute la région, l’aide britannique touchera 1,6 million de personnes, indique encore notre source..*L’Expression-29.09.2012.
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